18/12/2010
Chanson n°65 : "Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir"
La pensée du jour : "Il faut vivre, même si le feu de notre sang, si la passion de notre coeur ne chauffent que le vide effrayant de l'inexplicable". René BARJAVEL.
Je vous dois quelques chansons, j'ai pris du retard ! Je vais essayer de le rattraper pendant ces vacances !
JE NE SAIS PLUS QUOI FAIRE POUR TE DECEVOIR
assis comme un lépreux devant mon brasero
frileux sous le blizzard soufflant son lamento
ô my sweet honey love
j'écrivais le chorus d'un concerto lubrique
sur le chargeur glacé de mon automatique
ô my sweet honey love
quand je t'ai vue marcher le long du taxiway
où mon vaiseau-cargo déchargeait en secret
ô my sweet honey love
mes carrousels de monstres aux yeux de chrysolite
et les démons transfuges de ma zone interdite
ô my sweet honey love
pas b'soin de télescope pour suivre ta beauté
quand tu viens t'acharner à me faire espérer
mais j'suis fait d'une matière débile indélébile
et je n'sais plus quoi faire pour me rendre inutile
et je n'sais plus quoi faire pour te décevoir
Tu traverses les ruines de mes cités-fossiles
dans la phosphorescence de mes visions fébriles
ô my sweet honey love
parmi les papiers gras et les caisses éventrées
qui jonchent le parking de mon cerveau brûlé
ô my sweet honey love
et tu poses des oranges dans la cendre mouillée
de mon cachot désert aux barreaux calcinés
ô my sweet honey love
et d'un éclat de rire tu gommes les pierres tombales
des quartiers délabrés de ma radio mentale
ô my sweet honey love
pas b'soin de télescope pour suivre ta beauté
quand tu viens t'acharner à me faire espérer
mais j'suis fait d'une matière débile indélébile
et je n'sais plus quoi faire pour me rendre inutile
et je n'sais plus quoi faire pour te décevoir
11:07 | Lien permanent | Commentaires (1)
17/12/2010
Supplément de mensonges
La pensée du jour : "Merkwürdigerweise mag ich die, von deren Art ich bin : die Menschen". Heinrich BÖLL.
Voici donc le nouveau Thiéfaine ! J'adore le voir éclater de rire, j'aime son nouveau look, notamment la petite boucle d'oreille...
A priori, le nouvel album s'appellera "Supplément de mensonges". Enfin, ce n'est qu'une supposition. Yannig écrivait hier ici qu'une chanson s'intitulerait "La ruelle de la mort". J'en frémis déjà ! Yannig s'est même amusé à chercher toutes les villes dans lesquelles il y avait une ruelle de la mort. A Nancy, il existe une ruelle de l'esprit, c'est déjà pas mal...
17:47 | Lien permanent | Commentaires (15)
14/12/2010
Quelques précisions...
(Relaxnews) – Le chanteur Hubert-Félix Thiéfaine sortira un nouvel album produit par Edith Fambuena et Jean-Louis Piérot en février 2011, annonce un communiqué de sa maison de disques Sony Music. L’artiste effectuera également une tournée baptisée “Homo Plebis Ultimae Tour” l’année prochaine. Il se produira notamment le 22 octobre 2011 à Paris Bercy. Les billets pour ce concert seront disponibles dans les points de vente à compter de mardi 16 novembre.
Apparemment, les dates de la tournée sont disponibles depuis peu. Il faut que j'aille voir ça, que je planifie déjà mon année 2011 !!!
21:43 | Lien permanent | Commentaires (17)
Chanson n°64 : "Was ist das Rock'n'roll"
La pensée du jour : "La vie nulle sous le grimoire des noms,
c'est nous à l'enseigne déjà des futurs
trépassés". Guy GOFFETTE
WAS IST DAS ROCK'N'ROLL
200 000 ans déjà que je zone sur la terre
dans le grognement lourd des groins qui s'entrechoquent
de nature solitaire, je me terre pour me taire
mais mon double pervers joue dans un groupe de rock
j'ai quelque mauvais don d'acrobatie verbale
surtout les soirs d'hiver quand j'suis black et d'équerre
tel un Douanier Rousseau du graffiti vocal
j'fais des bulles et des rots en atsiquant mes vers
was ist das...
was ist das...
was ist das rock'n'roll ?
j'suis un vieux désespoir de la chanson française
qui fait blinder ses tiags pour marcher quand ça loose
ma langue natale est morte dans ses charentaises
faute d'avoir su swinguer au rythme de son blues
was ist das...
was ist das...
was ist das rock'n'roll ?
mais j'veux de la miouse qui braqu'marde et qui beugle
avec Beethov en sourd, je suis borgne à Toulouse
en attendant d'chanter en braille chez les aveugles
je sors ma Winchester pour mieux cracher mon blues
fin d'autorisation de délirer sans fin
j'dois contrôler l'vumètre avant qu'ça passe au rouge
mes idoles défunctées se saoulent avec mon vin
et traînent leurs feux follets hilares au fond des bouges
was ist das...
was ist das...
was ist das rock'n'roll ?
(und so weiter).
Oui, je vous promets, on trouve "und so weiter" entre parenthèses à la fin des paroles, dans le livret !!! Je n'avais jamais remarqué ce détail qui, pour moi, n'en est pas un ! Encore un lien avec la langue allemande !!!
21:04 | Lien permanent | Commentaires (3)
13/12/2010
Chanson n°63 : "Errer humanum est"
La pensée du jour : "Bourlinguer... errer, errer humanum est"... Hubert-Félix THIEFAINE
ERRER HUMANUM EST
hé ! Mec
voici les photos de nos routes
prises d'avion par nuit de brouillard
dans ce vieux catalogue des doutes
aux pages moisies par le hasard
à toujours vouloir être ailleurs
pyromanes de nos têtes brûlées
on confond les batt'ments de cœur
avec nos diesels encrassés
à toujours voir la paille plantée
dans la narine de son voisin
on oublie la poutre embusquée
qui va nous tomber sur les reins
et l'on pousse à fond les moteurs
à s'en faire péter les turbines
c'est tellement classe d'être looser
surtout les matins où ça winne
bourlinguer...errer
errer humanum est
bourlinguer...errer
errer humanum est
toujours plus loin à fond la caisse
et toujours toujours plus d'ivresse
oh yes always on the road again man
on the road again man
Gauguin sans toile et sans pinceau
revisité en Bardamu
ou bien en Cortes ou Corto
aventuriers des graals perdus
on fait Nankin-Ouagadougou
pour apprendre le volapük
et on se r'trouve comme kangourou
dans un zoo qui prend les tucs
bourlinguer...errer
errer humanum est
bourlinguer...errer
errer humanum est
aplatis comme de vieilles pizzas
lâchées d'un soyouz en détresse
on cherche une nova cognita
avec un bar et d'la tendresse
mais trop speedés pour les douceurs
on balance vite les p'tites frangines
pas prendre pour un courrier du cœur
les pulsions des glandes endocrines
bourlinguer...errer
errer humanum est
bourlinguer...errer
errer humanum est
toujours plus loin à fond la caisse
et toujours toujours plus d'ivresse
oh yes always on the road again man
on the road again man
on the road again man ... / ...
21:21 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/12/2010
Chansons n°61 et n°62 : "Sweet amanite phalloïde queen" et "Diogène série 87"
SWEET AMANITE PHALLOÏDE QUEEN
pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d'usage
ô sweet amanite phalloïde queen
je suis le captain « M » acchab
aux ordres d'une beauté-nabab
prima belladona made in
moloch-city destroy-machine
ô sweet amanite phalloïde queen
amour-amok & paradise
quand elle fumivore ses « king-size »
dans son antichambre d'azur
avant la séance de torture
ô sweet amanite phalloïde queen
je suis le rebelle éclaté
au service de sa majesté
la reine aux désirs écarlates
des galaxies d'amour-pirate
ô sweet amanite phalloïde queen
DIOGENE SERIE 87
clochard à buzenwal-station
ou à rockabilly-picpus
tu cuis ton cœur au bourre-couillon
et l'offres aux filles des abris-bus
poch'tron 24 heures sur 24
joyeux bignole de l'inferno
tu fais tes rallyes de 4/4
dans les égouts de nos cerveaux
Diogène ! Je te salue
glaireux blaireau
Diogène ! Je te salue
héros de la classe moins zéro
et tu rigoles des histrions
qui cherchent dans l'opéra-mundi
le succès-sucette à crampons
qui les f'ra goder pour la nuit...
pinocchios des arts médaillés
stropias du mérite rock'n'roll
docteurs honoris variété
branlés à blanc par la gloriole
Diogène ! Je te salue
glaireux blaireau
Diogène ! Je te salue
héros de la classe moins zéro
trop lessivé pour faire le beau
avec ces pitres besogneux
et l'cœur trop niqué trop pseudo
pour te prendre encore au sérieux
tu viens rêver sous les glaviots
ricanant putois solitaire
et me faire vibrer de tes rots
et de tes rires crépusculaires
Diogène ! Je te salue
glaireux blaireau
Diogène ! Je te salue
héros de la classe moins zéro
22:48 | Lien permanent | Commentaires (5)
Arthur Rimbaud
La pensée du jour : "Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue".
Arthur RIMBAUD
Georges Izambard
Dès l'hiver 1859, alors que la séparation est devenue inéluctable, madame Rimbaud entraîne ses enfants à sa suite dans d'incessants déménagements. Elle les conduit d'abord dans un quartier populaire de Charleville, puis dans des appartements bourgeois plus en rapport avec la bonne éducation qu'elle entend leur délivrer, avant que la petite famille ne trouve refuge le long d'un quai où, peut-être, se forge, chez Arthur, le premier désir d'exil.
Mais c'est quoi, être un enfant à Charleville, dans ce siècle qui se déploie si lentement ? Quand on grandit si loin du cœur du pays, dans la grisaille, entre le souvenir d'un père fugueur et la présence terrible d'une mère enracinée dans la glaise, quelle enfance a-t-on ? Arthur se montre un écolier studieux, plongé dans les livres. Tout de même, il ne l'aime pas beaucoup, cet institut Rossat, le meilleur établissement de la ville, puisque la mère exige ce qu'il y a de mieux pour ses fils. Il ne goûte guère de devoir porter un uniforme à boutons dorés, de se conformer à une discipline de fer, d'obéir sans discuter à des maîtres sévères, économes de leurs mots. Il courbe pourtant l'échine, cherchant dans les études le moyen de s'affranchir de son milieu, avant de prendre son envol. Il ne tarde pas à se distinguer, en tout cas, puisque le voilà régulièrement bardé de prix, tandis que son frère se révèle un élève moyen, voire médiocre. Lui, le cadet, fait la fierté de sa mère, qui se répand partout sur les mérites de son petit prodige.
A onze ans, il entre au collège de Charleville. Enfant frêle et taciturne, on pourrait le croire timide, mais il est déjà infatigable, enfermé dans sa besogne. Il y a aussi cette expression sur son visage, à peine perceptible, faite d'ironie et de distance aux choses, ce presque rien qui passe sur ses lèvres, une lueur brillante et fière dans le regard. Un de ses professeurs, plus attentif que les autres, s'en ouvre au principal du collège : « Il finira mal ». Il ne croit pas si bien dire. L'intelligence est toujours un désordre. Un danger.
Arthur se fait des camarades, se promène souvent aux côtés de son frère, s'enflammant pour des causes auxquelles il n'entend pas toujours grand-chose, faisant de grands gestes dans les rues, intimidant ses compagnons par sa maturité, les inquiétant parfois par sa singularité. Il lui arrive d'écrire aussi, il versifie, sans se poser vraiment de questions. Cela lui passera, pense sa mère.
Et, un jour, il a quinze ans. L'homme qui entre dans sa vie en un matin du mois de janvier 1870 est un jeune professeur de rhétorique de 21 ans, signalé par sa hiérarchie comme un « avant-gardiste ». Il se nomme Georges Izambard. Il n'est pas beau, n'a pas tellement de charisme mais, voilà, il va impressionner violemment l'adolescent et surtout lui ouvrir des portes closes jusque-là, ou qu'il s'interdisait de pousser. Déjà, Arthur avait publié, quelques semaines plus tôt, Les Etrennes des orphelins, dans La Revue pour tous. Mais soudain, il y a cet homme, libre, qui devient rapidement son ami, et qui l'éveille au monde, le pousse sur le chemin de la poésie, dit du mal des curés et des bourgeois, lui conseille des lectures que la mother, hâtivement, juge subversives. Et il y a le printemps qui arrive, une nouvelle saison, le soleil enfin, et le corps qui grandit, et l'esprit qui vagabonde, qui invente des fulgurances. Arthur approche des territoires jusque-là inexplorés, il dessine des vertiges, compose des mystères, tutoie les anges. Il devient cet échalas tour à tour sombre et lumineux, emporté et émerveillé, exalté et mutique, beau et inquiétant. Il découvre Baudelaire, Banville, les poètes du Parnasse, et un dénommé Verlaine. Il n'a pourtant pas quitté ses habits de collégien sage et bien noté, parvenant aisément à dissimuler le feu qui couve.
Au cours de l'été 1870, Napoléon III a la curieuse idée de déclarer la guerre à la Prusse. Passé les premiers élans cocardiers qui dégoûtent le jeune Arthur, les désastres se multiplient, et la région paie un lourd tribut dans ces combats absurdes. A la fin du mois d'août, l'adolescent décide, sur un coup de tête, de quitter Charleville et tente de rejoindre Paris.
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11/12/2010
Arthur Rimbaud
La pensée du jour : "Elle est retrouvée.
Quoi ? -L'Eternité.
C'est la mer allée
avec le soleil". Arthur RIMBAUD
En novembre 2004, à l'occasion des 150 ans de la disparition d'Arthur Rimbaud, paraissait un Télérama hors-série consacré entièrement à ce poète. Puisque nous avons évoqué Rimbaud dernièrement, je vais mettre ici, en plusieurs "épisodes", tout l'article que lui consacra Philippe Besson dans ce Télérama hors-série. Le tout était magnifiquement illustré par Benjamin Flao. Je vous ai scanné un de ses dessins (voir image ci-dessus).
Janvier 1854. Encore une fois, l'hiver est rude du côté de Charleville, dans ces Ardennes qui ne connaissent pas la clémence. Par ici, les hommes sont durs à la tâche et les femmes vont, courbées contre le vent, pieds dans la boue, visage cinglé sous des fichus que parfois la bise emporte. Le capitaine Rimbaud est revenu auprès de sa jeune épouse deux mois plus tôt, ayant obtenu une permission à l'occasion de la naissance de son premier enfant. Il a passé les fêtes du nouvel an avec sa famille toute neuve. Il sait déjà qu'il devra repartir bientôt, que son sort est de rejoindre toujours des villes de garnison. Pour combattre cette froidure qui fait trembler les carcasses, ces pluies glacées qui pénètrent jusqu'aux os, le mieux, c'est encore que les corps se pressent l'un contre l'autre, dans la bonne chaleur des draps, sous des couvertures de laine. Ces deux-là, le capitaine et sa Vitalie, s'aiment si bien qu'ils conçoivent, sans le faire exprès, un nouvel enfant, qui sera là à l'automne, si tout va bien. Le père serait content d'avoir un deuxième fils, un frère pour Frédéric. La mère, elle, aimerait peut-être une fille mais elle prendra, évidemment, ce que la nature lui donnera. Lorsqu'ils se séparent, nos jeunes parents, ils croient encore qu'il est possible d'être heureux ensemble. Ils se trompent, bien sûr.
Vitalie traverse les semaines, les mois, elle regarde son ventre s'arrondir. En octobre, elle se prépare à appeler l'accoucheuse. Elle ne redoute pas les douleurs qui vont lui tordre les flancs, elle se souvient comme le corps se déchire, comme il est difficile de retenir ses pleurs, mais elle se montrera courageuse, elle l'a toujours été. Et puis, le destin d'une femme est de devenir une mère. Elle ne gémit pas lorsqu'il s'accomplit. Le vingt, à l'aurore, après plusieurs heures d'un épuisant travail, elle met au monde un nouveau garçon, dans sa chambre, au 12 de la rue Napoléon. On le prénommera Jean Nicolas-Arthur. On prétend qu'il a les yeux de son père. Aussitôt, comme cela se pratique alors, il est placé en nourrice chez des cloutiers de Gespunsart, un village posé sur la frontière avec la Belgique toute proche. Qu'on ne s'y trompe pas, pourtant : la mère aime son fils et s'en occupe, le ramenant souvent avec elle à Charleville.
En mars 1855, après quelques mois passés à découvrir les joies d'un foyer paisible et aimant, le capitaine doit repartir encore, cette fois pour aller faire la guerre en Crimée. Quelque chose se casse alors, qui ne sera jamais réparé. A son retour, quinze mois plus tard, plus rien n'est vraiment pareil. Les amours anciennes se sont disloquées, sans raison véritable, ou alors les raisons étaient-elles trop nombreuses.
Viendront encore trois enfants, tous conçus à l'occasion de permissions : Vitalie, tout d'abord, en avril 1857, qui décède au bout de trois mois, une autre Vitalie, en juin 1858, comme s'il s'agissait de remplacer l'enfant morte, et enfin, Isabelle, en juin 1860. Aussitôt après cette ultime mise au monde, le capitaine s'en va pour de bon et sa femme devient pour tous, et d'abord pour elle-même, la « veuve » Rimbaud, qui élèvera crânement et seule, parfois sous les quolibets, sa progéniture. Drôle de veuve, en réalité, puisque son mari ne mourra que dix-huit ans plus tard, sans qu'elle l'ait jamais revu, sans qu'il ait lui-même jamais cherché à revoir ses enfants. Comment croire que ce traumatisme, cette béance ne soient pour rien dans ce qui va suivre ?
09:50 | Lien permanent | Commentaires (10)