Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Satyros

Satyros...

La pensée du jour : "Je sais qu'il manquera toujours quelqu'un en bout de table"... CALI.

 

 

Non, mon cher Doc, je ne t'ai pas oublié ! La traduction demandée est faite depuis un petit moment déjà. J'attendais seulement que l'amie allemande chargée de la relire me donne son avis. Elle est toujours indulgente avec moi et trouve que j'ai fait du bon boulot, mais je ne suis pas satisfaite de ma traduction de "bekleiben"... Enfin, tant pis, j'ai opté pour "rester". C'est l'idée de "persister" (fortdauern), quelque chose comme ça.
Petite précision pour tous ceux qui ne sont pas le Doc : Ce qui va suivre est un extrait du "Satyros", de Goethe. Ces mots sont dits par Jürgen Frenz à la fin de "Diogène série 87" :

 

 

Johann Wolfgang von Goethe

 

Satyros : Von euch Schurken keinen Spott !

Ich tät euch Eseln eine Ehr an,

Wie mein Vater Jupiter vor mir getan;

Wollt eure dummen Köpf belehren

Und euren Weibern die Mücken wehren,

Die ihr nicht gedenkt ihnen zu vertreiben;

So mögt ihr denn im Dreck bekleiben.
Ich zieh meine Hand von euch ab,

Lasse zu edlern Sterblichen mich herab.

 

 

 

 

Vous, gredins, ne vous moquez pas !

Je vous ferais un honneur à vous, les ânes,

Comme l'a fait mon père Jupiter avant moi;

Il voulait instruire vos têtes idiotes

Et défendre vos femmes contre les mouches

Que vous ne songiez pas à écarter d'elles;

Alors restez donc dans la fange.
Je retire ma main de vous,

Je m'abaisse vers d'autres mortels plus nobles.

Lire la suite

542 lunes et 7 jours environ

De retour de vacances et plongée sans transition dans la grisaille… Ciel baudelairien au-dessus de ma tête ! Je prendrais bien un petit Thiéfaine, histoire de me remettre d’aplomb. Aujourd’hui, ce sera « 542 lunes et 7 jours environ », qui reste une de mes chansons préférées !

 

 

"la terre est un Macdo recouvert de Ketchup

où l’homo cannibale fait des gloupses et des beurps

où les clowns en treillis font gémir la musique

entre les staccatos des armes automatiques

j’y suis né d’une vidange de carter séminal

dans le garage intime d’une fleur sentimentale

quand j’ai ouvert les yeux la lumière vagabonde

filait à 300 000 kilomètres à la seconde

j’ai failli me tirer mais j’ai fait bof areuh

j’suis qu’un intérimaire dans la continuité de l’espèce

et coucou beuh !

542 lunes et 7 jours environ

que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron

542 lunes et 7 jours environ

et tu vois mon amour j’suis toujours aussi con

 

une fille dans chaque port et un porc qui sommeille

dans chaque salaud qui rêve d’une crampette au soleil

et les meufs ça couinait juteuses et parfumées

dans le bleu carnaval des printemps cutanés

j’en ai connu des chaudes à la bouche animale

à g’noux dans les toilettes ou dans la sciure des stalles

hélas pour mon malheur j’en ai connu des pires

qui voulaient que j’leur cause en mourant d’un soupir

et puis je t’ai connue mais j’vais pas trop charrier

attendu que j’suis lâche et que ton flingue est chargé

oh ma

sweet yéyéyé sweet lady

542 lunes et 7 jours environ

que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron

542 lunes et 7 jours environ

et tu vois mon amour j’suis toujours aussi con

 

la geisha funéraire s’tape des rassis crémeux

chaque fois que j’raye un jour d’une croix sur mon pieu

pourtant j’contrôle mes viandes, je surveille mes systoles

et me tiens à l’écart des odeurs de formol

mais un jour faut partir et finir aux enchères

entre les gants stériles d’une sœur hospitalière

et je me vois déjà guignol au p ‘tit matin

traînant mon vieux flight-case dans le cimetière des chiens

oh meine kleine Mutter

mehr Licht !*

542 lunes et 7 jours environ

que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron

542 lunes et 7 jours environ

et tu vois mon amour j’suis toujours aussi con"

 

*J’ai déjà parlé de ce « mehr Licht ». Ce sont les derniers mots qu’aurait dits Goethe. Cela me fait penser que je mettrais bien un poème ou deux de l’ami Goethe sur ce blog. Par exemple, je pourrais traduire le passage du Satyros cité dans « Diogène série 87 ». Je vais voir.

Lire la suite

27/08/2006 | Lien permanent

Méthode de dissection : ”Météo für nada”

La pensée du jour : Eh bien citons donc ce que ma fille Clara nous a dit hier : "Je veux écouter 'j'ai volé un arbre à un clown'" !!!

 

 

Année de parution : 1987

 

Pochette : Elle est assez sobre et assez sombre aussi. Une photo en noir et blanc nous montre le visage de l'ami Hubert, une partie du visage plongée dans l'obscurité, l'autre dans la lumière. Un symbole ? Une façon de mettre en relief le côté obscur et le côté lumineux d'une même personne ?

 

Titres :

Dies olé sparadrap joey

Zone chaude, môme

Precox ejaculator

Narine narchande

Affaire Rimbaud

Bipède à station verticale

Sweet amanite phalloïde queen

Diogène série 87

Errer humanum est

 

 

Les phrases que j'aime particulièrement :

« Douc'ment les filles faut pas flipper

la bidoche est faite pour saigner ».

 

« Si un jour je r'trouve la mémoire

et 2-3 bières pour ma moquette

j'balanc'rai à la série noire

un truc à faire chialer Hammet ».

 

« Je n'sais pas si tu viens d'un continent perdu

ou bien si t'es tombée

d'une comète inconnue

mais j'crois qu'il était temps que tu me prennes

en main

j'ai cru mourir de froid chez mes contemporains ».

 

«A chercher le Pérou sur ma radio-inca

j'ai trouvé la fréquence que je n'attendais pas ».

 

« Météorite in love tu vois je vole aussi

en reniflant d'un oeil tes bas sur le tapis ».

 

« J'voulais t'offrir une nuit d'enfer

7,5 sur l'échelle de Richter ».

 

« Paraît qu'je viens d'une catastrophe

mais les dieux sont pas très bavards ».

 

« Parfois... parfois...

j'ai la nostalgie d'la gadoue ».

 

« J'suis l'animal bluesymental

aux vieux relents d'amour gothique ».

 

« Câblé sur X moins zéro

à l'heure des infos galactiques

je mets mon badge « ecce homo »

et j'suis fier d'être un con cosmique ».

 

« Manufacture de recyclage

des mélancolies hors d'usage ».

 

« A toujours vouloir être ailleurs

pyromanes de nos têtes brûlées

on confond les batt'ments de coeur

avec nos diesels encrassés

 

à toujours voir la paille plantée

dans la narine de son voisin

on oublie la poutre embusquée

qui va nous tomber sur les reins ».

 

« On fait Nankin-Ouagadougou

pour apprendre le volapük

et on se r'trouve comme kangourou

dans un zoo qui prend les tucs ».

 

« Pas prendre pour un courrier du coeur

les pulsions des glandes endocrines ».

« Bourlinguer ... errer

Errer humanum est ».

 

Les p'tites références à l'Allemagne :

Evoquons en premier lieu ce passage entier en allemand qu'on entend sur « Diogène série 87 » : il s'agit d'un extrait du Satyros de Goethe. Il faudra que j'y consacre une note entière.

Il y a aussi « für » dans le titre. Et le « volapük », il me semble que c'est un Allemand qui l'a inventé. Oui, un petit tour sur Wikipédia vient de me le confirmer.

 

Ma chanson préférée sur cet album ? Impossible de le dire ! J'aime énormément le texte de « Errer humanum est ». Chaque mot est à sa place, la vie humaine, dans ce qu'elle a d'absurde et de grotesque, est passée au peigne fin de la désespérance thiéfainesque (« aplatis comme de vieilles pizzas », « on se r'trouve comme kangourou dans un zoo qui prend les tucs »). Oui, j'ai un petit faible pour le texte de cette chanson-là. Mais je ne voudrais pas être injuste avec les autres. Car, en fait, j'aime toutes les chansons de ce splendide « Météo pour rien » ! Je pense avoir écouté six milliards de fois « Affaire Rimbaud ». D'ailleurs, quand j'étais jeune, je rêvais de mourir en écoutant cette chanson-là, genre dans ma voiture, la tête coincée dans un strapontin et qu'on n'en cause plus ! Et que la suite me laisse amnésique...

Voilà. A vous !

 

Lire la suite

Article pour le fanzine

La pensée du jour : "L'amour est éternel tant qu'il dure", Henri DE REGNIER.

 

Je viens de taper un petit quelque chose pour le fanzine. Bien entendu, je prends toutes vos propositions de modifications ou autres. Faites-moi vos suggestions, s'il vous plaît!

Petite précision : sur le blog, je mets vos pseudos habituels mais, dans l'article, je donnerai vos prénoms, cela me paraît beaucoup plus sympa.

Message pour Tommie : mille mercis pour les photos, nous les avons toutes bien reçues. Je n'ai pas eu le temps de te l'écrire en message privé car je cours dix lièvres à la fois en ce moment : je me prépare à partir en Allemagne la semaine prochaine, je dois m'occuper du baptême de ma fille, préparer des cours, faire des lessives, etc.!!!

 

Voici donc :

Samedi 31 mars 2007 : Maison du Délice, Paris. Voilà, ils sont tous là, les dingues et les paumés dont les "hémisphères cérebelleux" sont, comme les miens, peuplés de personnages loufoques : la fille du coupeur de joints, Lorelei Sebasto Cha, la vierge au dodge WC 51, et j’en passe. Ils sont une douzaine à avoir répondu à l’appel. Il y a quelques mois, l’association de poésie « Rencontres européennes » nous avait sollicités pour que nous venions présenter à ses membres des bouts de l’univers, de la vie et de l’oeuvre de Thiéfaine. Voilà, c’est le grand jour ! C’est aujourd’hui que nous allons tenter de relever ce défi.
15 heures. Jean-Jacques Kelner, le « maître de cérémonie », dit quelques mots pour donner un peu la couleur de cet après-midi. En gros, qu’on se le tienne pour dit, cela va thiéfainer à bloc !!

Ensuite, c’est moi qui vais au micro. Je remercie l’association qui a rendu possible cette rencontre entre un petit cercle d’initiés et des néophytes (ou presque : certains ont pris soin de se renseigner au préalable sur Thiéfaine, une personne est même venue avec un CD-compilation qui, à ma grande joie, ira se balader par la suite dans d’autres mains !).

Pour ouvrir cette réunion, je cite les mots que Ferré disait à propos d’Hubert et qui commencent par « C’était chez moi, en Italie, il y a quelques années ».

Puis, place à la musique avec Yoann et Uther, qui nous jouent « Orphée nonante huit ».

Un peu crispée, je reprends le micro, pour présenter l’œuvre et la vie de Thiéfaine. Dans mon topo, j’ai essayé de mêler le plus possible la vie et l’œuvre d’HFT, justement. Je me suis beaucoup appuyée sur les travaux de Pascale Bigot et de Jean Théfaine, en ajoutant autant que possible mon grain de sel, ne me gênant pas, par exemple, pour caser un peu partout des extraits de chansons que j’aime particulièrement. J’aurais pu en dire deux fois plus. C’est d’ailleurs la réflexion que je me suis faite dernièrement en réécoutant Hubert. Je n’ai pas assez insisté sur des morceaux d’anthologie, comme « Sentiments numériques revisités », « Des adieux », « Critique du chapitre 3 ». Mais, sept pages, je trouvais que c’était déjà pas mal.

Ensuite, JPADPS (« Jeune prof d’allemand dynamique pas sadique » !) s’est lancée dans une magnifique envolée sur l’influence de la culture allemande dans l’œuvre de Thiéfaine. Dans un brillantissime exposé, elle évoque, très à son aise, les phrases ou mots allemands qui parsèment l’œuvre de Thiéfaine. Très justement, elle fait remarquer que bien souvent, les mots allemands sont là pour exprimer l’angoisse ou quelque chose d’étrange. Elle évoque ensuite l’incontournable « Wunderkind » de « Septembre rose ». Elle nous parle également de l’histoire allemande et de la façon dont elle est traitée par Thiéfaine. Elle prend appui sur différentes chansons : « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable », « L’homme politique, le roll-mops et la cuve à mazout », « Dans quel état terre ». A propos de cette chanson, elle note la juxtaposition du bien et du mal que l’on y trouve : « 2 000 après J.C. sur les calendriers, 50 et des poussières après Adolf Hitler ». Viennent ensuite les références littéraires et musicales : entre autres, Hölderlin, Nietzsche, Goethe, Beethoven. JPADPS évoque les destins plutôt tragiques de ces êtres d’exception, soulignant que seul Goethe s’en tire bien dans cette sombre histoire !! Elle nous lit successivement en allemand et en français l’extrait du Satyros que l’on peut entendre à la fin de la chanson « Diogène série 87 ». Très habilement, elle dit qu’il n’est pas anodin que Thiéfaine ait choisi, dans sa chanson, de mêler ces deux personnages : Diogène, le philosophe grec, recherchait la sagesse dans le dénuement le plus total. Satyros, lui, déclare : « Je vis seul, je me suis retiré de la ville ». JPADPS nous présente Thiéfaine comme une sorte de Diogène moderne qui, ici, dénonce le star-system et sa vacuité. L’exposé s’achève sur l’évocation de « Portrait de femme en 1922 », où JPADPS trouve d’étranges ressemblances avec la nouvelle de Stefan Zweig, Amok. Son exposé donne envie d’aller creuser encore un peu plus du côté de chez Goethe et compagnie !

Puis, Tommie nous livre sa puissante réécriture de « Syndrome albatros », après nous avoir fait écouter cette chanson. Elle évoque la tristesse de nos vies, la solitude du poète, les échappatoires que l’on s’invente pour ne pas rester englués dans notre désespoir d’albatros. Le poète, insoumis, incompris, apparaît comme celui qui dénonce le mal et un monde où il y a plus de sang et de larmes que d’amour et d’espoir. Tommie nous décompose très bien cette « architecture de la douleur ». Nous sommes cloués par ses mots d’une grande sincérité !

Yoann et Uther nous interprètent ensuite magistralement « Les dingues et les paumés », ce qui, d’ailleurs, se marie plutôt bien avec le thème précédent !

Lilith051 vient ensuite nous lire « L’étranger dans la glace » et nous exposer son ressenti face à cette chanson. Elle souligne l’abondance des images de froid et de mort (« le vent glacé », « mes yeux nécrosés », « paramètres au cœur violet »). L’émotion est à son comble, la p’tite Lilith a la sensibilité à fleur de peau ! Jean-Jacques et Philippe, de l’association «Rencontres européennes », nous lisent ensuite, à leur façon, « Demain les kids » et « Redescente climatisée ». Moment d’échange. Pour nous, les habitués de l’univers de Thiéfaine, c’était bien de voir quelle couleur et quel ton les « non initiés » pouvaient bien mettre sur les mots de cet artiste.

Enfin, Yoann et Uther ont repris respectivement leur guitare et leur basse, pour nous interpréter «Autoroutes jeudi d’automne » (et tous les « thiéfaineux » présents de crier « stop » au moment voulu, comme pendant les concerts de la dernière tournée !!), « Affaire Rimbaud », « Confessions d’un never been » et … « La fille du coupeur de joints » ! Nous avons copié Thiéfaine puisque nous aussi, nous avons fini sur cette balade ! Qui a eu le don, comme le dit Evadné, de nous éjecter de nos chaises ! La réunion s’est donc achevée en feu d’artifice !

Pour prolonger la magie, nous avons été quatorze à dîner ensemble dans un restaurant du même quartier. La soirée aussi s’est montrée riche en surprises : Sam a sorti sa précieuse guitare (signée par HFT, s’il vous plaît !) et nous a interprété plusieurs chansons. Ou plutôt : nous avons été une tablée entière à chanter !!

Nous nous sommes quittés vers une heure du matin. Extinction du feu d’artifice ! Terminus. Tout le monde descend. Mais, déjà, l’envie de reprendre « place dans le grand feu » nous titille tous !

 

Lire la suite

Goethe et aussi chanson n°43 : ”Ad orgasmum aeternum”

La pensée du jour : "Denn ich bin ein Mensch gewesen

Und das heißt ein Kämpfer sein". GOETHE.

 

 

Les allusions à la culture allemande ne manquent pas dans l'œuvre de Thiéfaine, nous avons pu nous en rendre compte ensemble, ici même ! Pas un seul album où il ne soit pas question d'une ville allemande (Berlin, Hambourg), d'un auteur allemand (Hölderlin, Nietzsche), etc. Impressionnant !

 

Goethe apparaît trois fois dans l'œuvre de Thiéfaine, sauf erreur de ma part. De différentes façons :

  1. Première référence dans l'album « Météo für Nada » : dans la chanson « Diogène série 87 », on entend un extrait du Satyros, lu par un Allemand.

  2. Une deuxième fois dans l'album « Chroniques bluesymentales », et plus particulièrement dans la chanson « 542 lunes et sept jours environ ». « Mehr Licht », ce sont les derniers mots que Goethe prononça (voir une de mes premières notes ici).

  3. Troisième allusion (plus ou moins) dans la chanson « Confessions d'un never been », où il est question cette fois du mouvement Sturm und Drang, dont Goethe fut un des membres en sa jeunesse.

Il me semble que c'est tout. Pour la petite histoire, j'ai commencé à apprécier Goethe il y a six ans seulement, lorsque je préparais l'agreg et que les poèmes qu'il écrivit sur ses vieux jours étaient au programme. Auparavant, j'avais lu Die Leiden des jungen Werther ... pour très vite leur préférer Die neuen Leiden des jungen W., d'Ulrich Plenzdorf ! J'ai lu Die Leiden des jungen Werther quand j'avais 17 ans. Il faut croire que je n'avais pas la maturité nécessaire pour piger. Pourtant, ce roman épistolaire est magnifique, j'ai pu l'apprécier plus tard, en le relisant. Ensuite, j'ai lu des extraits de Faust. Jamais le Faust en entier. L'immense honte pour une prof d'allemand !!! Mais j'assume ! J'ai toujours préféré me plonger dans Kleist, plus tourmenté, plus sombre... Quand même : en deuxième année de fac, j'avais lu Götz von Berlichingen, quand on étudiait le Sturm und Drang justement, et j'avais beaucoup aimé cette œuvre.

Et puis, lorsque je suis partie faire mes études en Allemagne, à Leipzig, j'ai eu un prof de poésie tout à fait révolutionnaire, qui détestait Goethe, allant jusqu'à dire qu'il n'avait écrit que de la merde ou presque, qu'il ne fallait garder que ses poèmes et jeter le reste !! Comme toutes les filles de la promo, j'étais secrètement amoureuse de ce prof incroyable, véritable poète, qui ne se gênait pas pour dire en plein cours qu'il avait déjà testé pas mal de drogues !!!!! Alors, du coup, je me suis dit : « Oui, c'est vrai, ça, jetons Goethe !! » Et puis, il y a six ans, il y eut cette rencontre. Avec l'homme vieillissant se retournant sur sa vie. Au programme d'agreg, il y avait West-östlicher Divan. J'ouvre le recueil :

« Nord und West und Süd zersplittern,

Throne bersten, Reiche zittern,

Flüchte du, im reinen Osten

Patriarchenluft zu kosten;

Unter Lieben, Trinken, Singen

Soll dich Chisers Quell verjüngen ».

Tout de suite, ça le fait ! L'allemand, en poésie comme en tout d'ailleurs, ça sonne bien ! Moi, ça me prend aux tripes, j'adore ! J'ai dû être une des amoureuses de Goethe dans une vie antérieure !!!!!

Bref, alors là, Goethe, j'en suis tombée raide dingue. De sa poésie, surtout. Raide dingue aussi de l'homme vieillissant étreignant encore et toujours la vie avec le même élan !

 

Je peux vous mettre un topo sur sa vie si cela vous tente. Mais il ne faudrait pas que ce soit trop austère non plus, hein...

 

Allez, encore quelques extraits du recueil West-östlicher Divan :

« Eh er singt und eh er aufhört

Muss der Dichter leben ».

 

« Und solang du das nicht hast,

Dieses : Stirb und werde !

Bist du nur ein trüber Gast

Auf der dunklen Erde ».

 

« Wunderlichstes Buch der Bücher

Ist das Buch der Liebe;

Aufmerksam hab ich's gelesen :

Wenig Blätter Freuden,

Ganze Hefte Leiden ».

 

 

 

Et maintenant : « Ad orgasmum aeternum » !

 

Dans cité X y'a une barmaid

qui lave mon linge entre deux raids

si un jour elle apprend mon tilt

au bout d'un flip tourné trop vite

je veux pas qu'on lui renvoie mes scores

ni ma loterie ni mon passeport

mais je veux qu'on lui rende ses lasers

avec mes cendres et mes poussières

et j'aimerais qu'elle tire la chasse d'eau

pour que mes tripes et mon cerveau

enfin redevenus lumière

retournent baiser vers la mer

 

je reviendrai comme un vieux junkie

m'écrouler dans ton alchimie

delirium visions chromatiques

amour no-limit éthylique

je reviendrai comme un vieux paria

me déchirer dans ton karma

retrouver nos mains androgynes

dans ta zone couleur benzédrine

 

je reviendrai fixer ta chaleur

dans la chambre au ventilateur

où tes ombres sucent les paumés

entre deux caisses de s.t.p.

je reviendrai te lécher les glandes

dans la tendresse d'un no man's land

et te jouer de l'harmonica

sur un décapsuleur coma

 

je reviendrai jouir sous ton volcan

battre nos cartes avec le vent

je reviendrai taxer ta mémoire

dans la nuit du dernier espoir

je reviendrai chercher notre enfance

assassinée par la démence

et lui coller des lunettes noires

le blues est au fond du couloir

je reviendrai narguer tes dieux

déguisé en voleur de feu

et crever d'un dernier amour

le foie bouffé par tes vautours

Lire la suite

Page : 1