21/04/2012
Article paru dans L'Est Républicain ce matin
La pensée du jour : "La faim qui me tenaille
il est rare qu'elle me hisse
jusqu'à l'inoubliable festin
le plus souvent elle me voue
aux heures grises de l'attente
aux terres désolées de l'ennui". Charles JULIET
Voici l'article paru ce matin dans L'Est au sujet du concert (grandiose) d'hier soir.
Salle comble, hier, à la salle des fêtes de Vandœuvre pour Thiéfaine
Fascinant Hubert-Félix
Une file d'attente qui s'allonge sur des centaines de mètres dans la rue jouxtant la salle des fêtes, il y a des signes qui ne trompent pas. Il est 18h30 et l'agitation est palpable devant la salle municipale. Une soirée à guichets fermés.
Hubert-Félix Thiéfaine entamait, hier soir, une série de concerts dans l'Est de la France après un passage en Suisse.
Sa tournée s'intitule « Homo Plebis Ultimae Tour ».
Il y a ceux qui avaient découvert les pépites de « Suppléments de mensonge » lors de ses concerts au Zénith de Nancy et au Galaxie d'Amnéville, mais cette fois, c'est auréolé des Victoires de la Musique qu'il se présentait devant les Lorrains.
Costume noir chemise blanche impeccable, le Jurassien est apparu en bonne forme.
Avec « Annihilation », « Fièvre résurrectionnelle » et « Lorelei », HFT a vite mis le feu aux poudres.
« Les dingues et les paumés »
Avec « Infinitives voiles », il a dévoilé la quintessence de son dernier album. « Garbo XW Machine », « Petit matin 4.10 heure d'été », la « Vamp orchidoclaste » et la fameuse « Ruelle des morts » qui cartonne déjà, illustrent sa mélancolie légendaire.
HFT a aussi chanté les inclassables « Les dingues et les paumés » et ses thèmes phares : sexe, drogue, alcool et déprime.
40 ans de carrière et 17 albums plus tard, l'artiste fascine encore plus ses fans qu'à ses débuts et ce public aujourd'hui, il couvre toutes les générations.
Porté par des musiciens de tout premier plan, Marc (basse), Alice (guitare), Bruce (batterie), Christopher (clavier), HFT ponctuait sa sortie vandopérienne avec un titre d'anthologie, «La fille du coupeur de joints ».
Un vrai élixir de jeunesse pour tout un public.
10:55 | Lien permanent | Commentaires (6)
07/04/2012
"Le chevalier, la mort et le diable s'enfuient des pinceaux de Dürer"...
La pensée du jour : "L'ombre passée, il se dit que, malgré ce voile, il leur demeurait un sursis avant le temps des ossements. Qu'il fallait somme toute les cueillir, ces nom de Dieu de roses de la vie !" René FALLET
Mardi, j'étais à Munich, et je suis allée à la "Alte Pinakothek", où j'ai pu enfin voir ce magnifique autoportrait de Dürer... Là-bas, j'ai pensé qu'il serait sympa de consacrer, à mon retour, une petite note à ce peintre et graveur. Et même d'écrire une série de notes sur la peinture dans les oeuvres de Thiéfaine ! Mais là, j'ai besoin de votre aide, les références ne me viennent pas si facilement ce soir, à part "l'atelier de Hieronymus Bosch".
Albrecht DÜRER : peintre allemand. Né à Nuremberg le 21 mai 1471, mort dans cette même ville le 6 avril 1528.
Fils d'Albrecht Dürer, orfèvre, il fit son apprentissage dans la boutique paternelle qu'il quitta le 30 novembre 1486 pour passer dans celle de Michael Wohlgemut. Au printemps de 1490, ses études terminées, il entreprit un voyage qui, par l'Allemagne et la Hollande, l'amena à Bâle où il fit ses premiers essais de gravure sur bois. Vers la fin de 1493, il est à Strasbourg, et au printemps de l'année suivante de nouveau à Nuremberg où il se mariera quelques mois plus tard; c'est en automne 1494 que se situe son premier court voyage en Italie (à Venise et peut-être à Padoue, Mantoue et Crémone) qui le mit en contact avec l'art vénitien de la première Renaissance. Le retour dans son pays, au début de 1495, marque le début d'une période d'intense et fructueuse activité en peinture et en gravure, encouragée par la protection de Frédéric le Sage, électeur de Saxe; c'est en effet à ces années-là qu'appartiennent les séries xylographiques de L'Apocalypse (Apokalypse), de La Grande Passion (Die Große Holzschnitt-Passion) et de La Vie de la Vierge (Marienleben). La Vie de la Vierge sera diffusée en Italie également, par les copies au burin effectuées par Marc Antonio Raimondi.
A partir de 1500 environ, Dürer, pour compléter sa culture personnelle d'artiste de la Renaissance, se mit aux études théoriques, et en particulier à celle de la perspective et des proportions de l'homme et du cheval; il n'en continua pas moins, d'ailleurs, son observation attentive des moindres détails de la nature. Quelques-uns de ses plus célèbres dessins et aquarelles, telle la fameuse Motte de terre, sont de ces années-là, pendant lesquelles sa technique de graveur devient, elle aussi, plus riche et plus complexe, comme le montrent le Saint Eustache et la Grande Fortune (Das große Glück, 1501-1502). En 1505, Dürer se trouve de nouveau à Venise, où il obtient la commande de la Madone du Rosaire (Die Madonna mit dem Zeisig) pour l'église Saint-Barthélémy : c'est une grande toile (actuellement au musée de Prague) où transparaît l'influence de Giambellino. Le Christ au milieu des docteurs (Christus unter den Schriftgelehrten) contient des réminiscences de Léonard, évidentes dans les six gravures sur bois des Nœuds qui remontent probablement à la même année 1506. Son second et dernier séjour en Italie permet surtout à Dürer de parfaire ses études théoriques par une connaissance approfondie des idées de L.-B. Alberti, de Piero della Francesca et de Léonard de Vinci.
La période qui s'étend de 1507 – année de son retour en Allemagne - à 1514, marque une reprise de son activité de graveur au détriment de celle de peintre qui cesse complètement. Les 36 xylographies de la Petite Passion (Kleine Passion), commencée en 1509, et les seize gravures au burin de la Passion, publiées respectivement en 1511 et 1513, avaient certainement été commencées au cours des cinq années précédentes, probablement en même temps que les planches célèbres du Chevalier, la Mort et le Diable (Ritter, Tod und Teufel), du Saint Jérôme dans sa cellule (Hieronymus im Gehäus) et de la Mélancolie (Melancholie). La seconde décade du siècle correspond à la phase de l'art de Dürer la plus marquée par l'humanisme; en effet, vers 1512-1513, le peintre commence à rédiger ses ouvrages théoriques tandis qu'il ne dédaigne pas de s'inspirer, pour ses gravures et ses dessins, des œuvres d'auteurs classiques comme Philostrate et Lucien. La protection de l'Empereur Maximilien Ier, à partir de 1512, sert à lui assurer la commande des dessins pour l'Arc de Triomphe (Triumphzuge) et ceux pour le Char triomphal (Triumphwagen). Dürer obtient également la commande du portrait de l'empereur en personne, en, même temps que celui de Fugger le riche, puis celle des 45 illustrations marginales qui ornent Le Livre d'heures de Maximilien.
Mais cette heureuse période est interrompue par la mort de Maximilien en 1519; à la crise matérielle qui suit la perte de son protecteur vient s'ajouter, pour Dürer, la crise religieuse qui se termine par sa conversion au luthéranisme. Pour solliciter du nouvel empereur Charles-Quint la prorogation de sa pension, Dürer décide de le rencontrer et, en 1520, il part pour Aquisgrana où il assiste aux cérémonies du couronnement; de là, il poursuit vers les Pays-Bas, séjournant surtout à Anvers. Ce voyage lui permet de fructueuses rencontres avec des artistes flamands, dont il reste d'admirables témoignages dans la série des dessins à pointe d'argent de son carnet et dans les pages de son Journal. Les deux grands panneaux représentant les Quatre apôtres (Die vier Apostel), conçus à l'origine pour les volets d'un diptyque ou d'un triptyque (dont la partie centrale ne fut jamais achevée, sans doute pour obéir aux interdits de la Réforme), sont généralement considérés comme le testament artistique de Dürer, comme l'œuvre capitale qui clôt son activité à la veille de sa mort (ces panneaux ont été offerts à sa ville natale).
Dürer fut le premier artiste nordique à être influencé par les théories et par les expériences de l'Italie de la Renaissance.
22:20 | Lien permanent | Commentaires (16)
31/03/2012
Un compte rendu du concert de Gennevilliers
Pas le temps en ce moment de pondre des billets ou même de recopier des articles de journaux. En revanche, je vous invite à aller lire ici le compte rendu du concert de Gennevilliers :
http://perlicuisine.canalblog.com/
Je reviens ici dès que possible.
22:00 | Lien permanent | Commentaires (12)
23/03/2012
Supplément d'interview (suite et fin)
La pensée du jour : "Une plume
De l'encre
Du papier
Si c'est encore trop demander
Alors rien que du sable
Ou de la neige
Et un doigt
Pour y tracer
Un poème".
Bernard LORRAINE
Voici (enfin !) la suite et la fin de ce fameux supplément d'interview dont je vous ai livré une infime partie la semaine dernière. J'ai bien essayé de convertir la suite de mon document word pour le mettre sur le blog. Impossible. Du coup, je retape tout ici. Je vais connaître l'interview par coeur, je pourrai remplacer HFT en cas de besoin !!!!
Comment avez-vous rencontré Léo Ferré et quelles relations entreteniez-vous ?
Nous avions le même manager en Suisse. Il a pris l'initiative de nous réunir quelques jours chez Léo en 1985. J'étais statufié, je connaissais la moindre de ses chansons. Je le considérais comme mon maître, bien que théoriquement, ni dieu, ni maître ne pouvaient nous séparer. Léo voyait bien que j'étais complètement figé, intimidé, alors il a gentiment essayé de me débloquer. Je crois ne l'avoir jamais été totalement avec lui. C'était un être plein de tendresse et de gueulantes, dans la vie comme sur scène. Un jour, il m'a téléphoné. La veille, j'étais allé le voir sur scène à Dijon et nous avions à peine échangé quelques mots, lui fatigué, moi toujours intimidé. Au téléphone, il s'est mis à me parler : "Je t'aime, je t'aime vraiment beaucoup"... C'était sincère, je le sais, sa compagne m'a dit qu'il m'adorait. J'en suis encore retourné rien que de l'évoquer.
Vos chansons et vos titres sont truffés de chiffres, d'où vient cette obsession ?
J'étais nul en maths, c'est une vengeance... Non, en réalité, j'aime bien les chiffres, il y en a partout dans notre vie, alors pourquoi ne pas les utiliser ? On a des numéros d'adresse, des codes postaux, on paye des additions, on tape des codes... Et puis les chiffres, c'est de la poésie pour les mathématiciens si j'ai bien compris ce qu'écrit William Boyd. Alors, comme j'essaie d'écrire de façon circulaire, ils s'imposent à moi. Par exemple, je m'installe à la terrasse d'un bistrot en été, je note "été". Un type à côté de moi lit le journal, j'aperçois un titre : "635 morts", je note "635". Tout est dans le détail. J'entendais Roman Polanski le dire à propos de ses films. Il a raison. Un film travaillé dans le détail est infiniment plus agréable à regarder. C'est un peu ce que j'essaie de faire, d'où les chiffres, les marques, les médicaments...
Le cinéma est important pour vous ?
Très. J'allais à la Cinémathèque de Chaillot. ça coûtait cinq francs. ça ouvrait vers 3 heures de l'après-midi et on pouvait dormir jusqu'à 2h du mat'. Mais j'ai aussi vu beaucoup de films. Des trucs pas possibles. Le Warhol où la même image de clôture défile pendant trois quarts d'heure, tout Bergman, avec ses extraordinaires jeux d'ombre et de lumière. Je pense au Septième Sceau, notamment.
(Au sujet de ses débuts difficiles) Ce combat que vous avez mené vous attire un immense respect aujourd'hui. Vous le sentez ?
En filigrane, oui. Mais ça me gêne. Il y a une pudeur, je ne sais pas manipuler ce genre de situation. On me reproche d'être trop humble, en fait, je suis très orgueilleux. Mais je n'aime pas ce mot, ça me rappelle trop les curés.
Sur la pochette de votre album, vous remerciez les soignants qui se sont occupés de vous après votre burn-out : vous ont-ils ouvert à une humanité plus humaine que vous ne l'imaginiez ?
Je n'irai pas jusque là, non. Ils m'ont touché. J'ai trouvé en eux des qualités que j'apprécie chez les gens, qu'ils soient médecins ou artistes. Ils faisaient bien leur travail et arrivaient même à y rajouter un petit supplément d'âme, alors que leur profession est très malmenée.
Le jeune Hubert aurait-il pu imaginer que Thiéfaine deviendrait le plus éloquent défenseur de l'initiation au latin et au grec ?
(Rires) C'est vachement important, ne serait-ce que pour ne pas avoir l'air con. J'ai eu récemment des problèmes de racines de dents. Radios à l'appui, le stomatologue m'a parlé pendant une heure et quart, et je n'ai pu le suivre que parce que j'avais des notions de grec et de latin.
Se connaître soi-même et son corps. Le grec et le latin en seraient donc les meilleures clés...
On peut se passer du latin et du grec mais leur connaissance tire vers le haut. Ces langues mettent de la perspective, nous donnent une idée de l'humanisme et des civilisations qui nous ont précédés. Elles nous offrent une vision beaucoup plus large du monde.
Propos recueillis par Hugo Cassavetti et Olivier Milot
19:30 | Lien permanent | Commentaires (5)
15/03/2012
Supplément d'interview
La pensée du jour : "Dès que la conscience apparaît, l'homme est travaillé par la mort comme le bois par le ver". Georges PERROS
Légèrement énervée ce matin : à plusieurs reprises, déjà, j'ai essayé de publier cette note, mais elle ne passe pas.
Il y a quelque temps, Aska m'a signalé (et je l'en remercie) que sur le site de Télérama, on pouvait trouver une version enrichie de l'interview parue dans le n°3241 du même magazine. Mon idée : vous livrer ici ce supplément de questions-réponses. J'ai tapé deux fois l'interview, pour finalement la paumer !! En tout cas, je suis au top, je la connais par coeur ! 130 000 visites sur ce blog, c'est une immense satisfaction, mais combien de moments passés à m'énerver sur ce machin ?!!! Je ne suis pas une pro de la technique. Si ça ne marche pas du premier coup, je suis incapable de trouver les solutions adéquates !
Allez, pour l'interview, je fais une dernière tentative ce matin...
Pensiez-vous que cet album allait aussi bien marcher ?
Non. On ne sait jamais si un disque va se vendre ou pas. Quand j'ai terminé Suppléments de mensonge en décembre 2010, j'y croyais comme à chacun de mes albums. Ensuite, j'ai senti que Sony, ma maison de disques, accrochait vraiment, que l'album plaisait à ceux qui l'écoutaient, que les premiers retours des critiques étaient bons. A ce moment-là seulement, j'ai commencé à me dire qu'il se passait quelque chose. Mais, encore une fois, rien n'est jamais prévisible. Quand j'ai fait Dernières balises (avant mutation), je commençais à m'installer grâce à mes trois premiers disques, j'avais un petit public. Pourtant, j'ai tout cassé avec la quasi certitude de me planter, d'être viré par ma maison de disques. J'en avais des sueurs froides à la sortie de l'album. Ce sera mon premier disque d'or. Totalement inattendu.
Vous évoquiez tout à l'heure un "changement de vie", est-il lié au burn-out que vous avez fait à l'été 2008 ?
... J'ai abandonné Itinéraire d'un naufragé, l'album sur lequel je travaillais avant mon burn-out. J'en ai simplement repris deux chansons (Petit matin 4.10 heure d'été et Garbo XW machine) dans Suppléments de mensonge et trois autres en bonus sur le deuxième CD de l'album. Il reste encore d'autres titres sur cet album fantôme que je reprendrai peut-être un jour.
Allez, j'en reste là pour aujourd'hui. Pas la peine de taper l'interview dans son intégralité si c'est pour qu'elle disparaisse à jamais dans les limbes du néant !!
Je mettrai la suite ici dans les jours qui viennent.
09:40 | Lien permanent | Commentaires (5)
11/03/2012
Un article paru dans un journal luxembourgeois suite aux Victoires de la musique
La pensée du jour : "Dépêche-toi de rire
Il en est encor temps
bientôt la poêle à frire
et adieu le beau temps". Jean TARDIEU
Merci à 655321, qui m'a donné dernièrement un article paru lundi 5 mars dans un journal luxembourgeois gratuit, L'essentiel, suite aux Victoires de la musique. Je vous recopie ici l'intégralité de cet article. J'espère pouvoir récupérer celui du Républicain Lorrain, consacré au concert d'Amnéville.
Des Victoires pour les rebelles notoires
PARIS – Catherine Ringer, Hubert-Félix Thiéfaine et Orelsan triomphent aux Victoires de la musique.
Les 27èmes Victoires françaises de la musique ont sacré, samedi soir, à Paris, deux des voix les plus singulières de la chanson française longtemps oubliées de la cérémonie, Catherine Ringer et Hubert-Félix Thiéfaine, et salué l'ascension du rappeur Orelsan.
Hubert-Félix Thiéfaine a remporté samedi ses premières Victoires en quarante ans de carrière, celle de l'artiste masculin de l'année et celle de l'album de chansons pour Suppléments de mensonge. Cette première, malgré seize albums studio et une influence revendiquée par nombre de jeunes artistes, est à l'image d'une figure du rock indépendant qui a construit sa carrière à l'écart du star-système. Absent des télés, peu diffusé à la radio, peu connu du grand public, « HFT » est cependant capable de remplir les plus grandes salles.
Autre grande figure un peu oubliée des Victoires, Catherine Ringer a été sacrée artiste-interprète féminine de l'année. Emue, elle a remercié Fred Chichin « qui m'a tellement aidée et appris de choses ». Le guitariste des Rita Mitsouko et compagnon de l'artiste est décédé fin 2007 à l'âge de 53 ans d'un cancer fulgurant. En la récompensant, les Victoires de la musique ont salué une des voix les plus singulières de la chanson française. Autre grand vainqueur de la soirée, le rappeur Orelsan est reparti avec deux trophées, celui de la révélation du public et celui de l'album de musiques urbaines pour Le chant des sirènes. Cette double consécration de la profession et du public a un goût de revanche pour le jeune rappeur, souvent comparé à l'Anglais The Streets, après la polémique qui avait marqué ses débuts.
12:01 | Lien permanent | Commentaires (4)
09/03/2012
Thiéfaine à Amnéville hier soir
La pensée du jour : "Le moment présent est un cadeau dont je n'ai pas su profiter,
Je n'en connais pas bien l'usage, je le tourne dans tous les sens,
Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile". Jules SUPERVIELLE
Que dire et comment le dire ? Avant de poster ici mon énième compte rendu de concert, je m'interroge : y a-t-il des mots capables de retranscrire l'intensité de ce qui se joue avant, pendant et après un concert de Thiéfaine ? Vais-je parvenir au plus près de ce que j'ai ressenti ou bouclerai-je cette note avec une sale impression d'inachevé ?
Comment dire ? Avant chaque concert d'Hubert, j'ai la courbe de Gauss branchée sur du 200 000 volts (et comme je ne suis bonne ni en maths, ni en physique, je ne sais pas trop ce que ça donne, j'ai même la vague intuition que c'est un truc impossible, mais, littérairement parlant, l'image me plaît !!).
Comment dire ? Pendant le concert, le compteur explose. Il y a les petites phrases d'Hubert auxquelles on s'attend (par exemple : « au départ, quand j'ai fait le programme de cette tournée, j'ai voulu éliminer toutes les chansons qui parlaient d'alcool, de drogue, de sexe, de Dieu et de mort, mais au final, cela aurait fait un concert de douze minutes, alors je n'ai rien changé »). Il y a les petites phrases qu'on avait un peu espérées et qui arrivent comme des cadeaux : « Je voulais vous dire que ma plus belle récompense, ma plus belle victoire, c'était vous ». Alors là, quand Hubert se la joue à la Barbara, genre « ma plus belle histoire d'amour c'est vous » et tutti quanti, je fonds. Merci de nous dire merci. Il ajoute quelques mots sur ce qu'il perçoit en concert : des gens qui se déplacent régulièrement, et même en famille, pour lui. On le sent sincère, on le sent ému. Et cela nous retourne. Toutes générations confondues ! Pour ma part, presque vingt ans de fidélité à Hubert ! C'est avec lui que j'ai battu tous les records de longévité de ce côté-là !!!!
Je suis désordonnée aujourd'hui. Pardon, c'est l'émotion, les glandes lacrymales chahutées, le trop-plein d'affolement !!!
Hier, je suis arrivée à 19h30 au Galaxie. Les portes étaient déjà ouvertes. Petite crainte : et si les premiers rangs étaient déjà bien occupés? J'arrive dans la salle. Ça va, je m'attendais à pire. J'aperçois le Doc et vais m'installer derrière lui. Quelques mots échangés. Avec le Doc, et aussi à droite, à gauche, avec les personnes des premiers rangs.
Les lumières s'éteignent. Tristan Nihouarn arrive. J'avoue que comme durant toutes les premières parties des concerts de Thiéfaine, j'ai les écoutilles un peu ailleurs. Je réécouterai Tristan Nihouarn chez moi, plus tard, à tête reposée, car j'ai noté ici ou là des petits trucs susceptibles de me plaire. J'ai également, dans un coin de ma tête, la date de sortie de son album : 26 mars. Il est même fort possible que je l'achète. Mais pour l'heure, pleins feux sur Hubert !
Les musiciens arrivent. Toujours le même choc quand retentissent les premières notes d'Annihilation. Autre choc, réellement physique celui-là : deux bourrins me foncent dessus et me délogent, m'obligeant à passer au troisième rang. Je suis furibarde. Je tapote l'épaule d'un des deux lourdingues : « Dites donc, j'étais là avant ». « Pardon, on ne t'avait pas vue », me répond-il. Genre : je suis une chose insignifiante, un ectoplasme. Bravo messieurs, je vous décerne la palme de l'indélicatesse ! Faut-il vous rappeler que c'est la journée de la femme aujourd'hui ? En tout cas, si vous en avez une, de femme, je vous la souhaite orchidoclaste au possible !!! Ce ne serait que justice ! Merde alors !!
Voilà donc la première chanson un peu gâchée. Les deux types me font repasser au deuxième rang, l'un des deux tente une sorte d'étreinte. Et là, j'appelle le Doc au secours ! Je m'installe à ses côtés, tout devant ! A ma gauche, un jeune homme passionné, habité par les chansons de Thiéfaine, et avec qui je sympathiserai par la suite. Mais pour l'instant, je suis sur les nerfs. Je viens de perdre quelques minutes d'un concert quasi sacré à mes yeux. Attendu depuis ... ben depuis le dernier concert d'HFT en fait !!!!
Je mets quelques minutes avant de ne plus trembler de rage ! Les mots d'Hubert (« Ma plus belle récompense, ma plus belle victoire, c'est vous ») me permettent de me « recentrer sur mon axe ». Merci de nous dire merci !
Les chansons défilent. Petit tournant dans la tournée. Certains titres ont fait place à d'autres. Plus de Vamp orchidoclaste, plus d'Ombres du soir non plus. En revanche : Annabel Lee et Ad orgasmum aeternum. Une interprétation magistrale de cette dernière, d'ailleurs. Il faut dire aussi que c'est une de mes préférées depuis toujours.
Beaucoup d'émotion encore quand Thiéfaine s'assoit pour chanter L'étranger dans la glace. Décidément, cette « soufflerie où se terre le mystère inquiet des ondes et de l'asymétrie » me rappelle des souvenirs bien trop indélicats, coincés dans la gorge comme des sanglots étouffés...
Les chansons défilent, donc, et le public s'enflamme. La fille du coupeur de joints secoue la salle comme un tsunami. Nous voilà, comme dirait ma fille aînée, tout « avalanchés ». Tout chamboulés, quoi.
Un petit rappel. Les filles du Sud. Ah, depuis le temps que je l'attendais ! Je jubile. En revanche, les Ombres du soir manquent cruellement à l'appel. D'aucuns en cherchent la sortie, de cette chanson, ils la trouvent trop lente, trop lancinante, trop lassante. Moi, je pourrais l'écouter en boucle du matin au soir et y découvrir encore et toujours quelque subtilité...
Les lumières se rallument. L'occasion, pour moi, de discuter un peu avec mon voisin de gauche. Nous nous dirigeons ensemble vers le hall d'entrée. Le temps d'acheter un tee-shirt et un sac en toile (ben oui ! Groupie, peut-être, mais écolo !!)
Quelle magnifique équipe nous avons trouvée hier ! D'Hubert à Alice en passant par Bruce, Christopher et Marc, ils étaient tous en grande forme, contents d'être là, complices et détendus.
Voilà. J'ai parlé de ce qui se jouait avant chaque concert d'Hubert, j'ai tenté de vous faire un compte rendu pas trop lamentable de la soirée d'hier, et puisque nous voici arrivés au terme de cette note, il convient d'évoquer l'après... Après chaque concert d'Hubert, c'est ravages sur la courbe de Gauss, le « long retour au point zéro »... Les pieds, qui ne touchaient plus terre hier, redécouvrent aujourd'hui un sol inhospitalier. La tête plantée dans les étoiles hier, et à l'envers aujourd'hui. Maintenant, il va falloir veiller à ce que la redescente ne se transforme pas en vol plané. Le meilleur moyen pour y parvenir ? Je n'en vois qu'un : se lover dans la délicieuse attente du prochain concert d'Hubert !!!!
18:57 | Lien permanent | Commentaires (39)
07/03/2012
Interview parue aujourd'hui dans L'Est Républicain
La pensée du jour : "Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s'effrayer. ça passe". Jules RENARD
Flash-back sur les Victoires avec Hubert-Félix Thiéfaine. En concert ce jeudi au Galaxie, il sera également à l'affiche des prochaines Eurockéennes.
Nancy. Il y a un an pile, après la sortie de l'album Suppléments de mensonge, Hubert-Félix Thiéfaine disait : "Je n'ai pas envie d'être un has been, ni un never-been". Has been, il ne l'est assurément pas, même après 40 ans de carrière et 16 albums. Deux Victoires de la musique (artiste et meilleur album de l'année) viennent ce week-end de le démontrer... Flash-back avec le sexagénaire jurassien "bientôt jurassique", comme il plaisante.
Quel est votre état d'esprit après ces récompenses ?
On ne se laisse pas intimider. Je suis assez froid vis-à-vis de tout ça. Nominé, c'était déjà pas mal... Lors des nominations en décembre, mon staff m'avait dit : "On a une mauvaise nouvelle..." Le principal est d'avoir vu beaucoup de bonheur dans les yeux de tous mes collaborateurs.
C'est un honneur, une revanche ?
Il y a des choses qu'on organise soi-même dont on est responsable et qui correspondent au choix de nos vies. Et les choses qui arrivent et pour lesquelles on n'y est pour rien... Ce serait prétentieux de refuser ce genre de prix, et je n'aime pas un tel défaut. Ce prix, je le reçois avec beaucoup d'humilité. Mais j'ai un certain nombre de choses à faire dans ma vie, ça ne va pas changer grand-chose. Je suis en tournée, j'ai du plaisir à repartir, avec ce souci en moins (rires)... Les seules cérémonies que j'aime, ce sont mes concerts.
Cette visibilité aux Victoires va-t-elle élargir votre public, vers les jeunes notamment ?
On n'a pas attendu... Depuis le mois d'otobre, on remplit les salles partout. Il y a un paquet de jeunes et ils ont toujours été là. Il y a plusieurs générations, des familles qui sont là...
Aux Victoires, vous avez côtoyé la jeune scène française. Vous vous sentez en adéquation avec elle ?
Elle manque un peu de culture, la chanson française en ce moment. Moi, je ne fais que continuer ce qu'ont fait mes maîtres comme Ferré, Brel. Il y a un petit appauvrissement, c'est indéniable, sans vouloir tirer tous azimuts. Du lot, on peut sauver Archimède ou Thomas Dutronc. Ou Tristan Nihouarn (ex-Matmatah) qui fait ma première partie. Il ne faut pas avoir honte d'être à son niveau et de ne pas descendre. Il y a trop de chaînes populistes qui tapent le plus bas possible pour avoir le plus grand nombre de téléspectateurs. C'est d'une médiocrité absolument dérangeante !
Aubert, Voulzy, Ringer et vous, récompensés aux Victoires. En 2012, on se croirait encore dans les années 80, non ?
Je m'en fous complètement ! C'est peut-être encore ce qu'il y a de meilleur en ce moment, non (rires) ? Mais écoutez : élections en Russie, campagnes en France et aux USA, crise financière, panique en Grèce. On vit dans une période d'incertitudes à beaucoup de niveaux. Peut-être que les gens se tournent vers des valeurs qui existent déjà, qui ont fait leurs preuves. C'est ma petite analyse : dans les périodes troubles, on ne prend pas beaucoup de risques. Et puis, il faut arrêter les conneries, Catherine Ringer et moi, on a mérité nos prix !
François Hollande est passé saluer les artistes aux Victoires. Vous vous êtes entretenu avec lui ?
Je lui ai serré la main, c'est quelqu'un de très poli.
Allez-vous vous engager durant la campagne ?
Je vais m'engager dans ma solitude, oui ! Je vais aller voter, je ne sais pas pour qui, mais sans doute blanc, pour la démocratie. ça reste le meilleur système par rapport aux autres. J'irai faire mon devoir de citoyen !
Propos recueillis par Xavier FRERE
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