23/01/2010
"Un Sturm und Drang sans fin au bout du neverbeen"...
La pensée du jour : "J'connaîtrai jamais le bonheur sur terre
je suis bien trop con". Raymond QUENEAU.
La statue de Goethe et de Schiller à Weimar, superbe ville de Thuringe...
« Sturm und Drang » signifie « tempête et élan ». « Drang », c'est aussi le désir, l'impulsion, le penchant, la poussée, et il n'est pas rare de trouver ce mot associé à la préposition « nach », qui vient dire vers quoi s'oriente le désir : « der Drang nach Freiheit », « der Drang nach Abenteuer ».
Les termes « Sturm und Drang » qualifient le mouvement littéraire qui naquit en Allemagne durant la deuxième moitié du 18ème siècle. Il atteignit son apogée dans les années 1770, l'année 1770 étant d'ailleurs extrêmement importante puisqu'elle est celle de la rencontre entre Goethe et Herder à Strasbourg. Ce courant succède à la période des Lumières (« Aufklärung ») et est considéré comme le précurseur du romantisme.
Les deux termes font référence à une pièce de Friedrich Maximilian Klinger parue en 1776. Le « Sturm und Drang » va réunir des écrivains plutôt jeunes. Parfois, dans les précis de littérature allemande, on trouve également le mot « Geniezeit », « Genieperiode » (=la période des génies) pour qualifier ce mouvement.
Aux yeux de Herder, un poète a du génie lorsqu'il sait faire preuve d'esprit, d'imagination, de perspicacité et de goût.
Le « Sturm und Drang » prône la supériorité des sentiments et s'intéresse à la nature comme un « tout organique ». On retourne aux sources, ce qui explique aussi le regain d'intérêt pour les chants populaires. On préfère la passion à la raison. Le mouvement s'inspire beaucoup de Shakespeare et de Jean-Jacques Rousseau. Ce sont surtout Friedrich Schiller et Goethe qui seront les principaux représentants de ce courant, avec Die Räuber (Les brigands) pour Schiller et Götz von Berlichingen, ou encore Die Leiden des jungen Werthers pour Goethe. Ce roman épistolaire raconte l'histoire de Werther, jeune homme ne sachant que faire de son existence et s'installant dans la ville de W. pour y fuir le monde bourgeois. Un jour, il est invité à un bal et y rencontre Charlotte (Lotte), dont il tombe amoureux, bien que la sachant déjà liée à un autre homme, Albert. A la fin, Werther se suicide. D'ailleurs, ce roman eut un tel impact à sa parution en Allemagne, qu'il y déclencha une vague de suicides. Dans Die Leiden des jungen Werthers, les sentiments sont exaltés, le coeur devient la partie centrale de l'individu.
Autres écrivains ayant appartenu à ce mouvement : Jakob Michael Reinhold Lenz, Johann Gottfried Herder, Heinrich Leopold Wagner, Friedrich Maximilian Klinger.
Sources : Wikipédia + Auklärung, Sturm und Drang, Geschichte der deutschen Literatur, Theo Herold und Hildegard Wittenberg, Ernst Klett Schulbuchverlag GmbH, Stuttgart 1983.
14:07 | Lien permanent | Commentaires (8)
19/01/2010
La collection 78-88
La pensée du jour (la deuxième pensée du jour puisque j'ai déjà fait une note aujourd'hui !) : "De toute façon, je n'avais aucune envie d'être quoi que ce soit. Et j'y arrivais brillamment". Charles BUKOWSKI.
Putain d'époque que le rock vient d'ébranler. La musique bouscule les moeurs. La vieille chanson se meurt et, avec elle, une certaine morale.
Un accord de guitare électrique fait vaciller le vieux monde et pousse les générations nées de l'après-guerre à penser autrement. La France ne restitue qu'un écho affaibli des pionniers, de ce cocktail explosif né d'une première fusion des musiques blanches et noires.
Le business d'ici a beau y faire, pousser dans les projecteurs des wagons d' « idoles » aux caricatures de vécu, le mal est beaucoup plus profond qu'il n'y paraît, les vieilles institutions et leurs garde-chiourmes du penser juste et sans remise en cause auront beau faire, une révolution est en marche, portée par ce qu'on appelle le rock, mot fourre-tout où se retrouvent les multiples variantes de la nouvelle expression musicale.
Fort d'une telle capacité à bousculer le vieux monde, ses moeurs, ses têtes pensantes d'un autre temps et d'une rigidité maladive, le mouvement ne s'arrêtera plus et à défaut de balayer tout sur son passage, il transforme le vieux monde.
Ses héros écrivent la BO des décennies traversées, sans en grimer les aspects les plus sombres. Ils ne sont pas légion dans un système apte à récupérer et exploiter même la prétendue colère, mais rien ne parviendra à les faire taire.
Hubert-Félix Thiéfaine fait incontestablement partie d'eux avec pour particularité d'être unique, conséquence certainement de cette solitude liée à son histoire, un vécu particulier et une grande sensibilité.
Les prémices de son initiation passent par une succession de chocs ressentis assurément avec beaucoup plus d'intensité que d'autres. Le contexte ne fait qu'exacerber cette capacité à s'imprégner de tant de chaos, à le vivre avec une dimension intérieure décuplée. L'enfermement durant les années d'adolescence ne peut qu'être subi dans la douleur quand déjà vos aspirations vous poussent à imaginer d'autres horizons.
Et ses maîtres d'alors constituent les remparts d'un savoir-faire définitivement périmé, sans qu'ils ne le sachent. Ces quelques années passées dans un séminaire perdu au fond d'une campagne vont, finalement, surtout lui donner un goût absolu de la liberté libre, rendre plus intense la découverte de Villon, Rimbaud, Maldoror, les riffs des guitares.
Il raconte surtout comment, dans ce huis-clos où chaque geste est épié, le moindre comportement passé au crible, l'esprit est le dernier refuge, l'ultime salut de ceux qui refusent.
Il y met en forme ses premières chansons. Sous le crâne brûle la révolte et celle-là n'a rien à voir avec des implications furtives, l'artifice !
Un destin est en marche.
Ainsi commence le livret « Hubert-Félix Thiéfaine, la collection 78-88 ». Je n'ai pas encore lu ces quelques pages. Mais, en le feuilletant attentivement dimanche, je me suis rendu compte qu'il contenait de nombreux documents intéressants. Je le prends dans mon lit ce soir ! Et je vais essayer de ne pas faire trop attention aux imprécisions et aux fautes d'orthographe qui, de prime abord, m'avaient donné envie de refermer assez vite ce livret (cela commence dès la première page : « dans des dédales obscures où plane la folie », cela continue un peu plus loin, avec « la lectures d'une belle brochette de ces estampillés maudits »)... Quand même, personne n'a relu ces pages avant leur publication ?!
21:55 | Lien permanent | Commentaires (6)
Vie de Lamartine : suite et fin
La pensée du jour : "L'amour est une maladie d'incomplétude. (...) Quelque chose s'est perdu à l'origine, une affection s'est refusée, une sympathie s'est interrompue, et l'on est à jamais avide de ce qui pourrait en tenir lieu". Jean-Paul ENTHOVEN.
En 1833, Lamartine commence une carrière politique. Elu député et conseiller général, il devient peu à peu un orateur écouté et lance l'idée d'un « parti social ». Son Histoire des Girondins, en 1847, obtient un succès prodigieux et cet être de grande race, fait de muscles et de nerfs, devient un des rois de l'opinion. Son activité frénétique l'a vieilli de 10 ans, mais il compte bien « garder jusqu'au tombeau la jeunesse inextinguible de l'âme qui pense, qui rêve, qui espère, qui aime ». Ministre du Gouvernement Provisoire, il est hélas vite débordé par les haines de droite et de gauche. En juin, il supplie en vain que l'armée investisse Paris, pour éviter la révolte et le massacre qui s'ensuivra. Cela n'arrange personne : l'extrême-gauche s'entête, tandis que la droite et les modérés veulent faire un « exemple ». Alors le nouveau ministre de la Guerre, Cavaignac, sabre, cravache et fusille et Sainte-Beuve, ravi de la déconfiture du poète, ose écrire, avec perfidie et mauvaise foi : « Les pieds de Lamartine lui ont glissé dans le sang ».
C'en est fait de Lamartine homme politique. Il obtient aux Présidentielles un score dérisoire et voit sa vie se transformer en une succession de problèmes financiers et d'énormes travaux littéraires et historiques. Son logis parisien n'est plus qu'un bureau, une usine, dont madame de Lamartine devient la cogérante.
Les années passent, peuplées de rêves impossibles et de cauchemars quotidiens, et à 70 ans, le poète se tue encore au travail et devient la proie des usuriers. Il doit vendre Milly, « la moelle de ses os ». En 1863, sa femme meurt et en 1867, il se remarie secrètement avec sa nièce Valentine de Cessiat, davantage infirmière qu'épouse. Il meurt le 25 février 1869. Sur sa poitrine, le crucifix que tenait Julie Charles sur son lit de mort.
10:06 | Lien permanent | Commentaires (3)
18/01/2010
Alphonse de Lamartine
La pensée du jour : "Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !" LAMARTINE
Lors d'un concert qu'il avait donné à Mâcon, Thiéfaine avait évoqué Lamartine et son poème « Pensée des morts » (« quoique jeune sur la terre, je suis déjà solitaire », etc.).
Alors je vais consacrer quelques notes à ce poète...
Alphonse de Lamartine naît le 10 octobre 1790 à Mâcon. Ses parents tirent l'essentiel de leurs revenus de la terre de Milly, où ils passent les étés. A 18 ans, Lamartine termine ses études et s'installe à Milly, poète en herbe et gentilhomme campagnard. Il dévore Chateaubriand, Byron, Goethe... et découvre Naples, où il s'éprend d'une certaine Antoniella, qui deviendra l'héroïne de son roman Graziella. De retour en France, il multiplie les voyages à Paris et éblouit les salons par sa beauté et son élégance. Malade, il renonce à trouver un emploi et, en cure à Aix-les-Bains, rencontre au bord du lac du Bourget Julie Charles, une jeune femme merveilleusement belle, poétique et pâle. Elle aussi est malade, et plus gravement que Lamartine. Ils se revoient à Paris et se donnent rendez-vous l'été suivant à Aix. Mais l'état de santé de Julie s'est brusquement aggravé et Lamartine l'attend en vain, écrivant les premières strophes du Lac, immortel poème de l'amour et du souvenir. Julie meurt le 18 décembre 1817.
Lamartine, d'abord brisé, se jette dans les Méditations, puis dans les amours passagères. Il mène une vie mondaine épuisante, tandis que l'Europe lettrée tout entière s'arrache les Méditations et apprend le Lac par coeur. D'un coup, Lamartine est illustre. Marié avec une jeune Anglaise, Marianne Birch, il connaît dix années de bonheur et passe son temps entre des postes diplomatiques en Italie et des vacances dans le Mâconnais. Mais le 13 novembre 1829, sa mère meurt, ébouillantée dans un établissement thermal : elle est tombée, et n'a pu fermer le robinet d'eau chaude. Alors, après la Révolution de 1830, le poète met fin à sa carrière diplomatique et, deux ans plus tard, affrète un bateau pour une longue, somptueuse et ruineuse croisière en Orient. Et le voyage tourne au drame lorsque sa fille Julia, tuberculeuse, meurt tout à coup à Beyrouth.
La suite bientôt.
Source : Le grand livre de la poésie française, Marcel JULLIAN.
20:58 | Lien permanent | Commentaires (2)
16/01/2010
Toutes les fois où j'ai vu HFT...
La pensée du jour : "cette vieille
et toujours lancinante question
du pourquoi ici, moi, pourquoi ?" Guy GOFFETTE.
En 2006, j'avais déjà consacré une note à tous les concerts de Thiéfaine auxquels j'avais assisté ! La liste s'arrêtait au spectacle du 6 avril 2006 (à Dijon). Aujourd'hui, je réactualise cette liste. Ainsi, RV, tu pourras me dire quels concerts nous avons en commun ! Quant aux autres, n'hésitez pas à me dire combien de fois vous avez vu Thiéfaine et quels concerts vous ont marqués...
Vendredi 27 octobre 1995, Salle des fêtes, Sarreguemines (57).
Mardi 24 novembre 1998, Saint-Avold (57).
Dimanche 11 juillet 1999, Eurockéennes, Belfort (90).
Mercredi 3 novembre 1999, Salle Elsa Triolet, Longlaville (54).
Samedi 27 octobre 2001, Galaxie, Amnéville (57).
Jeudi 13 décembre 2001, Zénith, Nancy (54).
Samedi 3 août 2002, Champ des lutins, Gomené (22) : Festival Délirock.
Vendredi 20 septembre 2002, Les Arènes, Metz (57).
Samedi 25 octobre 2003, Salle Rameau, Lyon (69) : hommage à Léo Ferré.
Mercredi 26 mai 2004, Grand Théâtre, Dijon (21) : Histoire du soldat, Stravinsky.
Samedi 31 juillet 2004, Festival de bouche à oreille, Savigna (39).
Mardi 16 novembre 2004, Théâtre municipal, Thionville (57).
Mercredi 17 novembre 2004, Salle Poirel, Nancy (54).
Jeudi 18 novembre 2004, Théâtre de la Rotonde, Thaon-les-Vosges (88).
Jeudi 2 décembre 2004, Arsenal, Metz (57).
Vendredi 10 mars 2006, Rockhal, Esch-sur-Alzette (Luxembourg).
Samedi 18 mars 2006, La Cigale, Paris.
Mardi 4 avril 2006, Zénith, Nancy (54).
Jeudi 6 avril 2006, Zénith, Dijon (21).
Dimanche 30 avril 2006, salle Acropolis, Voujeaucourt (25).
Vendredi 11 août 2006, festival du chien à plumes, Villegusien (52).
Samedi 7 octobre 2006, Théâtre municipal, Béthune (62).
Vendredi 3 novembre 2006, Théâtre de Champagne, Troyes (10).
Vendredi 17 novembre 2006, Zénith de Paris.
Samedi 28 juin 2008, Olympia de Paris, concert Thiéfaine / Personne.
Flûte, il y a aussi le concert de Thiéfaine-Personne à la Madine, mais je ne trouve plus le billet.
Voilà. Cela nous fait la bagatelle de 26 spectacles !! J'espère bien pouvoir allonger la liste dans les mois qui viennent !
Chacun de ces concerts me rappelle quelque chose. Une ambiance, une anecdote, une période de ma vie... Premier concert en 1995, donc. Cela commence à dater. Et je n'oublierai jamais les beaux moments de complicité que j'avais eus avec ma mère ce soir-là. Elle qui était asthmatique, elle avait accepté de m'accompagner dans ce "cirque un peu pervers" où ça clopait et haschichait dans tous les coins de la salle !!! Le lendemain, nous avions l'impression de nous être nous-mêmes adonnées à la fumette !! Je crois que c'est à Sarreguemines que Thiéfaine avait cité du Lamartine en disant que c'était du Alain Barrière. Mais comme "ma mémoire s'efface", j'ai un doute. Il faudrait que je retrouve les notes que j'avais prises au retour de ce concert.
Saint-Avold reste un beau souvenir aussi. Après bien des péripéties (revente de mon billet pour cause de réunion parents-profs, puis décision, au dernier moment, d'aller quand même à ce concert, mais sans billet, on verrait bien à l'entrée !), j'étais arrivée tout pile pour le début, et j'avais obtenu le dernier billet qui restait à l'entrée !!! Les Eurockéennes, c'était pas mal non plus. Avec Matmatah sur scène. Et mon long retour dans la nuit, après m'être fait gerber sur les jambes par un spectateur qui n'était pas allé à Belfort que pour s'enivrer de la poésie de Thiéfaine !!
Longlaville, ah, très drôle ! C'est là que j'ai compris qu'un type sur qui j'avais des vues n'avait décidément pas grand-chose à voir avec mon univers (nous étions allés ensemble au concert et, à la fin, il avait eu le culot de me dire : "Ouais, c'était pas mal, mais je préfère Cabrel". Peut-être aurais-je dû tenter quand même d'aller plus loin avec cet homme ... pour essayer de lui apprendre qu'il faut comparer ce qui est comparable !!!!!!!!!!!!!!!!) Ce concert, c'était un 3 novembre, jour de la Saint Hubert, patron des chasseurs si je ne m'abuse. Et Hubert n'avait évidemment pas pu s'empêcher d'évoquer sa fête... Et le public de crier comme un seul homme : "Bonne fête, Hubert" !
Suite au prochain numéro...
Juste une remarque : on constatera avec amertume que je n'étais pas à Bercy en 1998. Mon plus grand regret dans ma vie de fan ! J'aurais pu y aller, j'aurais dû y aller. Mais je n'avais pas osé. Peur d'être trop défaite le lendemain en cours. Finalement, à 25 ans, j'étais moins jeune que maintenant, car aujourd'hui je n'hésiterais pas une seule seconde : Hubert über alles !!!
11:59 | Lien permanent | Commentaires (44)
11/01/2010
Mano Solo : le "dernier show de la vie"...
La pensée du jour : "Je n'ai jamais vendu mon âme
mais mille fois je l'ai offerte en pure perte
en pur drame en pâture aux femmes", Mano Solo.
Triste, je suis triste ce matin. Hier, je me suis couchée trop tôt pour apprendre la nouvelle aux infos de 23h. Ce n'est donc que ce matin que j'ai appris la mort de Mano Solo.
« Dis-moi que je crèverai seul comme un chien
En haut d'une montagne qui plonge dans la mer
La narine frémissante et tous les sens en éveil
Le dernier show, le dernier show de la vie »...
Et aussi :
« Et c'est là qu't'as dit
qu'la vie c'est pas du gâteau
et qu'on f'ra pas de vieux os
qu'on f'ra pas de marmots
pour leur gueuler tout haut
qu'la vie c'est pas du gâteau »...
Mano Solo était passé en concert tout près de chez moi il y a quelques années et je l'avais loupé. Immense regret en ce lundi matin cafardeux... Immense regret aussi de n'avoir jamais vu Barbara et Gainsbourg...
Mano Solo, c'est l'année de mon Capes, un désespoir qui se conjugue soudain avec le mien. Je viens de rencontrer un poète, une oeuvre, des mots qui m'explosent à la face et dans le coeur, surtout, et je suis sous le charme... Mano Solo, c'est un été en Bretagne avec mon amie Pascale. Tous les soirs ou presque, nous échouons dans le même bar. Et une des serveuses est mordue, totalement mordue, de la poésie de Mano Solo. Nous écoutons ses chansons en boucle jusqu'à pas d'heure...
Je suis en train d'écouter « Dis-moi » et ma fille Louise, 21 mois et des poussières, danse sur cette sublime chanson. Quel bel hommage elle rend, sans le savoir bien sûr, à cet immense artiste qu'était Mano Solo ! « Ce n'est pas tant qu'il aimait la sienne, Mano Solo, ce qui est sûr c'est qu'il aimait lia vie »...
Repose en paix, ami Mano Solo. Plusieurs ruptures d'anévrisme, ce n'est malheureusement jamais bon signe, c'est cela aussi qui a emporté ma mère. Comme toi, elle a longuement lutté, et puis la catastrophe a pris le dessus... Tu avais bien raison : « la vie c'est pas du gâteau »...
Et pour finir, encore ces mots extraits de "dis-moi" :
"Alors il ne sera rien que je regrette
Sauf peut-être cette vie entière que nous n'avons pas vécue
Cette promesse non tenue"...
09:00 | Lien permanent | Commentaires (17)
09/01/2010
Méthode de dissection : "Méthode de dissection du pigeon à zone-la-ville"...
La pensée du jour : "Et quelqu'un pouvait encore naître quelque part à la suite d'une défaillance de l'autorité, ou d'une fissure dans l'avortoir, comme il y a deux mille ans, lorsque soudain il y eut homme". Romain GARY
Après avoir tant et tant de fois utilisé ici l'expression « méthode de dissection », je me devais de consacrer une note à cette chanson ! Elle se trouve sur l'album « Le bonheur de la tentation ». Lorsque ce CD est sorti, il y a quelques années déjà, j'ai d'abord été tellement fascinée par « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable » que j'en ai zappé certains morceaux d'anthologie, comme « Méthode de dissection du pigeon à zone-la-ville ». Pour moi, cette chanson se laissait écouter agréablement, sans plus. Mélodie entraînante. Quant au texte, je n'y prêtai d'abord pas réellement attention. Honte à moi, je devrais me couvrir la tête de cendres, tiens ! Je suis quand même assez bien placée, me semble-t-il, pour savoir que lorsqu'on écoute une chanson d'HFT, il faut être attentif au moindre détail. Certaines subtilités ne m'ont sauté aux oreilles qu'au bout de mille écoutes. Et une femme avertie en vaut deux, non ? Ben non, je suis incorrigible. Je suis lamentablement passée à côté de « Méthode de dissection ». Jusqu'au jour où, causant Thiéfaine avec 655321, je m'aperçus qu'il adorait cette chanson et l'avait extrêmement bien analysée. Il m'expliqua qu'il s'agissait là d'une dissection géniale, racontant l'agonie de quelqu'un. Mais oui, mais c'est bien sûr ! Je n'avais jamais fait gaffe ! La honte !
« Méthode de dissection », donc. Rien que l'entrée en matière est grandiose. Elle fait froid dans le dos, ou plutôt dans les entrailles. Le décor est planté. Le type dont il est question aussi. Ben oui, il a dû se faire planter par on ne sait qui. Voilà, mon vieux, c'est fini pour toi, c'en est fini de toi.
Le type en question ne meurt pas illico. Il a le temps de se sentir glisser. Peu à peu, il « aperçoit le tunnel où brillent les immortels ». D'abord, il se demande si c'est le vent du nord qui lui fait de l'air dans le crâne. Puis, à la fin de la chanson, il ne peut plus se poser cette question, il n'est plus là. Thiéfaine livre alors la réponse : « Mais maint'nant c'est plus l'vent du nord
qui souffle dans ton crâne un peu fort
je crois que c'est l'ombre du remords
qui fait hurler les anges à la mort ».
Lorsqu'il s'enfonce dans les ténèbres éternelles, notre homme a quand même quelques hallucinations plutôt sympathiques où se mêlent un zinc, de la bière et des « secrétaires cunnibilingues ». Un genre de paradis, en somme. Espérons pour lui qu'il y soit encore, que l'hallucination n'ait pas été seulement une immense fenêtre ouverte sur le néant...
Le dernier couplet fait place à la camarde. Cette fois, elle est là, elle a pris possession des lieux. Enorme contradiction entre le vide et l'inaction qui habitent notre homme et l'agitation du fourgon au galop. « Adrénaline au point zéro et silence au stétho ». Un être dans lequel il ne se passe plus rien...
« Requiescat in pace vieux babe
tombé sous mes syllabes
on peut pas tous finir en nabab
dans l'gotha des macchabes ».
C'est donc un quidam, un individu lambda, qui vient de s'éteindre... Enfin, lambda, lambda, d'accord, mais quand même tombé sous les syllabes du père Thiéfaine, ce qui n'est pas rien !!
Encore une chanson, donc, où la mort est omniprésente et finit par flinguer son monde. Thème hautement thiéfainien que cette salope qui vient mettre le point final au bas d'une vie. Bien remplie ou pas, tant pis, il est trop tard. « L'ombre du remords fait hurler les anges à la mort ». Et j'imagine que si on a le temps de se sentir partir vers l'immense plaine inconnue, des remords, il y en a des paquets. A cause des étreintes qu'on a pas données, de celles qu'on n'a pas accueillies, des mots enfouis. « Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard », comme chante Goldman. « Ces paroles enfermées que l'on n'a pas su dire », etc. Bref, une fois de plus, le tableau n'est pas folichon, « je n'ai pas la frite, repasse me voir demain lady »... Et je note encore le lien que Thiéfaine fait presque systématiquement entre le froid et la mort : « on attend l'ultime prédatrice dans le calme froid de l'aurore »... L'acier de son ladysmith ne doit pas être des plus chauds non plus. Ici, c'est le vent du nord qui souffle. Dans « L'étranger dans la glace », où la camarde n'est pas bien loin non plus, le vent est glacé... La mort est donc présentée comme un éternel hiver, un truc glacial, qui ne donne pas franchement envie !!! Et vous, vous voyez d'autres chansons de Thiéfaine où la mort apparaît ainsi, comme une glaciale saison ?
14:28 | Lien permanent | Commentaires (7)
03/01/2010
Mes nuits avec HFT...
La pensée du jour : "Il est permis de rêver. Il est recommandé de rêver". Louis ARAGON.
(Le rêve, Chagall)
De nouveau du HFT sur toute la ligne : Sam est en train de regarder le DVD du concert de Bercy, Clara vient de chanter à tue-tête "on s'est aimés dans les maïs, t'en souviens-tu, mon Anaïs ?" et moi, moi qui suis la plus fière et me prends pour moi, j'ai passé la nuit avec HFT et le Doc !!!!! Si ! Tous les trois, nous allions à une soirée loufoque, dans un endroit non moins loufoque, peuplé d'une faune pareillement loufoque. Le Doc me prévenait dès le départ : "La dernière fois qu'Hubert est venu ici, ça a failli mal tourner, des mecs voulaient le tabasser". Et je me voyais déjà en haut de l'affiche, sauvant mon ami Thiéfaine d'une rixe épouvantable. Du sang, des tripes et des boyaux ! Non, j'extrapole, comme toujours ! En fait, la soirée se passait finalement pépère et mon père Hubert allait se coucher relativement tôt. Je ne sais plus ce que le Doc et moi faisions. Nous le bordions et partions, mais pour quelle obscure destination ? Peut-être nous enfoncions-nous "plus loin dans les égouts, pour voir si l'océan se trouve toujours au bout" ? Là, je ne sais plus, il y a un blanc...
Bon, je ne vais pas faire de la psychanalyse de kermesse et j'avoue sans vergogne que j'ignore la signification profonde de ce genre de rêve. Quels tristes fantasmes refoulés cherchent donc à s'exprimer dans ce théâtre onirique ?! Je pense simplement qu'il est grand temps que Thiéfaine nous sorte un nouvel album. Là, mon rêve le plus cher deviendrait réalité... "Abwarten und Tee trinken", comme disent mes amis allemands !
Du Thiéfaine sur toute la ligne (oui, c'est ma ligne de coke quotidienne, en fait !), disais-je... Ce matin, en allant poster des lettres, je mâchouillais du Thiéfaine en marchant : je pensais à la phrase "je veux juste t'offrir l'amour sans la mort", que mon ami Yoann aime particulièrement, je crois. Disons-le pompeusement : je méditais. Et je me demandais si ces mots, "je veux juste t'offrir l'amour sans la mort", revenaient à dire que malheureusement, aimer quelqu'un équivalait fatalement à l'assassiner, le réduire à rien. A le priver de sa substance première ? Qui sait ? J'en profite pour dire au passage que l'allemand fonctionne à l'inverse du français pour bien des choses et notamment celle-ci : "Liebe" est un substantif féminin, "Tod" est masculin. Question de genre !
Bref... Quand la journée commence ainsi, avec du Thiéfaine à haute dose, je pense que c'est signe que "y'a d'la joie, bonjour bonjour les hirondelles" et qu'il faut rester lové dans cette magie !! Après tout, ce n'est pas toutes les nuits que je vais boire un verre avec Thiéfaine et le Doc, ce n'est pas tous les matins que je me réveille avec un peu de joie au coeur... Excellent dimanche à vous, enivrez-vous ... de Thiéfaine, d'air pur, de poésie, d'amour (tout cela revient au même, non ? Thiéfaine, c'est de la poésie, de l'air pur, de l'amour, parfois du cochon, mais toujours de l'art, et du grand !!). Enivrez-vous de ce que vous voulez, mais surtout, enivrez-vous, emballez-vous, y'a que ça de vrai ! Dernièrement, à un ami qui m'écrivait par SMS qu'il s'emballait toujours trop vite (j'en connais une autre !), j'ai répondu, par SMS aussi : "Emballe-toi, y'a que ça de vrai" et il m'a téléphoné dans la foulée pour me dire qu'il avait aimé ces mots-là et allait désormais en faire sa devise !! Emballons-nous donc, mes amis !!
Message pour le Doc : mille mercis pour ton message vocal, écouté ce matin. Je voulais t'appeler pendant les vacances et tout s'est encore mal goupillé, mais je te fais signe dans la journée.
Thiéfaine chante dans mon salon que "ta zone est chaude, môme". Ah, que j'aimerais que l'on me susurre à l'oreille ces mots-là !!! Bon, à défaut, je vais me les fredonner toute seule !!!!
12:09 | Lien permanent | Commentaires (9)