03/07/2007
Le tee-shirt du "Scandale mélancolique tour"
La pensée du jour : "Vive les vacances! Les souris dansent"!!!
Ben quoi, une pensée du jour, ça a le droit d'être un peu couillon aussi, non?!!
Ce matin, je me suis levée toute guillerette, le cœur à la noce. Car, ce trois juillet, en bonne fonctionnaire de l’Education nationale, Dieu sait si je l’ai attendu. Donc, voilà, il est là ! Pour fêter dignement l’événement, j’avais carrément décidé de mettre mon tee-shirt « Thiéfaine Scandale mélancolique tour ». Et quelle bonne idée ! Me voyant débarquer dans cette tenue, la secrétaire du bahut m’a dit : « Au fait, j’y pense en voyant ton tee-shirt, tu sais que ma fille a une copine qui est fan de Thiéfaine aussi ? ». Une petite jeune de 20 ans : génial, la relève est assurée et, surtout, la jeunesse n’est pas en péril total, contrairement à ce que pourrait me faire penser mon expérience quotidienne !!! Peu de temps après, une surveillante me dit : « Je rêve ou c’est écrit Thiéfaine sur ton tee-shirt ? » Non, tu ne rêves pas, ma jolie ! Et la voilà qui m’explique qu’elle aussi aime bien notre Hubert et que c’est son mari qui lui a mis ça entre les oreilles il y a quelques années. Décidément, ce tee-shirt me réserve toujours de bonnes surprises (même si je me sens un peu ridicule, à mon âge, de me trimbaler avec un truc pareil). Ainsi, il y a quelques mois, en allant faire mes courses, je suis tombée nez à nez avec un type qui portait lui aussi un tee-shirt HFT. Nous étions stupéfaits tous les deux !
Mais ce n’est pas tout : j’arrive en classe de troisième et ma Sandra éclate de rire en voyant le fameux tee-shirt. Du coup, les autres élèves se demandent ce qui se passe. Je leur explique qui est Thiéfaine. Par chance, j’ai carrément le CD du « Scandale mélancolique tour » dans mon sac. Fièrement, je sors le CD. Pour un peu, nous nous serions écouté ça dans la salle de classe. Sauf que le bahut n’est pas assez moderne et que pas une seule salle n’est équipée d’un lecteur CD. Dommage ! Ce n’est pas bien grave, j’aurai quand même fait un bon quart d’heure de promo !!! Et Sandra, me voyant me lancer dans une tirade kilométrique sur les chefs-d’œuvre du père Hubert, a blêmi tout à coup ! Et de prévenir les copines : « Il ne faut pas la brancher là-dessus, on en a pour trois heures ». Et encore, mademoiselle Sandra, trois heures ne suffiraient pas à présenter l’œuvre titanesque du bonhomme !
Pour finir, j’ai ramené Sandra chez elle. Avant de la faire monter dans la voiture, je l’avais prévenue : c’est encore Thiéfaine au menu, je n’y peux rien, en ce moment c’est grosse période HFT ! Je lui ai fait écouter « Mathématiques souterraines » et me suis extasiée à chaque mot. Je lui dis : « Il pleut toujours sur ta valise, mais c’est beau, ça, non ? » Sauf que j’avais oublié que les ados d’aujourd’hui n’ont pas la même conception du beau que la pâle trentenaire que je suis. En deux temps trois mouv’, eh bien, la chère Sandra m’envoyait valdinguer ma poésie, me balançant simplement : « Ben oui, là, vu le temps, si je mets ma valise dehors, elle va être mouillée aussi » ! Ah, la jeunesse n’est plus ce qu’elle était, n’est-ce pas ?
Heureusement que ma fille, elle, est encore accro à Hubert et me réclame régulièrement « La chanson du bébé » (à savoir « Mathématiques souterraines ») ainsi que quelque chose comme « Le rangé dans la classe ». Et voilà-t-y pas qu’elle m’a rebaptisé l’ami Hubert ! Pour elle, et pour nous aussi du coup, c’est devenu tonton Beu ! Je prends !!!
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02/07/2007
Spleen
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune
-Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
-Désormais tu n'es plus, ô matière vivante!
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.
Charles BAUDELAIRE
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25/06/2007
Sentiments numériques revisités
quand les ombres du soir chevauchent sur la lande
avec dans leurs passeports sherwood ou brocéliande
quand les elfes titubent sous l'alcool de sorgho
dans les cercles succubes de la lune en faisceaux
quand les vents de minuit décoiffent les serments
des amants sous les aulnes d'un hôtel flamand
quand tes visions nocturnes t'empêchent de rêver
& couvrent ton sommeil d'un voile inachevé
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime
quand les chauves-souris flirtent avec les rossignols
dans les ruines d'un royaume où mon crâne est mongol
quand les syndicats brûlent nos rushes & nos démos
pour en finir avec le jugement des salauds
quand humpty dumpty jongle avec nos mots sans noms
dans le bourdonnement des câbles à haute tension
quand tu m'offres épuisée sous l'oeil d'une opaline
les charmes vénéneux de tes fragrances intimes
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime
quand les théâtres antiques recèlent nos orgies
çatal hoyük airport / manco capac city
quand nos murs se recouvrent de hiéroglyphes indiens
avec nos voix blafardes en feed back au matin
quand tes mangoustes viennent avaler mes couleuvres
dans ces nuits tropicales où rugit le grand oeuvre
quand l'ange anthropophage nous guide sur la colline
pour un nouveau festin de nos chairs androgynes
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime
quand les clochards opposent la classe & l'infini
à la vulgarité glauque de la bourgeoisie
quand les valets de cours / plaideurs pusillanimes
encombrent de leurs voix nos silences & nos rimes
quand aux détours d'un bar tu flingues aux lavabos
quelque juge emportant ma tête sur un plateau
quand tu branches les hélices de ma mémoire astrale
sur les capteurs-influx de ta flamme initiale
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime
quand les traces de rorschach sur la tôle ondulée
servent aux maîtres à tester l'autochtone humilié
quand sur la moleskine des limousines en liesse
ils en rient en fumant la mucho cojones
quand les cris de l'amour croisent les crocs de la haine
dans l'encyclopédie des clameurs souterraines
quand je rentre amoché / fatigué / dézingué
en rêvant de mourir sur ton ventre mouillé
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime
quand dans la lumière sale d'un miroir tamisé
tu croises l'oeil éphémère d'une salamandre ailée
quand dans les brumes étales de nos corps transparents
tu réveilles mes volcans lumineux du néant
quand mes pensées confuses s'éclairent au magnésium
sur les écrans-secrets de ton pandémonium
quand mes bougainvillées se mêlent aux herbes folles
dans ta chaleur biguine au crépuscule créole
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime
quand les ombres du soir poursuivent sur la lande
le flash des feux arrières d'une soucoupe volante
quand le soleil se brûle aux contours de tes reins
parmi les masques obscurs d'un carnaval romain
quand l'ordre des humains nous sert dans son cocktail
5 milliards de versions différentes du réel
quand tu pleures essoufflée au creux de ma poitrine
avec le doux murmure des fréquences féminines
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime
Hubert-Félix Thiéfaine
Voilà une chanson truffée de mots que je ne connais pas ! "Pandémonium", par exemple, je ne vois pas du tout. Peut-être que ce mot est dans le dictionnaire mais je suis trop fatiguée pour aller vérifier. Je compte sur vous pour m'apporter vos lumières ! Humpty dumpty, j'en ai entendu parler dans "Dora l'exploratrice" (si, si !), mais il existe peut-être un autre Humpty dumpty ! Là encore, je compte sur vous. Et la "mucho cojones", alors, c'est quoi ?
Il me semble que c'est le 31 mars, à Paris, qu'Evadné m'a parlé avec passion de cette chanson, me disant qu'elle était construite comme le "Spleen" de Baudelaire qui m'accompagne partout et qui commence par ces mots : "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". Au cours de notre entretien, Evadné m'a même laissé entendre que pour une prochaine réunion autour de Thiéfaine, elle préparerait un topo sur ce texte. J'ai hâte d'y être !
23:56 | Lien permanent | Commentaires (8)
21/06/2007
Redescente climatisée
Une chanson qui, lorsque je l'ai découverte il y a pas mal d'années, me fit presque le même effet que "Mathématiques souterraines". Nous en discutions il y a quelques mois avec 655321 et il me disait qu'il aimerait lancer la question suivante sur un forum : pourquoi une telle différence entre la version originale et la version live? Il est vrai que lorsqu'il l'a chantée en public, Thiéfaine a choisi de revêtir cette chanson de beaucoup d'obscurité, tant dans la musique que dans les modifications apportées au texte. "Mes verts paradis" sont devenus noirs, par exemple.
Quelle version préférez-vous? Quelles réflexions cette chanson vous inspire-t-elle? Enfin, pas de pensée du jour aujourd'hui, à vous de m'en dégoter une, je dois filer au cinéma!!!
655321, je t'ai piqué ton idée, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop!!!
Redescente climatisée
Un autre paumé descend les rues de ton ghetto
Et tu pleures en essuyant ses yeux figés
Combien de mutants ayant rêvé ton numéro
Se sont perdus croyant l’avoir trouvé ?
Petite soeur-soleil au bout du quai désert
Petite gosse fugitive accrochée dans mes nerfs…
Je t’ai rêvée ce soir au fond d’une ambulance
Qui me raccompagnait vers mes « verts paradis »
Dans le dernier écho de ton dernier silence
J’ai gardé pour la route ma haine / ma rage et ma connerie
Un vieux soleil glacé retraverse la nuit
Et c’est le long retour au point zéro
La dernière étincelle a grillé mes circuits
Et soudain j’ai si froid dans ma peau…
Petite sœur-soleil au bout du quai désert
Petite sœur fugitive accrochée dans mes nerfs…
Maintenant je t’imagine dans un hôtel-garage
Essayant de marquer des points sur ta machine
Tes amants déglingués s’accrochent à tes mirages
Moi je suis en exil ton consul ivre mort
Bavant sur ta benzine
Hubert-Félix Thiéfaine
13:18 | Lien permanent | Commentaires (6)
19/06/2007
Le bonheur (d'Emma) est dans le pré...
Voici ce soir un poème qui est à lui tout seul une pensée du jour :
LE BONHEUR
Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer.
Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite. Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer.
Dans l'ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite, dans l'ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer.
Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite, sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.
Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite, sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer.
De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite, de pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer.
Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite. Saute par-dessus la haie, cours-y vite ! Il a filé !
Paul FORT
Cette note s'intitule "Le bonheur (d'Emma) est dans le pré". Petit clin d'oeil au film "Le bonheur d'Emma" ("Emmas Glück") que je suis allée voir ce soir et qui est splendide. A voir très vite !
22:31 | Lien permanent | Commentaires (1)
18/06/2007
"Et quand le pinocchio baveux poussera ma brouette à l'Ankou"...
La pensée du jour : "Il en est du bonheur comme de la santé : on ne le constate pas", Raymond RADIGUET.
Voici à présent un dernier extrait du Guide de la Bretagne mystérieuse, toujours à propos de l'Ankou :
Il existe des moyens d’entrer en relation avec l’Ankou et de connaître de lui le jour et l’heure de ses échéances. Ces moyens sont les intersignes, faits ou gestes annonciateurs de trépas. Certains d’entre eux ne posent aucun problème d’interprétation, leur évidence est aveuglante (ils peuvent même relever de la simple télépathie) : telle mère voit en rêve le naufrage où périt son fils.
La familiarité avec l’Ankou s’est manifestée, d’une manière remarquable, par la construction des ossuaires, où l’on rassemblait jadis les ossements retirés du cimetière. Ces édifices furent, durant des siècles, de véritables temples des défunts, où les paroissiens venaient méditer devant les crânes de leurs ancêtres. Toute une littérature en est née, sermons dominicaux, cantiques réalistes et sombres récits de veillées. Les sentences sculptées au fronton de ces curieux monuments ont répété leurs sinistres avertissements à des générations entières. Elles continuent à mettre en garde nos contemporains contre l’oubli de leurs fins dernières. « Je vous tue tous », proclame celle-ci. « Je suis le parrain de celui qui fera fin », affirme celle-là. Ailleurs, elle parle breton :
Maro han barn han ifern ien
Pa ho soign den e tle crena
« La mort, le jugement, l’enfer froid
Quand l’homme y songe, il doit trembler ».
Ou bien, un défunt s’adresse aux vivants en latin : Hodie mihi, cras tibi, « Aujourd’hui à moi, demain à toi ».
07:48 | Lien permanent | Commentaires (3)
17/06/2007
Une petite adresse sympa
00:27 | Lien permanent | Commentaires (5)
16/06/2007
"Et quand le pinocchio baveux poussera ma brouette à l'Ankou"...
La pensée du jour : "Ne crois pas que tu t'es trompé de route, quand tu n'es pas allé assez loin", Claude AVELINE.
La moitié Bretonne que je suis ne résiste pas à l’envie de vous parler de l’Ankou, que Thiéfaine évoque dans sa chanson « Psychopompes / métempsychose et sportswear ». Voici un extrait du Guide de la Bretagne mystérieuse dans lequel il est question de l’Ankou :
« Rien n’est plus particulier à la Bretagne que la préoccupation et la familiarité de la mort. De tout temps, il semble que la terre d’Armorique ait été vouée aux divinités de l’au-delà. Aujourd’hui encore, le trépas n’y est considéré ni comme la fin de l’être ni comme le simple arrêt de la vie physiologique mais comme la rencontre avec un personnage surnaturel, connu dans tout le pays sous le nom d’Ankou.
C’est la langue bretonne qui nous donne de lui le meilleur aperçu. Il est le proche parent d’Anken, « le chagrin », et d’Ankoun, « l’oubli ». Ajoutons que l’Anankè des Grecs, la dure « nécessité », ne lui est pas étrangère.
On le représente généralement sous l’aspect d’un squelette tenant une faux, et les récits qui parlent de lui le voilent souvent d’un suaire. Il circule la nuit, dans les chemins creux, sur un chariot dont les essieux grincent : ce funèbre convoi est le terrifiant Karrig an Ankou., « le char de l’Ankou », que personne n’a jamais vu sans perdre la vie sur-le-champ. Dans certaines régions du littoral, une embarcation, le bag noz, « bateau de nuit », remplace le sinistre véhicule : le capitaine en est le premier mort de l’année, ou le plus jeune, ou le plus âgé. De même que Karrig an Ankou, le bag noz joue le rôle d’un intersigne accordé à celui qui en a la vision : c’est une annonce de mort prochaine.
La personnalité de l’Ankou n’est pas exactement définie. Il s’agit d’un être masculin dont le rôle essentiel est d’emporter dans l’Au-delà ceux dont l’heure dernière est arrivée ».
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