22/09/2006
Réponse au commentaire du Doc
Cher Doc,
Il y a quelques minutes, j'ai essayé de poster un commentaire kilométrique à la suite du tien. Et flûte, il a fichu le camp! Il va falloir que je fasse vite car je pars travailler bientôt.
Le commentaire que tu as posté il y a peu sur mon blog ne m'a pas blessée. En fait, sur le coup, j'ai eu l'impression que tu me disais qu'en gros, je m'étais aventurée sur un terrain que je ne connaissais pas. Je me suis comme sentie prise en flagrant délit d'ignorance. Je déteste parler de ce que je ne connais pas (pourtant, la mélancolie, je pensais en connaître un rayon!) et me suis dit, à la réflexion, que je t'avais peut-être heurté en traitant à la légère un sujet qui n'a rien de léger... Je voulais d'ailleurs t'écrire pour te dire quelque chose du genre : "Ok, Doc, je suis peut-être allée trop loin, on efface tout". Et puis, le temps a filé et voilà. Et des malentendus se sont installés, ce qui est fort dommage. Car (et je suppose quand même que tu le sais) j'adore ta compagnie avant, pendant, après et en dehors des concerts d'Hubert. Quand tu me parles, je suis là à deux cent pour cent, car ton vécu m'intéresse (ce n'est pas du voyeurisme de bas étage, mais un réél intérêt pour ta personne).
Quant aux raisons qui auraient pu me pousser à arrêter ce blog, elles sont multiples et variées : déjà, lorsque je fais quelque chose, j'ai toujours l'impression d'être nullissime et me plonge dans de longs questionnements. Je fais les choses avec passion, et cela ne va pas sans heurts en tous genres! Les visiteurs ne manquent pas sur ce blog, les statistiques me le prouvent, mais beaucoup de personnes se comportent en fantômes, pensant peut-être qu'elles n'ont pas leur mot à dire ici, je ne sais pas au juste. C'est leur droit, après tout, mais je dois dire au passage qu'un commentaire fait toujours du bien. C'est comme lorsque quelqu'un acquiesce au cours d'une conversation. Un petit hochement de tête, quoi, qui montre qu'on est là! Mais enfin, libre à chacun de se taire ou de s'exprimer. Simplement, au départ, je souhaitais que ce blog soit un lieu d'échanges...
Je t'embrasse, je dois filer.
Bises et bonne journée.
Qui eût cru qu'un jour je consacrerais une note au Doc?!!!!
11:14 | Lien permanent | Commentaires (11)
Les fastes de la solitude
Les pensées du jour : « Autopsychanalyse. La solitude est un laboratoire », René FALLET.
« Solitude
Salutaire
Pour l’étude
Solitaire », Bernard LORRAINE.
Et d’ailleurs, à ce propos, voici :
LES FASTES DE LA SOLITUDE
Les fleurs de rêve obscur sécrètent de noirs parfums
Dans la féerie marbrée des crépuscules forains
Théâtre d’harmonie panorama lunaire
Aux délicieuses lenteurs de cortège funéraire
Où les âmes nuageuses nimbées de sortilèges
S’évaporent dans l’ivresse glacée d’un ciel de neige
Banquises phosphorescentes et bleue mélancolie
Qui projette ses violons sur d’étranges rhapsodies
Aux étranges accords sous d’étranges latitudes
Qui te révèlent les fastes de la solitude
Les femmes-oiseaux perdues dans leurs sombres dimanches
Ont sorti leurs précieux colliers de souris blanches
Et dansent la sarabande frivole des courtisanes
A la mémoire d’amants noyés dans leurs arcanes
Odeurs de mandarine et rafales de cannelle
Mélodies cristallines et vapeurs d’arc-en-ciel
Là-bas sous un tilleul à l’ombre d’une fontaine
Notre dame de la nuit distribue l’oxygène
Et le septième cercle de la béatitude
Te révèle les fastes de la solitude
La princesse aux camées fait blinder sa pâleur
Pour franchir les spirales du miroir intérieur
Pétales rapaces d’une hydre aux yeux de tarentule
Dans le tumultueux chaos des particules
Mandalas schizoïdes et soupirs féminins
Sur les claviers bulbeux des orages clandestins
Sépultures de valium pour voyageurs-vampires
Errant dans les sargasses d’un océan martyr
Et le doute qui ravage même tes incertitudes
Te révèle les fastes de la solitude
Joseph d’Arimathie et Uther Pendragon
Chevauchent de vieilles juments au bord de l’extinction
Et cherchent l’asile de nuit au milieu des pylônes
Rouges-iguane et oranges brûlées des soirs d’automne
Leurs druides au bec-benzène en livrées de valets
Te préparent un cocktail dans leurs tubes à essai
Plus rapide qu’une Aston dans les mains de Shelby
Tu reprends l’avantage au treizième Martini
Et l’ineffable attrait pour les bars d’altitude
Te révèle les fastes de la solitude
Le chevalier la mort et le diable s’enfuient
Des pinceaux de Dürer pour absorber la nuit
Tandis que Mélusine aux longs cheveux défaits
T’organise une party dans la brume des marais
Et dessine sur ton membre une cartographie
Des ténèbres où t’attendent quelques maillons maudits
Puis traverse le désert jusqu’à la thébaïde
Où la fée méridienne de tes éphémérides
Extirpant ton sourire poisseux* de l’habitude
Te révèle les fastes de la solitude
Paroles et musique : Hubert-Félix THIEFAINE
*Il me semble qu’au cours de la tournée 2004, Thiéfaine remplaçait systématiquement « poisseux » par « hideux ».
Ah, « Les fastes de la solitude » ! Certainement ma chanson préférée sur l’album « Défloration13 »…
A chaque fois que je l’écoute, je me demande : « Tiens, mais au fait, c’est quoi, déjà, la thébaïde ? Et un mandala ? Et les Sargasses ? Et schizoïde, c’est quoi, au juste ? » ! Une bonne fois pour toutes, je vais mettre les définitions de ces mots sur le blog et viendrai les consulter dès que nécessaire !!!
Thébaïde : (litt.) lieu isolé et désert, propre à la méditation.
Mandala : Dans le bouddhisme du Grand Véhicule et dans le tantrisme, diagramme géométrique dont les couleurs symboliques, les enceintes concentriques, etc., figurent l’univers et servent de support à la méditation.
Mer des Sargasses : vaste région de l’Atlantique, au Nord-Est des Antilles, couverte d’algues.
schizoïde : (psychiatr.) se dit d’une constitution mentale caractérisée par le repli sur soi.
« Le chevalier, la mort et le diable » sont quelque part sur ce blog. Et voici quelques mots concernant Dürer (encore un Allemand !!) :
Albrecht DÜRER (Nuremberg, 1471 - idem, 1528) : peintre et graveur allemand. Il fit un tour de compagnon par Colmar, Bâle, Strasbourg, séjourna deux fois à Venise, mais effectua l’essentiel de sa carrière à Nuremberg. Il a manifesté son génie dans la peinture à l’huile (La Fête du rosaire, 1506, portraits…), dans le dessin et l’aquarelle et dans son œuvre gravé, d’emblée célèbre en Europe. Il se passionna pour les principes mathématiques et optiques de la perspective et publia plusieurs ouvrages théoriques et techniques à la fin de sa vie, dont un Traité des proportions du corps humain.
Joseph d’Arimathie (saint) : premier siècle, Juif de Jérusalem, membre du Sanhédrin. Il prêta son propre tombeau pour ensevelir Jésus.
Il me semblait qu’Amnésik avait consacré, sur son blog, une assez longue note à ce saint. Mais impossible de la retrouver !
Tiens, j'ai oublié "hydre" aussi! Dans la mythologie grecque, il s'agit d'un animal fabuleux en forme de serpent d'eau.
Cette chanson dégage une telle puissance d'évocation que, par exemple, les "odeurs de mandarine" et les "rafales de cannelle", j'ai l'impression de me les prendre en pleine face à chaque fois!! Et il n'y a pas que les impressions olfactives. La "bleue mélancolie", "l'ivresse glacée d'un ciel de neige", je visualise très bien!
08:10 | Lien permanent | Commentaires (2)
21/09/2006
Antonin Artaud : encore lui!
La pensée du jour : "Ne baisse jamais les bras, tu risques de le faire deux secondes avant le miracle", proverbe arabe.
Ah, Suricate, que serais-je sans toi?!! J'étais en train de regarder "Oui-Oui" (ben oui!!), avachie sur mon canapé tout gris, quand soudain, ma moitié m'a lu tes "supplications"!!!! Cela m'a redonné des forces. Sinon, aujourd'hui, j'aurais renoncé au blog. Je ne suis pas très en forme...
Voici donc un petit "surgelé". C'est encore Antonin Artaud! Et je n'ai pas fini de vous en servir, il y a tant à découvrir dans ses oeuvres...
"Si l’on pouvait seulement goûter son néant, si l’on pouvait se bien reposer dans son néant, et que ce néant ne soit pas une certaine sorte d’être mais ne soit pas la mort tout à fait.
Il est si dur de ne plus exister, de ne plus être dans quelque chose. La vraie douleur est de sentir en soi se déplacer sa pensée. Mais la pensée comme un point n’est certainement pas une souffrance.
J’en suis au point où je ne touche plus à la vie, mais avec en moi tous les appétits et la titillation insistante de l’être. Je n’ai plus qu’une occupation, me refaire."
"Chers Amis,
Ce que vous avez pris pour mes œuvres n’était que les déchets de moi-même, ces raclures de l’âme que l’homme normal n’accueille pas.
Que mon mal depuis lors ait reculé ou avancé, la question pour moi n’est pas là, elle est dans la douleur et la sidération persistante de mon esprit.
Me voici de retour à M…, où j’ai retrouvé la sensation d’engourdissement et de vertige, ce besoin brusque et fou de sommeil, cette perte soudaine de mes forces avec un sentiment de vaste douleur, d’abrutissement instantané."
21:05 | Lien permanent | Commentaires (2)
20/09/2006
Le 20 septembre de l'an 2002, variation sur le même thème
En fait, il y a quatre ans, toujours à propos du 20 septembre, j’avais raconté, de plusieurs façons différentes, la venue d’Hubert au forum de la Fnac de Metz. Ben oui, je me fais comme ça mes petits exercices de style, de temps en temps ! Je vous propose à présent une autre version du même événement (car c’en fut un !!) :
« J’adore Thiéfaine. Il y a comme ça des bouleversements qui ne s’expliquent pas. La terre tremble soudain. Demain, le monde aura un autre visage. Ou plutôt notre regard aura changé… On s’amourache d’un artiste pour un mot, pour une syllabe, un tout petit rien de rien du tout. Pour moi, ce fut : « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices »… J’ai écouté Thiéfaine en ma folle jeunesse, avec une bande de joyeux déjantés ! A partir des « ascenseurs au fond des précipices », ce fut la folie Thiéfaine ! A l’annonce de chaque tournée, mon sang ne fait qu’un tour ! A combien de concerts vais-je pouvoir assister ? Je m’autorise des « fantaisies raisonnables » : un rayon d’environ 200-300 kilomètres. Je me déplace par tous les temps. Au retour, en pleine nuit, même pas peur ! Le spectacle que j’ai vu m’a décoiffé les mirettes, je reste sous le charme jusqu’au petit matin. Le lendemain soir, c’est une autre affaire ! Cafard monumental… Plus qu’un cafard, cent mille blattes qui me grignotent la chair…
Vendredi 20 septembre 2002. Thiéfaine passe aux Arènes de Metz. J’ai le billet depuis fin août. Au collège, j’ai presque envie de me sauver illico après les cours. Et puis, quelque chose m’y retient encore. Je m’attarde en salle fumeurs, et voilà qu’une de nos emplois-jeunes, Sophie, vient m’apprendre qu’avant le concert, Thiéfaine fera une séance de dédicaces au forum de la Fnac.
Décidément, tout se goupille bien. Mes seuls grands bonheurs me viennent de ces palpitations, de ces chamades phénoménales qui me traversent régulièrement la charpente !
Je suis en avance. Quelques personnes ont déjà pris place dans les fauteuils du forum. L’album « Défloration 13 » tourne en boucle. Je m’assois dans la rangée de droite et me dis que j’ai été sacrément bien inspirée de me mettre en route aussi tôt ! Et la Soph, donc, qui m’a dégoté le minuscule article annonçant la séance de dédicaces ! Je vais la bénir toute ma vie, tiens ! Lui brûler un cierge chaque jour, pour sa santé, pour ses amours, pour son bonheur, pour ses orgasmes, aussi !
18 heures. L’animal en cinquantaine arrive. Un peu timide, me semble-t-il. Exactement comme je l’avais rêvé. Il se livre habilement et patiemment au jeu du « questions-réponses », jetant un œil goguenard (mais juste ce qu’il faut) au journaliste de Radio Jéricho qui évoque le dernier album, se trompant dans le titre, et parlant de « Défloraison 13 » au lieu de « Défloration 13 ». « Défloration 13 », corrige HFT.
« Ah, pardon ! Mais, enfin, « Défloraison 13 », c’est joli aussi !
-Oui, mais beaucoup moins profond ».
Je ris aux éclats ! Ce type a l’art de la repartie. Exactement comme je me suis toujours rêvée, fermant le bec des pas gentils, coupant court, par le tranchant de mes répliques, à toutes les attaques à dents armées ! Mais bon, on ne se refait pas…
La séance de dédicaces commence. J’ai une sainte trouille. 28 ans, toutes mes dents (c’est important), et toujours la peur des grands (c’est agaçant). Bon, ils sont tous plus vaillants que moi, ils sont environ 60 000 autour de la table où Cousin Hub’ dédicace. Je m’assois sur une chaise au premier rang. J’attends. Sagement. Je regarde mon CD (« La tentation du bonheur », ça me va bien, je te le dis, alors que je reviens du cauchemar). Je suis toute chose. Je ne saurai pas quoi dire, évidemment. Qu’est-ce que je suis cruchonne, je suis toujours comme dans un de ces mauvais rêves où un affreux jojo vous poursuit avec un couteau de 10 mètres de long et vous voulez hurler et rien ne sort, il va vous tuer sans que personne ne s’en soucie, mais quelle injustice ! Deux trous rouges au côté droit (poils aux doigts). Elle a vécu (je n’ajouterai rien, la seule chose qui me vienne à l’esprit n’étant pas franchement catholique). Paix à son âme.
Bref, je n’en suis pas encore là ! Les gens s’en vont doucement. Je m’insère dans la file. Je fais la queue, quoi ! « Avec le désir fou d’être enfin près d’Hubert » !!! Je tends mon CD, je dis seulement mon prénom, je n’ai plus de voix, puis je m’en vais rejoindre ma condition de sale petit cloporte rampant (ça rampe, un cloporte ?!). C’est déjà fini, le manège s’est arrêté. Je vais rendre mes tripes et mes boyaux… ».
Bon, visiblement, déjà à cette époque, j’aimais évoquer ma tripaille !! C’est mon côté trashouille !!
Sinon, quelle version avez-vous préférée ? Si votre préférence va au premier récit, tapez 1 (logique!). Si vous préférez la version ci-dessus, tapez 2. Vous préférez vous abstenir ? Tapez 3, lâches !!
PS : Je réitère mon clin d'oeil affectueux à tous ceux qui étaient au forum de la Fnac de Metz ce jour-là!
15:35 | Lien permanent | Commentaires (6)
Le 20 septembre de l'an 2002
La petite pensée du jour : "Concevoir un amour plus chaste qu'un printemps qui -attristé par la fornication des fleurs- pleurerait à leurs racines...", CIORAN.
Il y a très exactement quatre ans, Thiéfaine passait au forum de la Fnac de Metz. Par chance, cette année-là, j’étais libre le vendredi après-midi (pas comme cette année : je ne sais toujours pas comment je vais faire pour déplacer mes heures de cours du 17 novembre car, non, purée, Hubert au Zénith de Paris, cela ne se loupe pas !). J’avais donc pu me rendre à Metz. J’allais y réparer une erreur : en 2001, Hubert était venu à la Fnac de Nancy cette fois. J’étais arrivée en retard, il y avait un monde fou. Quelques semaines auparavant, j’avais subi une opération, et j’avais encore toute la tripaille mal en point et de traviole. A ce forum de la Fnac de Nancy, j’avais commencé à choper des vertiges et n’avais pas pu rester debout parmi la foule. Je m’en étais retournée bredouille. Et vraiment très frustrée ! Bref, il y a quatre ans, en revanche, tout se goupilla bien du matin au soir ! Je voyais Thiéfaine de près, vraiment près, pour la première fois ! J’étais arrivée très en avance. Voici ce que j’écrivis le lendemain dans mon journal : « Je suis arrivée à Metz à 16 heures. Très vite, je suis allée à la Fnac, et j’ai eu raison car il y avait déjà du monde au forum. Thiéfaine est arrivé vers 18h10. Très touchant, un peu timide… Le journaliste a fait un faux pas d’entrée de jeu, en évoquant l’album « Défloraison 13 ». HFT a rectifié : 'Défloration 13'. Réponse du journaliste : ‘Enfin, défloraison, c’est joli aussi’. Et Hubert de rétorquer : ‘Oui, mais c’est moins profond’ !!!! ». Au cours de l’interview, Thiéfaine avait dit, entre autres (je n’ai pas tout noté !) qu’il était nul en maths et qu’il se vengeait en mettant des chiffres partout, qu’il aimait être précis et que son père était du genre à dire « je suis passé à tel endroit à 13h26 ». J’étais sous le charme ! Le coup des maths, cela m’a consolée tout net de je ne sais combien d’années d’humiliation (trois de moyenne en maths en seconde, vous voyez le genre). J’ai toujours été du côté des lettreux. Les chiffres, ça me dépasse un peu. Et quand on vient d’une famille de matheux, c’est fâcheux ! Bref, il y a quatre ans, j’étais presque fière d’avoir oublié mes tables de multiplication aussitôt après les avoir (très vaguement) apprises ! Ce forum de la Fnac a changé ma vie à bien des égards !! Je vis toujours dans ce que j’appelais, à l’époque, mon « carnaval huberto-félixien », mais je titube moins !!!
Quand je pense que le jeudi 10 septembre 1992 (moi aussi, j’ai un certain respect des dates !!), j’écrivais (toujours dans mon journal) : « Un jour, les chansons de Thiéfaine ne m’évoqueront plus aucun souvenir. Patience ! ». (Bon, j’étais en colère, ce jour-là, contre la personne qui, précisément, me fit découvrir Thiéfaine !!!). Je répète : « Un jour, les chansons de Thiéfaine ne m’évoqueront plus aucun souvenir » !!!!! Eh bien, ce n’est pas demain la veille !
Cette note est très personnelle (je me laisse aller en ce moment, vous ne trouvez pas ?!), mais tant pis. Dans ma vie, on ne passe pas, on ne peut pas passer comme ça à côté du 20 septembre !! Alors clin d’œil affectueux à tous ceux qui étaient au forum de la Fnac de Metz ce jour-là !!
14:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/09/2006
Hubert-Félix Thiéfaine et elle!
Tiens, aujourd'hui, si vous le voulez bien, allez faire un tour ici:
http://happydeutschlehrerin.hautetfort.com/
Les chroniques de cette "jeune prof d'allemand dynamique pas sadique" (oui, ça existe!) sont croustillantes! On peut aller les voir régulièrement, pas seulement pour la note consacrée à Hubert!!!
08:45 | Lien permanent | Commentaires (3)
18/09/2006
Enivrez-vous!
La pensée du jour : "La même salive fait le crachat ou le baiser; le même désir fait le viol ou l'amour", André COMTE-SPONVILLE
Ce soir, je n'ai pas beaucoup de temps, je fais vite et sors un texte que j'avais en réserve (j'ai comme ça mes petits "surgelés" magiques, comme toutes les mamans organisées!!!!). Voici un joli texte de Baudelaire :
Enivrez-vous
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise ».
20:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/09/2006
Antonin Artaud encore
La pensée du jour : "Tu seras aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force", Cesare PAVESE.
Avant de consacrer une note (une de plus!) à Antonin Artaud, je tiens à parler un peu du Livre sur la Place. J'y ai croisé une ancienne élève, dont la première impulsion a été de me faire la bise, geste spontané qui m'a plutôt fait plaisir. J'ai discuté avec Dominique Bona, qui a écrit, il y a quelques années, une biographie sur Romain Gary. Je lui ai dit que je supposais qu'on ne pouvait qu'être sous le charme d'un tel homme quand on "étudiait" à fond sa vie, son oeuvre, tout... J'ai vu Richard Bohringer, pour lequel j'aurai toujours une profonde tendresse. Et, surtout, j'ai revu Etienne, ce fan de Thiéfaine rencontré il y a quelques mois à Voujeaucourt, et avec lequel j'ai bien papoté aujourd'hui. C'est chouette de croiser un autre fan d'Hubert à Nancy, ce n'est pas tous les jours que ça arrive!
Et maintenant, place à la déchirure...
Voici ce qu'écrivit Antonin Artaud suite à la loi de 1916 qui réprimait, outre "l'usage en société", le commerce et la détention frauduleuse de "substances vénéneuses", réservant leur seul usage légal à une médecine sous haute surveillance. Je ne souhaite pas particulièrement faire ici l'apologie des "substances illicites" (je suis plutôt comme Romain Gary, qui n'aimait pas ce qui peut altérer le comportement, mais enfin, "chacun sa religion, chacun son parachute"). Cependant, j'aime ce texte pour ses accents déchirants...
Monsieur le législateur,
Monsieur le législateur de la loi de 1916, agrémentée du décret de juillet 1917 sur les stupéfiants, tu es un con
Ta loi ne sert qu’à embêter la pharmacie mondiale sans profit pour l’étiage toxicomanique de la nation parce que
1° Le nombre des toxicomanes qui s’approvisionnent chez le pharmacien est infime ;
2° Les vrais toxicomanes ne s’approvisionnent pas chez le pharmacien ;
3° Les toxicomanes qui s’approvisionnent chez le pharmacien sont tous des malades ;
4° Le nombre des toxicomanes malades est infime par rapport à celui des toxicomanes voluptueux ;
5° Les restrictions pharmaceutiques de la drogue ne gêneront jamais les toxicomanes voluptueux et organisés ;
6° Il y aura toujours des fraudeurs ;
7° Il y aura toujours des toxicomanes par vice de forme, par passion ;
8° Les toxicomanes malades ont sur la société un droit imprescriptible, qui est celui qu’on leur foute la paix.
C’est avant tout une question de conscience.
La loi sur les stupéfiants met entre les mains de l’inspecteur-usurpateur de la santé publique le droit de disposer de la douleur des hommes ; c’est une prétention singulière de la médecine moderne que de vouloir dicter ses devoirs à la conscience de chacun. Tous les bêlements de la charte officielle sont sans pouvoir d’action contre ce fait de conscience : à savoir que, plus encore que de la mort, je suis le maître de ma douleur. Tout homme est juge, et juge exclusif, de la quantité de douleur physique, ou encore de vacuité mentale qu’il peut honnêtement supporter.
Lucidité ou non lucidité, il y a une lucidité que nulle maladie ne m’enlèvera jamais, c’est celle qui me dicte le sentiment de ma vie physique. Et si j’ai perdu ma lucidité, la médecine n’a qu’une chose à faire, c’est de me donner les substances qui me permettent de recouvrer l’usage de cette lucidité.
Messieurs les dictateurs de l’école pharmaceutique de France, vous êtes des cuistres rognés : il y a une chose que vous devriez mieux mesurer ; c’est que l’opium est cette imprescriptible et impérieuse substance qui permet de rentrer dans la vie de leur âme à ceux qui ont eu le malheur de l’avoir perdue.
Il y a un mal contre lequel l’opium est souverain et ce mal s’appelle l’Angoisse, dans sa forme mentale, médicale, physiologique, logique ou pharmaceutique, comme vous voudrez.
L’Angoisse qui fait les fous.
L’Angoisse qui fait les suicidés.
L’Angoisse qui fait les damnés.
L’Angoisse que la médecine ne connaît pas.
L’Angoisse que votre docteur n’entend pas.
L’Angoisse qui lèse la vie.
L’Angoisse qui pince la corde ombilicale de la vie. Par votre loi inique vous mettez entre les mains de gens en qui je n’ai aucune espèce de confiance, cons en médecine, pharmaciens en fumier, juges en mal-façon, docteurs, sages-femmes, inspecteurs-doctoraux, le droit de disposer de mon angoisse, d’une angoisse en moi aussi fine que les aiguilles de toutes les boussoles de l’enfer.
Tremblements du corps ou de l’âme, il n’existe pas de sismographe humain qui permette à qui me regarde d’arriver à une évaluation de ma douleur plus précise, que celle, foudroyante,de mon esprit !
Toute la science hasardeuse des hommes n’est pas supérieure à la connaissance immédiate que je puis avoir de mon être. Je suis seul juge de ce qui est en moi.
Rentrez dans vos greniers, médicales punaises, et toi aussi, Monsieur le Législateur Moutonnier, ce n’est pas par amour des hommes que tu délires, c’est par tradition d’imbécillité. Ton ignorance de ce qu’est un homme n’a d’égale que ta sottise à le limiter. Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi.
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