Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/10/2006

Jack Kerouac encore

La pensée du jour : "Une fois, à la télévision, j'ai entendu la plus parfaite définition de la littérature qui soit. Pierre Lazareff, journaliste et ami de Blaise Cendrars, auteur de ce fabuleux poème qu'est 'La Prose du Transsibérien', racontait lui avoir demandé un jour : 'Blaise, tu peux bien nous l'avouer, aujourd'hui, que tu ne l'as jamais pris, le Transsibérien?' Cendrars lui avait répondu sublime : 'Qu'est-ce que ça peut te foutre si je te l'ai fait prendre?'", René FALLET.

 

Jack Kerouac est né en 1922 à Lowell, Massachusetts, dans une famille d’origine canadienne-française.

Etudiant à Columbia, marin durant la Seconde guerre mondiale, il rencontre à New York, en 1944, William Burroughs et Allen Ginsberg, avec lesquels il mène une vie de bohème à Greenwich Village. Nuits sans sommeil, alcool et drogues, sexe et homosexualité, délires poétiques et jazz bop ou cool, vagabondages sans argent à travers les Etats-Unis, de New York à San Francisco, de Denver à La Nouvelle-Orléans, et jusqu’à Mexico, vie collective trépidante ou quête solitaire aux lisières de la folie ou de la sagesse, révolte mystique et recherche du satori sont quelques-unes des caractéristiques de ce mode de vie qui est un défi à l’Amérique conformiste et bien-pensante.

Après son premier livre, The town and the city, qui paraît en 1950, il met au point une technique nouvelle, très spontanée, à laquelle on a donné le nom de « littérature de l’instant » et qui aboutira à la publication de Sur la route en 1957, centré sur le personnage obscur et fascinant de Dean Moriarty (Neal Cassady). Il est alors considéré comme le chef de file de la beat generation. Après un voyage à Tanger, Paris et Londres, il s’installe avec sa mère à Long Island puis en Floride, et publie, entre autres, Les Souterrains, Les clochards célestes, Le vagabond solitaire, Anges de la Désolation et Big Sur.

Miné par la solitude et l’alcool, Jack Kerouac est mort en 1969, à l’âge de 47 ans.

 

« Bien plus qu’un écrivain voyageur, Kerouac fut avant tout un écrivain de la fuite », Gérald Nicosia.

 

Et voici quelques mots extraits de la préface de Sur la route (dans laquelle on apprend, entre autres, que le mot « beat » vient du jazz) :

 

« Etre ‘beat’, c’est rejeter le passé et le futur, se rebeller contre toute autorité organisée, mépriser le ‘Square’. Le ‘Square’ (mot qui signifie à la fois carré et honnête) est celui qui vit enfoncé dans son ornière, qui croit témoigner par sa vie en faveur de toutes les valeurs décentes – en un mot le Bourgeois, le Salaud. D’autres termes, eux aussi empruntés au jazz et à la danse, servent à exprimer un état d’esprit, une morale vague, une esthétique plus vague encore : le mot ‘cool’ : frais, léger ; le mot ‘hip’ : hanche ; le mot ‘swing ‘ : balancement.

Le ‘Beatman’ s’oppose au ‘Square’ en ce qu’il s’est désolidarisé. Il a rejeté le mensonge social, il s’est enfui sur les routes d’Amérique, loin de l’Est industriel, les poèmes de Rimbaud en poche, dans l’autre ceux de Jean Genet, désespéré lucide, dur au cœur tendre, amer, pauvre, affamé – ‘beat’ enfin ! Et à travers le continent ‘gémissant et terrible’, chanté par Whitman, par Mark Twain, par Thomas Wolfe, il a crié sa détresse, sa haine des poètes prébendés des Universités, nouveaux poètes de cour ; il a trompé sa faim en fumant de la marijuana, il s’est saoulé à mort le samedi soir dans une petite ville des Rocheuses, il a mordu la poussière, passé quelques mois peut-être dans une maison de correction où il s’est un peu converti, comme Oscar Wilde à la geôle de Reading, et un beau jour, dans une vieille bagnole volée avec des copains de rencontre, il est arrivé par la route de Sacramento jusqu’au point d’où l’on découvre San Francisco toute blanche au-dessus de la mer ».

 

Michel Mohrt

 

28/10/2006

J'ose ou j'ose pas?!

Bon, j’ose ou j’ose pas ? En fait, j’ai écrit beaucoup de textes à propos de ma passion pour Thiéfaine. Je voudrais bien en mettre quelques-uns sur ce blog, mais ils sont assez personnels. J’en choisirai certains. Il faut que je les retrouve, ce qui ne sera pas une mince affaire : j’ai environ six mille cahiers à l’heure qu’il est ! Non, peut-être pas quand même, mais bien une cinquantaine (cela fait 20 ans que j’écris !).

Voici donc un texte que j'ai "pondu" le 6 novembre 2005 :

 

Le 27 octobre 1995, il y a donc un peu plus de dix ans de cela, j’assistais à mon premier concert de Thiéfaine. C’était à la Salle des Fêtes de Sarreguemines. Je me souviens encore de l’immense émotion que j’avais ressentie lorsque le père Thiéfaine avait débarqué sur scène, une lanterne à la main… Je me souviens de sa magistrale interprétation de « La dèche, le twist et le reste ». Entre autres. Et puis il y eut aussi « La solitude ». C’est ce soir-là que je décidai de me plonger également dans l’univers de Ferré.

Plus encore, je me souviens de la profonde tristesse que j’éprouvai à la fin du concert. Cette éraflure dans l’âme devait durer de longues semaines. A l’époque, ça tanguait pas mal, j’avais un peu plus de 20 ans et Nizan avait raison : il ne faut laisser personne dire que c’est le plus bel âge de la vie !

Bref… Et, au cœur de la tempête, donc, Thiéfaine… Loin de me faire l’âme charbonneuse et pleurnichante, ses chansons ont toujours eu le don de revigorer mes soleils éventrés. Je me sens la frangine de ce « lycanthrope errant », la frangine de ses déroutes et de ses doutes. Combien de fois ai-je épousé sa lancinante mélancolie ! Combien de fois ai-je mêlé son souffle à ma mistoufle ! Découvrir Thiéfaine fut comme une révélation : enfin, je n’étais plus seule !

Cela fait à peu près treize ans que dure l’enchantement. Et le dernier album est de ces chefs-d’œuvre qui vous transpercent et font que vous ne serez plus jamais le même ! Dans ma vie, il y a un « avant Thiéfaine » et un « après Thiéfaine ». Merci, frangin d’infortune, d’avoir coloré ma solitude de tant de mots magiques et de l’avoir peuplée de personnages un loufoques, un peu baroques, comme « la  môme kaléidoscope », ou « l’autre Chinetoque dans cette soute à proxos », et tant d’autres…

 

Ben quoi ?!

Thiéfaine et Jack Kerouac

La pensée du jour : « J’aime le piment comme les alcools blancs, les mecs qui crachent… ». Devinez donc qui a pu dire ça !

 

 

Toujours dans le Chorus n°26, cité X fois ici (c’est ma bible !), Hubert évoque Kerouac. Et voici ce qu’il en dit :

« J’ai tout lu de lui en quelques mois, avec la carte des USA sous le nez. J’ai trouvé ça passionnant. Il m’a fait aimer les Etats-Unis… et m’en a donné envie. Je n’ai pas fait la route américaine, mais je connais quelques aspects de ce pays. C’est un vieux rêve, cette route, mais il me faudrait six à huit mois… que je n’ai jamais eus. En revanche, j’ai récemment essayé de relire Kerouac : c’est illisible, complètement démodé. Alors que Céline est toujours moderne ».

 

J’ai voulu me faire ma petite idée sur Kerouac et ai lu Sur la route, livre que je viens de finir ce matin. Au début, j’ai adoré. Un passage, surtout, m’a donné envie d’en savoir davantage : « et je traînais derrière eux comme je l’ai fait toute ma vie derrière les gens qui m’intéressent, parce que les seules gens qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, la démence de discourir, la démence d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines explosant comme des poêles à frire à travers les étoiles et, au milieu, on voit éclater le bleu du pétard central et chacun fait : ‘Aaaah !’ Quel nom donnait-on à cette jeunesse-là dans l’Allemagne de Goethe ? » Dans ce passage, j’ai soudain retrouvé tout ce que j’aime : l’Allemagne de Goethe, bien sûr, et puis le désir de brûler, qui fait également partie des grands principes de Gary et m’a toujours semblé être ce que nous avions de mieux à faire ici-bas !

Bref… Ce passage, page 21, m’a tout de suite fait dire : « Je tiens entre mes mains le livre-révélation » ! Puis, au fil des pages, lassitude… Toujours cette route, ces êtres déments croisés çà et là… Je ne sais pas, il y a eu subitement un gros flottement. Mais, comme je ne sais pas lâcher un livre en cours de route (c’est bien le cas de le dire !), j’ai persévéré. Et je ne regrette pas de l’avoir fait ! Kerouac est-il démodé ou non? A vrai dire, je n’en sais rien. Mais j’ai adoré son écriture très poétique, qui s’attarde sur d’infimes détails, les met dans la lumière, en fait de la musique. Ses descriptions de paysages nous emmènent en voyage. Pour un bouquin intitulé Sur la route, voilà qui n’est quand même pas si mal, non ?!

 

Voici quelques passages de ce roman magnifique :

« « Quel est ce sentiment qui vous étreint quand vous quittez des gens en bagnole et que vous les voyez rapetisser dans la plaine jusqu’à, finalement, disparaître ? C’est le monde trop vaste qui nous pèse et c’est l’adieu ».

 

« Nos bagages cabossés étaient de nouveau empilés sur le trottoir ; nous avions encore bien du chemin à faire. Mais qu’importait, la route, c’est la vie ».

 

« Ed Dunkel, sa pitié que l’on ne remarque pas plus que celle des saints ».

 

« Je me dis que tous ces instantanés, nos enfants les regarderaient un jour avec émerveillement, pensant que leurs parents avaient vécu des vies bien calmes, bien ordonnées, stables comme sur les photos, et qu’ils se lèveraient le matin pour marcher fièrement sur les trottoirs de la vie, sans jamais imaginer la folie déguenillée ni le tumulte de nos vraies vies, de notre vraie nuit, l’enfer que c’était, le cauchemar insensé de la route. Tout cela dans un néant sans fin ni commencement. Formes pitoyables d’ignorance ».

 

« Soudain, comme si, tête baissée, il rentrait dans sa vie, il disparut rapidement hors de vue. Je restai bouche bée au milieu de mon propre désert ».  

 

Il y a aussi cet émerveillement devant la beauté d’un paysage mexicain :

« Mon pote, mon pote, gueulai-je à Dean, réveille-toi et vois le monde doré d’où Jésus est sorti, tu peux dire que tu le vois de tes propres yeux ! »

 

« Je racontais un tas de choses quand soudain je remarquai le silence de la pièce et regardai autour de moi et aperçus un livre dépenaillé sur la radio. Je reconnus le Proust de Dean, destiné à ses hautes-éternités-de-l’après-midi ».

 

Dans ce livre, on trouve également de très belles pages sur la musique, notamment sur le jazz. Sacrée puissance d’évocation chez Kerouac, vraiment ! Et, ce matin, j’entendais Arthur H. dire à la radio que certaines musiques ou chansons mettaient « quelque chose d’étincelant dans l’air ». Eh bien, voilà, c’est exactement ce que j’ai envie de dire de ce livre : la musique qui s’en dégage met quelque chose d’étincelant dans l’air !

 

Jack Kerouac disait : « Si je n’écris pas ce que je vois se faire sur ce malheureux globe arrondi par les contours de ma tête de mort, je crois que j’aurai été envoyé sur terre, par ce pauvre Dieu, pour rien ».

Mission accomplie, à mon avis !

Troyes : jour J moins 6 (pour de bon, cette fois!)

Finalement, ça marche : on va à trois à Troyes! C'est vraiment trop cool!!!

27/10/2006

Troyes : jour J moins 7!!!

Bon, là, je frime un peu! Je ne suis même pas sûre de pouvoir y aller! Je crains qu'Hubert ne nous fasse, vendredi prochain, que le "minimum syndical"! Mais, après tout, serait-ce réellement grave?! Un petit avant-goût avant le Zénith me mettrait du baume au coeur! Et là, tout en écrivant, j'écoute de nouveau Marie Cherrier. C'est sympa, cette première partie ne me déplairait pas, contrairement à d'autres...

Bon, Doc, sais-tu si le concert de vendredi sera réduit ou non?! Suricate, une virée à Troyes avec moi, cela ne te dirait pas?!!!!

Histoire du soldat : suite

La pensée du jour : "Wir werden jeden Tag ermordet und jeden Tag begehen wir einen Mord", Wolfgang BORCHERT, Draußen vor der Tür.

En lisant l'Histoire du soldat, j'ai repensé à cette pièce de Wolfgang Borchert, Draußen vor der Tür, dans laquelle il est question d'un soldat, Beckmann, qui rentre chez lui après la guerre et qui voit tout son passé anéanti. Le passage d'Histoire du soldat qui va suivre présente de nombreuses similitudes avec la pièce allemande, je trouve.

 

Bravo ! ça y est ! on est chez nous ; bonjour, madame Chappuis !

elle est dans son plantage, bonjour, comment ça va-t-il ?

elle n’entend pas, mais voilà Louis, Hé ! Louis !

il passe dans le pré sur son char à échelles, c’est Louis, c’est un vieil ami ;

 

hein, quoi ? qu’est-ce qu’il y a ? lui non plus qui ne répond pas ?

Hé ! Louis, tu ne me reconnais pas, ou quoi ?

Joseph, Joseph le soldat,

Joseph, tu te rappelles bien

(l’autre continue son chemin,

il continue aussi le sien) ;

et voilà la maison d’école, avec sa cloche et les engins,

Joseph, Joseph, vous vous rappelez bien !

 

voilà le four, l’auberge et partout des gens, à présent,

des hommes, des femmes, des enfants,

qu’est-ce qu’il y a ? qu’est-ce qu’il y a ?

est-ce qu’ils auraient peur de moi ?

vous vous rappelez bien pourtant, Joseph Dupraz !

 

Joseph !... Une première porte se ferme, une autre qui s’est fermée.
Et une, et une encore, et elles crient, étant rouillées.

Toutes ces portes qu’on entend.

Et lui alors : « Heureusement !... »

c’est qu’il pense à sa mère ; mais, le voyant venir,

elle se sauve en criant ;

et il pense : « J’ai ma fiancée… »

 

Mariée !

Deux enfants !

 

Grand silence. Puis sourdement.

 

Ah ! brigand ! bougre de brigand !

je sais qui tu es à présent.
Je comprends, j’y ai mis du temps.

 

Fort.

 

Ça n’est pas trois jours, c’est trois ans !...

 

Bas.

 

Ils m’ont pris pour un revenant,

je suis mort parmi les vivants.

 

Un temps. Puis fort.

 

 

Ah ! brigand ! bougre de brigand ! je l’ai écouté bêtement ; et c’est vrai que j’avais bien faim et que j’étais bien fatigué, ça n’explique pourtant pas pourquoi je l’ai écouté, est-ce qu’on fait attention à ce que les gens qu’on ne connaît pas vous disent ? on leur répond : « Je ne vous connais pas », au lieu de quoi, je l’ai écouté.

 

Le rideau se lève. Le décor représente le clocher du village vu à une certaine distance. On voit le diable en marchand de bestiaux. Appuyé sur sa canne au milieu de la scène, il attend.

 

 

J’aurais dû me méfier de lui, au lieu de quoi je l’ai écouté, bêtement je l’ai écouté et je lui ai donné mon violon ; ah ! malheureux que je suis ! et à présent qu’est-ce que je vais faire ? et à présent qu’est-ce que je vais faire ? et à présent qu’est-ce que je vais faire ?

 

Musique. Le rideau se baisse. Fin de la musique.

 

Le rideau se lève. Même décor. Le diable est toujours là, dans la même position.

 

 

26/10/2006

Les choses se précisent!!

Bon, bon, bon, je crois que je vais pouvoir aller voir Hubert à Troyes! Et peut-être même avec ma moitié! Oui, carrément! Il faut encore peaufiner notre affaire, mais il y a de bonnes chances pour que nous y allions! On embarque la marmaille (enfin, la môme, il n'y en a qu'une pour l'instant!), elle serait gardée le soir par sa mamie et une de ses tantes, et roule!

Je viens de voir, sur le site de la Fnac, que c'était Marie Cherrier qui faisait la première partie du concert du 3 novembre. J'aime assez ce qu'elle fait.

Et, si je me souviens bien, le 3 novembre, c'est la Saint Hubert! La grande classe! Je me dois d'y aller, à ce concert, non?!

Bon, maintenant, mon homme dit que ce concert risque d'être réduit à une configuration festival. Du coup, il ne veut plus venir. Oui, mais moi, configuration festival ou grand jeu, j'ai envie d'y aller! Le grand jeu, de toute façon, je l'attends pour le Zénith. Le vrai feu d'artifice, quoi, pour finir en beauté cette si belle tournée...

Je crois que j'y vais!

Bon, Sév, tu as raison : cessons de réfléchir! Il FAUT que j'aille au concert de Troyes et c'est tout! Avant d'écrire cette note, j'ai repensé à cette très belle phrase d'Anatole France : "Si on réfléchit, on ne s'envolera jamais". J'ai toujours essayé de faire en sorte que ces mots dirigent ma vie. Alors, il faut foncer, une fois de plus! Et, bientôt, ici même, je pourrai me payer deux comptes à rebours : Troyes et Paris!!!!