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18/11/2010

Chanson n°42 : "Autoroutes jeudi d'automne"

La pensée du jour : "Il est certain qu'une vie sans espoir a au moins l'avantage de la clarté". René FALLET.

 

AUTOROUTES JEUDI D'AUTOMNE

 

(MATHEMATIQUES SOUTERRAINES N°2)

 

Elle m'envoie des cartes postales de son asile

m'annonçant la nouvelle de son dernier combat

elle me dit que la nuit l'a rendue trop fragile

et qu'elle veut plus ramer pour d'autres Guernica*

et moi je lis ses lettres le soir dans la tempête

en buvant des cafés dans les stations-service

et je calcule en moi le poids de sa défaite

et je mesure le temps qui nous apoplexise

et je me dis stop

mais je remonte mon col j'appuie sur le starter

et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs

 

et je croise des vieillards qui font la sentinelle

et me demandent si j'ai pas des cachous pour la nuit

je balance mes buvards et tire sur la ficelle

pour appeler le dément qui inventa l'ennui

et je promène son masque au fond de mes sacoches

avec le négatif de nos photos futures

je mendie l'oxygène aux sorties des cinoches

et vends des compresseurs à mes ladies-bromure

et je me dis stop

mais je remonte mon col j'appuie sur le starter

et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs

 

il est bientôt minuit mais je fais beaucoup plus jeune

je piaffe et m'impatiente au fond des starting-blocks

je m'arrête pour mater mes corbeaux qui déjeunent

et mes fleurs qui se tordent sous les électrochocs

et j'imagine le rire de toutes nos cellules mortes

quand on se tape la bascule en gommant nos années

j'ai gardé mon turbo pour défoncer les portes

mais parfois il me reste que les violons pour pleurer

et je me dis stop

mais je remonte mon col j'appuie sur le starter

et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs

 

Thiéfaine / arrangements : Mairet

 

*A propos de « Guernica » : Gernika-Luca en basque (nom officiel) ou Guernica y Luno en espagnol. Ville de la province de Biscaye, en Euskadi, au nord-ouest de l'Etat espagnol.

Cette ville est particulièrement célèbre pour la destruction qu'elle a subie le 26 avril 1937 par les aviateurs de la légion Condor, envoyée par Hitler au secours du général Franco.

« Guernica » est un des tableaux les plus célèbres de Picasso.

 

J'ai quelques nouvelles idées d'articles pour ce blog : un petit topo sur Rimbaud (je vous mettrai cela ici après les paroles de la chanson « Affaire Rimbaud ») et un autre sur Goethe, le grand, l'unique !!!

 

Autre chose : « Autoroutes jeudi d'automne » (oh purée, d'ailleurs : nous sommes en automne, c'est jeudi, quelle classe !!!!!) est une de mes chansons préférées !

17/11/2010

Chanson n°41 : "Lorelei Sebasto Cha"

La pensée du jour : "Toute cruauté vient d'une faiblesse". Sénèque.

 

LORELEI SEBASTO CHA

 

mon blues a déjanté sur ton corps animal

dans cette chambre où les nuits

durent pas plus d'un quart d'heure

juste après le péage assurer l'extra-ball

et remettre à zéro l'aiguille sur le compteur

ton blues a dérapé sur mon corps de chacal

dans cet hôtel paumé aux murs glacés d'ennui

et pendant que le lit croise l'aéropostale

tu me dis reprends ton fric aujourd'hui c'est gratuit

Lorelei Lorelei

ne me lâche pas j'ai mon train qui déraille

Lorelei Lorelei

et je suis comme un cobaye qui a sniffé toute sa paille

 

tu m'arraches mon armure dans un geste un peu lourd

en me disant reviens maintenant je te connais

tu me rappelles mes amants Rue-Barrée à Hambourg

quand j'étais orpheline aux yeux de feu-follet

tu me rappelles mes amants perdus dans la tempête

avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit

et tu me dis reviens je suis ton jour de fête

reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie

Lorelei Lorelei

ne me lâche pas j'ai mon train qui déraille

Lorelei Lorelei

et je suis comme un cobaye qui a sniffé toute sa paille

 

le blues a dégrafé nos coeurs de cannibales

dans ce drame un peu triste

où meurent tous les Shakespeare

le rouge de nos viandes sur le noir sidéral

le rouge de nos désirs sur l'envers de nos cuirs

et je te dis reviens maintenant c'est mon tour

de t'offrir le voyage pour les Galapagos

et je te dis reviens on s'en va mon amour

recoller du soleil sur nos ailes d'albatros *

Lorelei Lorelei

ne me lâche pas j'ai mon train qui déraille

Lorelei Lorelei

et je suis comme un cobaye qui a sniffé toute sa paille

 

*Analyse très intéressante de Yannig hier à propos du mot « soleil ». Le voilà encore !

 

Je dédie cette note à toutes les Lorelei du net, et tout particulièrement à Lorelei2, toujours présente, fidèle dans toutes les tempêtes, et pas seulement !

P.S. : Je ne suis toujours pas allée à Hambourg. J'ai hâte d'y mettre les pieds et d'y faire un petit reportage-photo. Une de mes anciennes élèves est partie s'y installer et m'a invitée, alors les photos devraient apparaître ici dans les mois qui viennent.

16/11/2010

Chanson n°40 : "Soleil cherche futur"

P1160400.JPGLa pensée du jour : Ce que je vis n'est pleinement vécu que si je le mets en mots". Charles JULIET

 

Chanson n°40, donc : "Soleil cherche futur". Et en guise d'ouverture, de "discours de bienvenue" si vous voulez, vous trouverez ci-contre mon Sésame ! Le soleil de mon futur, quoi !!!

 

713705. CHERCHE FUTUR

l'infirmier de minuit distribue le cyanure

et demande à Noé si le charter est prêt

hé mec il manque encore les ours et les clônures

mais les poux sont en rut faut décoller pas vrai

et les voilà partis vers d'autres aventures

vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie

et moi je reste assis les poumons dans la sciure

à filer mes temps morts à la mélancolie

soleil soleil

n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?

 

paraît que mon sorcier m'attend à Chihuahua

ou bien dans un clandé brumeux de Singapour

mais je traîne les P.M.U. avec ma gueule de bois

en rêvant que la barmaid viendra me causer d'amour

et je tombe sur l'autre chinetoque

dans cette soute à proxos

qui me dit viens prendre un verre tu m'as l'air fatigué

laisse tombe ta cuti deviens ton mécano

c'est depuis le début du monde

que l'homme s'est déchiré

soleil soleil

n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?

Rhâ-rat

 

adieu Gary Cooper adieu Che Guevara

on se fait des idoles pour planquer nos moignons

maintenant le vent s'engouffre dans les nirvânas

et nous sommes prisonniers de nos regards bidon

les monstres galactiques projettent nos bégaiements

sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour

mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants

serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?

soleil soleil

n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?

 

A ma grande honte, je dois avouer que pendant longtemps, je n'ai pas compris pourquoi, dans le livret de l'album, on trouvait le titre "713705. cherche futur" et non pas "soleil cherche futur". J'en discute un jour avec mon beau-frère, 655321, qui me dit : "Mais tu ne faisais jamais ça avec ta calculatrice quand tu étais petite ?" Quoi, ça ? Ecrire "713705" et retourner la calculatrice pour voir apparaître le mot "soleil". Ah si !!! Du coup, ce jour-là, toute mon enfance est remontée à la surface !! Allez, avouez, vous faisiez ça vous aussi avec votre machine à calculer ?! Et vous étiez tout contents !!!! Contents comme je le suis aujourd'hui, "comme une poule devant un mégot" ! Cela fait environ une heure que je suis en possession de mon billet pour Bercy. Moi qui suis pourtant timide, tout à l'heure, j'ai presque sauté au cou de la dame de la billetterie quand elle m'a tendu le Sésame qui me permettra de "prendre place dans le grand feu" dans 300 et quelques jours !!

Et vous, ça y est, c'est fait aussi ?!!!

Avec tout cela, j'ai oublié de vous dire que "Soleil cherche futur" était (est toujours, j'emploie l'imparfait uniquement pour la concordance des temps, il me semble que c'est préférable) une de mes chansons favorites ! Que de pépites dans ce texte ! "Les monstres galactiques projettent nos bégaiements sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour" : ouah, cela me laisse sans voix, toute bégayante moi aussi ! Quelle musique ! Et ce "soleil" qui revient sans arrêt ! Et ces mots splendides : "Et moi je reste assis les poumons dans la sciure à filer mes temps morts à la mélancolie"... Et cette question mystérieuse : "n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?" Piégé par quoi, par qui ? Je n'ai jamais très bien su, mais j'approuve ! Oui, c'est merveilleux de se sentir piégé. Par exemple par la vie qui "vous tombe dessus toujours au moment où on n'y croit plus" (cf. Jacques Higelin). Pendant de longs mois, je me suis traînée dans mon cafard. L'album d'Hubert, je n'y croyais plus. Si, c'est vrai. Beaucoup de découragement, d'obscurité. Et soudain ce soleil...

Je note également que l'album "Dernières balises" s'achève sur l'image d'un "vieux soleil glacé" qui "retraverse la nuit". Et voici qu'ici le soleil ouvre la danse. J'aime bien les ponts entre les oeuvres...

 

15/11/2010

Chanson n°39 : "Redescente climatisée"

La pensée du jour : "La mort, chaque fois qu'elle survient, détruit un livre d'images". Christian BOBIN.

 

L'album "Dernières balises (avant mutation) s'achève sur cette chanson magnifique qu'est "Redescente climatisée". Elle est encore plus poignante en version live au Bataclan...

Petite question : qui ira acheter son billet pour Bercy demain ? Et l'album-hommage à Bashung ? Pour ma part, j'hésite entre la passion qui m'ordonne d'aller me procurer tout cela dès que je sortirai de cours (à midi) et la raison qui me rappelle l'état piteux de mon compte en banque...

Redescente climatisée

Un autre paumé descend les rues de ton ghetto

Et tu pleures en essuyant ses yeux figés

Combien de mutants ayant rêvé ton numéro

Se sont perdus croyant l’avoir trouvé ?

Petite sœur-soleil au bout du quai désert

Petite gosse fugitive accrochée dans mes nerfs…

Je t’ai rêvée ce soir au fond d’une ambulance

Qui me raccompagnait vers mes « verts paradis »

Dans le dernier écho de ton dernier silence

J’ai gardé pour la route ma haine / ma rage et ma connerie

 

Un vieux soleil glacé retraverse la nuit

Et c’est le long retour au point zéro

La dernière étincelle a grillé mes circuits

Et soudain j’ai si froid dans ma peau…

Petite sœur-soleil au bout du quai désert

Petite sœur fugitive accrochée dans mes nerfs…

Maintenant je t’imagine dans un hôtel-garage

Essayant de marquer des points sur ta machine

Tes amants déglingués s’accrochent à tes mirages

Moi je suis en exil ton consul ivre mort

Bavant sur ta benzine

14/11/2010

Chanson n°38 : "Exil sur planète-fantôme".

La pensée du jour : "La vérité, ce n'est pas un trou dans la terre. La vérité, c'est l'infini d'amour parfois reçu dans cette vie quand nous n'avions vraiment plus rien". Christian BOBIN.

 

Exil sur planète-fantôme

 

en ce temps-là les fleurs vendaient leur viande aux chiens

et nous habitions tous de sordides tripots

avec des aiguillages pour nos petits matins

quand le beau macadam nous traitait de salauds

nous traitait de salauds

nous vivions nos vertiges dans des vibrations folles

et gerbions nos enzymes en nous gueulant : moteur !

mais entre deux voyages entre deux verres d'alcool

nous n'avions pas le temps de décompter nos heures

de décompter nos heures

nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie

en même temps que fantômes conscients d'être morts-nés

nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie

 

en ce temps-là le rien s'appelait quotidien

et nous allions pointer dans les jobs interdits

dans les musiques blêmes dans les sombres parfums

dans les dédales obscurs où plane la folie

où plane la folie

et nous avions des gueules à briser les miroirs

à ne montrer nos yeux que dans le contre-jour

mais entre deux délires entre deux idées noires

nous étions les plus beaux nous vivions à rebours

nous vivions à rebours

nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie

en même temps que fantômes conscients d'être morts-nés

nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie

 

en ce temps-là les gens s'appelaient citoyens

nous, nous étions mutants nous étions androgynes

aujourd'hui la tempête a lynché mes copains

et je suis le dernier à rater mon suicide

à rater mon suicide

mais je veux vivre encore plus ivre de cramé

je veux ronger le mal jusque dans ses recoins

j'ai traîné mes vingt siècles d'inutilité

je n'ai plus rien à perdre mais j'en veux pour ma fin

j'en veux pour ma faim

 

 

 

Il y a quelques semaines, j'avais eu l'idée de noter ici une chanson par jour. Pour patienter jusqu'au nouvel album. A l'époque, je ne savais pas du tout quand ce nouvel album sortirait. A présent, nous savons qu'il est prévu pour février 2011. Ce matin, je me suis lancée dans des calculs d'apothicaire : il y a 153 chansons en tout (si je compte « Amicalement blues » et « Annihilation »). Jusqu'au 7 février, date possible pour la parution de l'album tant attendu, il y a encore 85 jours ! Donc, j'aurai quelques chansons de retard !! Sans compter que je ne suis pas très assidue ici. La semaine dernière, par exemple, j'ai été trop chamboulée par les nouvelles qu'on nous a annoncées. Impossible alors de parler d'autre chose que de ces belles perspectives ! Bref, autant dire que mon truc ne marchera jamais. Par avance, je réclame votre indulgence. Je me suis lancée là-dedans pour « meubler », j'avoue (là encore, indulgence, s'il vous plaît !). Parce qu'il n'y avait pas de nouvelles croustillantes à se mettre sous la dent. Parce que je pensais que vous pourriez réagir à ces chansons, me dire quelles réflexions ou quelles émotions elles vous inspiraient. Continuons à le faire, si vous voulez bien, mais soyez déjà certains qu'il y aura des jours où je vais merder. Où je n'écrirai rien ici. D'avance pardon. Je n'aime pas ne pas tenir mes promesses...

Hier, avec tout ça, je ne vous ai pas dit que « Dernières balises (avant mutation) » était certainement l'album qui me bousculait le plus. « Une fille au rhésus négatif » m'a toujours fait froid dans le dos : entre le rat en laisse, les cafards, l'aiguille qui s'enfonce dans la peau, les bébés qui tombent du lit en lisant « Mein Kampf », on est servi ! C'est l'histoire d'un mauvais trip ou quoi ? Que de visions d'horreur ! Une chanson qui, il y a longtemps, lorsque je l'ai découverte, fit grande impression sur mon âme de 19 ans. J'en avais des frissons partout, j'imaginais toute la scène : le rat en laisse, Berlin, les œufs durs, l'aiguille (j'ai trop lu le bouquin de Christiane F. !!!), le téléphone sur la tombe. Visions hautement perturbantes ! Aujourd'hui encore, cette chanson me fait un effet incroyable. « Photographie-tendresse » aussi, d'ailleurs.

Je ne vois rien de négatif dans tout cela. Certains œuvres peuvent effrayer et fasciner à la fois. Je me demande même si ce ne sont pas celles qui nous marquent le plus. Je me souviendrai toujours d'un bouquin de Marlen Haushofer, Die Wand, qui raconte l'histoire d'une femme qui soudain se trouve coupée du monde, enfermée derrière un mur invisible et infranchissable. Pendant la lecture, j'avais parfois la sensation d'étouffer, carrément. Je me sentais prisonnière aussi, comme la narratrice. En repensant à ce livre, je ressens encore cela de manière très forte...

Quant à « Exil sur planète-fantôme », c'est également une chanson à la fois effrayante et fascinante, vous ne trouvez pas ? « Nous avions des gueules à briser les miroirs, à ne montrer nos yeux que dans le contre-jour ». « Et je suis le dernier à rater mon suicide », de quoi flipper encore !! Et la fin, donc ! Terrible ! « J'ai traîné mes vingt siècles d'inutilité, je n'ai plus rien à perdre mais j'en veux pour ma fin, j'en veux pour ma faim »... Sa faim ? Tiens, je croyais qu'Hubert l'avait laissée chez la famille Duraton !

13/11/2010

Chansons n°36 et n°37 : "Photographie-tendresse" et "Une fille au rhésus négatif"

La pensée du jour : "Ils sont trop nombreux. On meurt d'une surcharge de morts". Elias CANETTI

 HFT[1].jpg

 

 

 

 

Photographie-tendresse

cheveux-tilleuls-écartelés-sur-visage-

taxiphone-de-l'attente-souvenir-coma-

trauma-de-vieillard-géranium-camé-

baisers-tranxène-coagulés-sur-miroir-

hygiaphone-T.V.-lunettes-noires-pyjama-rayé-

wo ist das Blut ?

ich habe Durst....

 

 

 

Une fille au rhésus négatif

 

Je me souviens de toi dans ces années obscures

où tu te promenais avec un rat en laisse

les cafards te disaient : l'amour vient du futur

et te laissaient leurs croix comme on laisse une adresse

maintenant tu me regardes avec les yeux flétris

bouffés par la machine à plastiquer les rêves

tu me tends ton ticket pour la foire aux zombies

et m'invites à trinquer au doomsday qui se lève

oh ! love

lové sur ton ventre le bébé s'ouvre les veines

et tu me demandes s'il a bien pris sa dose

 

nous sommes de vieux enfants traînant nos écorchures

à travers les décors jaunis d'un vieux cartoon

nous marchons sur Berlin en gobant nos œufs durs

et nous sommes à Paris victimes d'un baby-boom

nous n'sommes que les fantasmes fous d'un computer

avec son œil grinçant fouillant dans nos cerveaux

dans la fluorescence bleutée de son scanner

je regarde l'aiguille s'enfoncer dans ta peau

oh ! love

lové sur ton ventre le bébé s'ouvre les veines

et tu me demandes s'il a bien pris sa dose

 

les mômes de ton quartier se déguisent en momies

un aigle lentement tourne autour de ta chambre

les assassins défilent en levant leurs képis

les bébés tombent du lit en lisant Mein Kampf

oh ! love... love

hier je t'aimerai de mon amour taxi

hier je t'aimerai de mon amour tocsin

hier je t'aimerai dans un bar à minuit

des soirs où la tendresse fait plus bander les chiens

oh ! love... love

les ambulances attendent le long des terrains vagues

les réverbères s'allument au fond des catacombes

les bulldozers préparent l'autoroute pour le stade

dois-je me faire installer le téléphone sur ta tombe ?

Oh ! love

lové sur ton ventre le bébé s'ouvre les veines

et tu me demandes s'il a bien pris sa dose ?

10/11/2010

Sénèque le Philosophe

La pensée du jour : "Pour moi, être aimé n'est rien, c'est être préféré que je désire". André GIDE.

 

 

C'est amusant : il y a quelques semaines, j'avais entendu, sur Arte, des extraits de La Vie heureuse, de Sénèque, et j'avais trouvé cela tellement beau que j'avais commandé le livre en question sur Amazon. C'était début octobre. Un mois plus tard, j'apprends que Thiéfaine, sur l'affiche annonçant son Bercy 2011, fait un clin d'œil à Sénèque (merci à tous ceux qui m'ont éclairée sur ce point) ! Drôle de coïncidence, non, quand même ?

 

Qui donc était Sénèque ? Voici ce que j'ai trouvé dans mon Dictionnaire de la philosophie :

Sénèque le Philosophe (Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe) : : philosophe latin (Cordoue vers 4 avant J.-C. - Rome 65 après J.-C.). Il étudia d'abord l'éloquence, puis suivit les leçons de trois philosophes : Attale (stoïcien), Fabianus et Sotion (pythagoriciens). De retour d'un exil en Corse (41 à 49), il fut le précepteur de Néron. Celui-ci, devenu empereur, l'impliqua dans la conjuration de Pison et lui donna l'ordre de mourir. Sénèque s'ouvrit les veines sans trembler.

 

De son œuvre volumineuse, on retiendra sa morale proche du stoïcisme. Il s'oppose à Cicéron, pour lequel la vie sociale et le devoir de citoyen devaient tenir la première place. Sa sagesse est de cultiver sa volonté pour mettre son bonheur dans la vertu et non dans les hasards de la fortune. L'originalité de Sénèque est dans le détail, dans la pénétration avec laquelle il a discerné les vices et les maux de ses contemporains, dans la place accordée aux devoirs de pitié et d'humanité (contre l'esclavage, les gladiateurs, etc.). Ses idées lui ont valu d'être consulté non seulement par les philosophes, mais aussi par les Pères de l'Eglise et les moralistes chrétiens.

Je complète avec cet extrait du Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays :

Avant tout, Sénèque recherche la sagesse et non l'érudition : la sagesse enseigne à l'homme de jouir de son temps, l'érudition à le perdre; la première, à vivre bien et avec fruit; la seconde, mal et d'une existence vaine. La culture peut et doit être un acheminement vers la sagesse, non une fin. Le but de la vie humaine n'est pas de posséder un grand nombre de notions qui ne servent à rien, mais d'avoir la force de résister au mal, de vaincre les rudesses du sort, d'accepter la douleur. La félicité la plus grande, c'est de n'avoir pas besoin de félicité, de trouver en soi-même son bien absolu, sans dépendre aucunement du hasard et des injures de la fortune et des hommes : ainsi seulement le sage, dans l'immobilité de sa conscience, intangible parce qu'intérieure, incorruptible parce qu'isolée, domine tous les rapports de forces extérieures qui agissent autour de lui et sur lui, devenant et demeurant l'unique véritable maître et libérateur de lui-même.

 

Voici comment commence La Vie heureuse (je parle du livre, parce que pour la vie réelle, je ne sais pas !!!) :

Première partie : le souverain bien et la sagesse

 

Vivre heureux, Gallion, mon frère, c'est ce que veulent tous les hommes, mais, quant à discerner ce qui rend la vie heureuse, ils sont dans les ténèbres. Et il est tellement peu facile d'atteindre la vie heureuse que, plus on est pressé de la rejoindre, plus on s'en éloigne si l'on s'est trompé de chemin. En effet, quand la route conduit à l'opposé, notre rapidité elle-même augmente la distance. Il faut donc rétablir d'abord ce que nous devons rechercher ; puis il faut examiner en détail comment nous pouvons l'atteindre le plus rapidement, avec le souci de comprendre une fois que nous serons en chemin, si du moins c'est le bon, combien chaque jour nous abattons de besogne et dans quelle mesure nous sommes plus près de ce vers quoi nous pousse un désir naturel.

09/11/2010

Réjouissons-nous déjà !!!!!