22/11/2006
Petite invitation
La pensée du jour : "Chaque seconde contient l'éternité. D'une grimace ou d'un sourire nous pouvons nous en faire un enfer ou un paradis. Choisissons plutôt le second. Ne nous empoisonnons pas l'existence. D'autres s'en chargeront", René BARJAVEL.
Il y a, il faut bien l'avouer, une vie après Thiéfaine!!! Si! Demain soir, je vais voir le nouveau spectacle du groupe Piccolo. Et je me permets de vous inviter à en faire autant si un jour ces cinq joyeux lurons passent par chez vous. Piccolo, c'est frais, c'est de l'humour et de la tendresse, de la gravité aussi, parfois. Un très beau mélange de tout ce qui se fait chez nous les êtres humains!
Voici les dates à venir:
26/01/2007 : Bourg-en-Bresse (01), Théâtre de la Citadelle
27/01 et 28/01 : Villefranche-sur-Saône (69), Théâtre Pêle-Mêle
09/02 et 10/02 : Cosnes-et-Romain (54), L'Actée
16/02 et 17/02 : Rueil-Malmaison (92), L'Athénée
08/03, 09/03 et 10/03 : Lyon (69), A Thou Bout d'Chant
30/03 : Lille (59), Le Biplan
31/03 : Pont-à-Mousson (54), Espace Saint-Laurent
05/04 : Château-Thierry (02), Cinéma-Théâtre Calicot
Voilà pour ce qui est du nouveau spectacle, joliment intitulé "Déferlantes". L'ancien, qui s'appelle "Tout ça", tourne encore aussi. Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à aller sur le site du groupe, j'ai mis un lien en bas de page!
14:43 | Lien permanent | Commentaires (1)
21/11/2006
La tête de Chénier...
La pensée du jour : "Il faut échapper aux autres, qui vous corrompent", Louis CALAFERTE.
André Chénier naît à Constantinople en 1762. Son père y est consul de France. Sa mère, une Grecque pleine d'esprit et de beauté, lui apprend à aimer l'Antiquité. Dès l'âge de 14 ans, le jeune homme traduit des poèmes de Sappho, la poétesse de Lesbos. Venu à Paris pour ses études, il mène une vie insouciante et dorée. Il partage son temps entre les salons littéraires et les alcôves de ses nombreuses maîtresses. Il commence à écrire un Art d'aimer à la manière d'Ovide. Il voyage en Suisse et séjourne quelque temps en Angleterre. C'est là qu'il découvre avec enthousiasme les idées nouvelles de liberté et d'égalité. Dès le début de la Révolution, il soutient l'élan réformateur. Mais les excès populaires l'inquiètent. Il s'en prend aux Jacobins, et surtout à Robespierre, dans le Journal de Paris, qu'il a fondé avec des amis. Il écrit même un poème à la gloire de Charlotte Corday, meurtrière de Marat, "l'ami du peuple". C'en est trop. Menacé, il doit quitter Paris, il se réfugie à Versailles.
Il commet pourtant l'imprudence d'aller rendre visite à la famille d'un ami emprisonné. Il est alors arrêté et enfermé à Saint-Lazare. Il écrit le célèbre poème de La Jeune captive pour mademoiselle de Coigny, qui lui inspire un tendre sentiment. Il rédige ses textes sur du papier pelure qu'un gardien complaisant dissimule dans des paniers de linge. Devant le tribunal révolutionnaire, André Chénier refuse de se défendre. Il est condamné à mort et monte sur l'échafaud le 7 thermidor an II (25 juillet 1794). Il meurt en récitant des vers de Racine, deux jours avant la chute de Robespierre.
Source : Le grand livre de la poésie française, Marcel JULLIAN.
Et voici un poème de Chénier :
Aujourd'hui qu'au tombeau je suis prêt à descendre,
Mes amis, dans vos mains, je dépose ma cendre.
Je ne veux point, couvert d'un funeste linceul,
Que les pontifes saints autour de mon cercueil,
Appelés aux accents de l'airain lent et sombre,
De leur chant lamentable accompagnent mon ombre,
Et sous des murs sacrés aillent ensevelir
Ma vie et ma dépouille, et tout mon souvenir.
Eh! qui peut sans horreur, à ses heures dernières,
Se voir au loin périr dans des mémoires chères?
L'espoir que des amis pleureront notre sort
Charme l'instant suprême et console la mort.
Vous-mêmes choisirez à mes jeunes reliques
Quelque bord fréquenté des pénates rustiques,
Des regards d'un beau ciel doucement animé,
Des fleurs et de l'ombrage, et tout ce que j'aimai.
C'est là, près d'une eau pure, au coin d'un bois tranquille,
Qu'à mes mânes éteints je demande un asile :
Afin que votre ami soit présent à vos yeux,
Afin qu'au voyageur amené dans ces lieux,
La pierre, par vos mains de ma fortune instruite,
Raconte en ce tombeau quel malheureux habite;
Quels maux ont abrégé ses rapides instants;
Qu'il fut bon, qu'il aima, qu'il dut vivre longtemps,
Ah! le meurtre n'a jamais souillé mon courage.
Ma bouche du mensonge ignora le langage,
Et jamais, prodiguant un serment faux et vain,
Ne trahit le secret recélé dans mon sein.
Nul forfait odieux, nul remords implacable
Ne déchire mon âme inquiète et coupable.
Vos regrets la verront pure et digne de pleurs;
Oui, vous plaindrez sans doute, en mes longues douleurs,
Et ce brillant midi qu'annonçait mon aurore,
Et ces fruits dans leur germe éteint avant d'éclore,
Que mes naissantes fleurs auront en vain promis.
Oui, je vais vivre encore au sein de mes amis.
Souvent à vos festins qu'égaya ma jeunesse,
Au milieu des éclats d'une vive allégresse,
Frappés d'un souvenir, hélas! amer et doux,
Sans doute vous direz : "Que n'est-il avec nous!"
Je meurs. Avant le soir j'ai fini ma journée.
A peine ouverte au jour, ma rose s'est fanée.
La vie eut pour moi de volages douceurs;
Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs.
Mais, oh! que mollement reposera ma cendre,
Si parfois, un penchant impérieux et tendre
Vous guidant vers la tombe où je suis endormi,
Vos yeux en approchant pensent voir leur ami!
Si vos chants de mes feux vont redisant l'histoire;
Si vos discours flatteurs, tout pleins de ma mémoire,
Inspirent à vos fils, qui ne m'ont point connu,
L'ennui de naître à peine et de m'avoir perdu,
Qu'à votre belle vie ainsi ma mort obtienne
Tout l'âge, tous les biens dérobés à la mienne;
Que jamais les douleurs, par de cruels combats,
N'allument dans vos flancs un pénible trépas;
Que la joie en vos coeurs ignore les alarmes;
Que les peines d'autrui causent seules vos larmes,
Que vos heureux destins, les délices du ciel,
Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel,
Et non sans quelque amour paisible et mutuelle.
Et quand la mort viendra, qu'une amante fidèle,
Près de nous désolée, en accusant les dieux,
Pleure, et veuille vous suivre, et vous ferme les yeux.
21:55 | Lien permanent | Commentaires (2)
19/11/2006
Voilà, c'est fini...
Décidément, certains fans de Thiéfaine semblent être faits du même bois que moi ! Je me reconnais souvent dans les propos des uns et des autres, à croire que ce n’est pas un hasard si nous avons la même passion pour l’œuvre d’Hubert. Ce soir, ce sont les mots de Mélusine qui reflètent parfaitement mon état : j’ai l’impression que le Zénith est encore à venir… Bizarre. Je flotte dans un drôle de brouillard, je ne suis pas certaine d’avoir vécu ce concert… Assez difficile à expliquer…
Pourtant, le Zénith, c’est bel et bien derrière nous, quoi qu’on en dise…
Récapitulons : départ vendredi à 15h30. Arrivée au Zénith vers 20 heures, après diverses « scènes de panique tranquille », dont une erreur d’aiguillage sur le périphérique et un assez long détour. Elista, qui faisait la première partie, avait déjà commencé à jouer quand Sam et moi sommes arrivés. Comme toujours quand je stresse, j’avais rentré la tête dans les épaules pendant toute la fin du trajet, ce qui m’a valu de grosses douleurs dorsales. Ce sont ces mêmes douleurs qui m’ont fait dire que ce soir-là, tant pis, je ne pourrais pas faire le concert debout. Troyes avait déjà été un supplice pour moi à cause de mon foutu dos. J’ai préféré jouer la carte de la sécurité. De toute façon, je dois avouer à ma grande honte que j’étais un peu triste en allant à ce concert. Ben ouais. Savoir qu'il venait refermer une si belle parenthèse qui a duré, en tout et pour tout, un an, cela m’a perturbée toute la journée, je suis comme ça ! Sam a préféré rester debout, au milieu de la foule. Moi je ne pouvais pas, je préférais rester un peu à l’écart. Je suis allée m’asseoir dans les gradins. Cela m’a permis de voir d’autres choses, notamment ce que Thiéfaine a appelé, je crois, « le royaume de Lorelei »…
Que dire de ce bouquet final ? Hubert a été formidable. Quelques petits plantages de rien du tout, mais je dirais qu’ils font presque partie des paroles maintenant ! Rien de bien gênant vendredi soir… J’ai honte, j’ai extrêmement honte, mais tant pis, je l’avoue : pendant « Mathématiques souterraines », je me suis mise à pleurer à gros bouillons (c’est mon côté Knorr, je ne m’en déferai jamais !). Je pensais à ceux qui m’avaient fait découvrir Thiéfaine, je me demandais ce qu’ils étaient devenus et où étaient « les neiges d’antan »… Pour la soixante dix millième fois de ma vie, j’ai pris en pleine bobine « l’insoutenable » beauté de cette chanson-là…
Nous avons eu de belles surprises : pour « L’étranger dans la glace », Thierry Caens est venu rejoindre Hubert sur scène. Lucas est venu jouer de la batterie sur « Confessions d’un never been ». Quant à « La fille du coupeur de joints », son idée de descendre de la montagne a fait son petit bonhomme de chemin en moi aussi, et c’est à ce moment-là que j’ai quitté les gradins pour la fosse. Tryo et Didier Wampas sont venus rejoindre Hubert sur scène pour une version flamboyante de cette petite balade…
Pendant le rappel, j’ai réussi à rejoindre Sam dans la foule. Et voilà, les deux dernières chansons nous sont tombées dessus comme des couperets. Une fois encore, à ma grande honte encore, je dois avouer que mon côté Knorr a refait surface à la fin. Oui, une fois Hubert et les musiciens partis, je me suis effondrée… Certains de ceux qui sont venus me dire bonjour à la fin du concert m’ont trouvée en larmes. Là, vraiment, j’ai senti que quelque chose se cassait en moi. Je me fous de ceux qui trouvent cela puéril ! Je préfère sentir mon cœur cogner à toute berzingue que ne pas le sentir du tout !
Voilà, c’est donc fini. Cette fois, je m’en rends compte. Je redoutais le moment où il me faudrait faire ce récit. Ce n’est pas facile. Mais, une fois de plus, je pense à Mélusine, je trouve du courage dans les mots qu’elle m’a dits vendredi : « on peut attendre le DVD et la BD pour janvier 2007 environ. Ensuite, sûr qu’Hubert reviendra vers 2008. On a donc un an pour mettre de l’argent de côté ». Moi j’y crois !
Ce concert était magique. La complicité d’Hubert et de ses musiciens a pu exploser une fois encore. Certains ont trouvé qu’Hubert aurait pu se livrer davantage vendredi, remercier encore plus et son équipe et son public. Peut-être. En même temps, je ne sais pas s’il est doué pour les remerciements. Un petit signe de tête envoyé à tel ou tel musicien, un sourire sincère en disaient peut-être plus long que tous les discours du monde…
La soirée s’est terminée d’une façon « magnifiquement belle ». Au bar de l’horloge, nous nous sommes retrouvés à une bonne trentaine. Il y avait là des personnes des différents forums, des gens qui viennent bourlinguer ici aussi parfois. Et le chien de Tommie, bien sûr ! Vers je ne sais quelle heure, dans ce fameux bar, on nous a congédiés. Nous étions nombreux à vouloir prolonger l’enchantement, et nous avons changé de troquet, tout simplement. J’ai été heureuse, mais vraiment heureuse, de discuter avec ceux qui viennent ici de temps à autre ou ceux qui font partie des « fragmentés », ou encore des « planéteux »… J’ai enfin vu à quoi ressemblaient tous les dingues (excusez-moi !) qui venaient régulièrement se paumer ici ou ailleurs. Le lendemain, en arpentant les rues de Paris, j’avais encore en tête le doux sourire d’Evadné, la voix et les mots chaleureux d’Amnésik, le rire de Soph, les mots de Tommie, ceux de Mélusine, de JPA et de tous les autres ! Vraiment, quelle belle soirée ! Il ne nous reste plus qu’à attendre patiemment la sortie du DVD, celle de la BD, puis celle du prochain album. Et les prochaines scènes ! Moi, je suis sûre qu’Hubert n’a pas mis sa dernière tournée !!
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18/11/2006
"Mais j'me réveille déglinguée avec un casque sur le nez"...
Voilà, c'était la pensée du jour!
Je reviendrai demain vous raconter ce concert gigantesque et les rencontres formidables auxquelles il a donné lieu. Je quitterai Paris demain matin, avec dans la tête des tas d'images, des visages, des mots, des rires, des émotions... J'espère revoir Evadné cet après-midi. En attendant, bonjour à ceux qui sont rentrés chez eux!
Alors, Tommie, JPA, 655321, Mélusine, Amnésik, Lunar Caustic, Soph, Brigitte, Le Doc, Klo, Robobar, Droïde, Blandine, Sam et tous les autres, comment allez-vous? Vous la trouvez climatisée, vous, la redescente?!
12:49 | Lien permanent | Commentaires (14)
17/11/2006
Le matin du grand soir
La pensée du jour : « Nous n’aurons plus jamais notre âme de ce soir ». Le problème, c’est que je ne sais pas à qui nous devons ces mots ! Je les ai entendus un jour à la radio, dans la bouche de je ne sais plus quelle femme. Si quelqu’un sait qui en est l’auteur…
Non, nous n’aurons plus jamais notre âme de ce soir… Ce qui est vrai d’une façon générale va l’être encore plus ce soir ! Demain, nous serons déjà amputés d’une attente, mutilés un peu de n’avoir plus cette jolie perspective du concert…
Me voici prête. Avant de partir pour Paris, je dois encore assurer deux heures de cours. J’espère que je ne vais pas arriver en classe en disant « valium / tranxène / nembutal / yogourts / acides » !!!!!
Alors le problème, c’est que ce soir, je serai déjà « souillée » quand j’arriverai au Zénith. Le tee-shirt « « Scandale mélancolique tour » aura déjà subi deux heures de cours et quelques heures de route… Mais qu’importe, nous n’aurons plus jamais notre sueur de ce soir (amis de la poésie, bonjour !) !
Petit message à mes trois S (Sév, Suricate et Sandra !) : je vous confie une mission pour ce soir. Sév, tu regardes le journal télévisé de TF1, Suricate celui de la 2 et Sandra celui de la 3. Si vous entendez parler du concert de ce soir, à vos magnétoscopes !!! Enfin, je crois qu’il ne faut pas trop en demander, le pauvre Hub’ est toujours relégué dans les oubliettes… Mais, aujourd’hui, quand même, il est peut-être permis de rêver !
Allez, à dimanche !
10:29 | Lien permanent | Commentaires (4)
16/11/2006
Jour J moins un!!!
La pensée du jour : Ben rien, jour J moins un et c'est tout! J'avoue qu'à l'heure qu'il est, je ne pense plus, je ne suis qu'attente! J'espère que samedi, je ne me traînerai pas un trop gros cafard!!! Si, à mon avis, cela risque d'être le cas. Un gros "vide pathétique"... Dites, vous reviendrez de temps à autre sur le blog, même quand la tournée sera finie?!
Bon concert à tous! Et à ceux qui ne seront pas de la fête : bonne soirée quand même!
15:54 | Lien permanent | Commentaires (11)
15/11/2006
Jour J moins deux!!!!
La pensée du jour : "Les dieux païens nous guettent installés sur l'Olympe de nos tripes. Notre vie n'est peut-être que le divertissement de quelqu'un", Romain GARY.
Aimez-vous Desnos? Evadné, je te vois bien adorer ce poète, mais je n'en suis pas sûre non plus! Merci pour le magnifique poème de René Char posté ici dernièrement. Aux heures de blues, rien de tel qu'un peu de poésie!
Voici : J'AI TANT REVE DE TOI
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
Robert DESNOS
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Mes amis, plus que deux jours! Haut les coeurs, à bas ma déprime à la gomme! Dans quelques heures, on emmerdera la terre entière et on se sentira tellement forts que, par la pensée, on tuera tous les affreux! Et même qu'on ira cracher sur leurs tombes!!
Et vous, comment vous sentez-vous à la presque-veille du grand jour?!!
15:57 | Lien permanent | Commentaires (6)
14/11/2006
Je voudrais pas crever
Allez, on va se le faire quand même, ce joli poème, cela nous fera oublier la lourde grisaille quotidienne, ce vieux truc infâme qui nous pèse sur les épaules et qui fait la vie sans surprise, sans contours et sans épaisseur... Un machin tout visqueux, tout merdique, tout pourri...
Je voudrais pas crever
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algue
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
Boris VIAN
21:50 | Lien permanent | Commentaires (7)