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31/10/2010

Chanson n°32 : "Mathématiques souterraines"

 

Voici venu le moment de mettre ici les paroles de « Mathématiques souterraines »... J'ai dit mille fois déjà à quel point cette chanson comptait pour moi ! Mais je vais le redire, juste pour le plaisir ! Septembre 1992. Un ami, Joël, me fait écouter cette chanson au titre étrange, « Mathématiques souterraines ». « Tu voudrais qu'il y ait des ascenseurs au fond des précipices ». Je ne sais pas encore que l'heure de mon ascenseur a sonné. Il passera à 22h43, ce sera l'ascenseur qui permettra à mon « cerveau malade » de « sortir du sommeil »... Moi qui ai toujours détesté les mathématiques, je vais m'éprendre à tout jamais de celles-là, de celles qui sont souterraines, lunaires, de celles qui traînent du côté des escaliers de service, cherchent un préambule. Septembre 1992, ma vision du monde a changé. Je viens de me prendre en pleine face l'ascenseur HFT, et c'est comme « un tremblement de terre, un volcan (celui de Malcolm Lowry, entre autres), un raz-de-marée »...

« Mathématiques souterraines », titre étrange, écrivais-je plus haut... En cette nuit de septembre 1992, je ne sais pas encore qu'en matière de titres étranges, je vais être servie avec HFT ! Je ne suis pas au bout de mes découvertes ! « Chambre 2023 et des poussières », « Taxiphonant d'un pack de Kro », « Ad orgasmum aeternum », « Whiskeuses images again », et tant d'autres...

 

Mathématiques souterraines

 

pauvre petite fille sans nourrice

arrachée du soleil

il pleut toujours sur ta valise

et t'as mal aux oreilles

tu zones toujours entre deux durs

entre deux S.O.S.

tu veux jouer ton aventure

mais t'en crèves au réveil...

 

tu fais toujours semblant de rien

tu craques ta mélanco

de 4 à 5 h du matin

au fond des caboulots

et tu remontes à contre-cœur

l'escalier de service

tu voudrais qu'il y ait des ascenseurs

au fond des précipices

 

oh ! mais laisse allumé, bébé

y a personne au contrôle

et les dieux du radar

sont tous out

et toussent et se touchent et se poussent

et se foutent et se broutent

oh ! mais laisse allumé, bébé

y a personne au contrôle

et les dieux du radar sont tous out

et toussent et se touchent et se poussent

et se foutent et se mouchent

dans la soute à cartouches...

 

maintenant tu m'offres tes carences

tu cherches un préambule

quelque chose qui nous foute en transe

qui fasse mousser nos bulles

mais si t'as peur de nos silences

reprends ta latitude

il est minuit sur ma fréquence

et j'ai mal aux globules

 

oh ! mais laisse allumé, bébé

y a personne au contrôle

et les dieux du radar

sont tous out

et toussent et se touchent et se poussent

et se foutent et se broutent

oh ! mais laisse allumé, bébé

y a personne au contrôle

et les dieux du radar sont tous out

et toussent et se touchent et se poussent

et se foutent et se mouchent

dans la soute à cartouches...

 

Tiens, c'est la première fois que Thiéfaine utilise le mot « mélanco ». On le retrouvera dans « Nyctalopus airline » (« je lève ma Guiness et je glisse dans la moiteur des mélancos »). « Mélanco », comme un petit nom rempli de tendresse... La mélancolie, HFT en connaît un rayon, il peut se permettre de la tutoyer et de se montrer familier avec elle. Il serait intéressant aussi de chercher toutes les chansons dans lesquelles apparaît le mot « mélancolie ». On ne l'a jamais fait, me semble-t-il... On se garde ça pour les jours qui viennent ? Commencez déjà à réfléchir si vous voulez !

"Nous voilà de nouveau branchés sur le hasard"...

La pensée du jour : "Si tous ceux qui croient avoir raison n'avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin". Pierre DAC

 

« Hasard » : voilà un mot que l'on retrouve assez souvent sous la plume de Thiéfaine. En voici d'abord une définition, que je dois à mon Petit Larousse illustré :

hasard (de l'arabe az-zahr, jeu de dés) : 1. cause imprévisible et souvent personnifiée, attribuée à des événements fortuits ou inexplicables. s'en remettre au hasard.

Au hasard : à l'aventure.

2. événement imprévu. le hasard d'une rencontre

À tout hasard : en prévision d'un événement possible.

Par le plus grand des hasards : d'une manière tout à fait imprévisible, par une coïncidence très improbable.

 

Peut-on croire au hasard ? Se dire que la vie ne serait qu'une série de coups de dés dont le résultat serait à attribuer au hasard et à lui seul ? Pour ma part, je suis plutôt du genre à croire que tout a un sens, qu'il n'existe pas de hasards purs...

Qu'en ont dit les écrivains ?

Georges Bernanos : « Le hasard nous ressemble » et aussi : « Ce que nous appelons hasard, c'est peut-être la logique de Dieu ».

René Daumal : « Le hasard est plus docile qu'on ne pense. Il faut l'aimer. Et dès qu'on l'aime, il n'est plus hasard, ce gros chien imprévu dans le sommeil des jeux de quilles ».

Nathalie Sarraute : « Je ne crois pas aux rencontres fortuites (je ne parle évidemment que de celles qui comptent) ».

Voltaire : « Ce que nous appelons le hasard n'est et ne peut être que la cause ignorée d'un effet connu ».

Voltaire encore, catégorique cette fois : « Il n'y a point de hasard ».

 

Et maintenant, laissons la parole à Thiéfaine :

« Nous voilà de nouveau branchés sur le hasard ».

 

« Au hasard de ma route entre deux quais de gare

je ne fais que passer / je n'aurai pas de rides ».

 

« Je t'ai rencontrée une nuit

au détour d'un chemin perdu

qui ne conduisait nulle part

où tu te tenais immobile

en équilibre sur un fil

tendu au-dessus du hasard ».

 

Je m'arrête ici, je vous laisse le soin de chercher les autres chansons dans lesquelles Thiéfaine évoque le hasard. Vous pouvez également allonger la liste des citations d'écrivains, ou citer HFT qui parlerait du hasard dans une interview. Tout est permis !

 

Je me permets également de vous signaler que dernièrement, en proie à une crise de prétention inimaginable, je me suis inscrite aux « Golden blog awards ». Ou plutôt : j'ai inscrit mon blog à ce concours !! Si le cœur vous en dit, vous pourrez aller voter pour le Cabaret, que j'ai mis dans la catégorie « Culture ».

30/10/2010

Chanson n°31 : "Narcisse 81"

La pensée du jour : "Le bonheur, c'est comme Dieu. On n'y croit pas, mais on laisse toujours une porte entrebâillée à tout hasard". René FALLET.

 

 

NARCISSE 81

 

il pleut des nénuphars en face

des miroirs où glissait ton corps

mais tout s'efface laissant la place

à ce larsen qui te distord

tu glisses ta carte perforée

dans ce flipper où tu t'enfuis

et tu fais semblant de rocker

pour faire croire que tu es en vie !

 

Narcisse ! Balise ta piste

y'a des traces de pneu sur ton flipp

et ta p'tite sœur qui s'tape ton fixe

 

tu t'en retournes à tes banlieues

dans ce couloir où tu te grimes

te maquillant le bout des yeux

d'un nouveau regard anonyme

le futur te sniffe à rebours

te plantant sur un look rétro

te reste-t-il assez d'amour

pour prendre ton dernier mélo ?

 

Narcisse ! Balise ta piste

y'a des traces de pneu sur ton flipp

et ta p'tite sœur qui s'tape ton fixe

 

les chiens t'attendent au bout du quai

avec des plumes et du goudron

ils vendent des orgasmes en sachets

mais font la gerbe en location

tu pensais franchir le miroir

sans avoir à changer de gueule

tu craches le sang dans ta baignoire

et tu t'essuies dans un linceul....

 

la nuit te glace au fond d'un train

où tu pensais trouver l'oubli

voyageur du petit matin *

tu rentres de tes insomnies

tu rayes les mentions inutiles

au bas de ton carnet d'absence

et tu t'accroches au bout du fil

qui te ramène à ton silence

 

 

Narcisse ! Balise ta piste

y'a des traces de pneu sur ton flipp

et ta p'tite sœur qui s'tape ton fixe

Narcisse ! Balise ta piste

y'a des traces de pneu sur ton flipp

et ta p'tite sœur qui s'tape ton fixe

y'a des traces de pneu sur ton flipp

et ta p'tite sœur qui s'tape ton fixe

 

* « voyageur du petit matin », est-il écrit dans le livret du CD, mais HFT chante « voyageur des petits matins », je ne rêve pas ?

 

J'adore cette chanson. Plus tard, bien plus tard, Thiéfaine en fera l'hymne de son parti, « Solitude et mélancolie »...

« Narcisse 81 », c'est aussi la chanson qui a le plus donné lieu à des confusions chez moi ! Il y a longtemps, vous vous en souvenez peut-être, j'avais consacré plusieurs notes ici aux paroles d'HFT que nous avions comprises de travers. Il y avait là-dedans des perles, je vous assure !! Pour ma part, dans « Narcisse 81 », j'ai longtemps compris « y'a des traces de pneu sur ton flipp et ta p'tite sœur qui s'tape ton fils » !!!!

« Le futur te sniffe à rebours

te plantant sur un look rétro » était devenu, dans ma bouche : « Le futur te sniffe par le bout

te plantant sur un long tréteau »... C'est drôlement gore, non ?!!!!

A cela, on rétorquera que chaque CD est accompagné d'un livret et qu'il m'aurait été aisé de vérifier les paroles ! Oui, bien sûr, mais j'étais persuadée d'être dans le vrai, moi !!! Ce n'est qu'en entendant certaines chansons en live que j'ai mesuré l'ampleur des dégâts causés par de trop lourdes certitudes !! Des dégâts, oui, vraiment ! Car on met ensuite un temps fou à chanter ce qu'il convient de chanter, l'erreur, trop souvent ressassée, est devenue naturelle dans notre bouche ! D'où l'intérêt de bien lire les paroles (mais comme elles ne sont pas toujours justes dans les livrets, on ne sort pas de la spirale infernale !!!!).

Enfin, encore une chose : chez nous, il est évidemment très souvent question d'HFT, et ce matin, Sam m'a suggéré une note sur l'emploi du mot « hasard » dans les textes de Thiéfaine. L'idée me plaît bien. Je développe, vous croyez ?

 

Chanson n°30 : "113ème cigarette sans dormir"

La pensée du jour (ou plutôt de la nuit) : "-Te souvient-il de notre extase ancienne ?

-Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?" Paul VERLAINE.

 

 

113ème cigarette sans dormir

 

les enfants de Napoléon

dans leurs mains tiennent leurs roustons

s'ils ont compris tous les clichés

ça f'ra de'la bidoche pour l'armée...

les partouzeurs de miss-métro

patrouillent au fond des souterrains

mais ils rêvent d'être en hélico

à s'faire du nèg' et du youpin...

 

les vopos gravent leurs initiales

dans le brouillard des no-man's land

et les démasqueurs de scandales

prennent le goulag pour Disneyland...

les gringos sortent un vieux crooner

pour le western du silence

demain, au Burgenbräukeller

je légu'rai mon âme à la science...

 

car moi je n'irai pas plus loin

je tiens ma tête entre mes mains

guignol connaît pas de sots métiers

je ris à m'en faire crever !

 

les petites filles de Mahomet

mouillent aux anticoagulants

depuis qu'un méchant gros minet

joue au flipp avec le Coran

les dieux changent le beurre en vaseline

et les prophètes jouent Dracula

s'il vous reste un fond d'margarine

j'en aurai besoin pour ma coda

 

car moi je n'irai pas plus loin

je tiens ma tête entre mes mains

guignol connaît pas de sots métiers

je ris à m'en faire crever !

 

tu traînes ta queue dans la chaux vive

et t'hésites à choisir ton camp

t'as des aminches à Tel-Aviv

et des amours à Téhéran...

si tu veux jouer les maquisards

va jouer plus loin, j'ai ma blenno

tu trouveras toujours d'autres fêtards

c'est si facile d'être un héros....

 

mais moi je n'irai pas plus loin

je tiens ma tête entre mes mains

guignol connaît pas de sots métiers

je ris à m'en faire crever !

 

retour aux joints et à la bière

désertion du rayon képi !

j'ai rien contre vos partenaires

mais rien contre vos p'tites sœurs ennemies

manipulez-vous dans la haine

et dépecez-vous dans la joie

le crapaud qui gueulait je t'aime

a fini planté sur une croix !

 

et moi je n'irai pas plus loin

je tiens ma tête entre mes mains

guignol connaît pas de sots métiers

non moi je n'irai pas plus loin

je tiens ma tête entre mes mains

guignol connaît pas d'sots métiers

je ris à m'en faire crever

à m'en faire crever

« arsenic is good for you »

à m'en faire crever

« arsenic is good for you »

 


Il y a peut-être une note à faire sur le "Burgenbräukeller"... Et sur l'insomnie aussi, dont me voilà de nouveau frappée !!!!

28/10/2010

Chanson n°29 : "Vendôme Gardenal Snack"

La pensée du jour : "Il est des oeuvres si lumineuses qu'elles nous font honte de la pauvre vie à laquelle nous nous résignons, qu'elles nous adjurent d'en mener une autre, plus sage et plus pleine, des oeuvres si puissantes qu'elles nous donnent du courage, nous intiment d'entreprendre". Hervé LE TELLIER, Assez parlé d'amour.

 

 

VENDOME GARDENAL SNACK

 

tu traînes dans mes nuits comme on traîne à la messe

quand on n’a plus la foi et qu’on ne le sait pas

quand on traîne à genoux aux pieds d’une prêtresse

à résoudre une énigme qui n’existe pas

et tu lèves les yeux quand passent les cigognes

qui vendent la tendresse le soir au marché noir

dans la rue des travelots t’as rencontré guignol

qui s’était déguisé en poète illusoire … / …

je t’autorise à me jeter (bis)

 

tu traînes ton ennui dans les rues de l’errance

et tu serres les poings au fond de tes envies

quand la ville dégueule son trop-plein d’impuissance

et nous jette trois sous d’espoir et d’infini

je laisse derrière toi des mégots de boyards

le cri d’une chanson et des bouteilles vides

au hasard de ma route entre deux quais de gare

je ne fais que passer, je n’aurai pas de rides … / …

je t’autorise à me jeter (bis)

 

du fond de ton exil tu vois des processions

de chiens à demi-fous qu’on relègue à la mort

tu vois des cathédrales qui affichent mon nom

pour un dernier concert à l’envers du décor

tu vois des échafauds qui tranchent l’innocence

et répandent la vie à trois mètres sous terre

où l’on voudrait aller quand on a joué sa chance

et qu’on reste k.o. la gueule au fond d’un verre … / …

je t’autorise à me jeter (bis)

27/10/2010

Chanson n°28 : "L'agence des amants de madame Müller"

La pensée du jour : "Mon grand problème, monsieur l'angoisse, c'est le commissaire". Romain GARY.

 

 

L'agence des amants de madame Müller

 

un jour, un jour ou l'autre / je sais que la police viendra chez moi pour une sombre histoire de mœurs

ou pour me fournir des yogourts à la myrtille... à moins que ce ne soit plutôt pour l'affaire de cette madame Müller...

de rage... je jetterai mes chats par la fenêtre du douzième étage... je rentrerai mes gosses dans le ventre de ma femme et

je leur dirai : je ne suis pas le mari de madame Müller

depuis longtemps je ne suis plus son amant

renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller

messieurs de la police / je ne suis qu'un pauvre musicien...

je joue de la chasse d'eau dans un orchestre de free-jazz... / ...

vous êtes un peu barjots mais... je suis un peu nase... mais ...

qu'est-ce que vous faites ? Qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes fous !

Vous êtes fous ! Non ! Non ! Arrêtez ! Arrêtez ! Ah, ah, ah, ah, arrêtez ! Oui c'est moi...

monsieur le commissaire / vous savez c'est pas tous les jours facile de vivre en société

quand on a un peu d'imagination... / ... monsieur le commissaire / j'ai ma névrose...

mais monsieur le commissaire... qui n'a pas sa névrose ?...

je ne suis pas le mari de madame Müller

depuis longtemps je ne suis plus son amant

renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller

 

je n'ai absolument aucun alibi / ce soir-là justement j'étais sur un coup... sur un coup foireux... / ...

j'étais entré dans un bar-tabac et j'avais demandé un paquet de cigarettes-filtre et

3 timbres à 100 balles pour poster des lettres à quelques amis... / ....

elle est entrée à ce moment précis... nos regards se sont touchés... intérieurement...

j'ai craqué... j'ai craqué... j'ai craqué... / ... j'ai collé mes 3 timbres à 100 balles

sur mon paquet de cigarettes-filtre et j'ai fumé mes lettres....

je ne suis pas le mari de madame Müller

depuis longtemps je ne suis plus son amant

renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller

 

monsieur le président / cette insoupçonnable et somptueuse inconnue était vêtue

d'un sweater de couleur pastel et d'un jean taillé dans de la toile d'emballage de la manufacture des armes et

cycles de Saint-Etienne... / ... quand nos regards se sont identifiés...

j'ai simplement prononcé ces quelques mots :

-dis-moi qui tu suis... je te dirai qui je hais !

Elle m'a répondu :

-prends-moi... / ... prends-moi... / ... prends-moi !

Alors je l'ai prise et nos corps se sont mélangés sur le bitume du trottoir devant les yeux déchirés et

hagards des badauds...

je ne suis pas le mari de madame Müller

depuis longtemps je ne suis plus son amant

renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller

 

entre ces quatre murs... je ne sais vraiment pas quoi faire pour calmer mon ennui... / ... bien sûr...

deux fois par jour un infirmier entre dans ma cellule pour contrôler et poinçonner mon ticket...

mais... pour passer le temps... je n'ai guère que ce souvenir... que ce souvenir... ce souvenir !

 

 

26/10/2010

Chanson n°27 : "De l'amour, de l'art ou du cochon ?"

La pensée du jour : "L'art d'aimer ? C'est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d'une anémone". CIORAN.

 

                       

                                              

De l'amour, de l'art ou du cochon ?

 

Écoute-moi... écoute-moi mon amour... je claquerai connement la tête coincée dans un strapontin...

ce sera pendant l'été de 1515 sur l'aéroport de Marignane... Je claquerai vraiment connement...
mais je ressusciterai le troisième jour et ce troisième jour sera l'avant-veille de l'attentat de Sarajevo...

je passerai te chercher et tu me reconnaîtras facilement puisque je porterai mon éternel chapeau à cran d'arrêt

et que j'aurai à la boutonnière une fleur de tournesol comme celles que tu aimes tant !

toi ! Tu te jetteras dans mes bras et alors je te dirai :

souviens-toi ! Souviens-toi mon amour... j'étais beau comme un passage à niveau et toi tu étais douce...

douce comme les roubignolles d'un nouveau-né... souviens-toi...

on avait des scolopendres qui dansaient dans nos veines et

un alligator au fond de la cuisine sur la droite en entrant... mais si !

Quand on entrait par la bouche d'incendie... / ... dans ta bouche il y avait des sirènes

qui chuchotaient des mots... des mots qu'on avait oublié d'inventer... des mots qu'on avait oublié d'inventer

à cause de notre enfance malheureuse... à cause de notre enfance malheureuse parce qu'on avait mal aux dents

on avait mal aux dents parce que toujours on nous obligeait à manger des sucres d'orge et qu'on n'aimait pas ça !

Et puis après... après, quand on se sera bien souvenu... quand fatigués de s'être souvenu...

nos souvenirs ne seront plus que des loques... alors... je te prendrai par la taille et

nous irons nous promener à l'ombre des tilleuls menthe... tu me souriras... je te rendrai ton sourire et

dès lors... dès lors nous ne saurons plus vraiment si ce que nous ressentons l'un pour l'autre

c'est de l'amour... de l'art... ou du cochon !

 

 

J'adore cette chanson, je la trouve empreinte d'une mélancolie folle. Les corbeaux du début, le piano, la voix traînante de Thiéfaine viennent faire un nid douillet à cette douce mélancolie... contrebalancée par des « acrobaties » surréalistes (« beau comme un passage à niveau », « mon éternel chapeau à cran d'arrêt », etc.). Les repères chronologiques perdent la tête (« ce troisième jour sera l'avant-veille de l'attentat de Sarajevo »).

Le sujet qui parle se souvient d'une époque révolue où il vivait avec sa belle et qu'ils étaient tous deux entourés d'une étrange animalerie (un alligator dans la cuisine, des scolopendres dans les veines. Au passage, on peut se demander si ces scolopendres qui leur courent dans les veines -l'image me fait froid dans le dos, j'imagine des bestioles se trimbalant tranquillou dans mes veines, horreur !!- on peut se demander si ces scolopendres ne sont pas une allusion à la drogue, non ?). Epoque révolue donc, dont il s'agit de se souvenir ensemble. Il y a eu séparation, changement de trajectoire et le sujet qui s'exprime ici souhaite revenir vers sa bien-aimée (« douce comme les roubignolles d'un nouveau-né »). C'est décidé : il passera la chercher, ensemble ils iront se promener à l'ombre des tilleuls menthe (« on n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade »), ils s'enivreront de souvenirs et, dans ce doux embrouillamini, ils ne sauront plus vraiment si ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre, c'est de l'amour, de l'art ou du cochon... La chanson s'achève sur cette question surprenante ! Pendant tout le morceau, on hésite entre le rire et les larmes. Enfin, moi, en tout cas, parce que je reçois ce texte et cette musique cinq sur cinq. Ils me courent dans les veines comme des scolopendres agités, ainsi que de nombreuses chansons de Thiéfaine... Cette chanson d'amour se classe parmi ce que l'on fait de mieux sur le marché, je trouve ! L'amour, c'est à la fois de l'art et du cochon, un subtil mélange des deux. Comme disait Cioran, « un moine et un boucher se bagarrent à l'intérieur de chaque désir »...

Pardon, je raconte un peu n'importe quoi ! En tout cas, j'ai hâte de connaître les réflexions ou impressions que vous inspire cette chanson !

25/10/2010

Chanson n°26 : "Comme un chien dans un cimetière (le 14 juillet)"

La pensée du jour : "Je suis à l'affût de mon coeur,

de l'instant où, à nouveau,

va bourdonner l'amour,

simple et humain". MAÏAKOVSKI.

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Voici ce soir les paroles d'une de mes chansons préférées ! D'ailleurs, sur la tournée "Scandale mélancolique", "Comme un chien dans un cimetière" faisait partie des excellentes surprises...

 

Comme un chien dans un cimetière (le 14 juillet)

 

t'as été à l'herbe aux lapins

mais t'as fait un faux numéro

si tu crois que j'en ai du chagrin

téléphone à la météo

le ciel est bleu / le jour est J

la bombe est H mais mon grand-père s'ennuie

comme un chien dans un cimetière le 14 juillet

 

le canari s'est suicidé

avec une lettre de créance

mais n'en fais pas une céphalée

ton bateau repart pour l'enfance

et si le mien va s'échouer

j'en parlerai à ma psyché qui s'ennuie

comme un chien dans un cimetière le 14 juillet

 

ne cherche plus dans l'annuaire

j'ai mis les scellés sur mon cœur

mais passe plutôt chez le notaire

je te lègue ma part de bonheur

je pourrai toujours me recycler

avec la veuve du fossoyeur qui s'ennuie

comme un chien dans un cimetière le 14 juillet

 

le marchand d'ordures est passé

je vais pouvoir m'évanouir

remonte-moi mes oreillers

je pars pour un éclat de rire

tandis qu'au loin j'entends sonner

les oreilles d'un sourd et muet qui s'ennuie

comme un chien dans un cimetière le 14 juillet

 

je jette mon dernier sac de billes

la tempête vient de s'apaiser

déjà les moutards de ma ville

viennent vers moi pour me regarder

il n'y a plus rien à espérer

puisque maintenant les enfants s'ennuient

comme des chiens dans des cimetières le 14 juillet