16/02/2007
Deuxième "catalogue des doutes"
La pensée du jour : "Je ne m'approche de la mort que pour mieux me précipiter vers la vie. Toute grande et âpre avidité de vivre naît d'une hantise de la mort", Charles JULIET.
Ce matin, j'ai mis un point plus ou moins final à mon petit "travail" sur la vie et l'oeuvre d'Hubert-Félix Thiéfaine. Je vais laisser les choses mijoter un peu, j'ai une bonne marge et c'est tant mieux. Je ne touche plus à rien pendant plusieurs jours et je relirai cela tranquillement la semaine prochaine, afin d'effectuer des modifications ou des rajouts. De nouveau, je doute, je ne suis pas satisfaite de mon truc. Il faudrait que je le fasse lire à quelqu'un qui ne connaît pas Thiéfaine et qui me dirait si je parviens, oui ou non, à donner une petite idée de son univers. Eh oui, j'ai beau m'être totalement imprégnée de l'oeuvre d'HFT, je ne sais pas si je suis capable d'en dire autre chose que des platitudes... Bref, il va falloir trimer encore! Qui veut bien se dévouer pour me dire ce qu'il pense de ce que j'ai fait?!!!
16:25 | Lien permanent | Commentaires (17)
15/02/2007
"Soleil cherche futur"
"Soleil cherche futur". Voilà où j'en suis dans mon topo sur l'oeuvre et la vie d'Hubert. Je suis d'abord passée par une écriture traditionnelle, à la main, celle que j'aime le plus. Maintenant, je tape tout sur mon ordinateur. Ainsi, le jour J, je pourrai éventuellement laisser des doubles à ceux que cela intéressera.
Je m'aperçois, une fois de plus, que la vie d'Hubert est très riche, comme celle de bien des artistes, d'ailleurs (j'en ai encore eu la preuve hier, en regardant ce magnifique film sur la vie d'Edith Piaf). A cette étape de mon travail sur la vie et l'oeuvre d'Hubert, je peux dire que ce que j'ai préféré, c'est cette époque durant laquelle, étant au petit séminaire, il n'avait d'autre refuge que son imaginaire. Pour échapper à l'affreuse tyrannie de la promiscuité et à l'impossibilité d'avoir une quelconque intimité, il se crée alors son petit univers. Sans doute le terreau qui donnera naissance, plus tard, à ce monde loufoque peuplé de drôles de personnages : la môme kaléidoscope qui habite rue des amours lynchées, le surveillant général, la concierge qui se trouve actuellement dans l'escalier (enfin, cela commence à dater et ce "actuellement" résonne à présent comme un "éternellement"!), la fille du coupeur de joints et tant d'autres. Je m'aperçois, une fois de plus, que ma vie aussi est peuplée de tous ces personnages, que ce sont un peu comme des amis de longue date... Oui, aussi crétin que cela puisse paraître, j'ai tissé des liens avec tous ces drôles de gnomes, et je les trimbale partout où je vais!
Je redécouvre des phrases de Thiéfaine, comme celle-ci, à propos du bonheur :
"Ca fout la trouille, parce qu'on a toujours peur de le perdre. Quand on est désespéré, on n'a rien à perdre".
Ou encore : "Le bonheur, ça ne peut pas fonctionner dans mon monde. Je ne peux pas le chanter. (...) Chaque fois que je pense bonheur, je vois un vieux bourgeois assis dans un fauteuil. Ca, je ne peux pas".
Et la pensée du jour sera signée Thiéfaine, logique :
"Je suis un pessimiste rêveur".
Sur ces bonnes paroles, je m'en vais pioncer! Je suis contente de m'être lancée dans cette entreprise. Pour l'instant, et c'est tant mieux, je ne me rends pas encore bien compte qu'un jour il me faudra affronter ma trouille et présenter ce travail à une assemblée plus ou moins fournie... Je m'éclate à me balader dans la vie et l'oeuvre de Thiéfaine, c'est déjà ça!!!
23:15 | Lien permanent | Commentaires (3)
14/02/2007
La môme
La pensée du jour : "Je ne sais rien du monde. La moindre science me trouve imbécile, et si mon nom m'oblige à participer aux conférences de mes collègues, j'ai honte de mon inaptitude à comprendre ce qui s'y dit. Bizarre vieillard qui ferme les yeux, hoche la tête, prend un air de suivre les paroles et se répète à soi-même : 'Je suis le cancre du collège'. Je gribouille sur mon pupitre. Les autres croient que je m'applique. Je ne fais rien". Jean COCTEAU
Quand j’étais enfant, à la maison, il y avait beaucoup de disques de Brel, de Barbara, de musique bretonne et de … Piaf. Tout cela faisait un joyeux mélange dont je m’imprégnais chaque jour. Ma mère n’aurait jamais laissé filer une journée sans avoir écouté au moins une chanson !
C’est ainsi que bien avant de me passionner pourThiéfaine, j’ai beaucoup fredonné Brel et les autres ! Piaf, notamment. Piaf que j’ai presque oubliée au cours des dernières années… Et, cet après-midi, ce film tant attendu… Grandiose ! Ce film qui me fait dire, ce soir, qu’il faut réécouter Piaf, tout Piaf, cette grande amoureuse devant l’Eternel !
23:55 | Lien permanent | Commentaires (14)
13/02/2007
Y'a rien qui va
La pensée du jour: "Y'a rien qui va", Angel Carriqui-Jean-Pierre Robert.
Y'a rien qui va, c'est la déprime,
J'en finis pas de me chercher,
Moi, c'est dans l'art que je m'exprime,
J'fais des sabots très bon marché.
Parfois l'inspiration me manque,
Ils sont alors tout estropiés,
Ca grossit pas mon compte en banque
Y'a rien qui va et c'est pas l'pied.
Chez nous, en plus y'a l'inflation,
La vie est chère et tout augmente
Sûr qu'avec la révolution
On baissera le prix du tilleul-menthe.
Pour la came, c'est le même tabac
Depuis la hausse du papier,
Les joints qu'on fait ne tiennent pas,
Y'a rien qui va et c'est pas l'pied.
La manche ne nourrit plus personne,
Je flippe tellement tous ces temps-ci
Qu'j'ai pris la route de Carcassonne
Pour aller voir Johnny à Nancy *
J'avais une nana vachement cool,
Elle m'a quitté pour un pompier,
J'ai de grosses larmes qui coulent,
Y'a rien qui va et c'est pas l'pied.
Mon frère si tu connais des blagues,
Tu vois, faudrait me les copier,
Car je suis au creux de la vague
Y'a rien qui va et c'est pas l'pied.
Vous aurez sans doute reconnu le "Y'a rien qui va" du groupe Machin!
* "Pour aller voir Johnny à Nancy" a détrôné "pour aller au Floyd à Nancy" dans la nouvelle version de la chanson!
21:35 | Lien permanent | Commentaires (2)
12/02/2007
L'ennemi
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils :
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?
-Ô douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie!
Charles BAUDELAIRE
Et la pensée du jour : "Et pourquoi celle-ci, qui travaille, fait des courses, élève des enfants, conduit sa voiture, aime trois hommes, fréquente le dentiste, déménage la semaine prochaine, trouve-t-elle le temps de lire, et ce chaste célibataire rentier non?", Daniel PENNAC (Comme un roman).
Et je ne résiste pas à la tentation de vous mettre une seconde pensée du jour, encore dédiée à la lecture, qui a toujours rempli ma vie : "Où trouver le temps de lire? Grave problème. Qui n'en est pas un. Dès que se pose la question du temps de lire, c'est que l'envie n'y est pas. Car, à y regarder de plus près, personne n'a jamais le temps de lire. Ni les petits, ni les ados, ni les grands. La vie est une entrave perpétuelle à la lecture", Daniel PENNAC.
23:15 | Lien permanent | Commentaires (3)
11/02/2007
Deux nouvelles
Ce soir, j'ai deux nouvelles à vous annoncer. Par laquelle faut-il commencer? La mauvaise, peut-être, pour que la bonne vienne vite prendre le dessus...
J'ai appris hier (pour de vrai!) que les personnes qui allaient intervenir le 31 mars (dont moi!) avaient pour obligation d'adhérer au club de poésie qui va nous recevoir. En clair et sans ambages, cela signifie qu'il va falloir lâcher quelques kopecks. 15 euros très exactement. Cela me contrarie d'avoir à vous annoncer cela! Joël, si tu passes par là, prends pitié de nous, nous sommes tous dans la dèche à cause de la dernière tournée d'Hubert qui nous a coûté bonbon!!! Bref, je passe. Enfin, non, pas tout à fait, car je dois vous demander, à vous qui comptez apporter votre contribution à la réunion Thiéfaine, de bien noter votre adresse mail lorsque vous laissez des commentaires sr ce blog. Ainsi, je pourrai vous envoyer un bulletin d'adhésion. Désolée de vous l'annoncer si tard, mais je ne l'ai réellement appris qu'hier...
Et maintenant, place à la bonne nouvelle : j'ai mis Eric Issartel au courant de cette petite "manifestation" (de trois fois rien) et il aimerait que nous en laissions des traces dans le prochain fanzine. Plutôt sympa, non?! Qui serait prêt à rédiger l'article? Nous pouvons également nous y mettre à plusieurs.
21:35 | Lien permanent | Commentaires (23)
Le phénix
La pensée du jour : "J'écris pour faire apparaître quelque chose à quoi me raccrocher", Paul NIZON.
Pour Tommie, voici ce que j’ai pu trouver ce matin, à propos du phénix, dans mon Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine ! Bref rappel : Thiéfaine fait allusion à cet oiseau dans la chanson « Syndrome albatros » (« fier de ton déshonneur de poète estropié tu jouis comme un phénix ivre mort sous les flammes »).
Cet oiseau fabuleux, dont la légende est originaire d’Egypte, a été vénéré par les Grecs et longuement décrit par certains auteurs de l’Antiquité. Semblable à un aigle royal au plumage éclatant de couleurs chatoyantes, au vol lent et majestueux, le phénix vivait, disait-on, plusieurs siècles. Incapable de perpétuer sa race parce qu’il n’existait pas de femelle de son espèce, il devait cependant assurer sa descendance : lorsqu’il sentait sa mort proche, il édifiait un nid de plantes aromatiques et d’herbes magiques, au centre duquel il s’installait après y avoir mis le feu. De ses cendres renaissait un autre phénix, qui s’empressait d’aller porter les restes de son père à Héliopolis, où était adoré le dieu du Soleil, dont l’aigle était l’incarnation. Pour les Anciens , le phénix était le symbole de l’immortalité de l’âme, ou même de l’année qui renaît aussitôt après avoir terminé son temps.
08:55 | Lien permanent | Commentaires (10)
10/02/2007
Villes natales et frenchitude
La pensée du jour : "C'est accablant en fait, il se trouve toujours quelqu'un pour te raconter ce que tu ne souhaites pas entendre et qui va t'anéantir, pour t'enfoncer un poignard entre les côtes, tout en prétendant n'avoir pour intention que de te secourir". Philippe BESSON, Se résoudre aux adieux.
Villes natales et frenchitude
clichés de poubelles renversées
dans la neige au gris jaunissant
où un vieux clébard estropié
r’nifle un tampon sanguinolent
givré dans la nuit de Noël
un clocher balbutie son glas
pour ce pékin dans les ruelles
qui semble émerger du trépas
il vient s’arrêter sur la place
pour zoomer quelques souvenirs
fantômes étoilés de verglas
qui se fissurent et se déchirent
ici y avait un paradis
où l’on volait nos Carambars
maint’nant y a plus rien mon zombie
pas même un bordel ou un bar
voici la crèche municipale
sous son badigeon de cambouis
où les générations fœtales
venaient s’initier à l’ennui
cow-boy au colt 45
dans la tendresse bleue des latrines
on était tous en manque d’Indiens
devant nos bol d’hémoglobine
voici l’canal couvert de glace
où l’on conserve les noyés
et là c’est juste la grimace
d’un matou sénile et pelé
mais ses yeux sont tellement zarbis
et son agonie si tranquille
que même les greffiers par ici
donnent l’impression d’être en exil
voici la statue du grand homme
sous le spectre des marronniers
où l’on croqua la première pomme
d’une quelconque vipère en acné
et voici les murs du lycée
où t’as vomi tous tes quatre heures
en essayant d’imaginer
un truc pour t’arracher le cœur
mais t’as jamais vu les visages
de tes compagnons d’écurie
t’étais déjà dans les nuages
à l’autre bout des galaxies
trop longtemps zoné dans ce bled
à compter les minutes qui tombent
à crucifier de fausses barmaids
sur les murs glacés de leurs tombes
un camion passe sur la rocade
et le vent du Nord se réveille
mais faut pas rêver d’une tornade
ici les jours sont tous pareils
Hubert-Félix THIEFAINE
Il y a deux ans et demi, nous étions allés faire un tour à Dole, ville natale de Thiéfaine. Je vous invite à consulter l’album que j’ai créé aujourd’hui : « Villes natales et frenchitude », du nom de la chanson. C’est joli, Dole, mais on imagine aisément la lourdeur que peut revêtir l’ennui dans cette ville où il ne « faut pas rêver d’une tornade » et où « les jours sont tous pareils »…
19:55 | Lien permanent | Commentaires (1)