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26/11/2006

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu réclamais le Soir; il descend; le voici :

Une atmosphère obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

 

Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile,

Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

 

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,

Sur les balcons du ciel, en robes surannées;

Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

 

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,

Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,

Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

 

Charles BAUDELAIRE

 

Punaise, ce n'est pas possible : il y a huit jours, une trentaine de fans d'Hubert se réunissait dans un bar parisien... Tout cela me semble si loin déjà... "La vie passe comme une rivière, faut pas trop demander l'heure", chantait Capdevielle. J'adorais cette chanson quand j'étais ... jeune et que je n'avais pas encore appris à mes dépens que cette phrase disait l'exacte et triste vérité...

Il y a neuf jours encore, nous attendions le concert du Zénith avec une impatience sans nom... Et voilà, le lendemain, comme disait Maupassant, "c'était fini d'attendre"... Je crois que c'est ce soir que je me fais ma redescente, et ça craint du boudin, je me sens seule face à ce vide devant moi, face à ce "plus rien à attendre". Pourtant si, flûte, Mélusine a raison : il y a le DVD et la BD. Dites, vous êtes sûrs, vous, qu'Hubert reprendra la scène dans deux ans? "Allez, couchée, mon âme, au pied, tranquille!" D'ailleurs, ces mots me font systématiquement penser à "Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille"...

Pêle-mêle

Ce soir, voici un petit pêle-mêle, des petites phrases que j'aime bien et que j'ai envie de partager avec vous!

 

"A la maison, il y avait toujours cette porte que ma mère fermait pour ne pas que j'attrape mal. Les microbes, n'est-ce pas. Et aussi pour ne pas risquer l'accident. Il passait une voiture par jour, et encore. Mais cette voiture-là aurait pu m'écraser", Jean CARMET.

 

"Aimer quelqu'un, c'est le dépouiller de son âme, et c'est lui apprendre ainsi -dans ce rapt- combien son âme est grande, inépuisable et claire. Nous souffrons tous de cela : de n'être pas assez volés. Nous souffrons des forces qui sont en nous et que personne ne sait piller, pour nous les faire découvrir", Christian BOBIN.

 

"Sait-on si l'on est, ou non, aimé? S'il advient qu'on le soit, l'est-on dans ce que l'on estime être l'excellence de soi? Est-on mieux connu de ceux qui nous aiment que de ceux qui nous détestent? Peut-être nous révélons-nous davantage à ceux qui nous sont indifférents, étant avec eux plus libres, plus conformes à une permanente vérité de nous-mêmes; exempts que nous sommes du soin de nous les gagner ou de nous en faire redouter", Louis CALAFERTE.

 

"Les rues qui portent des noms de fleurs sont toujours d'effrayants coupe-gorge, ou des boyaux percés dans des façades de béton. Les 'résidences' ne sont que des H.L.M. alignées côté à côte, des silos pour betteraves à tête d'hommes, des serres où se languissent d'implacables existences de légumes. L'horreur n'ose jamais dire qu'elle s'appelle l'horreur", René FALLET.

 

"J'aborde à la douleur que je narguais du haut de mon bonheur factice", Franck VENAILLE.

 

"Je rêvais d'un autre pays, d'un lieu où la vie viendrait à ma rencontre en pleine rue, comme une cavalcade au galop, où elle me piétinerait", Paul NIZON.

 

 

24/11/2006

Le 24 novembre 1997...

La pensée du jour : "Je songe, attristé, à tout ce que j'aurai ignoré de toi", Louis CALAFERTE.

 

Il y a très exactement neuf ans, s’éteignait celle que William Sheller appelle affectueusement et respectueusement « la duchesse ». La duchesse, c’est-à-dire Barbara…

Barbara, le bel aigle noir de mon enfance. Je me souviens des longues soirées passées avec ma mère, à écouter toutes les chansons qu’elle aimait bien. Parmi ces chansons, il y en avait un paquet de Barbara. C’est surtout lorsque j’avais quinze ans que je me suis réellement amourachée de l’œuvre de Barbara. Depuis, les mots de la duchesse ne m’ont jamais quittée et j’y puise courage aux heures d’accablement…

Barbara, pour moi, c’est avant tout « Göttingen ». Quand on pense aux circonstances dans lesquelles est née cette chanson, on en ressent d’autant plus toute la portée… En juillet 1964,  Gunther Klein invite Barbara à aller chanter à Göttingen. La chanteuse, dont la famille aura tant souffert de la seconde Guerre mondiale, se montre d’abord largement réticente… Elle n’a nullement envie d’aller chanter en Allemagne ! Sous l’occupation, Barbara et ses proches durent fuir et se réfugier à Saint-Marcellin. C’est d’ailleurs là qu’en 2005 eut lieu un festival Barbara. Parmi les invités … Thiéfaine ! Bref… Finalement, Barbara accepte l’invitation de Gunther Klein. Elle chante donc à Göttingen, et le public lui réserve un chaleureux accueil. Je cite ses propos : « La soirée est magnifique. Gunther prolonge mon contrat de huit jours. Le lendemain, les étudiants me font visiter Göttingen. Je découvre la maison des frères Grimm où furent écrits les contes bien connus de notre enfance ». Et voici ce que Barbara écrit à propos de la chanson « Göttingen » : « Je dois donc cette chanson à l’insistance têtue de Gunther Klein, à dix étudiants, à une vieille dame compatissante, à la blondeur des petits enfants de Göttingen, à un profond désir de réconciliation, mais non d’oubli ». Moi aussi, « il y a des gens que j’aime à Göttingen » et dans bien d’autres villes d’Allemagne, et je ne peux écouter cette chanson sans penser à eux…

Barbara, c’est aussi « Nantes », bien sûr, et tout le drame qui se cache derrière ce cri d’amour, d’amour malgré tout… C’est également « Ma plus belle histoire d’amour c’est vous », déclaration d’amour au public, cette fois. Et « L’île aux mimosas »… « Il y a si peu de temps entre vivre et mourir »… « L’enfant laboureur ». « Mais comment voulez-vous qu’un enfant laboureur,

Si on lui prend sa terre,

Fasse pousser ses fleurs, ses fleurs ? »

« Drouot », bien sûr, et puis « Tu ne te souviendras pas », et « Vienne ». Pour moi, Barbara a chanté mieux que personne le baromètre de l’amour, toujours oscillant entre « beau temps » et « pluie »… « Dis, quand reviendras-tu ? ». « Voilà combien de jours, voilà combien de nuits, voilà combien de temps que tu es reparti »… Il y a aussi « La solitude » et « La mort ». Et « L’aigle noir », évidemment !

Bref, je pourrais citer l’œuvre entière de cette artiste. Ses mots m’accompagnent au quotidien, comme ceux de Thiéfaine, et ce n’est pas incompatible !

Dimanche, au retour de Paris, j’ai demandé à Sam de me faire une faveur et de m’emmener à Précy-sur-Marne, petite commune d’environ 400 âmes, je crois, et où Barbara vivait, loin des tumultes de la scène… Cela faisait des années que je rêvais de faire ce pèlerinage. Dans le village, nous avons eu la chance de pouvoir discuter avec un monsieur qui avait été pendant longtemps le voisin de Barbara et qui l’a décrite exactement comme je l’ai toujours imaginée, généreuse et drôle. Pas du tout austère… Il nous a également dit qu’il trouvait que Barbara était déjà tombée dans un injuste oubli, alors qu’on ne manquait jamais de nous rebattre les oreilles avec Claude François, par exemple. Tout à fait d’accord. J’espère quand même que pour les dix ans de la mort de Barbara, quelqu’un pensera à lui rendre hommage, sinon je fais une révolution sur ce blog !!

En faisant ce crochet par Précy, je voulais juste, et cela avec le plus grand respect, m’imprégner de l’atmosphère dans laquelle Barbara avait pu vivre… Ce jour-là,  il «  automnait », comme elle aurait dit. Tout à fait le ciel qu’il fallait au-dessus de Précy… Et lorsque nous sommes arrivés dans le village, nous avons tout de suite vu ce joli panneau : « rue de la petite cantate »… Peu de temps après, nous avons entendu les cloches de l’église, que Barbara évoque dans la chanson « Précy », justement. J’ai ressenti une vive émotion en entendant ce carillon !

Voilà. Et je terminerai par cette phrase de Barbara :

« Et les mots qui sortent de ma gorge, je ne les connais pas : des mots qu’on a plantés là, des mots qui me font mal et qui m’étouffent ; alors je les crie, je les vomis pour pouvoir respirer, pour vivre… ».

Repose en paix, ma duchesse ! Merci encore et … chapeau bas !

 

23/11/2006

Scandale mélancolique tour : le bilan!

La pensée du jour : "Il se pourrait après tout que Dieu ne dorme pas, mais qu'il se cache parce qu'il a peur de nous", Elias CANETTI.

 

Avec un peu de chance, ce soir, on passera le cap de la 2 721ème visite! Et je ne serai même pas là pour arroser ça entre mes quatre murs!

Alors, puisque cette belle tournée est, il faut bien l'admettre, réellement terminée, j'aimerais savoir quel a été votre concert préféré! Pour ma part, si je devais établir un classement (je sais, c'est un peu réducteur, mais je ne peux m'empêcher de faire ce genre de truc, je suis une maniaque du bilan!), je dirais :

Plus beau concert de la tournée à mes yeux : celui de la Rockhal. Il faut dire que tout y était : petite salle très intime, cadre totalement loufoque dehors (voir photos), première date que je faisais sur cette tournée. Nous étions en petit comité, tout près d'Hubert et de ses musiciens, et on sentait que tout le monde était content d'être là. Vraiment géant!

En deuxième position, viendrait le concert de La Cigale. Ex aequo avec celui de vendredi dernier au Zénith de Paris!

En trois, celui du Zénith de Nancy. Pour l'endroit où nous étions dans la salle, Sam, 655321, le Doc et moi : assis pile en face de la scène.

En quatre, celui du Zénith de Dijon.

En cinq, et à égalité à cette place, il y aurait Béthune et Troyes. Béthune pour l'ambiance formidable et chaleureuse dans le public, pour JPA à mes côtés, pour le petit coup de folie qui m'a poussée à faire tout ce chemin en un week-end, pour les moments passés avec le Doc, pour la possibilité d'assister aux balances! Et Troyes pour la merveilleuse forme que tenait Hubert! Et également pour l'émotion insufflée à la salle par Marie Cherrier, qui assurait la première partie ce soir-là.

Enfin, mon concert raté sur cette tournée (mais vous le savez déjà!) : le Chien à plumes à Langres, où de grosses brutes avinées ont pissé sur les dentelles des jeunes filles des premiers rangs (au figuré, mais quand même!)!

Mon grand regret sur cette tournée : ne pas avoir vu Hubert en Bretagne! Ou même, soyons fous : en Allemagne, tiens! Il y a près de chez nous une très jolie salle appelée "Die Garage". C'est à Sarrebruck, et ce n'est pas interdit aux chanteurs français! Faudrait voir ça pour la prochaine tournée!!

Quoi? J'ai vu Hubert huit fois sur cette tournée?! Mazette! Qui dit mieux, à part le Doc?!!!

 

Me revoici, une heure plus tard. J'ai carrément oublié le concert de Voujeaucourt, honte à moi! Enfin, avec le recul, je le mettrais juste avant le Chien à plumes. Sympa, mais pas transcendant, la salle n'invitait pas spécialement à la poésie. Mais ce fut une belle soirée quand même!

Donc, j'ai vu Hubert neuf fois sur cette tournée! Alors, qui dit mieux?!

 

22/11/2006

Gérard de Nerval

LE POINT NOIR

 

Quiconque a regardé le soleil fixement

Croit voir devant ses yeux voler obstinément

Autour de lui, dans l'air, une tache livide.

 

Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,

Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :

Un point noir est resté dans mon regard avide.



Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,

Partout, sur quelque endroit que s'arrête mon oeil,

Je la vois se poser aussi, la tache noire!

 

Quoi, toujours? Entre moi sans cesse et le bonheur!

Oh! c'est que l'aigle seul - malheur à nous, malheur!

Contemple impunément le Soleil et la Gloire.

Gérard de Nerval

 

En écrivant cette note, j'écoute le dernier album de Brigitte Fontaine. Divin! Je comprends pourquoi elle dit qu'il lui tient particulièrement à coeur!

Petite invitation

La pensée du jour : "Chaque seconde contient l'éternité. D'une grimace ou d'un sourire nous pouvons nous en faire un enfer ou un paradis. Choisissons plutôt le second. Ne nous empoisonnons pas l'existence. D'autres s'en chargeront", René BARJAVEL.



Il y a, il faut bien l'avouer, une vie après Thiéfaine!!! Si! Demain soir, je vais voir le nouveau spectacle du groupe Piccolo. Et je me permets de vous inviter à en faire autant si un jour ces cinq joyeux lurons passent par chez vous. Piccolo, c'est frais, c'est de l'humour et de la tendresse, de la gravité aussi, parfois. Un très beau mélange de tout ce qui se fait chez nous les êtres humains!

Voici les dates à venir:

26/01/2007 : Bourg-en-Bresse (01), Théâtre de la Citadelle

27/01 et 28/01 : Villefranche-sur-Saône (69), Théâtre Pêle-Mêle

09/02 et 10/02 : Cosnes-et-Romain (54), L'Actée

16/02 et 17/02 : Rueil-Malmaison (92), L'Athénée

08/03, 09/03 et 10/03 : Lyon (69), A Thou Bout d'Chant

30/03 : Lille (59), Le Biplan

31/03 : Pont-à-Mousson (54), Espace Saint-Laurent

05/04 : Château-Thierry (02), Cinéma-Théâtre Calicot

Voilà pour ce qui est du nouveau spectacle, joliment intitulé "Déferlantes". L'ancien, qui s'appelle "Tout ça", tourne encore aussi. Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à aller sur le site du groupe, j'ai mis un lien en bas de page!

21/11/2006

La tête de Chénier...

La pensée du jour : "Il faut échapper aux autres, qui vous corrompent", Louis CALAFERTE.

 

André Chénier naît à Constantinople en 1762. Son père y est consul de France. Sa mère, une Grecque pleine d'esprit et de beauté, lui apprend à aimer l'Antiquité. Dès l'âge de 14 ans, le jeune homme traduit des poèmes de Sappho, la poétesse de Lesbos. Venu à Paris pour ses études, il mène une vie insouciante et dorée. Il partage son temps entre les salons littéraires et les alcôves de ses nombreuses maîtresses. Il commence à écrire un Art d'aimer à la manière d'Ovide. Il voyage en Suisse et séjourne quelque temps en Angleterre. C'est là qu'il découvre avec enthousiasme les idées nouvelles de liberté et d'égalité. Dès le début de la Révolution, il soutient l'élan réformateur. Mais les excès populaires l'inquiètent. Il s'en prend aux Jacobins, et surtout à Robespierre, dans le Journal de Paris, qu'il a fondé avec des amis. Il écrit même un poème à la gloire de Charlotte Corday, meurtrière de Marat, "l'ami du peuple". C'en est trop. Menacé, il doit quitter Paris, il se réfugie à Versailles.
Il commet pourtant l'imprudence d'aller rendre visite à la famille d'un ami emprisonné. Il est alors arrêté et enfermé à Saint-Lazare. Il écrit le célèbre poème de La Jeune captive pour mademoiselle de Coigny, qui lui inspire un tendre sentiment. Il rédige ses textes sur du papier pelure qu'un gardien complaisant dissimule dans des paniers de linge. Devant le tribunal révolutionnaire, André Chénier refuse de se défendre. Il est condamné à mort et monte sur l'échafaud le 7 thermidor an II (25 juillet 1794). Il meurt en récitant des vers de Racine, deux jours avant la chute de Robespierre.

Source : Le grand livre de la poésie française, Marcel JULLIAN.

 

 

Et voici un poème de Chénier :

 

Aujourd'hui qu'au tombeau je suis prêt à descendre,

Mes amis, dans vos mains, je dépose ma cendre.

Je ne veux point, couvert d'un funeste linceul,

Que les pontifes saints autour de mon cercueil,

Appelés aux accents de l'airain lent et sombre,

De leur chant lamentable accompagnent mon ombre,

Et sous des murs sacrés aillent ensevelir

Ma vie et ma dépouille, et tout mon souvenir.
Eh! qui peut sans horreur, à ses heures dernières,

Se voir au loin périr dans des mémoires chères?
L'espoir que des amis pleureront notre sort

Charme l'instant suprême et console la mort.
Vous-mêmes choisirez à mes jeunes reliques

Quelque bord fréquenté des pénates rustiques,

Des regards d'un beau ciel doucement animé,

Des fleurs et de l'ombrage, et tout ce que j'aimai.
C'est là, près d'une eau pure, au coin d'un bois tranquille,

Qu'à mes mânes éteints je demande un asile :

Afin que votre ami soit présent à vos yeux,

Afin qu'au voyageur amené dans ces lieux,

La pierre, par vos mains de ma fortune instruite,

Raconte en ce tombeau quel malheureux habite;

Quels maux ont abrégé ses rapides instants;

Qu'il fut bon, qu'il aima, qu'il dut vivre longtemps,

Ah! le meurtre n'a jamais souillé mon courage.
Ma bouche du mensonge ignora le langage,

Et jamais, prodiguant un serment faux et vain,

Ne trahit le secret recélé dans mon sein. 

Nul forfait odieux, nul remords implacable

Ne déchire mon âme inquiète et coupable.
Vos regrets la verront pure et digne de pleurs;

Oui, vous plaindrez sans doute, en mes longues douleurs,

Et ce brillant midi qu'annonçait mon aurore,

Et ces fruits dans leur germe éteint avant d'éclore,

Que mes naissantes fleurs auront en vain promis.
Oui, je vais vivre encore au sein de mes amis.
Souvent à vos festins qu'égaya ma jeunesse,

Au milieu des éclats d'une vive allégresse,

Frappés d'un souvenir, hélas! amer et doux,

Sans doute vous direz : "Que n'est-il avec nous!"

 

 

Je meurs. Avant le soir j'ai fini ma journée.

A peine ouverte au jour, ma rose s'est fanée.
La vie eut pour moi de volages douceurs;

Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs.
Mais, oh! que mollement reposera ma cendre,

Si parfois, un penchant impérieux et tendre

Vous guidant vers la tombe où je suis endormi,

Vos yeux en approchant pensent voir leur ami!

Si vos chants de mes feux vont redisant l'histoire;

Si vos discours flatteurs, tout pleins de ma mémoire,

Inspirent à vos fils, qui ne m'ont point connu,

L'ennui de naître à peine et de m'avoir perdu,

Qu'à votre belle vie ainsi ma mort obtienne

Tout l'âge, tous les biens dérobés à la mienne;

Que jamais les douleurs, par de cruels combats,

N'allument dans vos flancs un pénible trépas;

Que la joie en vos coeurs ignore les alarmes;

Que les peines d'autrui causent seules vos larmes,

Que vos heureux destins, les délices du ciel,

Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel,

Et non sans quelque amour paisible et mutuelle.
Et quand la mort viendra, qu'une amante fidèle,

Près de nous désolée, en accusant les dieux,

Pleure, et veuille vous suivre, et vous ferme les yeux.

19/11/2006

Voilà, c'est fini...

Décidément, certains fans de Thiéfaine semblent être faits du même bois que moi ! Je me reconnais souvent dans les propos des uns et des autres, à croire que ce n’est pas un hasard si nous avons la même passion pour l’œuvre d’Hubert. Ce soir, ce sont les mots de Mélusine qui reflètent parfaitement mon état : j’ai l’impression que le Zénith est encore à venir… Bizarre. Je flotte dans un drôle de brouillard, je ne suis pas certaine d’avoir vécu ce concert… Assez difficile à expliquer…

Pourtant, le Zénith, c’est bel et bien derrière nous, quoi qu’on en dise…
Récapitulons : départ vendredi à 15h30. Arrivée au Zénith vers 20 heures, après diverses « scènes de panique tranquille », dont une erreur d’aiguillage sur le périphérique et un assez long détour. Elista, qui faisait la première partie, avait déjà commencé à jouer quand Sam et moi sommes arrivés. Comme toujours quand je stresse, j’avais rentré la tête dans les épaules pendant toute la fin du trajet, ce qui m’a valu de grosses douleurs dorsales. Ce sont ces mêmes douleurs qui m’ont fait dire que ce soir-là, tant pis, je ne pourrais pas faire le concert debout. Troyes avait déjà été un supplice pour moi à cause de mon foutu dos. J’ai préféré jouer la carte de la sécurité. De toute façon, je dois avouer à ma grande honte que j’étais un peu triste en allant à ce concert. Ben ouais. Savoir qu'il venait refermer une si belle parenthèse qui a duré, en tout et pour tout, un an, cela m’a perturbée toute la journée, je suis comme ça ! Sam a préféré rester debout, au milieu de la foule. Moi je ne pouvais pas, je préférais rester un peu à l’écart. Je suis allée m’asseoir dans les gradins. Cela m’a permis de voir d’autres choses, notamment ce que Thiéfaine a appelé, je crois, « le royaume de Lorelei »…

Que dire de ce bouquet final ? Hubert a été formidable. Quelques petits plantages de rien du tout, mais je dirais qu’ils font presque partie des paroles maintenant ! Rien de bien gênant vendredi soir… J’ai honte, j’ai extrêmement honte, mais tant pis, je l’avoue : pendant « Mathématiques souterraines », je me suis mise à pleurer à gros bouillons (c’est mon côté Knorr, je ne m’en déferai jamais !). Je pensais à ceux qui m’avaient fait découvrir Thiéfaine, je me demandais ce qu’ils étaient devenus et où étaient « les neiges d’antan »… Pour la soixante dix millième fois de ma vie, j’ai pris en pleine bobine « l’insoutenable » beauté de cette chanson-là…

Nous avons eu de belles surprises : pour « L’étranger dans la glace », Thierry Caens est venu rejoindre Hubert sur scène. Lucas est venu jouer de la batterie sur « Confessions d’un never been ». Quant à « La fille du coupeur de joints », son idée de descendre de la montagne a fait son petit bonhomme de chemin en moi aussi, et c’est à ce moment-là que j’ai quitté les gradins pour la fosse. Tryo et Didier Wampas sont venus rejoindre Hubert sur scène pour une version flamboyante de cette petite balade…

Pendant le rappel, j’ai réussi à rejoindre Sam dans la foule. Et voilà, les deux dernières chansons nous sont tombées dessus comme des couperets. Une fois encore, à ma grande honte encore, je dois avouer que mon côté Knorr a refait surface à la fin. Oui, une fois Hubert et les musiciens partis, je me suis effondrée… Certains de ceux qui sont venus me dire bonjour à la fin du concert m’ont trouvée en larmes. Là, vraiment, j’ai senti que quelque chose se cassait en moi. Je me fous de ceux qui trouvent cela puéril ! Je préfère sentir mon cœur cogner à toute berzingue que ne pas le sentir du tout !

Voilà, c’est donc fini. Cette fois, je m’en rends compte. Je redoutais le moment où il me faudrait faire ce récit. Ce n’est pas facile. Mais, une fois de plus, je pense à Mélusine, je trouve du courage dans les mots qu’elle m’a dits vendredi : « on peut attendre le DVD et la BD pour janvier 2007 environ. Ensuite, sûr qu’Hubert reviendra vers 2008. On a donc un an pour mettre de l’argent de côté ». Moi j’y crois !

Ce concert était magique. La complicité d’Hubert et de ses musiciens a pu exploser une fois encore. Certains ont trouvé qu’Hubert aurait pu se livrer davantage vendredi, remercier encore plus et son équipe et son public. Peut-être. En même temps, je ne sais pas s’il est doué pour les remerciements. Un petit signe de tête envoyé à tel ou tel musicien, un sourire sincère en disaient peut-être plus long que tous les discours du monde…

La soirée s’est terminée d’une façon « magnifiquement belle ». Au bar de l’horloge, nous nous sommes retrouvés à une bonne trentaine. Il y avait là des personnes des différents forums, des gens qui viennent bourlinguer ici aussi parfois. Et le chien de Tommie, bien sûr ! Vers je ne sais quelle heure, dans ce fameux bar, on nous a congédiés. Nous étions nombreux à vouloir prolonger l’enchantement, et nous avons changé de troquet, tout simplement. J’ai été heureuse, mais vraiment heureuse, de discuter avec ceux qui viennent ici de temps à autre ou ceux qui font partie des « fragmentés », ou encore des « planéteux »… J’ai enfin vu à quoi ressemblaient tous les dingues (excusez-moi !) qui venaient régulièrement se paumer ici ou ailleurs. Le lendemain, en arpentant les rues de Paris, j’avais encore en tête le doux sourire d’Evadné, la voix et les mots chaleureux d’Amnésik, le rire de Soph, les mots de Tommie, ceux de Mélusine, de JPA et de tous les autres ! Vraiment, quelle belle soirée ! Il ne nous reste plus qu’à attendre patiemment la sortie du DVD, celle de la BD, puis celle du prochain album. Et les prochaines scènes ! Moi, je suis sûre qu’Hubert n’a pas mis sa dernière tournée !!