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26/03/2010

"En rêvant de mourir sur ton ventre mouillé"...

La pensée du jour : "L'amour l'amour

ce mot traîne sur bien des lèvres

mais qui est assez grand

pour vivre ce qu'il désigne". Charles JULIET.



Me voici donc de retour de mon escapade anglaise ! Souvenez-vous, peu de temps avant mon départ, nous avions évoqué l'amour : l'amour selon HFT, l'amour selon Romain Gary, l'amour selon tant d'autres qui se sont cassé la binette dans leurs grands huits. Voici donc aujourd'hui, d'abord l'amour selon Charles Juliet, ensuite l'amour selon HFT. Avec une chanson pas trop pessimiste, pas trop "chagrin des glandes". Une chanson magnifique, qui me remue particulièrement aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi. Sans doute parce qu'il m'arrive de temps en temps d'être saisie moi aussi par "la tentation du bonheur"...

 

Sentiments numériques revisités

 

Quand les ombres du soir chevauchent sur la lande

avec dans leurs passeports Sherwood ou Brocéliande

quand les elfes titubent sous l'alcool de Sorgho

dans les cercles succubes de la lune en faisceaux

quand les vents de minuit décoiffent les serments

des amants sous les aulnes d'un hôtel flamand

quand tes visions nocturnes t'empêchent de rêver

et couvrent ton sommeil d'un voile inachevé

je n'ai plus de mots assez durs

pour te dire que je t'aime

 

quand les chauves-souris flirtent avec les rossignols

dans les ruines d'un royaume où mon crâne est mongol

quand les syndicats brûlent nos rushes et nos démos

pour en finir avec le jugement des salauds

quand Humpty Dumpty jongle avec nos mots sans noms

dans le bourdonnement des câbles à haute tension

quand tu m'offres épuisée sous l'oeil d'une opaline

les charmes vénéneux de tes fragrances intimes

je n'ai plus de mots assez durs

pour te dire que je t'aime

 

quand les théâtres antiques recèlent nos orgies

çatal hoyük airport / manco capac city

quand nos murs se recouvrent de hiéroglyphes indiens

avec nos voix blafardes en feed back au matin

quand tes mangoustes viennent avaler mes couleuvres

dans ces nuits tropicales où rugit le grand oeuvre

quand l'ange anthropophage nous guide sur la colline

pour un nouveau festin de nos chairs androgynes

je n'ai plus de mots assez durs

pour te dire que je t'aime

 

quand les clochards opposent la classe et l'infini

à la vulgarité glauque de la bourgeoisie

quand les valets de cour / plaideurs pusillanimes

encombrent de leurs voix nos silences et nos rimes

quand au détour d'un bar tu flingues au lavabo

quelque juge emportant ma tête sur un plateau

quand tu branches les hélices de ma mémoire astrale

sur les capteurs influx de ta flamme initiale

je n'ai plus de mots assez durs

pour te dire que je t'aime

 

quand les traces de Rorschach sur la tôle ondulée

servent aux maîtres à tester l'autochtone humilié

quand sur la moleskine des limousines en liesse

ils en rient en fumant la mucho cojones

quand les cris de l'amour croisent les crocs de la haine

dans l'encyclopédie des clameurs souterraines

quand je rentre amoché / fatigué / dézingué

en rêvant de mourir sur ton ventre mouillé

je n'ai plus de mots assez durs

pour te dire que je t'aime

 

quand dans la lumière sale d'un miroir tamisé

tu croises l'oeil éphémère d'une salamandre ailée

quand dans les brumes étales de nos corps transparents

tu réveilles mes volcans lumineux du néant

quand mes pensées confuses s'éclairent au magnésium

sur les écrans secrets de ton Pandémonium

quand mes bougainvillées se mêlent aux herbes folles

dans ta chaleur biguine au crépuscule créole

je n'ai plus de mots assez durs

pour te dire que je t'aime

 

quand les ombres du soir poursuivent sur la lande

le flash des feux arrières d'une soucoupe volante

quand le soleil se brûle aux contours de tes reins

parmi les masques obscurs d'un carnaval romain

quand l'ordre des humains nous sert dans son cocktail

5 milliards de versions différentes du réel

quand tu pleures essoufflée au creux de ma poitrine

avec les doux murmures des fréquences féminines

je n'ai plus de mots assez durs

pour te dire que je t'aime.

 

Voilà. Mais il y a plein d'autres chansons qui nous permettraient de dire encore ce qu'est l'amour selon Hubert-Félix. Qui s'y colle ?

 

@Lorelei et Boub' : Sympa, votre idée de "top dix du monde". Il faudra que j'essaie de faire le mien un de ces jours, mais cela va être coton ! Dix, c'est peu !!!

 

17/03/2010

"Comment j'ai usiné ma treizième défloration"

La pensée du jour : "L'amour n'est pas un paradis douceâtre...

c'est l'assaut grondant

de l'ouragan

du feu

de l'eau". MAÏAKOVSKI

 

 

Encore quelques extraits de Comment j'ai usiné ma treizième défloration :

"Sentiments numériques revisités n°2

 

tu es la beauté permanente

de ma maison d'enfant gâté

le sourire qui éclaire

mes galeries souterraines

peut-être qu'un jour

je parviendrai

à te dire combien je t'aime

- je m'y entraîne tous les matins

devant la glace -

mais

ce n'est pas si simple

de parler d'amour

quand on a passé sa vie

à se détruire

et à se détester soi-même".

 

Et aussi, en ce mois où mes filles ont "attrapé" respectivement 5 et 2 ans, comme ça, sans prévenir :

 

"Septembre rose n°2

 

14 ans

tu as les bras et les jambes

qui ont poussé trop vite

tu sais pas quoi en faire

tu es comme l'albatros

de Baudelaire

 

14 ans

je te laisse à tes zones d'ombres

mais sache que je suis là

et que je t'aime

au plus profond de tes secrets

dont je ne veux pas déranger

l'intimité".

 

 

14/03/2010

Journal de bar

La pensée du jour : "On verra bien quel rêve on atteindra". Caroline THIVEL, Départs.

 

 

Petite suggestion de Lorelei2 : évoquer ici le fabuleux journal « Comment j'ai usiné ma treizième défloration », de Thiéfaine (Journal de bar – extraits, du 17.11.99 au 01.01.01).

Il commence ainsi :

« aux courageux étudiants

qui ont peiné sur mes chansons

et les ont décortiquées

dans le cadre de mémoires

et autres inventions universitaires ».

Puis, Thiéfaine cite cette phrase de Gary que j'avais moi aussi soulignée dans Les mangeurs d'étoiles : « Un idéaliste, c'est un fils de pute qui pense que la terre n'est pas un endroit assez bien pour lui ».

Et celle-ci, de Malcolm Lowry cette fois : « J'adore l'enfer, je meurs d'envie d'y retourner ».

 

J'aime bien l'avertissement :

« Généralement quand on tient son journal, on met toujours le jour, la date, voire l'heure...

ici, ce n'est pas le cas...

pour la bonne raison que, contrairement à la grande majorité, je n'utilise que très rarement les agendas et les calendriers...

je sais seulement que parfois c'est le jour et que parfois c'est la nuit...

je sais que dans le hameau où je tiens ma guitare pour écrire de nouvelles chansons, le mardi est le jour des poubelles...

je reconnais aussi les dimanches par le poids de l'ennui qu'ils génèrent sur les gens dans la rue...

pour cette raison, toutes les dates mentionnées dans ce présent ouvrage sont purement approximatives.

La chronologie est la science de ceux qui ont peur de mourir...

 

amen ».

 

Il y a là des perles que j'avais oubliées, comme cette phrase : « Je suis le solstice mécanique des saisons perdues ».

 

On trouve aussi :

« J'aime

cette odeur sucrée, sournoise et délétère

de la décomposition

souvenirs des chiens brumeux *

et des noires chaleurs fétides

j'ai fini par vendre le diable

à des âmes perdues

l'espoir est une maladie mortelle

et croire en Dieu

relève d'une telle lâcheté

tout n'est qu'une macabre histoire

sauf

l'odeur des troènes

au mois de juin

quand l'école est finie ».

 

*Dites, cela ne vous fait pas penser un peu à « quand les chiens vitreux de la peur flairent l'odeur sucrée de la mort » ?

Ouest-France ... un peu à l'ouest !!

archives

Sur Facebook, Thiéfaine annonce un nouvel album

samedi 16 janvier 2010

"Prêts pour un nouvel album ? Quand tous les anciens titres auront été diffusés ici, il faudra bien du neuf, non ?" Voilà ce qu'a annoncé, hier soir vers 22h30, le chanteur Hubert-Félix Thiéfaine sur... le réseau social Facebook.

Depuis quelques semaines, l'artiste poste sur ce site des vidéos de ses plus grands tubes. Histoire de préparer le terrain, semble-t-il.

"NOUVEL ALBUM", persiste-t-il aujourd'hui, en demandant à ses fans : "Quelle en sera la couleur ?"

Réponse très bientôt...

13/03/2010

Méthode de dissection : "HF Thiéfaine Scandale mélancolique tour" (suite et fin)

La pensée du jour : "Je retournais conte moi comme un couteau cette phrase d'Anatole France : si on réfléchit, on ne s'envolera jamais". René FALLET.

 

 

CD 2 :

-Première descente aux Enfers par la face Nord

-Lorelei Sébasto Cha

-Les dingues et les paumés

-L'étranger dans la glace

-Mathématiques souterraines

-Gynécées

-La fille du coupeur de joints

-Alligators 427

-Narcisse 81

 

Voilà donc, à part « L'étranger dans la glace » et « Gynécées », des titres assez « classiques » ... mais incontournables !

En guise d'introduction à « Première descente aux Enfers », Thiéfaine prononce quelques mots en latin (ou pseudo-latin, je ne sais pas trop). Ils rappellent ceux de la tournée « Fragments d'hébétude ». Quelques ajouts savoureux, par exemple ce clin d'oeil à l'actualité de l'époque : « militanti socialisti » !

Les points marquants ici : -la superbe version de la chanson « Les dingues et les paumés ». Les dernières minutes qui partent dans une explosion d'instruments dans tous les sens sont divines ! A la fin du morceau, le public se déchaîne aussi, d'ailleurs !

-« L'étranger dans la glace », accompagné, porté même de façon magistrale par la trompette de Thierry Caens. Là, je rejoins tout à fait Lorelei2 : voilà une chanson qui peut m'arracher des larmes à moi aussi...

-« Mathématiques souterraines » reste un moment fort de tous les concerts. Je dois dire que cette chanson m'intrigue pour une raison toute simple : comment ne m'en suis-je jamais lassée, alors que je l'ai écoutée environ 70 000 fois dans ma vie ?! Et, surtout : comment est-il possible qu'elle me procure encore tant d'émotions après m'avoir tant et tant de fois pénétré les esgourdes ? Il y a là un réel mystère ! Au Zénith de Paris, je me souviens, l'émotion m'avait submergée par immenses vagues lorsque je l'avais entendue... Moi qui déteste les maths, faut le faire, quand même !!! Cette chanson ne m'a malgré tout jamais livré tous ses mystères et ce n'est pas grave, je laisse faire et c'est très bien ! Petite question quand même : Thiéfaine dit bien « et t'as mal aux oneilles », vous êtes d'accord ? Cela me fait penser à Ubu roi et notamment à ceci :

« Eh ! Mon bel ami, vous avez la langue fort bien pendue. Je ne doute pas que si vous vous échappiez il en pourrait résulter des complications, mais je ne crois pas que les casemates de Thorn aient jamais lâché quelqu'un des honnêtes garçons qu'on leur avait confiés. C'est pourquoi, bonne nuit, et je vous invite à dormir sur les deux oneilles, bien que les rats dansent ici une assez belle sarabande ».

-« Gynécées », encore une chanson pour les filles ! Je l'aime bien, j'aime aussi la version de la tournée « Scandale mélancolique ». Et j'aime aussi le duo HFT-Cali sur l'album. Les deux voix s'accordent bien, je trouve.

-«La fille du coupeur de joints », présentée ici comme une ritournelle capable de transporter le public dans un état proche du sommeil. Ah bon ? Avec Didier Wampas sautant comme un barge sur la scène ? Pourquoi pas ?!!!!! J'ai vu plus calme comme endormissement ! En tout cas, la version du Zénith, avec le groupe Tryo et l'ami Didier Wampas, c'était quelque chose !

J'aime aussi le nouvel hymne national que Thiéfaine nous propose à la fin du concert ! Bon, ben, demain, je crois que lorsque je me rendrai aux urnes, je chercherai quelque chose qui s'appellera « Solitude et mélancolie » !!!! Un nouvel hymne dans lequel il est question de cracher son propre sang dans sa baignoire et non d'aller faire couler celui, soi-disant impur, de je ne sais trop quel ennemi, voilà une idée noble et saine, je prends !!!!!!!!! Tout à la fin de son hymne, Hubert « s'affale sur la scène » et se tord dans des cris déchirants. Le concert s'achève ainsi.

Bien évidemment, j'aime aussi l'interprétation du morceau d'anthologie « Alligators 427 » ! Et cette espèce d'incantation tout à la fin : « Je vous attends », donnant parfois l'impression de glisser carrément vers « Je vous Satan ».

A propos : hier, dans une libraire, je suis tombée sur le livre d'Arrabal, Viva la muerte (c'est le titre donné sur la couverture, mais la préface parle de Baal Babylone, j'avoue que je ne pige pas tout). Vous allez me trouver ridicule, tant pis : avant d'entrer dans cette librairie, je m'étais dit que si je trouvais, en flânant dans la boutique, un clin d'oeil à Hubert, ce serait bon signe (signe de quoi, je ne sais pas, mais bon signe quand même) !! Oui, je me lance souvent des « paris » de ce genre !!! Et voilà que je tombe sur ce bouquin ! Quelqu'un l'a-t-il lu ?

 

Voilà. Cette série de dissections (en crash position !!) est finie. Maintenant, je peux vous demander de répondre à une question que je brûle de vous poser depuis longtemps : quels anciens morceaux, jamais entendus sur scène, aimeriez-vous pouvoir écouter sur la prochaine tournée ? Eric Issartel avait déjà posé cette question aux abonnés du fanzine, il y a quelques années, je me permets de la lui piquer (d'ailleurs, Eric, je ne sais pas si tu passes encore par ici de temps à autre, mais si c'est le cas, je te salue chaleureusement). Alors moi, mon rêve, c'est d'entendre « La queue » et « Vendôme Gardenal Snack» sur scène ».

12/03/2010

Jacques Dutronc hier soir au Zénith de Nancy

La pensée du jour : 

« Je voudrais m'acheter

Une démocratie

Je voudrais m'acheter

Le meilleur d'une vie

Je voudrais m'acheter

De la liberté

Et puis un peu

De fraternité

 

On n'a pas ce genre d'articles

Vous vous trompez de boutique

Ici c'est pas la république »... Jacques Dutronc, "Madame l'Existence".

 

Dans la famille Dutronc, je demande le père ! Mais j'aime bien le fils aussi ! En tout cas, hier soir, c'était le papa qui passait au Zénith de Nancy et que, bien inspirée pour une fois, j'avais décidé d'aller voir.

Il arrive sur scène, se pose dans son fauteuil de cuir, puis se lève, et se lance dans un « Et moi, et moi, et moi » enjoué. Et la salle est électrisée. Suspendue à ses lèvres, sans cigare cette fois. Deux heures durant, Dutronc nous balade dans son répertoire. On réécoute avec joie les morceaux connus. Citons pêle-mêle :

-« L'hymne à l'amour (moi l'noeud) »,

-« Il est cinq heures, Paris s'éveille »,

-« Le plus difficile »,

-« Les cactus »,

-« Qui se soucie de nous »,

-« La fille du père Noël »,

-« Fais pas ci fais pas ça »,

-« Comment elles dorment »,

-« J'aime les filles »,

-« Gentleman cambrioleur »,

-« Sur une nappe de restaurant »,

-« La Compapade »,

-« On nous cache tout, on nous dit rien »,

-« Les playboys »,

-« Merde in France Cacapoum »,

-« Madame l'Existence »,

-« Le petit jardin » que 655321 espérait tant entendre hier soir,

-« L'opportuniste ».

Pas un seul temps mort. Des tas de surprises. Avant d'entonner « La Compapade », Dutronc prend le soin de distribuer au public des p'tits bidules destinés à faire du bruit ! Pour « Les cactus », il invite la salle à se lever, et c'est parti pour une joyeuse osmose entre l'artiste et ceux qui sont venus l'écouter. « Fais pas ci fais pas ça » donnera lieu à une version que l'on peut presque qualifier de rap.

Entre deux chansons, Dutronc s'exprime sur des tas de sujets. Qui le fâchent, qui lui tiennent à coeur, qui l'emballent. Et je constate une fois de plus avec joie que finalement, on a peut-être bien, avant tout, l'âge de ses enthousiasmes, et pas uniquement celui de ses artères...

Au bout de deux heures, Dutronc nous remercie d'avoir assisté à cette répétition et nous dit que le concert peut commencer. Et de repartir à zéro, avec « Et moi, et moi, et moi ! »

Finalement, il nous quitte quand même, et les musiciens et les choristes font de même, les uns après les autres. A un moment, Dutronc revient vite fait pour poser un écriteau sur la scène : « A demain ». On aimerait bien, franchement, on aimerait bien...

10/03/2010

Méthode de dissection : "HF Thiéfaine Scandale Mélancolique Tour"

La pensée du jour : "Wir hungern alle nach wirklichem Leben. So geht's nicht weiter, sag ich mir jeden Tag, es muss etwas g'schehen. Aber es geht doch weiter. Und es geschieht nix. Manchmal gibt es ein kurzes Aufwachen, wenn wir ein schönes Buch gelesen haben oder einem Menschen begegnen, der uns aufrüttelt, durch irgend etwas, von dem wir nicht genau wissen, was es ist, und was unser mittelmäßiges Dasein von Grund auf verändern könnte". Maxie WANDER.

 

Ah, la tournée « Scandale mélancolique » ! Partout, sur le calendrier, des dates à marquer d'une pierre blanche...

Vendredi 10 mars 2006, Rockhal, Esch-sur-Alzette (Luxembourg).

Samedi 18 mars 2006, La Cigale, Paris.

Mardi 4 avril 2006, Zénith, Nancy (54).

Jeudi 6 avril 2006, Zénith, Dijon (21).

Dimanche 30 avril 2006, salle Acropolis, Voujeaucourt (25).

Vendredi 11 août 2006, festival du chien à plumes, Villegusien (52).

Samedi 7 octobre 2006, Théâtre municipal, Béthune (62).

Vendredi 3 novembre 2006, Théâtre de Champagne, Troyes (10).

 

Je garde un souvenir ébloui du concert à la Rockhal : un lieu déjanté, très « soleil cherche futur ». La Rockhal, si mes souvenirs sont bons, c'est une usine désaffectée qui a été transformée en salle de spectacles. Je m'aperçois d'ailleurs, en regardant les dates, que le concert de la Rockhal eut lieu le 10 mars 2006. Quatre ans tout pile...

Que dire de la tournée « SM » ? Que, pour ma part, je l'ai adorée. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'ai pas hésité, sur cette tournée-là plus encore que sur les précédentes, à sillonner de nombreuses routes de France pour aller écouter Hubert et sa clique d'excellents musiciens ! Je me souviens d'un moment vraiment particulier à Béthune, avant le concert... Avec le Doc, quand nous étions allés écouter les balances dans l'après-midi... Le concert aussi, quelle histoire, avec une Petra survoltée à mes côtés ! Et son copain qui en était comme deux ronds de flanc, se disant sans doute qu'avant ce concert, il ne la connaissait pas réellement... Moment magique encore, après le concert, dans un café situé juste en face du beffroi de Béthune. La nuit chez Petra... Le train du retour que j'avais failli louper...

 

Parlons du CD 1. Au programme :

-Cabaret Sainte Lilith,

-When Maurice meets Alice,

-Soleil cherche futur,

-Autoroutes jeudi d'automne,

-Confessions d'un never been,

-Quand la banlieue descendra sur la ville,

-Comme un chien dans un cimetière (ah purée, quelle joie à la Rockhal quand j'ai entendu cette chanson !),

-Sweet Amanite Phalloïde Queen,

-Scandale mélancolique,

-Psychanalyse du singe,

-Le jeu de la folie.

 

L'ouverture me botte. Le concert commence avec la fameuse énumération « Valium, Tranxène, Nembutal, yoghourts, acides ». CSL, une de mes chansons préférées ! Excellente version de ce morceau !

« When Maurice meets Alice »... Pour la première fois depuis de longs mois, je viens de réécouter cette chanson. Cela fait un an et des poussières que je la redoute comme un coup de poing... C'est sans doute, comme je l'ai déjà écrit, parce que mon père s'appelle Maurice aussi, comme celui de Thiéfaine (c'est du « Verfremdungseffekt », un effet de distanciation : j'utilise cela à presque toutes les sauces depuis ma rencontre avec le théâtre de Brecht)... Passons, s'il vous plaît.

« Soleil cherche futur » : très bonne version ici aussi. « Autoroutes jeudi d'automne » est également très en beauté. Je me souviens d'un public bien remonté à tous les concerts et scandant « stop » avec force !

« Confessions d'un never been », ah, « Confessions d'un never been » ! Une de mes chansons préférées ! Un chef-d'oeuvre. Il y a tout Thiéfaine là-dedans, non ?

« Je suis l'évêque étrusque, un lycanthrope errant

qui patrouille dans le gel obscur de mon mental ».

Très bonne surprise, écrivais-je plus haut, que ce « Chien dans un cimetière » et pas du tout dans un jeu de quilles ! J'étais tellement ravie d'entendre cette chanson à chaque concert !

« Mais passe plutôt chez le notaire

Je te lègue ma part de bonheur »... Une des phrases que j'adore citer !

Excellentes versions encore de « Sweet amanite phalloïde queen » (ah oui, vraiment, très bel habillement musical), « Psychanalyse du singe », « Bipède à station verticale », « Rock autopsie ». J'aime un peu moins l'interprétation de « Quand la banlieue descendra sur la ville ». En tout cas, l'intro verbale est effrayante ! Thiéfaine donnerait-il raison ici à la phrase de Cocteau, à savoir : « Le poète se souvient de l'avenir » ? Un visionnaire, notre Hubert ? Qui sait ? !

Je passe un peu vite sur les anciens morceaux, j'en ai déjà parlé pas mal, concentrons-nous plutôt sur les chansons de l'album « Scandale mélancolique » : « Scandale mélancolique, » justement. C'est la toute première chanson que je découvris de l'album, en 2005, sur Internet. J'avais d'abord été assez déroutée. Mais, très vite, j'avais adopté ce morceau !

« Les morts parlent en dormant

et leurs cris oniriques traversent nos écrans »...

« Le jeu de la folie », très bon aussi !

« Télégramme 2003 », une chanson dont j'aime beaucoup la musique. Pour le texte, je ne sais pas... Je ne voudrais pas lancer de vaine polémique ici, permettez-moi seulement de dire que je n'adhère pas tout à fait aux idées d'Hubert sur la question (c'est mon droit, après tout !!!). En revanche, j'avais bien aimé la phrase qu'il avait dite un jour à ce sujet, à savoir que ce qui l'intéressait, c'était le moment où un individu basculait du mauvais côté, en gros. Les lignes de faille, quoi... Ok, ça, d'accord. Pour le reste... Enfin, bref, je n'y étais pas !!

 

Demain, je vais voir l'ami Dutronc (Jacques) en concert, et c'est la joie ! Lorelei2 l'a vu en début de semaine et est enchantée. Je suis impatiente ! Peut-être même vous ferai-je une note là-dessus, si je suis un brin inspirée !!

07/03/2010

Méthode de dissection : "Thiéfaine au Bataclan"

La pensée du jour : "Je me sentais encore fragile devant chaque plaisir dont il me faudrait jouir sans l'être avec lequel j'aurais tant voulu le partager". Jean-Paul ENTHOVEN.

 

 

2002 : année faste ! Année qui me permit d'aller écouter Thiéfaine deux fois sur scène, d'abord en Bretagne, en août, puis à Metz, en septembre. Le concert de Metz fut précédé d'une rencontre à la Fnac avec l'artiste en personne, s'il vous plaît ! C'était la première fois que je le voyais d'aussi près ! La première fois que je lui demandais d'apposer une petite griffe sur un CD m'appartenant ! Grand jour que ce 20 septembre 2002 puisque c'est ce jour-là que je rencontrai Sam, Petit-Jour, 655321, sans savoir à ce moment-là, évidemment, qu'ils allaient bientôt faire partie de « ma famille, de mon ordre et de mon rang » !!! Bref...

2002, année faste puisqu'elle vit également la sortie de deux CD : « Les fils du coupeur de joints », album-hommage auquel je consacrerai bientôt une note, tiens, et « Thiéfaine au Bataclan ». J'adore ce live ! « Un autre paumé descend les rues de ton ghetto et tu pleures en essuyant ses yeux figés »... Pour moi, ce live, c'est avant tout « Redescente climatisée » ! J'ai réellement pris une claque magistrale en entendant cette version. J'aimais déjà la version studio, mais je trouve que la couleur très sombre que Thiéfaine a choisi de lui faire revêtir ici lui sied à merveille, lui va comme un gant. C'est parée de toute cette noirceur que « Redescente climatisée » prend aussi toute sa force, exprime mieux le drame, la dêche. Chanson sublime, déchirante, sur la drogue, la déglingue, la mistoufle... Si « La dêche, le twist et le reste » raconte un naufrage à deux, ici, c'est la solitude immense qui saute aux yeux (« Je t'ai rêvée ce soir au fond d'une ambulance qui me raccompagnait vers mes noirs paradis », la couleur ayant changé entre la version studio et celle-ci : normal, comme je le disais plus haut, on est ici, passez-moi l'expression, dans le gros noir qui tache)...

Ce live, c'est aussi une version très rock de « Demain les kids ». Encore un habillage bien choisi, une musique qui s'est mise sur son 31. Ce live, c'est « doucement, les filles, faut pas flipper, la bidoche est faite pour saigner ». Très bonne idée que d'interpréter cette chanson sur scène ! Elle fait partie de mes chouchoutes, celle-là ! N'empêche, « j'prends des notes sur la chute des tuiles » (c'est le cas d'RV aussi en ce moment, si j'ai bien compris !!!), « la suite m'a laissé amnésique, j'ai coulé dans mon bathyscaphe sous des uppercuts olympiques qui m'défonçaient le sismographe », « si un jour je r 'trouve la mémoire et 2-3 bières pour ma moquette, j'balanc'rai à la série noire un truc à faire chialer Hammett », c'est puissant !!! Il faudrait que je lise Le faucon maltais, quand même...

J'aime aussi qu'au commencement nous arrive droit dessus « Une ambulance pour Elmo Lewis » ! J'adore cette chanson !

Je suis d'accord avec RV : très bonne interprétation de la chanson « Les dingues et les paumés » (je crois percevoir ce qui te fait halluciner dans ce morceau) , même si pour moi la meilleure restera toujours celle du premier live...

J'aime aussi « Alligators 427 », la batterie, le rythme effréné, lancinant aussi...

Ici, même « Le Touquet juillet 1925 », chanson que je n'apprécie guère d'habitude, même « Le Touquet juillet 1925 » me révèle quelques charmes insoupçonnés...

Très bonne idée encore que ce « Joli mai mois de Marie », plein de grâce, à mes yeux béni entre toutes les chansons de « Défloration 13 » !!!!

La version endiablée de « Soleil cherche futur » n'est pas pour me déplaire non plus !

N'empêche que voici là trois chansons (« Le Touquet juillet 1925 », « Joli mai mois de Marie », « Soleil cherche futur ») que relie un brûlant fil conducteur : le soleil. Quand il ne joue pas sur nous, il déshabille les filles et nous délatte, et le voilà qui se cherche un futur dans ce monde où l'homme s'est déchiré depuis la nuit des temps... « Serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ? »

Je suis très contente aussi que figure ici « Diogène série 87 ». Petit bémol pour mes oreilles de germaniste hautement germanophile : l'accent d'Hubert est à couper au couteau (suisse) !!!!!!!!!!! Les mots sont même carrément difficiles à identifier comme appartenant à la langue de Goethe. Faut venir en cours avec moi, quand je fais de la phonétique et apprends par exemple aux élèves que deux « t » après une voyelle viennent la rendre brève et ouverte (cf. « Spott »). Bon, ce n'est pas bien grave, on ne va quand même pas jeter la pierre à un artiste qui a le mérite de rendre si souvent hommage à la culture allemande !

Le tout s'achève sur « Fin de partie ». « Débris distordus de skylab fossilisés sur ta moquette ». Plus encore que la tournée « Fragments d'hébétude », c'est ce live qui m'a permis de redécouvrir la beauté de cette chanson, je ne sais pas pourquoi. Voilà. Vraiment un live bien mené, excellent, à écouter très régulièrement !