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24/12/2011

Suppléments de mensonge, chanson n°10 : "Les ombres du soir" (mais pas seulement)

La pensée du jour : "Que de tempêtes en moi, de vins ivres, et de roses, et d'éclats. Que de vents fous rageurs". Louis CALAFERTE

 

La note d'aujourd'hui pourrait s'intituler "toutes les fois où je verrai encore HFT" !!! Un grand souhait pour 2012 : voir Hubert, encore et toujours ! J'ai déjà mes billets pour le concert du 8 mars au Galaxie d'Amnéville et pour celui du 20 avril à Vandoeuvre-lès-Nancy. Et j'espère que l'année 2012 sera parsemée de surprises, que parfois je trouverai "la fréquence que je n'attendais pas", qui sait ?! Il m'est déjà arrivé d'aller en vacances dans un coin paumé du Jura ou de la Bretagne et d'y découvrir une affiche annonçant un concert d'Hubert à Trifouillis-la-montagne ou à Trifouillis-sur-mer ! J'y crois !! Et vous, des souhaits bien précis pour 2012 ?

En attendant la reprise de la tournée, voilà de quoi nous réchauffer dans notre attente impatiente : "Les ombres du soir". Une chanson qui revêt toute sa puissance sur scène. Je pourrais l'écouter - sans me lasser - des milliers de fois, les yeux fermés, avec des images de marais et de serpents logées dans la tête... Il faudra que je relise La Vouivre un de ces quatre.

 

Suppléments de mensonge, Chanson n°10 : Les ombres du soir

 

elle dort au milieu des serpents
sous la tonnelle près des marais
les yeux au-delà des diamants
qu’elle a incrustés dans ses plaies
elle dit c’est pas Saint Augustin
qui joue du violon dans les bois
& Paganini encore moins
ça semble étrange mais je la crois
j’ai rien entendu par ici
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

là-bas, plus loin coule une rivière
qui nous sert de démarcation
enfin j’veux dire pendant les guerres
quand on a une occupation
les spectres des morts lumineux
se promènent la nuit sous les saules
& ceux qu’oublient de faire un voeu
en perdent soudain leur self contrôle
on les r’trouve collés à la pluie
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

j’ai vu pas mal de filles tomber
souvent là-bas du haut du pont
& faire semblant de se noyer
en chevauchant leurs illusions
elle, elle me fixe tendrement
elle caresse un aspic & dit
rien vu de tel depuis longtemps
oh non, rien de tel, mon ami
pas vu de telles orgies ici
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

au souffle brumeux des vipères
elle me montre du doigt la sphaigne
où tritons, salamandres en guerre
se battent au milieu des châtaignes
tu sais déjà me murmure-t-elle
qu’il faut séduire pour mieux détruire
& dans un geste & des bruits d’ailes
elle disparaît dans un sourire
puis elle revient & me poursuit
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

hm … elle joue avec ses serpents
sous la tonnelle près des marais
mais ses visions ne durent qu’un temps
& le temps lui-même disparaît
les heures se courbent dans l’espace
& tournent autour d’un monde ancien
où les lunes s’estompent & s’effacent
en glissant sur un flux sans fin
d’aucuns en cherchent la sortie
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

 

Il y a très longtemps, je vous avais demandé de vous livrer à un petit jeu ici : me citer vos plus beaux plantages dans les paroles d'HFT. J'avais dû commencer par un des miens : "le futur te sniffe par le bout, te plantant sur un long tréteau" !! Cela m'évoquait de drôles d'images. Parce qu'un type empalé sur un long tréteau, c'est assez sordide !!!

Aujourd'hui, je vous propose de découvrir les petites confusions d'Aclh. C'est par ici :

http://perlicuisine.canalblog.com/


 

22/12/2011

Toutes les fois où j'ai vu HFT (édition revue et augmentée !!)

La pensée du jour : "On couche toujours avec des morts". Léo FERRE

 

Je recommence ma petite liste ce matin, je viens réparer un oubli impardonnable : le concert de la Flèche d'or, le 6 juin 2011 ! Donc, j'ai vu Thiéfaine 32 fois !

 

 

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Vendredi 27 octobre 1995, Salle des fêtes, Sarreguemines (57).

Mardi 24 novembre 1998, Saint-Avold (57).

Jeudi 25 mars 1999, Zénith, Nancy (54)

Dimanche 11 juillet 1999, Eurockéennes, Belfort (90).

Mercredi 3 novembre 1999, Salle Elsa Triolet, Longlaville (54).

Samedi 27 octobre 2001, Galaxie, Amnéville (57).

Jeudi 13 décembre 2001, Zénith, Nancy (54).

Samedi 3 août 2002, Champ des lutins, Gomené (22) : Festival Délirock.

Vendredi 20 septembre 2002, Les Arènes, Metz (57).

Samedi 25 octobre 2003, Salle Rameau, Lyon (69) : hommage à Léo Ferré.

Mercredi 26 mai 2004, Grand Théâtre, Dijon (21) : Histoire du soldat, Stravinsky.

Samedi 31 juillet 2004, Festival de bouche à oreille, Savigna (39).

Mardi 16 novembre 2004, Théâtre municipal, Thionville (57).

Mercredi 17 novembre 2004, Salle Poirel, Nancy (54).

Jeudi 18 novembre 2004, Théâtre de la Rotonde, Thaon-les-Vosges (88).

Jeudi 2 décembre 2004, Arsenal, Metz (57).

Vendredi 10 mars 2006, Rockhal, Esch-sur-Alzette (Luxembourg).

Samedi 18 mars 2006, La Cigale, Paris.

Mardi 4 avril 2006, Zénith, Nancy (54).

Jeudi 6 avril 2006, Zénith, Dijon (21).

Dimanche 30 avril 2006, salle Acropolis, Voujeaucourt (25).

Vendredi 11 août 2006, festival du chien à plumes, Villegusien (52).

Samedi 7 octobre 2006, Théâtre municipal, Béthune (62).

Vendredi 3 novembre 2006, Théâtre de Champagne, Troyes (10).

Vendredi 17 novembre 2006, Zénith de Paris.

Samedi 28 juin 2008, Olympia de Paris, concert Thiéfaine / Personne.

Vendredi 11 juillet 2008, Lac de Madine (55), concert Thiéfaine / Personne.

Je peux citer également la rencontre FNAC en mars de cette année, même si ce n'était pas un concert. Après tout, mon billet s'intitule "toutes les fois où j'ai vu HFT" !

6 juin 2011, La Flèche d'or, Paris.

Mercredi 19 octobre 2011, Zénith, Nancy (54).

Samedi 22 octobre 2011, Bercy, Paris.

Vendredi 18 novembre 2011, Micropolis, Besançon (25).

 

Je viens de ressortir tous mes billets, soigneusement conservés dans une boîte à chaussures, elle-même soigneusement conservée dans une grande boîte Pampers !!!!!! On a les coffres-forts qu'on peut !! Attaché(s) à certains billets, le petit ticket de métro et/ou le billet de train. Fétichisme ?! On peut dire ça !!

Je constate avec  tristesse que les écritures d'un grand nombre de billets sont devenues quasi illisibles. Le tout premier, celui de Sarreguemines, a bien tenu le coup, mais presque tous les autres ont chopé une patine bien mélancolique... Bientôt, il me faudra accrocher une feuille explicative à chaque billet !

Et vous, combien de fois avez-vous vu HFT ? Quel est à vos yeux le meilleur concert auquel vous ayez assisté ? Pour ma part, je crois que je resterai toujours sous le charme du concert de 2004, salle Poirel, à Nancy. Vers la fin, toute la salle s'était levée comme un seul homme pour rendre hommage à l'artiste. J'y pense encore avec émotion.

Finalement, je n'ai vu HFT que 32 fois !!! Je n'ai pas encore mon compte, je peux vous le dire !! Dès le mois de mars de l'année prochaine ... on the road again, "toujours plus loin à fond la caisse et toujours, toujours plus d'ivresse" !!!

20/12/2011

Suppléments de mensonge, chanson n°9 : "Lobotomie Sporting Club"

La pensée du jour : "Notre printemps est un printemps qui a raison". Paul ELUARD

 

 

LOBOTOMIE SPORTING CLUB

 

frelons hurlant dans nos crânes

scorpions rampant dans le crash de nos âmes /

serpents visqueux englués dans les squames

de nos bourbeuses mémoires d'humanoïdes insanes /

nous n'sommes que des branleurs

gélatineux babouins

des crapoteux branleurs

clowns et sacs à vin

pignoles ! envie de tout plomber /

envie de tout scratcher... de tout désintégrer /

faire cramer les télés avant que de crever

de peur

dans les coulisses des shows climatisés

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

nervis casqués d'étincelles

rottweilers devant les maternelles

bannières désétoilées / caméras et dentelles /

dans l'oeil des rats squattant les paradis virtuels

lobotomie-média / propaganda flippée

lobotomie-média / propaganda fliquée

 

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

Hubert-Félix THIEFAINE / La Casa

 

 

Chanson n°9 de "Suppléments de mensonge", "Lobotomie Sporting Club" fut également interprétée il y a quelques années par un groupe dolois, Kerplunk, pour qui HFT l'avait écrite. Je l'avais écoutée à l'époque, mais avais eu un mal fou à décoder les paroles !

C'est une chanson que j'aime beaucoup, en version studio comme en concert. Et vous ?

Je viens de l'écouter plusieurs fois et quand la musique s'est tue, ma fille Louise s'est exclamée : "Encore futur glacial" !

Tiens, je pensais à un truc : il y a quelques années, j'avais mis ici un billet intitulé, je crois, "toutes les fois où j'ai vu HFT". L'heure est venue de réactualiser la liste, étant donné qu'elle s'est un peu allongée !! Je vous fais cela dans les jours qui viennent. Et peut-être un nouveau topo sur Saint Augustin, à qui le magazine LIRE a consacré un dossier entier en novembre. Enfin, on verra si je me lance à nouveau là-dedans, on dirait que Saint Augustin ne vous inspire pas des masses !!!!! Ce n'est pas parce que ce n'est pas lui qui "joue du violon dans les bois" qu'il faudrait me le reléguer aux oubliettes !!!!

 

 

18/12/2011

Autoroutes jeudi d'automne ou le concert de Rouen raconté par Aclh

Ce soir, place à la jolie plume d'Aclh, qui nous raconte le concert de Rouen :

 

Autoroutes jeudi d'automne

13h : je quitte le bureau sous le regard incrédule d’une collègue qui se demande pourquoi je prends mon après-midi pour me rendre à un concert d’un type qu’elle trouve triste… Enième tentative pour lui faire comprendre que Thiéfaine ce n’est pas ça, énième échec. Tant pis.

 

 Je rentre chez moi, prépare mes affaires avec l’idée de partir vers 14h. Mais je traîne, je traîne…

 

15h et quelques, je décolle enfin. Une fois dans la voiture, je branche le GPS direction le Zénith de Rouen, il planifie 1h30 de trajet. « Votre itinéraire comporte des péages, souhaitez-vous continuer ? » Oui mais… j’ai oublié ma carte bleue, et ma tête aussi semble-t-il ! Retour à la case départ, encore 15 bonnes minutes de perdues… et je repars.

 

Je suis enfin seule dans ma voiture, sur l’autoroute, nous sommes un jeudi d’automne. Le lecteur CD avale celui du Scandale Mélancolique Tour, l’artiste démarre en nous proposant une bonne gamme de tranquillisants… puis enchaîne avec le Cabaret Ste Lilith. J’enchaîne les autoroutes, nombreuses dans ma région et j’ai de la chance : tout est bouché dans l’autre sens, mais pas vers la Normandie. Il bruine, un vrai temps automnal. Peu à peu j’essaie de réaliser : ce soir je retourne prendre l’ascenseur HFT, celui qui nous emmène dans les nuages dès les premiers mots prononcés.

 

17h tapantes, j’arrive sur le parking du Zénith, quasi désert. Je rejoins les quelques courageux qui sont là, pour certains, depuis 14h. Nous ne sommes même pas une dizaine ! Les gens arrivent au compte-gouttes, 1 ou 2 personnes par heure. Certains doutent : c’est bizarre, il n’y a personne… d’autres disent qu’ils auraient dû arriver plus tard… Mais je ne regrette en rien cette attente dans le froid, oh que non ! L’ambiance est bonne, différente de celle de Bercy où j’avais passé des heures à discuter sagement en écoutant deux étudiants égrener des perles à la guitare. Ici on papote un peu, les gens semblent plus réservés mis à part un Thiéfainiste un tantinet survolté mais franchement rigolo, qui sort 1000 conneries à la seconde.

 

19h, les portes s’ouvrent, encore un peu d’attente avant de foncer au chaud dans la fosse. Les deux heures dans le froid ont payé : je trouve ma place face à la scène, au 1er rang. Je serai donc quasiment en face de M. Thiéfaine, avec en prime une vue du tonnerre sur Alice Botté. C’est la place dont je n’osais rêver, les portes du rêve commencent à s’ouvrir.

 

Une amie et son mari me rejoignent, nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps. La salle se remplit timidement, les gens arrivent surtout dans le dernier quart d’heure.

  

20h30, les lumières s’éteignent. La voix de Thiéfaine (préenregistrée, dommage car c’en est impersonnel) annonce Jean-Marc Poignot en première partie. Katell en a parlé sur son blog, je vais donc m’en faire mon idée en live. L’homme arrive, seul avec sa guitare. Ce qu’il nous chante vient de ses tripes et cela se sent, je me dis qu’il est presque dommage de découvrir les textes ce soir. Il aurait fallu les lire avant pour s’en imprégner davantage. La dernière chanson, dédiée à sa maman partie sur son nuage de folie, dans « La Bulle » qu’elle s’est construite, me fait de drôles de choses à l’intérieur. Pendant sa prestation, un homme vient se poster juste sous le nez de Poignot, à peine déstabilisant pour le chanteur avec une affiche « Je t’aime » scotchée sur le torse ! Inattendu.

 

21h, nouvelle attente : Thiéfaine tarde à venir. Le public, un peu mou, l’appelle. « Hubert ! » ; « Félix !! ». De ma place je vois bien les côtés de la scène. J’aperçois, sur la gauche, Lucas Thiéfaine et Alice Botté. Pendant de nombreuses minutes j’observe ce guitariste de génie s’échauffer les doigts… il les agite en tous sens pour, j’imagine, les détendre au maximum, les rendre fluides. Une annonce est faite : l’utilisation de flashes est interdite pendant le concert. C’est mieux de le dire avant, au moins cela ne nous ruinera pas de chanson… Certains irréductibles flashent quand même, ils sont vite « matés » avec un laser vert qui les fixe tant qu’ils n’arrêtent pas. Bien trouvé !

 

Puis, enfin, la salle plonge dans le noir et les musiciens s’avancent les uns après les autres, Hubert-Félix Thiéfaine en dernier, jouant les premiers accords d’Annihilation. On se laisse embarquer par les premières notes d’harmonica… Quelle entrée en matière bon sang, cette chanson est une vraie claque, une perle noire qui vous prend et vous embarque je ne sais où. C’est bon, c’est très, très bon, et c’est un sacré cadeau de nous faire ça d’entrée de jeu. Le son est impeccable, plus rock qu’en début de tournée. Puis Thiéfaine remercie le public : « merci, merci d’être là, merci de votre fidélité ». Quelques chansons plus tard viendra même un « vous êtes beaux » ! Je ne me rappelle pas avoir entendu ces mots-là à Bercy.

 

Question interventions, il est plus détendu qu’à Paris : même si globalement il nous raconte la même chose, le ton employé est différent. Les 12 minutes de show « propre et net » sans alcool (grondement dans la salle, ponctué avec malice d’un « ah… je vois que nous sommes en Normandie »), sans drogue, sans sexe, sans Dieu (majeur levé… l’artiste n’a rien perdu de son irrévérence) et sans mort (majeur en direction du sol cette fois), et l’aveu qu’on va finalement faire comme d’habitude. On sent Thiéfaine serein, heureux d’être sur cette tournée. La voix est claire, sonne toujours juste, le coffre est impressionnant, le regard habité.

 

Les chansons défilent : Fièvre résurrectionnelle, Lorelei, Soleil cherche Futur, Infinitives Voiles… L’harmonica revient avec Petit matin. Ce texte vous serre le cœur, impossible pour moi d’articuler les paroles en même temps alors que je la connais par cœur. J’observe Lucas, tapi dans l’ombre côté coulisses, et qui regarde son père placer ces mots si durs les uns à côté des autres. Je n’aime pas entrer dans l’intimité des artistes et de leur famille, mais ne peux m’empêcher de me demander ce que ça lui fait, à lui son fils, d’entendre son père parler ainsi de mort, de ce suicide qu’il a frôlé.

 

Le concert continue, tour à tour l’émotion transperce la salle (l’Etranger dans la glace), puis le son très rock revient plus fort que jamais : Solexine et Ganja et son intro piquée aux rockers barbus, une 113ème cigarette qui fait un petit tour « en Enfer » (paroles là aussi modifiées, je confirme !), un Narcisse très en forme.

 

Alice Botté enlève le blouson de cuir dans lequel il était engoncé jusqu’ici. Je découvre son tee-shirt qui me fait tilt : c’est le visage peint à la bombe sur le pignon du Tacheles, ce grand squat berlinois dont je parle dans l’un de mes derniers articles ! Ce visage est-il connu, représenté ailleurs dans le monde ?

 Alice justement, parlons-en, de ce génie: il vit son art le bougre, on le sent habité par les cordes de cette guitare devenue une extension de lui-même… L’instrument et le musicien ne font qu’un, on les sent partis tous les deux dans une extase sans fin, l’homme et son visage taillé à coups de serpe, tendu à l’extrême et commandant à ses doigts de faire tant de merveilles avec les cordes dont il fait ce qu’il veut. Impossible à décrire, il faut le voir ! Je remarque que lorsqu’Alice Botté part dans de magnifiques impros, Hubert lui laisse le champ libre : il se tourne, se met en retrait, partage son public avec ce génie et on l’en remercie.

 Les autres musiciens assurent aussi, entre Jean-Philippe Fanfant tout sourire mais diablement efficace derrière sa batterie, le bassiste Marc Perrier et son calme olympien, un sourire discret de temps en temps affiché sur son visage. Christopher Board est d’un sérieux à toute épreuve derrière ses murs de claviers, stoïque, légèrement surélevé et droit comme un I lorsqu’il passe à la guitare. Un poil surréaliste même.

 Comme à Bercy, nous avons droit à la venue du fiston sur Mathématiques Souterraines, accolades avec le paternel… Tout cela sent le déjà vu pour moi, mais je retiens une bonne tranche de rigolade entre Alice Botté et Lucas, très complices. Leur position aussi : chacun sur une chaise, entourant HFT dans une belle symétrie de guitares sèches, Lucas étant droitier et Alice gaucher.

 Hubert semble parfois possédé, son regard illustre terriblement bien le Chant du Fou, mais pas seulement. Il passe souvent sa main dans ses cheveux, en résulte à un moment une crinière de lion qui lui donne l’air encore plus allumé !

 

Une forme d’amanite découverte il y a peu vient nous rejoindre, c’est la Vamp Orchidoclaste… Les yeux rouges d’Alligators 427 sont terrifiants sur les escabeaux métalliques, réutilisés pour le premier rappel : c’est vrai qu’il est également question de reptiles dans les Ombres du Soir. Puis vient l’éternelle Fille du Coupeur de Joint, et le 2nd rappel : Les Filles du Sud, magnifique et inédit en live pour moi… et la fin programmée illustrée par Lobotomie Sporting Club, au terme de laquelle Hubert nous fait son désormais classique strip-tease.

 

Une grosse bousculade s’ensuit et mes deux voisins de gauche tombent violemment sur le sol, en arrière : c’est à ce prix que ma voisine aura ce qu’elle semble considérer comme un graal : le tee-shirt plein de sueur. Elle aura sûrement récolté quelques gros bleus au passage, je lui laisse volontiers le tout !

 

Fin du concert, les lumières se rallument. Il est déjà temps de reprendre la route. Je salue Le Doc avant de partir (au Doc si tu me lis, as-tu retrouvé l’origine de cette image d’insolente ?), je mange un morceau dans ma voiture, il est déjà minuit.

 

Mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter et je vais voir ailleurs, encore plus loin, ailleurs… Bourlinguer sur cumulo-nimbus en attendant le prochain ascenseur !

 

11/12/2011

Un compte rendu de concert datant de ... 1995 !!!!!!!!

La pensée du jour : "Sait-on ce que c'est qu'écrire ? Une ancienne et très vague mais jalouse pratique, dont gît le sens au mystère du coeur". Stéphane MALLARME

 

 Détails sur le produit

 

Cela faisait des mois que j'y pensais : je voulais mettre ici le texte que j'avais écrit après mon premier concert de Thiéfaine (c'était le 27 octobre 1995, à la salle des fêtes de Sarreguemines). J'ai fouillé, cherché dans mes cahiers. Et j'ai enfin retrouvé ces mots. Empreints d'emphase et de naïveté. Je vous les livre tels quels, sans changer une seule virgule. Soyez indulgents, ma plume n'était pas bien originale, mais c'est un document d'époque !!!

 

Le concert est passé, snif ! C'était tout simplement GRANDIOSE, GENIAL, EPOUSTOUFLANT, MERVEILLEUX, EXTRA, MAGNIFIQUE, MAGIQUE... La salle des fêtes de Sarreguemines est assez petite, j'étais à environ 15 mètres d'Hubert-Félix. Le concert m'a vraiment plu. Il y avait beaucoup d'excités, de fumeurs de joints, mais, sinon, tout était EXTRA. Hubert-Félix a une présence inouïe sur scène. Il fait le clown entre deux chansons, raconte tout et n'importe quoi pour faire rire. Et ça marche ! Et, quand il chante une chanson triste, il sait faire passer le message, communiquer ses émotions, ses blessures... Je suis plus fan que jamais ! Il m'a fait rire. Voici quelques phrases qu'il a dites et que je veux noter, de peur de les oublier :

 

« Est-ce que vous aimez les animaux ? Je suis sûr que vous avez tous un animal à la maison. Un chien, un chat, un pingouin, un fiancé ! Pour ma part, j'aime particulièrement les mouches. »

 

Ensuite, il a sans doute cité quelques phrases d'un livre. Il a dit : « C'est de qui ? De Lamartine ? D'Alfred de Vigny ? Eh non, c'est d'Alain Barrière !! »

 

Voici ce qu'il a dit avant d'interpréter Je t'en remets au vent : « Je dédie cette chanson à Bernadette Soubiroute ! »

Il m'a également émue, cela va de soi. Ainsi, lorsqu'il a chanté La solitude de Léo Ferré. Il a dit : « N'oublions pas Léo. » C'était simple et beau.

Ensuite, il a chanté Crépuscule-Transfert, disant que cette chanson aurait pu s'intituler Sarajevo-Transfert ou Tchetchenie-Transfert. Et d'ajouter : « Ce serait vraiment trop con que ça puisse devenir un jour Sarreguemines-Transfert. »

 

Bref, c'était GRANDIOSE. Ce type est SUBLIME. Il y avait une très bonne ambiance. J'ai sympathisé avec plusieurs personnes, j'ai chanté.

 

Voilà, la fête est finie, Thiéfaine va quitter la Lorraine pour retrouver les lieux qui lui sont familiers. Et, dans mon cœur, la tristesse et le vide se sont déjà installés.

 

 

22 septembre 2002 : quelques jours après un concert d'HFT aux Arènes de Metz, j'écris ceci : les « après Thiéfaine » sont toujours inondés de sanglots.

La plume s'est un peu affinée (pas beaucoup), mais le constat reste le même : après un concert d'HFT, un certain vide s'installe et il en faut des ascenseurs pour amortir la redescente !!!

 

09/12/2011

Théophile GAUTIER

La pensée du jour : "Tu regardes passer tes propres falaises où tu ne vois pas âme qui vive". Jules SUPERVIELLE

 

Théophile GAUTIER (Tarbes, 1811 – Neuilly, 1872) : Ami et défenseur enthousiaste de Victor Hugo, il se fait remarquer lors de la fameuse bataille d'Hernani, en 1830, autant par sa mise provocante et son gilet rouge que par ses professions de foi romantiques et son poème fantastique Albertus, publié en 1833. Ses contes, ses récits de voyage, et particulièrement Tra los montes, ou Voyage en Espagne (1843), révèlent la vivacité et la diversité de son talent. Le Capitaine Fracasse, publié tardivement en 1863, date de cette époque exubérante et pittoresque. Consacrant une grande partie de son temps au journalisme littéraire – il écrira plus de deux mille articles sur les arts et les lettres – Gautier abandonne bientôt dans ses vers la veine romantique pour une forme poétique plus épurée et plus savante dont le chef-d'œuvre demeure Emaux et Camées, paru en 1852. Il annonce ainsi une poésie qui deviendra celle de l'école parnassienne. Hugo, Flaubert, Leconte de Lisle ont rendu hommage à son génie multiforme, et Baudelaire a dédié ses Fleurs du mal à celui qu'il a nommé le « parfait magicien ès lettres françaises ». (source : Les plus belles pages de la poésie française, Sélection du reader's digest).

 

 

Si, parmi vous, quelqu'un pouvait me dire de quelle œuvre sont extraits les vers de Gautier cités par HFT (« ce singe enjuponné, cette sorcière laide », etc.), cela m'arrangerait ! Je pourrais ainsi vous mettre ici tout le texte ou tout le poème en question.

 

 

Pour aujourd'hui, voici un poème de Théophile Gautier :

 

TRISTESSE EN MER

 

Les mouettes volent et jouent;

Et les blancs coursiers de la mer,

Cabrés sur les vagues, secouent

Leurs crins échevelés dans l'air.

 

Le jour tombe; une fine pluie

Eteint les fournaises du soir,

Et le steam-boat crachant la suie

Rabat son long panache noir.

 

Plus pâle que le ciel livide

Je vais au pays du charbon,

Du brouillard et du suicide;

-Pour se tuer le temps est bon.

 

Mon désir avide se noie

Dans le gouffre amer qui blanchit;

Le vaisseau danse, l'eau tournoie,

Le vent de plus en plus fraîchit.

 

Oh! je me sens l'âme navrée;

L'Océan gonfle, en soupirant,

Sa poitrine désespérée,

Comme un ami qui me comprend...

 

 

Et n'oubliez pas que si vous avez assisté dernièrement à un concert de l'ami Hubert, vos impressions sont toujours les bienvenues ici !

 

 

06/12/2011

Suppléments de mensonge, Chanson n°8 : "Ta vamp orchidoclaste"

La pensée du jour : "Ce singe enjuponné, cette sorcière laide

à faire à Belzébuth tourner les deux talons..." Théophile GAUTIER

 

 

TA VAMP ORCHIDOCLASTE

 

j'ai rencontré des meufs que j'ai su éviter

mais je crois que la chance n'est pas de ton côté

si les hommes viennent de Mars et les femmes de Pigalle

t'as trouvé la plus dingue des espèces infernales :

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

ta Cendrillon tarée vient d'un autre univers

vu les traces de trou noir sur sa chaussure de vair

elle court dans tes couloirs, elle rue dans tes converses

et t'entraîne en hurlant dans des voies qui s'inversent

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

c'est une brise-burnes

une casse-burettes

un cauchemar diurne

une trouble-fête

une tornade en croco

qui se chauffe aux benzos

aux vibrations néfastes

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

tu n'es pas fatigué d'offrir tes vieux démons

à cette fille des sixties qui traîne avec ton nom

plus vive qu'un mocassin dans la boue des bayous

elle pompe ton énergie sur un rythme vaudou

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

elle te couvre les yeux d'une peau de panthère noire

qui t'empêche de penser et qui t'empêche de voir

la vérité en face et la réalité

de ce que tu seras quand elle t'aura vidé

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

c'est une brise-burnes

une casse-burettes

un cauchemar diurne

une trouble-fête

une tornade en croco

qui se chauffe aux benzos

aux vibrations néfastes

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

si elle perd sous la pluie ses clopes et sa barrette

ta gorgone se transforme en furie sous amphètes

et j'en deviens baba et les quarante voleurs

sous ses yeux de sorcière et de ventilateur

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

toujours à critiquer, toujours à raconter

quelque sordide horreur sur tes amis passés

elle t'entraîne dans un gouffre aux multiples rancoeurs

d'où je préfère m'enfuir en te laissant l'honneur

l'honneur de lui chanter

 

t'es une brise-burnes

une casse-burettes

un cauchemar diurne

une trouble-fête

une tornade en croco

qui se chauffe aux benzos

aux vibrations néfastes

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

H.F. THIEFAINE / Guillaume Soulan

 

Tiens, c'est marrant qu'on trouve à la composition de cette chanson-là un monsieur répondant au nom de Soulan !!!!!

Vous qui passez par ici, connaissez-vous la signification de l'expression "la boue des bayous" ? Cela sonne bien, je trouve, mais je ne sais pas ce que ça veut dire !

Si vous avez vu HFT récemment ou si vous vous apprêtez à le voir, pensez à venir poster ici un petit commentaire pour nous raconter !