08/03/2025
Louis Chedid était à la salle Poirel avant-hier et c'était ... parfait, peut-être même un peu plus !
"On s'aim'ra ce printemps
Quand les soucis guignols
Dansent le french cancan
Au son du rossignol
Quand le chignon d'hiver
De la terre endormie
Se défait pour refaire
L'amour avec la vie". Léo FERRÉ
Envie de chanter à tue-tête C'est le printemps (de Léo Ferré) dans les rues de Nancy en ce jeudi 6 mars où la jolie saison, avec un peu d'avance, nous offre un ciel tout bleu et un soleil généreux. Et ça rime, parce que tout rime en ce jeudi. Il y a comme une douceur dans l'air. On dirait que la ville a voulu se mettre en phase avec l'univers de Louis Chedid, qui passe à la salle Poirel à partir de 20 heures. Tout n'est que délicatesse, où que le regard se pose. Luxe, calme et volupté. Un peu d'enchantement dans ce monde de brutes !
Depuis de nombreuses années, Louis Chedid chante avec entrain que ce qui compte avant tout dans la vie, c'est l'amour. Qu'est-ce qu'on veut, tous autant qu'on est ? Qu'on nous aime. Quoi encore ? On veut de la tendresse, on veut du rêve, on veut du bonheur. Voilà qui nage à contre-courant de la bellicosité ambiante et qui n'est pas pour me déplaire. Si tous les gars du monde se donnaient la peine de ressembler à Louis Chedid, pour sûr que la planète tournerait enfin rond. Domaine de l'utopie, n'est-ce pas ?!
Mais croyons-y (oh, que c'est bizarre comme tournure !) en ce jeudi où tout semble permis puisque : -le printemps s'offre à nous avec quelques semaines d'avance sur le calendrier qui l'a fixé au 20 de ce mois (mais le printemps, cette année, sera rebelle ou ne sera pas, qu'on se le dise),
-j'ai dans le cœur, depuis janvier, une démangeaison qui fait du bien,
-je suis en rémission d'une maladie à qui j'ai prouvé qu'il ne fallait pas trop me chercher non plus,
-je sais désormais savourer, en raison de ladite rémission, cette chose étrange qu'est la vie,
-Louis Chedid passe à la salle Poirel...
A peine les premières notes retentissent-elles que la salle acclame le chanteur. Qui le vaut bien, je vous le dis. Il déclare dès le début que ça démarre de la meilleure des façons entre Nancy et lui. Et nul ne pourrait le contredire. D'ailleurs, toute la soirée sera à l'image de ce début. Tout sera parfait, de bout en bout. Parce que c'est Louis et parce que c'est nous. Parce qu'entre lui et nous circule un fluide d'amour. Oui, carrément !
Les titres s'enchaînent sans avoir l'air de toucher au temps qui, pourtant, passe, passe encore et passe toujours, et c'est dommage car vous savez bien ce qu'il en est, des soirées parfaites : on voudrait qu'elles ne s'arrêtent pas. Et elles s'arrêtent quand même. On rêverait qu'un écran les fige dans une éternité imprenable. Ce serait bien, non ?
Je reconnais des chansons du dernier album, Rêveur, rêveur, celui-là que j'ai offert en janvier à l'objet de ma délicieuse démangeaison. Je suis très émue lorsque j'entends Je suis là. J'envoie un message à monsieur. Il comprendra pourquoi j'ai choisi ce moment précis pour lui faire parvenir mes plus douces pensées...
Tout est parfait, écrivais-je, et tout devient encore plus parfait (je sais, ce n'est pas possible, normalement, de faire plus parfait que parfait, mais je vous ai dit que tout était permis en ce jeudi) après que Louis nous a demandé de nous lever. C'était sur je ne sais plus quelle chanson. Mais il est vrai que rester assis sur cette chanson-là n'eût eu ni queue ni tête. Et nous voilà donc tous, salle Poirel, à chanter, à taper dans nos mains, à danser. Que chacun fasse donc ce qui lui plaira pour exprimer sa joie ! D'ailleurs, un jeune homme ne s'en prive pas et chante presque aussi fort que Louis, en avance d'une strophe en plus (comme le printemps, il faut croire que c'est une caractéristique de cette année 2025). Louis entend ce jeune homme et l'invite à se présenter (il s'appelle Lucas) et à chanter seul depuis sa place. Lucas s'en sort bien. Il s'emmêle juste un peu les pinceaux à un moment, ça doit être l'émotion. Mais qui ne serait pas ému en pareille circonstance ?
Lucas aura, en ce jeudi 6 mars, son petit quart d'heure warholien. Louis n'oubliera pas Lucas comme ça. Pendant un morceau, alors qu'il nous fera tous chanter, il interpellera notre jeune homme : « C'est drôlement bien. T'en penses quoi, Lucas ? ». Je crois que Lucas ne peut que penser la même chose. Que c'est drôlement bien. Que l'osmose est absolument vertigineuse ce soir.
Vraiment, on voudrait que cela ne s'arrête jamais. Ça fait tellement de bien d'entendre parler de joie et de douceur en ce moment où tant de contrariétés pourraient oppresser le printemps ! Mais il est comme Louis (et je l'appelle par son prénom, comme on appelle un ami ou un frère, car c'est bien ce qu'il me fut, deux heures durant, avant-hier). Oui, le printemps est comme Louis : rien ne le démolit, tout le rend plus fort. Et je pose une question, comme ça, au passage : opposer une cargaison de délicatesse à la brutalité qui règne partout en ce moment, n'est-ce pas là la plus audacieuse des rébellions ?
On n'a pas envie de se quitter et pourtant... Et pourtant on se quitte quand même, comme ces amants qui ont cru que, et puis finalement, ben non... Soit dit en passant, j'ai pas envie que ça finisse comme ça avec l'objet de ma démangeaison ! Mais nous maîtrisons si peu de choses, moi comme vous, vous comme moi. « Ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant », chantait Brel. Oui, mais là, non ! Ce sera différent, ce sera plus solide que tout ce que j'ai vécu auparavant, ce sera du béton armé avec beaucoup de douceur dedans. Allez, on y croit !
Et pour accompagner le rêve : si je m'écoutais un petit Louis Chedid ?! Avant de reprendre les bonnes habitudes et de refaire à Hubert la place qui lui revient de droit, Hubert que je n'oublie pas, que je n'oublie jamais. Ça y est, ça fait à peu près un mois sans lui. Je crois qu'il est temps de rallumer la chaîne et de reprendre une activité normale ! D'abord Chedid, ensuite Thiéfaine. Deux univers diamétralement opposés, mais, fermement, je crois que tout est permis dans la vie ! C'est le printemps lui-même qui me l'a dit !
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10/02/2025
Dry January, wet February, et tutti quanti !
"Je veux qu'aujourd'hui soit la première journée d'une vie nouvelle". Julien GREEN
Il y a ceux qui font le « dry January ». J'ai une amie qui, elle, a décidé de faire le « wet February », c'est-à-dire qu'elle se voit bien arroser copieusement chaque jour que Dieu fera entre le début et la fin du mois le plus court de l'année.
Hier, quelqu'un (qui compte énormément pour moi depuis quelques semaines, genre tornade arrivée dans ma vie alors que je naviguais, peinarde, sur des flots pépères – mais, bon sang, que j'aime ces remous inattendus !), quelqu'un me disait qu'il allait se faire son « dry February ». Pas bête, n'est-ce pas, d'avoir choisi le mois le plus court de l'année ?! Il faut dire que ce quelqu'un est sacrément astucieux ! Il m'expliquait les raisons de son choix. L'une d'elles était « je fais ça ne serait-ce que pour me prouver que ... je peux le faire » !
Eh bien, moi, figurez-vous que je me suis lancée dans un truc similaire il y a quelques semaines. Rien à voir avec les spiritueux : j'en consomme tellement peu que je n'ai pas besoin de me faire des mois « dry ». L'avantage de ne pas être dans l'addiction vis-à-vis de l'alcool ! En revanche, je ne vous cacherai pas (comme si vous n'étiez pas déjà au courant) que je suis légèrement addict aux chansons d'un certain Hubert-Félix Thiéfaine. Et j'ai décidé ceci : ne pas en écouter pendant quelque temps. Pas avant la sortie de Replugged. Je fais cela ne serait-ce que pour me prouver que … je peux le faire !
Ce n'est pas si simple, croyez-moi : dans la voiture, quand je bidouille la clé USB pour passer en revue les artistes qui la peuplent, la tentation est forte, lorsque « Thiéfaine » s'affiche sur l'écran, de poser le doigt sur ce nom tant aimé. Il suffirait même d'effleurer ledit écran, et hop, un univers où j'ai tous mes repères s'offrirait à moi comme une vaste (mais pas morne) plaine !
Or, même si ma main me démange atrocement en pareilles circonstances, je choisis systématiquement l'abstinence ! Je m'inflige de ces tortures, purée, comme si la vie n'en recelait pas assez à elle seule ! Il faut croire que j'ai un côté masochiste, que voulez-vous !
Pourquoi tant de peine ? Ne serait-ce que pour me prouver qu'une vie sans HFT, c'est possible, même pour moi ! Parfois, quand je croise d'anciens élèves et qu'ils me disent qu'ils ne font plus d'allemand, je ne peux m'empêcher de m'exclamer dans un regret : « Alors, c'est vrai, on peut vivre sans allemand ? J'imagine, oui, que c'est possible, mais comme ça doit être étrange ! En tout cas, moi, je ne pourrais pas ». L'analogie est vite faite avec Hubert : je suppose, oui, qu'on peut vivre loin de son œuvre. Mais comme ça doit être étrange ! Et dommage ! En tout cas, moi, je ne pourrais pas !
Pourquoi tant de peine encore ? Pour « mieux revenir, vagabonde dans la rue » d'Hubert, et savourer les fruits de mon application. Car le plaisir, à n'en pas douter, sera à la hauteur des efforts consentis ! C'est comme quand un être aimé vous a follement manqué : le retrouver n'en est que plus intensément savoureux ! Je suis de celles qui aiment l'attente.
Moi aussi, quelque part, je suis sacrément astucieuse (il n'est pas inutile de se complimenter soi-même en ce monde de brutes) : pour mettre ma passion à l'épreuve, j'ai choisi le mois le plus court de l'année ! Et je suis bien décidée à rompre le « jeûne » le jour où Replugged pointera le bout de son nez. Courageuse, mais pas débile non plus, faut pas pousser !
Ce jour-là, celui qui signera mes retrouvailles avec une œuvre qui est un peu ma façon de respirer, je serai divinement heureuse. Je me féliciterai du sacrifice accompli, comme un devoir un peu absurde, et je n'en siroterai que mieux le contenu du flacon tant aimé !
Qui se lance dans le même pari que moi ? Allez, un petit « dry February », pour la route !
11:22 | Lien permanent | Commentaires (47)
07/02/2025
"Et je ne suis plus pareille quand le soleil se lève"...
"Il nous faut vivre cette espérance
pareille à la brève résurrection des herbes
après qu'elles ont bu le feu et l'eau des orages
il nous faut tenir à cette idée
qui promet un ciel au centre de toutes choses". Jean-Pierre SIMÉON
Aujourd'hui, billet qui n'a pas grand-chose à voir avec Hubert ! Cependant, je souhaite le poster ici, parce qu'il me tient grandement à cœur. Le 14 mars, dans le cadre d'un colloque sur la leucémie qui aura lieu à l'hôpital où je fus prise en charge, je témoignerai en tant qu'ancienne malade et je dirai les mots qui suivent. J'ai tellement changé depuis que j'ai vécu ce truc invraisemblable ! Merci à vous qui m'avez envoyé des marques de soutien durant les longs mois de combat !
Il est des dates qu'on n'oublie pas. Le 9 novembre 2022, ma vie devait basculer dans ce que j'appelle désormais une dimension parallèle. Lorsque j'évoque la maladie, j'ai recours à tout un arsenal lexical qui a trait à la science-fiction. Il m'arrive également de parler d'expérience aux frontières du réel.
En ce 9 novembre 2022, ma généraliste me faisait faire une prise de sang en urgence. Le soir, après en avoir reçu les résultats, elle m'appelait et me demandait de me rendre au plus vite à son cabinet. Cabinet où elle devait m'annoncer qu'au regard de mon bilan sanguin, elle soupçonnait une leucémie. J'avais alors 24% de blastes dans le sang.
Le lendemain, je voyais le docteur Carassou, qui confirma le diagnostic de ma généraliste. Il m'hospitalisa en urgence. Nous étions le 10 novembre.
L'avant-veille de ce jour sinistre, j'étais encore en cours, face à mes élèves. En refermant ma salle de classe à la fin de la journée, j'étais loin de me douter que je n'y retournerais pas avant bien longtemps.
Un long parcours commença alors. Avec des hauts et des bas. Trois semaines après mon entrée à l'hôpital, j'étais transférée en chambre stérile. Entre-temps, j'avais été renseignée sur le type de leucémie que j'avais : il s'agissait d'une leucémie promyélocytaire. Par chance, c'est celle qui se traite le mieux de nos jours, si j'ai bien compris. Contrairement à d'autres malades, je n'ai pas eu besoin de greffe, je n'ai pas connu les tourments liés à l'attente d'un donneur compatible. Mais, pour autant, mon chemin n'a pas été exempt d'embûches. J'ai connu des moments de grande faiblesse, la tension trop basse pour envisager la moindre activité en dehors de mon lit, la mise sous oxygène et plusieurs infections.
Fin novembre, je rencontrai l'art-thérapeute Adeline Bouillet. Elle vint me voir une première fois dans ma chambre stérile et me proposa d'exprimer mon ressenti à l'aide de collages. Elle me donna également un cahier et un stylo. Elle ne croyait pas si bien faire : j'ai toujours eu recours à l'écriture, dans tous les moments de ma vie, et notamment face aux coups durs. Ce cahier et ce stylo, j'allais en faire des alliés précieux. Avant mon entrée en chambre stérile, j'avais dû renoncer à mes propres carnets car on ne pouvait pas les désinfecter. Le matériel qu'Adeline m'offrit avait pu l'être. La couverture du cahier était en papier glacé. Dès lors, tous les jours ou presque, je consignai mes états d'âme dans ce cahier. J'essayais de trouver un mantra pour chaque jour. Un mantra positif ou, en tout cas, pas trop pessimiste. Cela m'aida énormément à traverser cette expérience aux frontières du réel dont je parlais dans mon introduction. Le travail avec Adeline me fut d'un grand secours, tout comme celui que je menai en parallèle avec la psychologue Laëtitia ou encore celui que je fis avec Valérie, la sophrologue.
Lorsque ma généraliste avait lâché le mot « leucémie », je n'avais pu m'empêcher de penser à une mort prochaine. Je ne connaissais rien à cette maladie, je ne savais même pas qu'elle était classée en plusieurs catégories. Cette ignorance n'avait rien d'anormal : j'avais toujours fait partie du monde des bien portants et cela me semblait une évidence, voire un dû. Aujourd'hui, je sais à quel point la santé est un bien précieux. Le plus précieux de tous.
Après quelques péripéties, en janvier 2023, je pus commencer le traitement en ambulatoire. Au début, à la maison, je me sentais perdue. À l'hôpital, même si je n'étais pas chez moi, j'avais mes repères et toute une équipe qui me rassurait. Je n'oublierai jamais les soignants qui m'accompagnèrent lors de cette longue traversée. Pendant plusieurs semaines, nous fûmes comme une famille. Nous avons vécu des choses tellement fortes ensemble ! Je me souviens des propos d'un certain William, qui me dit un jour avec beaucoup d'humour : « Madame Auboyer, on vit de ces choses intimes, vous et moi, c'est un truc de fou ». Cela me fit rire ! Il faut dire que c'était toujours William qui était de service quand mes hémorragies se déclaraient de manière intempestive. Il savait dédramatiser toutes les situations. Parfois, avant de m'annoncer ma température, il me demandait d'essayer de la deviner. Quand je tombais à côté, il me disait : « Bon, c'est pas aujourd'hui qu'on aura notre loto gagnant ». J'ai apprécié son sens de l'humour. Comme j'ai apprécié les mots délicats de Nastasia, d'Amandine, de Lysiane et de tant d'autres.
En plein milieu du traitement en ambulatoire, je fis une infection qui me conduisit à nouveau à l'hôpital. J'y restai une semaine. Car l'infection était sérieuse. Elle faillit me coûter la vie. C'est lors de cette deuxième hospitalisation que je rencontrai des membres de l'association Leucémie espoir 57, qui devait m'accompagner jusqu'à la fin de mon parcours. Et même au-delà.
Ensuite, les choses se tassèrent un peu et je pus continuer le traitement sans encombre jusqu'au 14 juillet 2023. Et je pus même partir en vacances fin juillet avec mes deux filles ! C'est à partir de ce moment que ce qui me semblait évident avant la maladie se mit à revêtir un caractère exceptionnel à mes yeux ! Tout est exceptionnel, finalement, et on l'ignore généralement : partir en vacances, aller au travail, sortir avec des amis, se lever le matin et être en bonne santé !
En août 2023, je revoyais le docteur Carassou. Il me disait que je pouvais reprendre une vie normale. C'était quasiment inconcevable pour moi ! J'avais vécu dans une dimension parallèle à la vie ordinaire, et voilà que je pouvais quitter cette dimension ! Je repris le travail en septembre 2023, à mi-temps. Ce fut une grande joie.
Un mois plus tard, en octobre, je fêtai mes cinquante ans. En aucun cas, cet âge ne signa mon entrée dans la vieillesse ! Je me souviens d'avoir dit à mes filles que cet anniversaire était précieux car il avait failli ne pas être !
Depuis, je me sens incroyablement jeune. Je savoure la seconde chance qui m'a été accordée. J'ai repris le travail à temps plein. Quand il m'arrive de ne pas avoir envie d'y aller, je me dis que ce manque d'envie est un luxe ! Quand j'ai des tracas, qu'ils soient d'ordre professionnel ou privé, je repense à la chambre stérile et je me dis : « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ».
Cette expérience a changé ma vie. Je sais que j'ai eu une chance incroyable. Je sais que la santé n'est pas un dû, mais un cadeau du ciel. Désormais, je savoure chaque aube nouvelle avec, dans le cœur, un enthousiasme indestructible. Et une gratitude infinie. Gratitude envers tout le personnel de l'hôpital de Mercy. Gratitude envers Leucémie espoir 57. Gratitude envers ma famille, mes amis, mes élèves, mes collègues, qui furent là pour me soutenir. Gratitude envers mes filles qui, à l'époque, du haut de leurs 14 et 17 ans, firent preuve d'une maturité admirable. Chaque matin, durant mon hospitalisation, je les suppliais intérieurement de me donner la force de tenir debout sur mes jambes, chose qui n'allait pas toujours de soi. Elles exaucèrent jour après jour ma prière, sauf une fois, parce que j'étais trop faible. Elles ont un super pouvoir, mes filles ! Ce sont des fées. La maladie a renforcé nos liens. Maintenant, nous nous aimons encore plus fort et, j'ose espérer, encore mieux.
Que serait cette expérience aux frontières du réel si elle n'avait pas modifié mon regard sur l'existence ? J'en ai tiré des leçons qui, je crois, m'accompagneront jusqu'à la fin de mes jours. Je ne suis plus la même personne. Avant de tomber malade, j'avais tendance à toujours voir le verre à moitié vide. Maintenant, je ne le vois jamais autrement qu'à moitié plein, et même : il déborde. Il est rempli d'un nectar délicieux que je sirote jour après jour : ce nectar, c'est la vie, ici et maintenant !
10:16 | Lien permanent | Commentaires (14)
22/01/2025
Unplugged / Replugged / Unplugged !
"Je suis un égaré qui ne retrouve son chemin que par un perpétuel effort". Henry BAUCHAU
Ben voilà, j'ai réécouté tout Unplugged, en commençant par le deuxième CD, pour changer. Sur Page noire, j'ai clairement vu Hubert saluer le public et s'en aller, sur la pointe des pieds... Ouais, tout ça dans mon salon...
Durant toute l'écoute, j'ai tenu compte des conseils précieux d'un ami musicien à qui j'ai demandé dernièrement comment je pouvais détacher les sons de chacun des instruments pour les isoler dans ma petite tête. Comme cet ami est fin pédagogue, il m'a envoyé des tas de liens vers des morceaux qui m'ont permis de m'entraîner. Trop, trop bien ! J'ai l'impression que ça marche déjà ! On verra ce qu'il en sera ce week-end, lorsque j'irai écouter les Schubertiades qui seront données près de chez moi. Bref...
En voyant clairement Hubert faire sa petite révérence et s'arracher de scène, j'ai eu des frissons. Comme ceux que j'ai à chaque fois que je le vois apparaître. Faut pas me demander pourquoi il me fait ça, lui, alors qu'aucun de mes amoureux ne me l'a jamais fait, n'en déplaise à ces messieurs !!! N'est pas Hubert qui veut, qu'on se le tienne pour dit !
Toujours en voyant clairement Hubert faire sa petite révérence dans mon salon, je me suis dit qu'il me manquait horriblement. Oui. Faut pas me demander pourquoi il me manque régulièrement comme ça, par bouffées, alors qu'aucun de mes amoureux... Remontez quelques lignes ci-dessus et décalquez, décalquez puisque malheureusement, t'as pas à la ronde un mec capable de me mettre dans le même état de manque qu'HFT. N'est pas Hubert qui veut, qu'on se le tienne pour dit et qu'on se dise bien, aussi, que c'est dommage !
En mettant le CD1, je me suis demandé ce que foutait Replugged, qui devait atterrir en janvier dans nos chaumières, n'est-ce pas ? Ou me trompé-je ? Peut-être qu'on l'aura pour la Saint-Valentin ou une connerie comme ça ?! Ce sera quand même pas un vendredi 13 : le prochain tombe en juin, on serait mal s'il fallait attendre jusque là. Ce sera quand même pas non plus le jour de l'Immatriculée Contraception, dites-moi ? Cela nous ramènerait encore plus loin. J'aime attendre, vrai, mais tout de même. Attendre, oui, poireauter : non !
En écoutant cette orgie d'excellente musique mariée à de non moins excellentes paroles, je regardais par la fenêtre. Je me disais que le temps passait si vite que bientôt, les arbres dénudés que je voyais au dehors se rhabilleraient joliment pour le printemps, chacun à sa façon, chacun selon la couleur qui lui siérait. Comme ça va être chouette ! Vivement ! Parce que l'hiver, ça va bien, c'est juste parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, n'est-ce pas ?
Mais, quand même : Replugged, c'est pour quand ?! Si on nous annonçait une date, on pourrait se projeter. Compter les dodos, nous accrocher comme des malades à nos tétines et à nos objets transitionnels !
En attendant … Écoutons Unplugged, à fond la gomme et les manettes !
18:21 | Lien permanent | Commentaires (5)
17/01/2025
Combien de jours encore ?
"Je te souhaite de trouver ton silence au milieu du bruit". Mélanie LEBLANC
Je marche d'un pas décidé dans les rues de ma ville en ce vendredi 17 janvier. C'est que j'ai rendez-vous avec le livre de la Grande Sophie, Tous les jours, Suzanne. J'ai eu cet ouvrage dans les mains hier et j'ai hésité à l'acheter. Évidemment, ce matin, au réveil, ma première pensée fut pour ce regret ! C'est donc ainsi que se déroule ma vie, irrémédiablement, depuis la nuit des temps : toujours repousser des rendez-vous essentiels pour les faire advenir, un peu plus tard, plus fous, plus beaux, plus intenses ! J'aime les délicieuses attentes, vous l'ai-je déjà dit ?
Et donc, dans les rues de ma ville en ce vendredi 17 janvier, des chansons pour accompagner mon pas décidé. Des chansons, encore des chansons. Parce qu'il n'y a que ça de vrai, vous ne trouvez pas ? Avec deux ou trois autres bricoles qui rendent le quotidien plus doux. Et tout le reste est littérature. Mais non, j'aime pas cette phrase ! Parce que la littérature est essentielle à mes yeux, elle aussi. Alors disons que tout le reste est mathématiques, mais pas souterraines, cela va de soi !
Du Thiéfaine dans la tête, encore une fois. Mais est-ce que je vais me calmer un jour avec ça, putain de putain ?! Cette œuvre comme une extension de moi-même. Un truc dans le genre.
D'abord, je fredonne Vers la folie. Chanson que je n'ai toujours pas vraiment comprise. Chanson qui me bouleverse, comme tant d'autres de l'ami Hubert.
Ensuite, Combien de jours encore, comme un couperet pour me blesser un peu et faire de mon pas décidé un pas plus laborieux. Que tous ces jours encore forment une immense chaîne, kilométrique, interminable, infinie... Voyons large et exigeons l'immortalité en ce mois de janvier où il est permis et même conseillé de rêver !
Dans la librairie, Tous les jours, Suzanne m'attend. La pile n'a pas bougé. Je m'empare du bouquin qui m'a tellement manqué !
Et puis j'en achète un autre pour quelqu'un qui, en quelques semaines seulement, m'est devenu pas mal essentiel.
À l'arrêt de bus, je me retrouve en face d'un jeune homme qui tient un énorme bouquet. Nous nous sourions, lui avec ses fleurs, moi avec mes livres. Quel âge a-t-il, cet homme au visage si lisse ? Sans doute trente ans de moins que moi. Et pourtant, dans nos mains, des promesses d'une égale splendeur. Souvenir du petit poème en prose de Baudelaire où le pauvre et le riche « se rient l'un à l'autre fraternellement, avec des dents d'une égale blancheur » !
J'ai adoré ce moment, comme j'adore de nombreux moments qu'il m'est donné de vivre depuis quelques mois. Je ne suis que reconnaissance devant tous ces présents que la vie dépose à mes pieds.
À l'arrêt de bus, j'ai cessé de chanter Combien de jours encore pour savourer le silence de l'égale splendeur évoquée plus haut. Je me suis dit que quand on aimait, on avait toujours vingt ans, comme dans une chanson un peu vieillotte qui ne fut pas écrite par l'ami Hubert.
Et puis le bus est arrivé, bondé. Tellement que j'ai renoncé à grimper dedans. J'ai repris ma marche dans les rues de ma ville, le cœur bondissant. Et j'ai transformé le trop coupant Combien de jours encore en « combien de jours encore avant l'arrivée du live Replugged ? ». Vous le savez, vous ?
17:04 | Lien permanent | Commentaires (43)
31/12/2024
2024 : un bilan. 2025 : des espérances (en deux mots !)
"dans l'ignorance où je suis
de ce que devient la vie
comme de ce qu'elle fut
je traîne le long des rues". Jean-Claude PIROTTE
Puisqu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, en ce dernier jour de 2024, rêvons. Pour moi, cette année fut quasi parfaite, un truc de dingue :
-des concerts d'Hubert dans différents coins de la France, parfois en d'improbables lieux dont l'improbabilité était propre à rendre fous les GPS les plus compétents et les mieux expérimentés en matière de trous du cul du monde !
-une nouvelle rencontre, à Bois d'Amont justement, avec celui que d'aucuns appellent mon idole. Mais d'aucuns exagèrent souvent. Non, voyons, ce n'est pas mon idole, juste, pour reprendre les mots de Gary, une « impossibilité de respirer autrement ». Ici, on pense HFT, on se réveille HFT, on s'endort HFT (à 22h43 de préférence), on fait presque tout HFT. Jusque dans les toilettes où le brave Hubert, en guise de clin d'œil à une de ses chansons, est enfermé, sous forme de poster, avec la fille mineure des 80 chasseurs ! À Bois d'Amont, je me refis tirer le portrait en compagnie dudit brave Hubert, alors que je n'aime pas ça, alors qu'il n'aime pas ça : deux contrariétés réunies sur un cliché, qui dit mieux ?! Mais, sérieusement, c'était bien. Et l'aboutissement de plusieurs décennies d'une écoute bienveillante, recueillie, attentive. L'aboutissement d'une fidélité qui ne laisse pas de m'étonner. Mais je l'ai déjà écrit ici, je radote. La faute à mon grand âge. Ce n'est pas parce que la passion, parfois, me rend mes quinze ans, que je les ai réellement ! Ils ne me sont à chaque fois prêtés que pour quelques heures, le temps de l'attente d'un concert et le temps du concert lui-même. Dès le lendemain, mes je ne sais combien de lunes et de jours environ me sautent à la gueule dans un miroir auquel je ne m'aventurerais jamais à demander qui est la plus belle en ce royaume... Il est des réponses dont il vaut mieux éviter la formulation chez son interlocuteur. Et donc, dans ces cas-là, vive la politique de l'autruche : ne posons pas la question dont la réponse risquerait de fâcher grandement.
2024, ce fut Mondorf-les-Bains. Les retrouvailles avec Cindy et son mari. Deux inséparables (respect, respect) que je côtoyai souvent par le passé, au sortir d'un concert, sur un parking délicieusement glauque... 2024, ce fut l'Olympia et sa joyeuse ambiance, même dans le hall en sortant, même sur le trottoir bien après. 2024, ce fut Reims où toute une joyeuse clique, à laquelle je me mêlai, se retrouva avant et après le concert. Une chambre d'hôtel s'en souvient encore, ainsi qu'un étrange tire-bouchon qui n'aurait pas déplu à Hubert (private joke : Bételgeuse, t'en souviens-tu ?!!). Mais en tout bien tout honneur, croyez-moi. J'ai passé l'âge de bien des orgies puisqu'il n'y a qu'avant et pendant les concerts que j'ai à nouveau quinze ans, sinon j'ai mon âge réel et il est un peu minable (mais pas poussif pour autant, n'allez pas croire)... 2024, ce fut Besançon. Où je n'étais pas censée aller, mais où j'allai quand même, comme si souvent. Je dirais même que plus je ne suis pas censée faire quelque chose, plus je risque de faire ce quelque chose ! Esprit de contradiction, quand tu nous tiens ! 2024, ce fut aussi l'hésitation : vais-je ou non à un festival d'été ? Mais tous les festivals d'été étaient vraiment loin, et pour une fois la raison l'emporta. Plus je ne suis pas censée être raisonnable, et plus je le suis, allez donc savoir pourquoi ! 2024, ce fut cette dernière date teintée de mélancolie, cette date à la fois délicieuse et pitoyable-impitoyable. Dès les premiers kilomètres que je parcourus sur l'A31, entre Metz et Nancy, je sentis en moi les affres du compte à rebours qui venait de s'enclencher. J'arrivai à Bois d'Amont après un certain nombre d'heures que n'avait pas prévues mon GPS. 4h35, me disait-il... Et ta sœur, elle les fait à pied, les 4h35 entre Metz et Bois d'Amont ?! Je suis de ces rêveuses qui pensent qu'il n'est pas inutile de tancer son GPS quand il se fout de vous. Ah, Bois d'Amont et Erwan me jetant à la figure ces mots qu'il aurait mieux valu ne pas proférer en ma présence : « Ce soir, chaque note jouée sera la dernière ». Erwan, petit imprudent : tu venais là de réveiller mon spleen baudelairien et ma mélancolie lamartinienne, ces deux-là qui si souvent unissent leurs voix en moi, injuriant une horloge qui n'y est pourtant pour rien, bordel, que le temps passe sans jamais suspendre son vol !
2024, ce fut cela et plus encore. Ce fut, par exemple, un novembre moins catastrophique que prévu (je hais novembre, surtout depuis qu'il m'a amené une leucémie sur un plateau, ce con) puisqu'il nous offrit un somptueux bijou : le live d'Unplugged. Dont la somptuosité résonne très souvent ici, à en faire trembler les murs et moi-même (non, le voisin du dessous n'a toujours pas débarqué chez moi un fusil à la main : 2024, année de toutes les clémences).
Vraiment, 2024, c'était bien. À tel point que cela ne me dérangerait pas outre mesure de revivre, à partir de maintenant, cette année-là jusqu'à la fin de mes jours. Mais bon, soyons plus ambitieux que ça et demandons à 2025 de s'appliquer à faire mieux encore que 2024, demandons à 2025 de ne pas nous condamner aux vaines espérances, demandons à 2025 de les faire éclore, ces espérances, et en pagaille si possible : un nouvel album, une nouvelle tournée. Et ce qu'Hubert voudra. Parce que je ne suis pas loin de penser que ce qu'Hubert veut, Dieu le veut. D'aucuns disent que cet Hubert, c'est mon idole. Mais d'aucuns exagèrent souvent...
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29/12/2024
"Ce qu'on s'autorise à espérer"...
"J'ai besoin d'amour mais m'en passe". Georges PERROS
« Ce qu'on s'autorise à espérer prend racine quelque part » : depuis que j'ai lu ces mots sous la délicate plume d'Arthur Teboul, ils m'accompagnent comme un mantra, une prière. Je les ai trouvés tellement beaux que je les ai recopiés sur un petit bout de papier que j'ai posé sur mon bureau. Ne jamais oublier qu'un peu d'espoir peut faire germer de grandes choses... Et, comme nous allons bientôt entamer une nouvelle année, je me prends à rêver. Déjà, une certitude : le live Replugged sortira bientôt. Il me semble que c'est pour janvier et qu'il suffira de consulter régulièrement le site officiel pour obtenir confirmation de la nouvelle. Un jour, alors que nous ne nous y attendrons pas, nous découvrirons la pochette, et ce sera joie immense !
Ensuite, je me dis qu'il est permis d'espérer, peut-être, d'autres nouvelles émanant de la planète HFT courant 2025. Un nouvel album ? Et pourqui pas ? L'annonce d'une tournée ?! Sait-on jamais ! J'ai, comme ça, des espoirs en pagaille que, parfois, la réalité dépasse, quand elle est bien lunée. Si, si, ça arrive !
En attendant, j'écoute encore et toujours Thiéfaine. Pas plus tard qu'hier. Pourtant, je ne voulais même pas ! J'étais dans la voiture avec mes filles, nous faisions un trajet de presque deux heures, je voulais écouter l'avant-dernier Louis Chedid. Louise s'y est fermement opposée : « Oh non, j'aime pas du tout, on met Renaud ou Thiéfaine ». Ce fut Thiéfaine. Allez, encore un petit coup de Mathématiques souterraines, la chanson que j'ai le plus écoutée au monde et dont, allez savoir par quel mystère et par quel miracle, je ne me suis jamais lassée. Je pense pouvoir affirmer que cela n'arrivera plus désormais. C'est comme ces couples qui ont tout traversé ensemble. On ne voit pas pourquoi quelque chose viendrait soudain les démanteler. Bon, ben, Mathématiques souterraines et moi, c'est pareil, c'est à la vie à la mort. Et le plus fou, c'est que si je ferme les yeux et me concentre bien, je retrouve, en écoutant cette chanson, les sentiments de la jeune fille de dix-neuf ans qui découvrait, éblouie, cette histoire de valise trempée, d'ascenseurs au fond des précipices et de caboulots.
Ensuite, dans la voiture, ce fut Sweet Amanite Phalloïde Queen, la chanson qui, pour moi, sera toujours liée à un ami trop tôt disparu. Avec qui je découvris Rimbaud et les Doors. C'est marrant, au départ, je n'aimais pas spécialement SAPQ (il fut un temps où, dans les commentaires au bas des notes de ce blog, une jeune femme signait comme ça : SAPQ). J'en ai vraiment saisi toute la puissance en l'entendant en concert. Elle est électrisante. « Manufacture de recyclage des mélancolies hors d'usage, ô sweet amanite phalloïde queen »...
D'autres chansons encore. Pour arriver à Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable. Un monument du répertoire thiéfainien ! Je ne sais pas si mes filles l'avaient déjà entendue en entier. J'ai eu un peu peur de les choquer au moment où Hubert déroulait la panoplie des maladies sexuellement transmissibles. Je me souviens d'un festival en Bretagne, il y a très longtemps : alors que je retournais à ma voiture, je surpris la conversation d'une jeune fille et de son amoureux. Elle lui disait : « Dis donc, le mec, il est un peu tordu. C'était gore par moments, surtout le passage où il parle de salpingite et compagnie ». On ne peut pas mettre l'œuvre de Thiéfaine entre toutes les oreilles, n'est-ce pas ?!
Mes filles n'ont pas été choquées outre mesure. Il faut dire qu'elles ont eu leur période rap et que, dans la clio IV, on a déjà eu vent de vertes et de pas mûres. Après ce jubilatoire Exercice de simple provocation, je me suis écriée : « Quand même, il n'y a qu'Hubert pour énumérer dans une chanson je ne sais combien de maladies vénériennes ». Et je me suis dit que j'allais écrire un petit billet sur ce blog, pour vous demander de compléter à votre gré la formule « Il n'y a qu'Hubert pour... ». Je dirais également : « Il n'y a qu'Hubert pour citer Hölderlin dans une chanson, il n'y a qu'Hubert pour parler de l'éjaculation précoce, il n'y a qu'Hubert pour chanter à la femme aimée qu'il n'a plus de mots assez durs pour lui dire qu'il l'aime ». Et j'ai de quoi allonger la liste, c'est juste que je n'ai pas le temps ce matin ! Allez, à vous !
Au retour, j'ai écouté une émission de radio vers laquelle un libraire de Nancy avait mis un lien à ma demande dans un de ses mails. Le libraire en question, c'est un certain Jean-Michel, qui a plusieurs qualités : d'abord, il me conseille toujours des auteurs un peu confidentiels dont je m'aperçois systématiquement qu'ils étaient faits pour moi. Ensuite, il aime beaucoup Thiéfaine. Dans l'émission dont je vous parle, il le cite (https://radiofajet.net/2024/10/03/caprices-de-lecture-avec-marie-houlbreque-et-sylvain-mangel/). Si le cœur vous en dit : c'est vers la 24ème minute (et peut-être bien la 27ème heure !). On entendra également Page noire, mais amputée de quelques précieuses minutes, wie schade.
Il y a trois jours, j'ai fini le livre de Sébastien Bataille. Je l'ai lu lentement, comme je m'en étais fait la promesse. J'ai pris des notes, je pense qu'elles donneront lieu à un billet que je posterai ici bientôt.
2024 s'achève donc. Il ne faut pas que 2025 nous trouve hagards et désespérés, malgré les mochetés qui ravagent ce monde. Au contraire. N'oublions pas : « Ce qu'on s'autorise à espérer prend racine quelque part ». Reste à savoir où !!!
10:56 | Lien permanent | Commentaires (21)
22/12/2024
Mes filles, Renaud, Thiéfaine et quelques autres !
"52 semaines par an.
520 pour 10 ans : 2600 pour 50 ans. C'est vite dépensé". Henri CALET
Parfois, les enfants, ça pousse pas tout à fait droit. Ça ne va pas dans la direction qu'on avait envisagée pour eux. Et c'est bien normal : à chacun ses expériences. Vous croyez que mes parents désiraient follement que je devienne prof ? Pas vraiment. Mon père me voyait déjà embrasser une belle carrière chez Siemens, comme lui, genre secrétaire trilingue, études à Munich, etc. Il m'avait même ramené un dossier de candidature. Dossier que je remplis consciencieusement, pour faire plaisir à papa. Cependant, au moment de lui rendre le truc, je m'écriai : « En fait, j'veux pas faire ça. Je veux être prof, à tout prix ». Je n'oublierai jamais le regard que mon père posa alors sur moi. Un regard où je pus lire à la fois une infime déception, mais aussi une certaine fierté, je crois. Ma ténacité lui en imposa, me semble-t-il. Il ne manqua pas, toutefois, de me dire que la voie dans laquelle je m'engageais était bien souvent exempte de toute reconnaissance. « Regarde ta mère », ajouta-t-il. Car ma mère était enseignante, c'est même à elle que je dois ma « vocation ». Quand j'étais enfant, j'adorais l'observer quand elle préparait les activités qu'elle allait proposer à ses élèves. Elle fit l'essentiel de sa carrière en maternelle et je vous arrête tout de suite si vous pensez que c'est la planque : absolument pas ! Jusqu'à l'année de sa retraite, ma mère se lança des défis, se renouvela, se réinventa. Je me souviens lui avoir dit un jour : « Moi aussi, plus tard, je veux avoir un métier qui me donnera du travail à la maison ». Eh bien, me voilà servie ! Le boulot ne manque pas, n'en déplaise à tous les connards (oui, je n'hésite pas à employer ce mot poétique) qui chantent sur tous les toits que prof c'est six mois de vacances par an et des semaines de travail pépères. Ouais, ben viens voir tâter l'ambiance d'une salle de classe, viens voir un peu regarder en face, si tu oses, les défis auxquels ce métier te confronte chaque jour. C'est drôle, ce sont toujours ceux qui la ramènent là-dessus qui, si on leur proposait un job dans l'Éduc'nat ', se carapateraient par la première porte de sortie. Voire n'entreraient même pas ! Étonnant, n'est-ce pas ? Je croyais que prof c'était la belle vie... Bref... Quand je me plaignais auprès de mon père de l'image déplorable qu'une frange assez con-séquente de la population avait de nous, les enseignants, il répondait invariablement : « Tu sais bien que ce ne sont pas les meilleurs qui vous critiquent ». Sage papa, il me manque...
Mais je me suis égarée et … un peu énervée. Parce que ça commence à me les briser menu menu (oui, bon, je n'en ai pas, mais imaginons) que mes collègues et moi soyons pris pour des moins que rien, des flemmards, des branquignoles. J'ai décidé de ne plus lire les putains de commentaires se déchaînant sur les profs sur les réseaux : pas envie de gerber quinze fois par jour !
Mais je voulais parler des enfants, tout ça... De cette manière qu'ils ont de s'éloigner de leur tuteur sans en avoir l'air. Par exemple : un jour, alors que j'écoutais l'album La bande à Renaud, sur lequel Thiéfaine interprétait En cloque, j'entendis une petite voix, celle de ma fille Louise, me demander : « Mais qui a écrit ces chansons ? ». À la réponse que je lui fis, elle s'exclama : « Moi je veux découvrir ces chansons chantées par Renaud, d'accord ? ». Oui, bien sûr que j'étais d'accord, même si j'avais acheté ce disque uniquement pour la participation d'Hubert. Cependant, je ne renie jamais mes anciennes amours. Je sortis mes vieux albums de Renaud. Louise en devint fan en deux temps trois mouvements. Elle se transforma même en dictionnaire d'argot pour les nuls ! Un jour, elle me demanda si je savais ce qu'était un paddock. Je pensais qu'elle l'ignorait. « Mais non, maman, voyons, je le sais : c'est un lit » ! Une autre fois, je la surpris en train de jouer à la maîtresse et d'apprendre Société tu m'auras pas à ses élèves fictifs dont les parents, fort heureusement fictifs eux aussi, ne tarderaient pas à porter plainte contre cette maîtresse Louise décidément trop rebelle et pas assez dans les clous. Enfin si, ceux d'un perfecto ! Perfecto qu'elle me fit acheter, d'ailleurs, alors qu'elle n'avait pas dix ans. Ainsi qu'un bandana rouge. C'est équipée de la sorte qu'elle alla à son premier concert de Renaud. Elle me fit également tout un sketch pour entrer en contact avec monsieur Séchan. Alors je lui proposai de tenter de lui écrire à La Closerie des lilas, où il avait ses quartiers à une époque. Peut-être les y a-t-il encore maintenant, je ne sais pas. Dans son courrier, Louise précisait : « J'ai huit ans et je suis ta plus grande fan ». C'est dingue, cette manie qu'on a tous de vouloir être le plus grand fan de celui-ci ou de celle-là. Tenez, moi, par exemple : je suis la plus grande fan d'Hubert-Félix Thiéfaine, ok ?!
Bref... Et puis, les années passèrent et l'amour de Louise se tassa. Sembla se tasser, plutôt. Un jour, elle devait avoir quinze ans, elle remit Renaud dans la voiture. Elle connaissait encore toutes les chansons par cœur. Et moi aussi. Ça me vient de l'enfance. Parce que quand j'avais dix ans, j'étais la plus grande fan de Renaud, je vous jure !
Quelle joie, ce jour-là, de chanter avec ma fille La teigne, Ma gonzesse, Manu, Mistral gagnant, Où c'est qu'j'ai mis mon flingue, It is not because you are. J'ai toujours dit que si j'avais été prof d'anglais, j'aurais systématiquement fait écouter cette chanson à mes élèves à chaque rentrée pour aboutir à la conclusion suivante : « J'espère qu'après avoir suivi mes cours, vous parlerez mieux anglais que monsieur Séchan ». Moi aussi, j'aurais eu des plaintes des parents, parce que « and make love very beaucoup », cela aurait outragé quelques âmes sensibles, je suppose. Bon, la question ne se pose pas : I'm a German teacher !!!
Tout cela pour dire que Louise non plus ne renie pas ses anciennes amours et que ça me fait vachement plaisir. Régulièrement, nous nous faisons nos petits trips Renaud, la Grande Sophie, Higelin et Thiéfaine. Parce que oui, elle aime aussi celui dont sa mère est la plus grande fan ! Faut dire qu'elle avait plutôt intérêt, sinon je l'aurais répudiée sans hésitation !
Parfois, les enfants, ça vous fait croire que ça va pas pousser comme vous l'auriez souhaité. Et puis, un matin, l'air de rien, ça vous dit : « Je t'en remets au vent est ma chanson préférée de Thiéfaine » (signé : Louise). Ou alors : « J'adore La Ruelle des morts, je l'écoute au moins une fois par jour » (signé : Clara). Alors, parce que vous êtes leur plus grande fan, vous les regardez avec une tendresse et un amour infinis. Et vous vous dites : « J'ai pas tout raté dans ma vie » !
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