11/01/2007
Thiéfaine à Taratata
En ce jeudi soir, je me permets de vous rappeler ou de vous signaler (sait-on jamais) que Thiéfaine sera à Taratata demain soir sur France 4. L'émission sera diffusée ensuite sur la trois samedi soir. Alors, tous devant vos télés demain soir ou/et samedi soir!!!
Et voulez-vous savoir la meilleure? Mon homme, qui, entre nous, prétend être fan de Thiéfaine, a totalement oublié qu'il y avait cette émission. Il sort demain soir. Et nous remet ça samedi!!! J'aurais bien envie de faire foirer l'enregistrement, rien que pour le faire bisquer à mort! Cela lui apprendrait à me laisser seule au foyer deux soirs de suite!
Vous trouvez son attitude scandaleuse et irrespectueuse (pas vis-à-vis de moi, s'entend, mais vis-à-vis d'Hubert!!), vous pensez qu'il s'agit là d'un oubli impardonnable? N'hésitez pas, lâchez-vous!!
21:03 | Lien permanent | Commentaires (13)
"La main de Cendrars"...
La pensée du jour : "L'allemand est une langue injustement décriée", Gérard MORDILLAT (Non, ce n'est pas moi qui ai inventé ces mots pour me faire mon petit trip dans mon coin : on les trouve bel et bien dans le très beau livre Rue des rigoles, de Mordillat, donc).
Toujours dans la série "les poètes se vendent en pièces détachées", voici aujourd'hui ... Blaise Cendrars :
L'oeuvre de Blaise Cendrars est l'histoire d'une vie. Vie et oeuvre sont ici confondues, a dit Henry Miller, en une même "étincelante masse poétique dédiée à l'archipel de l'insomnie". Né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds, d'un père suisse, homme d'affaires, et d'une mère écossaise, il bourlingue dès son plus jeune âge, avec son père ou son précepteur, d'Egypte en Angleterre, de Palerme à Montreux. A quinze ans, en 1902, quand on exige de lui qu'il fasse des études sérieuses, il s'enfuit de Neuchâtel, prend le train pour Bâle puis pour Berlin, file vers Königsberg et Cologne, va d'une gare à l'autre, de peur d'en sortir et d'être rattrapé, pour finir exténué et sans argent, devant le guichet d'un prêteur sur gages de Munich...
Ainsi fera-t-il toute sa vie : Saint-Pétersbourg, la Perse, Pékin, New York, autant d'endroits fabuleux, inséparables de rencontres et d'aventures plus fabuleuses encore. De ce creuset magique sortent les Pâques à New York et la Prose du transsibérien.
En 1914, il se marie puis part pour la guerre, où il est blessé. On lui coupe le bras droit. Le manchot magnifique continue à vagabonder de par le monde, écrit l'Anthologie nègre et l'Or, collabore avec Abel Gance et Darius Milhaud, devient grand reporter à France-Soir... De Hollywood au Chili, de Rhum à Moravagine, il brûle sa vie et son génie. Après un silence de trois années, il commence en 1943 l'Homme foudroyé, que suivront La Main coupée et Bourlinguer. La mort, le 17 janvier 1961, vient mettre un terme presque incongru à cette vie frémissante - celle d'un moine baroudeur qui, en quête d'absolu poétique, a défié le temps et l'espace et connu tous les grands vertiges.
Source : Le grand livre de la poésie française, Marcel JULLIAN.
Et voici aussi ...
LE VENTRE DE MA MERE
C'est mon premier domicile
Il était tout arrondi
Bien souvent je m'imagine
Ce que je pouvais bien être...
Les pieds sur ton coeur maman
Les genoux tout contre ton foie
Les mains crispées au canal
Qui aboutissait à ton ventre
Le dos tordu en spirale
Les oreilles pleines les yeux vides
Tout recroquevillé tendu
La tête presque hors de ton corps
Mon crâne à ton orifice
Je jouis de ta santé
De la chaleur de ton sang
Des étreintes de papa
Bien souvent un feu hybride
Electrisait mes ténèbres
Un choc au crâne me détendait
Et je ruais sur ton coeur
Le grand muscle de ton vagin
Se resserrait alors durement
Je me laissais douloureusement faire
Et tu m'inondais de ton sang
Mon front est encore bosselé
De ces bourrades de mon père
Pourquoi faut-il se laisser faire
Ainsi à moitié étranglé?
Si j'avais pu ouvrir la bouche
Je t'aurais mordue
Si j'avais pu déjà parler
J'aurais dit :
Merde, je ne veux pas vivre!
Blaise CENDRARS
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09/01/2007
Comme promis : "l'oreille de Van Gogh"!
La pensée du jour : « Il faudrait bien que je refasse fortune, que je me range, que je devienne quelqu’un (mais qui ?), Jean-Claude PIROTTE.
Aujourd’hui, donc, parlons un peu de Van Gogh. Explications : sur « Routes 88 », Thiéfaine amène la chanson « Les dingues et les paumés » en disant :
« La jambe de Rimbaud
La tête de Chénier
L’oreille de Van Gogh
Et la main de Cendrars
Les poètes se vendent en pièces détachées
Et leurs cris mutilés sont de sinistres farces »…
Il me restera donc à m’occuper de la main de ce pauvre Cendrars, qui fut blessé durant la Première Guerre mondiale et en revint manchot… Il a écrit des choses magnifiques, il faut absolument que je lui consacre quelques billets !!
Donc, en ce mardi tout gris, l’oreille de Van Gogh… Enfin, les derniers jours du peintre…
VAN GOGH (Vincent Willem)
Peintre hollandais
MORT : 29 juillet 1890 (à 37 ans)
CAUSE : suicide
LIEU : Auvers-sur-Oise (Val d’Oise)
INHUMATION : Auvers-sur-Oise
Le 27 juillet 1890, Van Gogh fut pris d’une agitation subite et sortit pour se calmer en emportant un revolver. Il erra dans la campagne, arpentant les champs de blé qu’il avait peints deux jours plus tôt, et brusquement, déchargea l’arme contre sa poitrine. La balle n’avait pas touché le cœur. Il revint au café Ravoux où il logeait, la veste soigneusement boutonnée pour cacher le sang qui tachait sa chemise, et monta dans sa chambre. A l’heure du dîner, ne le voyant pas paraître, le patron monta chez son pensionnaire et le trouva étendu sur son lit, la tête tournée vers le mur : « Voilà, lui dit le peintre, j’ai voulu me tuer et je me suis raté ». On alerta le docteur Gachet qui examina la plaie et conclut avec le docteur d’Auvers qu’on ne pouvait extraire la balle. Les médecins optèrent curieusement pour « la temporisation en l’absence de tout symptôme grave » ! « Ah bien… », dit simplement Van Gogh qui réclama sa pipe et passa toute la nuit à fumer en silence, veillé par le fils de Gachet et monsieur Ravoux. Le lendemain, quand les gendarmes l’interrogèrent, ils ne purent tirer de lui que : « Cela ne regarde personne ». Son frère Théo arriva. « Ne pleure pas, lui dit-il, je l’ai fait pour le bien de tous ». Ils se parlèrent longuement. A la fin, Vincent interrogea son frère sur le pronostic des médecins ; Théo lui assura qu’ils avaient espoir de le sauver : « A quoi bon… La tristesse durera toute la vie ». L’agonie commença, très douce. La mort, plus clémente que la vie, l’emporta sans souffrance, à 1h30 du matin.
On descendit le cercueil dans la salle du café et on le plaça sur des tréteaux, devant la palette et le chevalet du peintre. Lorsque l’abbé Teissier, curé d’Auvers, apprit que « l’étranger » s’était suicidé, il lui refusa le corbillard de la paroisse. La municipalité de la ville voisine, Méry, qui se targuait d’idées avancées, offrit le sien ! Mort en 1891, Théo sera inhumé aux côtés de son frère. Un même lierre unit les deux tombes, identiques. (On peut en voir une photo en cliquant sur le lien « Cimetière d’Auvers-sur-Oise »).
Source : Dictionnaire de la mort des grands hommes, Isabelle BRICARD.
10:23 | Lien permanent | Commentaires (1)
08/01/2007
"La tête de Chénier"...
La pensée du jour : "Notre ennemi véritable, permanent, est, où qu'il se puisse rencontrer, le mal sous toutes ses formes, et, bien entendu, si nous sommes sincères, jusqu'au fond de notre propre coeur", Théodore MONOD.
Dans une de mes bibles (le Dictionnaire de la mort des grands hommes, que je vous recommande vivement, cela semble austère, mais c'est tordant par moments!), on trouve, à propos de ce pauvre Chénier :
André de CHENIER
Poète français
MORT : le 25 juillet 1794 (à 32 ans)
CAUSE : guillotiné
LIEU : place du Trône-Renversé (aujourd'hui de la Nation), à Paris
INHUMATION : cimetière de Picpus, à Paris
Après s'être enthousiasmé pour les idées révolutionnaires, Chénier fut épouvanté par les excès de la Convention et conspua les "bourreaux barbouilleurs de lois". Il fut en conséquence arrêté et emprisonné à Saint-Lazare. Lorsqu'on vint le chercher pour le conduire au tribunal, il écrivait son dernier poème :
Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyr
Anime la fin d'un beau jour,
Au pied de l'échafaud, j'essaye encore ma lyre!
Peut-être est-ce bientôt mon tour?...
En effet... Dans la charrette qui l'emmenait au supplice, était monté un autre poète, Roucher. Ensemble, ils récitèrent la première scène d'Andromaque. En vue de l'échafaud, Chénier dit à Roucher, en se frappant le front : "Je n'ai rien fait pour la postérité. Pourtant, j'avais quelque chose là".
Il y a quelques minutes, je suis allée me balader sur le blog de JPADPS. Je vous rappelle que vous pouvez aller voter pour elle, sur je ne sais plus quel site (on trouve le lien sur son blog). La miss clame aujourd'hui son bonheur, cela fait plaisir à lire!
Pour ma part, je n'ose jamais trop parler de bonheur, mais allez, soyons fous et faisons la liste des petites satisfactions récentes :
-Samedi, je vais en ville avec ma fille (de 22 mois). Dans la voiture, je lui mets le concert de Thiéfaine à Bercy (il n'est jamais trop tôt pour être initié aux choses essentielles de ce bas monde!). Je chante à tue-tête "Mathématiques souterraines". Plus tard, nous voilà dans la rue, et je continue à chanter. Notamment le refrain. J'entonne donc "Oh mais laisse allumé". Et ma fille d'ajouter : "bébé". Yes!!!!
-Samedi toujours, j'ai reçu un magnifique courrier de ma chère Christelle d'enfance (voir la note "3615 code ta vie"). Elle m'écrivait : "Attachons-nous à reconnaître le caractère si précieux de chaque journée". Si, il y a un an seulement, on m'avait dit qu'un jour Christelle me reviendrait, j'aurais dit "allez, arrêtez votre char"! Tout arrive dans la vie, vraiment!
-Aujourd'hui, je n'avais pas du tout envie de retourner bosser. Or, au bout de dix minutes à peine, j'étais finalement enchantée d'être là où j'étais! Pendant la correction d'un exercice, j'ai dit : "Maintenant, dès que je prononcerai ce mot, cela devra faire tilt! Dans votre cerveau, cela appuiera sur un bouton magique et j'obtiendrai illico la réponse souhaitée, ok?" Et un petit malin de lever le doigt et de me demander : "Mais comment on fait si on n'a pas le bouton qu'il faut?" Pendant un court instant, j'ai cru qu'il allait me demander "Mais comment on fait si on n'a pas de cerveau?"!!
Bon, je m'égare, il va falloir revenir très vite à des choses sérieuses! Demain, je vous mets un billet sur la mort de Van Gogh (parce que forcément, qui dit "tête de Chénier" dit "oreille de Van Gogh"!) et on va tout de suite moins rigoler!!
Ah, vous pouvez également aller voir le dernier volet que Daniel consacre à sa "rencontre" avec Hubert (lien sur ce blog). Et il faudra que nous reparlions bientôt de notre petite soirée Thiéfaine! J'y pense!
22:40 | Lien permanent | Commentaires (3)
07/01/2007
Je t'en remets au vent
La pensée du jour : "Aucune nation n'est sans tache, aucune ne peut, sans la brûlure d'un remords, ouvrir certaines pages de son histoire, aucune ne peut sans sombrer dans un orgueil absurde, se prétendre totalement affranchie elle-même du mal qu'elle dénonce chez les autres, et la parabole de la paille et de la poutre demeure trop souvent de saison", Théodore MONOD.
Je t'en remets au vent
D'avoir voulu vivre avec moi
t'as gâché deux ans de ta vie
deux ans suspendus à ta croix
à veiller sur mes insomnies
pourtant toi tu as tout donné
et tout le meilleur de toi-même
à moi qui ai tout su garder
toujours replié sur moi-même
mon pauvre amour, sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour, je t'en remets au vent
toi tu essayais de comprendre
ce que mes chansons voulaient dire
agenouillée dans l'existence
tu m'encourageais à écrire
mais moi je restais hermétique
indifférent à tes envies
à mettre sa vie en musique
on en oublie parfois de vivre
mon pauvre amour, sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour, je t'en remets au vent
tout est de ma faute en ce jour
et je reconnais mes erreurs
indifférent à tant d'amour
j'accuse mes imbuvables humeurs
mais toi ne te retourne pas
va voir sur ton nouveau chemin*
je n'ai jamais aimé que moi
et je reste sans lendemain
mon pauvre amour, sois plus heureuse maintenant
mon pauvre amour, je t'en remets au vent
Hubert-Félix THIEFAINE
*J'ai recopié le texte du livret de "Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir" et ce "va voir sur ton nouveau chemin" me chiffonne! J'ai toujours cru que Thiéfaine chantait "va droit sur ton nouveau chemin"... Il va falloir de nouveau bien prêter l'oreille!
Je rêve ou Hubert a dit un jour qu'il avait écrit cette chanson quand il était encore adolescent? Je ne sais plus où je l'ai entendu dire cela. D'ailleurs l'a-t-il dit? Qui peut confirmer et éventuellement me donner les propos exacts d'Hubert? Ecrire cela quand on est adolescent, il faut le faire, quand même! Qu'est-ce qu'elle lui avait fait, donc, la Jeanne-Marie Cramouillot, pour le rendre mature à ce point?!!!!
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05/01/2007
Comment Daniel découvrit Thiéfaine...
Si vous voulez savoir comment Daniel a découvert Thiéfaine, eh bien allez tout simplement faire un tour sur son blog! Vous le trouverez en lien sur ce cabaret (cliquez sur "Le blog de Daniel").
La pensée du jour : "Oui, j'ai bien lu Littell mais j'avoue que je me sens encore partagé : je ne sais toujours pas si j'apprécie ou non cette bible de l'atrocité", Daniel WALTHER.
Voilà qui résume assez bien mon sentiment : j'ai commencé ce livre avant-hier. J'ai très vite dévoré 90 pages. Puis, essoufflement. Toutes ces atrocités racontées avec force détails, je ne suis pas sûre que cela soit réellement nécessaire... J'ai parfois un peu de réticence à lire ces récits touffus qui me donnent l'impression que l'auteur éprouve presque un malin plaisir à dépeindre l'horreur. Je ne sais pas ce qu'il faut penser de ce bouquin. Je vais le lire jusqu'au bout pour me faire ma modeste idée sur la question, mais je reste partagée... Et vous, l'avez-vous lu? Le lirez-vous?
22:25 | Lien permanent | Commentaires (8)
04/01/2007
3615 code ta vie le retour!!
Alors là, c’est encore plus 3615 code ta vie que la dernière fois, quand j’avais osé parler de mon amie d’enfance !!!
Tant pis ! Le commentaire que j’ai posté ce matin sous la note « Il fait un temps à … regarder Thiéfaine ! » m’a laissée sur ma faim. J’avais envie d’en dire plus. De toute façon, il est vrai que je n’ai jamais réellement raconté comment j’avais « usiné » ma « rencontre » avec Hubert ! Alors je me jette à l’eau ce soir !
En fait, Thiéfaine, beaucoup de gens ont essayé de m’en mettre entre les oreilles ! En troisième, j’avais deux profs qui, régulièrement, m’initiaient à la musique qu’ils écoutaient. C’est ainsi que j’ai découvert Lavilliers, Charlélie Couture, Jean Guidoni. Un jour, mon prof de maths se pointe avec, si je me souviens bien, deux CD de Thiéfaine. Je me vois encore les mettre dans la chaîne, t’écouter ça à la hâte et dire « bof ». Le lendemain, je lui rendais ses CD, sans autre forme de procès !!
En terminale, une de mes camarades de classe arrive un jour avec le texte de « Demain les kids » et me dit : « Je suis sûre que tu adorerais Thiéfaine. Lis ça ! » Je lis, je dis qu’effectivement, le texte est très beau, mais que ce n’est pas la peine d’insister, j’ai déjà essayé, non merci.
Puis, vient l’été 91, qui va être l’explosion dans ma vie ! De fille toute sage, je me transforme soudain en adolescente délurée !!! L’effet de la philo, sans doute ! La prof a dit que cela serait une révolution dans nos vies, ces cours-là. Ben, moi, je la tiens, ma révolution ! En juin, je craque littéralement pour un garçon marginal, tatoué et « joyeux fêtard ». Bref, le type même du gendre idéal ! Mes parents ne s’y trompent pas, ils flairent illico le truc louche, me font des scènes pas possibles ! Pour voir Sylvain, je suis obligée d’échafauder régulièrement des plans avec l’amie Christelle ! D’ailleurs, c’est comme ça que je me ferai choper un jour, je ne sais plus comment !
Bref… C’est ce qu’on peut appeler, je crois, l’amour fou ! Je suis tellement branchée Sylvain que je fais des rêves prémonitoires le concernant. Je sens sa présence tout le temps, n’en déplaise à mes parents !
Sylvain écoute Gainsbourg et … Thiéfaine. Souvent, quand il vient me voir dans sa caisse pourrie (mais alors vraiment pourrie : maintenant que je suis mère, je comprends par quelles angoisses mes parents ont pu passer quand ils voyaient débarquer ce type louftingue dans sa vieille guimbarde !), il écoute Thiéfaine. Il essaie de m’initier un peu à cet univers. Je reste hermétique. Sylvain me fredonne régulièrement « On s’est aimés dans les maïs,
T’en souviens-tu mon Anaïs ? », mais la mayonnaise ne prend pas !!
Et puis, le temps passe sur cet amour-là, je m’use à courir après des chimères : Sylvain fait connerie sur connerie, je dois régulièrement aller le récupérer ivre mort, dans des bars de rase campagne. Je finis par comprendre que papa et maman avaient peut-être raison quand ils essayaient de me faire entendre … raison. Un beau jour de septembre 92, je capitule. J’en ai trop vu. Cette fois, je me tire ! Mais j’ai le cœur ravagé car, vraiment, je ne sais pas, mais ce type avait quelque chose que les autres n’avaient pas… En ce mois de septembre 92, toujours, il continue à me hanter à longueur de temps. Je traîne encore avec ses copains, pour essayer de savoir où il en est… Et, par un soir de déprime totale, le meilleur ami de Sylvain m’emmène à une fête à environ trente kilomètres de chez moi. Il me dit : « On va s’écouter Thiéfaine ». Le concert 83. On écoute cela religieusement ! Oui, du Thiéfaine, religieusement, j’ai bien dit religieusement ! Et, tout à coup, il y a cette phrase… Qui s’imprime tout de suite dans mon esprit et qui parle à ma déglingue… « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices ». C’est marrant, mais c’est comme qui dirait un peu ce que je ressens. Si un ascenseur se pointait là, au beau milieu de la mistoufle, ce serait pas de refus ! Je continue à écouter le père Hubert. On va à la fameuse fête. Au retour, nous écoutons de nouveau Thiéfaine. Avant de regagner mes pénates, je dis au meilleur ami de Sylvain : « Tu me files la cassette, s’il te plaît ? » Le lendemain, je m’écoute cela en boucle. Le surlendemain, je fonce en ville acheter, avec toutes mes économies, je ne sais combien d’albums d’Hubert. En cassettes, pour que ce soit moins cher et que je puisse en avoir plus en une fois ! C’est ce qui explique que j’aie, maintenant que je me suis embourgeoisée, plein d’albums à la fois en CD et en cassette ! Et, d’ailleurs, j’y pense : le concert 83, je ne l’ai jamais rendu à son propriétaire. Je ne me le pardonne pas. Si on avait osé me faire un truc pareil, j’en trépignerais encore de rage trente ans plus tard ! Bref…
« Toi tu vis ta vie d’alcoolique entre ces quatre murs lamentables »… « Elle m’envoie des cartes postales de son asile m’annonçant la nouvelle de son dernier combat »… Tout y est. J’ai l’impression que ce Thiéfaine a l’art de se frayer un petit chemin jusqu’au tréfonds de mon âme...
C’est avec lui que je vais mettre du mercurochrome sur mes plaies ! Pendant très longtemps, j’aurai le sentiment de retrouver Sylvain dans chaque chanson…
Quinze ans ont passé sur cette histoire. A présent, quand j’écoute tel ou tel morceau, je ne pense plus précisément à Sylvain, mais à deux ou trois bricoles auxquelles je tiens comme à la prunelle de mes yeux : le souvenir de la première fois où mon cœur s’est vraiment ouvert à quelqu’un d’autre, un bout de ma jeunesse qui, comme le temps du lilas, a foutu le camp, et merde ! Alors, au Zénith, si j’ai chialé comme une dingue sur « Mathématiques souterraines », c’est parce qu’il y avait un petit mélange de tout cela qui remontait…
Et vous, la première fois avec Hubert, c'était dans quelles circonstances, si je puis me permettre?!!!
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03/01/2007
Il fait un temps à ... regarder Thiéfaine!
Je viens de regarder la vidéo du "Bluesymental tour". Et j'ai noté l'introduction parlée que Thiéfaine récite avant "Un automne à Tanger". Ce qui est bizarre, c'est qu'il est écrit, au dos de la cassette : "intro parlée d'après P. Bowles". Mais alors, si c'est "d'après P. Bowles", ce n'est pas tout à fait du Paul Bowles! Une nouvelle "mission" semble s'imposer à moi : retrouver le texte qui a inspiré cette intro. Coûte que coûte! Je vais m'atteler dès que possible à la tâche!
C'est marrant, à l'époque du "Bluesymental tour", on ne voyait pas, je trouve, le mélange de générations que l'on peut trouver à l'heure actuelle dans le public de Thiéfaine. Quand celui-ci demande s'il y a des lycéens dans la salle, le public hurle comme un seul homme, et on a l'impression qu'il n'y a d'ailleurs que des lycéens dans la salle! Moi aussi, tiens, j'étais lycéenne à l'époque, mais je n'avais pas encore fait la découverte qui allait donner une autre couleur à mes jours un peu ternes (ben oui, "j'avais (presque) vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie". Ce n'est pas ça, la phrase de Paul Nizan? J'ai juste ajouté le "presque"!)... Mais, quand même, Thiéfaine n'allait pas tarder à venir faire sa petite révolution poétique dans ma vie!! Bref...
Voici donc cette intro parlée, d'après Paul Bowles :
"Temps clair. Un violent chergui* soulève des montagnes de poussière le long du chemin. Sur la plage, des centaines de petits enfants et presque pas d'adultes. Des garçons se flagellent mutuellement avec de longues lanières d'algues. On respire en permanence l'odeur de l'égout qui se déverse à l'extrémité est de la plage. Temps clair, temps mort, Tanger".
"Les vagues mouraient blessées
A la marée sans lune
En venant féconder
Le ventre des lagunes"...
Ces quelques mots me toucheront toujours, je les porte en moi comme une mer...
*Aujourd'hui, tiens, j'aurai appris que le chergui, c'est le sirocco en Algérie et au Maroc!
Et la pensée du jour : "On couche toujours avec des morts", Léo FERRE.
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