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18/02/2012

La place du fantôme, le dernier LGS

La pensée du jour : "Ne m'oublie pas sur la ligne douze du métro". Sophie HURIAUX

 

 

Dès le premier titre, elle nous dit « bye bye » !! Et pourtant, on n'a pas envie de la quitter, bien au contraire. Ce «bye bye etc » a un goût de revenez-y ! Comme tout le dernier album de la grande Sophie, d'ailleurs... Je l'écoute en boucle depuis hier.

 

La grande Sophie et moi, c'est une longue histoire. J'ai découvert la demoiselle avec son album précédent, Des vagues et des ruisseaux. Là, j'ai rencontré une voix, un univers... Depuis, j'ai toujours rêvé de voir LGS sur scène (au fait : la coïncidence des trois initiales LGS-HFT n'est pas pour me déplaire). Bientôt, bientôt... Je devais la voir prochainement à Vandoeuvre-lès-Nancy, mais il semblerait que le concert en question ait été repoussé au huit juin. Avec la grande Sophie, une fois découvert l'album Des vagues et des ruisseaux, il m'est arrivé la même chose qu'avec Thiéfaine : envie de me procurer d'un seul coup tout ce qu'elle avait fait ! J'ai chez moi tous ses CD.

 

Et j'ai eu la chance de voir Sophie la semaine dernière à Paris, au cours de l'enregistrement de l'émission « Le pont des artistes » (c'est ce soir sur France Inter : écoutez, écoutez !!!). J'ai apprécié l'attention qu'elle portait aux autres invités. Ce n'est pas si courant...

 

Et là, cet album, La place du fantôme... Une grande claque. C'est à la fois tout à fait autre chose et tout à fait le même univers... Beaucoup de prouesses vocales, beaucoup de maturité (la grande Sophie a dit au « Pont des artistes » que c'était l'album de la maturité XXL, il y a quelque chose de cet ordre-là, en effet, par exemple dans Tu fais ton âge ou dans Sucrer les fraises).

 

Des chansons que j'aime particulièrement ?

 

-Suzanne. Sans doute ma préférée de tout l'album. On ne sait pas bien à qui s'adresse cette chanson qui est aussi et surtout un cri déchirant (« Réponds-moi, Suzanne »). Suzanne ou le fantôme qui, bien qu'absent, prend toute la place ? Va savoir... Désormais, tout comme Leonard Cohen, LGS aura sa Suzanne à elle, une Suzanne qui n'a rien à envier à la grande qui l'a précédée...

 

-Ma radio. Il paraît que la grande Sophie se réveille avec la radio, qu'elle a un poste dans toutes les pièces et que suivant l'endroit où elle se trouve, ce n'est pas la même station qu'elle écoute.

 

-Ne m'oublie pas : cette chanson, vous l'avez peut-être déjà entendue. Si c'est le cas, je suis bien certaine qu'elle vous a ensuite trotté longuement dans la tête !

 

-Peut-être jamais, balade mélancolique dédiée à un amour qui a sans doute été et ne sera peut-être jamais plus, sauf, éventuellement, «dans une autre vie, une autre fois, un autre monde, un autre endroit, une autre chance ». Va savoir...

 

-Sucrer les fraises serait un peu à la grande Sophie ce qu'est Animal en quarantaine à HFT... Une réflexion sur le temps qui passe (tout comme Tu fais ton âge), sur la mort, et c'est triste, et c'est doux à la fois... (Je note d'ailleurs que c'est Animal en quarantaine que la grande Sophie chantait sur le CD-hommage à Thiéfaine, Les fils du coupeur de joints).

 

Voilà un album qui vous porte, vous transporte... Vers vos fantômes, vers les places qu'ils ont laissées immensément vides, immensément inoccupées, immensément absurdes... Merci, Sophie, de nous réconcilier un moment avec nos drames... De nous en parler comme on le ferait entre amis, autour d'un café qui réchauffe.

 

Voilà un album qui vous berce, vous promène, vous « trémousse » aussi, parfois ! Car il n'y a pas que de la mélancolie par ici, il y a aussi du rythme ! Et on peut d'ailleurs savamment marier les deux, c'est un des talents de la miss Sophie !

 

Voilà un album qui vous réconcilie avec vos rides !! Il n'y a plus de honte à faire son âge !!

 

09/02/2012

Suppléments de mensonge : Chanson n°11, Quebec November Hôtel

La pensée du jour : "Qu'est-ce que toute vie ? Soleils brefs et sommeil.

Tout ce que tu penses, emploie-le

A ne pas trop penser". Fernando PESSOA

 

 

"It is like being mailed into space". Sylvia Plath (dans le livret de l'album, cette phrase est citée avant les paroles de la chanson "Quebec November Hotel").

 

QUEBEC NOVEMBER HOTEL

 

Le ciel bleu sur le Saint Laurent

semble jaillir de l'océan

et je me refais la banane

les yeux masqués sous mes Ray Ban

2700 tours cap nord-est

balises à l'ouest d'Halifax

Nouveau Brunswick je fais de mon best

pour me recentrer sur mon axe

 

Fox Quebec November Hôtel

je gèle ben raide dans mon Dornier

Fox Quebec November Hôtel

Ok je monte à 2000 pieds

 

direction Saint-Pierre-et-Miquelon

je slow bine face à la mousson

je toffe les runs j'sus sur le go

ben d'équerre dans mon lumbago

faut qu'je pense à mes aiguillages

à ma benzine faut que j'abreuve

mes 700 cheveaux dans les nuages

avant la tempête à Terre-Neuve

 

Fox Quebec November Hôtel

je gèle ben raide dans mon Dornier

Fox Quebec November Hôtel

Ok je monte à 2000 pieds

Fox Quebec November Hôtel

je gèle ben raide dans mon Dornier

Fox Quebec November Hôtel

Ok je monte à 2000 pieds

 

(H.F. Thiéfaine / Dominique Dalcan)

 

Voilà une chanson que personnellement, je n'aime pas des masses... Qu'en est-il pour vous ?

En vrac : -Aujourd'hui, à 11 heures, ne manquez pas "Les affranchis" sur France Inter, Thiéfaine y sera l'un des invités !

-Quand retournez-vous voir HFT ? Pour ma part, ce sera dans un peu moins d'un mois : le 8 mars, au Galaxie, à Amnéville.

 

 

01/02/2012

Extrait de Chanson magazine n°14 (suite et fin de l'interview)

La pensée du jour : "J'aime trop mes doutes et mes contradictions pour m'accrocher à des mots d'ordre". Hubert-Félix THIEFAINE

 

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« Un vendredi 13 à 5 heures »... ça fait quoi d'écrire une chanson sur sa mort ?

 

Ça fait marrer. Je trouve amusant de penser à ma mort. C'est rassurant. Je crois que c'est un signe de santé : prendre du recul par rapport à soi-même, par rapport à ses prétentions. C'est dire comme Higelin : « J'suis qu'un grain de poussière ». L'idée de la mort, c'est un refuge.

 

 

Tu vois ça comme un refuge ?

Le ventre maternel étant à sens unique :... J'espère trouver le même confort dans la mort.

 

 

 

Tu m'as dit rassurant tout à l'heure.

C'est absolument rassurant !!! Si tu me donnais l'immortalité, je crois que je me flinguerais sur-le-champ. Tandis que 70 ans, c'est pénible, mais ça reste vivable ! Je suis toujours surpris par les personnes qui se sentent provoquées à chaque fois que je parle un peu de la mort. Et ces gens-là ne me semblent pas très vivants, en fait ! Ayant nié cette idée, ils sont complètement paniqués dès que la mort arrive très près d'eux... Enfin, c'était juste une parenthèse, je n'aime pas parler des autres... Et puis merde ! Je ne sais pas pourquoi on insiste : ma chanson est suffisamment claire ! Pour une fois !

 

 

 

Il y a ou il y a eu une quelconque recherche mystique de ta part ?

Aïe ! Aïe ! Aïe ! Je ne sais pas si le mot mystique est approprié. Peut-être à 12 ans quand j'hésitais entre footballeur, pompier, ou Saint François d'Assise. Excuse-moi, je ne sais plus ce que le mot mystique veut dire !

 

 

 

Il t'est arrivé de te fondre dans une idéologie quelle qu'elle soit ?

Non merci, sans façon !

 

 

Tu n'as jamais mordu à quoi que ce soit ?

Il m'est parfois arrivé d'être sympathisant... Mais toujours de façon momentanée... J'aime trop penser par moi-même... J'aime trop mes doutes et mes contradictions pour m'accrocher à des mots d'ordre. A ce niveau, je préfère déconner tout seul.

 

« Alligators 427 », « 113ème cigarette sans dormir », « Chambre 2023... » Il y a toujours beaucoup de chiffres dans tes chansons...
J'ai toujours été nul en math ! C'est une façon de me rattraper ! J'essaie d'utiliser les chiffres autrement... Il y a une magie des chiffres qui me trouble. Par magie, j'entends tous ces événements inexplicables et curieux qui surgissent parfois dans ma vie, notamment quand je suis disponible... Ce que j'appelle « effets magiques »... et ça se passe comme s'il y avait une logique quelque part... que je ne comprends évidemment pas... ça semble absurde de dire ça en 85...

 

Dans « Femme de Loth », je dis : « où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil »... Pour moi, c'est imaginer que l'humain n'est pas encore abouti, que son cerveau est comme un moteur en rôdage et qu'un jour, peut-être, il va finir par se débrider... Toutes ces choses que j'appelle aujourd'hui « effets magiques » parce que incompréhensibles, pourraient alors devenir aussi claires que le fait d'admettre que la terre est ronde !

 

Propos recueillis par Catherine Monfajon

 

Voilà. Cette fois, c'est fini, vous avez l'interview dans son intégralité. Merci à l'internaute qui me l'a envoyée si gentiment et m'a juste demandé une petite chose en retour : évoquer la salle "A thou bout d'chant", située à Lyon. C'est chose faite !

29/01/2012

Extrait de chanson magazine n°14 (suite de l'interview)

La pensée du jour : "On est et on demeure esclave aussi longtemps que l'on n'est pas guéri de la manie d'espérer". CIORAN

 

 

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Suite de l'interview, donc :

 

Quelles sont les raisons de ton silence obstiné face aux média ?
Disons que mes relations avec les média font partie des choses qui ne m'intéressent pas.

 

 

 

Ton refus de faire toute promotion...

Je ne le refuse pas complètement. La preuve c'est que je suis là.

 

 

Tu te sens proche d'un mec comme Manset ?
Par la discrétion sans doute. Je suis comme lui du Crabe, et même ascendant crabe. Planeur, introverti... Le mieux pour un cancérien, c'est qu'on lui foute la paix !

 

 

 

Ça veut dire que tu regrettes d'avoir fait certaines choses comme « Les enfants du rock » l'an dernier ?

Non, je l'ai fait, je l'ai fait. J'ai tendance à devenir amnésique quand ça m'arrange. Le seul regret vis-à-vis de cette émission, c'est d'avoir laissé les types de la télé saccager notre son de scène... Et puis ces interviews dont les questions étaient coupées, ça ne voulait plus rien dire ! Bon, passons !

 

 

 

Ces pochettes de disques où l'on ne te voit jamais, ces télés où tu ne fous jamais les pieds, c'est une envie de rester inconnu ?

Comme disait ma grand-mère en 1922, pour vivre heureux, vivons cachés... C'est une façon de jouer à cache-cache. Une façon aussi de suivre ma propre nature. Je l'ai déjà dit, dans la vie, je suis un mec relativement discret.

 

 

 

Ça veut dire quoi pour toi, « arriver » dans ce métier ?

Ah ! Tu vois, je ris ! Arriver où ? Arriver à quoi ? C'est complètement dérisoire. Je ne me suis jamais dit : « Putain ! Je suis arrivé ! » Attention, je ne nie pas le plaisir narcissique que j'éprouve à jouer devant un public nombreux. N'oublie pas que j'ai commencé avec cinq spectateurs ! Faut pas déconner non plus : c'est toujours plus intéressant de réussir dans son truc que de perdre. Seulement, ça ne résout pas tout. C'est pas vraiment la panacée.

 

 

Mais quand tu étais devant cinq spectateurs, ton but était d'arriver à 3000 ?

Non, c'était surtout d'arriver à en vivre et sortir de la dèche. Et puis aussi de corriger mes défauts. Je sentais très bien que j'en étais encore à une phase brouillon et qu'il me fallait bosser !

 

 

Sur ton dernier disque, certaines chansons proposent des images plus immédiates parfois, qu'avant...

D'une façon générale, j'essaie d'être plus simple ! Alors ça se ressent aussi dans ma façon d'écrire ! Souvent quand je commence une chanson, je pars en écriture automatique, ce qui me donne des associations d'images assez jolies mais pas toujours très compréhensibles. Alors, dans un deuxième temps, j'analyse et je corrige en réorganisant le tout pour que ce soit logique. Je crois qu'aujourd'hui je contrôle de mieux en mieux cette phase. Depuis Dernières balises, mes images sont de plus en plus claires... Sauf évidemment pour les amateurs de « reader digest » qui m'ont définitivement classé chez les hermétiques.

 

 

 

On a l'impression que cet album reste dans la même « veine » que les deux précédents. Or la dernière fois, tu m'avais dit que tu pensais « sortir du noir »... (voir Chanson n°4).

Il ne faut pas toujours m'écouter... Je dis beaucoup de conneries ! Je crois qu'à cette époque, je me faisais beaucoup d'illusions. Je prenais souvent mes rêves pour des réalités. Sortir du noir pour moi, c'était imaginer les terriens pleinement heureux, intelligents, brillants... Hé oui ! Je suis naïf ! Aujourd'hui je me force à moins planer et à côtoyer un peu plus fréquemment le réel – ce qui ne veut pas dire que je ne rêve plus. J'aime bien ma naïveté. Pour répondre à ta question, il y a quelques années, j'avais fait une sorte de plan : je vais faire ça, puis ça et ça. En fait, ça s'est passé autrement. Personnellement je ne trouve pas cet album vraiment noir. Tout dépend de ce qu'on appelle noir !

 


 

 

C'était quoi « faire ça » ?

C'était une trilogie. Partant de Dernières balises, qui est quelque chose d'assez sordide et souterrain, je voulais parvenir en trois albums à la big montagne nietzschéenne. C'était retrouver « les fous dansant sur la colline » dont parle Jim Morrison dans un de ses poèmes. Mais j'ai perdu la foi en cours de route. Je n'aime plus les prophètes.

 

 

Et cette fameuse énergie dont tu me parlais ?

Je fais confiance à mon instinct de survie. Il est plus fort que je le pensais. C'est là où je mets mon énergie.

 

 

Tu me dis que cet album est moins noir, et tu as pourtant une position plus « dure »...

Je ne cherche pas à faire des disques plus noirs, moins noirs, plus blancs, ou en couleurs... J'essaie seulement de suivre mon inspiration du moment. Je fais les choses intuitivement, je ne suis pas toujours à me torturer les méninges !

 

 

Est-ce que ta démarche est de détruire toute illusion pour ne pas être déçu ?

Non, ce n'est pas ça. Ce serait plutôt le refus de me charger inutilement. Ce n'est pas la question d'avoir peur d'être déçu, mais seulement de garder l'esprit disponible. Et puis le vrai problème n'est pas là... On ne peut pas tout expliquer non plus.

 

Il y a quelque chose dont tu es sûr ?

Oui. La nature, l'amour et la connerie humaine.

 

Cela me plaît de finir sur ces mots aujourd'hui ! Décidément, cette interview est formidable. Il y a là tout Thiéfaine, son auto-dérision ("Il ne faut pas toujours m'écouter... Je dis beaucoup de conneries !"), son refus de se lancer, au sujet de ses oeuvres, dans des explications de texte kilométriques, sa grande culture aussi.

"Comme disait ma grand-mère en 1922" me fait forcément penser à une chanson qui viendra plus tard ("Portrait de femme en 1922").

Si, parmi vous, quelqu'un a le poème de Jim Morrison dans lequel il est question des "fous dansant sur la colline", je veux bien qu'il le mette dans les commentaires ou me l'envoie.

 

 

28/01/2012

Extrait de Chanson magazine n°14 (suite)

img111.jpgLa pensée du jour : "Rien ne rend modeste, pas même la vue d'un cadavre". CIORAN

 

 

 

 

 

 

Comment avez-vous réagi face à la fameuse rumeur : « Thiéfaine est mort » ?

En ressuscitant le troisième jour !

 

D'où vient cette rumeur ?

Je n'en sais absolument rien... et je m'en fous ! N'importe quel idiot peut lancer n'importe quelle rumeur, c'est facile.

 

La première fois que tu as entendu cela ?

J'ai rigolé. Dans la rue on me prenait pour un fantôme. C'est normal, j'ai toujours été un peu zombie !

 

 

Titre de ton album : « Alambic/sortie sud »...

Je trouvais ça joli. A l'origine, c'était le titre d'une chanson.

 

 

« Sortie sud » ne signifie rien de spécial ?

Chez les Indiens d'Amérique, particulièrement chez les Sioux du Dakota, le sud, le grand sud, c'est la mort.

 

 

Castaneda en parle également. Et alambic ?

C'est un bel instrument pour distiller la gnôle ! Ce qui m'emmerde dans les interviews, c'est que souvent on me demande d'expliquer des choses qui me viennent intuitivement !

 


Choisir de revenir sur scène seulement l'an prochain, ce n'est pas intuitif, ça ?

J'ai l'avantage de me connaître en dehors de la scène et, sans micro dans les mains, je me trouve pas mal non plus !!! La scène c'est bien si l'on n'en abuse pas ! Je crois que ces dernières années, j'ai fait quelques excès... Aujourd'hui je veux prendre mon temps !

 

Deux noms sur ta dernière pochette : Thiéfaine et Mairet, qui a écrit quelques musiques depuis ton deuxième album ainsi que les arrangements depuis le quatrième...

Le titre de l'album se présente comme le titre d'une chanson avec, entre parenthèses, les noms de l'auteur et du compositeur. J'avais envie de dire comment le disque s'était fait et notamment d'insister sur le travail de Claude.

 

Pourquoi as-tu cessé d'écrire toute musique ?

La flemme sans aucun doute ! Non, la vérité, c'est qu'à la suite d'un accident, je suis resté presque un an sans pouvoir jouer de guitare et je n'ai jamais réussi à m'y remettre comme avant... Et puis surtout, je voulais faire cette expérience de collaboration totale avec Claude... depuis très longtemps d'ailleurs.

 


Sur cet album, à part Claude Mairet, sont absents tous les musiciens qui t'ont suivi jusqu'à présent...

Jason (surnom de Michel Richard, guitariste, arrivé sur la tournée de l'an dernier) continuera à travailler avec nous, sinon ben ... oui ... on ne peut pas toujours vivre et travailler avec les mêmes gens. Avec les anciens musiciens, ça ne collait plus très bien, ça tournait à la routine, il fallait qu'on se sépare !

 

27/01/2012

Extrait de Chanson magazine n°14

La pensée du jour : "Quand, au lever, on est mal luné, il est inévitable qu'on aboutisse à quelques découvertes atroces, ne fût-ce qu'en s'observant". CIORAN

 

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Voici ce soir le début d'une petite série bien sympathique !! Un thiéfainaute m'a envoyé une interview de Thiéfaine, datant de février 1985. Une interview parue dans le magazine Chanson, dont le rédacteur en chef n'était autre que Jean-Louis Foulquier !



STILL ALIVE ! HUBERT-FELIX THIEFAINE

 

Sus aux rumeurs ! Rangez vos chrysanthèmes ! L'artiste est toujours vivant, déteste toujours autant les interviews et nous en accorde une en exclusivité !

 


Secret et discret, Thiéfaine ne cherche pas à faire parler de lui. Il écrit ses chansons, les chante, et ne veut surtout pas avoir à expliquer quoi que ce soit. Il ne renierait sans doute pas cette dernière chanson de Couture : « Mille interviews pour lever le voile comm' s'il fallait que j'avoue un secret d'étoile ... »

 

Thiéfaine se tait. Et le voilà flanqué de quatre disques d'or. Les média peuvent aller se coucher. Thiéfaine se tait. Et voilà que depuis un an, les bruits les plus fous courent sur lui. La rumeur s'enflamme. Ça devient franchement délirant. Le courrier adressé à Chanson a pour refrain systématique : « On m'a dit que Thiéfaine était mort, c'est dégueulasse, personne n'en a parlé... » !!! Voir plus loin la réaction de la personne concernée... Laquelle refuse de se plier au petit jeu impliquant les balades télévisuelles et journalistiques à n'en plus finir. La belle occasion pour dire que l'artiste, devant son succès croissant, se prend la « grosse tête »...

 

Ceux qui l'ont un jour croisé vous parleront peut-être de la certaine simplicité de l'individu. Celui-là ne bave pas de prétention pour qu'on le supplie d'ouvrir la bouche; il rêve simplement qu'on lui foute la paix. Mais quand on persiste à faire des disques ravageurs, il faut s'attendre à devoir rendre des comptes !

 

Après trois albums déconnants, où les musiques oscillent entre le folk et le rock, où les textes se gargarisent d'humour noir tout en laissant parfois percer beaucoup de rage et de violence (voir Alligators 427), ont suivi deux disques d'une franche couleur rock, rock à la fois nerveux et limpide se mariant admirablement avec un univers complètement sombre où la dérision a pris ses cliques et ses claques. « On peut tout cacher derrière le rire et l'ironie jusqu'au jour où il n'y a plus rien parce qu'on a tout détruit », nous disait Thiéfaine l'an dernier pour expliquer cette coupure. Passer outre les tabous d'une société qui cache soigneusement tout désespoir et états suicidaires, en parler lui semblait une démarche importante pour ne pas « perdre son énergie à faire semblant de vivre ».

 

Dans Les dingues et les paumés, il écrit un tableau saisissant de la folie : « Ce sont des loups frileux au bras d'une autre mort piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal... » Quand souffrance et désespoir arrivent enfin à être exprimés et non plus refoulés...

 

Aujourd'hui, après le « live » de 1983, sort son sixième album Alambic/sortie sud. Dans ce disque où l'on ne peut s'empêcher de sourire devant certaines expressions fatales comme « la terre promise en kit », la lucidité est tout aussi présente, sinon davantage qu'avant. Celui qui écrit « j'ai ma bombe à étrons et j'ai mes droits de l'homme et j'ai ma panoplie de pantin déglingué » ne peut être étranger à quiconque s'est un jour demandé ce qu'il foutait sur cette planète où le règne d'Ubu roi ne semble pas près de s'achever.

 

Les textes ne se privent toujours pas d'être parfois hermétiques, d'être parfois sordides, d'être souvent violents et souvent d'une particulière intensité. Loin d'être rassurant, Thiéfaine continue d'être dérangeant et dans une certaine mesure provocant.

 

Tous ceux qui se sont un jour plongés dans Nietzsche, Céline, Lautréamont, Castaneda et quelques autres ne peuvent que ressentir parfaitement ce disque et les précédents. Je précise que les noms cités ne sont pas des références destinées à étiqueter Thiéfaine, celui-ci poursuivant sa propre démarche.

 

Une dernière chose, cette interview s'est déroulée dans la décontraction et fut ponctuée de pas mal de rires. Ceci pour dire que Thiéfaine est de ces artistes qui aiment parler sérieusement, sans pouvoir pour autant se prendre au sérieux.

 

 

 

24/01/2012

Deux bonnes nouvelles

La pensée du jour : "L'allemand est une langue injustement décriée". Gérard MORDILLAT

 

 

Nous, les doux dingues qui suivons fiévreusement HFT depuis de longues années, qui sommes toujours prêts à commettre toutes les folies pour avoir le plaisir de voir le Jurassien sur scène, nous avons bien des raisons d'ouvrir une bouteille de vin jaune en ce début d'année ! Premièrement, Thiéfaine sera à l'Olympia le jeudi 22 novembre. Les billets seront mis en vente samedi prochain, dès 10h du matin. Et je serais bien curieuse de savoir combien il s'en vendra ne serait-ce qu'en deux heures de temps... Pour ma part, j'hésite : dois-je acheter mon billet maintenant, alors que je ne sais même pas quel sera mon emploi du temps de l'année scolaire 2012-2013 ? Ce serait un peu fou, non, de me procurer le délicieux Sésame dans quelques jours ?! Mais ne serait-ce pas plus fou encore de ne pas l'acheter et de risquer de me retrouver le bec dans l'eau plus tard ? Je cogite sec, je vous le dis ! En même temps, d'une façon générale, en ce qui concerne HFT, j'ai rarement cogité très longtemps, préférant ici donner la priorité aux élans du cœur !!!

 

« Premièrement », disais-je. C'est donc qu'il y a un deuxièmement. Oui, même s'il a tardé à venir ! Deuxièmement, donc, dans la liste des réjouissances de ce début d'année : le 3 mars prochain seront célébrées les Victoires de la musique. HFT apparaît dans plusieurs catégories : « Spectacle / tournée de l'année » avec son « Homo Plebis Ultimae Tour », « artiste masculin de l'année » et « album de l'année » avec Suppléments de mensonge.

 

Ces Victoires de la musique vont venir réparer de malheureux oublis médiatiques, je vous le dis ! Moi qui avais pris la ferme résolution de ne plus m'embarrasser la vie avec cette foutue télé, et encore moins avec les Victoires de la musique, souvent trop conventionnelles à mon goût, pour ne pas dire consensuelles, je suis la première à dire aujourd'hui : « tous à nos postes de télévision le 3 mars ! »

 

 

Allez, pour finir, un peu de Sylvia Plath (encore un extrait des Journaux : les lignes qui suivent ne sont pas très gaies, mais permettent de pénétrer davantage dans l'âme de cette femme) :

 

« Je ne peux me contenter de ce travail colossal que représente le fait de simplement vivre. Oh non, il faut que j'organise la vie en sonnets et sextines, et procure un réflecteur verbal à l'ampoule de soixante watts que j'ai dans la tête. L'amour est une illusion, mais j'y succomberais volontiers si je pouvais y croire. Tout à présent semble lointain et triste et froid, comme un morceau de schiste au fond d'un canyon – ou bien alors chaud, proche et sans discernement, comme le cornouiller rose. Si seulement je pouvais penser clairement et brillamment, vivre, aimer et le dire bien, dans de belles phrases. Si seulement je pouvais un jour savoir qui je suis, et pourquoi j'accepte ainsi quatre années à être nourrie, logée, rendre des devoirs et passer des examens, sans m'interroger plus que ça. Je suis fatiguée, banale, et voilà que non seulement je deviens monosyllabique, mais tautologique en plus. Demain est un autre jour vers la mort (qui ne pourra jamais m'arriver parce que je suis « je » - qui s'écrit comme invulnérable). Avec du jus d'orange et du café, même un embryon de suicide s'éclaire sensiblement ».

 

 

 

15/01/2012

Méthode de dissection : une autre artiste citée dans le livret de Suppléments de mensonge

La pensée du jour : "ça recommence, je ne peux m'empêcher de méditer sur la manière dont l'individu est prisonnier dans la cellule de ses propres limites". Sylvia PLATH

 

 

Née en 1932 dans le Massachusetts, d'une famille d'origine allemande et autrichienne, Sylvia Plath fit des études brillantes à Smith College et à Cambridge, en Angleterre. En 1940, son père meurt; cette mort marquera toute son œuvre. En 1953, elle tente de se suicider; elle fera plusieurs séjours en établissements psychiatriques. Elle épouse Ted Hughes en 1956. De son vivant ont paru un recueil de poèmes, Le Colosse, et un roman, La Cloche de détresse. Ariel (1965) suivi de La traversée et d'Arbres d'hiver (1971) la placent parmi les plus grands poètes anglo-saxons contemporains.

 

Sylvia Plath s'est suicidée en 1963, à l'âge de 31 ans, laissant deux enfants.

 

Ainsi commencent les Journaux que Sylvia Plath a tenus entre 1950 et 1962 :

 

(Avant d'entrer à Smith à l'automne, Sylvia Plath avait pris un emploi pour l'été : elle travaillait aux champs à Lookout Farm dans la campagne du Massachusetts).

 

Juillet 1950. Peut-être ne serai-je jamais heureuse, mais ce soir, je me sens comblée. Il suffit d'une maison vide, d'une chaleur et d'un brouillard de fatigue après une journée passée à planter des fraisiers au soleil, d'un verre de lait frais sucré et d'une petite assiette de myrtilles noyées de crème. Maintenant je sais comment les gens peuvent vivre sans livres et sans université. Quand à la fin de la journée on est si fatigué que l'on doit dormir, et le lendemain matin à l'aube il y a d'autres fraisiers à planter, et la vie continue ainsi, près de la terre. Dans de tels moments, il serait ridicule d'en demander plus.

 

Plus loin, on trouve :

 

J'éprouve parfois le sentiment d'attendre quelque chose, qui serait là, presque à portée de compréhension, juste sous la surface, prêt à être saisi. C'est un supplice comparable au fait d'avoir un nom sur le bout de la langue. J'éprouve ce sentiment lorsque je pense aux êtres humains, lorsqu'on m'arrache des dents de sagesse et que cela me fait songer à l'évolution de l'espèce, la mâchoire étant devenue plus étroite de ne plus avoir à mâcher des nourritures si dures. Le corps humain de moins en moins poilu. Et l'œil de l'homme qui s'adapte à la finesse du caractère imprimé, au mouvement délié et coloré qui caractérise le XXème siècle. Me vient ce sentiment, vague et obscur, lorsque je réfléchis à l'adolescence prolongée de l'espèce : les rites de la naissance, du mariage et de la mort; toutes ces cérémonies primitives et barbares qui ont survécu en s'affinant jusqu'à l'époque contemporaine. La pureté de la bestialité aveugle me semble presque préférable. Quand je médite ainsi, je sais qu'il y a là quelque chose qui m'attend. Un jour peut-être j'aurai une révélation, et je verrai l'autre côté de cette farce monumentale. Alors je pourrai rire. Alors je saurai ce que la vie signifie.

 

(...)

 

J'ai le choix entre deux attitudes : bonheur dans l'action constante, ou passivité et tristesse dans l'introspection. Ou alors je peux devenir folle en ricochant de l'une à l'autre.