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04/12/2007

Distance

je crois qu'c'est la nuit

mes larmes cachent le jour

je n'vois que la pluie

j'ai dû laisser passer mon tour

je ne comprends plus

je n'ai plus de repères

au fond d'ma propre rue

je sais plus je me perds

 

 

vraiment je sais plus

un fantôme est en moi

j'ai perdu la vue

j'ai dû cramer ma voix

je ne vois plus rien

j'ai perdu mon passé

je suis comme un chien

aboyant sur le pavé

 

 

je ne suis plus rien

juste une épave à brader

 

 

oh tant de distance

dans tes yeux mon amour

oh tant de distance

dans ce foutu contre-jour

tant de distance

qui a changé ton discours

tant de distance

qui tue ta tendre beauté

 

 

enroulée dans mon corps

en cette nuit d'été

je te vois encore

ivre de nos baisers

ta façon de me dire

un petit white russian, guy?

ta manière de rire

en jouant les canailles

mais je n'vois maint'nant

que le mot fin sur l'écran

 

 

oh tant de distance

dans ton regard mon amour

tant de distance

dans ce drame à contre-jour

tant de distance

qui a changé ton discours

oh tant de distance

qui flingue ta féminité

 

 

Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine

Musique : Paul Personne

 

A propos de cette chanson, on peut lire dans l'interview publiée dans "X-Roads" de novembre 2007 :

HFT : "Musicalement, dans "Distance", il y a quelque chose qui prend aux tripes quand tu vas mal. Quand j'ai travaillé ce morceau, je n'allais pas bien, et je n'ai pas mis longtemps à l'écrire parce que je sentais un tas de choses qui s'écroulaient en moi. J'avais envie de les écrire et la musique était parfaite pour ça."

 

Avez-vous lu cette interview? Elle m'a fait un peu mal aux tripes, le père Hubert y confie des choses lourdes et tristes, je trouve. Comme par exemple : "En ce moment, j'avoue que j'ai peur de la folie. Davantage en ce moment qu'à d'autres moments".

Ou encore : "Je connais la vie des bluesmen et leurs obsessions, et j'ai des points communs avec eux. Quand je dis que je me considère comme un chanteur de blues, ce qui peut paraître prétentieux, c'est au sens où je vis dans le blues. Ma vie n'est pas terrible, c'est une vie où je rame. C'est la vie de quelqu'un qui est triste, mélancolique, et comme tous les gens tristes je suis appelé à compenser par la fête. C'est-à-dire le sexe, l'alcool, la drogue, voire l'amour, mais c'est un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre".

 

Et d'ailleurs cette dernière phrase me fait penser à du Gary : "Je sais également qu'il existe des amours réciproques, mais je ne prétends pas au luxe".

Qu'Hubert ne soit pas toujours très gai, ce n'est pas une nouveauté, mais hier, la lecture de cette interview m'a vraiment fait un drôle d'effet...

 

Strindberg (suite)

eff0da2fe56f8f555bcdc7139dd89d21.jpg La lecture de Père avait suscité chez Emile Zola plus d’inquiétude que de sincère admiration (lettre à Strindberg du 14 décembre 1887). En revanche, Nietzsche, avec qui Strindberg était entré en relations grâce à Georg Brandès, appréciait beaucoup ce drame, et les deux hommes entamèrent une correspondance que devait interrompre un accès de folie du philosophe (1888). Strindberg découvrait dans les théories de Nietzsche (spécialement dans la notion du « surhomme ») une justification de sa propre philosophie, qui s’inspirait d’ailleurs des résultats acquis par la psychologie et la psychiatrie contemporaines. Strindberg fonde sa conception des rapports humains sur la notion de l’inégalité psychique entre les individus et sur l’importance de la suggestion dans la vie sociale ; toute vie sociale est combat selon lui, et, dans le « combat des cerveaux », c’est toujours l’être psychiquement le plus fort qui l’emporte ; la lutte, très âpre, peut s’achever en un « meurtre psychique » (voir le recueil d’essais et de nouvelles intitulé Vivisections). Mais Strindberg, hanté par ces idées hautaines, rendu d’autre part craintif et soupçonneux par la maladie mentale, faisait mener aux siens une vie de plus en plus pénible. Il fallut souvent changer de domicile. De l’automne 1887 au printemps 1889, Strindberg habita Copenhague ou sa banlieue ; il y revint encore pour tenter de créer un théâtre scandinave d’essai dans la capitale danoise, puis retourna s’installer en Suède, dans l’archipel de Stockholm, où il changea d’île à plusieurs reprises. Siri essaya de préserver le plus longtemps possible l’existence du foyer, mais Strindberg devint de plus en plus soupçonneux et blessant ; la misère s’accroissait, car les éditeurs et les directeurs de théâtre suédois ne manifestaient aucun empressement pour accepter les ouvrages de ce poète à la réputation inquiétante. Finalement, Strindberg se sépara de sa femme et quitta non sans un terrible déchirement ses enfants, auxquels il demeura très attaché. Le divorce fut prononcé en 1891. Strindberg vécut alors à Brevik, se consolant de ses misères par la lecture de Balzac qu’il admira, et qui lui révéla, avec Séraphita, la grandeur de Swedenborg. Mais l’isolement lui pesait –on retrouve cette atmosphère pénible dans son roman Au bord de la vaste mer (1890) dont la première traduction française s’intitule Axel Borg. N’attendant plus rien de ses compatriotes ni des Danois, Strindberg avait l’impression qu’il était de nouveau condamné à quitter la Scandinavie. Il souhaitait se rendre en France, mais Antoine, qui devait monter Mademoiselle Julie, se faisait attendre. Strindberg écouta donc l’appel de son ami, le poète scanien Ola Hansson, qui lui chantait tant l’éloge du public allemand, et partit, un peu à contrecoeur, pour Berlin (septembre 1892). A suivre… Mais enfin, comment peut-on partir à contrecoeur pour Berlin ?!!! La pensée du jour : « Un seul printemps dans l’année…, et dans la vie une seule jeunesse », Simone de BEAUVOIR.

03/12/2007

Borniol, Barbara et Thiéfaine...

La pensée du jour : "Chacun a les émotions qu'il mérite", André SUARES.

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Tiens donc, quel peut bien être le lien entre Borniol, Barbara et Thiéfaine? C'est simplement qu'en lisant le très beau livre que Valérie Lehoux a consacré à Barbara (Barbara, portrait en clair-obscur), je suis tombée sur cette anecdote racontée par Marie Chaix :

"Au petit théâtre de Fontainebleau, donc, très chic, il y avait un piano recouvert non pas de pin-up, mais de femmes nues, de petits anges... C'est un piano du XVIIIème siècle, superbe, et dont le directeur de la salle était très fier. Il est venu le lui présenter... Mais elle lui a dit : "Monsieur, excusez-moi, mais vous m'imaginez assise au piano quand je vais chanter Nantes... Il y a le sein de la dame qui va me sauter dans l'oeil, qu'est-ce que je vais faire?" C'est elle qui a trouvé la solution : louer un drap mortuaire chez Borniol ! C'est donc ce qu'on a fait. Elle a fait empaqueter le piano dans ce drap mortuaire. ça avait une drôle d'allure... Le piano ressemblait à un gros paquet... Elle a expliqué l'histoire aux gens et elle a fait rire tout le monde. Elle ne voulait pas chanter avec des femmes nues sur le piano".

01/12/2007

Chez Leprest

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Il me semble que j’ai déjà parlé d’Allain Leprest ici. Ce matin, ô surprise, à la FNAC, on entendait en fond sonore des extraits de l’album-hommage « Chez Leprest », sorti le 25 novembre. La voix de Jean Guidoni m’a fait tilt et je n’ai pas mis trop longtemps non plus à m’apercevoir que ce qu’il chantait n’était autre que ce sublime morceau de Leprest, « J’ai peur ». C’est là que je me suis souvenue que le dernier Chorus évoquait la sortie de cet album rendant hommage au talent d’Allain Leprest. Du coup, évidemment, j’ai acheté le CD ! Un bijou  regorgeant de bonnes surprises : Olivia Ruiz interprète « Tout c’qu’est dégueulasse » (la suite, c’est « porte un joli nom » !), Daniel Lavoie chante la magnifique chanson « Nu ». Il y a également Jacques Higelin (il chante « La Courneuve »). Rien que pour cette raison, Vince, tu devrais te procurer au plus vite ce CD !!! Bonne soirée à toi, d’ailleurs. Je t’envie, petit veinard ! Moi, les concerts d’Higelin, je les ai toujours savourés du début à la fin, admirant la classe et la belle folie de ce grand poète ! Ce sont des moments uniques qui ouvrent le cœur, qui nous le font palpiter plus fort, vivre plus intensément tout simplement !

Toujours sur « Chez Leprest », Yves Jamait interprète « Saint Max ». Rien que pour cette raison, Tommie, tu devrais te procurer au plus vite ce CD ! Vraiment, Allain Leprest, c’est de l’immense poésie. « Il pleut sur la mer et ça ne sert à rien ». « Je hais les gosses »,

 

«Entre la mer d’ici et des grappes d’agrumes

Des épluchures bleues un fol écho d’écume

J’ai suivi tes talons qui cousaient le trottoir »…

 

« J’ai peur de l’âge qui dépèce

De la pointe de son canif

Le manteau bleu de la jeunesse

La chair et les baisers à vif »…

 

« C’est peut-être Colette

La gamine penchée

Qui recompte en cachette

Le fruit de ses péchés

Jamais on le saura

Elle aura avant l’heure

Un torchon dans les bras

Pour se torcher le cœur »…

 

Allain Leprest, un artiste à découvrir très vite, si ce n’est déjà fait !

29/11/2007

Petit sondage

66c2e5b777023477a3343b43d328ba58.gifCela fait maintenant un petit moment que l'album "Amicalement blues" est sorti... J'aimerais savoir comment vous le ressentez après plusieurs écoutes attentives. Bien sûr, beaucoup m'ont déjà donné leur avis, mais peut-être a-t-il bougé depuis, sait-on jamais... Je vous propose quelques choix possibles, mais vous pouvez bien sûr enrichir ces propositions !

 

 

Alors, ce que vous inspire "Amicalement blues" ...

a) je suis agréablement surpris(e), je ne m'attendais pas à être à ce point ébloui(e) par le fruit de la collaboration entre Paul Personne et Thiéfaine ("Marshall, nous voilà !").

 

b) non, décidément, le blues, très peu pour moi, je ne m'y ferai jamais (clin d'oeil à Tommie ! Vraiment, cet album n'a pas encore trouvé grâce à tes yeux?!!)

 

c) je suis déçu(e), je m'attendais à mieux.

 

d) à force de persévérer j'ai fini par apprivoiser cet album et par entrer dans son univers (le cas d'Evadné, peut-être?).

 

e) ben, euh, je ne l'ai toujours pas écouté (sans déc, Sapq, tu tiens le coup?!!)

 

 f) autres. Dans ce cas, j'explique gentiment à la madame !!

 

 

Pour moi, réponse a. Sans hésiter ! Je pensais ne jamais pouvoir aimer le blues, voilà encore une idée reçue qui s'est pris une claque ! Dès que j'écoute "Photographie d'un rêveur", je décolle complètement ! Cela restera sans doute la chanson qui me parle le plus dans ces treize titres...

Et la pensée du jour : "Je suis le Ténébreux, -le Veuf, - l'Inconsolé", Gérard de NERVAL (1808-1855).

Strindberg (suite)

0a07eed85151e733ab7a2e42d0ef1fd7.jpgStrindberg, autoportrait.

 

 

En 1876, Strindberg fait la connaissance de la baronne Wrangel, née Siri von Essen, et de son mari, un officier de carrière. La baronne admire Strindberg, car il est auteur dramatique, alors qu’elle-même rêve de monter sur les planches. Celle-ci finira par divorcer, pour épouser Strindberg, le 30 décembre 1877. Les premières années du mariage furent heureuses, semble-t-il. Vers 1880, l’horizon commence à s’assombrir quelque peu, des dissentiments se font jour entre les époux, nous en trouvons les échos dès le drame La Femme de Sire Bengt (1882). Déjà Strindberg prend position contre les thèses d’Ibsen, très favorable à la cause féministe. Strindberg commence à cette époque la publication de récits historiques évoquant le passé national du peuple suédois : Le Peuple suédois. Pour lui, l’histoire de la Suède se confond avec celle des petites gens, dont les souffrances et les sacrifices ne doivent jamais être oubliés. Strindberg met bien vite en péril la popularité que lui valent ces excellents récits. Il publie en effet Le Nouveau Royaume, roman satirique qui ridiculise la société suédoise et les institutions parlementaires récemment instaurées, mais qui contient aussi de désobligeantes (et transparentes) allusions personnelles.

L’équilibre nerveux du poète paraît compromis dès 1883. Sa susceptibilité maladive l’oblige à quitter la Suède et il emmène avec lui sa famille. Il réside d’abord à Grez, près de Fontainebleau, au milieu d’une petite colonie d’artistes scandinaves, puis à Passy, enfin à Neuilly. Il fait de sérieux efforts pour comprendre la vie spirituelle en France et pour apprendre le français de façon plus courante. Il écrit dans diverses revues parisiennes. Nous retrouvons ensuite Strindberg en Suisse romande, à Ouchy, puis à Chexbres. Il publie en 1884 un recueil de nouvelles, Mariés, qui devait soulever des tempêtes ; dans un de ces récits, Strindberg parle en effet irrévérencieusement de la Cène luthérienne. Cité devant un tribunal à Stockholm, Strindberg accepte de comparaître, il se défend fort bien, il est acquitté (17 novembre 1884). Cependant son attitude antiféministe, plus accusée encore dans un second recueil de nouvelles (Mariés II, 1885), inquiète aussi bien son éditeur Bonnier que les écrivains de tendance radicale ou naturaliste de la « Jeune Suède ». Jusqu’alors penseur de tendance humanitaire, respectueux du Christ et de son enseignement, en dépit de certaines incartades, croyant en Dieu, Strindberg évolue ensuite rapidement et de façon déconcertante pendant ces années d’épreuves ; nous le trouvons d’abord radical, se rapprochant des frères Brandès (les pontifes du radicalisme danois et scandinave), affichant son athéisme, proclamant sa foi en la Science, désireux de faire œuvre positive, plutôt que de briller par son imagination (assez rapidement, vers les années 90, il tendra vers un aristocratisme intellectuel, s’éloignant alors du socialisme). Pour manifester sa ferveur positiviste, il se met à rédiger ses confessions ; c’est l’année 1886 qui voit paraître Le Fils de la servante et Fermentation, suivis de La Chambre rouge et de l’Ecrivain ; il entreprend en 1886 également un voyage d’études en France, pour approcher de plus près les travailleurs de nos campagnes (Au milieu des paysans français, 1889). De plus en plus instable, le poète change perpétuellement de résidence ; c’est sur les bords du lac de Constance que, pris de nostalgie pour l’archipel stockholmien, il écrit un de ses meilleurs romans, Les Habitants de Hemsö, c’est là aussi qu’il compose Père, et il oblige sa femme et ses enfants à partager sa vie errante et incertaine. L’harmonie a cessé progressivement de régner au sein d’une famille qui semble avoir connu environ sept années de bonheur. L’athéisme et l’antiféminisme agressifs de Strindberg choquent Siri. Elle regrette que son mari ne l’ait pas laissée poursuivre une carrière d’actrice, sur laquelle elle fondait les plus grands espoirs. Strindberg qui, e ce temps, selon les dires de certains psychiatres, traversait une crise de type paranoïaque, détestait plusieurs personnages dans l’entourage de sa femme, notamment cette Marie David qui, d’après lui, incarnanit le féminisme dans ce qu’il a de plus funeste, et qui servit de modèle au personnage d’Abel dans Les Camarades. Il suspectait Siri, persuadé qu’elle le trompait. C’est dans cette atmosphère de suspicion et de combat que furent conçus et créés les chefs –d’œuvre dramatiques de l’époque naturaliste, Père, Mademoiselle Julie, Créanciers, et toute une série de pièces en un acte, en particulier Le Lien et La Plus Forte.

 

(à suivre)

27/11/2007

Johan August Strindberg

La pensée du jour : "Je sens que je progresse à ceci que je recommence à ne rien comprendre à rien", Charles Ferdinand RAMUZ, Journal.

 

Voici à présent la première partie de tout un volet assez consistant sur Strindberg. Une fois de plus, j’ai choisi de me référer au Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays. Je crois qu’il faut bien ça pour tenter d’appréhender la personnalité et l’oeuvre de cet écrivain. Et pour essayer, peut-être, de percer le mystère de cette phrase qu’on lit en exergue avant les paroles de « Strindberg 2007 » : « à une autre banale Harriet Bosse, à une autre mécanique féminine vénale ». Harriet Bosse, il n’en sera pas question tout de suite ici, elle n’apparaît qu’assez tardivement dans la vie de Strindberg.

J’avoue mon ignorance : je n’ai jamais lu une seule ligne de cet auteur. Mais il n’est jamais trop tard pour réparer ce genre de lacune ! Et vous, du Stringberd … euh, pardon, Strindberg, vous en avez lu ? Si ce n'est pas le cas, avez-vous, comme moi, l'intention d'en lire grâce à Thiéfaine?

 

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Johan August Strindberg : écrivain suédois. Né et mort à Stockholm (22 janvier 1849-14 mai 1912). Il est né dans la partie la plus ancienne de Stockholm. Son père, Oskar Strindberg, était de bonne souche bourgeoise. Sa mère avait été fille d’aubergiste, avant de devenir la gouvernante, puis la maîtresse d’Oskar Strindberg – d’où le titre que Strindberg donnera plus tard à son grand récit autobiographique Le Fils de la servante. Peu de temps après ce mariage, Oskar Strindberg avait fait faillite. Si l’on fait confiance à ses confessions (que démentent assez souvent les témoignages laissés par les sœurs de Strindberg), l’enfance du futur écrivain fut sombre. Il prit rapidement conscience du contraste entre les classes supérieures et les classes inférieures. Timide, gauche, il développa au sein de sa famille son esprit d’opposition. Son père se remarie après la mort de sa première femme. Le jeune Strindberg ne peut pas s’entendre avec sa belle-mère, il supporte malaisément l’autorité de son père. L’adolescence de Strindberg, moins sombre peut-être, elle aussi, qu’il n’a voulu la représenter, fut marquée par plusieurs crises morales et religieuses. Strindberg fut quelque temps piétiste, puis il lut avec passion les brochures du prédicant unitarien Parker ; la confirmation de l’Eglise luthérienne d’Etat le déçut, ne lui apportant pas les élans mystiques sur lesquels il avait compté. Face à son professeur de religion, il fit encore figure de révolté.

En 1867, il commence ses études supérieures à Upsal. Mais il s’adapte mal au milieu universitaire ; de plus, les ressources financières lui manquent pour mener normalement ses études. Ici s’ouvre une période de tâtonnements, Strindberg ne sait vers quelle profession il doit se tourner : il s’essaie à l’enseignement, il fait de très modestes débuts comme acteur au Théâtre Royal Dramatique, il songe à se faire médecin. Une seule vocation s’affirme chez lui, celle d’auteur dramatique. Dès la fin de 1869, il compose une tragédie en vers, La Fin de l’Hellade, que couronne l’Académie suédoise. En 1869, ayant fait un petit héritage, il reprend ses études à Upsal. Il y fonde l’association Runa, vouée au culte du passé et de l’idéal nordiques. Il lit avec passion Les Brigands, de Schiller, le Manfred de Byron. Il cherche à se pénétrer de la pensée de Kierkegaard. Si, littérairement, le séjour à Upsal est fécond -Strindberg y écrit trois drames, Le Libre Penseur, A Rome et Le Banni-, le jeune Strindberg reste psychologiquement instable. Il entre en conflit avec sa famille. Il ne mène pas à bonne fin ses études, il quitte même Upsal sans avoir obtenu le moindre parchemin universitaire. Il devient journaliste et s’installe à Stockholm en 1872, bien décidé à y gagner sa vie. Mais il fréquente surtout les artistes et partage leur existence irrégulière. Il manifeste d’ailleurs lui-même, comme peintre de paysage, un talent vigoureux et original. Et ses premiers chefs-d’œuvre commencent à mûrir, Maître Olof et La Chambre rouge. En 1874, il entre en qualité d’ »ammanuens » (secrétaire ou attaché) à la Bibliothèque Royale, où il se livre à des recherches érudites, ce qui ne ralentit d’ailleurs pas son activité de publiciste et d’écrivain. Maître Olof est d’abord livré dans la version en prose (1872) que devait suivre, quatre ans plus tard, une seconde version, en vers.

(à suivre...)

26/11/2007

CD'aujourd'hui et divers

La pensée du jour : "Le temps perd ses tristes ratures", Hubert-Félix THIEFAINE (sur "Amicalement blues").

 

CD'aujourd'hui... Mon Dieu, que cette émission est courte ! Vous êtes sûrs qu'elle ne dure pas plus longtemps habituellement?! Encore un petit moment sympa passé en compagnie d'Hubert et Paul. J'aimerais bien les voir jouer ensemble sur scène, mais je n'ose pas trop rêver !

En ce moment, j'écoute l'album "Amicalement blues" minimum une fois par jour. Et j'y ai découvert des trésors, tant au niveau de la musique que des textes. Ce soir, attardons-nous sur quelques extraits de chansons :

-"plantés en plein manque de tout" : très joli, ça, non?

 

-"un miséreux chacal

errant au bord d'un blues tordu",

 

-"mes désirs sont dans la peine",

 

-"t'étais juste une fille

comm'les autres

jolies rondeurs

belles fissures" (*),

 

-"j'essaierai d'êt'sérieux

à mon dernier soupir",

 

-"je ne comprends plus

je n'ai plus de repères

au fond d'ma propre rue

je sais plus je me perds",

 

-"et tu marches sur ton ombre

de nouveau du côté sombre",

 

-"le temps perd ses tristes ratures

la terre prend de la distance

je me sens comme une bavure

d'un dieu crevant de son silence",

 

-"je veux juste t'offrir

l'amour sans la mort".

 

 

*A propos de cette chanson, "Strindberg 2007", je note qu'on y trouve une sacrée perle aussi : cette mauvaise liaison dans "mes trop anciennes blessures". Si, si, écoutez bien !