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06/02/2008

Entendu hier au "Fou du roi"

Hier, Cali est venu présenter son nouvel album au "Fou du roi". Il a repris "C'est extra", de Ferré, en duo avec je ne sais plus qui. Qui dit Ferré dit Hubert pas loin, j'étais presque sûre que Cali en viendrait à parler de Thiéfaine. Et ce fut le cas. J'ai noté vite fait ce qu'il a dit : "Après lui, grâce à lui (à Ferré), on a eu Higelin, Thiéfaine". Et il a cité le nom d'un autre chanteur, mais je ne sais plus de qui il s'agissait. Et Cali d'ajouter ensuite : "Ce sont des grands seigneurs de la poésie". A réécouter sur le site de France Inter, si cela vous intéresse.

04/02/2008

"Les dingues et les paumés se traînent chez les Borgia"

Même en regardant "Les maternelles" et l'émission qui suit sur France 5, "On n'est pas que des parents", on peut apprendre des choses en lien avec Thiéfaine ! La preuve : ce matin, dans la séquence de la fin, "Les pieds sous la table", il était question de la famille Borgia, et plus précisément du pape Alexandre Borgia. Si vous voulez en savoir plus (c'est vraiment instructif !), cliquez ici et cherchez. C'est dans les environ 27 minutes d'émission :

 

http://www.france5.fr/STATIC/video/index-fr.php?titre:Emi...

 

03/02/2008

Marie Cherrier à Epinal

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Quand j’écrivais, je ne sais plus quand, que Thiéfaine m’avait entraînée à la découverte de tas d’univers… C’est un peu grâce à lui aussi, finalement, que j’ai découvert Marie Cherrier. Marie Cherrier qui avait assuré sa première partie à Troyes, dans le cadre des Nuits de Champagne. D’habitude, c’est vrai, je le reconnais, les premières parties (surtout les premières parties de Thiéfaine), cela me gave un brin, je ne suis pas venue pour ça, j’attends la suite… Mais, ce soir-là, à Troyes, la petite Marie m’avait éblouie. Très vite, je m’étais procuré son album, « Ni vue ni connue ».
Depuis, je garde toujours un œil sur la jeune demoiselle. J’ai acheté son deuxième album qui s’ouvre sur le magnifique « Temps des noyaux » et nous entraîne dans toutes sortes d’univers. « Tourterelle » reste sans conteste ma chanson préférée, c’est une splendide exhortation à ne pas laisser quiconque piétiner nos rêves, c’est un cri de révolte contre les empêcheurs de se réjouir en rond, tous ceux qui cherchent à vous massacrer vos espoirs… Bref. Mais l’album tout entier vaut le détour, tant il nous fait danser d’un monde à un autre. Vraiment, écoutez Marie Cherrier si ce n’est déjà fait !

Ce soir, la belle passait à Epinal. Une occasion à saisir aux cheveux car, sur cette tournée-là, il n’y aura apparemment pas d’autres dates en Lorraine.
Le théâtre d’Epinal est un lieu très intimiste et voir Marie Cherrier dans de si belles conditions, c’était vraiment quelque chose à ne manquer sous aucun prétexte ! Et ce n’est pas mon amie Séverine qui me contredira, je pense ! Bref… Un grand moment. Marie Cherrier nous transbahute d’un univers à un autre, on passe du rire aux larmes. Elle se fait grave quand elle parle de Renaud et de l’immense déception qu’il lui a infligée, en passant sur TF1, en reniant ses idéaux, en s’acoquinant avec une fille soi-disant honnête… Grave encore quand elle interprète cette chanson où il est question d’un proche qu’elle a perdu, « Apprends-moi à en rire ». Grave quand elle chante « Tourterelle » ou « Le temps des noyaux ». Et toute légère, vaporeuse, comme flottant sur un nuage de dentelle quand elle se dit amoureuse d’un curé, ou qu’elle entonne « Marchand d’froufrous ». Elle se met à tousser au début de « Manouche » et la voilà qui part dans un éclat de rire bien franc, bien frais et communicatif ! Elle rit encore parce que le siège sur lequel elle est assise ne cesse de tourner. Et, généreuse comme elle est, elle préfère que nous nous quittions sur une note légère plutôt que sur la gravité d’une chanson comme « Apprends-moi à en rire » ou « J’t’ai inventé », et c’est ainsi que le spectacle s’achève sur « Pas d’ma faute ».

Puis, après cette grande prestation, Marie vient, tout sourire, à la rencontre du public. Et demain matin, une petite fille découvrira, au réveil, que sa maman lui a fait dédicacer une affiche de la tournée actuelle de Marie Cherrier. Oui, une belle affiche pour Clara qui, à côté de tonton Beu, aime aussi beaucoup Marie, notamment le refrain « Bon vieux temps, c’était avant la guerre, avant la misère, le long des torrents, bon vieux temps, celui des bouillottes et de la compote des grands-mères d’antan » !

 

Merci à toi, Séverine, merci à toi autant qu’à Marie, d’ailleurs !

17/01/2008

Robert Johnson (suite et fin)

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Robert Johnson va vite décider de sillonner les routes pour mener sa vie de musicien. Ceci l’amène à voyager dans tout le delta du Mississippi et il finit par s’établir (bien que n’arrêtant jamais de voyager) à Helena chez Estella Coleman, l’une de ses maîtresses.
Vers le milieu des années 30, Robert Johnson est musicien professionnel depuis plusieurs années, il jouit d’une certaine célébrité et souhaite enregistrer des disques. La première session d’enregistrement est réalisée en novembre 36 par Don Law. C’est ainsi qu’il enregistre « Terraplane Blues », une de ses chansons les plus connues, qui devient rapidement un succès.
Il meurt en 1938 dans des circonstances mystérieuses. Certains estiment qu’il a été empoisonné par un mari jaloux, d’autres qu’il a succombé à la syphilis, les deux versions étant aussi vraisemblables l’une que l’autre, compte tenu de ce que l’on sait de la vie de ce bluesman légendaire !

Durant sa courte carrière, il aura laissé 29 titres enregistrés. Il laisse à la musique des morceaux tels que « Sweet Home Chicago » (repris par les Blues Brothers), « Travelling riverside blues » (repris par Led Zeppelin), « Love in vain » (repris par les Rolling Stones), « Walking Blues », « Malted Milk » (repris par Eric Clapton) , ainsi que « Come on in my kitchen » (repris par Eric Clapton et Bob Brozman), « Crossroads » (repris par Cream), « They’re red hot » (repris par les Red Hot Chili Peppers), « Stop Breakin’down blues » (repris par White Stripes), etc. Eric Clapton lui a aussi dédié un album complet : « Me and Mr Johnson » (en référence à la chanson « Me and The Devil), où il reprend nombre de chansons de son maître.

 

 

Tout cela me donne envie de creuser un peu, je vais essayer de me procurer au moins quelques reprises.

 

 

14/01/2008

Robert Johnson

La pensée du jour : "Mais je m'en méfie, des douceurs. La patte de velours, je me la suis déjà ramassée en pleine poire, tous crans d'arrêt ouverts", René FALLET.

 

Il y a quelques heures encore, je ne savais pas qui était Robert Johnson. Il est vrai que bien que son nom soit déjà cité dans l’album « Défloration 13 » (cf. « Roots et déroutes + croisements »), je n’avais jamais pris le temps de me pencher sur l’identité de ce personnage. Mais aujourd’hui, en lisant l’interview de Thiéfaine et Personne dans le magazine « Guitarist bass » de novembre-décembre 2007, j’ai constaté que Thiéfaine citait de nouveau Robert Johnson. Voici ce qu’il dit (il est question de la chanson « Your terraplane is ready Mister Bob ») : « C’est parti de l’idée de « Terraplane Blues » de Robert Johnson. Le Terraplane est un modèle de voiture, en fait un vieux tacot, et j’ai évoqué aussi le contrat avec le diable, au carrefour bien connu ».

Là, je me suis dit qu’il était temps de remédier à mon inculture ! Sur Internet, j’ai cherché qui était Robert Johnson, et voici :

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Robert Johnson (1911-1938) : guitariste et chanteur de blues américain. Bien que n’ayant commencé à enregistrer que trois ans avant sa mort, Robert Johnson est devenu une légende et une grande source d’inspiration pour des artistes tels que Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Bob Dylan, the Rolling Stones ou encore Eric Clapton et Cream.

C’est aux alentours de 1916 que Robert Johnson commence à s’intéresser à la musique. L’harmonica devient vite son instrument principal.
A la fin des années 20, il se met à la guitare et se confectionne un support pour son harmonica afin d’utiliser les deux instruments simultanément. En février 1929, il épouse Virginia Travis à Penton (Mississippi). Virginia tombe enceinte durant l’été 1929, mais elle meurt avec son enfant lors de l’accouchement, en avril 1930. Elle n’a que seize ans.

En 1931, Robert Johnson rencontre pour la première fois Son House. Ce dernier, écoutant jouer Robert, le ridiculise et lui conseille d’abandonner la guitare au profit de l’harmonica.
Peu après, Robert tombe entre les mains du bluesman Ike Zinnerman, qui devient son mentor. Par ailleurs, il rencontre assez rapidement une nouvelle femme, Calletta (« Callie ») Craft, de dix ans son aînée, et qu’il épouse en secret en mai 1931. Callie gère l’intendance à la maison, ce qui laisse à Robert tout le loisir de se consacrer pleinement à la musique.

Deux ans après l’affront subi en 1931, Robert Johnson croise de nouveau Son House sur sa route. Celui-ci, constatant les progrès stupéfiants accomplis par Robert, s’avoue même dépassé ! C’est suite à ces progrès étonnants que va naître la légende du pacte avec le diable, à une époque où le vaudou est encore très vivace dans la communauté noire du Mississippi.

Robert Johnson va profiter de cette rumeur pour mettre en place la légende. Un jour, il réunit quelques amis au coin d’un bois et leur raconte ceci : par un soir très sombre, alors qu’il se promenait dans les alentours de Clarksdale, dans le Mississipi, il se perdit à un carrefour. Alors qu’il commençait à s’endormir, une brise fraîche le réveilla. Il vit au-dessus de lui une ombre immense avec un long chapeau. Effrayé, ne pouvant dévisager cette apparition, Johnson resta comme paralysé. Sans un mot, l’apparition se pencha, prit sa guitare, l’accorda, joua quelques notes divines avant de lui rendre l’instrument et de disparaître dans le vent noir du Sud.

Ainsi donc, tout s’explique, et notamment : « Et je vois devant moi le diable en personne »…

 

 

Source : "Wikipédia".

A suivre...

 

13/01/2008

Deuxième réunion Thiéfaine (?)

La pensée du jour : "On n'a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d'un seul coup ce qu'on perçoit en un clin d'oeil", Nathalie SARRAUTE.

 

Ah, je sens que 2008 sera une année riche en événements thiéfainiens !! Si j’ai bien tout pigé, il est prévu que les fans de Thiéfaine (et pourquoi pas ceux de Paul Personne ?) se retrouvent le 28 juin 2008 après le concert à l’Olympia. Evidemment, Sam et moi serons de la partie !

 

Et puis, et puis, nous pensons également à organiser une deuxième réunion Thiéfaine, qui pourrait être dans la continuité de la première, celle qui avait eu lieu le 31 mars 2007 à la Maison du Délice à Paris. Cette fois, Jean-Jacques, qui nous avait aidés à mettre la première réunion sur pied et qui a bien compris, grâce à sa première expérience avec nous, que nous n’étions pas des petits joueurs (!!), cette fois, Jean-Jacques propose donc de faire en sorte que la deuxième réunion ait lieu dans une salle plus grande que celle où s’était tenue la première rencontre. Et aussi, et surtout, qu’il s’agisse d’une salle capable d’accueillir des décibels ! Peu après m’être entretenue de tout cela avec Jean-Jacques, je reçois justement un mail de Yoann me demandant où nous en sommes dans la préparation de cette deuxième réunion. Je lui explique les choses, et il me propose d’organiser la rencontre dans le 95, à quinze minutes de Paris, à Saint Brice sous Forêt. La salle que nous pourrions y louer présente une capacité d’accueil de 400 places. Ce serait carrément du luxe ! Voici un lien qui pourra vous donner quelques informations sur cette salle : http://www.saintbrice95.fr/associative/framesanimation.htm

 

Sinon, j’attends vos suggestions. A votre avis, faut-il voir moins grand ? Peut-être y a-t-il parmi vous des personnes qui connaîtraient une salle sympa, à Paris même ou aux environs ? Car nous pensons que Paris reste malgré tout le point de chute idéal. Nous aurions besoin dès maintenant de vos idées, etc. Je pense que cette réunion pourrait se présenter un peu comme la première. Le 31 mars 2007, il y avait eu différentes interventions : soit des petits « exposés » (désolée pour ce terme très scolaire) sur tel ou tel point de l’œuvre de Thiéfaine, soit des interventions musicales. Je pense que rester dans cette lignée serait une bonne idée. Surtout si nous comptons de nouveau inviter des personnes qui ne font pas partie de notre « cercle d’initiés » ! L’année dernière, quand même, nous avions pu rendre quelques « spectateurs » sensibles à la richesse de l’œuvre de Thiéfaine…
A mon avis, cette réunion ne pourrait se faire avant l’automne. Ce qui a l’avantage de nous laisser une confortable marge de manœuvre. Vous pouvez en parler à vos proches, faire de la pub, imaginer la façon dont vous aimeriez contribuer à cette rencontre, etc. Et repasser par ici, ou par le blog de Yoann, les sites des uns et des autres volontaires, ou encore les forums, pour y « déposer » vos suggestions. La « boîte à idées » est ouverte, à vous de la remplir !!

 

Barzingault

Il y a quelques mois, en regardant la programmation de chez Paulette (salle extraordinaire se trouvant dans un petit patelin lorrain), j’étais tombée sur un nom chantant : Barzingault. Déjà, « bar » et « zinc » réunis dans un même mot, moi, ça me plaît ! Je vais donc faire un tour sur le site « barzingault.com ». On peut y télécharger cinq morceaux, je crois. Je m’écoute ça, tranquillement, et je me dis que c’est plutôt sympa et que cela a des accents higelinesques par moments, ce qui est loin de me déplaire.

Je ne sais plus pour quelle raison nous n’avions pas pu aller voir ce groupe chez Paulette. Peu importe. Ce soir, il repassait non loin de chez nous. Et nous avons sauté sur l’occasion. Avec d’autant plus d’entrain que le chanteur et pianiste du groupe, Thierry Lhuillier, passant récemment sur France 3, a cité, comme faisant partie de ses maîtres : Jacques Higelin, Kent et … Thiéfaine ! Au moment où l’émission est passée, nous avions déjà nos places, de toute façon. Mais il est certain que si nous ne les avions pas eues, nous nous les serions procurées très vite ! 

Et nous avons passé une excellente soirée ! Barzingault est un groupe formé d’un chanteur et pianiste, d’un violoncelliste et d’une accordéoniste. Le chanteur et pianiste, Thierry Lhuillier donc, est très loquace sur scène. Ce qui fait qu’entre deux titres, on s’entend conter des blagues, des anecdotes de la vie du groupe, etc. On se bidonne du début à la fin du spectacle. Et, en plus, ce soir, nous avons eu droit à … « La cancoillote » !!! Justement, à un moment donné, je comptais demander à Sam s’il pensait qu’il y aurait une allusion au père Hubert durant le spectacle. Pour le coup, ce fut plus qu’une allusion !

A la fin du concert, le groupe est venu discuter très simplement avec le public. Thierry Lhuillier, toujours joyeux drille, a mis une ambiance du tonnerre !

Bref, nous avons passé une très bonne soirée ! Et je vous invite à foncer sur le site de Barzingault (www.barzingault.com) pour en apprendre davantage.


Ecrit un peu tard dans la nuit, je ne trouve pas bien mes mots, veuillez m’en excuser. Mais le cœur y est !

 

 

La pensée de la nuit : "Le véritable pouvoir, c'est de ne pas en avoir et de ne pas le subir", Barzingault.

Et je viens d'aller faire un tour sur le site de Barzingault, justement. Dans la biographie, on apprend que le papa du groupe est Higelin. Thiéfaine est considéré comme un tonton, au même titre que Brassens. Ah, cela fait chaud au coeur, non?!

10/01/2008

"L'étranger dans la glace" et les réflexions que cette chanson m'inspire

c70314f8cfbd70b86af8aac8271b681a.jpgRéflexions, réflexions... Un bien grand mot, un peu prétentieux. Il s'agit plutôt d'émotions. Depuis longtemps déjà, j'ai l'idée d'écrire quelques mots à propos de cette magnifique chanson qu'est "L'étranger dans la glace". C'est venu comme ça, d'un coup, ce matin, et cela vaut ce que cela vaut. Je vous demanderai d'être indulgents. N'oubliez pas la note précédente, dans laquelle il est question de la prochaine réunion HFT.

Et peut-être pourriez-vous commencer par aller faire un tour enchanteur sur "Le petit Hubert illustré", blog sur lequel Amnesik a mis une fort belle version de "L'étranger dans la glace". Voici :

http://amnesik.info/dotclear/index.php?2006/05/12/116-l-e...

 

 Et voici à présent ce que m'inspire cette superbe chanson :

 

« Descendre dans la soufflerie

où se terre le mystère inquiet

des ondes et de l’asymétrie

des paramètres au cœur violet »…

 

 

 

Ce qui frappe, tout d’abord, c’est l’absence de sujet explicite dans cette première phrase. Ce point de départ à l’infinitif ne laisse pas immédiatement entrevoir de quelle personne il s’agit ici ou, plutôt, quelle personne agit ici. Le mouvement, « descendre », dans une soufflerie de surcroît, nous fait pénétrer dans un monde souterrain. L’idée de ce « mystère inquiet » se terrant dans une soufflerie rappelle étrangement la « soufflerie des mystères » qu’évoquait Léo Ferré dans « La mort » :

 

 

« Avec ses cordes pour la pluie

A encorder les poitrinaires

Ses poumons de cendre qui prient

Dans la soufflerie des mystères

Elle meurt sa mort la Mort ».

 

 

 

Cette entrée en matière nous jette d’emblée dans une série d’images évoquant la mort. D’ailleurs, pour en revenir au verbe utilisé au début du texte, il évoque non pas l’idée de s’élever, mais bien celle de descendre, comme « descendre au tombeau », par exemple. Ce monde souterrain qui est décrit dans la première strophe n’invite pas franchement à une promenade sereine. Ici trônent des images angoissantes et surtout déshumanisées. Il s’agit plutôt d’un univers froid de machines (« la soufflerie »), d’un bric-à-brac de choses ou abstraites (« ondes » et « asymétrie ») ou médicales (« paramètres au cœur violet »). Le mystère qui est venu se terrer là (et le sens premier de « se terrer » donné par le Petit Larousse n’est-il pas « se cacher sous terre, en parlant d’un animal » ?) est inquiet. Et inquiétant ! Les images à connotation négative se bousculent. Les « odeurs de mercurochrome sur le registre de mes plaies », voilà deux vers qui s’inscrivent dans le champ lexical de la médecine. On se situe donc ici dans un univers angoissant, voire oppressant, déshumanisé et chargé d’images évoquant la maladie et la mort. Images qui reviennent d’ailleurs d’emblée, comme en écho, dans la troisième strophe, où Thiéfaine parle de « molécules en détresse dans le gris des laboratoires ».

« Le gris des laboratoires », le « cœur violet », « les matins bleus de ma jeunesse » », le mercurochrome évoquant la couleur rouge (et donc celle du sang), autant d’évocations de couleurs qui jalonnent tout le texte. Le gris reste une couleur un peu triste et terne, le cœur violet appelle des images de mort. Tout cela est mis en contraste avec les « matins bleus de la jeunesse ». Cette dernière apparaît donc ici comme le paradis perdu dont les contours, peu à peu, s’étiolent : le passé devient flou et multicolore (« les matins bleus de ma jeunesse s’irisent en flou multicolore »), ce qui était bleu et se distinguait donc par sa couleur singulière (d’ailleurs, le bleu est plutôt chargé de connotations positives, je vous renvoie à différents sites consacrés à la symbolique des couleurs, notamment : http://www.paintcafe.com/fr/couleur/langage/symbolique) perd ses contours et sa spécificité pour faire place à quelque chose de moins précis, perdu dans un espace flou et multicolore qui avale tout le reste. La mémoire s’amenuise, s’efface, le temps se précipite (« la valse des nuits et des jours » vient renforcer cette idée de rapidité, de précipitation). L’homme qui parle ici semble s’éloigner peu à peu de sa propre histoire, qui lui apparaît soudain comme inscrite dans une époque lointaine (« les pages moisies de l’histoire », « les matins bleus de ma jeunesse »). A mesure que cette histoire lui échappe, l’homme qui l’a vécue prend ses distances avec elle. Il semblerait qu’il la revisite rapidement en y laissant traîner nonchalamment sa « frise argentée ». Ou n’est-ce pas plutôt sa propre histoire qui se met à prendre ses distances, allant se fixer sur de lointaines berges et le condamnant à se voir comme un « étranger dans la glace » ? Le regard se fait distrait, le poète Thiéfaine qui s’exprime ici, saisissant sans doute avec acuité la vacuité de toutes choses et voyant que la marche du temps a pour seul but de l’engloutir, de le happer dans le « gris des laboratoires », le poète en vient à considérer les choses sous un autre angle, celui de la distance. « La brume adoucit les contours

des ratures sur mes triolets ». Petit privilège de la maturité : le temps qui passe (« le temps passe toujours un peu vite et c’est peut-êt’ not’ chance », écrira Hubert un peu plus tard), ou plutôt tout le temps déjà passé, invite à considérer les erreurs et les ratures avec indulgence et recul. Elles aussi, de toute façon, « s’irisent en flou multicolore », se noyant dans la brume.

Cette façon de se positionner avec recul face à sa propre histoire serait-elle le triste apanage de ceux pour qui un certain nombre d’années déjà s’est écoulé ? Cette chanson me fait immanquablement penser à ces mots de Giono : « Pour moi, maintenant, le temps passe plus vite qu’aux alentours de 1905. A cette époque, je déchiffrais la vie, mot à mot ; aujourd’hui je la lis rapidement du coin de l’œil (souvent même je l’interprète en une sorte de sténographie). En vieillissant on abrège. Est-ce de la hâte ? Peut-être ».

« L’étranger dans la glace » : un texte empreint de tristesse et de mélancolie, donc (assorti d’ailleurs d’une musique triste, elle aussi), un texte dans lequel l’homme qui parle (c’est-à-dire Thiéfaine) ne reconnaît plus tout à fait ni son reflet dans la glace, ni son histoire sous sa frise argentée… Un texte dans lequel Thiéfaine dit se sentir happé par les profondeurs d’un monde obscur qui semble l’attendre pour l’enserrer dans l’étau de son mystère inquiet, mais aussi et surtout inquiétant… Ce mystère tapi dans l’obscurité ne va-t-il pas bondir à tout moment et saisir à la gorge le visiteur malchanceux qui se sera trop longtemps attardé en ce sombre lieu dépeint au début du texte ?

L’image que je trouve la plus forte ici, et que je n’ai pourtant pas encore évoquée, est celle des « yeux nécrosés ». La nécrose, c’est la « mort d’une cellule ou d’un tissu à l’intérieur d’un organisme vivant ». « Regard distrait », « yeux nécrosés », qu’est-ce à dire ? L’homme qui nous parle ici est bel et bien vivant, mais son regard s’efface, ses yeux sont déjà rongés par la mort. Retour à la case départ, à la case naissance, à la matrice : lorsque l’homme vient au monde, l'un de ses sens les moins développés n'est-il pas, justement, la vue? Cet étranger dans la glace est là sans y être tout à fait, même si « le vide a (encore) des lueurs d’espoir ». Il est également question d’avenir. Mais, immédiatement, Thiéfaine lui oppose cette image d’yeux nécrosés et d’ombre inachevée. Tout comme, à l’image de son sourire, il oppose celle du vent glacé. Ce sont donc les symboles de mort qui l’emportent ici.

Rappelons que l’album « Scandale mélancolique » est celui de la soixantaine qui approche. Ce texte de « L’étranger dans la glace » rappelle, comme un écho, celui d’ « Animal en quarantaine » dans lequel, déjà, le chanteur et poète évoquait le temps qui passe. Ici, il parle davantage du temps passé. Le vent qui se levait sur la quarantaine d’Hubert est devenu glacé…
Une chanson triste et mélancolique, bien sûr, mais, à mes yeux, l’une des plus belles de l’album « Scandale mélancolique ». Peut-être parce que, comme l’écrivait Musset, « les plus désespérés sont les chants les plus beaux

Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots »…