23/11/2010
Chanson n°46 : "Rock joyeux"
La pensée du jour : "Eh oui, François. Te voilà en première ligne. Plus personne devant toi pour vieillir avant toi, pour tâter l'eau du pied et te dire si elle est bonne". François CAVANNA
Rock joyeux
Elle veut plus que son chanteur de rock
vienne la piéger dans son paddock
elle veut plus se taper le traversin
à jouer les femmes de marin
elle s'en va
elle veut plus que son dandy de la zone
vienne la swinguer dans son ozone
elle veut plus d'amour au compte-gouttes
entre deux scènes entre deux routes
elle s'en va
rock rock joyeux
elle lui a dit je change de port
mais pauvre débile je t'aime encore
seulement tu vois c'est plus possible
moi aussi je veux être disponible
elle s'en va
elle a juste haussé les épaules
comme si c'était son meilleur rôle
et lui a dit casse-toi de mon ombre
tu fous du soleil sur mes pompes
elle s'en va
rock rock joyeux
il en fera peut-être une vieille rengaine
une histoire d'amour à la chaîne
pour les petites sirènes à la page
qui se branlent devant son image
elle s'en va
il en fera peut-être une vieille chanson
une histoire d'amour à la con
pour les décavés du boulevard
qui se tapent une queue sur Trafalgar
elle s'en va
rock rock joyeux
21:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/11/2010
Chanson n°45 : "Exit to chatagoune-goune"
La pensée du jour : "Je m'attache facilement". Romain GARY.
Encore une chanson au titre bien farfelu !!!
EXIT TO CHATAGOUNE-GOUNE
amours-crayons-bites-enfoncés
dans les tubulures glauques du vent
l'ange a léché le chimpanzé
sur l'autel des agonisants
clinic-woman cœur-manivelle
tournant dans le soleil couchant
ce soir je sors de ma poubelle
pour provoquer tes océans
cafards-gardiens-d'enfer-casqués
défilant dans mes nuits d'automne
m'accusant de ne plus tricher
devant ta pompe à méthadone
rue morgue-avenue desperados
dans les barbelés du goulag
ce soir je sors de mon blockhaus
pour me parfumer à ta vague
je danse pour toi petite
je bande pour toi (bis)
délires-désirs-corps entraînés
dans les brouillards du crépuscule
parfums-sexy cœurs gominés
tension-danger-sortie-capsule
jadis cavalier du néant
je reviens en vampire tranquille
dans ta nuit maquiller les blancs
de ton calendrier de petite fille
je danse pour toi petite
je bande pour toi (bis)
curieux soleil de plexiglas
dans la vitrine des marchands d'ours
gyrophares sur mes pataugas
nitroglycérine à la bourse
filmé par les mau-mau
par les stups et les contes de fées
je planque mon secret sous ta schizo
et m'accroche à ton corps blessé
amant-mutant matant nos stances
à l'ombre des amours gadgets
j'endors mes cadences en instance
et me balance à ta planète
inutile d'afficher nos scores
aux sorties des supermarchés
les dieux sont jaloux de nos corps
nous balayons l'éternité
je danse pour toi petite
je bande pour toi
22:39 | Lien permanent | Commentaires (2)
20/11/2010
Chanson n°44 : "Les dingues et les paumés" + petite note sur Lautréamont
La pensée du jour : "En descendant du grand au petit, chaque homme vit comme un sauvage dans sa tanière, et en sort rarement pour visiter son semblable, accroupi pareillement dans une autre tanière. La grande famille universelle des humains est une utopie digne de la logique la plus médiocre". LAUTREAMONT.
Les dingues et les paumés
Les dingues et les paumés jouent avec leurs manies
dans leurs chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
et quand leurs monstres crient trop près de la sortie
ils accouchent de scorpions et pleurent des mandragores
et leurs aéroports se transforment en bunkers
à quatre heures du matin derrière un téléphone
quand leurs voix qui s'appellent se changent en revolvers
et s'invitent à calter en se gueulant come on
les dingues et les paumés se cherchent sous la pluie
et se font boire le sang de leurs visions perdues
et dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie
ils voient se dérouler la fin d'une inconnue
ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine
crachant l'amour folie de leurs nuits-métropoles
ils croient voir venir Dieu ils relisent Hölderlin
et retombent dans leurs bras glacés de baby-doll
les dingues et les paumés se traînent chez les Borgia
suivis d'un vieil écho jouant du rock'n roll
puis s'enfoncent comme des rats
dans leurs banlieues by night
essayant d'accrocher un regard à leur khôl
et lorsque leurs tumbas jouent à guichets fermés
ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
et sont comme les joueurs courant décapités
ramasser leurs jetons chez les dealers du coin
les dingues et les paumés s'arrachent leur placenta
et se greffent un pavé à la place du cerveau
puis s'offrent des mygales au bout d'un bazooka
en se faisant danser jusqu'au dernier mambo
ce sont des loups frileux au bras d'une autre mort
piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal
ils ont cru s'enivrer des chants de Maldoror
et maintenant ils s'écroulent dans leur ombre animale
les dingues et les paumés sacrifient Don Quichotte
sur l'autel enfumé de leurs fibres nerveuses
puis ils disent à leurs reines en riant du boycott
la solitude n'est plus une maladie honteuse
reprends tes Walkyries pour tes valseurs maso
mon cheval écorché m'appelle au fond d'un bar
et cet ange qui me gueule viens chez moi mon salaud
m'invite à faire danser l'aiguille de mon radar
Un petit mot sur le comte de Lautréamont :
Qui était Isidore Ducasse, passé à la postérité sous le pseudonyme de comte de Lautréamont ? On ne sait pratiquement rien sur l'auteur des Chants de Maldoror.
Isidore Ducasse naît le 4 avril 1846 à Montevideo, en Uruguay. Très tôt orphelin de mère, il est d'un caractère renfermé mais montre de telles dispositions, au collège des Jésuites de Montevideo, pour les études, notamment en mathématiques et e sciences naturelles, que son père l'envoie à Paris afin qu'il y prépare Polytechnique. Il s'inscrit au lycée Henri IV et s'enferme dans sa chambre, dans le quartier de la Bourse, passant ses nuits à écrire.
En 1868, il fait paraître, à compte d'auteur, et anonymement, de Chant I de Maldoror. L'année suivante, il fait publier l'ensemble des six Chants, après en avoir remanié le premier : il y faisait allusion de façon trop précise à une de ses amitiés particulières. C'est pour cet ouvrage qu'il choisit son pseudonyme inspiré, sans doute, d'un personnage d'Eugène Sue, feuilletoniste alors très populaire : Lautréamont, un homme de cœur devenu monstre.
Mais son éditeur, jugeant le livre trop cru, refuse de le mettre en vente. Lautréamont se rend alors en Belgique pour tenter d'y publier Maldoror. Parallèlement, il travaille à l'élaboration d'un autre ouvrage, consacré à l'espérance et qui sera le pendant de Maldoror. Il en rédige la préface, qu'il fait paraître en mai 1870.
Ducasse-Lautréamont, qui vit toujours des subsides envoyés par son père, change fréquemment de domicile : s'est-il livré, en cette tumultueuse fin de règne de Napoléon III, à des activités révolutionnaires ? La guerre éclate, mettant fin à ses projets littéraires. Sa trace se perd jusqu'au 24 novembre 1870 : un acte de décès, confirmé par le patron et le garçon d'étage, annonce sa mort, dans un meublé du faubourg-Montmartre.
Les Chants de Maldoror, défendus par Léon Bloy, et par Rémy de Gourmont, seront réimprimés, de façon confidentielle, en 1874 et en 1890. Et c'est Blaise Cendrars qui, au début du XXème siècle, les fera reparaître. Les Surréalistes se chargeront alors de les faire connaître et de révéler l'œuvre énigmatique de Lautréamont au grand public.
10:01 | Lien permanent | Commentaires (16)
19/11/2010
Goethe et aussi chanson n°43 : "Ad orgasmum aeternum"
La pensée du jour : "Denn ich bin ein Mensch gewesen
Und das heißt ein Kämpfer sein". GOETHE.
Les allusions à la culture allemande ne manquent pas dans l'œuvre de Thiéfaine, nous avons pu nous en rendre compte ensemble, ici même ! Pas un seul album où il ne soit pas question d'une ville allemande (Berlin, Hambourg), d'un auteur allemand (Hölderlin, Nietzsche), etc. Impressionnant !
Goethe apparaît trois fois dans l'œuvre de Thiéfaine, sauf erreur de ma part. De différentes façons :
-
Première référence dans l'album « Météo für Nada » : dans la chanson « Diogène série 87 », on entend un extrait du Satyros, lu par un Allemand.
-
Une deuxième fois dans l'album « Chroniques bluesymentales », et plus particulièrement dans la chanson « 542 lunes et sept jours environ ». « Mehr Licht », ce sont les derniers mots que Goethe prononça (voir une de mes premières notes ici).
-
Troisième allusion (plus ou moins) dans la chanson « Confessions d'un never been », où il est question cette fois du mouvement Sturm und Drang, dont Goethe fut un des membres en sa jeunesse.
Il me semble que c'est tout. Pour la petite histoire, j'ai commencé à apprécier Goethe il y a six ans seulement, lorsque je préparais l'agreg et que les poèmes qu'il écrivit sur ses vieux jours étaient au programme. Auparavant, j'avais lu Die Leiden des jungen Werther ... pour très vite leur préférer Die neuen Leiden des jungen W., d'Ulrich Plenzdorf ! J'ai lu Die Leiden des jungen Werther quand j'avais 17 ans. Il faut croire que je n'avais pas la maturité nécessaire pour piger. Pourtant, ce roman épistolaire est magnifique, j'ai pu l'apprécier plus tard, en le relisant. Ensuite, j'ai lu des extraits de Faust. Jamais le Faust en entier. L'immense honte pour une prof d'allemand !!! Mais j'assume ! J'ai toujours préféré me plonger dans Kleist, plus tourmenté, plus sombre... Quand même : en deuxième année de fac, j'avais lu Götz von Berlichingen, quand on étudiait le Sturm und Drang justement, et j'avais beaucoup aimé cette œuvre.
Et puis, lorsque je suis partie faire mes études en Allemagne, à Leipzig, j'ai eu un prof de poésie tout à fait révolutionnaire, qui détestait Goethe, allant jusqu'à dire qu'il n'avait écrit que de la merde ou presque, qu'il ne fallait garder que ses poèmes et jeter le reste !! Comme toutes les filles de la promo, j'étais secrètement amoureuse de ce prof incroyable, véritable poète, qui ne se gênait pas pour dire en plein cours qu'il avait déjà testé pas mal de drogues !!!!! Alors, du coup, je me suis dit : « Oui, c'est vrai, ça, jetons Goethe !! » Et puis, il y a six ans, il y eut cette rencontre. Avec l'homme vieillissant se retournant sur sa vie. Au programme d'agreg, il y avait West-östlicher Divan. J'ouvre le recueil :
« Nord und West und Süd zersplittern,
Throne bersten, Reiche zittern,
Flüchte du, im reinen Osten
Patriarchenluft zu kosten;
Unter Lieben, Trinken, Singen
Soll dich Chisers Quell verjüngen ».
Tout de suite, ça le fait ! L'allemand, en poésie comme en tout d'ailleurs, ça sonne bien ! Moi, ça me prend aux tripes, j'adore ! J'ai dû être une des amoureuses de Goethe dans une vie antérieure !!!!!
Bref, alors là, Goethe, j'en suis tombée raide dingue. De sa poésie, surtout. Raide dingue aussi de l'homme vieillissant étreignant encore et toujours la vie avec le même élan !
Je peux vous mettre un topo sur sa vie si cela vous tente. Mais il ne faudrait pas que ce soit trop austère non plus, hein...
Allez, encore quelques extraits du recueil West-östlicher Divan :
« Eh er singt und eh er aufhört
Muss der Dichter leben ».
« Und solang du das nicht hast,
Dieses : Stirb und werde !
Bist du nur ein trüber Gast
Auf der dunklen Erde ».
« Wunderlichstes Buch der Bücher
Ist das Buch der Liebe;
Aufmerksam hab ich's gelesen :
Wenig Blätter Freuden,
Ganze Hefte Leiden ».
Et maintenant : « Ad orgasmum aeternum » !
Dans cité X y'a une barmaid
qui lave mon linge entre deux raids
si un jour elle apprend mon tilt
au bout d'un flip tourné trop vite
je veux pas qu'on lui renvoie mes scores
ni ma loterie ni mon passeport
mais je veux qu'on lui rende ses lasers
avec mes cendres et mes poussières
et j'aimerais qu'elle tire la chasse d'eau
pour que mes tripes et mon cerveau
enfin redevenus lumière
retournent baiser vers la mer
je reviendrai comme un vieux junkie
m'écrouler dans ton alchimie
delirium visions chromatiques
amour no-limit éthylique
je reviendrai comme un vieux paria
me déchirer dans ton karma
retrouver nos mains androgynes
dans ta zone couleur benzédrine
je reviendrai fixer ta chaleur
dans la chambre au ventilateur
où tes ombres sucent les paumés
entre deux caisses de s.t.p.
je reviendrai te lécher les glandes
dans la tendresse d'un no man's land
et te jouer de l'harmonica
sur un décapsuleur coma
je reviendrai jouir sous ton volcan
battre nos cartes avec le vent
je reviendrai taxer ta mémoire
dans la nuit du dernier espoir
je reviendrai chercher notre enfance
assassinée par la démence
et lui coller des lunettes noires
le blues est au fond du couloir
je reviendrai narguer tes dieux
déguisé en voleur de feu
et crever d'un dernier amour
le foie bouffé par tes vautours
17:52 | Lien permanent | Commentaires (8)
18/11/2010
Chanson n°42 : "Autoroutes jeudi d'automne"
La pensée du jour : "Il est certain qu'une vie sans espoir a au moins l'avantage de la clarté". René FALLET.
AUTOROUTES JEUDI D'AUTOMNE
(MATHEMATIQUES SOUTERRAINES N°2)
Elle m'envoie des cartes postales de son asile
m'annonçant la nouvelle de son dernier combat
elle me dit que la nuit l'a rendue trop fragile
et qu'elle veut plus ramer pour d'autres Guernica*
et moi je lis ses lettres le soir dans la tempête
en buvant des cafés dans les stations-service
et je calcule en moi le poids de sa défaite
et je mesure le temps qui nous apoplexise
et je me dis stop
mais je remonte mon col j'appuie sur le starter
et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs
et je croise des vieillards qui font la sentinelle
et me demandent si j'ai pas des cachous pour la nuit
je balance mes buvards et tire sur la ficelle
pour appeler le dément qui inventa l'ennui
et je promène son masque au fond de mes sacoches
avec le négatif de nos photos futures
je mendie l'oxygène aux sorties des cinoches
et vends des compresseurs à mes ladies-bromure
et je me dis stop
mais je remonte mon col j'appuie sur le starter
et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs
il est bientôt minuit mais je fais beaucoup plus jeune
je piaffe et m'impatiente au fond des starting-blocks
je m'arrête pour mater mes corbeaux qui déjeunent
et mes fleurs qui se tordent sous les électrochocs
et j'imagine le rire de toutes nos cellules mortes
quand on se tape la bascule en gommant nos années
j'ai gardé mon turbo pour défoncer les portes
mais parfois il me reste que les violons pour pleurer
et je me dis stop
mais je remonte mon col j'appuie sur le starter
et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs
Thiéfaine / arrangements : Mairet
*A propos de « Guernica » : Gernika-Luca en basque (nom officiel) ou Guernica y Luno en espagnol. Ville de la province de Biscaye, en Euskadi, au nord-ouest de l'Etat espagnol.
Cette ville est particulièrement célèbre pour la destruction qu'elle a subie le 26 avril 1937 par les aviateurs de la légion Condor, envoyée par Hitler au secours du général Franco.
« Guernica » est un des tableaux les plus célèbres de Picasso.
J'ai quelques nouvelles idées d'articles pour ce blog : un petit topo sur Rimbaud (je vous mettrai cela ici après les paroles de la chanson « Affaire Rimbaud ») et un autre sur Goethe, le grand, l'unique !!!
Autre chose : « Autoroutes jeudi d'automne » (oh purée, d'ailleurs : nous sommes en automne, c'est jeudi, quelle classe !!!!!) est une de mes chansons préférées !
15:06 | Lien permanent | Commentaires (5)
17/11/2010
Chanson n°41 : "Lorelei Sebasto Cha"
La pensée du jour : "Toute cruauté vient d'une faiblesse". Sénèque.
LORELEI SEBASTO CHA
mon blues a déjanté sur ton corps animal
dans cette chambre où les nuits
durent pas plus d'un quart d'heure
juste après le péage assurer l'extra-ball
et remettre à zéro l'aiguille sur le compteur
ton blues a dérapé sur mon corps de chacal
dans cet hôtel paumé aux murs glacés d'ennui
et pendant que le lit croise l'aéropostale
tu me dis reprends ton fric aujourd'hui c'est gratuit
Lorelei Lorelei
ne me lâche pas j'ai mon train qui déraille
Lorelei Lorelei
et je suis comme un cobaye qui a sniffé toute sa paille
tu m'arraches mon armure dans un geste un peu lourd
en me disant reviens maintenant je te connais
tu me rappelles mes amants Rue-Barrée à Hambourg
quand j'étais orpheline aux yeux de feu-follet
tu me rappelles mes amants perdus dans la tempête
avec le cœur-naufrage au bout des bars de nuit
et tu me dis reviens je suis ton jour de fête
reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie
Lorelei Lorelei
ne me lâche pas j'ai mon train qui déraille
Lorelei Lorelei
et je suis comme un cobaye qui a sniffé toute sa paille
le blues a dégrafé nos coeurs de cannibales
dans ce drame un peu triste
où meurent tous les Shakespeare
le rouge de nos viandes sur le noir sidéral
le rouge de nos désirs sur l'envers de nos cuirs
et je te dis reviens maintenant c'est mon tour
de t'offrir le voyage pour les Galapagos
et je te dis reviens on s'en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d'albatros *
Lorelei Lorelei
ne me lâche pas j'ai mon train qui déraille
Lorelei Lorelei
et je suis comme un cobaye qui a sniffé toute sa paille
*Analyse très intéressante de Yannig hier à propos du mot « soleil ». Le voilà encore !
Je dédie cette note à toutes les Lorelei du net, et tout particulièrement à Lorelei2, toujours présente, fidèle dans toutes les tempêtes, et pas seulement !
P.S. : Je ne suis toujours pas allée à Hambourg. J'ai hâte d'y mettre les pieds et d'y faire un petit reportage-photo. Une de mes anciennes élèves est partie s'y installer et m'a invitée, alors les photos devraient apparaître ici dans les mois qui viennent.
15:30 | Lien permanent | Commentaires (14)
16/11/2010
Chanson n°40 : "Soleil cherche futur"
La pensée du jour : Ce que je vis n'est pleinement vécu que si je le mets en mots". Charles JULIET
Chanson n°40, donc : "Soleil cherche futur". Et en guise d'ouverture, de "discours de bienvenue" si vous voulez, vous trouverez ci-contre mon Sésame ! Le soleil de mon futur, quoi !!!
713705. CHERCHE FUTUR
l'infirmier de minuit distribue le cyanure
et demande à Noé si le charter est prêt
hé mec il manque encore les ours et les clônures
mais les poux sont en rut faut décoller pas vrai
et les voilà partis vers d'autres aventures
vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
et moi je reste assis les poumons dans la sciure
à filer mes temps morts à la mélancolie
soleil soleil
n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
paraît que mon sorcier m'attend à Chihuahua
ou bien dans un clandé brumeux de Singapour
mais je traîne les P.M.U. avec ma gueule de bois
en rêvant que la barmaid viendra me causer d'amour
et je tombe sur l'autre chinetoque
dans cette soute à proxos
qui me dit viens prendre un verre tu m'as l'air fatigué
laisse tombe ta cuti deviens ton mécano
c'est depuis le début du monde
que l'homme s'est déchiré
soleil soleil
n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Rhâ-rat
adieu Gary Cooper adieu Che Guevara
on se fait des idoles pour planquer nos moignons
maintenant le vent s'engouffre dans les nirvânas
et nous sommes prisonniers de nos regards bidon
les monstres galactiques projettent nos bégaiements
sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour
mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds ?
soleil soleil
n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
A ma grande honte, je dois avouer que pendant longtemps, je n'ai pas compris pourquoi, dans le livret de l'album, on trouvait le titre "713705. cherche futur" et non pas "soleil cherche futur". J'en discute un jour avec mon beau-frère, 655321, qui me dit : "Mais tu ne faisais jamais ça avec ta calculatrice quand tu étais petite ?" Quoi, ça ? Ecrire "713705" et retourner la calculatrice pour voir apparaître le mot "soleil". Ah si !!! Du coup, ce jour-là, toute mon enfance est remontée à la surface !! Allez, avouez, vous faisiez ça vous aussi avec votre machine à calculer ?! Et vous étiez tout contents !!!! Contents comme je le suis aujourd'hui, "comme une poule devant un mégot" ! Cela fait environ une heure que je suis en possession de mon billet pour Bercy. Moi qui suis pourtant timide, tout à l'heure, j'ai presque sauté au cou de la dame de la billetterie quand elle m'a tendu le Sésame qui me permettra de "prendre place dans le grand feu" dans 300 et quelques jours !!
Et vous, ça y est, c'est fait aussi ?!!!
Avec tout cela, j'ai oublié de vous dire que "Soleil cherche futur" était (est toujours, j'emploie l'imparfait uniquement pour la concordance des temps, il me semble que c'est préférable) une de mes chansons favorites ! Que de pépites dans ce texte ! "Les monstres galactiques projettent nos bégaiements sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour" : ouah, cela me laisse sans voix, toute bégayante moi aussi ! Quelle musique ! Et ce "soleil" qui revient sans arrêt ! Et ces mots splendides : "Et moi je reste assis les poumons dans la sciure à filer mes temps morts à la mélancolie"... Et cette question mystérieuse : "n'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?" Piégé par quoi, par qui ? Je n'ai jamais très bien su, mais j'approuve ! Oui, c'est merveilleux de se sentir piégé. Par exemple par la vie qui "vous tombe dessus toujours au moment où on n'y croit plus" (cf. Jacques Higelin). Pendant de longs mois, je me suis traînée dans mon cafard. L'album d'Hubert, je n'y croyais plus. Si, c'est vrai. Beaucoup de découragement, d'obscurité. Et soudain ce soleil...
Je note également que l'album "Dernières balises" s'achève sur l'image d'un "vieux soleil glacé" qui "retraverse la nuit". Et voici qu'ici le soleil ouvre la danse. J'aime bien les ponts entre les oeuvres...
14:41 | Lien permanent | Commentaires (10)
15/11/2010
Chanson n°39 : "Redescente climatisée"
La pensée du jour : "La mort, chaque fois qu'elle survient, détruit un livre d'images". Christian BOBIN.
L'album "Dernières balises (avant mutation) s'achève sur cette chanson magnifique qu'est "Redescente climatisée". Elle est encore plus poignante en version live au Bataclan...
Petite question : qui ira acheter son billet pour Bercy demain ? Et l'album-hommage à Bashung ? Pour ma part, j'hésite entre la passion qui m'ordonne d'aller me procurer tout cela dès que je sortirai de cours (à midi) et la raison qui me rappelle l'état piteux de mon compte en banque...
Redescente climatisée
Un autre paumé descend les rues de ton ghetto
Et tu pleures en essuyant ses yeux figés
Combien de mutants ayant rêvé ton numéro
Se sont perdus croyant l’avoir trouvé ?
Petite sœur-soleil au bout du quai désert
Petite gosse fugitive accrochée dans mes nerfs…
Je t’ai rêvée ce soir au fond d’une ambulance
Qui me raccompagnait vers mes « verts paradis »
Dans le dernier écho de ton dernier silence
J’ai gardé pour la route ma haine / ma rage et ma connerie
Un vieux soleil glacé retraverse la nuit
Et c’est le long retour au point zéro
La dernière étincelle a grillé mes circuits
Et soudain j’ai si froid dans ma peau…
Petite sœur-soleil au bout du quai désert
Petite sœur fugitive accrochée dans mes nerfs…
Maintenant je t’imagine dans un hôtel-garage
Essayant de marquer des points sur ta machine
Tes amants déglingués s’accrochent à tes mirages
Moi je suis en exil ton consul ivre mort
Bavant sur ta benzine
18:45 | Lien permanent | Commentaires (14)