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03/05/2006

Encore quelques mots à propos du "Fou du roi"

Je reviens une dernière fois sur l’émission « Le Fou du roi » :

Dans son introduction, Stéphane Bern a qualifié « Scandale mélancolique » d’album « lumineux, presque joyeux » ! Album lumineux ? Il y est question d’un « ciel de suie », de « la nuit qui bourdonne », d’« une pénombre au fond de la douleur », de « grisaille silencieuse », de « nuit carcérale », du « gris des laboratoires ». Enfin, Stéphane, tout de même ! Album joyeux ? « On attend l’ultime prédatrice », « les reines immortelles ont le silence austère des mères qui nous rappellent sous leur lingerie de pierre », « mon âme funérailleuse me fusille le cerveau », etc. J’ai l’impression que jamais Thiéfaine n’avait autant parlé de la mort dans un album. Il évoque également ses parents, chose qu’il n’avait jamais faite, et moi je trouve que les retours aux sources sentent la mort aussi ! Bref, monsieur Bern n’a, semble-t-il, pas fait correctement son travail et s’est contenté d’un à-peu-près incompatible avec le jusqu’auboutisme poétique de l’ami Thiéfaine. Une lecture en diagonale et une audition bien distraite, vous ne trouvez pas ?

 

01/05/2006

Concert de Thiéfaine hier soir à Voujeaucourt : j'y étais!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Tout d'abord, voici la liste des chansons auxquelles nous avons eu droit hier :

Cabaret sainte Lilith (cette fois, Thiéfaine n'a pas chanté "à contempler la noïlle dans les yeux des passants", mais "à contempler l'enfer dans les yeux des passants")

When Maurice meets Alice

Soleil cherche futur

Sweet amanite phalloïde queen

Confessions d'un never been

Psychanalyse du singe

Bipède à station verticale

Rock autopsie

Télégramme 2003

Première descente aux enfers par la face nord

Lorelei Sebasto Cha

Les dingues et les paumés

Après cela, il y a eu une brève interruption, à la suite de laquelle Thiéfaine est revenu chanter "Gynécées" et "La fille du coupeur de joints" (chanson qu'il a présentée comme une "petite ballade gentillette" qui allait nous mettre "un peu d'onirisme dans la tête").

A 22h12, tout le monde a quitté la scène, pour revenir deux minutes plus tard. Cette fois, place à "Alligators 427" et à "Narcisse 81".

Le concert a duré 1h30 et des briquettes. Le minimum syndical, quoi! C'était de circonstance! "Autoroutes jeudi d'automne", "Mathématiques souterraines", "Scandale mélancolique", "Comme un chien dans un cimetière", "Le jeu de la folie", "L'étranger dans la glace", "Quand la banlieue descendra sur la ville" : à la trappe! Pour moi, ces morceaux faisaient partie intégrante du paysage de cette tournée. Mais, bon, ne nous plaignons pas! Nous avons eu droit à un fort joli concert quand même. Le public était très réceptif et très réactif. Une fois encore, il était bien "coloré", comme j'aime! Il paraît que dans les stades de foot, toutes les couches de la société sont représentées. Dans les concerts de Thiéfaine aussi, tiens! Et notre artiste draine des gens de tous âges. J'ai vu une maman tenir dans ses bras sa fille de sept-huit ans et, à la fin du concert, j'ai discuté avec un couple qui avait découvert Thiéfaine grâce à ses enfants!

J'étais un peu mal placée au début. Je me suis avancée ensuite, mais j'étais derrière une armoire à glace qui se trémoussait dans tous les sens. Quand le colosse allait à gauche, ma voisine (de gauche, forcément!) se mettait devant moi, ce qui fait que j'ai passé une partie du concert à maugréer! Tout cela pour m'apercevoir, à la fin, quand j'ai décidé d'aller faire quelques photos, qu'il y avait largement moyen d'intégrer les premiers rangs par la droite. Bon, une autre fois, je ferai preuve d'un peu plus d'imagination!

Voici une photo que j'ai faite à la fin du spectacle :

 

 

 

 

Bon, de l'onirisme plein la tête, ça, pour le coup, j'en ai! Et puis, déjà, me taraude la lancinante question de savoir si je vais bientôt revoir Hubert!! Je sais, cela fait groupie nunuche, mais je m'en moque!

Et, ce matin, en reprenant la route, que vois-je en traversant Vieux-Charmont?! Cela ne s'invente pas!!!

30/04/2006

Concert de Thiéfaine ce soir à Voujeaucourt : j'y serai!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Oui, c'est vrai : je serai au concert de Voujeaucourt (dans le Doubs) ce soir! Je vous raconterai! Je suis énervée, en ébullition, en effervescence, comme si j'allais à un rendez-vous d'amour! Et cela fait des années que cela dure! Merci Hubert!

29/04/2006

"Piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal"...

SPLEEN

 

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,

Et que de l’horizon embrassant tout le cercle

Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

 

Quand la terre est changée en un cachot humide,

Où l’Espérance, comme une chauve-souris,

S’en va battant les murs de son aile timide

Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

 

Quand la pluie étalant ses immenses traînées

D’une vaste prison imite les barreaux,

Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées

Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

 

Des cloches tout à coup sautent avec furie

Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,

Ainsi que des esprits errants et sans patrie

Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

 

-         Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,

Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

 

Charles BAUDELAIRE

"Baudelaire est mort hier, à onze heures du matin..."

Alors là, j’ai intérêt à faire quelque chose de potable ! Car j’adore Baudelaire. J’en ai plein la tête et le cœur ! Il m’arrive de me réciter « Spleen » en boucle (celui qui commence par « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »), de me dire «J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans », « Le Poète est pareil au prince des nuées, (…) ses ailes de géant l’empêchent de marcher », etc. Alors, grand Charles, saurai-je parler de toi comme il se doit ?!

Tout de toi me touche. L’enfance partie de travers avec ce père qui meurt en 1827, six ans après ta naissance, cette haine que tu voueras à son « remplaçant », le général Aupick, ce balancement entre spleen et idéal, ta fascination pour la beauté dont tu te demandes si elle sort « du gouffre noir » ou si elle « descend des astres », ton « avertissement » au lecteur et ces mots : « Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! », et surtout tes magnifiques Petits poèmes en prose, où un enfant riche et un enfant pauvre « se rient l’un à l’autre fraternellement, avec des dents d’une égale blancheur »…

Plus que tout, j’aime « Une charogne » !

« Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,

A cette horrible infection,

Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,

Vous, mon ange et ma passion ! ».

Il fallait oser, quand même !

 

Il y a aussi :

« Ne cherchez plus mon cœur; les bêtes l’ont mangé ».

 

« La musique souvent me prend comme une mer ! »

 

« Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,

Dont le doigt nous menace et nous dit Souviens-toi ! »

Il y a surtout :

« Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;

Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! »

 

« C’était hier l’été; voici l’automne !

Ce bruit mystérieux sonne comme un départ ».

 

Alors voilà,  « Baudelaire est mort hier, à onze heures du matin,

en zoomant d’apaisantes nuées crépusculaires,

fatigué d’un été qui le rongeait sans fin »…

Encore quelques extraits du "Fou du roi"

A propos des mots de Victor Hugo que l’on trouve dans le livret de l’album « Scandale mélancolique » (« L’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement, l’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir »), Thiéfaine a dit, au « Fou du roi » :

« On parlait des jeunes, de ce qui pouvait intéresser les jeunes dans ce que j’écris, c’est exactement ce qui m’intéresse quand je lis ce genre de phrases de Victor Hugo, c’est-à-dire que moi, on me dit … vous nous amenez … tous les jours on me dit … on me remercie pour l’espoir que j’amène aux gens. Quand on voit mes textes, c’est pas vraiment pour ça que j’écris non plus. Mais avoir quelqu’un qui peut … avoir ce genre de … qui parle un peu honnêtement de sa souffrance et qui la montre, ça peut apaiser ceux qui souffrent aussi. C’est vrai, quand je suis tombé sur cette phrase de Victor Hugo, moi, ça m’a apaisé au fond de moi ».

 

Une autre phrase de Thiéfaine, rapportée par je ne sais plus qui au cours de l’émission :

« Je suis en colère une fois par heure ». 

 

La chronique de Daniel Morin était chouette aussi. Il a dit :

« Il est légèrement tordu, l’animal. Il a la déprime facile, l’horreur à portée de la bouche et le glauque en bandoulière ».

Ou encore : « Il a une logique dans le propos, une joie de vivre derrière la glotte, qui n’appartiennent qu’à lui ».

Enfin, il a également expliqué qu’Hubert était « un client à part dans le phrasé ». Il a comparé les déclarations d’amour à la Lara Fabian et celles façon Thiéfaine, disant que celles de Lara Fabian, c’était plutôt : « Ô mon amour, quand je te regarde, oh oui, je te vois » et que celles de Thiéfaine, c’était plutôt : « Je t’aime tellement, je veux être en toi

J’aimerais être un ver de terre dans ton corps décomposé, Lolita,

Tu es ma lépreuse préférée, oh oui, tu es ma miss Calcutta ».

Ce à quoi Hubert a répondu : « Vous m’autorisez à développer la suite de la chanson ? ».


Voilà, j’ai donc un scoop : l’une des chansons du prochain album de Thiéfaine commencera par ces mots de Daniel Morin !!!

28/04/2006

Chronique de Vincent Roca au "Fou du roi" (27 avril 2006)

On le sait, Hubert-Félix Thiéfaine n’arrête pas de tourner. Sur 365 nuits, il peut en passer 250 dans les hôtels. C’est la tournée des ascenseurs, des chambres et des minibars. Et c’est la tournée des matelas, mousse, latex ou ressorts, un oreiller dans chaque port. Mets-toi à l’aise ! Résultat : Hibert-Félux Théfiaine a des problèmes de dos, la colonne en compote, les nerfs en pelote et la moelle rancunière. Ce n’est pas le problème de certains de ses collègues chanteurs, qui ont le dos en béton et, par contre, des crampes au niveau du fessier. Normal, ils font 250 émissions de télé, assis devant un micro, pour trois-quatre dates de tournée dans l’année. Choisis tes douleurs, camarade ! En 2003, Hufert-Bélix Féthiaine s’est donc allongé. Alité du bocal. Il a planché pendant un an sur son plafond. Un an à lézarder, à compter les fissures. Il a écrit des textes sur les murs. Poésie-plafond. Des vers avec les pieds dans le plâtre et des araignées dans la césure. Dans la tête de Buflert-Léthi Féxiaine, il y a des fissures aussi, et des fixettes. C’est un fêlé né d’un reste de guerre, il y a un peu plus d’un demi-siècle. Une de ses premières chansons : « Avec les germes de la guerre

on ne fabrique que des tarés

moi j’ai le cœur qui tape à l’envers

et le cerveau qui a des ratés ».

Revenons à nos problèmes de dos. Diagnostic de la médecine : « Monsieur Bélier Fufix Etraine, vous avez une hernie discale ». Le verni en a donc fait un disque. Rock and scoliose. C’est notre Goethe à nous, « Les souffrances d’une jeune vertèbre ». Tout n’est qu’ombre et lombaire. Le nouveau Thiéfaine n’est pas chiatique, il est sciatique.

Si vous regardez le visuel de son album, vous comprenez tout de suite : pour qu’il tienne debout, on lui a mis une armature en fil de fer. Mais moi je pense que c’est du fil de Ferré. D’ailleurs, regardez bien : l’armature a le poing levé ! Thiéfaine est tombé tout petit dans Ferré, il est descendu en rappel dans les grottes du vieux, dans ses cavernes, ses gouffres et ses eaux souterraines. Un vrai spéléo. Alors, respect, Léo !

Quand on visite la pochette du CD, il y a du grillage partout. Comme dans un zoo. Il y a une armature de chat et, à l’intérieur, des souris. Les souris dansent. Normal, le chat n’est pas là. L’image illustre la chanson « Gynécées ». Alors c’est pas une armature de chat, c’est l’armature d’une chatte. Et, à l’intérieur, ce ne sont pas des souris, ce sont des rats. Sur la dernière page, une biche dans sa prison grillagée. Hier soir, au Grand Argentix (?) de Bourges, le steak de biche a été remplacé par de la bavette. On cause, on cause, on parque les biches et on les bouffe en steaks. Depuis plus de trente ans, Thiéfaine soigne ses problèmes de do(s), de ré, de mi, enfin de musique. Un oxymoron matin, midi et soir. Ce sont les cachets du poète, solubles dans la chanson. Chez Thiéfaine, le froid est torride, la douceur convulsive, le jardin sauvage, l’opéra silencieux, les bulles bruyantes, les Doc Martens à pointes et l’amanite phalloïde sweet. Ce sont des oxymorons. On fait cohabiter deux mots qui ont des sens apparemment contradictoires et ça vous pète à la figure. « Scandale mélancolique ». Il me semble que son nom, Hubert-Félix Thiéfaine, est un oxymoron. Saint Hubert, patron des chasseurs, Félix Potin, patron des épiciers, et Thiéfaine, comme le chanteur Thiéfaine, noir et en colère. Et qui râle en octosyllabes :

« Dans cet étrange carnaval

on a vendu l’homo sapiens

pour racheter du Néandertal ».

Je me demande si Hubert-Félix Thiéfaine et notre planète terre, ça n’est pas un gigantesque oxymoron. En tout cas, ça vous pète à la figure. Hubert-Félix Thiéfaine, faut pas le chercher. C’est un grand consommateur d’exil et de silence. Comme ça, il est affable, sociable, mais c’est parce qu’il a toujours à portée de main sa dose. Sa dose de poudre d’escampette. « Je me tire, salut, je mets la giclée sous la porte ». Il est accro au départ, camé à la pause. Il se « chut » au silence, il avale sa chique. Son héros ? L’ange qui passe. Il lui saute dessus pour lui fumer les plumes. Il aime bouger. Alors, de temps en temps, il sniffe une ligne de fuite. Il craque, il se fout en pétard et met les bouts. Il se déracine. C’est un banni en herbe. Il part en fumée. Même si Hubert-Félix Thiéfaine n’est jamais très loin. On le joint facilement. Dis-leur, dealer, dis-leur qu’ils se taisent ! Un jour, il sortira son joker, qu’il aura soigneusement bâillonné au préalable. Un joker aphone. Il mettra un silencieux à sa guitare, lèguera son corps à l’absence, il s’échappera, partira en cavale, se fera la belle, il s’envolera avec les muettes, il s’ex-itera, s’expatriera. Un jour, il finira bien par y rester, là-bas, il cassera sa pipe à Saint-Claude ou mourra d’une overdole dans le Jura.

27/04/2006

Hubert au "Fou du roi"

Tout à l'heure, par le plus heureux des hasards, il se trouve que j'étais dans ma voiture au moment où passait l'émission "Le Fou du roi" sur France Inter. Par le plus heureux des hasards encore, il se trouve que, pour une fois, je n'avais pas mis de CD dans l'auto-radio! J'écoute le début de l'émission d'une oreille distraite quand, soudain, j'entends Stéphane Bern dire, de sa voix suave (!) :

"Son oeuvre mériterait d'être exposée au Grand Palais sur le thème de la mélancolie, tant cet enfant du rock et de Saturne a trempé sa plume dans le spleen baudelairien et l'hermétisme de Mallarmé". Là, déjà, mon oreille se fait moins distraite... "Ses textes poétiques plaisent depuis 35 ans à un public que d'aucuns décrivent dans la presse comme des alcoolos sensibles, des dépressifs engagés ou des étudiants en échec lunaire, restés fidèles au père de La fille du coupeur de joints". Mon sang ne fait qu'un tour! Il s'agit bien, comme je le souhaitais, de Thiéfaine!

Alors, allez vite écouter l'émission sur le site de France Inter! Quant à moi, je mettrai ici la chronique de Vincent Roca. Par écrit. Je le ferai très vite!