14/09/2011
Saint Augustin et le temps
La pensée du jour : "Sa vie n'est rien d'autre que ça : une vue imprenable sur l'ampleur du désastre". Delphine DE VIGAN
Merci à vous d'avoir répondu à mes petites questions ! Finalement, de nombreuses tranches d'âge sont représentées dans le public d'HFT ! Mais nous le savions déjà ! Il est vrai qu'il suffit d'aller à un de ses concerts pour s'en rendre compte. En tout cas, les "animaux en quarantaine" sont nombreux. On s'aperçoit aussi que quand on est tombé en thiéfainie (comme certains d'entre vous disent si joliment), on a du mal à en sortir indemne. A en sortir tout court.
Je suis contente que la note précédente ait suscité autant de réactions. Cela fait chaud au coeur, donne envie de continuer. Merci !
Un peu moins drôle aujourd'hui (et, cette fois, les commentaires ne vont pas se bousculer, j'en suis sûre !!) : un texte de Saint Augustin sur le temps. Je l'avais étudié en philo il y a 21 ans (!!!). J'avais même pondu une dissert sur le sujet. Aujourd'hui, je me demande comment j'avais réussi cet exploit à l'époque !!!!! En me replongeant dernièrement dans les Confessions, j'ai dû, je l'avoue, lire plusieurs fois certains passages pour essayer de les piger un peu... Avec le temps, le cerveau se ramollit, mon cher Augustin !!!! Voilà la conclusion hautement philosophique à laquelle j'aboutis aujourd'hui ! Il y a 21 ans, aussi, j'avais une prof de philo qui accompagnait les élèves dans leur réflexion. Faisait littéralement accoucher les esprits !!! Elle disait que la philosophie était une matière qui devait bousculer, sans quoi elle n'avait aucune raison d'être. Cela me ramène à l'oeuvre de Thiéfaine, qui bouscule, elle aussi, et révolutionne la vie de qui la laisse entrer en lui...
Mais assez bavassé : place à Saint Augustin même si ce n'est pas lui qui joue du violon dans les bois !!!!!
« Qu'est-ce en effet que le temps ? Qui serait capable de l'expliquer facilement et brièvement ? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots l'idée qu'il s'en fait ? Est-il cependant notion plus familière et plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous comprenons sans doute ce que nous disons; nous comprenons aussi, si nous entendons un autre en parler.
Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé, que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir; que si rien n'était, il n'y aurait pas de temps présent.
Comment donc, ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus ».
13:56 | Lien permanent | Commentaires (6)
09/09/2011
Petit sondage
La pensée du jour : "Dreißig Meter lange Arme müsste ich haben, damit ich greifen könnte, wonach meine Sehnsucht geht, denn es ist immer zu fern von mir, und ich kann es auch schlecht sehen". Iris HANIKA
« Quel âge a le public de Thiéfaine ? »
Aujourd'hui, c'est moi qui ai envie de connaître la réponse à cette question. Je ne dis pas que ce blog est un échantillon représentatif du public d'HFT, mais j'aimerais savoir quel âge vous avez, vous les visiteurs du CSL. Autre question : depuis quand écoutez-vous Thiéfaine ?
Je commence par ma petite personne : j'ai 37 ans, bientôt 38. J'ai découvert Thiéfaine en septembre 1992 et ce fut un choc dont je ne me suis jamais totalement remise ! En septembre 2012, donc, je fêterai mes 20 ans de haute dépendance à l'œuvre d'HFT ! Voilà qui ne me rajeunit pas...
09:25 | Lien permanent | Commentaires (43)
07/09/2011
Petite biographie d'Edward Hopper (suite et fin)
La pensée du jour : "Il n'y a plus d'écriteaux au ciel
que des lambeaux". Pierre REVERDY (ces mots me font penser à ceux d'HFT : "Dans le jardin d'Eden désert, les étoiles n'ont plus de discours").
Two Comedians, Edward Hopper
Suite et fin de la petite bio d'Edward Hopper, donc :
1943 : Il se rend à Mexico en train. Il retournera au Mexique en 1946, 1951 et 1952.
1945 : Il est élu membre du National Institute of Arts and Letters.
1950 : Rétrospective au Whitney Museum of American Art. Exposition au Museum of Fine Arts de Boston et à l'Institute of Arts de Detroit.
1952 : Edward Hopper fait partie des artistes choisis pour représenter les Etats-Unis à la Biennale de Venise.
1953 : Il rejoint le comité éditorial de la revue Reality.
1955 : Médaille d'or de peinture par le National Institute of Arts and Letters.
1960 : Il reçoit le prix annuel Art in America. Avec les artistes de Reality, il proteste contre la prédominance de l'art abstrait au Whitney Museum et au Museum of Modern Art de New York.
1964 : Exposition rétrospective majeure au Whitney Museum, puis à l'Art Institute de Chicago.
1965 : Il peint sa dernière peinture, Two Comedians.
1967 : Edward Hopper meurt le 15 mai à New York. Ses oeuvres sont présentées à l'exposition américaine à la Biennale de Sao Paulo.
20:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/09/2011
Suite de la biographie d'Edward Hopper
La pensée du jour : "Alors tu reviendras vers moi
Nous pourrons rire
Un espoir à peine indiqué
Sous le vent une plainte amère".
Pierre REVERDY
1920 : Première exposition personnelle au Whitney Studio Club de New York. A partir de 1920, il peint de plus en plus à l'huile.
1921 : Il participe à l'exposition annuelle du Whitney Studio Club de New York et il y exposera régulièrement jusqu'en 1925.
1923 : Il s'occupe du cours du soir de dessin au Whitney Studio Club de New York et réalise de nombreuses esquisses. Il réalise ses dernières eaux-fortes et commence à peindre régulièrement des aquarelles. Le Brooklyn Museum de New York achète son aquarelle The Mansard Roof.
1924 : Il épouse Josephine Nivison le 9 juillet.
En octobre, son exposition d'aquarelles à la galerie Frank K.M. Rehn remporte un tel succès qu'il peut quitter son emploi d'illustrateur.
1925 : Il se rend au Colorado et au Nouveau-Mexique où il peint des aquarelles.
1927 : Achat d'une automobile. Il va désormais beaucoup voyager en voiture à travers les Etats-Unis. De nombreuses œuvres voient le jour pendant ses voyages.
1928 : Il réalise sa dernière gravure, une pointe sèche : Portrait of Jo.
1930 : Il loue la maison d'un ami à Truro dans le Massachusetts. Il reviendra à Truro plusieurs fois et s'y fera construire une maison-atelier (1934) où il passera presque tous ses étés.
1932 : Il participe à la première Biennale du Whitney Museum of American Arts.
1933 : Exposition rétrospective au Museum of Modern Art de New York.
1934 : Exposition rétrospective à l'Arts Club de Chicago.
1941 : Voyage sur la côte ouest des Etats-Unis.
20:18 | Lien permanent | Commentaires (3)
29/08/2011
COMPARTIMENT C VOITURE 293 EDWARD HOPPER 1938
La pensée du jour : "Conscious of the spaces and elements beyond the limit of the scene itself". Edward HOPPER
COMPARTIMENT C VOITURE 293 EDWARD HOPPER 1938
tu sembles si loin
si proche à la fois
dans l'ordre incertain
d'un silence bourgeois
voyageuse solitaire
entourée de mystère
les pages que tu lis
nous cachent ton regard
te cachent-elles aussi
qu'une guerre se prépare
voyageuse solitaire
entourée de mystère
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque amant
qui chercherait à briser ton silence
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque enfant
qui volerait ton indépendance
ton compartiment
reflète sans passion
ton comportement
de femme de salon
voyageuse solitaire
entourée de mystère
le soleil couchant
joue avec l'horizon
et tes sentiments
se cherchent une raison
voyageuse solitaire
entourée de mystère
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque amant
qui chercherait à briser ton silence
est-ce que tu fuis dans ce train
des serments prononcés lors d'une dernière danse
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque amant
qui chercherait à briser ton silence
est-ce que tu fuis dans ce train
quelque enfant
qui volerait ton indépendance
Petite biographie d'Edward Hopper :
1882 : Naissance le 22 juillet d'Edward Hopper à Nyack, Etat de New York.
1899 : Il obtient l'équivalent du baccalauréat au lycée de Nyack.
1899-1906 : Il étudie l'illustration d'abord à la Correspondence School of Illustrating puis, à partir de 1900, à la New York School of Art.
1906 : Emploi d'illustrateur à New York. En octobre, il se rend pour environ neuf mois en Europe et d'abord à Paris.
1907 : Edward Hopper quitte Paris pour Londres. Il visite la National Gallery, la Wallace Collection et l'abbaye de Westminster. Il se rend ensuite à Amsterdam et Haarlem, puis à Berlin, Bruxelles, et revient à New York. Il travaille comme dessinateur publicitaire et peint pendant ses loisirs ou sur ses lieux estivaux de villégiature.
1909 : Séjour de six mois à Paris. Il peint le long de la Seine, visite Fontainebleau et Saint-Germain-en-Laye.
1910 : Il participe à l'exposition des Artistes Indépendants à New York. De mai à juillet, il retourne à Paris, se rend à Madrid, à Tolède, et assiste à une corrida.
1912 : Edward Hopper participe pour la première fois à une exposition au MacDowell Club. Jusqu'en 1918, il exposera régulièrement dans cette manifestation annuelle.
1913 : Edward Hopper participe à la célèbre exposition de l'Armory Show à New York.
1915 : Il reprend les eaux-fortes.
1916 : La revue Arts and Decoration reproduit huit de ses aquarelles parisiennes.
1918 : Il gagne le premier prix de la compétition nationale du National Service Section of the United States Shipping Board Emergency Fleet Corporation pour son affiche Smash the Hun.
Source : Dehors est la ville, François BON, FLOHIC Editions, 1998.
La suite dans les jours qui viennent. En attendant, n'hésitez pas à me dire quelles réflexions vous inspire cette chanson, si vous aimez Edward Hopper, le tableau « Compartiment C voiture 293 », etc. !
Quant au livre de François Bon, cité précédemment, il est très intéressant. Il se compose de reproductions de tableaux d'Edward Hopper et de réflexions de François Bon à propos de ces mêmes tableaux. Un livre qu'on m'avait offert en 1998 et qui me sert bien aujourd'hui pour l'élaboration de ma note !
15:02 | Lien permanent | Commentaires (9)
15/08/2011
"Je voudrais qu'on m'inhume dans mon plus beau posthume ... pacifiste inconnu"
La mort d'Allain Leprest nous laisse nus, démunis, orphelins... Cela me fait drôle de me dire que ce matin déjà, sans le savoir, je me suis réveillée dans un monde où Leprest n'était plus... C'est bizarre, je pensais beaucoup à lui dernièrement...
Bien évidemment, au journal télévisé, pas un mot au sujet de la mort de ce grand bonhomme. On préférera toujours nous parler de chiffres, de foot, nous assommer, nous abêtir...
Avec cet artiste, c'est encore un peu de poésie qui s'en va. Qui chantera encore la douceur inutile de la pluie qui tombe sur la mer ? Qui hurlera avec autant de fêlures dans la voix et dans l'âme « je ne te salue pas » à la face d'un Dieu oublieux de son œuvre, laissée en plan, en friche, en merdier ? Qui chantera encore « je hais les gosses » ? Et Rouen, et le sac à main de la putain ? Leprest, c'était une longue déchirure qui se mettait à nu dans ses textes...
Profonde tristesse ce soir... Je ne peux me consoler (c'est un bien grand mot) qu'avec la voix d'Allain.
Allez, lançons ensemble une prière à la face des cieux !
Je ne te salue pas
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Athée, j'habite en bas
De ton toit prétentieux
En fumeur de havane
Gros beauf qui te pavanes
Au milieu des charniers
Avec tes dobermans
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Pacha, mauvais sherpa
Coupeur de bites en deux
P.D.G. des nuages
Vendeur de faux voyages
Dealer de poudre aux yeux
Metteur de filles en cage
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Le monde, et pourquoi pas ?
Un gosse aurait fait mieux
Fait l'amour à l'atome
Doublé la couche d'ozone
Eve aurait eu le droit
De faire des tartes aux pommes
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Je suis né à Couba
Quelque part en banlieue
Tes bourses à Washington
Ton pape et ta madone
L'univers les oublie
Et Satan les pardonne
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
A mon dernier repas
Appelle-moi « Monsieur »
Pas « mon fils » ni « machin »
Un père j'en ai d'jà un
Qui arrachait les clous
Quand on clouait mes poings
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue plus
Toi qui vis dans les nues
Si ton plafond s'effondre
Epargne un peu le monde
Mais qu'au moins soient sauvés
Ceux qui savent leurs « Ave »
En ce qui me concerne
Je balance un pavé
Un pavé rouge et bleu
Dans la vitre des cieux
Se peut-il être sans clocher
Une insulte pour t'approcher ?
Que soient sauvés ceux qui savent leurs « Ave », certes, mais que soient sauvés aussi ceux qui, dès la naissance ou presque, ont eu mal au monde, ont noté au bas de la feuille « peut mieux faire », et ont essayé de changer les choses. Que soient sauvés les écorchés vifs, ceux que flinguent sur place la cruauté humaine et celle de la vie. Que soient sauvés les poètes, et plus encore les poètes maudits, ceux qui, en ce bas monde, ne trouvèrent pas de point d'ancrage suffisamment solide pour ne pas vaciller. Que soient sauvés les doux au cœur pur, dont Allain Leprest était. J'espère bien, tiens, qu'à son dernier repas Dieu l'aura appelé monsieur ! C'est la moindre des choses !
23:25 | Lien permanent | Commentaires (10)
"Rentre ton coeur dans son étui"... Allain Leprest est mort.
La pensée du jour : "S'arracher tant de larmes qu'on se retrouve à sec". Allain LEPREST
Alors, c'est donc bien vrai, Allain, c'est le fond de la bouteille ? Celle-là, nous la mettrons de côté et nous la remplirons de nos larmes. Car la chanson française perd un sacré monsieur aujourd'hui. Un artiste malheureusement trop souvent méconnu du grand public, mais fort heureusement bien reconnu depuis longtemps par toute la profession. Jacques Higelin, Yves Jamait, Amélie-les-crayons, Anne Sylvestre, Gilbert Lafaille, Jean Guidoni, et j'en passe : ils étaient nombreux à lui rendre hommage dernièrement dans deux volumes intitulés « Chez Leprest ».
Allain Leprest, je l'avais vu il y a un peu plus de deux ans dans une salle de Nancy (j'avais écrit un article à ce sujet sur ce même blog). J'avais eu la chance de papoter un peu avec lui à la fin du concert. Il faut dire qu'Allain Leprest était très accessible, très chaleureux. Les yeux cependant toujours un peu loin de vous quand même. On sentait bien que dans cette caboche-là, se passaient des choses qui éloignaient le bonhomme du commun des mortels. Nous avions ri tous les deux lorsque je lui avais présenté quelques CD à me dédicacer. Il m'avait baptisée la « conservatrice des antiquités » car je m'étais pointée ce soir-là avec de très vieux albums !
Leprest, j'ai eu la chance de le découvrir en 1996. Il faisait partie de ces artistes de l'ombre que Foulquier invitait souvent dans « Pollen », l'excellente émission qu'il animait sur France Inter. « Animer » est bien le mot qui convient ici si j'en crois la première définition que mon Petit Larousse illustré donne de ce verbe : « donner du mouvement, du dynamisme à un lieu, un groupe, etc ». Je m'étais pris une vraie claque à l'époque en entendant Leprest pour la première fois. Cette voix caverneuse, revenue d'on ne sait quelles profondeurs et qui racontait tant de Gitanes, ces textes sublimes qui à mes yeux rejoignirent illico les plus belles pages des Thiéfaine, Higelin et compagnie... Lisez plutôt :
« Oh Goethe,
douce Allemagne,
Nous partons en Turquie
Mais nous reviendrons, promis,
Dans tes vertes campagnes ».
« Voir un été pourri, se dire que c'est d'sa faute »...
« Ton cul est rond comme une horloge
Et quand ma fatigue s'y loge
J'enfile le temps à rebours ».
« J'ai peur de deux et deux font quatre
De n'importe quand n'importe où
De la maladie délicate
Qui plante ses crocs sur tes joues ».
« C'est peut-être Colette, la gamine penchée
Qui recompte en cachette le fruit de ses péchés
Jamais on le saura, elle aura avant l'heure
Un torchon dans les bras pour se torcher le cœur ».
« Tu valseras pour rien mon vieux
La belle que tu serres dans tes yeux
Ce n'est pas de l'amour
C'est une envie d'amour
Tu valses avec une ombre ».
« J'ai peur de tout ce que je serre
Inutilement dans mes bras
Face à l'horloge nécessaire
Du temps qui me les rependra
J'ai peur ».
« La dame du dessus est morte
Il y a des scellés sur sa porte
On n'entendra plus pleuvoir
Son arrosoir
Sur le balcon
La vie, c'est con ».
Triste quinze août. Nous aussi, nous valsons avec une ombre qui vient noircir notre été. Il avait raison, Allain : la vie, c'est con.
17:29 | Lien permanent | Commentaires (5)
05/08/2011
Saint Augustin (suite)
La pensée du jour : "Pourquoi créer si ce n'est pour donner un sens à la souffrance ?" Albert CAMUS
Entièrement consacré désormais au service de Dieu, il écrivit à Milan De immortalitate animae. L'été suivant, il partit pour l'Afrique, mais la mort de sa mère le fit revenir en Italie; il resta à Rome jusqu'à l'été 388. Au cours de ce séjour, il soutint le pape Sirice dans sa lutte contre les Manichéens en écrivant De moribus Ecclesiae catholicae qui marquent le début de son immense œuvre apologétique. C'est à Rome encore qu'il écrivit De la grandeur de l'âme, œuvre mystique où éclatent ses dons de psychologue, et le premier livre du Libre Arbitre, où il aborde le problème du mal. Après un très court séjour à Carthage, l'automne 388 le trouve de nouveau à Thagaste. Il y vendit le peu de biens qu'il possédait et en distribua le produit aux pauvres; et comme il le raconte lui-même, il exigea de ceux qui désiraient le suivre qu'ils en fissent autant. Au cours de ces deux années environ de retraite à Thagaste, il termina Contre les Manichéens et écrivit Le maître, De la musique et, en 390, De la vraie religion.
A Hippone il fonda l'ordre religieux qui porte son nom et rédigea la Regula ad servos Dei. Nommé coadjuteur du vieux et pieux évêque Valerius, il se vit confier la mission de prêcher qu'il remplit avec ardeur et succès presque jusqu'à sa mort. Entre la fin de l'année 395 et le début de 396, après la mort de Valerius, il fut proclamé évêque d'Hippone. Il s'acquitta de tous les devoirs de sa charge avec un zèle exemplaire : il fut à la fois pasteur, administrateur, orateur sacré et juge. Les quelque trois cents sermons qui sont parvenus jusqu'à nous ne représentent qu'une faible partie de ceux qu'il a prononcés. Certains d'entre eux sont parmi les plus belles exégèses que possède l'Eglise, comme les Ennarationes in salmos et les deux traités de 416 In Johannis Evangelium et In Epistolam Johannis. La masse de Lettres adressées à ses adversaires, à des amis, à des étrangers, à des laïcs, n'est pas moins imposante. En 396, il compléta le recueil De diversis questionibus et dès son accession à l'épiscopat il écrivit De agone christiano. En 400, il publia le De catechizandis rudibus; en 401, les treize livres de ses Confessions. Vers 400, il entreprit la rédaction de son grand traité philosophique et théologique Sur la Trinité, auquel il travailla quinze années durant. Une fois le danger manichéen écarté, il se jeta plus ardemment dans la lutte contre le péril plus menaçant encore que constituaient pour l'unité de l'Eglise les Donatistes. Il participa aux conciles antidonatistes de Carthage en 403 et 411, où il soutint presque à lui seul le poids de la discussion. A cette lutte qui s'achèvera par la défaite des hérétiques, il consacra un grand nombre d'écrits, dont les plus importants parmi ceux qui nous restent sont : De baptismo contra donatistas (401); Contra litteras Petiliani donatistae (401-405); Contra donatistae epistola ou De unitate Ecclesiae (405); Liber contra donatistas post collationem (413). Entre-temps, le 2 août 410, les Goths d'Alaric étaient entrés à Rome où, pendant trois jours, ils s'adonnèrent au pillage. Les réfugiés affluèrent en masse en Afrique, semant la panique et colportant des bruits qui rendaient le christianisme responsable des malheurs de Rome. C'est contre ces accusations que s'insurge Augustin dans la Cité de Dieu, mais cette œuvre qui reste la plus vaste conception de l'histoire humaine vue par un chrétien, déborde largement les cadres de l'événement qui l'a fait naître. Parmi les réfugiés se trouvait Pélage, un moine d'origine britannique qui répandait ses doctrines rationalistes et subversives sur la liberté humaine et la grâce divine. Il devait passer peu après en Orient, mais il laissa à Carthage son compagnon et disciple Celestius qu'Augustin déjà vieux combattit avec acharnement par la prédication, les conciles et la plume. Ce sont ces circonstances qui engendrèrent les grands ouvrages antipélagiens : De natura et gratia contra Pelagium (413-415); De gestis Pelagii (417), Contra Julianum haeresis pelagianae defensorem (423); Opus imperfectum contra Julianum (429-430), que la mort empêcha Augustin d'achever. Il meurt le 14 août 430.
13:37 | Lien permanent | Commentaires (2)