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Rechercher : beau repaire

Malcolm Lowry encore

Voici un extrait d’Au-dessous du volcan. En lisant les premières lignes de ce passage, j’ai su que je le mettrais sur le blog, tant le style qui y est employé est puissant et beau. Comme, en plus, il est question d’Oaxaca dans ces quelques lignes, je ne vais pas me priver !

 

« … Nuit : et une fois de plus, le corps à corps nocturne avec la mort, la chambre trépidante d’orchestres démoniaques, les bribes de sommeil apeuré, les voix à la fenêtre dehors, mon nom répété sans cesse avec mépris par des groupes d’arrivants imaginaires, les clavecins de la ténèbre. Comme s’il n’y avait pas assez de vrais bruits dans ces nuits couleur de cheveux gris. Non tels que le fracas déchirant des villes d’Amérique, le bruit de pansements arrachés à d’immenses géants à l’agonie. Mais les chiens parias qui hurlent, les coqs qui annoncent l’aube toute la nuit, le battement de tambour, le gémissement qu’on retrouve plus tard blanc monceau de plumes sur les fils télégraphiques aux arrière-jardins, ou volaille perchée dans les pommiers, la peine éternelle qui jamais ne dort du grand Mexique. Pour moi j’aime traîner ma peine à l’ombre des vieux monastères, ma faute dans les cloîtres, au bas des tapisseries et dans les miséricordes d’inimaginables cantinas, où des clients tardifs à la triste figure et des mendiants culs-de-jatte boivent à l’aube, dont la froide beauté jonquille se redécouvre en la mort. Aussi quand tu partis, Yvonne, j’allai à Oaxaca. Pas de plus triste mot. Te dirai-je, Yvonne, le terrible voyage à travers le désert, dans le chemin de fer à voie étroite, sur le chevalet de torture d’une banquette de troisième classe, l’enfant dont nous avons sauvé la vie, sa mère et moi, en lui frottant le ventre de la tequila de ma bouteille, ou comment, m’en allant dans ma chambre en l’hôtel où nous fûmes heureux, le bruit d’égorgement en bas dans la cuisine me chassa dans l’éblouissement de la rue, et plus tard, cette nuit-là, le vautour accroupi dans la cuvette du lavabo ? Horreurs à la mesure de nerfs de géant ! Non, mes secrets sont de la tombe et ils doivent être tus. Et c’est ainsi parfois que je pense à moi-même comme à un grand explorateur qui, ayant découvert un extraordinaire pays, n’en peut jamais revenir pour faire don au monde de son savoir : mais le nom de ce pays est enfer ».

 

Plus loin, on peut lire encore ceci : « Je me demande si c’est parce que ce soir mon âme est vraiment morte que j’éprouve pour l’instant quelque chose comme la paix ».

 

En fait, dans ce passage, un des personnages écrit une lettre à la femme qu’il aime. A un moment, il s’interrompt. Quand il se remet à écrire, il commence par ces mots, que l’ami Hubert ne bouderait pas, me semble-t-il :

« « Plusieurs mescals plus tard » !

Et ça, donc : « Tu vas me croire fou, mais c’est de cette manière que je bois aussi, comme absorbant un éternel sacrement ».

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La postface de Max-Pol Fouchet

Ce soir, comme j'avais envie de mettre sur le blog un petit quelque chose qui soit en rapport avec Au-dessous du volcan et comme j'avais déjà mis un extrait de la préface et plusieurs passages du roman, je me suis dit : "Allons donc faire un tour du côté de la postface. Pourvu d'ailleurs qu'il y en ait une!" Oui, il y en a une, écrite par Max-Pol Fouchet. Elle ne m'a pas dévoilé la fin de l'histoire (car je n'ai pas fini le roman). De toute façon, on devine aisément, dès les premières lignes, que ce truc ne va pas, ne peut pas finir bien. Le Consul est empêtré dans son alcoolisme, cette dépendance l'enferme dans une tour de marbre (le marbre du tombeau, oui!), et l'amour qu'Yvonne lui porte est, évidemment, voué à l'échec. Comment pourrait-il en être autrement? On devine illico qu'ici, un drame va se jouer, s'est déjà joué, et qu'aucun salut n'est possible. On devine qu'ici, c'est la mort qui règne en maître et que rien ne vient rompre l'immense solitude de chacun. Cela me rappelle Cohen : "Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte"... Ici, Yvonne essaie pourtant de rejoindre le Consul dans sa solitude, mais ... Laissons parler Max-Pol Fouchet!

"A première vue, un roman où l'amour et l'alcool s'octroient les grands rôles. Soyons-en convenus, pour l'instant, - parce que ce roman d'amour est d'une présence inoubliable, - parce que cette description de l'alcoolisme est d'une incomparable authenticité. Les vains appels d'Yvonne, les cris désespérés du Consul, - pour ne parler ni de Hugh, ni de monsieur Laruelle, - qui les entendrait sans déchirement? Mais ces simples mots d'Yvonne : 'Nous pourrions être heureux tous les deux', dépassent l'histoire proprement dite : rarement l'impossibilité du couple fut aussi cruellement exprimée. De même, l'alcoolisme de Geoffrey Firmin n'est pas simple vice, tare physiologique. Sa femme le sait : 'De toute façon, ce n'est pas la boisson', et le Dr. Vigil aussi : 'maladie de l'âme'. Impossible de s'y tromper, on nous mène par la main : ce roman d'amour est un roman de l'amour. De l'amour terrestre? Oui, d'abord. Et, une fois encore, se bornerait-il là, ce serait déjà un beau livre de passion et de mort. Mais comment l'amour terrestre se limiterait-il à lui seul pour un homme comme le Consul - (et Malcolm Lowry pourrait dire, comme tel autre de son héroïne : Le Consul, c'est moi) - dont le regard perce les apparences, voit à travers ce qui est vu, lit les visionnaires et les aventuriers de l'esprit, rêve d'écrire un livre sur la connaissance secrète? Le Mexique, où le livre se situe, est plus que le Mexique. Certes, la tragédie s'accorde avec la 'peine éternelle qui jamais ne dort du vieux Mexique' - pourtant on nous avertit que nous ne sommes pas là, 'mais dans le coeur'. Nous voici prévenus".

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”Baudelaire est mort hier, à 11 heures du matin, en zoomant d'apaisantes nuées crépusculaires”...

Allez, pour changer un peu, voici un texte de Baudelaire !

 

« LE JOUJOU DU PAUVRE

 

Je veux donner l’idée d’un divertissement innocent. Il y a si peu d’amusements qui ne soient pas coupables ! Quand vous sortirez le matin avec l’intention décidée de flâner sur les grandes routes, remplissez vos poches de petites inventions à un sol, - telles que le polichinelle plat mû par un seul fil, les forgerons qui battent l’enclume, le cavalier et son cheval dont la queue est un sifflet, - et le long des cabarets, au pied des arbres, faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. Vous verrez leurs yeux s’agrandir démesurément. D’abord ils n’oseront pas prendre ; ils douteront de leur bonheur. Puis leurs mains agripperont vivement le cadeau, et ils s’enfuiront comme font les chats qui vont manger loin de vous le morceau que vous leur avez donné, ayant appris à se défier de l’homme.
Sur une route, derrière la grille d’un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d’un joli château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie.

Le luxe, l’insouciance et le spectacle habituel de la richesse rendent ces enfants-là si jolis, qu’on les croirait faits d’une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté.

A côté de lui, gisait sur l’herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d’une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroteries. Mais l’enfant ne s’occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu’il regardait :

De l’autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l’œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère.

A travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l’enfant pauvre montrait à l’enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c’était un rat vivant ! Les parents, par économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même.

Et les deux enfants se riaient l’un à l’autre fraternellement, avec des dents d’une égale blancheur ».

 

Extrait du Spleen de Paris, Charles BAUDELAIRE

 

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31/05/2006 | Lien permanent

Malcolm Lowry : suite et fin

Voici quelques extraits du roman Au-dessous du volcan, que j'ai terminé avant-hier :

 

"Mais trois nuits blanches plus tard une éternité de vie avait passé".

 

"Enfin! La guerre, sauf qu'elle était mauvaise, ne lui inspirait que peu d'émotions. L'un ou l'autre camp gagnerait. Et dans les deux cas la vie serait dure. Quoique si les Alliés perdaient elle serait plus dure. Et dans les deux cas l'on poursuivrait sa bataille à soi".

 

"la cathédrale en éternelle navigation sur les nues" (c'est beau, ça, non?!).

 

"Je me demande si c'est parce que ce soir mon âme est vraiment morte que j'éprouve pour l'instant quelque chose comme la paix".

 

"L'avenir paraissait horrible, avec la vie au bout".

 

La postface de Max-Pol Fouchet est très belle. En voici encore quelques extraits :

 

"Ah, c'est le silence, plutôt, qui devrait suivre. On éprouve de la gêne à parler après ce livre, un tel livre".

 

"Si la vie est impossible sans l'amour, et si nous n'aimons pas, alors nous ne vivons pas, et nous sommes dans la mort. "Le pire de tout", dit le Consul, "c'est de sentir son âme mourir" : et il ajoute : "Mes secrets sont de la tombe". Il n'est guère de page où la mort ne soit présente. L'action du livre tient en un seul jour : le Jour des Morts. Voici des meneurs de deuil, des funérailles, des coutumes funéraires, un cadavre expédié par train; voici l'indien mort, des chiens morts, et Yvonne eut un enfant, et il est mort; des fantômes errent dans le casino de la Selva, telle cantina s'appelle "la Sépultura"... On entend les chocs sourds d'un bombardement, d'un exercice de tir; le palais de Maximilien, tout ruines, est un palais funèbre".

 

"Il y a, chez le Consul, une soif infongible. Non d'alcool. Mais d'ontique, de statique, d'être. L'alcool, pour lui, n'est pas vice : il est le moyen d'une connaissance. Par l'alcool, il espère sortir de lui-même, sortir d'une temporalité dirigée par le péché préalable, sortir de l'historicité et de la conscience historicienne. Par l'alcool, il voit, il se fait voyant, dans l'acception rimbaldienne du terme. Ne voit-on pas, à lire nos grands contemporains, que la volonté de puissance a cédé à une volonté d'extase? Rarement l'extase fut plus héroïquement poursuivie que par le Consul Geoffrey Firmin. On mesure donc le contresens qui consisterait à tenir ce livre pour un témoignage, ou un roman "sur" l'alcool, - quand il s'agit d'un livre mystique".  

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Tourterelle

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Une très belle chanson de Marie Cherrier, "Tourterelle"... Une sage invitation à ne pas laisser les autres, les aigris, les démolisseurs, passer le bulldozer sur nos rêves et nos enthousiasmes...

 

Jamais j'te l'pardonnerai

d'me pourrir à vingt ans

va-t'en loin, reste derrière

que je n'te voie avant longtemps

 

Trop de monde dans tes oeillères

et si j'y résiste souvent

aujourd'hui y a rien à faire

mes yeux laissent couler le temps

 

Vous rirez de cette affaire

vous direz "l'destin vraiment..."

r'gardez mon p'tit bonheur d'hier

s'est raccroché aux cornes de Pan

 

Mes pas de danse dans l'aube claire

mes insouciances dans l'firmament

se r'trouvent à la Salpêtrière

des corps de science répugnants

 

au grand jamais tourterelle

ne te pose sur le bitume

car pour un peu le soleil

l'aura chauffé, gare à tes plumes

 

De toi je n'attends pas de trêve

tu ne cherches qu'à casser mes rêves

j'me fais un monde de ménestrelle

d'bonheur, d'espoir, et là tu m'réveilles

 

Et puis tu viens t'coller à moi

commences à alourdir mes pas

me fais comprendre que c'est bien beau

mais qu'en fait j'suis pas un oiseau

 

Alors je redescends du ciel

et c'est ici que tu m'apprends

qu'tout c'que j'voyais comme étincelles

ne sont qu'des trous noirs déprimants

 

Qu'des gens corbeaux ou hirondelles

qui volaient avec moi avant

depuis qu'tu as cloué leurs ailes

font triste route, la peur les prend

 

Ils emmerdent le monde, s'ennuient

mais moi j'veux pas finir comme ça

rassemble tes forces car encore

aujourd'hui

'l'est pas né l'jour où tu m'auras

 

Envole-toi tourterelle

tu ne pèses plus lourd qu'une plume

envole-toi plus haut qu'le ciel

te réchauffer près de la lune

 

Tourterelle tu ne pèses plus lourd qu'une plume

envole-toi plus haut qu'le ciel

te réchauffer près de la lune

 

Envole-toi...

 

Paroles et musique : Marie Cherrier

 

Je l'ai donc enfin, cet album, après d'assez longues recherches ! Et, dans un tout autre style, j'ai également le dernier CD de Mell, "C'est quand qu'on rigole?". Je suis certaine que cette artiste plairait à Tommie (je sais, je sais, c'est une femme, mais tu peux toujours essayer quand même ! Cette fois, elle a travaillé avec, entre autres, Christian Olivier, et je sais que tu aimes les Têtes raides, alors pourquoi pas?!) 

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Thiéfaine en pleine résurrection

La pensée du jour : "Je suis sombre, je suis en cendres

dans mes timbales le temps sonne

je suis au désert et je jeûne

ma tête crie à faire esclandre". Jacques ROUBAUD

 

 

Chers amis, plus que quelques heures, et nous serons bien au chaud, tous ensemble, à acclamer Hubert comme il se doit ! Comment vous sentez-vous en cette veille de Bercy ?!

 

Voici l'article paru hier dans l'Est Républicain à propos du Zénith de Thiéfaine :

 

Entre « Suppléments de mensonge » et standards indémodables, le poète rock retrouve la flamme


Thiéfaine en pleine résurrection


« Pas never-been », et surtout pas has-been. Il n'y avait qu'à constater, avant le concert, les fans qui se pressaient au rayon tee-shirts pour comprendre qu'en ajoutant un « supplément de mensonges » à sa discographie, Hubert-Félix Thiéfaine élargit encore son public. Des cheveux blancs bien sûr, pour son concert hier au Zénith, mais très souvent accompagnés de leurs progénitures. Un signe. Le poète punk revient au sommet. Sans concessions.
Quelques accords de guitare en apesanteur d'Alice Botté, quelques notes d'harmonica de HFT, et le bal du Maestro débutait. Neuf minutes d' « Annihilation » pour ouvrir les hostilités. Osé. Les 2 500 spectateurs / fans le savent déjà, le show va jongler entre classiques indémodables (« Lorelei », « Soleil cherche futur », le planant « Chant du fou », « La fille du coupeur de joints » enfin) interprétés juste après un très beau « Fièvre résurrectionnelle ». Il est d'abord économe en mots (« Merci pour votre fidélité »), lui qui en crache tant -et si bien- sur le papier. Le poète jurassien, cravate et veste sombre, apparaît en grande forme, se dandine sur les premiers titres. La voix éprouve des difficultés sur « Infinitives voiles » et « Petit matin », mais c'en est plus troublant, avant que les guitares électriques ne s'enveniment sous les applaudissements.

 

Qu'a-t-il privilégié dans son pléthorique répertoire pour cet « Homo plebis ultimae Tour » ? HFT, décontracté, donne la réponse, sur scène : « Sur les 200 chansons sélectionnées au départ, je voulais écarter tous les titres qui parlaient de drogue, d'alcool, de sexe et de mort. Mais j'ai constaté que le show ne durait alors que douze minutes. Je me suis dit : « Ne change rien ». Effectivement : « Ne change rien ».

 

Xavier FRERE

 

 

 

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Chanson n°24 : ”L'amour mou”

La pensée du jour : "Et maintenant que ma vie tire à sa fin, je ne cherche pas refuge dans l'abstraction, que ce soit Dieu ou la féminité, élevés au niveau d'un culte. Les au-delà, une "autre vie" ne m'intéressent pas : j'aime trop dormir". Romain GARY

 

 Hubert-Félix Thiéfaine

C'était un mécano-métallo-mégalo

qui s'appelait chimie-travelot

il s'épuisait du ciboulot

dans un de ces si sots boulots

qui font de nous des bêtes à dodo

bien mûres et complètement frigos

elle, c'est chipolata-delco

la p'tite amie du mécano

 

elle est belle / elle remue du pot

elle aime bien son p »tit mégalo

bien qu'elle soye pas trop parano

et qu'elle s'envoie d'autres gigots

 

y s'sont connus à Saint-Lago

dans un de ces trains qui partent très tôt

qui r'viennent très tard suivant les trots

de ceux qu'on doit mettre au métro

d'un coup d'œil au fond du rétro

ils ont vu comme ils étaient beaux

et se sont roulé le chicot

sans même retirer leurs mégots

mais gare mais gare à mon mégot

s'écrie soudain le mécano

l'amour me mord, me mord la peau

l'amour nous rendra tous dingos

l'amour le mord / l'amour le moud

l'amour ça mord / l'amour c'est mou

l'amour ça meurt à la mi-août

sans mots sans remords ni remous

 

bientôt le tantôt sans se dire un mot

les v'là coco chez un bistro

à s'faire des bécots dans les crocs

des vibrations dans le bas du dos

des trémolos sur le pipeau

tout en siphonnant leurs Pernod

mais le plus beau c'est dans un pageot

d'un garno de la rue Rambuteau

où ils continuèrent leur duo

dans la position de l'escargot

et se faisant cadeau du pavot

qui leur poussait à fleur de peau

 

y s'sont perdus à Saint-Lago

dans un de ces trains qui partent très tôt

qui r'viennent très tard suivant les trots

de ceux qu'on doit mettre au métro

d'un coup d'œil au fond du rétro

ils ont vu comme ils étaient beaux

et se sont roulé le chicot

sans même retirer leurs mégots

mais gare mais gare à mon mégot

s'écrie soudain le mécano

l'amour me mord, me mord la peau

l'amour nous rendra tous dingos

l'amour le mord / l'amour le moud

l'amour ça mord / l'amour c'est mou

l'amour ça meurt à la mi-août

sans mots sans remords ni remous

 

Et j'apprends en consultant le dictionnaire de l'argot que Saint-Lago désigne Saint-Lazare.

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Chanson n°4 : ”La maison Borniol”

La pensée du jour : "Si dérisoire

ce qui m'est donné

au regard

de ce qu'escomptait

ma soif". Charles JULIET.

 

Chanson n°4 donc. "La maison Borniol", tout un (funèbre) programme. Avant d'écouter Thiéfaine, je ne savais pas que cette maison existait vraiment ! Un jour, en lisant Le Passe-muraille, je suis tombée sur un passage concernant la maison Borniol ! A l'époque, j'avais même dû le recopier ici, vous pouvez le retrouver dans les archives, mais où au juste ? Je ne sais pas ! D'ailleurs, à propos d'archives, puisque l'actualité thiéfainienne c'est plutôt Waterloo, morne plaine depuis des lustres, je pourrais cesser d'écrire ici. Cesser de vous proposer des sujets sans imagination qui ne susciteront de toute façon pas beaucoup de commentaires. Je pourrais vous renvoyer aux archives et vous demander de trouver là-dedans de quoi apaiser votre faim (s'il y a réellement, de votre côté, une faim à lire mes billets, ce dont je doute. Les vrais fidèles de ce blog sont peu nombreux. Beaucoup restent tapis dans le silence et je ne sais pas toujours très bien si j'ai raison de continuer à payer mon abonnement Haut et fort. Katell ou l'aventurière des causes perdues ! C'est comme l'enseignement, comme toutes les illusions et les projets dans lesquels je me lance. Trop d'enthousiasme chez moi, sans doute, trop de faim justement, une faim qui gronde à l'intérieur, qui ne demande qu'à dévorer la vie et se rend compte, bredouille et stupéfaite, que c'est la vie qui finira, pour sûr, par la dévorer). Fermons cette parenthèse... Désolée, le moral n'est pas au beau fixe, mais c'est sans doute parce que ce matin encore, comme tant d'autres fois, je me suis fait draguer par un gros lourd dégoulinant de libido... Chose qui a le don de me démoraliser et de me renvoyer à mon maigrichon pouvoir de séduction !!!!

Laissons la parole à HFT, il n'y a que ça de vrai dans ce monde de brutes...

Je signale que "chignole" s'écrit avec un seul "l" selon mon Petit Larousse (on trouve deux "l" dans le livret de l'album). Et aussi que "mariol" a trois orthographes possibles : "mariol", "mariole", ou "mariolle". Un mot qui vient de l'italien, tiens, chose que j'ignorais. "Mariolo" signifie "filou"...

 

La maison Borniol

 

Hé y'a quelqu'un ?

oh, y'a quelqu'un ?

c'est moi Borniol

et je viens livrer le cercueil

si vous me payez un coup d'alcool

ben moi j'vous fais les clous à l'œil

ouais c'est moi Borniol

service rapide et je contente

même la veuve du guignol

vu que je fais le service après vente

 

les temps sont durs

c'est pas mariole

vivement que revienne le choléra

je pourrai changer de chignole

et me payer le cinéma

et si le choléra marche bien

je pourrai faire des folies

j'agrandirai mon magasin

et je prendrai des apprentis

je serai la maison Borniol

le supermarché de la mort

cercueils à fleurs pour les pauvres mômes

et à roulettes pour les vieillards

 

je serai la maison Borniol, Borniol, Borniol

maison Borniol, maison Borniol

pierres, cercueils, catafalques

maison Borniol, maison Borniol

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Antigone


La pensée du jour : « Le jardin dormait encore. Je l'ai surpris, nourrice. Je l'ai vu sans qu'il s'en doute. C'est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes ». Antigone, Jean ANOUILH.

"Décortiquons" un peu cette fabuleuse chanson qu'est "Annihilation". Commençons par Antigone, mentionnée dans la première strophe :

Antigone : fille d'Oedipe et de Jocaste, Antigone eut une vie douloureuse et une mort atroce, mais ne se départit jamais de son dévouement et d'une grandeur d'âme sans pareils dans la mythologie. Quand son père fut chassé de Thèbes par ses frères et quand, les yeux crevés, il dut mendier sa nourriture sur les routes, Antigone lui servit de guide, veilla jusqu'à la fin de son existence à le réconforter et l'assista dans ses derniers moments à Colone. Puis elle revint à Thèbes; mais là, une nouvelle et cruelle épreuve l'attendait. Ses frères se disputaient le pouvoir et Polynice, parti chercher du secours chez Adraste, le roi d'Argos, revint avec une armée étrangère assiéger la ville et combattre son frère Etéocle comme un ennemi. Après la mort des deux frères, Créon, leur oncle, prit le pouvoir à Thèbes, fit des funérailles solennelles à Etéocle, mais interdit de donner une sépulture à Polynice, parce qu'il avait porté les armes contre sa partie avec le concours d'étrangers. Ainsi l'âme de Polynice ne connaîtrait jamais de repos. Pourtant, Antigone, qui considérait comme sacré le devoir d'ensevelir les morts, se rendit une nuit auprès du corps de son frère et, selon le rite, versa sur celui-ci quelques poignées de terre. Surprise par un garde et conduite auprès de Créon, elle s'entendit condamner à mort et fut enterrée vive dans le tombeau des Labdacides. Plutôt que de mourir de faim, elle préféra se pendre. Hémon, le propre fils de Créon, se suicida de désespoir; Eurydice, l'épouse de Créon, ne put supporter la mort de ce fils qu'elle aimait par-dessus tout et mit fin elle aussi à ses jours.

La figure d'Antigone prend tout son sens au XXème siècle. La contradiction entre la conscience humaine, individuelle, et le bien public, la raison d'Etat que présentent les discours d'Antigone et de Créon, trouve, dans la montée du fascisme et de l'explosion de la Seconde Guerre mondiale, toute son acuité et sa violence. Ce seront les pièces de Cocteau (1942), d'Anouilh (1944) ou de Brecht (1947). « La Résistance, dira Malraux, c'est le non d'Antigone à Créon ».

 

Source : Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Larousse, 1993.

 

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Whiskeuses images again

La pensée du jour : "Je flye vers le chaos caché

dans les vestiges de ma mémoire". Hubert-Félix THIEFAINE

 

 

 

Vieille copie du terrien-terreur

tirée au ronéo-chibreur

souvent j'aim'rais faire fonctionner

la génération spontanée

comme un pou dans une cage en feu

j'télégraphie mon code foireux

attention traversée d'engins

sur Livre des morts européens

bloody man ah ah ...

 

 

fatigué des drapeaux en berne

j'm'amuse à quitter la caverne

à voir si l'on danse en éveil

dans les particules du soleil

mais j'atterris sur des cols durs

au pied de la Mangeuse d'ordures

le cul poisseux dans l'caniveau

à baiser mon porte-manteau

bloody man ah ah ... ***

 

 

hé toi l'animal futurien

toi qu'as bien connu les martiens

t'as p't'êt' l'horaire des boute-en-train

à quelle heure passe le prochain bar

que j'paie une bière à mon clébard

 

 

certaines nuits j'imagine l'exit

du labyrinthe dans le transit

de 40 milliards de couleurs

se r'niflant avec l'oeil du coeur

mais j'me réveille déglingué

avec un casque sur le nez

et j'ai beau raccorder les fils

j'traîne une vieille caisse marquée fragile

bloody man ah ah ... fragile

bloody man

Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine / Musique : Claude Mairet

 

***Comme j'ai fait dernièrement une note sur « Alambic/sortie-sud », j'ai réécouté cet album plusieurs fois. Et tout à l'heure, dans la voiture, en partant au boulot, j'ai eu une révélation: juste là où j'ai mis les trois astérisques, Hubert dit : « Übermensch ou underdog man » !!! Vous en étiez-vous aperçus ? Je pensais qu'il marmonnait un truc, comme ça, mais voilà : c'était oublier un peu vite que le père Hubert ne marmonne jamais des trucs comme ça, sans raison, juste pour la forme ! Je crois vraiment qu'il dit « Übermensch ou underdog man ». Qu'en pensez-vous ? Ce qui voudrait dire que ça y est, même sur cet album, je la tiens, ma référence à l'Allemagne !! «Übermensch », c'est le surhomme, c'est une notion qui ramène à Nietzsche, si je me souviens bien. Il faut que je creuse la question, je fais une note là-dessus dès que possible.

 

 

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