03/07/2006
"Hôtel-Casino d'la Selva le soleil se perd au ponant"
Je suis donc plongée dans Au-dessous du volcan. Par cette chaleur, c'est malin! Bref, en voici déjà quelques passages qui sont de taille à éclairer le texte "Pulque mescal y tequila" :
"L'Hôtel-Casino de la Selva se dresse juste en dehors de la ville sur une colline un peu plus élevée, près de la gare du chemin de fer. Il est construit fort en retrait de la route principale, et entouré de jardins et de terrasses qui commandent en tout sens un ample panorama. Somptueux, il y règne un certain air de splendeur désolée. Car ce n'est plus un Casino. On ne peut même pas jouer ses consommations aux dés dans le bar. Les spectres des joueurs ruinés le hantent".
"Oh, je sais, mais nous avions pris une si horrible soûlerie cette nuit avant, si perfectamente borracho, qu'il me semble, le Consul est aussi malade que je suis".
Un peu plus loin, un des personnages dit : "No se puede vivir sin amor".
Si je trouve encore des passages de ce genre, je les balancerai sur le blog!
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02/07/2006
"Welcome senor Malcolm Lowry sous la lune caustique et sanguine"
Malcolm LOWRY :
Ecrivain anglais. Né à Birkenhead (Cheshire) le 28 juillet 1909, mort à Ripe (Sussex) le 29 juin 1957. Hanté par la mer, Lowry s'engagea comme matelot à 17 ans et voyagea jusqu'en Extrême-Orient; il assista ainsi à la révolution chinoise et reçut une balle au genou. De retour en Angleterre, il reprit ses études, entra à Cambridge, où il occupa la chambre de Marlowe au Collège Sainte-Catherine, et obtint son diplôme de maître ès arts. Tout en visitant les pays nordiques et l'Espagne, il écrivit ensuite son premier roman, Ultramarine, publié en 1932. Marié mais toujours instable et déjà fasciné par l'alcool, Lowry fit un séjour à Paris, où il se lia avec Cocteau, puis gagna New York, où il composa Le Caustique lunaire. Un engagement comme scénariste le conduisit de là à Hollywood, mais bientôt lassé par ce travail mercenaire, il abandonna son emploi et sa femme pour visiter le Mexique.
Revenu à Hollywood, deux ans plus tard, Malcolm Lowry y rencontra Margerie Bonner, qui devait être son soutien inlassable, et qu'il épousa en 1940 à Vancouver. Le couple s'établit ensuite à Dollarton, en Colombie britannique (Canada), et Lowry y travailla sept années à la mise au point de son chef-d'oeuvre : Au-dessous du volcan. Nouveaux voyages : Mexique, Haïti, France (où Lowry, en 1948, vint surveiller la traduction du Volcan mais n'émergea guère de ses visions et de l'alcool), puis retour au Canada jusqu'en 1953, Lowry revenant alors se fixer en Angleterre - dans le village où il mourra, - après avoir visité l'Italie et la Sicile. Un premier recueil de textes posthumes, fragments d'un vaste ensemble inachevé, a paru sous le titre : Ecoute ma voix, ô Seigneur.
Si le rayonnement d'Au-dessous du volcan ne cesse de croître, c'est qu'il s'agit d'une somme où, à travers l'histoire romanesque utilisée comme trame, une infinité de plans sont peu à peu découverts cependant que s'y élabore une mythologie nouvelle de nos angoisses et de notre besoin de dépassement, de connaissance.
Bernard Noël, Dictionnaire des auteurs, Robert Laffont, octobre 1990.
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Encore une histoire de volcan
A propos de volcan, tiens, justement, je me suis lancée hier dans la lecture du roman Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry. Lorsque Thiéfaine fait référence à un auteur ou à une oeuvre, j'aime essayer de creuser. En général, je ne suis pas déçue!
Alors, monsieur Malcolm Lowry, qui étiez-vous? Petit coup d'oeil dans le dictionnaire, où je lis ceci :
Ecrivain britannique, né en 1909, mort en 1957. Ses romans offrent une vision désespérée de la solitude (Au-dessous du volcan, 1947).
Bon, cela ne nous en dit pas énormément. En revanche, dans la préface du roman, écrite par Malcolm Lowry, je lis :
"Le récit, expliquai-je, s'ouvre le jour des morts, en novembre 1939, dans un hôtel appelé Casino de la Selva, selva signifiant bois, et peut-être ne sera-t-il pas inutile de mentionner que le livre fut conçu tout d'abord, d'une manière assez prétentieuse, sur le sempiternel modèle des Ames mortes de Gogol, et comme le premier volet d'une sorte de Divine comédie ivre. (...) Le thème du bois sombre, indiqué encore une fois au chapitre VII quand le Consul entre dans une lugubre cantina appelée El Bosque, ce qui signifie aussi bois, se résout au chapitre IX, celui qui relate la mort de l'héroïne, et où le bois devient réalité et fatalité".
Ou encore : "Ce roman, pour me servir de la phrase de Edmund Wilson, a pour sujet les forces dont l'homme est le siège, et qui l'amènent à s'épouvanter devant lui-même. Le sujet en est aussi la chute de l'homme, son remords, son incessante lutte pour la lumière sous le poids du passé, son destin".
"Après ce long préambule, mon cher lecteur français, il serait peut-être honnête de vous avouer que l'idée chère à mon coeur était de faire, dans son genre, une sorte d'oeuvre de pionnier et d'écrire enfin une authentique histoire d'ivrogne".
En fait, je suis en possession de ce livre depuis le 27 décembre 2002 (l'avantage de noter des dates partout!!). J'en avais déjà lu la préface à l'époque et n'avais pas poussé plus loin la curiosité. En relisant cette fameuse préface, j'ai du mal à comprendre pourquoi elle ne m'avait pas mise en appétit en 2002. Je vais réparer cette erreur dans les jours qui viennent et lire enfin ce roman! Cela me permettra sans doute de faire également une relecture plus éclairée de la géniale chanson "Pulque mescal y tequila"! D'ailleurs, je viens de me souvenir que dans la préface de son roman, Malcolm Lowry évoquait le mescal et la tequila. Voici ce qu'il en dit :
"Au Mexique, le mescal est une boisson du tonnerre de Dieu, mais une boisson que l'on peut obtenir dans n'importe quelle cantina plus facilement, si je puis dire, que le whisky écossais dans l'impasse des Deux-Anges. (Soit dit en passant, je m'aperçois que j'ai fait du tort au mescal et à la tequila qui sont des boissons que j'aime beaucoup, et pour cela, je devrais peut-être présenter des excuses au gouvernement mexicain). Mais le mescal est aussi une drogue que l'on prend sous la forme de 'boutons de mescal', et la transcendance de ses effets est une des épreuves bien connues des occultistes".
Suite au prochain numéro!
08:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/06/2006
Volcan
Tout d'abord, ces quelques mots d'Elias Canetti :
"Le côté décisif des premières rencontres : enthousiasme ou rejet. Je ne puis aborder aucun être nouveau avec indifférence ou froideur. Toute rencontre devient pour moi un volcan".
Il y a quatorze ans, pour moi, le volcan, ce fut ça :
"Pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise
et t'as mal aux oreilles
tu zones toujours entre deux durs
entre deux s.o.s.
tu veux jouer ton aventure
mais t'en crèves au réveil...
tu fais toujours semblant de rien
tu craques ta mélanco
de 4 à 5 heures du matin
au fond des caboulots
et tu remontes à contrecoeur
l'escalier de service
tu voudrais qu'il y ait des ascenseurs
au fond des précipices
oh! mais laisse allumé, bébé
y a personne au contrôle
et les dieux du radar sont tous out
et toussent et se touchent se poussent
et se foutent et se broutent
oh! mais laisse allumé, bébé
y a personne au contrôle
et les dieux du radar sont tous out
et toussent et se touchent et se poussent
et se foutent et se mouchent
dans la soute à cartouches...
maintenant tu m'offres tes carences
tu cherches un préambule
quelque chose qui nous foute en transe
qui fasse mousser nos bulles
mais si t'as peur de nos silences
reprends ta latitude
il est minuit sur ma fréquence
et j'ai mal aux globules
oh! mais laisse allumé, bébé
y a personne au contrôle
et les dieux du radar sont tous out
et toussent et se touchent et se poussent
et se foutent et se broutent
oh! mais laisse allumé, bébé
y a personne au contrôle
et les dieux du radar sont tous out
et toussent et se touchent et se poussent
et se foutent et se mouchent
dans la soute à cartouches.."
C'était donc "Mathématiques souterraines", paroles et musique d'Hubert-Félix THIEFAINE...
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23/06/2006
"La part Rimbaud"
Allez, ce soir, un peu de Romain Gary, pour nous mettre du baume au coeur! Tous les passages qui suivent sont extraits du magnifique livre d'entretiens La nuit sera calme.
"On s'étonne lorsqu'un homme 'distingué' dit 'putain de merde' ou 'bordel de Dieu'. Mais chacun sa façon de vomir".
"Les chiens se sont toujours occupés de moi avec beaucoup d'amitié".
"Tout ce que le chercheur que je suis croit savoir est fait pour une bonne part de ce qui ne vaut pas la peine d'être connu".
"une âme sur charbons ardents à mille années-lumière de la paix intérieure".
"Si tu vois les grands poètes comme Vigny, les grands écrivains comme Constant, des esprits admirables comme Voltaire, et tant, tant d'autres dans tous les pays, tu aperçois souvent une étonnante dichotomie entre la beauté de leurs oeuvres et leurs vies ou activités souvent ignobles. Il se sentaient quittes envers les beaux sentiments lorsqu'ils en faisaient de la belle littérature".
"S'il y avait le moindre respect de la féminité, la sexualité aurait été depuis longtemps acceptée comme un échange dans l'égalité, sans 'prise' et sans 'preneur', sans 'conquérant' et sans 'conquête' ".
"Je voudrais te dire que pour moi toute la notion de 'profondeur de l'homme' n'a de profond que sa prétention. La 'profondeur' est un rapport tragique que l'homme a avec sa superficialité foncière, lorsqu'il en prend conscience. La tragédie profonde de l'homme, c'est sa superficialité, son insignifiance".
"Et maintenant que ma vie tire à sa fin, je ne cherche pas refuge dans l'abstraction, que ce soit Dieu ou la féminité, élevés au niveau d'un culte. Les au-delà, une 'autre vie' ne m'intéressent pas : j'aime trop dormir".
"L'homme sans mythologie de l'homme, c'est de la barbaque. Tu ne peux pas démythifier l'homme sans arriver au néant, et le néant est toujours fasciste, parce que, étant donné le néant, il n'y a plus aucune raison de se gêner".
"Ces rapports 'chien sans maître' avec Dieu ou avec l'absence de Dieu, que Dieu soit ressenti comme une présence ou comme un manque, sont toujours des rapports avec un collier et une laisse qui me sont totalement étrangers".
"Et elle louchait un tout petit peu, tu sais, de cette façon qui donne encore plus de regard"...
"Alors, avec mon filet à papillons, je cours, je cours, des romans, des reportages, des films et du vécu, du vécu qui n'est pas pour emporter mais pour être mangé sur place, ce n'est pas du donjuanisme dans les rapports avec la vie mais de l'amour... Et j'ai beau courir, glaner, je n'épuiserai jamais ça, je ne connaîtrai jamais l'assouvissement, c'est sans fin, inépuisable, tu as beau absorber ça par tous les pores de ta peau, tu as toujours faim, et ça te fait encore un personnage, une vie, un amour"...
"Car il s'agit pour nous, quelles que soient les idéologies, de trouver un équilibre entre la viande et la poésie, entre ce qui est notre donnée première biologique, animale, et la 'part Rimbaud' ".
"Disons que je vis avec Miss Solitude et je m'y attache un peu trop, c'est vrai, ce serait triste de prendre le pli, je n'aime pas les plis... Les deux dernières, les Miss Solitude 1972 et 1973, ont été des vraies reines de beauté dans le genre personne"...
"Evidemment, c'est inguérissable, je rêve encore de tomber amoureux, mais ce qu'on appelle tomber!... Seulement, à soixante ans, c'est très difficile, à cause du manque d'espace, d'horizon devant soit... ça manque de large, maintenant, on ne peut plus s'élancer... L'amour, ça va très mal avec les restrictions, les limites, avec le temps qui t'est compté, il faut croire qu'on a toute la vie devant soi, pour s'élancer vraiment... Sans ça, c'est seulement de la crème Chantilly".
"François Bondy : Tu as été heureux?
Romain Gary : Non... Si. Je ne sais pas. Entre les gouttes".
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21/06/2006
ça n'arrive qu'à moi
Les gens disent tous la même chose !
Ils disent tous, lorsqu’il leur arrive quelque chose :
« ça n’arrive qu’à moi ! »
De temps en temps, il y en a un à qui il n’arrive rien, qui ne dit pas comme tout le monde.
Il dit : « ça n’arrive qu’aux autres ! »
Parce qu’il a entendu les autres dire :
« ça n’arrive qu’à moi ! »
il croit que ça n’arrive qu’à eux (aux autres) !
Alors que peut-être, il n’y a qu’à lui que ça arrive de penser que ça n’arrive qu’aux autres !
Encore que lorsqu’il s’en aperçoit, il dit comme les autres :
« ça n’arrive qu’à moi ! »
Cela m’est arrivé … à moi !
Alors, si cela vous arrive…
je veux dire, si vous faites partie de ceux qui, comme moi, disent : « ça n’arrive qu’aux autres ! », posez-leur la question, aux autres !
« Qu’est-ce qui vous arrive ? »
Ils vous répondront tous la même chose :
« Nous ne savons pas ce qui nous arrive,
mais ça n’arrive qu’à nous ! »
Par contre, si vous faites partie des autres,
de ceux qui disent : « ça n’arrive qu’à moi ! »,
posez-vous la question … à vous :
« Qu’est-ce qui t’arrive ? »
Et vous verrez que ce qui vous arrive…
C’est ce qui arrive aux autres !
C’est ce qui arrive à tout le monde !
Et vous conclurez comme moi,
Par cette petite phrase sibylline :
« Ce qui n’arrive qu’aux autres
n’arrive qu’à moi aussi ! »
Et vous vous sentirez solidaire !
Voilà. C’était, évidemment, du Raymond Devos ! Ce qui est censé n’arriver qu’aux autres lui est arrivé à lui aussi, la semaine dernière…
22:17 | Lien permanent | Commentaires (4)
Fête de la musique
Le 21 juin 2004, on pouvait lire ceci dans L’Est Républicain :
Hubert-Félix qui va retrouver la scène et prépare un futur album n’est pas, loin s’en faut, un fan de cette fête.
Il ne manque pas d’arguments sur le sujet et avoue : « Tout ça me fait bien rire. Le genre de manifestation qui ne coûte pas cher à l’Etat. S’ils voulaient encourager les gens à faire de la musique comme ils le prétendent, ils feraient mieux de baisser la TVA et les taxes diverses sur les instruments, les disques, les cordes de guitare, de violon… Ce soir, j’irai dans la forêt près de chez moi écouter les coucous, les chardonnerets, les rossignols. Le premier mai, fête des travailleurs, est chômé. Le 21 juin est celle des musiciens. Ils ne doivent rien faire. C’est le seul jour de l’année où je ne prends pas ma guitare… Je défile en scandant « libérez les chanteurs ! ». Je n’en dirai pas plus parce que je vais déraper… »
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20/06/2006
When Maurice meets Alice
beaucoup de mes formules ignares
flottent au-dessus de vagues hospices
derrière les écluses et les gares
derrière les glands des frontispices
où les amants d'une autre guerre
ont joué sur d'autres marelles
un pied sur le continent terre
et l'autre sur l'écran du ciel
when Maurice meets Alice
ils étaient sortis de l'enfance
comme des fantômes d'un vestibule
avec un fichier sur leurs chances
et des fleurs sur leurs matricules
elle était belle comme un enfer
avec ses yeux bleus d'insomnie
il était fort comme l'est un père
quand on le regarde petit
when Maurice meets Alice
elle, elle était surtout fortiche
pour faire les mômes et les aimer
lui, il rallumait sa cibiche
avant de partir pour pointer
et nous on était la marmaille
disciplinée mais bordélique
à les emmerder vaille que vaille
pour les rendre plus prophétiques
when Maurice meets Alice
Paroles : Hubert-Félix THIEFAINE
Musique : Philippe PARADIS
J'adore cette chanson, vraiment! La musique est chouette. Les paroles me bouleversent, d'autant plus que mon papa s'appelle Maurice aussi. Et, je voudrais pas dire, mais "le plus fort, c'est mon père"!!
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