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22 mai (bis)

La pensée du jour : "Le bon Dieu, comme ça, y veut des rencontres, y fait des amours, et puis y vous lâche. C'est le p'tit Jésus qui s'fout du monde". Paul FORT (Ballades du beau hasard).

 

Puisque Sandra ne sait pas ce qui s'est passé un certain 22 mai, il y a quarante ans, je me donne pour mission, dans la note de ce jour, d'élargir la culture de la demoiselle. Et, pour plus d'informations, Sandra, va sur le blog de Yoann (http://bluesymental.blogspot.com/), tu pourras carrément y écouter la chanson (que dis-je, ce chef-d'oeuvre !!).

 

22 mai

 

 

22 mai 1968
Trois heures de l'après-midi
Le printemps qui refleurit
Fait transpirer le macadam
Sur l'autoroute de l'Ouest
Un séminariste à moto
J'ai bien dit à moto
Roule à toute allure vers un point non défini

Sur le porte-bagages
Le Saint-esprit qui jusque-là
Était resté bien sagement assis
Se coince soudain l'aile gauche
Dans les rayons de la roue arrière
Ah ! Ah ! Ah ! (3fois)
Le séminariste perd le contrôle de sa motocyclette
Et vient percuter de plein fouet
Un pylône garé en stationnement illicite
Sur le bas-côté de l'autoroute

A ce même moment un Chinois de Hambourg
Déguisé en touriste américain
Au volant d'un cabriolet de vingt-deux chevaux
Immatriculé en Espagne
Se dit qu'il lui faut porter secours à ce séminariste
Mais bientôt cette idée lui paraît ridicule
Étant donné :
Petit a) : qu'il ne roule pas sur la même autoroute
Petit b) : qu'il n'est pas au courant de cet accident

Et ce fut sans doute l'événement le plus important de ce mois de mai !

 

 

Paroles et musique : Hubert-Félix THIEFAINE

 

 

 

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L'esprit de solitude

En ce moment, je lis L’esprit de solitude, de Jacqueline KELEN. Très beau livre dans lequel l’auteur déclare que la solitude choisie, loin d’être un enfermement, peut être source de plénitude, permettre une vie intérieure riche et créative.

Comme il y a, dans ce livre, un chapitre dans lequel il est question d’auteurs chers à Thiéfaine, je ne résiste pas à la tentation de vous en livrer quelques passages :

 

« Un véritable poète persiste à créer, à chanter même dans les temps difficiles, même quand sa vie est en jeu. Ainsi de Charles d’Orléans, fait prisonnier en 1415 à la bataille d’Azincourt et emmené en Angleterre où il restera captif pendant vingt-cinq ans. Loin de récriminer, ce noble jeune homme fait face à son destin avec la seule arme qui lui reste, celle de la plume. La solitude s’avère toujours féconde voire heureuse pour qui l’honore au lieu de la fuir. Durant sa longue captivité, Charles d’Orléans compose ballades et chansons, il célèbre l’amour, le rêve, l’attente et la vaillance, la dame et la mélancolie ».

 

« Il est d’autres lieux d’enfermement que la prison où peut s’affirmer une solitude rebelle et créatrice : le bagne, pour Dostoïevski, le goulag, pour Soljenitsyne, les camps de concentration, pour Primo Levi ; l’asile pour Gérard de Nerval (« le rêve est une seconde vie ») et pour Antonin Artaud (« je suis celui qui connaît les recoins de la perte ») ; la tour où le poète Hölderlin, jugé fou, termine son existence – et le menuisier Zimmer qui en a la garde raconte : ‘Ses pensées, on dirait un vol de colombes qui tournoient autour de la girouette du toit’ ».

 

Plus loin encore, on trouve ces mots d’Hölderlin : « Si riches soyons-nous, ce qui nous appauvrit, c’est l’impuissance à être seuls ».

Enfin, voici une photo de la tour dans laquelle fut enfermé Hölderlin, à Tübingen (encore une ville où je me dois d'aller un de ces jours !) :

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Un article paru dans un journal luxembourgeois suite aux Victoires de la musique

La pensée du jour : "Dépêche-toi de rire

Il en est encor temps

bientôt la poêle à frire

et adieu le beau temps". Jean TARDIEU

 

Merci à 655321, qui m'a donné dernièrement un article paru lundi 5 mars dans un journal luxembourgeois gratuit, L'essentiel, suite aux Victoires de la musique. Je vous recopie ici l'intégralité de cet article. J'espère pouvoir récupérer celui du Républicain Lorrain, consacré au concert d'Amnéville.

 

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Des Victoires pour les rebelles notoires

 

PARIS – Catherine Ringer, Hubert-Félix Thiéfaine et Orelsan triomphent aux Victoires de la musique.

 

Les 27èmes Victoires françaises de la musique ont sacré, samedi soir, à Paris, deux des voix les plus singulières de la chanson française longtemps oubliées de la cérémonie, Catherine Ringer et Hubert-Félix Thiéfaine, et salué l'ascension du rappeur Orelsan.

Hubert-Félix Thiéfaine a remporté samedi ses premières Victoires en quarante ans de carrière, celle de l'artiste masculin de l'année et celle de l'album de chansons pour Suppléments de mensonge. Cette première, malgré seize albums studio et une influence revendiquée par nombre de jeunes artistes, est à l'image d'une figure du rock indépendant qui a construit sa carrière à l'écart du star-système. Absent des télés, peu diffusé à la radio, peu connu du grand public, « HFT » est cependant capable de remplir les plus grandes salles.

Autre grande figure un peu oubliée des Victoires, Catherine Ringer a été sacrée artiste-interprète féminine de l'année. Emue, elle a remercié Fred Chichin « qui m'a tellement aidée et appris de choses ». Le guitariste des Rita Mitsouko et compagnon de l'artiste est décédé fin 2007 à l'âge de 53 ans d'un cancer fulgurant. En la récompensant, les Victoires de la musique ont salué une des voix les plus singulières de la chanson française. Autre grand vainqueur de la soirée, le rappeur Orelsan est reparti avec deux trophées, celui de la révélation du public et celui de l'album de musiques urbaines pour Le chant des sirènes. Cette double consécration de la profession et du public a un goût de revanche pour le jeune rappeur, souvent comparé à l'Anglais The Streets, après la polémique qui avait marqué ses débuts.

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Me voilà tournée vers l'avenir ... avec la tournée à venir !!!

"Étrange comme la présence d'un être de qualité, à point nommé, peut ranimer en nous l'espérance". Henry BAUCHAU

 

Comme vous le savez, 2018 sera l'année du grand retour d'Hubert. Il fêtera ses quarante ans de carrière. J'ai déjà mon billet pour le concert qui aura lieu aux Arènes de Metz le 8 novembre. Le compte à rebours a commencé ! Dans une interview récente, Thiéfaine a déclaré que la tournée réserverait des surprises et serait l'occasion de porter à la scène des chansons qui n'ont jamais fait partie des playlists passées. Je me prends à rêver. Un petit Vendôme Gardenal Snack, peut-être ? C'est mon souhait le plus cher depuis je ne sais combien d'années, tellement d'années que je m'y perds, ne peux plus compter !

Je ne serais pas mécontente de retrouver Mathématiques souterraines. Je sais, ce serait un peu du réchauffé, mais de l'excellent réchauffé ! Personnellement, j'en redemande, je trouve que cette chanson a toujours donné le meilleur d'elle-même à chaque fois qu'elle a fait partie du tour de chant d'Hubert. Habillée par le beau saxo mélancolique de Philippe Gonnand, elle était majestueuse. Plus sobre, elle l'était aussi, parce qu'il en est ainsi du grand art : tout tend toujours à le mettre au plus haut, même le dépouillement ! Il en va de même pour Les dingues et les paumés. Ad orgasmum aeternum m'irait aussi, et puis Autoroutes jeudi d'automne, et puis, et puis... Si je me tourne vers ce qui s'éloignerait un peu des « sentiers battus » (mais y a-t-il des sentiers battus dans l'œuvre du poète jurassien ?!), alors ce serait Maalox Texas Blues, Nyctalopus airline dans une version surprenante, décoiffante, délirante, Trois poèmes pour Annabel Lee. Ah, et aussi Lubies sentimentales ! Je crois que tout cela réuni ferait de moi une femme comblée !!!

 

Et vous, quel(s) titre(s) aimeriez-vous entendre sur cette tournée à venir ? Et s'il n'y en avait qu'un à espérer, lequel éliriez-vous ?

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3615 code ta vie le retour!!

Alors là, c’est encore plus 3615 code ta vie que la dernière fois, quand j’avais osé parler de mon amie d’enfance !!!

Tant pis ! Le commentaire que j’ai posté ce matin sous la note « Il fait un temps à … regarder Thiéfaine ! » m’a laissée sur ma faim. J’avais envie d’en dire plus. De toute façon, il est vrai que je n’ai jamais réellement raconté comment j’avais « usiné » ma « rencontre » avec Hubert ! Alors je me jette à l’eau ce soir !

En fait, Thiéfaine, beaucoup de gens ont essayé de m’en mettre entre les oreilles ! En troisième, j’avais deux profs qui, régulièrement, m’initiaient à la musique qu’ils écoutaient. C’est ainsi que j’ai découvert Lavilliers, Charlélie Couture, Jean Guidoni. Un jour, mon prof de maths se pointe avec, si je me souviens bien, deux CD de Thiéfaine. Je me vois encore les mettre dans la chaîne, t’écouter ça à la hâte et dire « bof ». Le lendemain, je lui rendais ses CD, sans autre forme de procès !!

En terminale, une de mes camarades de classe arrive un jour avec le texte de « Demain les kids » et me dit : « Je suis sûre que tu adorerais Thiéfaine. Lis ça ! » Je lis, je dis qu’effectivement, le texte est très beau, mais que ce n’est pas la peine d’insister, j’ai déjà essayé, non merci.

Puis, vient l’été 91, qui va être l’explosion dans ma vie ! De fille toute sage, je me transforme soudain en adolescente délurée !!! L’effet de la philo, sans doute ! La prof a dit que cela serait une révolution dans nos vies, ces cours-là. Ben, moi, je la tiens, ma révolution ! En juin, je craque littéralement pour un garçon marginal, tatoué et « joyeux fêtard ». Bref, le type même du gendre idéal ! Mes parents ne s’y trompent pas, ils flairent illico le truc louche, me font des scènes pas possibles ! Pour voir Sylvain, je suis obligée d’échafauder régulièrement des plans avec l’amie Christelle ! D’ailleurs, c’est comme ça que je me ferai choper un jour, je ne sais plus comment !

Bref… C’est ce qu’on peut appeler, je crois, l’amour fou ! Je suis tellement branchée Sylvain que je fais des rêves prémonitoires le concernant. Je sens sa présence tout le temps, n’en déplaise à mes parents !

Sylvain écoute Gainsbourg et … Thiéfaine. Souvent, quand il vient me voir dans sa caisse pourrie (mais alors vraiment pourrie : maintenant que je suis mère, je comprends par quelles angoisses mes parents ont pu passer quand ils voyaient débarquer ce type louftingue dans sa vieille guimbarde !), il écoute Thiéfaine. Il essaie de m’initier un peu à cet univers. Je reste hermétique. Sylvain me fredonne régulièrement « On s’est aimés dans les maïs,

T’en souviens-tu mon Anaïs ? », mais la mayonnaise ne prend pas !!

Et puis, le temps passe sur cet amour-là, je m’use à courir après des chimères : Sylvain fait connerie sur connerie, je dois régulièrement aller le récupérer ivre mort, dans des bars de rase campagne. Je finis par comprendre que papa et maman avaient peut-être raison quand ils essayaient de me faire entendre … raison. Un beau jour de septembre 92, je capitule. J’en ai trop vu. Cette fois, je me tire ! Mais j’ai le cœur ravagé car, vraiment, je ne sais pas, mais ce type avait quelque chose que les autres n’avaient pas… En ce mois de septembre 92, toujours, il continue à me hanter à longueur de temps. Je traîne encore avec ses copains, pour essayer  de savoir où il en est… Et, par un soir de déprime totale, le meilleur ami de Sylvain m’emmène à une fête à environ trente kilomètres de chez moi. Il me dit : « On va s’écouter Thiéfaine ». Le concert 83. On écoute cela religieusement ! Oui, du Thiéfaine, religieusement, j’ai bien dit religieusement ! Et, tout à coup, il y a cette phrase… Qui s’imprime tout de suite dans mon esprit et qui parle à ma déglingue… « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices ». C’est marrant, mais c’est comme qui dirait un peu ce que je ressens. Si un ascenseur se pointait là, au beau milieu de la mistoufle, ce serait pas de refus ! Je continue à écouter le père Hubert. On va à la fameuse fête. Au retour, nous écoutons de nouveau Thiéfaine. Avant de regagner mes pénates, je dis au meilleur ami de Sylvain : « Tu me files la cassette, s’il te plaît ? » Le lendemain, je m’écoute cela en boucle. Le surlendemain, je fonce en ville acheter, avec toutes mes économies, je ne sais combien d’albums d’Hubert. En cassettes, pour que ce soit moins cher et que je puisse en avoir plus en une fois ! C’est ce qui explique que j’aie, maintenant que je me suis embourgeoisée, plein d’albums à la fois en CD et en cassette ! Et, d’ailleurs, j’y pense : le concert 83, je ne l’ai jamais rendu à son propriétaire. Je ne me le pardonne pas. Si on avait osé me faire un truc pareil, j’en trépignerais encore de rage trente ans plus tard ! Bref…

« Toi tu vis ta vie d’alcoolique entre ces quatre murs lamentables »… « Elle m’envoie des cartes postales de son asile m’annonçant la nouvelle de son dernier combat »… Tout y est. J’ai l’impression que ce Thiéfaine a l’art de se frayer un petit chemin jusqu’au tréfonds de mon âme...

C’est avec lui que je vais mettre du mercurochrome sur mes plaies ! Pendant très longtemps, j’aurai le sentiment de retrouver Sylvain dans chaque chanson…

Quinze ans ont passé sur cette histoire. A présent, quand j’écoute tel ou tel morceau, je ne pense plus précisément à Sylvain, mais à deux ou trois bricoles auxquelles je tiens comme à la prunelle de mes yeux : le souvenir de la première fois où mon cœur s’est vraiment ouvert à quelqu’un d’autre, un bout de ma jeunesse qui, comme le temps du lilas, a foutu le camp, et merde ! Alors, au Zénith, si j’ai chialé comme une dingue sur « Mathématiques souterraines », c’est parce qu’il y avait un petit mélange de tout cela qui remontait…

 

Et vous, la première fois avec Hubert, c'était dans quelles circonstances, si je puis me permettre?!!!

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Voilà, c'est fini...

La pensée du jour : "C'est une chose étrange à la fin que le monde

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit", Louis ARAGON.

 

Bon, allez, malgré la fatigue, je me lance !
Alors, par où commencer pour raconter cet après-midi et cette soirée ?
Sam et moi sommes arrivés hier à la Maison du Délice vers 13 heures. Nous étions accompagnés de Jean-Jacques. A table, il y avait déjà le Doc, Sapq (qui nous a expliqué le mystère de ses initiales : « Sweet amanite phalloïde queen », mais oui, mais c’est bien sûr ! Comment avons-nous fait pour ne pas y penser ?!!), Tommie, Lilith051 et son copain (Jérôme), et Evadné. Il me semble que je n’oublie personne.

Voilà, nous avons cassé la croûte ensemble. Le temps a filé à vive allure jusqu’au début de la réunion. D’emblée, je l’ai bien sentie ! Alors que le matin encore, dans la voiture, j’avais de gros doutes (ma voix flanchait, je ne me sentais soudain plus très sûre d’avoir envie de m’infliger une telle torture, je suis quand même assez timide).

Nous avons installé les tables. Entre-temps, tout le monde était arrivé. Jean-Jacques a dit quelques mots, j’ai pris le relais. J’ai cité ce que Léo Ferré disait à propos de Thiéfaine et qui me semble extrêmement juste. Yoann et Uther ont chanté « Orphée nonante huit ».

Ensuite, j’ai présenté la vie et l’œuvre de Thiéfaine. En toute modestie, bien sûr. Je ne prétends pas tout savoir sur le sujet, loin s’en faut ! Ma voix se faisait rocailleuse par moments, mais j’ai quand même tenu bon !

Ensuite, JPA a pris la parole et nous a présenté, dans un vaste « exposé », les facettes germaniques de l’œuvre de Thiéfaine : les mots allemands, l’histoire et la littérature allemandes. Quelle maîtrise ! Elle vous fait ça comme une conférence, sans trop regarder ses notes ! Epatant !

Puis, ce fut au tour de Tommie de nous proposer sa réécriture très personnelle et pleine de sensibilité du texte « Syndrome albatros ». Tommie, tu as beau dire que tu ne maîtrises pas bien l’exercice qui consiste à parler en public, je crois que tout le monde s’accorde à penser que tu t’en es sortie avec brio !

Ensuite, Lilith est venue nous présenter « L’étranger dans la glace ». Elle nous a livré sa petite idée sur la question. Ah, Lilith, que tu es touchante ! Tu as toujours une larme prête à jaillir, je te reçois cinq sur cinq ! D’ailleurs, moi aussi, à plusieurs reprises, j’ai eu l’œil humide hier !

Jean-Jacques a ensuite lu à sa façon le texte de « Demain les kids ». Yoann gratouillait en même temps, ce que j’ai trouvé très agréable. Enfin, Jean-Jacques a donné le texte de « Redescente climatisée » à un monsieur de l’association « Rencontres européennes » (Philippe) et il nous l’a lu, à sa façon aussi. Il était intéressant d’entendre ces lectures, faites par des gens qui n’avaient aucune connaissance préalable des textes.

Je ne sais plus entre quelles interventions parlées Yoann et Uther ont chanté. Je sais quand même encore que c’est eux qui ont brillamment fermé le bal. Lorsqu’ils ont fait retentir les premiers accords de « La fille du coupeur de joints », tout le monde s’est déchaîné ! On se serait cru à un concert d’Hubert !!

Voilà. J’ai discuté avec quelques personnes de l’association « Rencontres européennes », et elles se sont montrées très enthousiastes. A côté de moi, une dame prenait des notes. A la fin, elle s’est exclamée « Et soudain j’ai si froid dans ma peau, mais c’est beau, ça ! » Eh oui !! Joël a conclu en disant qu’il comptait bien s’acheter un CD de Thiéfaine. Je crois qu’ils vont être plusieurs à se procurer très rapidement un album, et c’est une belle réussite. En aparté, Joël m’a dit que nous pouvions réitérer cette expérience l’année prochaine. Trois fois oui, mon capitaine !! Jean-Jacques nous a dit que nous pourrions faire connaître Thiéfaine par le biais de telles actions. Comme dirait Evadné, nous allons sans doute entamer très vite une tournée en province !!! Ben oui, après tout, pourquoi ne pas se pelotonner dans de doux rêves bien chauds ?!

Sincèrement, je ne vois pas une fausse note à ces retrouvailles ! La dame qui était assise à côté de moi m’a dit que l’on sentait à quel point nous étions tous passionnés par l’œuvre de Thiéfaine. Dans ce cas, si cela s’est vu, pari réussi !

Après avoir mis le feu à la « Maison du Délice » (on a beau dire, mais « La fille du coupeur de joints », cela a le don de réchauffer les ambiances !!), nous nous sommes retrouvés sur le trottoir, avec comme qui dirait une certaine réticence à nous quitter. Certains devaient partir, mais nous avons été quatorze à filer dans un autre restaurant. A la fin de la soirée, Sam a sorti sa guitare et nous avons chanté quelques petits morceaux !

Après le repas, nous avons été, cette fois, peut-être huit ou neuf à aller boire un dernier verre dans un café. Et voilà. Quand j’ai quitté tout ce petit monde, je ne brillais pas franchement. Pour moi, la magie a été telle que je me suis retrouvée dans la belle ambiance des concerts des derniers mois !

Je vous propose de remettre ça, je ne sais pas quand encore, mais j’y tiens !!!

 

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”Les cinémas sont fermés, c'est la grève des clowns”...

"Embrasser quelqu'un, pas essentiel

Ouvrir un bouquin, pas essentiel

Sourire sincère, pas essentiel

Aller aux concerts, pas essentiel". Grand Corps Malade

 

« En l'an 2000, plus de musique », chantait Ferré. Ajoutant « et pourtant, c'était beau »... En l'an 2020, et peut-être même en l'an 2021, plus de concerts. Pourtant, c'était beau aussi, n'est-ce pas, toutes ces âmes en fusion jetées dans la même fournaise, ces moments de grâce où l'artiste arrivait sur scène, sa seule ombre entraperçue déclenchant un tonnerre d'applaudissements ? Que c'est loin, tout cela ! On a l'impression de l'avoir vécu dans une autre vie, et presque même sur une autre planète. Souvent, on ferme les yeux et on y pense. La chaleur des salles de concert nous remonte soudain comme un paradis perdu. C'était une telle évidence, il y a un an encore, qu'on ne savait pas quelle était notre sublime chance. Dernier concert pour moi : celui de la Grande Sophie à Montigny-lès-Metz, en février 2020. Et puis les lumières se sont rallumées violemment sur un public qui ignorait encore, et heureusement, que quelques semaines plus tard, il serait confiné, le regard vide, ne comprenant pas ce qui lui tombait sur le coin du nez... Pour sortir de chez soi, remplir d'abord soigneusement une attestation. D'aucuns, devant la paperasse, préfèreraient encore se terrer « plutôt que d'avoir à utiliser leurs formulaires d'autorisation de délirer »...

En mars 2020, je devais voir, pour la première fois de ma vie, Charlélie Couture. Je m'en faisais à l'avance une fête. Ce n'était pas la peine de sortir comme ça le grand jeu de l'espérance et de la joie. De fête il n'y eut point. Le concert fut d'abord remis au mois de juin, puis aux calendes grecques. Mauvais signe. Celles-là, on sait très bien ce qu'elles valent. Elles disent, avec un petit air goguenard qui donnerait envie de les cogner : que nenni, que dalle, bernique, saint Glinglin. Je ne sais pas si je verrai un jour Charlélie Couture sur scène, mais je continue à l'espérer. Parce que la vie sans espoir, c'est tout simplement la merde, non ? Je continue également à espérer que cette année 2021 fera jaillir un brasier devant nos yeux ébahis. Le brasier étant, je ne vous le cache pas, un nouvel album d'Hubert. Oh, je n'irai pas jusqu'à exiger une tournée dans la foulée, non. Je saurai être patiente. Rien qu'un « petit » album me contenterait. La tournée, je la verrais bien démarrer tranquillement en 2022. Au printemps, tiens, quand le macadam transpire et invite à toutes sortes de beaux dérapages. Il est permis de rêver. Ne plus rêver, c'est trop triste, c'est s'enterrer vivant dans sa névrose, voire sa nécrose.

Mais revenons à notre sujet : ce matin, je fredonnais La vierge au dodge 51. En chantant « les cinémas sont fermés, c'est la grève des clowns, alors je reste à la fenêtre à regarder passer les camions militaires », je suis tombée en arrêt. Une fois encore, Hubert a tapé dans le mille. Cinémas fermés, grève des clowns, camions militaires, cela ne vous rappellerait pas une certaine ambiance ? Je vous entends vous exclamer : « Mais oui ! Mais c'est bien sûr ! ». On peut parfois se demander où Hubert va chercher ses idées (saugrenues à souhait, ce qui me les rend d'autant plus sympathiques). Réponse : pas ailleurs que dans la réalité. Parfois, simplement, il la devance, cette réalité, on ne sait pas trop comment. Sans doute par ce tour de passe-passe offert régulièrement aux artistes, et qui les rend visionnaires là où nous restons simplement aveugles. Cf. : « En l'an 2000, plus de musique. Et pourtant, c'était beau »...

En écrivant tout cela, je mesure une fois encore le rôle que jouent pour moi les artistes. Ne sont-ils pas ceux qui nous rendent la vie plus douce, ceux qui nous donnent des raisons de continuer à la vivre même quand elle nous fâche horriblement ? Ils sont de ceux qui enchantent le quotidien. Pas envie de te lever le matin ? Écoute un peu de musique, cela te réconciliera avec ton sort. Pas de perspective ? Mais si, mais si, pense donc à ce concert qui va venir bientôt... Bientôt ? Si seulement ! Il paraît que pas très loin de chez nous, un concert a eu lieu avec masques et tutti quanti, respect des gestes barrières en veux-tu en voilà, et qu'aucune contamination n'est à déplorer à ce jour. Alors, on en conclut quoi ? Que la culture sous toutes ses formes ou presque doit rester reléguée au rayon des non-essentiels ? Je suis désolée, je vais peut-être vous choquer, mais pour moi la culture, c'est ESSENTIEL. Les artistes sont essentiels dans ma vie, mais pas seulement. Ils le sont dans la société entière. Pour jeter des pavés dans la mare, pour donner des coups de poing aux consciences que le sommeil menace, pour que la médiocratie-médiacrité ne gangrène pas tout le système jusque dans les moindres interstices. Ferré (encore lui) chantait « poètes, vos papiers ! », j'ai envie de dire aujourd'hui : « poètes, à vos papiers, à vos pupitres ! ». Allez Hubert, sors-nous-le, cet album qui aura une ambiance de fin du monde et qui nous rappellera étrangement quelque chose... Mais quoi donc ?

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Thiéfaine aux Moissons rock de Juvigny : retour sur le concert d'hier soir

"Dans les entrelacs d'une vie, il y a des rencontres qui rejaillissent de manière surprenante". Simonetta GREGGIO

 

Samedi 28 mai 2022, moissons rock de Juvigny. À l'entrée du site, un panneau indique où se trouve le parking. Juste à côté, un autre signale « traversée d'animaux sauvages ». Cette juxtaposition (tout à fait thiéfainienne, à bien y réfléchir) me fait sourire. Il n'y aura pas d'animaux sauvages ici ce soir, si l'on excepte les fous furieux qui, comme moi, sont venus uniquement pour les beaux yeux d'Hubert ! Enfin, s'il n'y avait que ses yeux... Bien sûr qu'on vient pour tout le reste. Inutile, me semble-t-il, de préciser en quoi consiste ce « tout le reste » ! Bien sûr qu'on vient également pour les musiciens et cette façon qu'ils ont de remuer en nous les claviers intimes et les cordes sensibles.

Bien sûr que je viens parce que cette première date de festival me titille depuis quelque temps. Je ne suis pas à une folie près, alors celle-là ou pas, qu'est-ce que ça changerait, fondamentalement ? Depuis que ma région s'est fondue dans l'immense masse du Grand Est, je n'ai plus aucun scrupule à élargir le rayon des possibles ! La Marne, c'est le Grand Est, alors je ne vois pas où est le problème !

J'arrive sur le site vers 19 heures. Juste le temps de manger un petit truc. Ensuite, je rejoindrai la foule qui s'est déjà agglutinée près de la barrière de la grande scène. J'envoie un message à Philippe, je sais qu'il est là ce soir. Philippe, je l'ai rencontré il y a quelques années à Paris. J'avais été impressionnée par son « tableau de fan » : plus de 150 concerts au compteur. Il suit HFT depuis 1978. C'te veine d'être né encore plus tôt que moi ! Respect, mon camarade !

En guise de réponse à mon SMS, Philippe lance un « Catherine ! » fermement décidé à me faire réagir. Je fonce vers lui. Et m'installe, du même coup, parmi les acharnés qui font le pied de grue ici depuis l'ouverture des portes. Qui ont assisté sans grande conviction au concert précédent, rien que pour être sûrs d'être bien placés pour celui d'Hubert. Quand tu aimes cet artiste, il ne faut pas être du genre à en avoir vite ta claque de faire la queue !

Me voilà donc arrivée tout devant sans avoir fait le moindre effort pour parvenir à cette place de choix. Jusqu'où l'injustice ira-t-elle se loger en ce bas monde, je vous le demande !

J'adore les prémices de concert. Ces moments où tout n'est que frémissement et attente. Plus que tout, j'aime m'imprégner de l'ambiance qui règne autour. Prendre la température, l'air de rien. Je viens de faire la connaissance de Caroline, et je me demande comment nous avons fait pour nous louper pendant tant d'années alors que nous suivons Hubert avec la même frénésie ! À ma droite, une jeune fille au visage exempt de rides. Elle doit avoir l'âge que j'avais quand j'ai fait mon premier concert de Thiéfaine. 22 ans, je dirais. Elle est furax contre elle-même car elle est arrivée trop tard et n'a pas pu atteindre son objectif : la barrière pour être au plus près de la fournaise et aussi, pragmatisme oblige, pour avoir un appui tout au long de la soirée. Elle me fait rire. Elle râle parce que ça fume dans tous les coins, et pas que des Royal Menthol. Ah ben oui, ça... Le public d'HFT n'est pas vraiment constitué de communiants proprets. La sainteté, connaissent pas, ne voient pas ce que c'est, ne pratiquent pas non plus. Ce n'est pas dans les cathédrales qu'ils vont racoler leurs amours ! Ce public, je l'ai découvert en 1995 aux côtés de ma mère qui en fut légèrement effarouchée. Il m'a d'emblée séduite parce qu'il a quelque chose que les autres n'ont pas. Et, surtout, la capacité de mélanger des individualités a priori irréconciliables !

20 heures. Que la fête commence ! Nous n'aurons pas La ruelle des morts pour démarrer, mais Animal en quarantaine. Au total quatorze titres. Version écourtée d'une setlist vraiment splendide. Il n'y avait rien à jeter là-dedans, mais il a quand même fallu s'y résoudre pour les festivals. Ce qui reste : Juste une valse noire (après Animal en quarantaine), Lorelei, Je t'en remets au vent, Pulque mezcal y tequila, Elle danse, Demain les kids, Les dingues et les paumés (toujours avec ses orchestrations magistrales), La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen, La fin du roman, Petit matin, Page noire, La queue et, évidemment, La fille du coupeur de joints.

Je sais, une heure et quart et quatorze titres, ce n'est pas bézef, mais c'est toujours mieux que rien. Cela permettra de patienter avant la reprise des concerts de deux heures (vous avez vu que des dates s'étaient ajoutées ? La région Grand Est étant ce qu'elle est, je pense pousser jusqu'à Meisenthal en novembre ; d'ailleurs, c'est mon département, c'est juste à l'autre bout, mais pas grave). Et puis viendra la tournée Replugged, le rock chevillé aux entournures pour notre plus grand bonheur.

Fin du concert. Je me retourne vers la foule qui déjà se disloque. Et là, qui vois-je ? Un couple rencontré à Bar-le-Duc, avec qui j'avais sympathisé et qui m'avait fortement encouragée à faire le déplacement jusqu'à Juvigny ! Je suis heureuse de revoir ces deux êtres lumineux. Ils dégagent un truc à part. Peut-être parce qu'ils possèdent cette indéfinissable aura des gens heureux. On les sent bien ensemble. Et ouverts aux autres. Comme à Bar-le-Duc, ils me font parler de ma passion pour HFT (je suis cet animal sauvage qui risque de traverser la chaussée à tout moment sans prévenir !). Je leur explique que par précaution, avant de partir aujourd'hui, j'ai pris de quoi dormir à l'hôtel en cas de grosse fatigue. Elle me répond que c'est beau de faire tout ça pour un artiste. Je ne sais pas si c'est beau ou si c'est plus fou que beau. Toujours est-il que c'est ma vie. « Je n'y peux rien, c'est elle qui m'a choisie », comme dans la chanson d'Adamo (je n'écoute pas qu'HFT !!!). La folie comme seul salut possible ?! J'y crois et, du coup, ne suis pas près d'y renoncer !!!

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La Grande Sophie était à l'espace Marc Sangnier hier soir...

"J'écris. Je n'ai jamais connu d'autre habitation que la phrase à venir". Christian BOBIN

 

Il semblerait qu'en matière de chanson française, ma préférence aille aux porteurs de trois initiales : côté hommes, HFT. Côte femmes, LGS. Je veux dire la Grande Sophie, dont il a déjà été question ici. J'ai découvert cette chanteuse grâce à Hubert. Toujours lui ! Il faut qu'il soit sans arrêt dans les parages, c'est mon destin !

Petit retour en arrière : en 2002, je me procure l'album Les fils du coupeur de joints, sur lequel différents artistes rendent hommage à Thiéfaine. Je n'aime pas tout sur ce disque, loin de là. Je dois bien l'admettre : il m'est difficile de détacher les chansons d'Hubert de leur premier interprète, à qui elles vont si bien. Rien à dire : la voix est faite pour embrasser comme il se doit les accents mélancoliques ou grinçants des textes. La musique fond là-dessus comme une coulée de lave destinée à solidifier le tout. C'est beau, efficace, sans accrocs. Bref... Vous savez tout cela.

Sur l'album, quand même, un style retient mon attention : celui d'une femme qui chante Animal en quarantaine, à sa façon, avec un peu de légèreté. Cela s'éloigne beaucoup de l'œuvre originale, mais ce côté frais m'est d'emblée sympathique. Je me renseigne et tombe dans la marmite. La Grande Sophie est faite pour moi. Elle est jeune encore, mais elle parle déjà du temps qui passe. Ça, c'est vraiment un truc qui lui reste en travers, comme un mauvais bouillon. Sabliers, horloges, minuteurs, éphémérides : tout ce qui lui rappelle que le soir même il lui restera un jour de moins à vivre, ça la débecte. Alors elle chante sa révolte, toujours avec une énergie débordante. Elle dit l'enfance envolée, la première ride qui vient l'entailler, et pas seulement. Je découvre alors tout un univers qui me sied, tantôt rock, tantôt plus doux, et toujours juste. En 2009, l'album Des vagues et des ruisseaux me flanque un uppercut. Il accompagne alors un deuil qui vient de signer pour moi la fin de l'insouciance, la balafre en travers de la route. J'écoute des milliers de fois Quelqu'un d'autre et je pleure, en suppliant qu'une formule magique existe réellement qui pourrait me transbahuter dans la peau de la voisine qui n'est pas endeuillée, elle. La valse des adieux devient ma valse, celle que je danse en secret, tous les soirs dans le salon, avec ma mère en allée. Cet album fait partie de ceux que j'ai le plus écoutés dans ma vie.

Je décide de suivre la Grande Sophie à la trace, un peu comme je le fais avec Hubert. À chaque nouvel album, je suis déroutée. Jamais LGS ne s'installe dans la facilité pantouflarde d'un refrain éternellement répété sur d'autres modes, d'autres rythmes. Non, chaque nouvel opus est un virage, et il faut accepter de se laisser surprendre pour pouvoir le prendre avec elle. Se joue alors une mise en danger quasi permanente, qui entraîne dans sa suite et la chanteuse et son public. Mais j'en suis, à chaque fois. Parce qu'il y a là une manière qui n'a pas sa pareille dans la chanson féminine française. Parce que les arrangements sont à tomber, et que les textes donnent à réfléchir. Parce que la voix est pure et que la Grande Sophie l'étire parfois sauvagement, d'une façon à laquelle rien ne préparait l'auditeur deux secondes plus tôt. Ça claque, quoi !

Le dernier album, dont j'ai parlé ici, est lui aussi de taille à surprendre. Il est empreint d'une certaine gravité. Les textes, surtout. Il y est question du temps qui passe et qui froisse. Mais pas seulement. La Grande Sophie nous parle également, ici, de son lien avec le public (enfin, si j'ai bien compris la chanson Sur la pointe des pieds), de la force des mots et d'un amour qui a traversé plusieurs décennies (Nous étions). Le tout est parsemé d'audaces en tous genres : vocalises surprenantes, pleinement maîtrisées, rythmes hésitant entre rap et opéra, un morceau instrumental auquel répond dans la foulée le dépouillement identique d'une chanson interprétée a cappella : Sur la pointe des pieds, justement. C'est ce titre qui ouvre les concerts de la tournée actuelle. J'ai eu la chance d'assister à celui de Montigny-lès-Metz, hier soir, à l'espace culturel Marc Sangnier. Audace encore que de se présenter sur la pointe des pieds, dans une sobriété extrême, face au public. Suit la chanson Hanoï, très douce elle aussi. Mais qu'on ne se méprenne pas : la tranquillité, très peu pour la Grande Sophie, qui aime que ça bouge autour d'elle et en elle. La troisième chanson, Tu ne me reconnais pas, tirée du dernier album, vient appuyer sur un autre bouton, sur lequel il est sans doute écrit quelque chose comme « plus fort, plus haut, plus remuant ».

À plusieurs reprises, LGS enjoint le public de crier, de danser, de s'exprimer d'une manière ou d'une autre. En même temps qu'elle ou après. À l'arrière-plan, un écran sur lequel défilent différentes images. On y voit des visages, des profils, des paysages, des enfances... Tous les sens se régalent. La Grande Sophie navigue au milieu de tout cela, passant d'un point de la scène à un autre, d'une guitare à une autre, d'un registre à un autre. Au début, je crois entrevoir une lueur de crainte dans ses yeux. Elle semble scruter les étrangers qui sont devant elle et avec qui elle va passer la soirée. Elle semble se demander comment les choses vont se danser ce soir. Elle voudrait que toute la salle ondule, elle nous voit d'abord raides comme des piquets et prend peur : et si ce retour au pays, comme elle dit (elle est née à Thionville), n'était qu'un vaste flop ? Mais non, mais non, nous sommes là, nous répondons à l'appel et aux douces injonctions de la chanteuse. « Criez à me faire tomber par terre », dit-elle à un moment. Allez, pourquoi pas ? Les plus téméraires se lancent. Le public lorrain est, somme toute, de bonne composition. Toujours un peu en retrait dans les premiers temps, certes, mais capable de s'embraser si l'on s'y prend bien pour réchauffer son apparente frilosité. Et ça, justement, la Grande Sophie sait faire. Présente à cent pour cent à ce qu'elle fait, elle se donne, sans relâche. Elle a ce talent incroyable de pouvoir se concentrer tout entière sur l'instant qui ne reviendra pas, et cela emplit notre présent à nous. Cela lui vient peut-être de sa conscience aiguë de la finitude de toutes choses. Elle souhaite, semble-t-il, que chaque concert de cette tournée soit à marquer d'une pierre blanche, se détache singulièrement de tous les autres. Pour ce faire, elle a plusieurs techniques, dont celle-ci : elle écrit un poème sur chaque ville où elle se produit et elle le lit sur scène le soir. Celui d'hier était vraiment beau. Je n'en ai plus les termes exacts en tête, mais il parlait, entre autres, de ce fameux retour au pays qui chamboule...

Ce concert, c'était un beau séisme, franchement, avec une échelle de Richter oscillant entre affolement et vertige. Les points encore plus forts que tous les autres à mes yeux ? Quelqu'un d'autre, chanté sur un mode plus doux que sur l'album. Même mention pour Du courage et Quand le mois d'avril. Admiration totale quand la voix de la Grande Sophie s'envole sur les sommets où l'on croise la pureté des neiges éternelles. Voilà qui relève du tour de force puisqu'elle, elle vient plutôt d'un pays où chantent des cigales. Magie de l'art : transporter si haut que redescendre blesse toujours un peu... Hier, la Grande Sophie nous disait, en déployant son ample tenue de scène : « Vous avez vu, j'ai mis des ailes ». Surtout : elle nous en a donné !

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Higelin and co...

La pensée du jour : "Ecrire pour les enfants des histoires de chasse racontées par le lièvre". Jules RENARD

 

Ce matin, un de mes collègues évoquait mon blog et je me suis soudain sentie 33 fois coupable de le laisser ainsi en friche et livré au vent mauvais... Déjà, il faut dire que l'inspiration ou je ne sais quel autre démon, ou quel état de grâce, ne vient pas me chatouiller l'esprit tous les jours non plus, loin de là. Ensuite, l'actualité liée à Hubert se réduisant depuis quelques mois à une morne plaine, difficile de trouver des idées de billets... Envolées, déjà, les belles résolutions de janvier, et 2014 ne me verra guère plus prolifique qu'en 2013, à mon grand dam. Le remède ? Il n'y en a qu'un : un nouvel album de Thiéfaine ! C'est donc simple comme bonjour ! Sauf que nul ne sait réellement si l'album tant attendu verra le jour. C'est donc finalement très compliqué.

Evidemment, j'aurais pu aussi vous pondre une petite note sur le concert d'Higelin (28 février à Saint-Avold). Sauf que là aussi, il y a du compliqué dans l'air. Ce concert m'a méchamment laissée sur ma faim, et le recul ne change rien à l'impression de raté qui m'avait déjà étreinte ce soir-là. Pas toujours commode ni facile à suivre, le père Jacques. Je l'ai trouvé peu affable avec le public et avec les musiciens, j'ai même cru ressentir comme un malaise sur la scène. Dommage parce que j'ai tout de même jubilé en écoutant ce si beau refrain :

 

« Vois comme les étoiles
Sont indifférentes au chagrin
Au bien au mal
A la lumière du matin
Dès que nous aurons franchi
Le seuil de notre vie
Que restera-t-il de nos peines de cœur
De nos douleurs passagères
Aujourd'hui tu pleures
La fin d'un amour
Demain ou dans une heure
Ce sera mon tour
D'avoir mal »

 

ou encore « Rendez-vous en gare d'Angoulême », « Tu m'as manqué », « La joie de vivre » et tant d'autres petits bijoux succulents dont le grand Jacques a le secret. Dommage encore parce que j'ai appris avec joie que ce monsieur au cœur à la fois rude et tendre, aigre-doux, sucré-salé, avait noirci une quantité phénoménale de pages qu'il me tarde de découvrir (tout comme les fonds de tiroir de l'ami Hubert). Dommage vraiment parce que j'ai comme l'impression d'un échec, d'un truc inachevé avec cet artiste que d'autres ont pu voir bien souvent sous un meilleur jour. Ma décision est presque prise : Higelin, désormais, je le siroterai tranquille, dans mon salon ou dans ma voiture, mais je pense que je vais me résoudre à ne plus jamais aller le voir en concert... Trop douloureux de me sentir malmenée par ses accès de mauvaise humeur, moi qui me suis accrochée tant de fois à ses magnifiques discours sur l'amour, à son optimisme, à sa joie de vivre !

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