17/08/2006
Gérard de Nerval
Encore quelques mots sur Gérard de Nerval (tirés du Dictionnaire de la mort des grands hommes, d’Isabelle BRICARD) :
Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval.
MORT : 25/26 janvier 1855 (à 47 ans).
CAUSE : suicide.
LIEU : 4, rue de la Vieille-Lanterne, à Paris.
INHUMATION : cimetière du Père-Lachaise, à Paris.
Le 26 janvier 1855, vers cinq heures du matin, un sergent de ville vint prévenir le commissaire de police du quartier Saint-Merry qu’on avait découvert un homme pendu –et gelé- à la grille d’une fenêtre, au numéro 4 de la rue de la Vieille-Lanterne, une rue mal famée. On trouva dans ses poches un passeport pour l’Orient, une lettre, une pièce de deux sous, les dernières pages d’Aurélia écrites dans la journée et qui se terminaient par ces mots : « Courage frère ! C’est la dernière étape »… et deux reçus d’un asile de nuit. En effet, vers la fin de sa vie, Gérard de Nerval n’avait plus de domicile fixe : il vagabondait, couchant dans des asiles de nuit, chez des amis, ou même parfois à la belle étoile. Il s’était pendu avec un lacet qu’il avait souvent montré à ses amis, en affirmant qu’il s’agissait de la ceinture de Madame de Maintenon ou de la jarretière de la reine de Saba !
En raison des mains soignées du corps, le commissaire classa l’individu dans la catégorie des « bourgeois » et songea à un crime, mais le docteur Pau, médecin légiste, conclut à un suicide. Comme il avait été trouvé sur la voie publique, le cadavre du sieur Labrunie fut, conformément à la loi, déposé à la morgue. Après avoir reçu la douche réglementaire, il fut exposé nu, trois jours durant, aux regards du public, « avec les précautions dues à la décence et aux bonnes mœurs ».
Grâce à ses relations, Arsène Houssaye obtint que l’Etat fournisse le corbillard et les croquemorts pour les obsèques du poète qui eurent lieu le 30 janvier à l’église métropolitaine de Notre-Dame, le clergé ayant admis la version d’une mort accidentelle. La rue de la Vieille-Lanterne disparut dans les grands travaux d’Haussmann. On construisit à son emplacement le théâtre Sarah-Bernhardt et le trou du souffleur occupait précisément l’endroit où s’était pendu le poète.
Et encore un poème de Gérard de Nerval :
Les Cydalises
Où sont nos amoureuses ?
Elles sont au tombeau :
Elles sont plus heureuses,
Dans un séjour plus beau !
Elles sont près des anges,
Dans le fond du ciel bleu,
Et chantent les louanges
De la mère de Dieu !
Ô blanche fiancée !
Ô jeune vierge en fleur !
Amante délaissée,
Que flétrit la douleur !
L’éternité profonde
Souriait dans vos yeux…
Flambeaux éteints du monde,
Rallumez-vous aux cieux !
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14/08/2006
Un extrait d'Hypérion (Hölderlin) : d'abord en allemand, ensuite en français
Encore un extrait d’Hypérion. Je le mets d’abord en allemand, puis en donnerai la traduction. Si vous ne souhaitez pas lire Hölderlin dans le texte, rendez-vous directement à la traduction, ne passez pas par la case départ et ne touchez pas … c’est combien maintenant ? euh, ben, je ne sais pas, alors ne touchez pas 20 000 francs !
„Ich habe nichts, wovon ich sagen möchte, es sei mein eigen.
Fern und tot sind meine Geliebten, und ich vernehme durch keine Stimme von ihnen nichts mehr. Mein Geschäft auf Erden ist aus. Ich bin voll Willens an die Arbeit gegangen, habe geblutet darüber, und die Welt um keinen Pfennig reicher gemacht. Ruhmlos und einsam kehr ich zurück und wandre durch mein Vaterland, das, wie ein Totengarten, weit umher liegt, und mich erwartet vielleicht das Messer des Jägers, der uns Griechen, wie das Wild des Waldes, sich zur Lust hält.
Aber du scheinst noch, Sonne des Himmels! Du grünst noch, heilige Erde! Noch rauschen die Ströme ins Wasser, und schattige Bäume säuseln im Mittag. Der Wonnegesang des Frühlings singt meine sterblichen Gedanken in Schlaf. Die Fülle der allebendigen Welt ernährt und sättiget mit Trunkenheit mein darbend Wesen.
O selige Natur! Ich weiß nicht, wie mir geschiehet, wenn ich mein Auge erhebe vor deiner Schöne, aber alle Lust des Himmels ist in den Tränen, die ich weine vor dir, der Geliebte vor der Geliebten!
Mein ganzes Wesen vestummt und lauscht, wenn die zarte Welle der Luft mir um die Brust spielt. Verloren ins weite Blau, blick ich oft hinauf auf den Äther und hinein ins heilige Meer, und mir ist, als öffnet’ ein verwandter Geist mir die Arme, als löste der Schmerz der Einsamkeit sich auf ins Leben der Gottheit.
Eines zu sein mit Allem, das ist das Leben der Gottheit, das ist der Himmel des Menschen. Eines zu sein mit Allem, was lebt, in seliger Selbstvergessenheit wiederzukehren ins All der Natur, das ist der Gipfel der Gedanken und Freuden, das ist die heilige Bergeshöhe, der Ort der ewigen Ruhe, wo der Mittag seine Schwüle und der Donner seine Stimme verliert und das kochende Meer der Woge des Kornfelds gleicht.
Eines zu sein mit Allem, was lebt. Mit diesem Worte legt die Tugend den zürnenden Harnisch, der Geist des Menschen den Zepter weg, und alle Gedanken schwingen vor dem Bilde der ewigeinen Welt, wie die Regeln des ringenden Künstlers vor seiner Urania, und das eherne Schicksal entsagt der Herrschaft, und aus dem Bunde der Wesen schwindet der Tod, und Unzertrennlichkeit und ewige Jugend beseliget, verschönert die Welt.
Auf dieser Höhe steh ich oft, mein Bellarmin! Aber ein Moment des Besinnens wirft mich herab. Ich denke nach und finde mich, wie ich zuvor war, allein, mit allen Schmerzen der Sterblichkeit, und meines Herzens Asyl, die ewigeinige Welt, ist hin; die Natur verschließt die Arme, und ich stehe, wie ein Fremdling, vor ihr, und verstehe sie nicht.
Ach! Wär ich nie in eure Schulen gegangen! Die Wissenschaft, der ich in den Schacht hinunter folgte, von der ich, jugendlich töricht, die Bestätigung meiner reinen Freude erwartete, die hat mir alles verdorben.
Ich bin bei euch so recht vernünftig geworden, habe gründlich mich unterscheiden gelernt von dem, was mich umgibt, bin nun vereinzelt in der schönen Welt, bin so ausgeworfen aus dem Garten der Natur, wo ich wuchs und blühte, und vertrockne an der Mittagssonne.
O ein Gott ist der Mensch, wenn er träumt, ein Bettler, wenn er nachdenkt, und wenn die Begeisterung hin ist, steht er da, wie ein missratener Sohn, den der Vater aus dem Hause stieß, und betrachtet die ärmlichen Pfennige, die ihm das Mitleid auf den Weg gab“.
« Je n’ai rien dont je puisse dire : ceci est mien.
Lointains et morts sont ceux que j’ai aimés, et aucune voix ne me les fait plus désormais entendre. J’ai achevé ce que j’avais à faire ici-bas. Je me suis mis au travail avec toute ma volonté, j’y ai saigné et je n’ai en rien enrichi le monde.
Sans gloire et solitaire, je reviens et parcours ma patrie, qui, tel le jardin des morts, s’étend autour de moi et peut-être m’attend le couteau du chasseur qui prend son plaisir à nous autres Grecs comme il fait du gibier de la forêt.
Mais tu brilles encore, soleil du ciel ! Tu es toujours verte, terre sacrée ! Les fleuves murmurants se jettent encore dans la mer et les arbres ombreux bruissent encore à midi. Les chants de joie du printemps endorment mes pensées mortelles. La plénitude du monde qui est toute vie nourrit et comble d’ivresse mon être misérable.
O bienheureuse nature ! Je ne sais ce qui m’arrive lorsque j’élève mes yeux devant ta beauté : toutes les joies célestes sont dans les larmes que je pleure devant toi, moi l’aimé devant l’aimée.
Tout mon être fait silence lorsque les tendres vagues de l’air jouent autour de ma poitrine. Perdu dans les immensités bleues, je lève souvent mon regard vers l’éther, je le baisse vers la mer sainte et il me semble qu’un esprit proche du mien m’ouvre les bras et que les souffrances de la solitude se dissolvent dans la vie de la divinité.
Ne faire qu’un avec le Tout, telle est la vie de la divinité, tel est le paradis de l’homme. Ne faire qu’un avec tout ce qui vit, retourner dans le Tout de la nature et y trouver le bonheur de l’oubli de soi, telle est la plus haute des pensées, la plus haute des joies, c’est le sommet sacré de la montagne, le lieu de l’éternel repos où le midi perd ses orages et le tonnerre sa voix, où la mer bouillonnante ressemble aux vagues d’un champ de blé.
Ne faire qu’un avec tout ce qui vit. A ce mot, la vertu dépose sa cuirasse de colère, l’esprit de l’homme dépose son sceptre et toutes les pensées s’estompent devant l’image du monde éternellement un, comme s’estompent aussi devant son Uranie les lois imposées à l’artiste qui lutte et le destin d’airain renonce à la maîtrise du monde et la mort s’éloigne de l’alliance des êtres et une union parfaite et une jeunesse éternelle comble le monde de félicité et de beauté.
Je me tiens souvent sur ces sommets, cher Bellarmin ! Mais un moment de réflexion me jette à terre. Je songe et je me retrouve seul, comme je l’étais auparavant, avec toutes les douleurs de l’être mortel et le refuge de mon cœur, le monde éternellement un, s’enfuit ; la nature me ferme ses bras et je reste devant elle comme un étranger et ne la comprends pas.
Ah ! Que je regrette d’avoir écouté vos enseignements ! La science que j’ai suivie jusque dans ses profondeurs, dont j’attendais, fol adolescent, la confirmation de mes joies pures, la science m’a gâté toute chose.
Je suis devenu si parfaitement raisonnable grâce à vous, j’ai appris à me distinguer si profondément de tout ce qui m’entoure et je suis maintenant isolé dans ce monde si beau, je suis exclu du jardin de la nature où je croissais et m’épanouissais et je me dessèche au soleil de midi.
Oh ! L’homme est un dieu lorsqu’il rêve, un mendiant lorsqu’il pense et, lorsque l’enthousiasme s’est enfui, il ressemble à un fils chétif que le père a chassé de la maison et il contemple les misérables pièces de monnaie que la pitié lui a données pour sa route ».
23:05 | Lien permanent | Commentaires (3)
12/08/2006
Rectification
Finalement, ma note précédente aurait peut-être dû s'appeler "Comme un chien à plumes dans un cimetière le 11 août"!! Oui, je sais, c'est moyen comme humour, et un peu facile, mais plus je repense à la tournure de la soirée d'hier, plus je me sens déçue...
16:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Chienchien à pluplumes
Oui, je reviens du festival du Chien à plumes !!!
Hier soir, j’étais tranquillement installée dans le canapé du salon, quand soudain, « semblant crever le ciel et venant de nulle part » (ah non, je m’emmêle les pinceaux !), quand soudain, ma moitié me dit : « Tu sais que si tu veux aller au Chien à plumes, c'est encore jouable ? ». Mais c’est qu’il ne faut pas me lancer sur ce terrain-là, moi ! En deux temps trois mouvements, j’étais dans la voiture !! Avant que je ne me mette en route, ma moitié avait demandé au Doc de me prendre sous son aile (d’albatros) tout au long de la soirée. Chose qu’il a faite avec brio, merci au passage !
Ce soir (non, hier soir), dommage, l’ambiance n’était pas à la courtoisie. Je pesterai toujours (bien souvent en silence) contre les gros cons (révérence parler) qui vous passent devant aux caisses ou ailleurs. Hier, c’est une grosse conne (re-révérence parler) qui m’est passée devant à la billetterie. Genre de truc qui a le don de m’énerver, mais passons.
Le concert est sur le point de commencer, nous allons nous installer devant. Génial, je vais être aux premières loges. Je me dis que ça va remuer un peu, mais que cela devrait aller. Après tout, aux Eurockéennes, j’étais tout devant aussi, un type m’a vomi sur les jambes à la sortie, plus rien ne m’effraie ! C’est ce que je croyais ! Hier, le Chien à plumes avait bouffé de la vache folle ! Je me suis retrouvée au beau milieu d’une bande de joyeux allumés qui bousculaient tout le monde autour d’eux. Cauchemardesque ! Il y a des limites. Je sais, c’était un festival, ce n’était pas l’Arsenal de Metz. Mais enfin, quand même, on peut essayer de se tenir convenablement malgré tout, non ? ! J’ai vite filé de cet endroit qui m’avait semblé idyllique au départ. Je suis allée m’installer à côté d’un type qui m’avait l’air bien tranquille ! Mais, là encore, très vite, une autre bande de dingues s’est mise à faire joujou dans tous les sens ! J’ai fini par me mettre carrément en retrait. Et j’ai enfin pu apprécier le concert ! Le père Hubert semblait en forme, mais j’ai vu mieux. Sur Lorelei et quelques autres titres, sa langue a dérapé dans sa bouche de chacal !! Je crois qu’il y a eu un truc du style : « Ton corps a dérapé sur mon cœur de chacal », quelqu’un pourrait-il confirmer ou infirmer mes propos? J’ai soudain un doute. Bref, rien de bien méchant. Thiéfaine a dit qu’à la place d’un Chien à plumes, il aurait préféré des chiennes à poil(s) ! C’est un peu gros rouge qui tache, mais tellement drôle !!
Très drôle aussi : le temps. Il a plu avant et après le concert, mais pas du tout pendant. Alors ça, chapeau, c’est de la météo qui sait se tenir ! Enfin, il faisait quand même bien froid. Ce n’est pas à Langres qu’il fait toujours -40 degrés quand, partout ailleurs, il en fait 35 ?!!! Tiens, pour une fois, c’est bien fait : je ne vois pas pourquoi seuls les festivals bretons seraient gâchés par les intempéries!!!
A la fin du concert, lorsque Thiéfaine a présenté son programme politique, il a dit qu’il ne fallait pas confondre Rouget de Lisle et Leconte de Lisle. Une fille, pas loin de moi, s’est écriée : « Alors là, j’ai pas compris » ! Et qu'en était-il des brutes épaisses qui gênaient tout le monde devant?! Hier soir, quand même, on était loin du Sturm und Drang, de la poésie et du romantisme, cela m’a un peu gâché le plaisir. D’habitude, je me réjouis de me mêler à la foule bigarrée des concerts de l’ami Hub’, mais il ne faut pas confondre bigarrée et bariolée !! J’ai fichu 30 euros dans mon billet de concert et environ 15 euros dans les satanés péages de nos chères autoroutes françaises, alors, comme dirait Hubert, je voulais en avoir pour mon argent. C'est un peu dommage de se faire déloger d'une place sympa... Non, vraiment, hier, c'était brutal! Je ne suis pas la seule à avoir dû décamper dare-dare (non, il y en a eu beaucoup d'autres, il ne faudrait pas croire que je ne suis qu'une chochotte chichiteuse!!).
Après le concert, je suis allée m’acheter à manger. Et là, un type s'apprête à me passer devant. Cette fois, j’ai osé dire que non, d’abord, flûte, c’était mon tour. Comme dirait Pierre Perret, « faut pas pousser mémé dans le concasseur » !!
Ce chien aux plumes mouillées restera un bon souvenir quand même. J’ai réussi à refaire ce que je faisais avant mes fatidiques trente ans : je suis partie sur un coup de tête, suis revenue toute seule en pleine nuit, et j’ai même trouvé la force d’écrire mes impressions au retour puisque me voilà !!
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11/08/2006
Hölderlin de nouveau
Hypérion ou l’ermite de Grèce, la première œuvre d’Hölderlin : ce roman par lettres fut mis en chantier dès 1792 et décrit « la résolution des dissonances à l’intérieur d’un caractère ». Je l’ai lu rien que pour pouvoir en parler sur ce blog !
En voici un résumé (merci encore à Jean-Louis Bandet et à son Que sais-je ? consacré à la –fabuleuse !- littérature allemande) :
« Hypérion est un jeune Grec contemporain, qui a fait l’expérience de l’unité perdue entre les hommes et les Dieux, il rêve de retourner ‘dans le bienheureux oubli de soi, au grand Tout de la nature’. L’image de cette unité s’offre à lui dans l’amour pour la beauté de Diotima et il cherche à la réaliser dans le combat pour la libération de sa patrie. Mais la lutte armée, la compromission avec l’histoire, ne peut pas créer l’Etat utopique, fondé sur la beauté. Diotima meurt, retrouvant la ‘divine liberté que nous donne la mort’, exhortant Hypérion à devenir le ‘prêtre de la divine nature’. En exil en Allemagne, Hypérion vit en solitaire au sein de la nature, où il découvre que ‘les dissonances du monde sont comme les disputes d’amoureux ; la querelle contient en elle la réconciliation’ ».
Toujours dans le même Que sais-je ?, on peut lire (et cela explique « ils croient voir venir Dieu, ils relisent Hölderlin ») :
« Regret de l’unité perdue, aspiration à la fusion dans le grand Tout, ce sont là des thèmes romantiques, et la nostalgie de la Grèce rappelle Schiller. Mais pour Hölderlin, la Grèce, cette demeure désertée des Dieux, est là, présente, devant les yeux de son âme, son image se superpose à celle de l’Allemagne, et il construit, dans de grands hymnes, le mythe d’une nature où le réel transfiguré manifeste le sacré. Heidelberg, le Neckar, les grands fleuves allemands sont célébrés à la fois dans leur réalité concrète et dans leur transparence symbolique ; le pain et le vin, symboles chrétiens mais aussi attributs de Dionysos, font pressentir au poète le retour des dieux grecs et leur réconciliation avec le Christ. La poésie de Hölderlin est attente et célébration de ce grand retour, de ce moment où l’Allemagne sera, comme la Grèce antique, le pays des Dieux et de la liberté ».
Voici quelques extraits de ce roman :
« Ce qui ne peut m’être tout, pour l’éternité, ne m’est rien.
Ô Bellarmin ! où trouverons-nous l’unique chose qui nous donne la paix ? Et quand pourrons-nous entendre une autre fois chanter notre cœur comme aux jours radieux de l’enfance ?
Hélas ! Ce chant, je l’ai cherché jadis dans la fraternité des hommes. J’imaginais que la pauvreté de notre nature se changerait en richesse pour peu que deux de ces miséreux ne fissent plus qu’un seul cœur, une seule et indissoluble vie, comme si tout le mal de l’existence provenait de la seule rupture d’une unité primitive ».
« A quand le grand revoir des esprits ? Car, je le crois, nous fûmes tous réunis, autrefois ».
« Nous plaignons les morts comme s’ils se sentaient morts : pourtant, les morts connaissent la paix. Mais la souffrance qui n’a pas d’égale, le sentiment de l’anéantissement total, c’est que notre vie perde son sens, que le cœur se dise : Tu dois périr et de toi rien ne restera, nulle fleur plantée, pas la moindre hutte bâtie, que tu puisses au moins penser : ‘Je laisse une trace sur la terre’. Et tout ce désespoir n’empêche pas l’âme d’être encore désirante ! »
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09/08/2006
Le Sturm und Drang : suite et fin
« On distingue traditionnellement quatre périodes dans la vie de Goethe : la jeunesse (1749-1775), le premier séjour à Weimar (1775-1786), le voyage en Italie et le classicisme weimarien (1786-1805), la vieillesse (1805-1832). Né en 1749 à Francfort-sur-le-Main, dans une famille de bourgeoisie aisée, il commence des études à Leipzig, puis à Strasbourg : en 1771, il s’inscrit comme avocat à Francfort, en 1775 il fait la connaissance du jeune duc de Saxe-Weimar, qui l’invite à venir s’installer chez lui. A Strasbourg, en 1770, il rencontre Herder, qui lui expose sa théorie de la poésie, attire son attention sur l’art « germanique », symbolisé par la cathédrale de Strasbourg, et lui fait connaître Shakespeare ; Goethe fait aussi la connaissance de la fille d’un pasteur, Friederike Brion, qui lui inspire ses premières poésies véritablement « goethéennes ». Les deux œuvres essentielles de sa jeunesse sont un drame, Götz von Berlichingen (1773) et un roman qui connaît un immense retentissement dans toute l’Europe, Les souffrances du jeune Werther (Die Leiden des jungen Werthers, 1774). Götz est un drame historique à la mode shakespearienne, où Goethe retrace le combat et la mort, au début du XVIème siècle, d’un chevalier qui essaie d’affirmer sa liberté dans une époque chaotique et succombe, victime de la marche de l’histoire. Plus que le récit plus ou moins autobiographique de l’amour malheureux de Werther pour Charlotte, Werther est celui de l’échec d’un jeune homme qui s’enferme dans l’infini de sa sentimentalité, et qui succombe à la fascination de la mort. Götz, qui se jette dans l’action, et Werther, qui s’abandonne au sentiment, sont les deux aspects complémentaires du « génie », dont Goethe montre la grandeur et le tragique dans tout ce qu’il écrit entre 1770 et 1775 : il ébauche des drames dans lesquels il met en scène les grands personnages historiques ou mythologiques (Mahomet, Prométhée, Faust), il écrit des hymnes au « génie », des poésies de la nature, tout en mettant en chantier les drames qui marqueront son passage au classicisme.
A côté et autour de Goethe figurent un certain nombre de jeunes écrivains, Jakob Michael Reinhold Lenz (1751-1792), qui écrit des drames et des traités historiques, Heinrich Leopold Wagner (1747-1779), Friedrich Müller (1749-1825). Mais c’est avec Schiller (1759-1805), qui n’appartient pas à ce groupe, que le Sturm und Drang trouve son prolongement et son achèvement.
Par son milieu, par ses origines, par toute sa personnalité, Schiller est entièrement différent de Goethe. Il est né en Souabe, à Marbach, dans une famille très profondément marquée par le piétisme, d’un père capitaine dans l’armée du duc de Wurtemberg. A 14 ans, il est inscrit sur l’ordre du duc dans une école où, tout à fait dans l’esprit de l’Aufklärung, on donnait aux enfants les plus doués, pour en faire les cadres de l’armée et de l’Etat, une formation que le jeune Schiller subit avec impatience. Affecté en 1780 en tant que chirurgien à un régiment de Stuttgart, il fait jouer au Théâtre national de Mannheim, en 1782, son premier drame, Les brigands (Die Räuber). Mis aux arrêts pour s’être absenté sans permission, il s’enfuit à Mannheim, puis, après quelques années de vie errante, il est nommé en 1789 professeur d’histoire à l’Université d’Iéna. C’est à cette date que l’on fixe la fin de sa première période, au cours de laquelle il compose des poésies, des traités sur le théâtre et surtout quatre drames : Les brigands, La conjuration de Fiesque (Die Verschwörung des Fiesco zu Genua), Intrigue et amour (Kabale und Liebe) et Don Carlos. Les deux plus célèbres, Die Räuber et Kabale und Liebe, se rattachent aux deux grands modèles qui dominaient alors la scène allemande : Die Räuber est une pièce « shakespearienne », avec le foisonnement des scènes et des personnages, les changements de lieu, l’étalement de l’action sur une longue durée, tandis que Kabale und Liebe est explicitement désigné comme un drame bourgeois, mais, dans les grandes lignes de l’action dramatique, les deux textes sont tout à fait parallèles. Chacun montre un jeune homme qui proclame les idéaux du Sturm und Drang ; dans Die Räuber, Karl exalte la force du génie, affiche son ambition de créer une « république allemande, auprès de laquelle Rome et Sparte seraient des couvents de bonnes sœurs », Ferdinand, dans Kabale und Liebe, affirme que l’amour est la valeur suprême. (…) Schiller utilise successivement les deux grandes formes théâtrales de son temps pour démonter le personnage glorifié par le Sturm und Drang, pour montrer son échec, sinon sa culpabilité envers l’ordre du monde ».
Source : La littérature allemande, Jean-Louis BANDET, Que sais-je ?
22:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/08/2006
Wikipédia
Tiens, ce soir (ou plutôt hier soir!), en essayant de glaner encore quelques informations sur Thiéfaine, je suis tombée sur :
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05/08/2006
Les "Nibelungen", histoire d'une boucherie!
La Chanson des Nibelungen (Nibelungenlied) : épopée germanique écrite vers 1200 en moyen haut allemand. A ce sujet, on trouve, dans La littérature allemande (Que sais-je ?) :
« Le jeune Siegfried, dont on dit qu’il est détenteur du trésor légendaire des Nibelungen, arrive à Worms, à la cour des rois burgondes, et s’éprend de leur sœur Kriemhild. Avant de la lui donner pour femme, le roi Gunther exige qu’il l’aide à conquérir la farouche reine d’Islande Brünhild. Siegfried y parvient, mais par des moyens déloyaux, en utilisant la chape magique du nain Alberich, qui rend invisible ; il peut même dompter Brünhild qui, le soir de ses noces, se refuse à Gunther. Dix ans plus tard, les deux reines s’affrontent dans une querelle, et Kriemhild révèle à Brünhild le secret de ses noces. Dans sa rage, Brünhild fait assassiner Siegfried par Hagen, qui s’empare du trésor fabuleux et le jette dans le Rhin. Plus tard, le roi des Huns Etzel (Attila), devenu veuf, demande et obtient la main de Kriemhild ; celle-ci invite ses frères au château d’Etzel, et les fait massacrer par les Huns. Seuls Gunther et Hagen survivent et sont faits prisonniers. Comme Hagen refuse de révéler le lieu où est caché le trésor des Nibelungen, Kriemhild fait décapiter son propre frère et tue elle-même Hagen. Elle est alors tuée par un écuyer indigné de voir un héros assassiné par une femme ».
Eh ben ! Quand on lit ce résumé (environ quarante fois pour comprendre l’histoire !), on se dit que « dans la partie la plus sombre de l’inconscient » de Thiéfaine, ce doit être un joyeux bordel !!!!!
Mais au fait, J.K. Rowling, avec sa cape d’invisibilité, elle n’a rien inventé !!!
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