Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/04/2006

Hubert a dit...

« Je lis tout. Quand je passe une journée à Paris, je sais tout ce qu’il y a sur les murs. Une nouvelle Blédine arrive à la maison, je lis tout sur la boîte. Parfois je lis Le Monde d’un bout à l’autre. A partir du moment où on sait lire, on peut tout lire. Et plus je lis, plus j’ai envie de lire ». Hubert-Félix Thiéfaine par Pascale Bigot.

 

«Je suis un nihiliste. Mais j’occupe le temps perdu, je suis toujours à la recherche d’histoires à me raconter ». Dossier Chorus, hiver 1998-99.

 

«J’ai vraiment commencé à lire sur le tard, vers 27/28 ans. A la suite d’humiliations, comme toujours. J’étais alors dans une merde noire. Je venais de perdre plusieurs membres de ma famille. Je vivais à Paris dans une zone épouvantable. Quelqu’un a voulu m’aider en me pistonnant pour entrer chez Gallimard en qualité de démarcheur. La collection Folio démarrait… On m’a fait passer un examen et je n’ai pas su répondre à une seule question sur les auteurs et sur la littérature. Je n’ai pas eu le poste, évidemment. Cet échec m’a traumatisé pendant plusieurs années. Jusqu’à ce que je me dise : tous ces mecs sur lesquels je me suis planté, il faut absolument que je sache qui c’est. Je zonais tellement à cette époque que, lorsque je ne savais pas où dormir, j’étais parfois hébergé par des gens sympathiques. Certains avaient des bibliothèques… J’ai commencé à y grappiller au hasard. Peu à peu, je me suis mis à lire et j’ai compris, moi qui écrivais depuis des années, ce qu’étaient le style et la littérature ». Dossier Chorus, hiver 1998-99.

 

« Je cherche une solidarité, des gens qui vibrent comme moi, qui ont vécu des choses noires. J’ai beau tenter vaguement de parler de bonheur, d’organiser un peu ma vie, je suis toujours le même mec déchiré. Le nihilisme, le désespoir, ça revient chez moi de façon récurrente ».  Dossier Chorus, hiver 1998-99.

 

« Quand on peut mettre un nom sur un oiseau, au lieu de l’appeler l’oiseau, on élargit le monde ». Dossier Chorus, hiver 1998-99.

 

« Je deviens un mathématicien de la formule humaine. Je décompose, je reprends à zéro, je remonte au début, j’essaie de me voir à travers le protozoaire, je vais du microbe aux galaxies. Je tente de trouver des solutions à cette putain de vie. Je me dis : merde, il doit bien y avoir une solution ». Dossier Chorus, hiver 1998-99.

 

« L’angoisse, c’est ce qui me tient debout ; c’est ma colonne vertébrale. Si je n’avais pas l’angoisse, je resterais couché toute la journée, je ne foutrais rien ». Dossier Chorus, hiver 1998-99.

 

« Sottise : c’est enfantin, c’est joli. En ce qui me concerne, je fais plus des conneries que des sottises ». Dossier Chorus, hiver 1998-99.

 

« L’étiquette que je préfère, c’est nihiliste… C’est plus rock’n’roll, plus piment et alcools forts ».  Dossier Chorus, hiver 1998-99.

22/04/2006

Le très délirant concert du très véritable groupe Machin

Hier soir, donc, le groupe Machin donnait un concert à Vandoeuvre-lès-Nancy. Lors de l’intro instrumentale, ces joyeux lurons ont fait quelques notes de « Maison Borniol », qui n’ont pas échappé à la fine oreille des quelques fans de Thiéfaine qui étaient venus assister au concert (nous n’étions pas nombreux, dommage). Les membres du groupe Machin ont parlé avec chaleur de l’homme « à double prénom », qu’ils ont retrouvé sur scène il y a de cela presque huit ans déjà. Sinon, la dernière fois qu’ils s’étaient produits avec Hubert à Vandoeuvre, c’était en 1980 ! Si j’avais su, à l’époque, qu’un jour je serais à ce point branchée Thiéfaine, j’aurais, du haut de mes sept ans, supplié mes parents de me traîner à ce concert ! Ah, si jeunesse savait !!!

Ils nous ont offert un spectacle totalement déjanté ! Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà autant ri à un concert ! Le summum, ce fut, à mes yeux, le moment où Jean-Pierre Robert s’est déguisé en vampire à la fin d’un morceau (cf. photo !) !

Ils nous ont promenés dans leur répertoire, le nouveau comme l’ancien. Gilles Kusmeruck a presque joué les Cali, venant faire sonner son violon au milieu de la foule, enjambant, si besoin, les personnes qui se trouvaient assises aux premiers rangs !

Nous avons eu la chance de pouvoir écouter des morceaux savoureux, comme « Y’a rien qui va », « Pour quelques centimètres de plus », chanson à la fin de laquelle Jean-Pierre Robert est allé se pendre (mais, bon, il ressuscita le troisième jour !), « Si j’étais moins phallocrate », « Ma cabane à la cambrousse », « Der tragiken Walzer », pour les titres les plus connus. L’avant-dernière chanson, moitié folk, moitié rap, était d’enfer ! C’était très drôle de voir Gilles Kusmeruck et Jean-Pierre Robert jouer les rappeurs !

Et, en rappel, nous avons eu droit à « La cancoillote » !

C’était vraiment un concert excellent !

Ensuite, tous les membres du groupe ont débarqué à la buvette de la salle. Tony Carbonare est même venu s’asseoir à différentes tables, proposant au public de signer les CD achetés. Quelle gentillesse, quelle simplicité, quelle humilité ! Les spectateurs désireux de causer un peu avec cette joyeuse clique ont largement eu l’occasion de le faire. Tony Carbonare savait que des fans de Thiéfaine seraient dans la salle. Il se souvenait notamment d’un type dont le pseudo, sur les forums, n’est composé que de chiffres. Ce ne serait pas … 655321, par hasard ?! Voilà, j’aurais dû me choisir un pseudo plus marquant sur les forums !! J’aurais dû écouter l’ami Hubert, qui met des chiffres partout !! Bref… Tony Carbonare et Jean-Pierre Robert, avec qui j’ai discuté plus particulièrement, ont dit qu’il leur était agréable de voir que Thiéfaine pouvait faire le lien entre Machin et le jeune public.  

Voilà, ce fut une belle soirée. Il m’en reste quelques photos, je vous laisse découvrir les plus réussies !

Article sur Machin, paru le 20 avril dans L'Est Républicain

LE RETOUR DE MACHIN

Au terme d’une parenthèse de vingt années, retour du quatuor le plus délirant du folk

 

Les retrouvailles ont eu lieu lors du mémorable concert de Thiéfaine à Bercy. Ce soir de 1998, les quatre de Machin ont rejoint pour le final Hubert-Félix le temps d’une chanson… Comme au bon vieux temps, ces trois années où ils avaient enregistré avec lui, l’avaient accompagné sur scène tout en continuant en parallèle une carrière commencée au milieu des années 70.

Pas plus que Tony Carbonare, le bassiste devenu manager de qui chacun sait, les autres n’avaient lâché la rampe. Jean-Paul Simonin, batterie, Jean-Pierre Robert, guitare, Gilles Kusmeruk, violon et accordéon, avaient continué à évoluer dans le monde musical.

N’empêche que ce fameux Bercy bourré comme un œuf leur a donné l’envie de se retrouver. Pour le fun d’abord en dépoussiérant un répertoire qui, en son temps, avait fait quantité d’adeptes. Les joyeuses répétitions ne pouvaient finalement que déboucher sur un retour à la scène et, pourquoi pas, un CD. Il est sorti l’an dernier, rappelant qu’on avait peut-être enterré trop tôt Machin délirant comme jamais.

La parenthèse aura duré une vingtaine d’années. De quoi avoir un réel plaisir d’être à nouveau ensemble et de faire partager ce bonheur au public.

 

« Je suis un folkeux »

 

« En compile », le disque enregistré lors de prestations dans une dizaine de villes du grand Est, donne une idée de l’ambiance délirante balancée à coups de titres comme « Pacse-toi avec moi », « Sur la route de Rome », « Pour quelques centimètres de plus » et pour les connaisseurs « La cancoillote ».

On passe, ainsi, d’airs traditionnels revus sauce Machin à des ébauches de morceaux plus électriques. De quoi bouger et frapper dans les mains. Les mélodies de ce quatuor d’expérience ne peuvent qu’être bien troussées. Même s’il n’est plus d’actualité, « Le raffarindum » passe toujours bien la rampe. Ils conjuguent désormais au passé leur credo de jadis « Je suis un folkeux » mais assurent toujours avec la même flamme ce qui ressemble à un aller-retour en première classe dans une certaine musique.

Impossible de manquer, donc, leur passage à la salle des fêtes de Vandoeuvre ce vendredi à 20h30. Pour la bonne bouche, tout finira par un bal folk.

20/04/2006

"Le temps des visites au corbeau d'Allan Poe"

Le Corbeau, texte d’Edgar Allan Poe (1809-1849). La traduction que je vous propose ici est de Charles Baudelaire. (Désolée pour la forme. Les strophes ne sont pas toujours correctement marquées. J'ai fait je ne sais combien de modifications, mais elles n'ont pas été prises en compte. Stressant!)

Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la  porte de ma chambre. « C’est quelque visiteur, - murmurai-je, - qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est que cela et rien de plus ».

Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la
précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, - et qu’ici on ne nommera jamais plus.


Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu’à ce jour ; si bien qu’enfin pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant : « C’est quelque visiteur attardé sollicitant l’entrée à la porte de ma chambre ; - c’est cela même, et rien de plus ».


Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N’hésitant donc pas plus longtemps : « Monsieur, dis-je, ou madame, en vérité, j’implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu frapper à la porte de ma chambre, qu’à peine étais-je certain de vous avoir entendu ». Et alors j’ouvris la porte toute grande ; - les ténèbres, et rien de plus.


Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d’étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et l’immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! »
C’était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot :
« Lénore ! » Purement cela, et rien de plus.


Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j’entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. « Sûrement, - dis-je, - sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère ; - c’est le vent, et rien de plus ».


Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d’ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours.
Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas, il n’hésita pas une minute ; mais avec la mine d’un lord ou d’une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; -il se percha, s’installa, et rien de plus.


Alors, cet oiseau d’ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire : « Bien que ta tête, - lui dis-je, - soit sans huppe et sans cimier, tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne ! »
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole,
bien que sa réponse n’eût pas un bien grand sens et ne me fût pas d’un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre,
un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d’un nom tel que
-Jamais plus !


Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme.
Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, -
Jusqu’à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D’autres amis se sont déjà envolés loin de moi, vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées ». L’oiseau dit alors :
« Jamais plus ! »

Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d’à-propos : Sans doute, - dis-je, - ce qu’il prononce est tout son bagage de savoir, qu’il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu’à ce que le De profundis de son espérance eût pris ce mélancolique refrain :
« Jamais –
jamais plus ! »

Mais le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ; alors, m’enfonçant dans le velours, je m’appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son
-          Jamais plus !

Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n’adressant plus une syllabe à l’oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu’au fond du cœur : je cherchai à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l’aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, - ah, jamais plus !

Alors, il me sembla que l’air s’épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient les séraphins dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre.
« Infortuné ! – m’écriai-je, - ton Dieu t’a donné par ses anges, il t’a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore ! Bois, oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! »
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, - être de malheur ! oiseau du démon ! mais toujours prophète ! que tu sois un envoyé du tentateur, ou que la tempête t’ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l’Horreur hanté, - dis-moi sincèrement, je t’en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t’en supplie ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, - être de malheur ! oiseau du démon ! toujours prophète ! par ce ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore ».
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon !  – hurlai-je en me redressant. – Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne ; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ; laisse ma solitude inviolée ; quitte ce buste au-dessus de ma porte ; arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte ! »
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le corbeau, immuable, est toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, - jamais plus !

Réponse aux commentaires de 655321 et de Povtip

Mille mercis à ceux qui ont mis des commentaires au bas de certaines notes ! J’aimerais vraiment que ce blog soit, comme son nom l’indique, un cabaret, donc aussi un lieu où l’on échange des idées !  

Je suis tout à fait d’accord avec 655321 : moi aussi, je suis loin d’avoir compris tout HFT. Et cela n’est pas pour me déplaire, j’adore trouver soudain un sens possible à un texte que j’écoute depuis des années sans le comprendre ! Et j’aime aussi me laisser bercer par des paroles que je ne comprends pas !

Povtip, ton commentaire me va également ! Moi aussi, je considère Thiéfaine comme un véritable poète.

J’ai peu d’idées ce soir. De plus, je suis encore confrontée à des problèmes techniques : je voulais mettre ce billet dans les commentaires, impossible. Je crée donc une nouvelle note. Dommage, j’aurais vraiment voulu répondre directement après vos commentaires. Mais, malheureusement, je ne possède pas encore complètement tous les rouages de la machine !

J’ai recopié hier le poème « Le corbeau ». Magnifique. Je vais le mettre aussi sur le blog.

Demain soir, je vais voir le groupe Machin en concert. Je me réjouis, je vous raconterai !

18/04/2006

Pourquoi j'aime Thiéfaine en douze points que j'aimerais pouvoir exprimer de façon percutante mais ça va être coton!

J’aime Thiéfaine parce que :

-il a une écriture à nulle autre pareille dans le paysage musical français,

-il est, à ma connaissance, le seul chanteur français qui parle de poètes allemands ou qui case des mots allemands dans ses chansons,

-il est resté fidèle à ses idéaux, quoi qu’en disent certains (voir les forums où ça cause d’Hubert),

-il parvient à rassembler des gens qui viennent d’univers très différents : il n’est que d’observer les foules bigarrées qui viennent l’applaudir en concert pour avoir une idée de ce mélange des genres,

-son univers est complètement à part, sa poésie me file des électrochocs,

-il chante comme personne la mistoufle, « la dèche, le twist et le reste »,

-il a le génie des titres (j’y reviendrai plus longuement bientôt),

-lorsque j’écoute « Alligators 427 », toute seule la nuit, cela me fiche presque les chocottes, preuve que cette chanson a atteint son but (merde, si « le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours », il y a de quoi pétocher à mort, non ?)

-il « raccommode les yeux crevés » et « rafistole les chromosomes »,

-j’ai appris plein de mots grâce à lui (par exemple « sycophante », « caboulot », « systole »),

-pour les beaux yeux de son public qui lui réclame « L’étranger dans la glace » sur la présente tournée, il renonce aux caves de Reims et se cloître et bosse comme un dingue, toujours pour les beaux yeux de son public, afin d’avoir bien en main ce morceau fabuleux,

-il m’a donné envie de lire les Chants de Maldoror, le poème « Le corbeau », d’Edgar Allan Poe, Malcolm Lowry, et j’en oublie sans doute.

Bien entendu, à ces différents points pourront s’en ajouter d’autres au fil du temps !

Et vous, pourquoi aimez-vous Thiéfaine (en autant de points que vous voulez) ?!

 

"Oh meine kleine Mutter mehr Licht!"

« Mehr Licht ! » veut dire « plus de lumière ! ». On dit souvent que ces mots furent les derniers que prononça le grand Goethe. Apparemment, l’écrivain voulait simplement signifier par là qu’il souhaitait voir entrer plus de lumière dans la pièce où il agonisait. On cite ces propos dans un sens tout différent pour dire : « Plus de clarté intellectuelle, plus de savoir, de vérité ! ».

Dans le génial Dictionnaire de la mort des grands hommes (Isabelle BRICARD, Le cherche-midi éditeur, 1995), on apprend que « ces mots très « goethiens » que la postérité a conservés et révère comme les « dernières paroles de Goethe » ne sont en fait que les avant-dernières paroles de Goethe, les dernières étant moins « goethiennes » mais plus touchantes. Tandis qu’il délirait dans cette inconscience qui le conduisait paisiblement vers la mort, Goethe serrait entre ses mains la main de sa belle-fille, Ottilie. Son souffle était si faible qu’on ne savait pas s’il vivait encore. Ottilie voulut dégager sa main, mais Goethe la serra en murmurant : « Allons, petite femme, laisse-moi encore un moment ta chère petite patte ». A onze heures et demie du matin, l’étreinte se desserra ».  

Alors, quels furent vraiment les derniers mots de Goethe ?! Nous n’étions pas là pour les entendre !

17/04/2006

Scorpions, mandragores, pourceaux et crapauds!

Reprenons le dernier passage que j’ai extrait des Chants de Maldoror :

 

« Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon cœur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d’entrer dans votre cerveau ».

 

 

Je trouve que Thiéfaine est un peu dans le même registre dans « Les dingues et les paumés » :

 

« Dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores

 

et quand leurs monstres crient trop près de la sortie

 

ils accouchent de scorpions et pleurent des mandragores ».

 

On reste en tout cas dans le végétal et l’animal !!