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Rechercher : beau repaire

Les paris sont ouverts !

La pensée du jour : "Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste". Eric-Emmanuel SCHMITT

 

Alors, à votre avis, que va-t-il nous jouer ce soir, le père Hubert ?!! Je parierais plutôt sur des "classiques", à savoir "Lorelei Sebasto Cha", "Les dingues et les paumés", "La fille du coupeur de joints", "Alligators 427". Eventuellement, "La ruelle des morts", sachant que cette chanson est pas mal passée sur les ondes il n'y a pas si longtemps et que le concert s'adresse à un public majoritairement non-initié. La présence de Cali à cette Pop rock party me fait supputer un petit "Gynécées" en duo, mais peut-être que je me plante complètement...

En tout cas, la playlist que j'imagine me semble regrouper comme il se doit les thèmes chers à Thiéfaine : l'amour, la drogue, la mort. Ce qui pourra peut-être en effrayer quelques-uns... Et c'est avec un certain amusement que je me souviens tout à coup de cette jeune fille qui, après un concert d'HFT, avait enguirlandé son copain de l'avoir traînée à un "truc aussi glauque", je cite. Et d'en rajouter : "Il est vraiment pas bien ce mec"... Certes, je reconnais qu'il faut sans doute être soi-même un peu dingue ou paumé, ou bien les deux à la fois, ou bien être né "sous le signe SATURNE", pour retrouver un bout de soi dans la poésie parfois âpre et flippante d'HFT. J'ai rarement rencontré des gens "lisses" dans le public du poète jurassien, on y croise plutôt des écorchés vifs, des êtres que leur sensibilité et leur conscience de l'inconvénient d'être nés damnent à longueur de temps ou presque (je ne parle pas de moi, bien évidemment...)

Quoi qu'il en soit, ce soir, nous aurons notre âme de quatorze ans, nous quitterons pour quelques heures notre paletot usé par les pluies torrentielles d'une vie qui s'ingénie à nous malmener. Ce soir, tiens, nous lui ferons un doigt d'honneur, à cette chienne ! Je n'oublie pas non plus le retour lamentable, crasseux et sans joie qui est le prix à payer pour toute extase. Je m'efforce de m'armer pour cette redescente qui ressemble toujours à une plongée sans ascenseur dans un gouffre glacial. Et je n'oublie pas non plus qu'en concert comme en amour, le plus beau moment reste celui où l'on se love dans l'attente...

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”Amor doloroso”

La pensée du jour : "Aimer la littérature, c'est être persuadé qu'il y a toujours une phrase écrite qui nous re-donnera le goût de vivre, si souvent en défaut à écouter les hommes. Soi-même, entre autres", Georges PERROS, Papiers collés.

 

Il me semble que plusieurs d'entre vous aiment Higelin, tout comme moi. Avez-vous écouté son dernier album? Qu'en pensez-vous? Pour ma part, je le trouve très beau. J'en raffole, carrément, et l'écoute énormément en ce moment. Tout comme le dernier Brigitte Fontaine, d'ailleurs!

Ce soir, pour changer, j'ai envie de citer Higelin :

"Dans le dernier Sandwich, Brigitte Bardot explique que 'les gens devraient penser plus à leur mort'...

Réponse de Jacques Higelin : "Mmouais. Mais une fois que tu le sais, autant aller vers quelque chose de positif. J'ai toujours entendu les gens se plaindre de leur sort. C'est dur, c'est sûr. Mais si les gens nourrissaient plus leur corps, leur âme, et étaient plus généreux, ce serait aussi dur, mais ils feraient moins chier les autres. Nom de Dieu, va vider ta poubelle ailleurs que dans ma tête ou dans mon ventre.

(...) Je ne suis pas un héros. Mais depuis mon enfance j'ai une solide dose intérieure de plaisir de vivre. Histoire de sauter de joie en pleine rue, de siffloter des airs pas possibles à mes robinets. C'est ancré dans ma peau. J'ai envie de faire face à la déprime. J'aime vivre. il faut refuser la morosité, l'angoisse ambiantes".

Source : Libération, Hors-série, Chanson française 1973-2006.

A propos, je souligne que le pauvre Hubert, une fois de plus, n'a pas été vraiment mis à l'honneur dans ce hors-série. Page 62, on lira simplement ces quelques mots de lui : "A mon tour, avec une guitare et des mots, j'ai essayé d'ordonner mon chaos intérieur".

Encore! On a de la chance! Anne Sylvestre, elle, est également citée page 19. Et voici les propos édifiants de la dame : "Je me suis fait couper les cheveux. Je le regrette parce que depuis j'ai froid aux oreilles"!

Toujours à propos des injustices de ce monde : ce soir, j'ai envoyé quelques lignes à "Télérama" pour simplement exprimer mon étonnement face à l'impasse faite sur Thiéfaine! Suite au prochain numéro!

Et pour en revenir à Higelin, je vous mets un petit lien vers une interview très touchante du monsieur (merci Rémi! Sans toi, j'aurais loupé ça) : http://www.dailymotion.com/cluster/news/video/xvyjp_higel...

Je m'écoute "Amor doloroso" tout en écrivant cette note (et c'est peut-être la raison pour laquelle c'est si laborieux ce soir, je ne suis pas assez concentrée, l'écriture ne "glisse" pas, ça patine, c'est tout pourri, mille excuses!). Vraiment, cet album, c'est de l'or en barre! A savourer très vite, si ce n'est déjà fait!

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Scandale mélancolique tour : le bilan!

La pensée du jour : "Il se pourrait après tout que Dieu ne dorme pas, mais qu'il se cache parce qu'il a peur de nous", Elias CANETTI.

 

Avec un peu de chance, ce soir, on passera le cap de la 2 721ème visite! Et je ne serai même pas là pour arroser ça entre mes quatre murs!

Alors, puisque cette belle tournée est, il faut bien l'admettre, réellement terminée, j'aimerais savoir quel a été votre concert préféré! Pour ma part, si je devais établir un classement (je sais, c'est un peu réducteur, mais je ne peux m'empêcher de faire ce genre de truc, je suis une maniaque du bilan!), je dirais :

Plus beau concert de la tournée à mes yeux : celui de la Rockhal. Il faut dire que tout y était : petite salle très intime, cadre totalement loufoque dehors (voir photos), première date que je faisais sur cette tournée. Nous étions en petit comité, tout près d'Hubert et de ses musiciens, et on sentait que tout le monde était content d'être là. Vraiment géant!

En deuxième position, viendrait le concert de La Cigale. Ex aequo avec celui de vendredi dernier au Zénith de Paris!

En trois, celui du Zénith de Nancy. Pour l'endroit où nous étions dans la salle, Sam, 655321, le Doc et moi : assis pile en face de la scène.

En quatre, celui du Zénith de Dijon.

En cinq, et à égalité à cette place, il y aurait Béthune et Troyes. Béthune pour l'ambiance formidable et chaleureuse dans le public, pour JPA à mes côtés, pour le petit coup de folie qui m'a poussée à faire tout ce chemin en un week-end, pour les moments passés avec le Doc, pour la possibilité d'assister aux balances! Et Troyes pour la merveilleuse forme que tenait Hubert! Et également pour l'émotion insufflée à la salle par Marie Cherrier, qui assurait la première partie ce soir-là.

Enfin, mon concert raté sur cette tournée (mais vous le savez déjà!) : le Chien à plumes à Langres, où de grosses brutes avinées ont pissé sur les dentelles des jeunes filles des premiers rangs (au figuré, mais quand même!)!

Mon grand regret sur cette tournée : ne pas avoir vu Hubert en Bretagne! Ou même, soyons fous : en Allemagne, tiens! Il y a près de chez nous une très jolie salle appelée "Die Garage". C'est à Sarrebruck, et ce n'est pas interdit aux chanteurs français! Faudrait voir ça pour la prochaine tournée!!

Quoi? J'ai vu Hubert huit fois sur cette tournée?! Mazette! Qui dit mieux, à part le Doc?!!!

 

Me revoici, une heure plus tard. J'ai carrément oublié le concert de Voujeaucourt, honte à moi! Enfin, avec le recul, je le mettrais juste avant le Chien à plumes. Sympa, mais pas transcendant, la salle n'invitait pas spécialement à la poésie. Mais ce fut une belle soirée quand même!

Donc, j'ai vu Hubert neuf fois sur cette tournée! Alors, qui dit mieux?!

 

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Joyeux Noël

Joyeux Noël les commerçants les amis des p'tits enfants

qui proposent joyeusement les nouveaux jeux de chez Nathan :

un soldat qui va à la guerre avec sa troupe de militaires

un jeu révolutionnaire où faut tuer les gars à terre

Pi c'est si beau les étincelles dans les yeux d'la p'tite demoiselle

qui rêve de barbie Matel, l'en devient même son modèle

et voilà les jeux sont vendus et le monde on l'reconnaît plus

y'a qu'des poupées plein les rues et la violence ne choque plus

Joyeux Noël... Joyeux Noël...

 

Joyeux Noël la p'tite maman qui pense bien faire pour ses enfants

en dépensant beaucoup d'argent parce qu'elle veut les voir contents

parce qu'elle a du coeur elle pense quand même à ceux qu'ont pas d'vacances

parce qu'elle a des sous elle dépense et réduit son coeur au silence

Alors elle entre dans l'grand Auchan où t'as du parfum envoûtant

d'la musique et des pubs en grand, pi elle obéit aux slogans

alors si c'est ça les valeurs, les cadeaux font le bonheur

remplis l'grand panier en ferraille et nourris ceux que tu affames

Joyeux Noël... Joyeux Noël...

 

Joyeux Noël au monde des grands, c'lui qui pourrit les enfants

joyeux Noël à ces titans qu'ont rien compris à l'instant

joyeux Noël joyeux parents, les adeptes du dernier moment

qui foncent contre leur temps vers la corvée des cadeaux manquants

C'lui du p'tit neveu qu'ils voient jamais ou d'la grand-mère du cousin d'André

pour qui ils prennent pour pas s'faire chier le livre le plus vendu d'l'année

alors vient l'heure des cadeaux, le sourire se prépare tôt

on dit "il fallait pas, c'est trop", pi on l'oublie près du gâteau

Joyeux Noël... Joyeux Noël...

 

C'est la joyeuse consommation d'une fête de moutons

qui aiment les huîtres et les marrons parce que c'est la tradition

période de pub et de billets autour d'un Père Noël truqué

Saint Nicolas a pas marché, il passe moins bien à la télé

C'est l'hiver joyeux de Noël, les lumières de la ville s'éveillent

et profitant qu'on s'émerveille y'en a qui font marcher l'oseille

mais je suppose que l'on oublie, du moins jusqu'à la fin d'la nuit

c'est vrai qu'c'est moins facile de s'dire qu'on nourrit la grande tirelire

Joyeux Noël... Joyeux Noël

 

Marie Cherrier

 

 

Alors, naïve, la p'tite Marie?!!!

J'adore cette chanson!

Joyeux Noël à vous, quand même, amis du blog et d'ailleurs!!!

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”Syndrome albatros”

 

Clown masqué décryptant les arcanes de la nuit

dans les eaux troubles et noires des amours-commando

tu croises des regards alourdis par l'oubli

et des ombres affolées sous la terreur des mots

toi qui voulais baiser la terre dans son ghetto

tu en reviens meurtri, vidé par sa violence

et tu fuis ce vieux monstre à l'écaille indigo

comme on fuit les cauch'mars souterrains de l'enfance

de crise en délirium; de fièvre en mélodrame

franchissant la frontière aux fresques nécrophiles

tu cherches dans les cercles où se perdent les âmes

les amants fous, maudits, couchés sur le grésil

et dans le froid torride des heures écartelées

tu retranscris l'enfer sur la braise de tes gammes

fier de ton déshonneur de poète estropié

tu jouis comme un phénix ivre mort sous les flammes

puis en busard blessé cerné par les corbeaux

tu remontes vers l'azur, flashant de mille éclats

et malgré les brûlures qui t'écorchent la peau

tu fixes dans la brume : Terra Prohibida

doux chaman en exil, interdit de sabbat

tu pressens de là-haut les fastes avenirs

comme cette odeur de mort qui précède les combats

et marque le début des vocations martyres

mais loin de ces orages, vibrant de solitude

t'inventes un labyrinthe aux couleurs d'arc-en-ciel

et tu t'en vas couler tes flots d'incertitude

dans la bleue transparence d'un soleil torrentiel

vois la fille océane des vagues providentielles

qui t'appelle dans le vert des cathédrales marines

c'est une fille albatros, ta petite soeur jumelle

qui t'appelle et te veut dans son rêve androgyne.

 

Hubert-Félix Thiéfaine

 

 

L'albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

 

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

 

Charles Baudelaire

 

 

Et la pensée du jour, ou plutôt de la nuit, en cette heure tardive :

"L'homme qu'on voudrait être. L'homme qu'on croit être. L'homme qu'on est. Où est la suture, qui réalise idéalement le point d'identité?" Louis CALAFERTE.

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Lord Byron

La pensée du jour : "Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage", Henri MICHAUX.

 

Voici la suite des aventures de Lord Byron :

 

De Bruxelles, il alla visiter le champ de bataille de Waterloo, puis se rendit à Genève, où il habita la villa Diodati et rencontra les Shelley et Miss Clare Clermont, dont il eut une fille, Allegra, qui naquit en janvier 1817. Shelley, et la lecture de Wordsworth que lui recommanda ce dernier, lui ouvrirent les yeux sur les beautés de la nature : il composa le troisième chant du Chevalier Harold, tandis que l’influence de Goethe se traduisait par la tragédie de Manfred. Pendant son séjour en Suisse, Byron composa également Le Prisonnier de Chillon. En octobre 1816, il se rendit à Milan, puis à Vérone, et de là à Venise où il demeura trois ans. La vie licencieuse de Byron dans le milieu libertin de Venise est amplement racontée dans ses lettres, remplies de verve, et qui présentent un intéressant contraste avec la psychologie compliquée des lettres anglaises à Lady Melbourne : dans les premières, on voit défiler les compagnes des aventures faciles du poète, surtout Marianna Segati et la fille du peuple Margherita Cogni. Byron avait transformé en harem l’appartement qu’il habitait dans le palais Nani-Mocenigo, mais il n’abandonnait pas pour cela des relations plus intellectuelles, fréquentant les salons de la comtesse Albrizzi, puis ceux de la Benzoni ; il étudia l’arménien et se mit à composer le cinquième chant du Chevalier Harold et Beppo, histoire vénitienne. En septembre 1818 il commença son plus beau poème, Don Juan, satire épique, et il écrivit Mazeppa. Avec Beppo et Don Juan, Byron abandonne le mode héroïque, et se met à « bavarder en vers », atteignant un style poétique semblable à celui de la prose brillante de ses lettres.

En avril 1819, il fit la connaissance de la jeune épouse du vieux chevalier Guiccioli, Teresa, fille du comte Gamba de Ravenne : cette aventure, qui aurait pu ressembler à toutes les autres, devint la plus durable de ses liaisons ; libertin assagi par l’âge, il mena avec sa bien-aimée une vie presque bourgeoise ; son esprit d’aventures s’alimenta désormais de politique. Il s’installa vers la fin de 1819 à Ravenne, se lia d’amitié avec le frère de Teresa Guiccioli, Pietro Gamba, prit part aux conspirations des Carbonari, et fut même le chef d’une branche de ce mouvement, dite branche des Américains. Sa sympathie pour l’Italie nouvelle trouva son expression littéraire dans La Prophétie de Dante, écrite sous l’influence de la lecture de La Divine Comédie. En juillet 1820, sur les instances de la famille Gamba, le pape promulgua un décret de séparation entre Teresa et Guiccioli. Après la faillite du mouvement révolutionnaire en 1821, le gouvernement pontifical confisqua les biens des Gamba qui s’enfuirent à Pise où Byron les rejoignit en novembre 1821.

Qu'adviendra-t-il de notre cher poète et de sa liaison avec Teresa? Pour le savoir, ne manquez pas la suite et la fin de cette série intitulée "Lord Byron"... Prochainement sur ce blog!!

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René Char

"L'approche est toujours plus belle que l'arrivée", ALAIN-FOURNIER.


Aujourd'hui, René Char aurait eu cent ans. Voici deux textes de ce poète. Merci à Evadné, qui m'a envoyé ces deux trésors et m'a suggéré la note de ce jour!

Si vous avez un moment, branchez-vous sur France Inter de 13 heures 30 à 14 heures! Dans "Deux mille ans d'histoire", il sera question de René Char, justement. Auparavant, à 13 heures, vous pouvez retrouver Gainsbourg sur France3, me semble-t-il, dans un "Trente millions d'amis" datant de 1976 ou 1979 (je ne sais plus). Enfin, ce soir, ne ratez pas le très beau film qui va passer sur Arte : "Sophie Scholl, die letzten Tage". Il y est question du triste destin de Sophie Scholl (magnifiquement interprétée par Julia Jentsch) qui fit partie du mouvement de résistance à Hitler, "Die weiße Rose".

 

Allégeance:

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?


 

 


A une sérénité crispée


Tu es mon amour depuis tant d'années,

Mon vertige devant tant d'attente,

Que rien ne peut vieillir, froidir ;

Même ce qui attendait notre mort,

Ou lentement sut nous combattre,

Même ce qui nous est étranger,

Et mes éclipses et mes retours.



Fermée comme un volet de buis,

Une extrême chance compacte

Est notre chaîne de montagnes,

Notre comprimante splendeur.



Je dis chance, ô ma martelée ;

Chacun de nous peut recevoir

La part de mystère de l'autre

Sans en répandre le secret ;

Et la douleur qui vient d'ailleurs

Trouve enfin sa séparation

Dans la chair de notre unité,

Trouve enfin sa route solaire

Au centre de notre nuée

Qu'elle déchire et recommence.



Je dis chance comme je le sens.

Tu as élevé le sommet

Que devra franchir mon attente

Quand demain disparaîtra.

 

 

 

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Y'a d'la joie!!

La pensée du jour :

"A quoi te sert, Socrate, d'apprendre à jouer de la lyre puisque tu vas mourir?

-A jouer de la lyre avant de mourir".

Cité par Caroline THIVEL, dans son très beau livre Départs.

 

 

Hier, au Livre sur la Place, l’une des plus belles manifestations nancéiennes, je me suis acheté un livre épouvantable ! Je m’en délecte déjà !! Il s’agit de L’art de guillotiner les procréateurs, manifeste anti-nataliste. Dans ce livre assez saugrenu, Théophile de Giraud se demande si nous avons le droit de mettre des enfants au monde et, si oui, sous quelles conditions. En gros, ce n'est plus "alertez les bébés" du bon père Higelin, c'est carrément "arrêtez les bébés"!!! Des tas de citations se promènent dans ce bouquin et c’est sans grande surprise que l’on y retrouve Schopenhauer ou encore Antonin Artaud, nos deux optimistes de service !! Voici quelques phrases glanées çà et là :

 

« Je souffre affreusement de la vie.

Je sens l’appétit du ne pas être ». Antonin ARTAUD, Le suicide est-il une solution ?

 

« Le seul bonheur est de ne pas naître.

La fin du monde, voilà le salut ; préparer cette fin, voilà l’œuvre du sage ». Arthur SCHOPENHAUER, Entretien avec Challemel-Lacour.

 

« Notre état est si malheureux qu’un absolu non-être serait bien préférable ». Arthur SCHOPENHAUER, Le Monde comme Volonté et comme Représentation.

 

« Les Jours nous harcèlent et nous désarçonnent ;

Et cependant nous vivons,

Abominant notre vie, et nous épouvantant de mourir ». Lord BYRON, Manfred.

 

« Je n’étais pas né : je ne cherchais pas à naître, et n’aime guère la situation dans laquelle cette naissance m’a jeté. (…) Je voudrais n’avoir jamais vécu !

Donner naissance à ceux qui ne peuvent que souffrir durant de nombreuses années, puis mourir, il me semble que c’est simplement propager la mort, et multiplier le meurtre ». Lord BYRON, Caïn.

 

« J’ai reçu la vie comme une blessure, et j’ai défendu au suicide de guérir la cicatrice. Je veux que le Créateur en contemple, à chaque heure de son éternité, la crevasse béante. C’est le châtiment que je lui inflige ». LAUTREAMONT, Les Chants de Maldoror.

 

« La vie m’est un fardeau, je désire la mort et j’abhorre l’existence.

Oh ! que ne suis-je jamais né ! » Johann Wolfgang von GOETHE, Faust.

 

Tout cela est bien gai, n’est-ce pas ?!! Vous croyez que la Maison Borniol fait toujours « 15 % de réduction sur suicide collectif » ?!!!!!

Délicate Suricate, que diras-tu de cette avalanche de tristesse ?!!!! Bienvenue sur le blog des candidats au suicide !!!!! 

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”Histoire du soldat” (de Stravinsky, sur un livret de Ramuz)

La pensée du jour : "Je poursuis l'absolu. Comme il galope!", Louis SCUTENAIRE.

 

Tiens, sur le forum de Planète Thiéfaine, Droïde demandait comment avait été la prestation théâtrale d’Hubert dans « Histoire du soldat ». J’ai eu la chance d’assister à une des représentations de cette pièce et j’ai trouvé que l’ami Hubert était très bon dans ce rôle taillé pour lui (il était le diable !). D’ailleurs, je pense que Thiéfaine a vraiment ce que l’on appelle une gueule et que le théâtre aurait pu faire appel à lui plus souvent. Et, personnellement, je lui trouve un petit air de Mel Gibson (mais Hubert est cent fois plus beau !!). Bon, trêve de plaisanterie, voici un résumé de cette « Histoire du soldat » :

 

Première partie :

Un soldat, épuisé, rentre chez lui après la guerre. Il s’arrête et sort de son paquetage un petit violon que le Diable lui échange contre un livre censé contenir la réponse à toute question. Le soldat accepte de lui apprendre à jouer du violon. Au bout de ce que le soldat croit être trois jours, il rentre chez lui. Mais trois années se sont écoulées. Au village, tous le prennent pour un fantôme. Le soldat comprend qui était le vieillard ; il veut le tuer, mais celui-ci lui rappelle qu’il a échangé son violon contre un livre. Lisant ce livre, le soldat s’enrichit sans pour autant trouver le bonheur.

 

Deuxième partie :

Le soldat marche, au hasard. Apprenant que le roi donne la main de sa fille malade à qui la guérira, il tente sa chance. Le soldat joue aux cartes avec le Diable et regagne son violon. Il entre dans la chambre de la princesse et joue. Celle-ci s’éveille, se lève et se met à danser. Le soldat et la princesse s’embrassent et regagnent le village du soldat, où celui-ci retombe entre les mains du Diable.

 

Source : Quatre siècles d’opéra, Marie-Christine VILA (citée dans le livret fourni à l’entrée le jour de la représentation).

 

Justement, il y a peu, je repensais à cette histoire et me disais qu’il faudrait que je cite ici quelques passages de ce texte magnifique. Il faut d’abord que je me le procure ! Bientôt, bientôt…

 

Petite Suricate, ne t’affole pas, je reviens bientôt avec Nietzsche qui t’est cher !

Coucou à 655321 qui était à Dijon avec nous pour voir et entendre « Histoire du soldat ».

 

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Gérard de Nerval

Encore quelques mots sur Gérard de Nerval (tirés du Dictionnaire de la mort des grands hommes, d’Isabelle BRICARD) :

 

Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval.

MORT : 25/26 janvier 1855 (à 47 ans).

CAUSE : suicide.

LIEU : 4, rue de la Vieille-Lanterne, à Paris.

INHUMATION : cimetière du Père-Lachaise, à Paris.

 

Le 26 janvier 1855, vers cinq heures du matin, un sergent de ville vint prévenir le commissaire de police du quartier Saint-Merry qu’on avait découvert un homme pendu –et gelé- à la grille d’une fenêtre, au numéro 4 de la rue de la Vieille-Lanterne, une rue mal famée. On trouva dans ses poches un passeport pour l’Orient, une lettre, une pièce de deux sous, les dernières pages d’Aurélia écrites dans la journée et qui se terminaient par ces mots : « Courage frère ! C’est la dernière étape »… et deux reçus d’un asile de nuit. En effet, vers la fin de sa vie, Gérard de Nerval n’avait plus de domicile fixe : il vagabondait, couchant dans des asiles de nuit, chez des amis, ou même parfois à la belle étoile. Il s’était pendu avec un lacet qu’il avait souvent montré à ses amis, en affirmant qu’il s’agissait de la ceinture de Madame de Maintenon ou de la jarretière de la reine de Saba !

En raison des mains soignées du corps, le commissaire classa l’individu dans la catégorie des « bourgeois » et songea à un crime, mais le docteur Pau, médecin légiste, conclut à un suicide. Comme il avait été trouvé sur la voie publique, le cadavre du sieur Labrunie fut, conformément à la loi, déposé à la morgue. Après avoir reçu la douche réglementaire, il fut exposé nu, trois jours durant, aux regards du public, « avec les précautions dues à la décence et aux bonnes mœurs ».

Grâce à ses relations, Arsène Houssaye obtint que l’Etat fournisse le corbillard et les croquemorts pour les obsèques du poète qui eurent lieu le 30 janvier à l’église métropolitaine de Notre-Dame, le clergé ayant admis la version d’une mort accidentelle. La rue de la Vieille-Lanterne disparut dans les grands travaux d’Haussmann. On construisit à son emplacement le théâtre Sarah-Bernhardt et le trou du souffleur occupait précisément l’endroit où s’était pendu le poète.

 

Et encore un poème de Gérard de Nerval :

 

Les Cydalises

 

Où sont nos amoureuses ?

Elles sont au tombeau :

Elles sont plus heureuses,

Dans un séjour plus beau !

 

Elles sont près des anges,

Dans le fond du ciel bleu,

Et chantent les louanges

De la mère de Dieu !

 

Ô blanche fiancée !

Ô jeune vierge en fleur !

Amante délaissée,

Que flétrit la douleur !

 

L’éternité profonde

Souriait dans vos yeux…

Flambeaux éteints du monde,

Rallumez-vous aux cieux !

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