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24/09/2006

Vie de Nietzsche : première partie

La pensée du jour : "L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhumain - une corde par-dessus un abîme", NIETZSCHE (Ainsi parlait Zarathoustra).

 

Friedrich Wilhelm NIETZSCHE : né le 15 octobre 1844 (jour de la fête du roi Frédéric-Guillaume IV, d’où ses prénoms) à Roecken, en Prusse, et mort à Weimar le 25 août 1900. Nietzsche avait quatre ans lorsque son père mourut accidentellement, encore très jeune, et le souvenir de cette fin dramatique et prématurée sera pour lui déterminant, d’autant plus que la mort de son père sera suivie de celle de son jeune frère. Sa mère quittera avec lui Roecken pour Naumbourg-sur-Saale. A douze ans, il entra au collège de Pforta. A 17 ans, il décida de ne pas se faire pasteur et, à 18 ans, entra à l’Université de Bonn où il vécut isolé. En 1863, étudiant à l’Université de Leipzig, il fut bouleversé par la lecture du Monde comme volonté et comme représentation de Schopenhauer ; et il écrivit à sa sœur : « Que cherchons-nous ? Le repos, le bonheur ? Non, rien que la vérité, toute effrayante et mauvaise qu’elle puisse être… » A cette époque, il se lia avec Erwin Rohde qui demeura longtemps son meilleur ami. Il admirait Bismarck. Incorporé dans l’armée en 1867, il fut renvoyé chez lui après une chute de cheval. On lui demanda des études historiques pour une revue importante de Berlin. Mais il s’intéressait à tout, sauf à la politique. « Décidément, disait-il, je ne suis pas un animal politique ». Après la lecture de Schopenhauer, le deuxième événement important de sa jeunesse fut sa rencontre avec Wagner, pour lequel il avait la plus grande admiration. Aussi accepta-t-il, avant d’avoir obtenu tous ses diplômes, d’être nommé professeur de philologie grecque à Bâle (1868), ce qui lui permettait de voir plus facilement Wagner qui habitait Triebschen, sur le bord du lac des Quatre-Cantons, avec Cosima, la fille de Liszt, qu’il venait d’enlever et d’épouser. Nietzsche devint un assidu de leur maison et un ami intime.

En 1870, il consacra ses loisirs à l’étude des origines de la tragédie grecque. A l’annonce de la victoire allemande, il s’engagea et fut envoyé en France comme ambulancier, puis à Karlsruhe où il tomba malade. En 1871, il publia le résultat de ses travaux sous le titre : La Naissance de la tragédie ou hellénisme et pessimisme, sans obtenir de succès. Depuis Winckelmann, la critique classique ne reconnaissait qu’un aspect de l’art grec, celui qui symbolise Apollon, art fait de mesure et de pondération, qui est l’objet d’une contemplation sereine s’élevant au-dessus d’un monde condamné à la souffrance. Nietzsche lui oppose un autre aspect, symbolisé par Dionysos (Dieu de la Végétation, en particulier de la Vigne et du Vin) : c’est l’extase dans laquelle plonge la vue du vouloir-vivre universel, et qui permet d’échapper à la souffrance non pas en la niant, mais en niant sa cause qui est ce vouloir-vivre lui-même poussé à son point suprême. L’influence de Wagner, combinée avec celle de Schopenhauer, est prédominante alors, et durera même après que le premier se fut installé à Bayreuth grâce à l’amitié que lui portait le roi de Bavière, Louis II. Une première crise intellectuelle éclata pour Nietzsche lorsqu’il se détacha du pessimisme de Schopenhauer et de l’esthétisme de Wagner et qu’il commença à répudier l’art comme moyen d’évasion. C’est alors qu’il publia les premières Considérations inactuelles où l’histoire est dénoncée comme un poison pour l’être sain et joyeux de vivre. L’Université de Bâle lui ayant accordé un congé, il partit en Italie avec deux amis, et il y retrouva Wagner dont l’esprit était alors occupé par le sujet de Parsifal. Pour Nietzsche, cet opéra marque le point culminant de la dégénérescence européenne : la négation du vouloir-vivre n’est autre qu’une extinction de l’instinct vital. C’est l’idée qu’il développa dans Humain, trop humain (1878) et Le Voyageur et son ombre (1880). A ce moment, il lisait les moralistes français, surtout La Rochefoucauld, Chamfort, et aussi Pascal. Il admirait leur lucidité et leur amour de la vérité pour elle-même, leur rigueur et leur clarté. A partir de 1879, tombé malade, il abandonna sa chaire de philologie et commença une vie errante. Sa sœur l’emmena d’abord dans l’Engadine où il retourna chaque été, l’altitude lui était bienfaisante. Désormais, il sera toujours égrotant et forcé de vivre avec la pension de quatre mille francs par an que lui verse l’Université de Bâle. Les livres qu’il publiera n’auront aucun succès et ses amis l’abandonneront, excepté l’un d’eux, Peter Gast. Après un court séjour à Naumbourg dont le climat ne lui réussit pas, il décide de se rendre de nouveau en Italie, séduit cette fois par Venise où habitait Peter Gast. C’est dans cette atmosphère que naissent les aphorismes composant Aurore dont le sous-titre est alors : L’Ombre de Venise et dont le titre est emprunté à un passage des Védas : « Il y a beaucoup d’aurores qui n’ont pas encore lui » - passage lu par Nietzsche dans le livre d’Oldenberg sur Bouddha paru à l’époque. Nietzsche, après une nouvelle tentative de séjour à Naumbourg, passa l’hiver à Gênes où il vécut de la vie populaire. Son livre parut en 1881. A cette époque, il repartit pour l’Engadine et, au début d’août, y connut l’extase très singulière du Retour éternel.

Fin de la première partie, suite au prochain numéro !

Source : Dictionnaire des auteurs, déjà cité X fois ici !

 

Voici la maison où vécut Nietzsche à Naumbourg, ville magnifique que j'ai eu la chance de visiter quand j'habitais au fin fond de l'Allemagne de l'Est!!!

 

medium_maison_Nietzsche.jpg

 

23/09/2006

Les Cahiers de Cioran

La pensée du jour : "Organiser une expédition pour explorer le banal", Louis SCUTENAIRE.

 

Les Cahiers 1957-1972 de Cioran sont d’une grande beauté. La quatrième de couverture résume bien tout ce que l’on peut trouver dans ces écrits :

« Ces cahiers, que Cioran a tenus pendant quinze ans, ne constituent pas un journal relatant son existence quotidienne. En marge des livres qu’il a publiés à cette époque ou par la suite, ce sont d’abord des cahiers d’exercices où s’accumulent les notations les plus diverses : souvenirs de lectures ; impressions musicales ; portraits ou plutôt esquisses d’amis –dont les plus chers, Ionesco, Michaux, Beckett- et d’ennemis (protégés par l’anonymat) ; évocations de balades, fréquentes, dans Paris et à la campagne, d’où ce « philosophe de la rue » rapporte toujours quelque anecdote ou image frappante. Surtout, lui qui se qualifiait « l’homme le plus désoeuvré de Paris » s’abandonne ici librement à ses caprices et à ses obsessions. Ecartelé entre la nostalgie et l’effroi, tombant d’une bouffée de violence dans un accès de cafard, Cioran ne se lasse pas de réunir et d’affûter les attendus d’un impossible règlement de comptes avec l’univers tout entier et avec lui-même. Et, comme dans ses essais, ce « fanatique du pire » offre le paradoxe, savoureux pour ses lecteurs, d’un pessimisme radical s’exprimant dans un style vif, allègre et, pour tout dire, requinquant ».

 

Voici quelques minces extraits de ces 999 pages !

 

« La nuit circule dans mes veines ».

 

« J’appelle poésie ce qui vous frappe comme un couteau au cœur ».

 

« J’ai peint la terrasse, murs et grille, pendant quatre heures, durant lesquelles je n’ai pensé à rien. Autant de gagné ».

 

« La chose la plus nécessaire et la plus inconcevable est qu’un dieu ait pitié de nous ».

 

« Je me dis parfois : personne ne parle de toi. C’est comme si tu étais mort depuis longtemps.

Et puis j’ai honte de cette aigreur. Tout ce que j’ai à faire, c’est de continuer comme si de rien n’était – et de travailler pour mériter mon propre respect. Car ce n’est pas le mépris des autres, c’est le sien propre qui fait mal. Tant que je serai mal avec moi-même, les applaudissements des dieux eux-mêmes ne pourront me faire fléchir en ma faveur.

Il faut être bien avec soi, se conformer à l’idée qu’on s’était faite au départ de ses propres capacités et ne pas les trahir par veulerie, nonchalance et dégoût de soi ».

 

« La mélancolie ne serait-elle pas un signe de vieillissement précoce ? Si cela est vrai, je suis sénile depuis toujours ».

 

« Le cafard est universel. Même les poux doivent le connaître. Aucun moyen de s’en prémunir ».

 

« J’écrirai sur ma porte :

Toute visite est une agression.

ou

N’entrez pas, soyez charitable.

ou

Tout visage me dérange.

ou

Je n’y suis jamais.
ou

Maudit soit qui sonne.

ou

Je ne connais personne.

ou

Fou dangereux ».

 

« Qui êtes-vous ? Je suis l’homme que tout dérange. Je veux qu’on me laisse tranquille, qu’on ne s’occupe pas de moi, qu’on ne s’intéresse pas à moi. Je m’emploie à susciter à mon égard une incuriosité totale. Et cependant… »

 

 

« Chez moi, ‘l’horreur et l’extase de la vie’ sont absolument simultanées, une expérience de chaque instant ».

 

« Premier devoir de chacun, au lever : rougir de soi ».

 

22/09/2006

Réponse au commentaire du Doc

Cher Doc,

 

Il y a quelques minutes, j'ai essayé de poster un commentaire kilométrique à la suite du tien. Et flûte, il a fichu le camp! Il va falloir que je fasse vite car je pars travailler bientôt.
Le commentaire que tu as posté il y a peu sur mon blog ne m'a pas blessée. En fait, sur le coup, j'ai eu l'impression que tu me disais qu'en gros, je m'étais aventurée sur un terrain que je ne connaissais pas. Je me suis comme sentie prise en flagrant délit d'ignorance. Je déteste parler de ce que je ne connais pas (pourtant, la mélancolie, je pensais en connaître un rayon!) et me suis dit, à la réflexion, que je t'avais peut-être heurté en traitant à la légère un sujet qui n'a rien de léger... Je voulais d'ailleurs t'écrire pour te dire quelque chose du genre : "Ok, Doc, je suis peut-être allée trop loin, on efface tout". Et puis, le temps a filé et voilà. Et des malentendus se sont installés, ce qui est fort dommage. Car (et je suppose quand même que tu le sais) j'adore ta compagnie avant, pendant, après et en dehors des concerts d'Hubert. Quand tu me parles, je suis là à deux cent pour cent, car ton vécu m'intéresse (ce n'est pas du voyeurisme de bas étage, mais un réél intérêt pour ta personne).
Quant aux raisons qui auraient pu me pousser à arrêter ce blog, elles sont multiples et variées : déjà, lorsque je fais quelque chose, j'ai toujours l'impression d'être nullissime et me plonge dans de longs questionnements. Je fais les choses avec passion, et cela ne va pas sans heurts en tous genres! Les visiteurs ne manquent pas sur ce blog, les statistiques me le prouvent, mais beaucoup de personnes se comportent en fantômes, pensant peut-être qu'elles n'ont pas leur mot à dire ici, je ne sais pas au juste. C'est leur droit, après tout, mais je dois dire au passage qu'un commentaire fait toujours du bien. C'est comme lorsque quelqu'un acquiesce au cours d'une conversation. Un petit hochement de tête, quoi, qui montre qu'on est là! Mais enfin, libre à chacun de se taire ou de s'exprimer. Simplement, au départ, je souhaitais que ce blog soit un lieu d'échanges...

Je t'embrasse, je dois filer.

Bises et bonne journée.

Qui eût cru qu'un jour je consacrerais une note au Doc?!!!!

 

Les fastes de la solitude

Les pensées du jour : « Autopsychanalyse. La solitude est un laboratoire », René FALLET.

 

« Solitude

Salutaire

Pour l’étude

Solitaire », Bernard LORRAINE.

 

 

Et d’ailleurs, à ce propos, voici :

 

LES FASTES DE LA SOLITUDE

 

Les fleurs de rêve obscur sécrètent de noirs parfums

Dans la féerie marbrée des crépuscules forains

Théâtre d’harmonie panorama lunaire

Aux délicieuses lenteurs de cortège funéraire

Où les âmes nuageuses nimbées de sortilèges

S’évaporent dans l’ivresse glacée d’un ciel de neige

Banquises phosphorescentes et bleue mélancolie

Qui projette ses violons sur d’étranges rhapsodies

Aux étranges accords sous d’étranges latitudes

Qui te révèlent les fastes de la solitude

 

Les femmes-oiseaux perdues dans leurs sombres dimanches

Ont sorti leurs précieux colliers de souris blanches

Et dansent la sarabande frivole des courtisanes

A la mémoire d’amants noyés dans leurs arcanes

Odeurs de mandarine et rafales de cannelle

Mélodies cristallines et vapeurs d’arc-en-ciel

Là-bas sous un tilleul à l’ombre d’une fontaine

Notre dame de la nuit distribue l’oxygène

Et le septième cercle de la béatitude

Te révèle les fastes de la solitude

 

La princesse aux camées fait blinder sa pâleur

Pour franchir les spirales du miroir intérieur

Pétales rapaces d’une hydre aux yeux de tarentule

Dans le tumultueux chaos des particules

Mandalas schizoïdes et soupirs féminins

Sur les claviers bulbeux des orages clandestins

Sépultures de valium pour voyageurs-vampires

Errant dans les sargasses d’un océan martyr

Et le doute qui ravage même tes incertitudes

Te révèle les fastes de la solitude

 

Joseph d’Arimathie et Uther Pendragon

Chevauchent de vieilles juments au bord de l’extinction

Et cherchent l’asile de nuit au milieu des pylônes

Rouges-iguane et oranges brûlées des soirs d’automne

Leurs druides au bec-benzène en livrées de valets

Te préparent un cocktail dans leurs tubes à essai

Plus rapide qu’une Aston dans les mains de Shelby

Tu reprends l’avantage au treizième Martini

Et l’ineffable attrait pour les bars d’altitude

Te révèle les fastes de la solitude

 

Le chevalier la mort et le diable s’enfuient

Des pinceaux de Dürer pour absorber la nuit

Tandis que Mélusine aux longs cheveux défaits

T’organise une party dans la brume des marais

Et dessine sur ton membre une cartographie

Des ténèbres où t’attendent quelques maillons maudits

Puis traverse le désert jusqu’à la thébaïde

Où la fée méridienne de tes éphémérides

Extirpant ton sourire poisseux* de l’habitude

Te révèle les fastes de la solitude

 

Paroles et musique : Hubert-Félix THIEFAINE

 

*Il me semble qu’au cours de la tournée 2004, Thiéfaine remplaçait systématiquement « poisseux » par « hideux ».

 

 

Ah, « Les fastes de la solitude » ! Certainement ma chanson préférée sur l’album « Défloration13 »…

A chaque fois que je l’écoute, je me demande : « Tiens, mais au fait, c’est quoi, déjà, la thébaïde ? Et un mandala ? Et les Sargasses ? Et schizoïde, c’est quoi, au juste ? » ! Une bonne fois pour toutes, je vais mettre les définitions de ces mots sur le blog et viendrai les consulter dès que nécessaire !!!

 

Thébaïde : (litt.) lieu isolé et désert, propre à la méditation.

 

Mandala : Dans le bouddhisme du Grand Véhicule et dans le tantrisme, diagramme géométrique dont les couleurs symboliques, les enceintes concentriques, etc., figurent l’univers et servent de support à la méditation.

 

Mer des Sargasses : vaste région de l’Atlantique, au Nord-Est des Antilles, couverte d’algues.

 

schizoïde : (psychiatr.) se dit d’une constitution mentale caractérisée par le repli sur soi.

 

« Le chevalier, la mort et le diable » sont quelque part sur ce blog. Et voici quelques mots concernant Dürer (encore un Allemand !!) :

Albrecht DÜRER  (Nuremberg, 1471 - idem, 1528) : peintre et graveur allemand. Il fit un tour de compagnon par Colmar, Bâle, Strasbourg, séjourna deux fois à Venise, mais effectua l’essentiel de sa carrière à Nuremberg. Il a manifesté son génie dans la peinture à l’huile (La Fête du rosaire, 1506, portraits…), dans le dessin et l’aquarelle et dans son œuvre gravé, d’emblée célèbre en Europe. Il se passionna pour les principes mathématiques et optiques de la perspective et publia plusieurs ouvrages théoriques et techniques à la fin de sa vie, dont un Traité des proportions du corps humain.

 

Joseph d’Arimathie (saint) : premier siècle, Juif de Jérusalem, membre du Sanhédrin. Il prêta son propre tombeau pour ensevelir Jésus.

Il me semblait qu’Amnésik avait consacré, sur son blog, une assez longue note à ce saint. Mais impossible de la retrouver !

 

Tiens, j'ai oublié "hydre" aussi! Dans la mythologie grecque, il s'agit d'un animal fabuleux en forme de serpent d'eau.

 

Cette chanson dégage une telle puissance d'évocation que, par exemple, les "odeurs de mandarine" et les "rafales de cannelle", j'ai l'impression de me les prendre en pleine face à chaque fois!! Et il n'y a pas que les impressions olfactives. La "bleue mélancolie", "l'ivresse glacée d'un ciel de neige", je visualise très bien!

21/09/2006

Antonin Artaud : encore lui!

La pensée du jour : "Ne baisse jamais les bras, tu risques de le faire deux secondes avant le miracle", proverbe arabe.

 

Ah, Suricate, que serais-je sans toi?!! J'étais en train de regarder "Oui-Oui" (ben oui!!), avachie sur mon canapé tout gris, quand soudain, ma moitié m'a lu tes "supplications"!!!! Cela m'a redonné des forces. Sinon, aujourd'hui, j'aurais renoncé au blog. Je ne suis pas très en forme...

 Voici donc un petit "surgelé". C'est encore Antonin Artaud! Et je n'ai pas fini de vous en servir, il y a tant à découvrir dans ses oeuvres...

 

"Si l’on pouvait seulement goûter son néant, si l’on pouvait se bien reposer dans son néant, et que ce néant ne soit pas une certaine sorte d’être mais ne soit pas la mort tout à fait.
Il est si dur de ne plus exister, de ne plus être dans quelque chose. La vraie douleur est de sentir en soi se déplacer sa pensée. Mais la pensée comme un point n’est certainement pas une souffrance.

J’en suis au point où je ne touche plus à la vie, mais avec en moi tous les appétits et la titillation insistante de l’être. Je n’ai plus qu’une occupation, me refaire."

 

 

"Chers Amis,

Ce que vous avez pris pour mes œuvres n’était que les déchets de moi-même, ces raclures de l’âme que l’homme normal n’accueille pas.

Que mon mal depuis lors ait reculé ou avancé, la question pour moi n’est pas là, elle est dans la douleur et la sidération persistante de mon esprit.

Me voici de retour à M…, où j’ai retrouvé la sensation d’engourdissement et de vertige, ce besoin brusque et fou de sommeil, cette perte soudaine de mes forces avec un sentiment de vaste douleur, d’abrutissement instantané."

 

20/09/2006

Le 20 septembre de l'an 2002, variation sur le même thème

En fait, il y a quatre ans, toujours à propos du 20 septembre, j’avais raconté, de plusieurs façons différentes, la venue d’Hubert au forum de la Fnac de Metz. Ben oui, je me fais comme ça mes petits exercices de style, de temps en temps ! Je vous propose à présent une autre version du même événement (car c’en fut un !!) :

« J’adore Thiéfaine. Il y a comme ça des bouleversements qui ne s’expliquent pas. La terre tremble soudain. Demain, le monde aura un autre visage. Ou plutôt notre regard aura changé… On s’amourache d’un artiste pour un mot, pour une syllabe, un tout petit rien de rien du tout. Pour moi, ce fut : « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices »… J’ai écouté Thiéfaine en ma folle jeunesse, avec une bande de joyeux déjantés ! A partir des « ascenseurs au fond des précipices », ce fut la folie Thiéfaine ! A l’annonce de chaque tournée, mon sang ne fait qu’un tour ! A combien de concerts vais-je pouvoir assister ? Je m’autorise des « fantaisies raisonnables » : un rayon d’environ 200-300 kilomètres. Je me déplace par tous les temps. Au retour, en pleine nuit, même pas peur ! Le spectacle que j’ai vu m’a décoiffé les mirettes, je reste sous le charme jusqu’au petit matin. Le lendemain soir, c’est une autre affaire ! Cafard monumental… Plus qu’un cafard, cent mille blattes qui me grignotent la chair…

Vendredi 20 septembre 2002. Thiéfaine passe aux Arènes de Metz. J’ai le billet depuis fin août. Au collège, j’ai presque envie de me sauver illico après les cours. Et puis, quelque chose m’y retient encore. Je m’attarde en salle fumeurs, et voilà qu’une de nos emplois-jeunes, Sophie, vient m’apprendre qu’avant le concert, Thiéfaine fera une séance de dédicaces au forum de la Fnac.

Décidément, tout se goupille bien. Mes seuls grands bonheurs me viennent de ces palpitations, de ces chamades phénoménales qui me traversent régulièrement la charpente !

Je suis en avance. Quelques personnes ont déjà pris place dans les fauteuils du forum. L’album « Défloration 13 » tourne en boucle. Je m’assois dans la rangée de droite et me dis que j’ai été sacrément bien inspirée de me mettre en route aussi tôt ! Et la Soph, donc, qui m’a dégoté le minuscule article annonçant la séance de dédicaces ! Je vais la bénir toute ma vie, tiens ! Lui brûler un cierge chaque jour, pour sa santé, pour ses amours, pour son bonheur, pour ses orgasmes, aussi !

18 heures. L’animal en cinquantaine arrive. Un peu timide, me semble-t-il. Exactement comme je l’avais rêvé. Il se livre habilement et patiemment au jeu du « questions-réponses », jetant un œil goguenard (mais juste ce qu’il faut) au journaliste de Radio Jéricho qui évoque le dernier album, se trompant dans le titre, et parlant de « Défloraison 13 » au lieu de « Défloration 13 ». « Défloration 13 », corrige HFT.

« Ah, pardon ! Mais, enfin, « Défloraison 13 », c’est joli aussi !

-Oui, mais beaucoup moins profond ».


Je ris aux éclats ! Ce type a l’art de la repartie. Exactement comme je me suis toujours rêvée, fermant le bec des pas gentils, coupant court, par le tranchant de mes répliques, à toutes les attaques à dents armées ! Mais bon, on ne se refait pas…

La séance de dédicaces commence. J’ai une sainte trouille. 28 ans, toutes mes dents (c’est important), et toujours la peur des grands (c’est agaçant). Bon, ils sont tous plus vaillants que moi, ils sont environ 60 000 autour de la table où Cousin Hub’ dédicace. Je m’assois sur une chaise au premier rang. J’attends. Sagement. Je regarde mon CD (« La tentation du bonheur », ça me va bien, je te le dis, alors que je reviens du cauchemar). Je suis toute chose. Je ne saurai pas quoi dire, évidemment. Qu’est-ce que je suis cruchonne, je suis toujours comme dans un de ces mauvais rêves où un affreux jojo vous poursuit avec un couteau de 10 mètres de long et vous voulez hurler et rien ne sort, il va vous tuer sans que personne ne s’en soucie, mais quelle injustice ! Deux trous rouges au côté droit (poils aux doigts). Elle a vécu (je n’ajouterai rien, la seule chose qui me vienne à l’esprit n’étant pas franchement catholique). Paix à son âme.

Bref, je n’en suis pas encore là ! Les gens s’en vont doucement. Je m’insère dans la file. Je fais la queue, quoi ! « Avec le désir fou d’être enfin près d’Hubert » !!! Je tends mon CD, je dis seulement mon prénom, je n’ai plus de voix, puis je m’en vais rejoindre ma condition de sale petit cloporte rampant (ça rampe, un cloporte ?!). C’est déjà fini, le manège s’est arrêté. Je vais rendre mes tripes et mes boyaux… ».

Bon, visiblement, déjà à cette époque, j’aimais évoquer ma tripaille !! C’est mon côté trashouille !!

Sinon, quelle version avez-vous préférée ? Si votre préférence va au premier récit, tapez 1 (logique!). Si vous préférez la version ci-dessus, tapez 2. Vous préférez vous abstenir ? Tapez 3, lâches !!

 

PS : Je réitère mon clin d'oeil affectueux à tous ceux qui étaient au forum de la Fnac de Metz ce jour-là!

Le 20 septembre de l'an 2002

La petite pensée du jour : "Concevoir un amour plus chaste qu'un printemps qui -attristé par la fornication des fleurs- pleurerait à leurs racines...", CIORAN.

 

Il y a très exactement quatre ans, Thiéfaine passait au forum de la Fnac de Metz. Par chance, cette année-là, j’étais libre le vendredi après-midi (pas comme cette année : je ne sais toujours pas comment je vais faire pour déplacer mes heures de cours du 17 novembre car, non, purée, Hubert au Zénith de Paris, cela ne se loupe pas !). J’avais donc pu me rendre à Metz. J’allais y réparer une erreur : en 2001, Hubert était venu à la Fnac de Nancy cette fois. J’étais arrivée en retard, il y avait un monde fou. Quelques semaines auparavant, j’avais subi une opération, et j’avais encore toute la tripaille mal en point et de traviole. A ce forum de la Fnac de Nancy, j’avais commencé à choper des vertiges et n’avais pas pu rester debout parmi la foule. Je m’en étais retournée bredouille. Et vraiment très frustrée ! Bref, il y a quatre ans, en revanche, tout se goupilla bien du matin au soir ! Je voyais Thiéfaine de près, vraiment près, pour la première fois ! J’étais arrivée très en avance. Voici ce que j’écrivis le lendemain dans mon journal : « Je suis arrivée à Metz à 16 heures. Très vite, je suis allée à la Fnac, et j’ai eu raison car il y avait déjà du monde au forum. Thiéfaine est arrivé vers 18h10. Très touchant, un peu timide… Le journaliste a fait un faux pas d’entrée de jeu, en évoquant l’album « Défloraison 13 ». HFT a rectifié : 'Défloration 13'. Réponse du journaliste : ‘Enfin, défloraison, c’est joli aussi’. Et Hubert de rétorquer : ‘Oui, mais c’est moins profond’ !!!! ». Au cours de l’interview, Thiéfaine avait dit, entre autres (je n’ai pas tout noté !) qu’il était nul en maths et qu’il se vengeait en mettant des chiffres partout, qu’il aimait être précis et que son père était du genre à dire « je suis passé à tel endroit à 13h26 ». J’étais sous le charme ! Le coup des maths, cela m’a consolée tout net de je ne sais combien d’années d’humiliation (trois de moyenne en maths en seconde, vous voyez le genre). J’ai toujours été du côté des lettreux. Les chiffres, ça me dépasse un peu. Et quand on vient d’une famille de matheux, c’est fâcheux ! Bref, il y a quatre ans, j’étais presque fière d’avoir oublié mes tables de multiplication aussitôt après les avoir (très vaguement) apprises ! Ce forum de la Fnac a changé ma vie à bien des égards !! Je vis toujours dans ce que j’appelais, à l’époque, mon « carnaval huberto-félixien », mais je titube moins !!!

Quand je pense que le jeudi 10 septembre 1992 (moi aussi, j’ai un certain respect des dates !!), j’écrivais (toujours dans mon journal) : « Un jour, les chansons de Thiéfaine ne m’évoqueront plus aucun souvenir. Patience ! ». (Bon, j’étais en colère, ce jour-là, contre la personne qui, précisément, me fit découvrir Thiéfaine !!!). Je répète : « Un jour, les chansons de Thiéfaine ne m’évoqueront plus aucun souvenir » !!!!! Eh bien, ce n’est pas demain la veille !

Cette note est très personnelle (je me laisse aller en ce moment, vous ne trouvez pas ?!), mais tant pis. Dans ma vie, on ne passe pas, on ne peut pas passer comme ça à côté du 20 septembre !! Alors clin d’œil affectueux à tous ceux qui étaient au forum de la Fnac de Metz ce jour-là !!

 

 

19/09/2006

Hubert-Félix Thiéfaine et elle!

Tiens, aujourd'hui, si vous le voulez bien, allez faire un tour ici:

http://happydeutschlehrerin.hautetfort.com/

Les chroniques de cette "jeune prof d'allemand dynamique pas sadique" (oui, ça existe!) sont croustillantes! On peut aller les voir régulièrement, pas seulement pour la note consacrée à Hubert!!!