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Des pâmoisons qui tombent en pluie : après Thionville, Neuves-Maisons !

"Par parti pris je ne crois en rien; par expérience en moins que rien". Pierre AUTIN-GRENIER

 

Alignement des planètes, conjoncture favorable, tarots bienveillants : ça continue, que c'en est même affolant. Dans ces cas-là, je me demande toujours quelle entourloupe la vie me prépare. C'est l'expérience qui parle, sans doute. Mais non, pour une fois, tentons de nous abonner (essai gratuit) à l'optimisme et remâchons bien fort les mots de Romain Gary : « Il paraît qu'il ne faut pas avoir peur du bonheur. C'est seulement un bon moment à passer ». Oui, enfin, c'est le même Romain Gary qui écrivait aussi : « Comme quoi parfois tout finit bien. Je le dis vite en passant, car lorsque les choses s'arrangent, j'en ai de l'angoisse, je me demande toujours ce que l'avenir a en tête ».

Bref... « Couchée, mon âme ! ». Et toi, mon esprit tortueux, lass mich in Ruhe ! Plutôt que de me demander ce que l'avenir a en tête, je voudrais me poser ce matin pour me demander ce que le bel hier avait dans les tripes !

Revivons donc le concert de Neuves-Maisons, et l'avant, et l'après. Parce que tout cela vaut son pesant d'or aussi. Et me voilà confrontée à la question que secrètement, avant ce week-end, j'espérais pouvoir me poser sans être capable d'y répondre : « Alors, le meilleur concert, c'était Thionville ou Neuves-Maisons ? ». Ben voilà, je ne sais pas ! Les deux, mon camarade ! Et attendez, ce n'est pas tout : hier matin, j'avais déjà un pied dans la tombe de la nostalgie, je me disais « ça y est, ce soir, tout sera fini ». J'ai refusé cette fatalité. Et je me suis pris un billet pour Sausheim. Une folie de plus ? Oui, sans doute, mais pas de quoi en faire tout un plat non plus : ce n'est rien qu'à deux heures et demie de route de la maison, et c'est à 18 heures. Je serai rentrée vers 22 heures, comme une fifille bien sage. Une petite pilule pour dormir et au lit ! Interdiction de me demander lequel des trois concerts avait le plus d'allure et pourquoi. On se posera la question demain. En pleine redescente, la larme à l'œil !

Neuves-Maisons, donc. Forte de ce que j'y avais vécu en février pour le concert de Birkin, je me suis dit qu'il fallait arriver bien plus tôt hier. Pour Jane, j'avais trouvé une place de parking in extremis et j'avais dû courir comme une dératée jusqu'à la salle pour ne pas louper le début. Pas question de vivre ça avec Hubert. Jamais je ne suis arrivée en retard à un seul de ses concerts. C'est le genre de truc que je ne peux concevoir. Donc, à 19 heures, je me garais devant la salle. À côté de ma voiture, un autre fan de Thiéfaine, que je connais bien. On peut appeler ça un splendide hasard, comme dans la chanson de Michel Berger. Nous voilà papotant dans la belle lumière de mai. Je mange vite fait mon sandwich et nous nous dirigeons vers la salle. Et là, qui vois-je débarquer ? Un autre fan, que je n'avais pas revu depuis des années. Celui-là même qui, en 1998, m'avait proposé de m'emmener voir Thiéfaine à Bercy avec lui. Et moi, grande gourdasse impardonnable, j'avais dit non. Parce que le concert avait lieu un vendredi soir et que je travaillais le samedi matin ! J'avais peur. Je crois rêver. Je suis plus déraisonnable à 48 ans que quand j'en avais 25, si c'est pas misère (je pique ce « si c'est pas misère » au groupe Machin). Ce rendez-vous manqué, c'est un des drames de ma vie. Carrément ! Quand je pense à tout ce que j'ai pu faire par la suite pour aller voir Hubert, quand je pense aux montagnes que j'ai abattues pour lui, le faisant passer avant tout le monde ou presque ! Même, une fois, avant un amoureux qui m'en tint rigueur de longues semaines durant. Les circonstances ? Je revenais d'un séjour de neuf jours en Allemagne et Hubert chantait à Amnéville le soir de mon retour. Rentrée de Germanie, j'avais posé ma valise en catastrophe dans l'appartement et j'étais repartie illico. Ben ouais, mec, si tu choisis de vivre avec moi, il faut également accepter d'héberger ma passion pour HFT. Sinon tu t'exposes à de régulières déconvenues qui te feront dire « mais merde, on dirait bien que je suis moins aimé qu'Hubert ». Hé hé, qui sait ?!

Avec l'ami retrouvé, nous évoquons le passé. Nous nous donnons des nouvelles mutuelles. Ce faisant, l'heure approche. La tant attendue et la tant redoutée. Tant attendue parce qu'elle signe le début d'une extase. Tant redoutée parce qu'elle s'en va déjà vers la fin de la même extase. Je suis née avec la nostalgie chevillée au corps. Une erreur de programmation dans le computer. Dommage.

Juste avant le concert, je vois encore le Doc et 655321 (c'est le pseudo qu'il utilise quand il intervient sur mon blog, mais il a quand même un vrai prénom et un vrai nom, ne vous en faites pas). Je leur explique que j'ai dégoté un billet pour Sausheim. Et le Doc de me regarder, amusé, et de s'exclamer : « C'est vrai que tu es une furieuse du Bébert ». Oui, je crois qu'on peut le dire, j'avoue ma très grande faute qui dure depuis trente ans.

Allez, on se quitte. Pour ce qui est de la très grande faute qui dure depuis trente ans, on passera au confessionnal plus tard, quand on aura le temps !

L'extase va commencer. Je suis bien installée, au bout d'une rangée, côté marches. Ça me va. Parce que je suis légèrement claustro. Et parce que je déteste ne pas pouvoir bondir vers la scène quand retentissent les premières notes de La fille du coupeur de joints. C'est le seul truc qui m'a embêtée à Thionville : j'étais coincée entre deux personnes !

À Neuves-Maisons, j'ai trois voisines. Elles ne débarqueront qu'en plein milieu de La ruelle des morts. Je suis un peu vénère au moment où il faut que je me lève pour les laisser passer. Mais je leur pardonne vite : ce sont des furieuses, comme moi. Peut-être même plus ! Si, je vous jure ! Il y en a une qui pousse des cris à tout bout de champ. Le monsieur derrière moi finit par dire à son voisin : « C'est de l'amour ». Je crois bien. Un amour qui met dans de ces états, je vous raconte pas. Pour résumer, je dirais « pâmoison ». Ce n'est pas moi qui vais me moquer, je suis victime de la même ivresse, alors camembert ! Je suis simplement moins expansive, mais le cœur y est de la même manière !

La salle est chaude comme la braise. Difficile de dire si l'ambiance est encore plus pharamineuse que la veille. Disons que comme la salle est plus petite, les pâmoisons sont plus concentrées. Donc plus palpables.

Hubert le ressent puisqu'il nous dit que nous sommes super. Je crois même qu'il ajoute (il faudrait que quelqu'un me le confirme) qu'il va rêver de nous. Ma voisine me regarde et me lance : « Oh, il est chou ». Ce n'est pas le premier qualificatif qui me viendrait si on me demandait de définir Hubert, mais soit, pourquoi pas ? Il est chou, mettons ! Comme je ne suis pas certaine d'avoir compris ce qu'il a dit, je demande à cette même voisine : « Il a dit qu'il allait rêver de nous, c'est ça ? ». Elle a plutôt entendu « je suis bien avec vous ». Mais si Hubert a l'intention de rêver d'elle, me dit-elle, elle n'en serait pas mécontente. « On ne sait jamais, sur un malentendu », ajoute-t-elle, malicieuse !

Les morceaux s'enchaînent. Trop vite, trop vite. On arrive à Page noire et je n'ai rien vu passer. Page noire, c'est le moment critique. Hubert va saluer et ce sera presque fini. Mais bon sang, dans quelle brèche spatio-temporelle venons-nous de tomber ? Nous avons tous oublié, je crois, où nous étions, qui nous étions, et à quelle époque ! C'est vrai, ça, elles se mélangent toutes délicieusement : celle de la rue Mouffetard, celle des enregistrements à New York, celle des confinements en série. Et voilà qu'il est déjà l'heure de La queue. Alors là, on a frôlé la catastrophe : dans les premiers rangs du public, quelqu'un a osé dégainer un flash. Là, Hubert se fâche copieusement. « Arrête avec ton truc, je me le prends en pleine gueule », lâche-t-il. Deux secondes plus tard, c'est la chanson qu'il menace de lâcher. Il se contente d'en escamoter quelques strophes. « Faut pas gonfler Félix-Hubert quand il pousse la chansonnette », voilà ce qui me vient en écrivant ce matin. Façon Gérard Lambert sorti de ses gonds. Un peu plus et Hubert se barrait comme ça, sans autre forme de procès. Aïe, aïe, aïe... Vous voyez : un rien peut mettre le bonheur en péril. C'est pour ça que je m'en méfie. On ne sait jamais ce que ce saligaud cache dans sa besace.

Allez, pas grave : Hubert reprend le truc. Un peu en colère. Ça lui passera pendant La fille du coupeur de joints. 655321, qui est assis pas très loin de moi, me chope au passage. Allez, je descends de la montagne, moi aussi, je laisse mes voisines à leur pâmoison collective et je vais vivre la mienne un peu plus loin.

Voilà, c'est fini. Les lumières se rallument, la brèche spatio-temporelle nous recrache. Nous, c'est la réalité qu'on se prend en pleine gueule en cet instant cruel. Il faudra bien négocier la redescente. Ah ben non, c'est vrai, ce n'est pas pour tout de suite : il y a encore Sausheim !

À la fin du concert, je vais traîner du côté du merchandising. Très mauvaise idée qui va encore porter un coup fatal à mes finances. Je prends un tee-shirt (que je ne mettrai que deux fois dans ma vie) et une affiche (que je vais encadrer et accrocher dans mon salon). Je tends ma carte bleue au vendeur et je lui dis en riant : « Avec tout le fric que j'ai dépensé pour Hubert, je pense qu'il a pu se payer une voiture ». Et pas une sans permis, s'il vous plaît ! Mais c'est quoi, ces considérations tordues ? On s'en fout pas mal. La voiture, je m'en cogne. Ce qui compte, c'est quand même qu'Hubert m'ait aidée à traverser l'existence et que ses chansons aient accompagné celle-ci jusque dans ses moindres recoins, lui faisant une bande-son qui ne s'éteindra qu'avec moi. Oh yeah, je deviens lyrique !

Un peu plus tard, les musiciens se pointent. Grâce à Sam (un autre furieux du Bébert), qui n'a peur de rien ni de personne, une discussion s'engage avec Jean-François Assy et Frédéric Gastard. En voilà deux qui, en plus d'être incroyablement talentueux, sont incroyablement gentils. Vraiment choux, pour reprendre le terme de ma voisine. Nous sommes trois (Sam, 655321 et moi) à leur faire des compliments à gogo. Il faut dire qu'ils le méritent. Il faut dire que sur cette tournée, musique et textes s'emboîtent divinement. Là aussi, planètes parfaitement alignées, tarots bienveillants, épousailles rondement menées : c'est avec une grâce infinie que l'alchimie opère dans son petit laboratoire. Ça ne fait que des heureux, c'est vraiment la classe. À chaque fois, c'est la même joie qui s'exprime dans toutes les bouches. D'ailleurs, vendredi, j'ai emmené une de mes amies à son premier concert d'Hubert et on peut dire qu'elle en est ressortie éblouie.

Des pâmoisons qui tombent en pluie, vous dis-je ! Le bonheur servi sur un majestueux plateau d'argent. La facture sera salée, c'est sûr, les dieux n'accordent du répit à l'humanité que pour mieux frapper ensuite, j'en suis convaincue. Mais pour le moment, foin de ces considérations pessimistes : Sausheim, nous voilà !

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Voilà, c'est fini...

La pensée du jour : "C'est une chose étrange à la fin que le monde

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit", Louis ARAGON.

 

Bon, allez, malgré la fatigue, je me lance !
Alors, par où commencer pour raconter cet après-midi et cette soirée ?
Sam et moi sommes arrivés hier à la Maison du Délice vers 13 heures. Nous étions accompagnés de Jean-Jacques. A table, il y avait déjà le Doc, Sapq (qui nous a expliqué le mystère de ses initiales : « Sweet amanite phalloïde queen », mais oui, mais c’est bien sûr ! Comment avons-nous fait pour ne pas y penser ?!!), Tommie, Lilith051 et son copain (Jérôme), et Evadné. Il me semble que je n’oublie personne.

Voilà, nous avons cassé la croûte ensemble. Le temps a filé à vive allure jusqu’au début de la réunion. D’emblée, je l’ai bien sentie ! Alors que le matin encore, dans la voiture, j’avais de gros doutes (ma voix flanchait, je ne me sentais soudain plus très sûre d’avoir envie de m’infliger une telle torture, je suis quand même assez timide).

Nous avons installé les tables. Entre-temps, tout le monde était arrivé. Jean-Jacques a dit quelques mots, j’ai pris le relais. J’ai cité ce que Léo Ferré disait à propos de Thiéfaine et qui me semble extrêmement juste. Yoann et Uther ont chanté « Orphée nonante huit ».

Ensuite, j’ai présenté la vie et l’œuvre de Thiéfaine. En toute modestie, bien sûr. Je ne prétends pas tout savoir sur le sujet, loin s’en faut ! Ma voix se faisait rocailleuse par moments, mais j’ai quand même tenu bon !

Ensuite, JPA a pris la parole et nous a présenté, dans un vaste « exposé », les facettes germaniques de l’œuvre de Thiéfaine : les mots allemands, l’histoire et la littérature allemandes. Quelle maîtrise ! Elle vous fait ça comme une conférence, sans trop regarder ses notes ! Epatant !

Puis, ce fut au tour de Tommie de nous proposer sa réécriture très personnelle et pleine de sensibilité du texte « Syndrome albatros ». Tommie, tu as beau dire que tu ne maîtrises pas bien l’exercice qui consiste à parler en public, je crois que tout le monde s’accorde à penser que tu t’en es sortie avec brio !

Ensuite, Lilith est venue nous présenter « L’étranger dans la glace ». Elle nous a livré sa petite idée sur la question. Ah, Lilith, que tu es touchante ! Tu as toujours une larme prête à jaillir, je te reçois cinq sur cinq ! D’ailleurs, moi aussi, à plusieurs reprises, j’ai eu l’œil humide hier !

Jean-Jacques a ensuite lu à sa façon le texte de « Demain les kids ». Yoann gratouillait en même temps, ce que j’ai trouvé très agréable. Enfin, Jean-Jacques a donné le texte de « Redescente climatisée » à un monsieur de l’association « Rencontres européennes » (Philippe) et il nous l’a lu, à sa façon aussi. Il était intéressant d’entendre ces lectures, faites par des gens qui n’avaient aucune connaissance préalable des textes.

Je ne sais plus entre quelles interventions parlées Yoann et Uther ont chanté. Je sais quand même encore que c’est eux qui ont brillamment fermé le bal. Lorsqu’ils ont fait retentir les premiers accords de « La fille du coupeur de joints », tout le monde s’est déchaîné ! On se serait cru à un concert d’Hubert !!

Voilà. J’ai discuté avec quelques personnes de l’association « Rencontres européennes », et elles se sont montrées très enthousiastes. A côté de moi, une dame prenait des notes. A la fin, elle s’est exclamée « Et soudain j’ai si froid dans ma peau, mais c’est beau, ça ! » Eh oui !! Joël a conclu en disant qu’il comptait bien s’acheter un CD de Thiéfaine. Je crois qu’ils vont être plusieurs à se procurer très rapidement un album, et c’est une belle réussite. En aparté, Joël m’a dit que nous pouvions réitérer cette expérience l’année prochaine. Trois fois oui, mon capitaine !! Jean-Jacques nous a dit que nous pourrions faire connaître Thiéfaine par le biais de telles actions. Comme dirait Evadné, nous allons sans doute entamer très vite une tournée en province !!! Ben oui, après tout, pourquoi ne pas se pelotonner dans de doux rêves bien chauds ?!

Sincèrement, je ne vois pas une fausse note à ces retrouvailles ! La dame qui était assise à côté de moi m’a dit que l’on sentait à quel point nous étions tous passionnés par l’œuvre de Thiéfaine. Dans ce cas, si cela s’est vu, pari réussi !

Après avoir mis le feu à la « Maison du Délice » (on a beau dire, mais « La fille du coupeur de joints », cela a le don de réchauffer les ambiances !!), nous nous sommes retrouvés sur le trottoir, avec comme qui dirait une certaine réticence à nous quitter. Certains devaient partir, mais nous avons été quatorze à filer dans un autre restaurant. A la fin de la soirée, Sam a sorti sa guitare et nous avons chanté quelques petits morceaux !

Après le repas, nous avons été, cette fois, peut-être huit ou neuf à aller boire un dernier verre dans un café. Et voilà. Quand j’ai quitté tout ce petit monde, je ne brillais pas franchement. Pour moi, la magie a été telle que je me suis retrouvée dans la belle ambiance des concerts des derniers mois !

Je vous propose de remettre ça, je ne sais pas quand encore, mais j’y tiens !!!

 

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Le Chienchien à pluplumes

Oui, je reviens du festival du Chien à plumes !!!

Hier soir, j’étais tranquillement installée dans le canapé du salon, quand soudain, « semblant crever le ciel et venant de nulle part » (ah non, je m’emmêle les pinceaux !), quand soudain, ma moitié me dit : « Tu sais que si tu veux aller au Chien à plumes, c'est encore jouable ? ». Mais c’est qu’il ne faut pas me lancer sur ce terrain-là, moi ! En deux temps trois mouvements, j’étais dans la voiture !!  Avant que je ne me mette en route, ma moitié avait demandé au Doc de me prendre sous son aile (d’albatros) tout au long de la soirée. Chose qu’il a faite avec brio, merci au passage !

Ce soir (non, hier soir), dommage, l’ambiance n’était pas à la courtoisie. Je pesterai toujours (bien souvent en silence) contre les gros cons (révérence parler) qui vous passent devant aux caisses ou ailleurs. Hier, c’est une grosse conne (re-révérence parler) qui m’est passée devant à la billetterie. Genre de truc qui a le don de m’énerver, mais passons.

Le concert est sur le point de commencer, nous allons nous installer devant. Génial, je vais être aux premières loges. Je me dis que ça va remuer un peu, mais que cela devrait aller. Après tout, aux Eurockéennes, j’étais tout devant aussi, un type m’a vomi sur les jambes à la sortie, plus rien ne m’effraie ! C’est ce que je croyais ! Hier, le Chien à plumes avait bouffé de la vache folle ! Je me suis retrouvée au beau milieu d’une bande de joyeux allumés qui bousculaient tout le monde autour d’eux. Cauchemardesque ! Il y a des limites. Je sais, c’était un festival, ce n’était pas l’Arsenal de Metz. Mais enfin, quand même, on peut essayer de se tenir convenablement malgré tout, non ? ! J’ai vite filé de cet endroit qui m’avait semblé idyllique au départ. Je suis allée m’installer à côté d’un type qui m’avait l’air bien tranquille ! Mais, là encore, très vite, une autre bande de dingues s’est mise à faire joujou dans tous les sens ! J’ai fini par me mettre carrément en retrait. Et j’ai enfin pu apprécier le concert ! Le père Hubert semblait en forme, mais j’ai vu mieux. Sur Lorelei et quelques autres titres, sa langue a dérapé dans sa bouche de chacal !! Je crois qu’il y a eu un truc du style : « Ton corps a dérapé sur mon cœur de chacal », quelqu’un pourrait-il confirmer ou infirmer mes propos?  J’ai soudain un doute. Bref, rien de bien méchant. Thiéfaine a dit qu’à la place d’un Chien à plumes, il aurait préféré des chiennes à poil(s) ! C’est un peu gros rouge qui tache, mais tellement drôle !!

Très drôle aussi : le temps. Il a plu avant et après le concert, mais pas du tout pendant. Alors ça, chapeau, c’est de la météo qui sait se tenir ! Enfin, il faisait quand même bien froid. Ce n’est pas à Langres qu’il fait toujours -40 degrés quand, partout ailleurs, il en fait 35 ?!!! Tiens, pour une fois, c’est bien fait : je ne vois pas pourquoi seuls les festivals bretons seraient gâchés par les intempéries!!!

A la fin du concert, lorsque Thiéfaine a présenté son programme politique, il a dit qu’il ne fallait pas confondre Rouget de Lisle et Leconte de Lisle. Une fille, pas loin de moi, s’est écriée : « Alors là, j’ai pas compris » ! Et qu'en était-il des brutes épaisses qui gênaient tout le monde devant?! Hier soir, quand même, on était loin du Sturm und Drang, de la poésie et du romantisme, cela m’a un peu gâché le plaisir. D’habitude, je me réjouis de me mêler à la foule bigarrée des concerts de l’ami Hub’, mais il ne faut pas confondre bigarrée et bariolée !! J’ai fichu 30 euros dans mon billet de concert et environ 15 euros dans les satanés péages de nos chères autoroutes françaises, alors, comme dirait Hubert, je voulais en avoir pour mon argent. C'est un peu dommage de se faire déloger d'une place sympa... Non, vraiment, hier, c'était brutal! Je ne suis pas la seule à avoir dû décamper dare-dare (non, il y en a eu beaucoup d'autres, il ne faudrait pas croire que je ne suis qu'une chochotte chichiteuse!!).

Après le concert, je suis allée m’acheter à manger. Et là, un type s'apprête à me passer devant. Cette fois, j’ai osé dire que non, d’abord, flûte, c’était mon tour. Comme dirait Pierre Perret, « faut pas pousser mémé dans le concasseur » !!

Ce chien aux plumes mouillées restera un bon souvenir quand même. J’ai réussi à refaire ce que je faisais avant mes fatidiques trente ans : je suis partie sur un coup de tête, suis revenue toute seule en pleine nuit, et j’ai même trouvé la force d’écrire mes impressions au retour puisque me voilà !!

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Retour de Béthune

Bon, ben voilà, retour à la case départ. Ce qui, avant-hier encore, n’était qu’un rêve, appartient déjà au passé. Me voilà revenue de mon "escapade"!

Les lendemains de fête, cela m’a toujours flanqué un fichu cafard. Je crois que j’irai me coucher très tôt ce soir pour oublier que … c’est déjà fini ! Et puis aussi parce que je suis sur les rotules !

Bon, alors, Béthune. J’y suis arrivée hier à 16h11 précises. Et hier, à cette heure-ci, figurez-vous que j’assistais aux balances ! Oui, aux balances ! J’ouvre d’ailleurs une petite parenthèse ici pour remercier la personne qui m’a permis d’assister à ce moment unique ! D’abord, seuls les musiciens étaient présents. Soudain, j’entends la voix d’Hubert. Il était au balcon, je ne pouvais pas le voir, mais j’ai évidemment reconnu sa voix tout de suite ! Il est monté sur scène. Et j’ai pu l’entendre, en avant-première, chanter quelques chansons. Dont « Mathématiques souterraines ». Ce fut un moment émouvant. Je me disais : « purée, c’est fou d’être là ! » Sur « Le jeu de la folie », Hubert s’est planté plusieurs fois. Il ne cessait de dire qu’il était fatigué, ce qui m’a un peu collé les pétoches pour le concert !

Mais, à 20h30, lorsque le spectacle s’est ouvert sur un « Cabaret Sainte Lilith » bien envoyé, j’ai vite oublié mes craintes ! Précisons que JPADPS, son ami et moi étions on ne peut plus près de la scène. Au premier rang, mais, d’habitude, quand on pense « premier rang », on voit quand même pas mal d’espace entre la scène et les fauteuils. Eh bien là, cet espace était minuscule ! C’était la première fois que je voyais Hubert d’aussi près, ce qui m’a permis de constater, plus que jamais, à quel point son regard est profond et perçant. Quel charisme, quand même ! A chaque fois que je vois ce « type » (c’est affectueux), je me dis : « Ouais, la miss, je comprends pourquoi tu commets autant de folies pour aller le voir » !!!

Sur « Bipède à station verticale », Hubert a commencé à cafouiller, à bafouiller… D’habitude, il se ressaisit vite, mais là, il a littéralement flingué cette si belle chanson. On sentait qu’il ne parvenait pas à sortir de ce flottement. Sincèrement, j’étais carrément crispée. D’autant que je voyais les musiciens et tous les membres de l’équipe s’échanger des regards chargés d’angoisse. Vraiment, la tension était palpable. Ce « flottement », je ne sais trop comment qualifier ce moment assez épouvantable, a continué sur trois morceaux. On sentait que ça ramait sérieux. J’en avais froid dans le dos. Hubert semblait gêné par ses oreillettes, il grimaçait, on avait l’impression que chaque mot lui coûtait un effort surhumain. Bizarre. Je n’ai pas du tout aimé cet épisode. Une vraie scène de panique… Et c’est à ce moment-là que le public est venu à la rescousse. Si, si, cela ressemblait réellement à ça ! Sur « Mathématiques souterraines », je crois, deux personnes se sont levées, puis trois, puis dix, puis toute la salle. Et j’ai, une fois encore, reçu avec cent milliards de frissons la beauté et la magie de cette chanson dont je ne me lasserai jamais.

Hier, vraiment, le public était grandiose. Respectueux et chaleureux à la fois. De temps à autre, je jetais des regards furtifs sur les gens qui se trouvaient derrière moi. Une femme m’a particulièrement touchée. Quand Thiéfaine a chanté « Télégramme 2003 », elle a fondu en larmes. Visiblement, chaque morceau lui racontait une histoire, et je crois que c’est un peu la même chose pour tous ceux qui aiment Thiéfaine depuis longtemps (ou d’autres artistes) : telle chanson reste toujours liée à une étape précise de notre vie. Moi, à une époque, je ne pouvais carrément plus écouter « Thiéfaine en concert volume 2 », cet album me chantait des oraisons funèbres…

Avant d’interpréter « Narcisse 81 », Thiéfaine nous a de nouveau présenté son « programme électoral ». Il a parlé de la mode, et notamment de certains tics de langage qui sévissent parfois pendant quelque temps, on ne sait pourquoi. Je cite : « A une époque, c’était ‘parfaitement’. Puis il y a eu ‘tout à fait’. En ce moment, par exemple, c’est ‘blindé de chez blindé’. Et il y a eu aussi ‘démagogue’ à un moment. J’aime bien ce mot, surtout les deux dernières syllabes ». Et d’entonner son hymne, qui remplacera peut-être un jour cette foutue Marseillaise, dont Hubert a dit hier qu’elle était une sacrée saloperie (un truc dans le genre). Votez Hubert : enfin quelqu’un qui nous balancerait par-dessus bord cette pourriture d’hymne sanguinaire ! Je sais que beaucoup vomissent Renaud, mais il a quand même dit quelque chose de formidable : « La Marseillaise, même en reggae, ça m’a toujours fait dégueuler » !!

Hubert a fini couché sur scène. Fallait-il voir, dans cette attitude, une facétie de plus ou le signe d’une fatigue monumentale ? Le concert d’hier était géant, mais on sent Hubert de plus en plus épuisé, cela fait peur. Je me souviens qu’Evadné avait eu une impression de ce genre pendant je ne sais plus quel concert. Elle a raison : le 17 novembre, tous au Zénith pour acclamer Hubert et lui montrer que, malgré ses cafouillages, nous sommes avec lui !!

 

 

 

Je vais mettre quelques photos de Béthune et du concert dans un album de ce blog. Attention : les photos ne sont pas d’une grande qualité. J’avais une place de choix, pourtant, mais comme j’avais passé mon appareil en fraude, je ne voulais pas me faire remarquer. D’ailleurs, ça a été limite ! Alors un peu d’indulgence et de respect pour les héros, s’il vous plaît !!!   

 

P.S. : J'en ai fait du chemin, cette fois-ci encore, pour aller voir Hubert! Mais je ne regrette rien! Et j'ai été très heureuse de faire la connaissance de JPADPS et de son p'tit ami! Heureuse de revoir le Doc aussi. Merci à vous tous pour les beaux moments partagés!

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Chronique de Vincent Roca au ”Fou du roi” (27 avril 2006)

On le sait, Hubert-Félix Thiéfaine n’arrête pas de tourner. Sur 365 nuits, il peut en passer 250 dans les hôtels. C’est la tournée des ascenseurs, des chambres et des minibars. Et c’est la tournée des matelas, mousse, latex ou ressorts, un oreiller dans chaque port. Mets-toi à l’aise ! Résultat : Hibert-Félux Théfiaine a des problèmes de dos, la colonne en compote, les nerfs en pelote et la moelle rancunière. Ce n’est pas le problème de certains de ses collègues chanteurs, qui ont le dos en béton et, par contre, des crampes au niveau du fessier. Normal, ils font 250 émissions de télé, assis devant un micro, pour trois-quatre dates de tournée dans l’année. Choisis tes douleurs, camarade ! En 2003, Hufert-Bélix Féthiaine s’est donc allongé. Alité du bocal. Il a planché pendant un an sur son plafond. Un an à lézarder, à compter les fissures. Il a écrit des textes sur les murs. Poésie-plafond. Des vers avec les pieds dans le plâtre et des araignées dans la césure. Dans la tête de Buflert-Léthi Féxiaine, il y a des fissures aussi, et des fixettes. C’est un fêlé né d’un reste de guerre, il y a un peu plus d’un demi-siècle. Une de ses premières chansons : « Avec les germes de la guerre

on ne fabrique que des tarés

moi j’ai le cœur qui tape à l’envers

et le cerveau qui a des ratés ».

Revenons à nos problèmes de dos. Diagnostic de la médecine : « Monsieur Bélier Fufix Etraine, vous avez une hernie discale ». Le verni en a donc fait un disque. Rock and scoliose. C’est notre Goethe à nous, « Les souffrances d’une jeune vertèbre ». Tout n’est qu’ombre et lombaire. Le nouveau Thiéfaine n’est pas chiatique, il est sciatique.

Si vous regardez le visuel de son album, vous comprenez tout de suite : pour qu’il tienne debout, on lui a mis une armature en fil de fer. Mais moi je pense que c’est du fil de Ferré. D’ailleurs, regardez bien : l’armature a le poing levé ! Thiéfaine est tombé tout petit dans Ferré, il est descendu en rappel dans les grottes du vieux, dans ses cavernes, ses gouffres et ses eaux souterraines. Un vrai spéléo. Alors, respect, Léo !

Quand on visite la pochette du CD, il y a du grillage partout. Comme dans un zoo. Il y a une armature de chat et, à l’intérieur, des souris. Les souris dansent. Normal, le chat n’est pas là. L’image illustre la chanson « Gynécées ». Alors c’est pas une armature de chat, c’est l’armature d’une chatte. Et, à l’intérieur, ce ne sont pas des souris, ce sont des rats. Sur la dernière page, une biche dans sa prison grillagée. Hier soir, au Grand Argentix (?) de Bourges, le steak de biche a été remplacé par de la bavette. On cause, on cause, on parque les biches et on les bouffe en steaks. Depuis plus de trente ans, Thiéfaine soigne ses problèmes de do(s), de ré, de mi, enfin de musique. Un oxymoron matin, midi et soir. Ce sont les cachets du poète, solubles dans la chanson. Chez Thiéfaine, le froid est torride, la douceur convulsive, le jardin sauvage, l’opéra silencieux, les bulles bruyantes, les Doc Martens à pointes et l’amanite phalloïde sweet. Ce sont des oxymorons. On fait cohabiter deux mots qui ont des sens apparemment contradictoires et ça vous pète à la figure. « Scandale mélancolique ». Il me semble que son nom, Hubert-Félix Thiéfaine, est un oxymoron. Saint Hubert, patron des chasseurs, Félix Potin, patron des épiciers, et Thiéfaine, comme le chanteur Thiéfaine, noir et en colère. Et qui râle en octosyllabes :

« Dans cet étrange carnaval

on a vendu l’homo sapiens

pour racheter du Néandertal ».

Je me demande si Hubert-Félix Thiéfaine et notre planète terre, ça n’est pas un gigantesque oxymoron. En tout cas, ça vous pète à la figure. Hubert-Félix Thiéfaine, faut pas le chercher. C’est un grand consommateur d’exil et de silence. Comme ça, il est affable, sociable, mais c’est parce qu’il a toujours à portée de main sa dose. Sa dose de poudre d’escampette. « Je me tire, salut, je mets la giclée sous la porte ». Il est accro au départ, camé à la pause. Il se « chut » au silence, il avale sa chique. Son héros ? L’ange qui passe. Il lui saute dessus pour lui fumer les plumes. Il aime bouger. Alors, de temps en temps, il sniffe une ligne de fuite. Il craque, il se fout en pétard et met les bouts. Il se déracine. C’est un banni en herbe. Il part en fumée. Même si Hubert-Félix Thiéfaine n’est jamais très loin. On le joint facilement. Dis-leur, dealer, dis-leur qu’ils se taisent ! Un jour, il sortira son joker, qu’il aura soigneusement bâillonné au préalable. Un joker aphone. Il mettra un silencieux à sa guitare, lèguera son corps à l’absence, il s’échappera, partira en cavale, se fera la belle, il s’envolera avec les muettes, il s’ex-itera, s’expatriera. Un jour, il finira bien par y rester, là-bas, il cassera sa pipe à Saint-Claude ou mourra d’une overdole dans le Jura.

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Thiéfaine à la FNAC Saint-Lazare hier

La pensée du jour : "Tu te retrouves avec, dans la tête, le sourire amer de la médiocrité impuissante, tu réalises que tes illusions étaient bien trop pures pour toi". Nicolas FARGUES

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Petite déception hier matin à la Maison de la Radio : impossible d'assister à l'enregistrement  du "Fou du roi". Et pour cause ! L'émission avait déjà été enregistrée auparavant !

En revanche, aucune déception à la FNAC Saint-Lazare ! J'ai d'abord flâné un peu du côté du "Golden Black", attendant que d'autres me rejoignent (question : Cédric, es-tu venu, finalement ?). Vers 14h30, Elodie est arrivée. Peu après, nous avons décidé d'aller nous installer à la FNAC, pour être bien placées pendant l'interview. Et je ne regrette pas d'avoir "poireauté" ainsi pendant quelques heures ! Quel moment riche que celui qui a précédé l'arrivée d'Hubert ! Aussi riche que l'interview elle-même. J'ai adoré ce petit comité que nous formions, nous tenant bien chaud les uns les autres. J'ai adoré discuter avec Adrien, dont la jeune fougue m'a rappelé celle qui était la mienne quand j'avais 20 ans moi aussi. Je ne te l'ai pas dit, Adrien, et tu l'apprendras si tu passes par là, mais lorsque je t'ai quitté quelques minutes après avoir papoté avec toi, j'étais bouleversée, émue aux larmes... La relève est assurée, et de bien jolie façon !

Des émotions partagées, donc, et aussi des rires fort sympathiques avec Yoann, vu plusieurs fois durant mon séjour à Paris. L'immense joie de rencontrer enfin Lorelei2, de voir ses yeux pétiller rien qu'à l'évocation du nom de Thiéfaine. L'immense joie de retrouver des visages familiers, comme celui du Doc.  L'immense joie de retrouver des gens pas vus depuis bien longtemps. Le Petit Hubert illustré (c'est formidable de rencontrer un dictionnaire !!) et sa moitié, mais aussi Sapq, Uther Pendragon, David, Yoann, Tommie, Sœur Sparadrap, et tant d'autres...

17h. Zegut, qui doit mener l'entretien, arrive et discute chaleureusement avec le public. En arrivant au Forum de la FNAC, je me suis baladée et j'ai découvert, sous l'affiche annonçant la venue de Thiéfaine, des livres, des CD et des films qui ne sont pas sans rappeler l'univers du bonhomme : Voyage au bout de la nuit, Au-dessous du volcan, Blow-up, The Beat Generation, Twin Peaks, les Stones et Dylan. En fait, tout cela est destiné à annoncer déjà la couleur que va revêtir l'entretien HFT-Zegut. Thiéfaine a été invité précédemment à sélectionner cinq livres, cinq disques et cinq films qui ont compté pour lui. Il cite donc Voyage au bout de la nuit, Au-dessous du volcan, The Beat Generation, Finnegan's Wake, de Joyce (jamais entendu parler de ce livre, et je dois d'ailleurs dire qu'hier j'ai découvert l'étendue immense, vertigineuse, affolante, de mon ignorance, cela remet salement les idées en place !). Quel autre livre encore ? Je ne sais plus. J'ai noté des noms, pêle-mêle : Homère ("Il faudrait commencer par Homère", dira Thiéfaine, et aussi : "Si je devais partir avec un seul livre, ce serait Homère"), Aragon et notamment Les cloches de Bâle, Hédi Kaddour (Waltenberg ... jamais entendu parler !).

Côté cinéma, HFT a retenu Blow-up, Le septième sceau, Mystery Train, Twin Peaks et Le mépris. Il aime aussi O'Brother, des frères Coen. Personnellement, je n'ai vu aucun de ces films (si, j'ai bien vu Le mépris, mais il y a plus de 20 ans, je pense !!!) et je me fais toute petite dans mon fauteuil...

Nous abordons ensuite le thème de la musique, et Thiéfaine nous parle de Bach, de Dylan, des Rolling Stones (il a sélectionné l'album "Aftermath"), de John Lee Hooker et Canned Heat. Il nous apprend qu'avant chaque tournée, il réécoute systématiquement "Rock'n'roll Animal", album live de Lou Reed. Bien sûr, il évoque Léo Ferré et plus particulièrement cet album sans titre, celui qu'on appelle parfois L'été 68, et sur lequel on peut trouver "Pépée" et "C'est extra". Il nous en dit un peu plus sur son admiration pour Ferré. Ce qu'il aime, c'est le Ferré mélancolique et tendre, les chansons comme "A toi". "Le Ferré révolutionnaire n'est pas intéressant", affirme-t-il. Ou encore : "Le Ferré qui faisait de la politique et un peu de la démago aussi, celui-là, il m'agaçait".

On évoque très (trop ?) rapidement "Suppléments de mensonge", et Thiéfaine dit une fois de plus qu'il a, dans cet album plus que dans les autres, laissé libre cours à sa part féminine. "Dans l'écriture, surtout," précise-t-il. Zegut lui parle du corbeau que l'on voit un peu partout dans le livret, et Thiéfaine dit que c'est un peu l'animal fétiche des poètes, il évoque Edgar Allan Poe, mais aussi Rimbaud, The Beat Generation, précisant que cet "animal pas rassurant représente le côté maudit de l'artiste".

 

Voilà. Hubert s'en retourne ensuite dans sa loge. Cinq, dix minutes. Et nous sommes je ne sais combien à attendre de nous retrouver en face de l'artiste, pour une dédicace, pour échanger deux ou trois mots. Et il s'agira bien de n'échanger là que deux ou trois mots, la vue de la foule impatiente n'invitant guère à de longs épanchements. Thiéfaine se prête plus ou moins chaleureusement à l'exercice. On sent bien qu'il est fatigué et qu'il voit le truc comme un travail à exécuter, comme il l'a dit au "Fou du roi"... Ce n'est pas le moment que j'ai préféré. De toute façon, je n'aime pas approcher les artistes que j'aime. Tout est dit dans leurs œuvres, à quoi bon chercher plus loin ?

 

Après la séance de dédicaces, nous sommes une quinzaine à nous retrouver dans un bar situé non loin de là. Je discute avec une certaine Florence, qui n'était jusque là mon amie que sur Facebook, et je me rends compte que nous pourrions très bien être amies dans la vraie vie, tant l'échange est bouillonnant et passionnant, tant nous partageons, entre autres, le même amour de la lecture.

Vers 21h, tout le monde regagne ses pénates. Il est tard, je dois préparer mes bagages pour demain. Et j'ai dans le cœur un bagage fabuleux, impalpable et pourtant bien réel : des sourires, des mots, des échanges engrangés, et qui me porteront de longues semaines durant...

 

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”Routes 88” : ”Bienvenue dans notre cirque un peu pervers” !

La pensée du jour : "Le côté décisif des premières rencontres : enthousiasme ou rejet. Je ne puis aborder aucun être nouveau avec indifférence ou froideur. Toute rencontre devient pour moi un volcan". Elias CANETTI

 

Finalement, je trouve un peu de temps pour consacrer une note à « Routes 88 ». Cela me tenait à coeur avant de partir ! J'aime beaucoup ce live. Il s'ouvre sur « La vierge au dodge WC 51 » (oui, ici, le morceau s'intitule « La vierge au dodge WC 51 », alors que sur la version studio, on lit : « La vierge au dodge. 51 »). Oui, donc, il s'ouvre sur cette chanson, et c'est heureux, même si, comme Lorelei, je déplore l'absence de la deuxième partie, nettement plus endiablée, encore plus barge que le début ! En tout cas, en cette veille de Saint Valentin, je propose que l'on sorte des sentiers battus, des déclarations d'amour à deux balles, des gros coeurs rouges ridicules ornés d'angelots non moins ridicules, et que nous, admirateurs de Thiéfaine, nous réinventions une façon de conter fleurette. Par exemple comme ceci : « Je t'aime, je t'aime, et je t'offre ma vie et je t'offre mon corps, mon casier judiciaire et mon béri-béri, je t'aime » !! Dans le style original, voilà qui se pose là !

Deuxième morceau : « Bipède à station verticale ». Une chanson qui fait partie de mes préférées. « Paraît qu'je viens d'une catastrophe, mais les dieux sont pas très bavards »... « Parfois, parfois, j'ai la nostalgie de la gadoue »... Moi aussi. Nostalgie de la Gadoue, avec un grand G, comme le point !!

J'adore les versions de « Was ist das rock'n'roll », « Narcisse 81 », « Exil sur planète fantôme », « Chambre 2023 et des poussières » (j'espère toujours l'explication d'Arnaud à ce sujet). Pour « Les dingues et les paumés », je préfère la mouture du premier live, je la mets au-dessus de toutes les autres, de toute façon.

J'aime aussi la version d'« Affaire Rimbaud ». Quand j'étais jeune, je rêvais de mourir en écoutant cette chanson-là ! J'ai eu ma période Rimbaud, une vraie de vraie, je m'enivrais des Illuminations, tout en n'y comprenant « saintement que dalle », comme dirait Albert Cohen ! Avec mon copain Christophe, nous nous prenions pour des poètes, nous nous lisions du Rimbaud pendant de longues heures à la lueur d'une bougie, après avoir écouté Hubert-Félix, et c'était le bonheur sur terre !!

Ensuite, c'est « Droïde song », une chanson que je n'ai pas tout de suite intégrée dans mon univers. C'est sur la tournée « HFT en solitaire » que je l'ai vraiment découverte et que sa grandiose beauté m'a éclaté à la bobine. Magnifique ! « Le jour où les terriens prendront figure humaine, j'enlèverai ma cagoule pour entrer dans l'arène »... Oui, eh bien, ce n'est pas demain la veille !

Ah, et puis il y a « Sweet amanite phalloïde queen », qui était d'ailleurs la chanson préférée de Christophe. Je pense toujours à lui quand je l'entends ! Depuis ma période rimbaldienne, il s'en est passé des choses, et le monde s'est vidé de quelques indispensables et lumineuses présences, dont celle de Christophe... « Manufacture de recyclage des mélancolies hors d'usage », mais c'est sublime, ça !

Un peu de douceur dans ce monde de brutes, et voici donc « Septembre rose », qui est presque une ode à la vie (presque, parce que c'est Thiéfaine, quand même, et que le désespoir n'est jamais bien loin, mais « au fond du couloir », avec son ami le blues). Une chanson qui affirme son appartenance à un registre plus joyeux. Le jeune père qu'était HFT à l'époque s'extasiait de son bonheur, mais restait tout de même légèrement sur ses gardes (cf. « Quand par manque d'habitude on s'méfie du bonheur »)...

Après « Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir », voici les incontournables, les chansons qui seront désormais de toutes les tournées ou presque : « Zone chaude, môme », « Lorelei Sebasto Cha », « Mathématiques souterraines », « La fille du coupeur de joints » (et je mets encore une fois un « s » à « joints » !!).
Le tout s'achève sur « Errer humanum est », chanson que j'adore ! Très belle allégorie de nos pauvres conditions bien crétines : on nourrit de grandes ambitions, on fait tout pour les réaliser, et c'est finalement la déconfiture totale (« On fait Nankin-Ouagadougou pour apprendre le volapük, et on se r'trouve comme kangourou dans un zoo qui prend les tucs »). Nous voilà « aplatis comme de vieilles pizzas lâchées d'un soyouz en détresse », et le réconfort cherché auprès des « p'tites frangines », se révèle bien éphémère et dérisoire. « Pas prendre pour un courrier du coeur les pulsions des glandes endocrines ». Enfin, quand même, embarqués malgré nous dans l'aventure, nous poursuivons la route... « Toujours plus loin à fond la caisse », et ce n'est pas mon ami le Doc qui dira le contraire, je pense...

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Méthode de dissection : ”HF Thiéfaine Scandale Mélancolique Tour”

La pensée du jour : "Wir hungern alle nach wirklichem Leben. So geht's nicht weiter, sag ich mir jeden Tag, es muss etwas g'schehen. Aber es geht doch weiter. Und es geschieht nix. Manchmal gibt es ein kurzes Aufwachen, wenn wir ein schönes Buch gelesen haben oder einem Menschen begegnen, der uns aufrüttelt, durch irgend etwas, von dem wir nicht genau wissen, was es ist, und was unser mittelmäßiges Dasein von Grund auf verändern könnte". Maxie WANDER.

 

Ah, la tournée « Scandale mélancolique » ! Partout, sur le calendrier, des dates à marquer d'une pierre blanche...

Vendredi 10 mars 2006, Rockhal, Esch-sur-Alzette (Luxembourg).

Samedi 18 mars 2006, La Cigale, Paris.

Mardi 4 avril 2006, Zénith, Nancy (54).

Jeudi 6 avril 2006, Zénith, Dijon (21).

Dimanche 30 avril 2006, salle Acropolis, Voujeaucourt (25).

Vendredi 11 août 2006, festival du chien à plumes, Villegusien (52).

Samedi 7 octobre 2006, Théâtre municipal, Béthune (62).

Vendredi 3 novembre 2006, Théâtre de Champagne, Troyes (10).

 

Je garde un souvenir ébloui du concert à la Rockhal : un lieu déjanté, très « soleil cherche futur ». La Rockhal, si mes souvenirs sont bons, c'est une usine désaffectée qui a été transformée en salle de spectacles. Je m'aperçois d'ailleurs, en regardant les dates, que le concert de la Rockhal eut lieu le 10 mars 2006. Quatre ans tout pile...

Que dire de la tournée « SM » ? Que, pour ma part, je l'ai adorée. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'ai pas hésité, sur cette tournée-là plus encore que sur les précédentes, à sillonner de nombreuses routes de France pour aller écouter Hubert et sa clique d'excellents musiciens ! Je me souviens d'un moment vraiment particulier à Béthune, avant le concert... Avec le Doc, quand nous étions allés écouter les balances dans l'après-midi... Le concert aussi, quelle histoire, avec une Petra survoltée à mes côtés ! Et son copain qui en était comme deux ronds de flanc, se disant sans doute qu'avant ce concert, il ne la connaissait pas réellement... Moment magique encore, après le concert, dans un café situé juste en face du beffroi de Béthune. La nuit chez Petra... Le train du retour que j'avais failli louper...

 

Parlons du CD 1. Au programme :

-Cabaret Sainte Lilith,

-When Maurice meets Alice,

-Soleil cherche futur,

-Autoroutes jeudi d'automne,

-Confessions d'un never been,

-Quand la banlieue descendra sur la ville,

-Comme un chien dans un cimetière (ah purée, quelle joie à la Rockhal quand j'ai entendu cette chanson !),

-Sweet Amanite Phalloïde Queen,

-Scandale mélancolique,

-Psychanalyse du singe,

-Le jeu de la folie.

 

L'ouverture me botte. Le concert commence avec la fameuse énumération « Valium, Tranxène, Nembutal, yoghourts, acides ». CSL, une de mes chansons préférées ! Excellente version de ce morceau !

« When Maurice meets Alice »... Pour la première fois depuis de longs mois, je viens de réécouter cette chanson. Cela fait un an et des poussières que je la redoute comme un coup de poing... C'est sans doute, comme je l'ai déjà écrit, parce que mon père s'appelle Maurice aussi, comme celui de Thiéfaine (c'est du « Verfremdungseffekt », un effet de distanciation : j'utilise cela à presque toutes les sauces depuis ma rencontre avec le théâtre de Brecht)... Passons, s'il vous plaît.

« Soleil cherche futur » : très bonne version ici aussi. « Autoroutes jeudi d'automne » est également très en beauté. Je me souviens d'un public bien remonté à tous les concerts et scandant « stop » avec force !

« Confessions d'un never been », ah, « Confessions d'un never been » ! Une de mes chansons préférées ! Un chef-d'oeuvre. Il y a tout Thiéfaine là-dedans, non ?

« Je suis l'évêque étrusque, un lycanthrope errant

qui patrouille dans le gel obscur de mon mental ».

Très bonne surprise, écrivais-je plus haut, que ce « Chien dans un cimetière » et pas du tout dans un jeu de quilles ! J'étais tellement ravie d'entendre cette chanson à chaque concert !

« Mais passe plutôt chez le notaire

Je te lègue ma part de bonheur »... Une des phrases que j'adore citer !

Excellentes versions encore de « Sweet amanite phalloïde queen » (ah oui, vraiment, très bel habillement musical), « Psychanalyse du singe », « Bipède à station verticale », « Rock autopsie ». J'aime un peu moins l'interprétation de « Quand la banlieue descendra sur la ville ». En tout cas, l'intro verbale est effrayante ! Thiéfaine donnerait-il raison ici à la phrase de Cocteau, à savoir : « Le poète se souvient de l'avenir » ? Un visionnaire, notre Hubert ? Qui sait ? !

Je passe un peu vite sur les anciens morceaux, j'en ai déjà parlé pas mal, concentrons-nous plutôt sur les chansons de l'album « Scandale mélancolique » : « Scandale mélancolique, » justement. C'est la toute première chanson que je découvris de l'album, en 2005, sur Internet. J'avais d'abord été assez déroutée. Mais, très vite, j'avais adopté ce morceau !

« Les morts parlent en dormant

et leurs cris oniriques traversent nos écrans »...

« Le jeu de la folie », très bon aussi !

« Télégramme 2003 », une chanson dont j'aime beaucoup la musique. Pour le texte, je ne sais pas... Je ne voudrais pas lancer de vaine polémique ici, permettez-moi seulement de dire que je n'adhère pas tout à fait aux idées d'Hubert sur la question (c'est mon droit, après tout !!!). En revanche, j'avais bien aimé la phrase qu'il avait dite un jour à ce sujet, à savoir que ce qui l'intéressait, c'était le moment où un individu basculait du mauvais côté, en gros. Les lignes de faille, quoi... Ok, ça, d'accord. Pour le reste... Enfin, bref, je n'y étais pas !!

 

Demain, je vais voir l'ami Dutronc (Jacques) en concert, et c'est la joie ! Lorelei2 l'a vu en début de semaine et est enchantée. Je suis impatiente ! Peut-être même vous ferai-je une note là-dessus, si je suis un brin inspirée !!

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”Thiéfaine en concert volume 2” (première dissection)

La pensée du jour : "Il y a quelque chose d'indécent à s'exhiber, mais au moment où vous écrivez, vous ne vous exhibez pas. Vous êtes seul avec vous-même". CIORAN.

 

Il y a eu un volume 1, voici donc le volume 2. Rien que la pochette semble vouloir donner le ton. Une photo en noir et blanc. Thiéfaine a des yeux d'hystéro là-dessus. On sent qu'on va plonger dans un univers psychédélique, sans doute un peu macabre...

Voilà un album que je me suis interdit d'écouter pendant de longues années. Il faisait ressurgir à la surface trop de sales souvenirs qui me donnaient systématiquement l'impression de me noyer... D'ailleurs, même si cette sensation n'est plus de la partie maintenant quand j'écoute ce volume 2, je ne sais pas pourquoi, quand même, toutes ces chansons si fortes me percutent toujours la tripaille !

C'est « 713705 cherche futur » qui ouvre le bal. « N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ? » Piégé, on l'est dès que retentissent les premières notes de cette chanson... « Et moi je reste assis les poumons dans la sciure

à filer mes temps morts à la mélancolie », combien de fois ces mots ont-ils roulé dans ma caboche ? La mélancolie est malheureusement une façon d'être qui ne se commande pas. Se laisse parfois un peu discipliner, un peu rabattre le caquet, mais reprend toujours savamment le dessus. Salope, va ! Mélancolie, mais pourquoi donc ? Je crois que le texte de « Soleil cherche futur » livre la réponse : « C'est depuis le début du monde que l'homme s'est déchiré ». C'est ce déchirement-là que pour ma part je ne digère pas bien... Pourtant, Dieu sait si je l'ai mâché, et les Allemands ont beau dire « gut gekaut ist halb verdaut » (« bien mâché, à moitié digéré »), non, ça ne marche pas à tous les coups ! La mélancolie est elle aussi un «sport de l'extrême », me semble-t-il, elle se pratique elle aussi au bord des précipices et, comme je le dis toujours, le père Hubert la connaît si bien qu'il se permet de ne la nommer qu'en trois syllabes, comme un surnom qu'on donne à une présence familière, quotidienne : « mé-lan-co »... Ici, clin d'oeil à mon ami le Doc, avec qui j'ai longuement parlé de mélanco vendredi soir au téléphone...

« Psychanalyse du singe » (tiens, c'est marrant : avec cette espèce de dyslexie qui s'empare de moi dès que je tapote sur mon clavier d'ordinateur, je viens d'écrire « psychanalyse du signe », et je me dis que ce serait aussi une possibilité de chanson, ça, tiens, moi qui crois connement aux signes et les analyse à longueur de temps ! J'aime bien « Psychanalyse du singe ». Je l'aime en live comme en studio, précédée de cette si belle phrase assassine : « Si j'étais Dieu, j'croirais pas en moi » !

Ensuite, c'est « Whiskeuses images again ». Qu'est-ce que je les aime, ces images-là ! Tout à l'heure, l'ami Hubert se retrouvait comme « une poule devant un mégot », le voici cette fois « comme un pou dans une cage en feu », à « télégraphier son code foireux ». C'est sur cette version live que Thiéfaine dit « Übermensch ou underdog man ? ». Si, si, écoutez bien, juste après le coup du porte-manteaux. Un rythme bien balancé pour cette chanson qui nous raconte les errances d'un drôle de type qui quitte sa caverne pour voir « si l'on danse en éveil dans les particules du soleil ». Un type qui « traîne une vieille caisse marquée fragile »...

Puis, c'est « au nom du père, au nom du vice, au nom des rades et des mégots » et son rythme très particulier. Tiens, encore une histoire de mélancos, au pluriel, cette fois : « je glisse dans la moiteur des mélancos ». Une chanson sur la picole et la drogue. Qui me faisait presque flipper quand j'étais jeune, tant l'univers qu'elle décrit m'effrayait...

Ensuite, retentissent les douces notes du « Chant du fou ». Idem, cette chanson m'impressionnait beaucoup par le passé. Et la façon dont Thiéfaine l'interprète ici accentue ce sentiment d'étrangeté. « Demain, tu verras tous ces petits alchimistes pulvériser un continent » (même que je connais quelqu'un qui croyait que cette phrase se terminait par deux adjectifs : « pulvérisés, incontinents » !!!!). « Ta tête tombe de son socle de rêves », encore des mots qui me trottent souvent dans la tête. Une chanson bien énigmatique pour moi. Jamais réussi à en percer le mystère, et peut-être que dans ces cas-là, « faut laisser faire et c'est très bien ». Qui est ce fou qui a chanté 17 fois ? Pourquoi 17 fois ? Pas une de plus, pas une de moins ?!

 

La suite dans le courant de la semaine, si vous voulez bien. Cet album me bouleverse tellement à chaque écoute qu'il me faut un peu de repos à présent... Sans doute le live qui me violente le plus...

 

Ecrit le 7 février 2010, point final posé à 19h05. Je dédie cette note à ma maman, qui posait son point final le 7 février 2009 sur une page inachevée... C'est peut-être impudique de balancer ces mots ici, pardon...

« J'me réveille déglingué

avec un casque sur le nez

et j'ai beau raccorder les fils

j'traîne une vieille caisse marquée fragile ». Fragile...

 

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Thiéfaine au Palais des Congrès de Strasbourg (2 mars 2016)

La pensée du jour : "Tout ira mal - et je serai désespéré - le jour où je ne serai plus poétiquement ému par les plus petites choses". Georges HALDAS

 

Cela commence par un éclat de rire. Deux femmes se retournent vers moi et me disent, une joie enfantine dans les yeux, qu’elles se sont trompées de sièges. Elles devraient être assises à côté de moi, elles se sont installées dans la rangée de devant ! Il va falloir déménager, enjamber des rivières de genoux, balbutier des « pardon » navrés, bousculer des tranquillités ! Deux minutes plus tard, les voilà installées à mes côtés, et nous engageons une discussion qui ressemble à toutes celles que j’ai déjà eues sur le vaste sujet qu’est Thiéfaine (mais je ne me lasse pas de ces mots, parce que toujours ils sont habités, vrais, sensibles !) ! Toujours on en vient à dire que cet artiste-là, sans le savoir, met un baume sur nos plaies les plus secrètes. Toujours on en vient à évoquer la claque que ce fut de découvrir son œuvre il y a dix, quinze, vingt ou trente ans. Des feux d’artifice explosent dans les regards, on se comprend, nos solitudes se tendent la main. L’une de mes voisines a découvert Thiéfaine il y a vingt-cinq ans. L’amie qui l’accompagne, Christine, a eu sa révélation il y a un an. Dans ses yeux, je lis une ferveur qui ressemble à la mienne. Les lumières s’éteignent. Il y a une première partie, ill river. C’est loin d’être désagréable, mais il me faudrait écouter ce groupe dans d’autres circonstances, pas quand monsieur Hubert-Félix Thiéfaine se trouve dans les parages et que je sais qu’il va surgir d’un instant à l’autre comme une tempête. Dans ces moments-là, je ne peux me concentrer sur autre chose que l’indescriptible attente bouillonnante qui palpite en moi. Désolée pour toutes les premières parties que je n’ai pas su honorer d’une écoute attentive, mais Hubert renverse tout sur son passage !

20h50. Les musiciens entrent en scène. Il y a dans l’introduction d’En remontant le fleuve une fièvre qui va crescendo, un rythme qui titille la tripaille, lentement, puis moins lentement, jusqu’à la faire flamber ! Thiéfaine arrive et un tonnerre d’applaudissements retentit, mêlant respect et enthousiasme. Le public est assis ce soir. Au début, nous sommes sages, posés là comme des images dans un livre pour enfants raisonnables. On n’ose pas trop bouger sur ces sièges confortables, dans cette belle salle où tout semble réglé à la baguette. C’est que ce serait presque intimidant ! Mais, çà et là, j’aperçois des gens qui se lèvent. On sent que ça en démange certains, de se dresser et de clamer leur bonheur plutôt que de le taire dans un recueillement timoré !! Une de mes voisines, celle qui écoute Hubert depuis vingt-cinq ans, remue dans tous les sens, je crois aussi qu’elle ressent une immense frustration, l’immobilité ne lui convient pas ! Les premières chansons, plutôt tranquilles, n’invitent pas forcément à se lancer dans des danses endiablées, avec force gesticulations ! Il faudra attendre Lorelei pour que le bateau se mette à tanguer un peu (ah, ces bonnes vieilles légendes germaniques !!) Avec 113ème cigarette sans dormir, il devient carrément ivre ! Presque toute la salle est debout, certains descendent tout près de la scène, improvisant une jolie fosse bordélique à souhait, que c’est un plaisir ! C’est que nous sommes comme la marmaille Thiéfaine, nous ! Disciplinés, mais seulement jusqu’à une certaine limite, au-delà de laquelle nous ne répondons plus de rien, désolés ! Des concerts, nous en avons enchaîné un paquet, debout, mal au dos et aux jambes, après avoir fait la queue dehors pendant des heures, mais qu’à cela ne tienne, le cœur est vaillant, lui, et même en sa soixantaine, alors ce ne sont pas quelques sièges bien ordonnés qui vont nous effrayer. Adieu la retenue du début, nous voilà pris dans un engouement que rien n’arrêtera ! Thiéfaine et ses musiciens nous regardent, étonnés, un brin amusés. Flattés sans doute aussi (et on les comprend) de voir que ce qu’ils nous donnent ce soir amène cela en retour ! C’est une joyeuse démence qui a soudain enflammé la salle. La fille du coupeur de joints viendra porter au plus haut cette espèce d’extase collective ! Pour clore la soirée, Thiéfaine interprète Des adieux, seul à la guitare. On le sent ému. Une fois de plus, son public, fidèle comme une jeune épouse, lui a prouvé toute la majesté de son amour. C’est plus fort que nous : nous sommes là depuis des années, des décennies parfois, nous avons chopé des rides depuis la claque initiale (et initiatique), mais quelque chose, au fond de nous, est resté intact et pur : c’est cet amour qui nous dépasse. Qui brûle et qui veille en nous, petite flamme obstinée et costaude…

Les lumières se rallument. Sur les visages, l’éblouissement est encore bien vivace, peut-être même que nous allons le promener plusieurs jours avec nous, traversant la grisaille avec ce secret lumineux gravé sur nos traits !

Les lumières se rallument, disais-je. Ma voisine, Christine, se tourne vers moi et m’embrasse, et je ne connais rien de plus beau, pour dire la joie et la reconnaissance, que ce baiser inattendu déposé sur ma joue. Elle me dit qu’elle est heureuse d’avoir fait ma connaissance et d’avoir assisté au concert en ma compagnie. La réciproque est vraie, Christine, et si le hasard t’amène un jour à ouvrir les portes de ce Cabaret, sache que je serai heureuse de t’y accueillir. Je n’oublierai pas ton sourire, je n’oublierai pas ce que tu m’as dit et que tu ne comprenais pas toi-même, je cite !

Retour dans la nuit chez mon collègue Renaud, qui m’hébergeait pour la nuit. Dans la voiture, nous échangeons sur nos vies, nous sommes encore un peu ailleurs, délicieusement ailleurs. Au petit matin, il quitte la maison, et je descends voir sa maman. Elle m’offre un café, nous papotons. Nous nous connaissons à peine, mais le courant passe illico (il faut dire qu'Hubert crée des liens !) Elle me dit des choses qui me chamboulent, qui me font entrevoir la délicatesse de son âme. Bon sang, que le public de Thiéfaine est beau, dans sa diversité, sa profondeur et ses blessures !

Merci à Françoise, pour tout, absolument tout. Merci à Corinne pour les encouragements au sujet de ce blog, merci à Bruce et Cindy, pour les mots échangés dans le froid (c’est devenu une habitude !) Amitiés au Doc, que je n’oublie jamais, mais je crois qu’il le sait malgré ses innombrables taquineries !

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