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17/02/2009

Méthode de dissection : Alambic / sortie-sud

La pensée du jour : "C'est imprévisible et cela vient de n'importe quel horizon : la nouvelle de ta mort m'est délivrée par petites touches, par à-coups, je crois à chaque fois l'avoir entendue, apprise, comprise, et puis non, c'est comme si tu étais partie à l'étranger, sans laisser ton adresse mais en écrivant, et comme "là-bas" il n'y a ni encre ni papier, tu te sers de n'importe quoi pour tes lettres, une odeur de seringa ou de violette, tes fleurs préférées, un mouvement des lumières, ou comme aujourd'hui l'image d'une allée d'arbres à la télévision, je ne sais pas pourquoi une si faible image me remet devant ta mort, ce n'était même pas un arbre réel, juste des points de couleur sur un écran et voilà, j'ai de nouveau appris que nous ne nous promènerions plus ensemble, que le bruit du vent dans les feuilles d'acacia avait divorcé d'avec la rumeur de ton rire, j'apprends chaque jour ainsi, il faut croire que j'oublie au fur et à mesure, nous, les vivants, sommes devant la mort de bien mauvais élèves, les jours, les semaines et les mois passent, et c'est toujours la même leçon au tableau noir". Christian BOBIN.

alambic.jpg

 

Que me disait Evadné dernièrement ? Qu'en cas de déprime, il fallait sortir la grosse artillerie, à savoir l'écriture et Thiéfaine. Alors, allons-y avec cette nouvelle dissection !

 

Année de parution : 1984

 

Pochette : On voit un homme (sans doute Hubert-Félix lui-même, me semble-t-il) assis sur un lit. La pièce fait très « igloo à bon marché sous les toits d'une masure bidon » et se trouve plongée dans une atmosphère de mélanco. On imagine très bien cette chambre perchée tout en haut d'un immeuble borgne. Qui sait si au pied de l'escalier, à l'entrée, il n'y a pas une gamine, la cigarette aux lèvres, curieusement attifée, vêtue d'une tenue pas tout à fait de son âge ?! Une sorte de repaire pour les dingues et les paumés. Je trouve cette pochette très réussie, tout à fait dans le goût des ambiances loufoques que je chéris particulièrement. Une pochette tout à fait thiéfainienne !

 

Titres :

Stalag-tilt

Whiskeuses images again

Nyctalopus airline

Femme de Loth

Buenas noches, Jo

Un vendredi 13 à 5 H

Chambre 2023 (et des poussières)

 

 

Mes phrases préférées :

« à quelle heure passe le prochain bar

que j'paie une bière à mon clébard ».

 

«mais j'me réveille déglingué

avec un casque sur le nez

et j'ai beau raccorder les fils

j'traîne une vieille caisse marquée fragile ».

 

 

« au nom du père au nom du vice

au nom des rades et des mégots

je lève ma Guiness et je glisse

dans la moiteur des mélancos ».

 

 

« ce sera sans doute le jour de l'immatriculée

contraception ou une connerie comme ça

cette année-là exceptionnellement le jeudi 15 août

tombera un vendredi 13 ».

 

 

« couchée mon âme au pied tranquille ».

 

 

« je m'écraserai sur Oméga

chez les clowns du monde inversé

en suppliant Wakan-Tanka

d'oublier de me réincarner ».

 

 

« morbac ascendant canular ».

 

 

« la tête mouillée entre tes cuisses

et l'oeil plombé de nostalgeo

j'voudrais rentrer dans ta matrice

comme au vieux temps de ma létargeo

quand je jouais avec la matière

dans la chambre des éprouvettes

au milieu des années-lumière

et du rougeoiement des planètes ».

A ma grande honte, je dois avouer que je n'avais jamais vraiment bien écouté cette chanson jusqu'à il y a quelques mois. Je ne l'aimais que moyennement et la zappais souvent. Et puis, un jour, je décide de l'écouter quand même, et je tombe sur ce passage que je trouve sublime... C'est bien la preuve qu'il faut toujours bien tendre l'oreille quand on écoute Hubert !

 

« reviens

déconne pas

sans toi mon cas est périmé ».

 

« j'ai ma bombe à étrons et j'ai mes droits de l'homme

et j'ai ma panoplie de pantin déglingué ».

 

« nous sommes les naufragés dans cet avion-taxi

avec nos yeux perdus vers d'autres galaxies

nous rêvons d'ascenseurs au bout d'un arc-en-ciel

où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil » (pendant longtemps, ces mots furent mon en-tête de papier à lettres !).

 

Je trouve cet album tout simplement splendide. D'une grande richesse, tant sur le plan musical que poétique. On traîne encore et toujours dans un univers bien farfelu, insomniaque et désespéré ... L'atmosphère Thiéfaine, quoi !

13/02/2009

Paroles et musique (suite et fin)

La pensée du jour : "L'événement de ta mort a tout pulvérisé en moi". Christian BOBIN

 

Suite et fin, donc, de l'interview accordée par Thiéfaine à Paroles et musique en 1988...

 

"-Le choix de cette pochette dépouillée, élégante, presque d'un grand classicisme ?

-On m'attendait au tournant. Comme j'avais montré la moitié de ma gueule sur le précédent album, on pensait que j'allais pousser plus loin et montrer le reste.

 

-Votre absence sur les médias, qui vous le rendent bien... ?

-Ce que j'aime bien chez les gens, c'est la discrétion. Pour un chanteur, c'est vrai, il est difficile de passer discrètement, ou alors ça signifie que ça ne marche pas. Il n'empêche que je déplore, chez nombre d'artistes, leur omniprésence. Le fait qu'ils ne sachent pas sortir et rentrer. Moi, mon côté extraverti, c'est la scène.

 

-N'êtes-vous pas quand même trop en retrait ?

-Je ne pense pas l'être trop. Je ne suis ni un sauvage total, ni un marginal complet. Mais la solitude m'est indispensable.

 

-Caractéristique de votre nouveau tour de chant... ?

-J'ai dix-sept nouveaux morceaux, soit deux albums, que je n'ai jamais joués sur scène.

 

-Après l'Elysée-Montmartre et la tournée, vous partez à l'étranger ?

-On ira en effet en RFA et au Canada.

 

-Qu'en est-il d'un projet de Thiéfaine avec les Anglo-Saxons ?

-J'y pense, mais je ne suis pas du tout au point. En fait, plutôt que d'adapter certaines chansons en anglais, j'aimerais écrire directement dans la langue de Shakespeare. De toute façon, je ne suis pas prêt à faire des concessions pour élargir mon public."

 

Propos recueillis par Frank Tenaille

 

07/02/2009

Des adieux...

La pensée de cette profonde nuit : "Je la sentais contre moi, fragile et pointue comme un oiseau, et chaude, je pensais "elle est vivante ! On ne meurt pas comme ça". Comme si je n'étais pas payé pour le savoir que, justement, si, on meurt comme ça". CAVANNA

 

 

DES ADIEUX

Dans les carnets intimes du messager des runes

l'écriture est en transe et clignote à la une

des mystères des amants et de leurs infortunes

des adieux ... / ...

et des mains maladroites et moites au soir trop chaud

raturent les fantaisies de Schuman au piano

les cris des martinets sous les toits de Soho

des adieux ... / ...

et les noires sentinelles drapées dans leurs guérites

n'ont plus besoin d'antennes-paraboles-satellites

pour capter le chagrin à son extrême limite

des adieux ... / ...

 

après de vagues lueurs d'ultimes prolongations

on repart à genoux le coeur sous perfusion

au bord de la faillite mentale mais sans passion

des adieux ... / ...

déjà le vieux veilleur mélancolique nous guette

annonçant des avis d'orage et de tempête

mais bientôt le silence nous fait mal à la tête

des adieux ... / ...

mais on finit toujours par noyer son cafard

dans un taxi-dancing ou dans un topless-bar

on finit toujours sur l'éternel quai de gare

des adieux ... / ...

 

Hubert-Félix THIEFAINE

 

 

04/02/2009

Séquelles...

La pensée du jour : "Ceux avec qui nous vivons, qui nous sont proches et que nous sommes censés connaître le mieux, sont ceux qui nous échappent le plus". Norman MACLEAN

 

Grande nouvelle que Sam a fait atterrir dans ma boîte ce soir : à l'occasion des quelque 30 années de carrière de l'ami Hubert, un best-hier sortira le 23 mars !!

Cette anthologie s'intitule « Séquelles » et paraîtra d'abord en édition limitée. Elle contiendra un titre inédit que nous sommes nombreux à avoir réclamé déjà : « Annihilation » !

Sony demande aux admirateurs de Thiéfaine de décrire les séquelles causées à un moment de leur vie par un album, une chanson, un concert de cet artiste. Les meilleurs textes seront imprimés dans le livret de l'édition collector et doivent être postés avant le 18 février sur le nouveau myspace officiel (ouverture prévue le 9 février). Les témoignages ne doivent pas excéder 200 mots. Alors, qui a envie de se lancer ? Arnaud, Tommie, Alfana, Evadné, Foxy, Yoann, Doc, 655321, Fred 06, Bérangère, Nath, Jean-Paul ? D'autres encore ? Moi, peut-être ?!

25/01/2009

Concert de Zaza Fournier hier soir à l'Ostra

Zaza.jpgLa pensée du jour : "Hasard ou destin, la réponse n'est pas si simple, aimait-il répéter". Jean-Marie BARON, à propos de Joseph Kessel.

 

 

Connaissez-vous Zaza Fournier ? En ce moment, on doit entendre pas mal sur les ondes son entraînante « Vie à deux » (« Oh mon amour, la vie à deux, tu vois, c'est pas si simple », etc). Après avoir lu, il y a quelques mois et dans je ne sais plus quel magazine, une critique encensant la demoiselle, je me suis précipitée sur son album, l'achetant sans en avoir jamais entendu un seul titre. Sur un coup de tête. Sûre que je ne me trompais pas. Et effectivement ! Depuis, nous écoutons régulièrement ce CD, à tel point que Clara l'a elle aussi dans ses références ! Elle aime bien la dame qui chante « tralali tralala » !

Hier soir, Zaza Fournier passait dans une salle splendide de Nancy : l'Ostra. Je n'y avais encore jamais mis les pieds. Mais, ça y est, maintenant que j'ai découvert ce lieu, je vais faire partie de ses fidèles abonnés ! D'ailleurs, le 21 février, l'immense Allain Leprest y passe, et c'est un de mes rêves qui se réalise : je veux absolument le voir en concert ! Bref... Zaza Fournier, donc. En première partie, il y avait Martial Robillard, que nous avions déjà vu il y a quelques mois chez Paulette. Martial a interprété des chansons de sa composition, ainsi que « Ma môme » de Ferrat, et puis aussi une chanson dont le texte fut écrit par Boris Vian, une autre signée Bernard Dimey, et deux titres de Brassens. Belle première partie avec un monsieur talentueux qui ne se prend pas au sérieux !

Puis, Zaza Fournier est arrivée. Egale à elle-même, pareille à celle que l'on peut voir sur les photos ! Hier soir, elle portait une jupe rouge à petits pois noirs, un débardeur blanc (avec, d'un côté, un oeil fermé, de l'autre un oeil ouvert), un collant noir et des chaussures rouges. De fausses fleurs plantées dans la chevelure. Cette fille-là, quand elle arrive sur scène, il se passe tout de suite quelque chose. Elle est drôle, souriante, agréable, d'une fraîcheur rare. Elle nous a fait faire un joli tour dans son répertoire, interprétant également un titre d'Elvis Presley et « Les vieux » de Jacques Brel. Etonnée de constater que dans le public, certains connaissaient par coeur les paroles de ses chansons. Etonnée de se faire rappeler chaleureusement à la fin.

Après le concert, nous nous sommes installés au bar. Et nous avons papoté avec Martial et Baldo, le patron de ce lieu doté d'une âme si forte. Puis, Zaza est arrivée. Elle est dans la vie comme elle se montre sur scène : authentique, drôle, débordante d'énergie, s'émerveillant de l'enthousiasme qu'elle suscite.

J'ai passé une excellente soirée. De quoi enlever un peu de poids de mes valises si lourdes... Ce fut, pour plagier Sagan, « un peu de soleil dans l'eau froide ». J'ai repris des forces pour affronter la tourmente qui sévit en ma vie depuis plus d'un mois maintenant... Merci Zaza, merci Martial, merci Baldo ! Et merci, Sam, d'avoir insisté pour que j'aille à ce concert !

23/01/2009

Paroles et musique (suite et presque fin)

La pensée du jour : "Hélas ! elle est douce, la vie, mais c'est à ceux qui ne la connaissent pas". Alfred DE MUSSET (La confession d'un enfant du siècle).

 

 

« Vous paraissez, depuis quelques années, moins ironique et provocateur.

-C'est peut-être à ce niveau que l'on perçoit l'effet de la campagne. Je me sens plus serein. L'ironie, c'est quelque chose de mordant qui répond à des instants de crise.

 

-Quelles inflexions avez-vous voulu apporter à votre musique ?

-On s'est situés, Claude Mairet et moi, dans le sillage de Meteo für nada. Un rock simple, riche en guitare et plus mélodique.

 

-Un rock avec moins de paroxysme ?

-Et moins de fractures, de « cassures ».

 

-Vous savez que la particularité de votre public, c'est d'être d'une extrême fidélité et de connaître vos paroles de A à Z ?

-ça prouve que ce n'est pas si ésotérique. Pour retenir un texte, il faut le comprendre !

 

-Ce public si constant, vous le connaissez ?

-L'an dernier, après la parution de Meteo, je n'ai fait que le rencontrer durant deux mois à travers toute la France, grâce aux FNAC. Il y avait beaucoup de lycéens.

 

-Est-ce votre « parler vrai » qui les touche, a contrario des chanteurs de la « béatitude » ?

-Je crois qu'ils sont sensibles au fait que j'ai conservé précieusement mon adolescence, tout en revendiquant le fait d'être un adulte responsable.

 

-Vous aviez vingt ans en 1968 ?

-Oui, et, d'une certaine manière, j'ai gardé ma révolte d'adolescent. Cette révolte qui esquisse la liberté...

 

-Mais cette liberté, vous la relativisez vous-même. Je pense à votre chanson intitulée « Affaire Rimbaud », dans laquelle ni Arthur, ni la beauté amère, ni la liberté spirituelle ne sortent indemnes. Ou encore à Diogène, « héros de la classe moins zéro » que vous évoquez également de façon ambiguë. C'est quand même de l'optimisme sceptique ?

-Oui, c'est à peu près ça. Ou un pessimisme joyeux... Non, plutôt ouvert à toutes les possibilités d'un monde meilleur... (Long silence). Non, je ne suis pas véritablement optimiste !

 

-Vous écoutez beaucoup de musique ?

-Très peu. Même si je suis au courant. Forcément. Sans faire la démarche, on sait à peu près où en est la mode... Le dernier Sting, Billy Idol, un peu de Ferré, de Manset... ou les Stones. Avec eux, j'ai toujours 17 balais et je suis en 1965. C'est peut-être ça, après tout, la musique de mes deux derniers albums : un retour vers cette musique qui m'a complètement rendu cinglé dans les années 60 !

21/01/2009

Paroles et musique (suite)

La pensée du jour : "Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux". Alfred DE MUSSET, La confession d'un enfant du siècle.

Musset.jpg

Aujourd'hui, voici la suite de l'interview que Thiéfaine avait accordée à Paroles et musique en 1988. Justement, dans le passage qui suit, il évoque La confession d'un enfant du siècle. Un livre que j'avais lu en 1995 et avec lequel j'avais passé des heures magiques. A relire, peut-être, tiens ?

 

« Quand on écoute « Droïde song », c'est plus que des doutes : c'est presque du fatalisme ?

-(Dubitatif) J'ai l'impression que c'est bien centralisé, que l'on bouffe de « la centrale »... Qu'il est de plus en plus difficile d'avoir des idées à soi, son propre jugement, son propre rythme...

 

-Jadis, dans « Bipède à station verticale », vous écriviez : « Parfois, j'ai la nostalgie de la gadoue ».

-J'évoquais notre côté animal. La tentation de se vautrer dans la boue ou de se détruire, alors qu'on a opté pour autre chose...

 

-Ambiguïté d'un enfant du siècle à la croisée des chemins ?

-C'est un peu ça. A parler d'auteurs, j'ai été marqué par Alfred de Musset, et particulièrement par la Confession d'un enfant du siècle. Ce côté romantisme déchiré... On a une déchirure en soi, et à travers elle on peut exprimer beaucoup de choses. Dans Musset, il y a cela, outre une appréhension de la solitude...

 

-Il y a une chose qui me frappe chez vous. Vous vivez près des arbres et des champs, dans le Jura, et pourtant, à les lire, vos textes semblent avoir été composés à New York ou dans les tours de La Défense à Paris. René Char vient de mourir. Indépendamment de l'universalité de sa poésie, il incarnait une sorte de tragique solaire. Son écriture a une origine indéniablement méridionale, par ses mots, ses couleurs, ses parfums, etc. Vous, vous parlez en privé des orages, des oiseaux, des odeurs de l'herbe, mais on n'en trouve pas trace dans vos chansons.

-Oui, j'ai beaucoup souffert durant mes années de vie à Paris. J'avais la nostalgie de l'espace et de la nature... Avec elle, je n'ai aucune responsabilité. Tandis qu'avec les villes c'est vraiment l'homme qui est impliqué...

 

-Peut-être qu'il y a cette différence. Mais, lorsqu'un Jean Ferrat chantait « La montagne » -chanson écologiste avant la lettre-, il défendait aussi un certain type de rapport à la vie !

-J'y viendrai peut-être... Jusqu'ici, pour moi, une chanson est une décharge. Une « purification » au cours de laquelle on cherche à s'enlever tout le plus qu'il y a en soi. Une forme d'exorcisme, aussi. Individuel et général, puisque l'individuel c'est du général. »

 

 

18/01/2009

Paroles et musique

 La pensée du jour : "Je songe, attristé, à tout ce que j'aurai ignoré de toi". Louis CALAFERTE.

Il y a bien longtemps, j'avais acheté un magazine Paroles et musique  ... parce qu'il contenait un dossier très riche sur Renaud. Remontons en arrière : nous sommes en avril 1988, je suis fan de l'ami Séchan et j'essaie de récupérer tout ce qui le concerne. J'achète donc le magazine en question. Et je le lacère une fois lu, le but étant de mettre un maximum de photos de Renaud aux murs de ma chambre !

Des années plus tard, sur mes vieux jours, l'ouragan Hubert étant passé par là, je me souviendrai soudain (les miracles de la mémoire à long terme !) que ce même magazine avait consacré un article complet à Thiéfaine. Article dans lequel, j'en ai toujours été certaine, le même Thiéfaine disait qu'il aimait bien l'allemand. Pendant longtemps, j'ai cherché ce Paroles et musique ... enfin, ce qu'il en restait. Et voilà que Sam vient de l'acquérir. J'avais raison : dans l'interview, Hubert dit effectivement qu'il aime bien l'allemand (ce dont je le félicite à grands cris !! Merci, nous ne sommes pas légion à reconnaître l'immense talent poétique de cette langue). Bref... Voici un petit bout de l'interview. A l'époque, on était en plein dans Eros über alles .

 

« Pourquoi ce titre ?

-J'aime bien l'allemand. Je l'ai déjà utilisé avec Meteo für nada. C'est le dernier vers de « Je suis partout », une chanson que j'ai composée au moment du procès de Klaus Barbie. Non seulement ça sonnait bien, mais, en outre, ça détournait quelque chose.

 

-« Was ist das rock'n'roll » est une chanson autobiographique ?

-Oui. Une sorte de grande facétie avec son propre miroir.

 

-Vous évoquez dans cette chanson « quelque mauvais don d'acrobatie verbale ». A ce propos, vous écriviez dans Le Monde : « S'il est vrai que chaque chanson est pour moi une étape vers un devenir plus lumineux, j'ai bien conscience de ne pas être un archange ». Nietzsche disait que les poètes n'ont pas la pudeur de leurs aventures qu'ils exploitent :

-Je ne me considère pas comme un poète, mais, en tant qu'auteur de chansons, je pense que c'est un peu pareil...

-Où en êtes-vous en ce qui concerne votre statut ?

-C'est vrai que, pendant longtemps, j'ai hésité. Je ne savais pas du tout à quoi je pouvais servir. Et puis, autant se spécialiser dans ce qu'on aime et ce qu'on fait le mieux ! Aujourd'hui, je n'ai plus ce problème. Je me dis : Vas-y ! Je peux assumer ce genre d'acrobatie.

 

 

-« Pulque mezcal y tequila » fait référence à Malcolm Lowry. Vous êtes allé au Mexique ?

-Plusieurs fois. C'était un brouillon de texte, que je voulais intégrer dans Alambic, mais qui n'était pas assez travaillé.

 

-Il y a une chanson à part dans l'album, « Septembre rose ».

-Elle raconte une naissance presque en temps réel...

 

-Dans cet album de tonalité assez sombre, c'est un peu une fenêtre...

-Je crois qu'il y a une autre ouverture : « Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir ». Je la trouve assez positive (sourire).

 

-C'est un point de vue !

-C'est quand même une chanson d'amour !

 

-Il y a dans vos thèmes une permanence : celle d'une société de plus en plus dépersonnalisante, mécanisée. Une vision à la William Burroughs.

-C'est intuitif. Une vieille angoisse. Je ne suis pas contre le progrès, au contraire. Mais j'ai quelques doutes... »