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07/09/2011

Petite biographie d'Edward Hopper (suite et fin)

La pensée du jour : "Il n'y a plus d'écriteaux au ciel

que des lambeaux". Pierre REVERDY (ces mots me font penser à ceux d'HFT : "Dans le jardin d'Eden désert, les étoiles n'ont plus de discours").

 

Two Comedians, Edward Hopper

 

 

Suite et fin de la petite bio d'Edward Hopper, donc :

1943 : Il se rend à Mexico en train. Il retournera au Mexique en 1946, 1951 et 1952.

 

1945 : Il est élu membre du National Institute of Arts and Letters.

 

1950 : Rétrospective au Whitney Museum of American Art. Exposition au Museum of Fine Arts de Boston et à l'Institute of Arts de Detroit.

 

1952 : Edward Hopper fait partie des artistes choisis pour représenter les Etats-Unis à la Biennale de Venise.

 

1953 : Il rejoint le comité éditorial de la revue Reality.

 

1955 : Médaille d'or de peinture par le National Institute of Arts and Letters.

 

1960 : Il reçoit le prix annuel Art in America. Avec les artistes de Reality, il proteste contre la prédominance de l'art abstrait au Whitney Museum et au Museum of Modern Art de New York.

 

1964 : Exposition rétrospective majeure au Whitney Museum, puis à l'Art Institute de Chicago.

 

1965 : Il peint sa dernière peinture, Two Comedians.

 

1967 : Edward Hopper meurt le 15 mai à New York. Ses oeuvres sont présentées à l'exposition américaine à la Biennale de Sao Paulo.

06/09/2011

Suite de la biographie d'Edward Hopper

La pensée du jour : "Alors tu reviendras vers moi

Nous pourrons rire

Un espoir à peine indiqué

Sous le vent une plainte amère".

Pierre REVERDY

 

1920 : Première exposition personnelle au Whitney Studio Club de New York. A partir de 1920, il peint de plus en plus à l'huile.


1921 : Il participe à l'exposition annuelle du Whitney Studio Club de New York et il y exposera régulièrement jusqu'en 1925.

1923 : Il s'occupe du cours du soir de dessin au Whitney Studio Club de New York et réalise de nombreuses esquisses. Il réalise ses dernières eaux-fortes et commence à peindre régulièrement des aquarelles. Le Brooklyn Museum de New York achète son aquarelle The Mansard Roof.

1924 : Il épouse Josephine Nivison le 9 juillet.

En octobre, son exposition d'aquarelles à la galerie Frank K.M. Rehn remporte un tel succès qu'il peut quitter son emploi d'illustrateur.


1925 : Il se rend au Colorado et au Nouveau-Mexique où il peint des aquarelles.

1927 : Achat d'une automobile. Il va désormais beaucoup voyager en voiture à travers les Etats-Unis. De nombreuses œuvres voient le jour pendant ses voyages.

1928 : Il réalise sa dernière gravure, une pointe sèche : Portrait of Jo.

1930 : Il loue la maison d'un ami à Truro dans le Massachusetts. Il reviendra à Truro plusieurs fois et s'y fera construire une maison-atelier (1934) où il passera presque tous ses étés.


1932 : Il participe à la première Biennale du Whitney Museum of American Arts.

1933 : Exposition rétrospective au Museum of Modern Art de New York.


1934 : Exposition rétrospective à l'Arts Club de Chicago.

1941 : Voyage sur la côte ouest des Etats-Unis.

 

29/08/2011

COMPARTIMENT C VOITURE 293 EDWARD HOPPER 1938

La pensée du jour : "Conscious of the spaces and elements beyond the limit of the scene itself". Edward HOPPER

 

COMPARTIMENT C VOITURE 293 EDWARD HOPPER 1938

 

tu sembles si loin

si proche à la fois

dans l'ordre incertain

d'un silence bourgeois

voyageuse solitaire

entourée de mystère

 

 

les pages que tu lis

nous cachent ton regard

te cachent-elles aussi

qu'une guerre se prépare

voyageuse solitaire

entourée de mystère

 

 

est-ce que tu fuis dans ce train

quelque amant

qui chercherait à briser ton silence

est-ce que tu fuis dans ce train

quelque enfant

qui volerait ton indépendance

 

 

ton compartiment

reflète sans passion

ton comportement

de femme de salon

voyageuse solitaire

entourée de mystère

 

 

 

le soleil couchant

joue avec l'horizon

et tes sentiments

se cherchent une raison

voyageuse solitaire

entourée de mystère

 

 

est-ce que tu fuis dans ce train

quelque amant

qui chercherait à briser ton silence

est-ce que tu fuis dans ce train

des serments prononcés lors d'une dernière danse

 

 

 

est-ce que tu fuis dans ce train

quelque amant

qui chercherait à briser ton silence

est-ce que tu fuis dans ce train

quelque enfant

qui volerait ton indépendance

Petite biographie d'Edward Hopper :

1882 : Naissance le 22 juillet d'Edward Hopper à Nyack, Etat de New York.


1899 : Il obtient l'équivalent du baccalauréat au lycée de Nyack.


1899-1906 : Il étudie l'illustration d'abord à la Correspondence School of Illustrating puis, à partir de 1900, à la New York School of Art.


1906 : Emploi d'illustrateur à New York. En octobre, il se rend pour environ neuf mois en Europe et d'abord à Paris.


1907 : Edward Hopper quitte Paris pour Londres. Il visite la National Gallery, la Wallace Collection et l'abbaye de Westminster. Il se rend ensuite à Amsterdam et Haarlem, puis à Berlin, Bruxelles, et revient à New York. Il travaille comme dessinateur publicitaire et peint pendant ses loisirs ou sur ses lieux estivaux de villégiature.


1909 : Séjour de six mois à Paris. Il peint le long de la Seine, visite Fontainebleau et Saint-Germain-en-Laye.


1910 : Il participe à l'exposition des Artistes Indépendants à New York. De mai à juillet, il retourne à Paris, se rend à Madrid, à Tolède, et assiste à une corrida.


1912 : Edward Hopper participe pour la première fois à une exposition au MacDowell Club. Jusqu'en 1918, il exposera régulièrement dans cette manifestation annuelle.


1913 : Edward Hopper participe à la célèbre exposition de l'Armory Show à New York.


1915 : Il reprend les eaux-fortes.


1916 : La revue Arts and Decoration reproduit huit de ses aquarelles parisiennes.

1918 : Il gagne le premier prix de la compétition nationale du National Service Section of the United States Shipping Board Emergency Fleet Corporation pour son affiche Smash the Hun.

 

Source : Dehors est la ville, François BON, FLOHIC Editions, 1998.

 

 

La suite dans les jours qui viennent. En attendant, n'hésitez pas à me dire quelles réflexions vous inspire cette chanson, si vous aimez Edward Hopper, le tableau « Compartiment C voiture 293 », etc. !

 

Quant au livre de François Bon, cité précédemment, il est très intéressant. Il se compose de reproductions de tableaux d'Edward Hopper et de réflexions de François Bon à propos de ces mêmes tableaux. Un livre qu'on m'avait offert en 1998 et qui me sert bien aujourd'hui pour l'élaboration de ma note !

 

15/08/2011

"Je voudrais qu'on m'inhume dans mon plus beau posthume ... pacifiste inconnu"

La mort d'Allain Leprest nous laisse nus, démunis, orphelins... Cela me fait drôle de me dire que ce matin déjà, sans le savoir, je me suis réveillée dans un monde où Leprest n'était plus... C'est bizarre, je pensais beaucoup à lui dernièrement...

Bien évidemment, au journal télévisé, pas un mot au sujet de la mort de ce grand bonhomme. On préférera toujours nous parler de chiffres, de foot, nous assommer, nous abêtir...

Avec cet artiste, c'est encore un peu de poésie qui s'en va. Qui chantera encore la douceur inutile de la pluie qui tombe sur la mer ? Qui hurlera avec autant de fêlures dans la voix et dans l'âme « je ne te salue pas » à la face d'un Dieu oublieux de son œuvre, laissée en plan, en friche, en merdier ? Qui chantera encore « je hais les gosses » ? Et Rouen, et le sac à main de la putain ? Leprest, c'était une longue déchirure qui se mettait à nu dans ses textes...

Profonde tristesse ce soir... Je ne peux me consoler (c'est un bien grand mot) qu'avec la voix d'Allain.

Allez, lançons ensemble une prière à la face des cieux !

 

Je ne te salue pas

 

Je ne te salue pas

Toi qui vis dans les cieux

Athée, j'habite en bas

De ton toit prétentieux

En fumeur de havane

Gros beauf qui te pavanes

Au milieu des charniers

Avec tes dobermans

Je ne te salue pas

Toi qui te crois mon Dieu

 

Je ne te salue pas

Toi qui vis dans les cieux

Pacha, mauvais sherpa

Coupeur de bites en deux

P.D.G. des nuages

Vendeur de faux voyages

Dealer de poudre aux yeux

Metteur de filles en cage

Je ne te salue pas

Toi qui te crois mon Dieu

 

Je ne te salue pas

Toi qui vis dans les cieux

Le monde, et pourquoi pas ?

Un gosse aurait fait mieux

Fait l'amour à l'atome

Doublé la couche d'ozone

Eve aurait eu le droit

De faire des tartes aux pommes

Je ne te salue pas

Toi qui te crois mon Dieu

 

Je ne te salue pas

Toi qui vis dans les cieux

Je suis né à Couba

Quelque part en banlieue

Tes bourses à Washington

Ton pape et ta madone

L'univers les oublie

Et Satan les pardonne

Je ne te salue pas

Toi qui te crois mon Dieu

 

Je ne te salue pas

Toi qui vis dans les cieux

A mon dernier repas

Appelle-moi « Monsieur »

Pas « mon fils » ni « machin »

Un père j'en ai d'jà un

Qui arrachait les clous

Quand on clouait mes poings

Je ne te salue pas

Toi qui te crois mon Dieu

 

Je ne te salue plus

Toi qui vis dans les nues

Si ton plafond s'effondre

Epargne un peu le monde

Mais qu'au moins soient sauvés

Ceux qui savent leurs « Ave »

En ce qui me concerne

Je balance un pavé

Un pavé rouge et bleu

Dans la vitre des cieux

 

Se peut-il être sans clocher

Une insulte pour t'approcher ?

 

 

Que soient sauvés ceux qui savent leurs « Ave », certes, mais que soient sauvés aussi ceux qui, dès la naissance ou presque, ont eu mal au monde, ont noté au bas de la feuille « peut mieux faire », et ont essayé de changer les choses. Que soient sauvés les écorchés vifs, ceux que flinguent sur place la cruauté humaine et celle de la vie. Que soient sauvés les poètes, et plus encore les poètes maudits, ceux qui, en ce bas monde, ne trouvèrent pas de point d'ancrage suffisamment solide pour ne pas vaciller. Que soient sauvés les doux au cœur pur, dont Allain Leprest était. J'espère bien, tiens, qu'à son dernier repas Dieu l'aura appelé monsieur ! C'est la moindre des choses !

"Rentre ton coeur dans son étui"... Allain Leprest est mort.

img081.jpgLa pensée du jour : "S'arracher tant de larmes qu'on se retrouve à sec". Allain LEPREST

 

 

 

 

Alors, c'est donc bien vrai, Allain, c'est le fond de la bouteille ? Celle-là, nous la mettrons de côté et nous la remplirons de nos larmes. Car la chanson française perd un sacré monsieur aujourd'hui. Un artiste malheureusement trop souvent méconnu du grand public, mais fort heureusement bien reconnu depuis longtemps par toute la profession. Jacques Higelin, Yves Jamait, Amélie-les-crayons, Anne Sylvestre, Gilbert Lafaille, Jean Guidoni, et j'en passe : ils étaient nombreux à lui rendre hommage dernièrement dans deux volumes intitulés « Chez Leprest ».

 

 

 

Allain Leprest, je l'avais vu il y a un peu plus de deux ans dans une salle de Nancy (j'avais écrit un article à ce sujet sur ce même blog). J'avais eu la chance de papoter un peu avec lui à la fin du concert. Il faut dire qu'Allain Leprest était très accessible, très chaleureux. Les yeux cependant toujours un peu loin de vous quand même. On sentait bien que dans cette caboche-là, se passaient des choses qui éloignaient le bonhomme du commun des mortels. Nous avions ri tous les deux lorsque je lui avais présenté quelques CD à me dédicacer. Il m'avait baptisée la « conservatrice des antiquités » car je m'étais pointée ce soir-là avec de très vieux albums !

 

Leprest, j'ai eu la chance de le découvrir en 1996. Il faisait partie de ces artistes de l'ombre que Foulquier invitait souvent dans « Pollen », l'excellente émission qu'il animait sur France Inter. « Animer » est bien le mot qui convient ici si j'en crois la première définition que mon Petit Larousse illustré donne de ce verbe : « donner du mouvement, du dynamisme à un lieu, un groupe, etc ». Je m'étais pris une vraie claque à l'époque en entendant Leprest pour la première fois. Cette voix caverneuse, revenue d'on ne sait quelles profondeurs et qui racontait tant de Gitanes, ces textes sublimes qui à mes yeux rejoignirent illico les plus belles pages des Thiéfaine, Higelin et compagnie... Lisez plutôt :

 

« Oh Goethe,

 douce Allemagne,

 Nous partons en Turquie

 Mais nous reviendrons, promis,

 Dans tes vertes campagnes ».

 

 

 

« Voir un été pourri, se dire que c'est d'sa faute »...

 

 

« Ton cul est rond comme une horloge

 Et quand ma fatigue s'y loge

 J'enfile le temps à rebours ».

 

 

« J'ai peur de deux et deux font quatre

 De n'importe quand n'importe où

 De la maladie délicate

 Qui plante ses crocs sur tes joues ».

 

 

 

« C'est peut-être Colette, la gamine penchée

 Qui recompte en cachette le fruit de ses péchés

 Jamais on le saura, elle aura avant l'heure

 Un torchon dans les bras pour se torcher le cœur ».

 

 

« Tu valseras pour rien mon vieux

La belle que tu serres dans tes yeux

Ce n'est pas de l'amour

C'est une envie d'amour

Tu valses avec une ombre ».

 

 

 

« J'ai peur de tout ce que je serre

Inutilement dans mes bras

Face à l'horloge nécessaire

Du temps qui me les rependra

J'ai peur ».

 

 

 

« La dame du dessus est morte

Il y a des scellés sur sa porte

On n'entendra plus pleuvoir

Son arrosoir

Sur le balcon

La vie, c'est con ».

 

 

Triste quinze août. Nous aussi, nous valsons avec une ombre qui vient noircir notre été. Il avait raison, Allain : la vie, c'est con.

 

05/08/2011

Saint Augustin (suite)

La pensée du jour : "Pourquoi créer si ce n'est pour donner un sens à la souffrance ?" Albert CAMUS

 

Entièrement consacré désormais au service de Dieu, il écrivit à Milan De immortalitate animae. L'été suivant, il partit pour l'Afrique, mais la mort de sa mère le fit revenir en Italie; il resta à Rome jusqu'à l'été 388. Au cours de ce séjour, il soutint le pape Sirice dans sa lutte contre les Manichéens en écrivant De moribus Ecclesiae catholicae qui marquent le début de son immense œuvre apologétique. C'est à Rome encore qu'il écrivit De la grandeur de l'âme, œuvre mystique où éclatent ses dons de psychologue, et le premier livre du Libre Arbitre, où il aborde le problème du mal. Après un très court séjour à Carthage, l'automne 388 le trouve de nouveau à Thagaste. Il y vendit le peu de biens qu'il possédait et en distribua le produit aux pauvres; et comme il le raconte lui-même, il exigea de ceux qui désiraient le suivre qu'ils en fissent autant. Au cours de ces deux années environ de retraite à Thagaste, il termina Contre les Manichéens et écrivit Le maître, De la musique et, en 390, De la vraie religion.

 

A Hippone il fonda l'ordre religieux qui porte son nom et rédigea la Regula ad servos Dei. Nommé coadjuteur du vieux et pieux évêque Valerius, il se vit confier la mission de prêcher qu'il remplit avec ardeur et succès presque jusqu'à sa mort. Entre la fin de l'année 395 et le début de 396, après la mort de Valerius, il fut proclamé évêque d'Hippone. Il s'acquitta de tous les devoirs de sa charge avec un zèle exemplaire : il fut à la fois pasteur, administrateur, orateur sacré et juge. Les quelque trois cents sermons qui sont parvenus jusqu'à nous ne représentent qu'une faible partie de ceux qu'il a prononcés. Certains d'entre eux sont parmi les plus belles exégèses que possède l'Eglise, comme les Ennarationes in salmos et les deux traités de 416 In Johannis Evangelium et In Epistolam Johannis. La masse de Lettres adressées à ses adversaires, à des amis, à des étrangers, à des laïcs, n'est pas moins imposante. En 396, il compléta le recueil De diversis questionibus et dès son accession à l'épiscopat il écrivit De agone christiano. En 400, il publia le De catechizandis rudibus; en 401, les treize livres de ses Confessions. Vers 400, il entreprit la rédaction de son grand traité philosophique et théologique Sur la Trinité, auquel il travailla quinze années durant. Une fois le danger manichéen écarté, il se jeta plus ardemment dans la lutte contre le péril plus menaçant encore que constituaient pour l'unité de l'Eglise les Donatistes. Il participa aux conciles antidonatistes de Carthage en 403 et 411, où il soutint presque à lui seul le poids de la discussion. A cette lutte qui s'achèvera par la défaite des hérétiques, il consacra un grand nombre d'écrits, dont les plus importants parmi ceux qui nous restent sont : De baptismo contra donatistas (401); Contra litteras Petiliani donatistae (401-405); Contra donatistae epistola ou De unitate Ecclesiae (405); Liber contra donatistas post collationem (413). Entre-temps, le 2 août 410, les Goths d'Alaric étaient entrés à Rome où, pendant trois jours, ils s'adonnèrent au pillage. Les réfugiés affluèrent en masse en Afrique, semant la panique et colportant des bruits qui rendaient le christianisme responsable des malheurs de Rome. C'est contre ces accusations que s'insurge Augustin dans la Cité de Dieu, mais cette œuvre qui reste la plus vaste conception de l'histoire humaine vue par un chrétien, déborde largement les cadres de l'événement qui l'a fait naître. Parmi les réfugiés se trouvait Pélage, un moine d'origine britannique qui répandait ses doctrines rationalistes et subversives sur la liberté humaine et la grâce divine. Il devait passer peu après en Orient, mais il laissa à Carthage son compagnon et disciple Celestius qu'Augustin déjà vieux combattit avec acharnement par la prédication, les conciles et la plume. Ce sont ces circonstances qui engendrèrent les grands ouvrages antipélagiens : De natura et gratia contra Pelagium (413-415); De gestis Pelagii (417), Contra Julianum haeresis pelagianae defensorem (423); Opus imperfectum contra Julianum (429-430), que la mort empêcha Augustin d'achever. Il meurt le 14 août 430.

 

31/07/2011

Saint Augustin (suite)

La pensée du jour : "Etrange chose que ces individus qui attirent un jour notre regard, piquent notre curiosité, font surgir maintes questions, se fixent sans grande raison dans notre mémoire, et qui réapparaissent en nous de temps à autre, parfois longtemps après que nous les avons entraperçus". Charles JULIET, Lumières d'automne.

 

 

Bien qu'il fût désormais assuré de son avenir immédiat, l'inquiétude subsistait en Augustin mais elle était de nature spirituelle ; à Rome il avait été attiré pendant un temps par le scepticisme des Académiciens, d'Archésilas plutôt que de Carnéade. Il écoutait maintenant les prédications de saint Ambroise, le grand évêque de Milan. Mais trois choses retenaient encore Augustin loin de la foi et de la discipline de l'Eglise catholique : l'impossibilité de concevoir une substance absolument immatérielle, l'impossibilité d'expliquer l'origine du mal, l'impossibilité de se passer de femmes. Les deux premiers obstacles furent les plus facilement franchis : il lut les platoniciens (ou plutôt les néo-platoniciens, très probablement Plotin) et il trouva sur l'essence divine et la nature du mal des notions qui lui ouvrirent des voies nouvelles. Il comprit que Dieu est lumière, substance spirituelle dont tout dépend et qui ne dépend de rien. Quant au problème du mal, la solution lui en apparut dans le fait que les choses étant subordonnées à Dieu, elles ne possèdent ni l'être ni le non-être absolu : elles sont puisqu'elles tiennent leur existence de Dieu, elles ne sont pas absolument, puisqu'elles ne sont pas Dieu. Aussi ne sont-elles corruptibles que dans la mesure où elles participent de la bonté divine; si elles étaient dépourvues de bonté, elles ne pourraient même se corrompre. La corruption n'est donc que perte d'un bien; tout ce qui est, est bon; le mal n'est pas substance, mais absence de bien, non-être. Dès lors il était dans l'état d'un homme convaincu de la vérité, mais cela ne put l'empêcher de vivre encore dans le péché. Sur l'instance de sa mère qui voulait le marier à une jeune fille de bonne famille, il avait renvoyé sa compagne, mais ce fut pour reprendre une autre concubine. C'est alors qu'eut lieu la crise décisive : un jour qu'il était allé chercher la solitude et le calme sous un bosquet de son jardin, il crut entendre une voix qui lui disait « Tolle et lege » (« prends et lis »). Surpris, se demandant de quel livre il s'agissait, il courut consulter un de ses amis, un livre était placé devant ses yeux, les Epîtres de saint Paul; il les ouvrit au hasard et tomba sur ce passage : « Ne passez pas votre vie dans les festins et les plaisirs de la table ni dans la débauche et l'impiété..., mais revêtez-vous de votre Seigneur Jésus-Christ et gardez-vous de satisfaire les désirs déréglés de la chair. » Touché par la grâce, il décida de se retirer dans la maison de son ami Verecundus en Lombardie avec ses amis et disciples, sa mère Monique et son fils. Là ils passaient leur temps en prières, études et discussions. C'est là que virent le jour ses fameux dialogues philosophiques : Contre les philosophes de l'Académie, De la Vie Heureuse, De l'Ordre, Les Soliloques, les trois premiers en 386 et le dernier au début de 387. Après les vacances, il donna sa démission de professeur de rhétorique et dans la nuit du 24 au 25 avril de l'année 387, il reçut de saint Ambroise le baptême par lequel Augustin de Thagaste, futur évêque d'Hippone, docteur et saint de l'Eglise, se trouva lavé de tous ses péchés.

 

03/07/2011

"Elle dit c'est pas Saint Augustin qui joue du violon dans les bois"...

La pensée du jour : "Je ne m'approche de la mort que pour mieux me précipiter vers la vie. Toute grande et âpre avidité de vivre naît d'une hantise de la mort". Charles JULIET, Ténèbres en terre froide.

 

Saint Augustin (Aurelius Augustinus) : Le plus illustre des Pères de l'Eglise latine est né à Thagaste (aujourd'hui Souk-Ahras), petite ville de Numidie, le 13 novembre 354, il est mort à Hippone le 14 août 430. Il était fils d'un païen, Patricius, et d'une chrétienne, Monique. Il fit ses premières classes dans sa ville natale, puis alla étudier la rhétorique dans la cité de Madaure. Il se passionna pour le latin et la littérature latine, mais il haïssait le grec, dont il semble qu'il n'ait assimilé que les quelques rudiments nécessaires pour comparer une traduction avec le texte original. Bien que sa mère, fort pieuse, le poussât à se faire baptiser, il resta catéchumène. Rentré à Thagaste, il y mena pendant une année (369-370) une vie dissipée, dont il se repentira amèrement, comme en témoignent les Confessions. Il put poursuivre ses études, comblant ainsi le vœu de son père, grâce à la libéralité du mécène Romanianus, ami et lointain parent de la famille. C'est ainsi qu'il partit pour Carthage, où il fréquenta l'école d'éloquence, sans oublier les plaisirs du théâtre et les jeux de cirque, dont il était avide. Il connut une jeune fille de très humble condition qui fut sa compagne pendant douze ans et à laquelle il fut fidèle « comme à une épouse légitime ». De leur union naquit un fils, Adeodat (A Deo datus) chéri sinon désiré, et à l'éducation duquel ils consacrèrent tous leurs soins. Entre-temps Augustin continuait à travailler avec acharnement, à la fois par goût, par ambition, par nécessité et par reconnaissance à l'égard de son bienfaiteur. A 18 ans la lecture de l'Hortensius de Cicéron lui révéla sa vocation philosophique. C'est alors qu'il s'éprit d'un amour sans égal pour la beauté incorruptible de la véritable sagesse. L'étude de la sagesse païenne l'amena à prendre connaissance de la doctrine chrétienne : il lut les Ecritures. Elles le déçurent et il ne les comprit pas. Hésitant, il adhéra en tant que simple auditeur au « manichéisme », une des innombrables sectes chrétiennes de l'époque. Deux raisons surtout guidèrent son choix : l'impossibilité d'accepter une foi imposée, non fondée sur la raison, et le problème du mal qui le préoccupera toute sa vie. Ses études une fois terminées, il rentra avec sa femme et son fils à Thagaste où, s'étant consacré à l'enseignement de la rhétorique et à la diffusion du manichéisme, il s'attacha des disciples qui le suivirent à Carthage. Entre 380 et 381, il écrivit son premier ouvrage, un traité en deux ou trois volumes, De pulchro et apto (Sur la beauté et la convenance), déjà perdu au moment où il écrivait les Confessions. Lorsqu'arriva de Rome à Carthage l'évêque Faustus, célèbre docteur manichéen, Augustin l'accueillit comme l'homme qui devait lever tous ses doutes. Il fut déçu : Faustus lui apparut comme un habile orateur, mais ignorant, et incapable de faire la lumière sur le moindre problème. Son ardeur manichéenne s'en trouva refroidie. Peu après il décida de se rendre à Rome, dans l'espoir d'y conquérir des lauriers et quelque aisance. Sa mère ne voulait pas le laisser partir ou du moins désirait qu'il l'emmenât (son père était mort en 379) : elle le suivit en pleurant jusqu'à la mer. Rome ne remplit pas son attente : il tomba gravement malade et l'enseignement de la rhétorique s'avéra peu lucratif. Un poste de professeur de rhétorique s'étant trouvé libre à Milan, il se présenta et fut agréé grâce à l'intervention de ses amis manichéens auprès de Symmaque, préfet de Rome. Il avait alors trente ans. L'amélioration de sa situation lui permit de faire venir sa femme et son fils, et l'année d'après sa mère et ses fidèles disciples.

 

La suite dans les jours qui viennent.