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12/05/2012

Suite et fin de l'interview parue dans MOJO

La pensée du jour : "Le désir est en moi, englué dans ma chair,

comme une forêt l'est en pleine terre.

C'est lui qui me force à crier mon chant de vie

quand la mort bat plus fort que mon coeur

et qu'elle est déjà couchée sur moi, front contre front". Lucien BECKER

 

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Ferré a abordé le rock. On a parlé de Hendrix, et puis il y a eu Zoo...

Je n'aime pas trop ce qu'il a enregistré avec Zoo. Cette ambiance jazz-rock, je trouve que ça sonne pas très rock, en fait. Sur La Solitude, les meilleurs morceaux sont ceux qu'il a arrangés lui-même.

 

Plus tard, est arrivé le mouvement punk, on a l'impression que vous êtes passé à côté...

J'habitais rue du Dragon, pas très loin du Vidéo Stone, une salle avec des fauteuils et des canapés où passaient des vidéos sur des écrans. Il suffisait de traverser le boulevard Saint-Germain. Acceleration Punk était diffusé, j'y suis resté deux jours. ça m'intéressait et m'inspirait, mes textes étaient punk. D'ailleurs, ce que les punks disaient en 1976, c'était un peu ce que j'écrivais en 70, puisque j'avais déjà écrit la première version de "113ème cigarette sans dormir" ou "Exil sur planète fantôme". Mais question musique, j'étais un peu décalé, je n'étais pas dans le bon milieu. Et je me suis toujours tenu à l'écart des phénomènes de mode.



Aujourd'hui, qu'écoutez-vous ?

J'écoute les disques des copains, par amitié. En voiture, je me mets beaucoup de musique classique. J'avais du retard dans ma culture, et ça me détend. J'aime beaucoup la musique contemporaine, Max Richter, Phil Glass, Brian Eno. Et j'apprécie de me réchauffer au jazz bien enfumé des années 60, Coltrane, Miles, Thelonious Monk...

 

Et le rock'n'roll ?

J'ai tout sur mon IPod. Tout à l'heure, dans la voiture, après Brahms, on s'est mis "Absolutely Sweet Mary". J'adore les Bootleg Series de Dylan. Je me mets régulièrement un petit Stones aussi, je dois avoir toute la discographie. Je possède même des bandes de studio ! Mon fils a eu sa période Keith Richards, avec des posters partout dans sa chambre. Et puis du jour au lendemain, il s'est mis à fond dans les Strokes et s'est fait la coupe de Casablancas !

 

On termine par une question un peu provoc : vous avez écrit une diatribe antinucléaire ("Alligators 427"), un plébiscite pour l'intégration ("La Ballade d'Abdallah Geronimo Cohen"), un manifeste pro-banlieue ("Quand la banlieue descendra sur la ville")... HFT, chanteur de gauche ?

La politique est présente dans mes chansons pour dresser des bilans de la société, pas pour son apsect politicien. On est actuellement en campagne électorale, je n'arrive à soutenir personne. On m'a catalogué chanteur de gauche, parfois anarchiste de droite. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Il paraît que quand on n'est ni noir ni blanc, on est gris. Mais gris, c'est la couleur de la matière grise ! Je défends la démocratie avec tous ses défauts, parce que cela reste le système le plus humain. C'est la raison pour laquelle je suis capable de faire 1 000 kilomètres pour mettre un bulletin blanc dans l'urne. Pour me prouver à moi-même que je suis un citoyen responsable qui, le cas échéant, ne sera pas à la traîne. Je connais suffisamment mon histoire contemporaine pour savoir qu'en 1928, Hitler était à 1% des voix, et qu'en 1933, il avait la majorité. Il faut donc être prêt et toujours vigilant. Je suis un citoyen qui vote, c'est quelque chose de sacré.

10/05/2012

Suite de l'interview parue dans MOJO

La pensée du jour : "Parfois on croit que l'on ne fait rien, ne produit rien... mais j'ai appris que c'est durant cette période que s'élabore ce qui va naître". Charles JULIET

 

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Le rock'n'roll, comment l'avez-vous rencontré ?

Au début, j'ai rencontré les yéyés, qui traduisaient un peu ce qui se passait aux Etats-Unis. Un jour, à la fin des années 50, j'étais tout jeunot, on m'a prêté un 45 tours de Dalida, mais en fait à l'intérieur, il y avait un disque de John Lee Hooker. C'est là que j'ai découvert le "boom boom". Et ça m'a bien frappé ! Au début des années 60, on trouvait, en France, des disques "Festival Folk'n'blues", issus de festivals où se côtoyaient du folk, du blues et du country. Et puis il y a eu le Swinging London vers 65-66. J'étais comme tous les mecs de mon âge, à devenir cinglé des Stones, des Animals, Yardbirds ou Them que j'adorais particulièrement.

 

Quels ont été les plus grands chocs ? Dylan ?

J'ai surtout accroché au Dylan rock Highway 61 Revisited, puis Blonde On Blonde. Et puis il y a eu Aftermath, le chox absolu. En écoutant des trucs comme "Going Home", ej suis devenu fou; 1966, c'est ma grande année du rock, Blonde On Blonde, les débuts de Hendrix, ça tombait du ciel !

 

Vous en avez vu certains sur scène ?

J'étais en province, je n'avais pas d'argent. J'ai vu Antoine - avec Les Problèmes - qui était sans doute le plus proche de tous ces gens-là. Plus tard à Londres, j'ai vu des groupes formidables : Fairport Convention, Yes, Patto dont le chanteur est mort ensuite, et surtout Peter Green, qui m'a vraiment bien éclaté. Et en 70, je suis allé au festival de Wight, j'ai vu défiler les Doors, Jimi Hendrix, toute la bande-son de l'époque.

 

Ces auteurs rock'n'roll, comme Morrison ou Dylan, ont directement influencé votre écriture ?


C'étaient mes années lycée et malheureusement, j'étudiais l'allemand en première langue, donc on me traduisait des bouts de chansons et j'imaginais le reste. Je me suis d'ailleurs aperçu après que ce que j'imaginais n'était pas forcément très éloigné de la réalité. J'ai appréhendé le rock anglo-saxon de cette manière, ça me permettait de me barrer où je voulais, je n'étais pas obligé de suivre le texte comme en français. Cela devenait interactif, j'entendais un mec chanter et j'imaginais, je devenais le chanteur, en fait. Toutes ces sonorités du rock anglo-saxon m'ont apporté autant d'idées musicales que de textes.

 

L'autre grosse influence, c'est Léo Ferré...

Léo Ferré entre dans ma vie à la fin des années 60, avec son disque blanc, L'Eté 68. A Paris, j'étais un peu plus "riche", je pouvais aller aux concerts, j'avais plus d'opportunités. J'ai pu voir Léo, Barbara, Félix Leclerc et le Nougarou période Paris mai, qui était d'une puissance rare. A l'époque, on avait une émission de radio exceptionnelle, Campus, avec Michel Lancelot. Il y avait de la place pour tout ce qui était beau dans la musique : un peu de classique, du jazz, de la chanson française et tout le rock naissant. Le tout animé par un lancelot brillant, passionnant. Quand on rentrait dans nos chambres à la cité U, le soir, on se précipitait pour écouter Campus.

 

C'est en mixant le son rock à la poésie de Ferré que vous trouvez votre voie ?

C'est un moment où, pour moi, plein d'influences se bousculent ou se croisent. Donc, j'essaie de digérer tout ça. Concernant Ferré, l'influence est également très musicale : je suis un mélancolique et sa musique est d'une mélancolie inouïe, on trouve dans ses arrangements, souvents réalisés par Jean-Michel Defaye, des orchestrations déchirantes. J'adore cette période qui correspond à Amour Anarchie et Léo Ferré chante Verlaine et Rimbaud, une bénédiction qui nous a fait redécouvrir ces deux poètes. Je n'arrive plus à mettre la main sur mon album, d'ailleurs, et quand je vais chez les disquaires, ils ne l'ont jamais ! Le Léo de la fin des années 60 est ma plus grande influence, j'ai moins écouté le Ferré des débuts. A l'aube des seventies, je m'en imprègne d'autant plus que je vis à ce moment-là des choses dramatiques, comme le décès de ma mère et mon arrivée à Paris en zonard. D'ailleurs, pendant deux ans, mon écriture est un peu du sous-Léo.

Suite de l'interview parue dans le magazine MOJO

La pensée du jour : "Faut pas vouloir la lune. D'abord, même qu'on la voudrait..." René FALLET

 

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Le virage symbolisé par Suppléments de mensonge est-il le plus important de votre carrière ?

 

Cet album s'inscrit dans la même optique que Dernières balises (avant mutation) (1981) et Soleil cherche futur (1982), qui étaient les albums d'un renouveau. J'avais sorti trois disques avant ceux-là et je trouvais que ça ne me représentait pas musicalement. Mon troisième album De l'amour, de l'art ou du cochon (1980) est un album un peu neutre pour moi, je ne le revendique pas trop. C'étaient les restes de mes compositions des années 70, je n'étais pas très concerné. Quand on l'enregistrait, j'écrivais déjà la suite. C'est un moment de ma vie où j'ai aussi opéré des ruptures, je me suis débarrassé du superflu : j'ai coupé la moustache, enlevé les masques et montré mon vrai visage.

 

 

Sur ces albums, intervient votre collaboration avec Claude Mairet...

 

Claude et moi, on était à l'école ensemble. On jouait dans de petits groupes. On se produisait lors de soirées estudiantines. C'était le milieu des années 60, on jouait Dylan, Aufray. Et certaines de mes chansons. J'avais de ces titres ! « Piments rouges dans les neiges du Fuji-Yama », « Bain de minuit dans le Gange à Bénarès », ça voyageait beaucoup ! Après je suis monté sur Paris, j'ai rencontré Tony Carbonare, mon arrangeur (et plus tard son manager, ndlr), qui jouait dans Machin, un groupe folk-rock électrique. Ça allait pas mal avec mes textes, mais ce n'était pas ce que je voulais faire, pas vraiment du rock'n 'roll. Dès que j'ai obtenu un contrat, j'ai fait venir Claude à Paris, je l'ai ajouté au groupe pour le deuxième album, Autorisation de délirer (1979), qui sonne déjà plus blues. Et après, j'ai travaillé toute la décennie suivante avec lui.

 


 

 

Alambic/Sortie-Sud (1984) est même cosigné Thiéfaine-Mairet !

 

Oui, j'avais eu un accident de moto qui avait eu pour conséquence que je ne pouvais plus jouer de guitare, or il me faut une guitare pour composer. Je n'étais pas très heureux de cet album, le résultat est mitigé. J'ai pu composer à nouveau sur les albums Météo für nada (1986) et Eros über alles (1988). Et puis ensuite, Claude et moi avons perdu l'osmose, ça n'avançait plus, j'ai décidé de mettre fin à la collaboration. On n'était plus sur la même planète.

 


Une nouvelle collaboration avec lui est-elle envisageable ?

 

Il faudrait qu'on se voie, qu'on se retrouve. Ça pourrait être drôle, intéressant même. Ça dépend où il en est, et ça je n'en sais rien.

 

 

Durant cette période Soleil cherche futur, vous rencontrez un grand succès. « Lorelei Sebasto Cha » se retrouve numéro 1 du Hit-Parade RTL en 1982. Comment avez-vous vécu cette période ?

 

J'étais en tournée à ce moment-là et j'ai eu du mal à assumer tout ça. J'étais très surpris. On m'avait tellement dit que je ne ferais jamais rien, que je ne chanterais jamais à l'Olympia... Dans toutes les villes où l'on passait, on trouvait un mot sur la salle disant que le concert était déplacé dans un endroit plus grand. On jouait devant 4 000 ou 5 000 personnes. C'est dur quand tu débarques du cabaret, même si tu as déjà un peu grandi et gagné un public. D'autant plus que j'étais déjà un peu déglingué à l'époque, accro à certaines substances toxiques. C'était une tournée où je planais, donc je n'ai pas tellement suivi cette histoire de tube.

 

 

 

Dans les années 90, vous tentez l'expérience américaine, avec deux albums enregistrés à New York (Chroniques bluesymentales – 1990) et Los Angeles (Fragments d'hébétude – 1993).

 

Au début, Chroniques bluesymentales, c'était sympa : on se mettait tous assis en rond le matin dans le studio, je jouais mes morceaux aux musiciens américains. On bœuffait, mais une fois qu'on avait bien assemblé la rythmique, que ça sonnait bien, je pensais que Barry Reynolds, le réalisateur, avait prévu des arrangements. Mais là, rien, rideau. On a dû tout écrire nous-mêmes, avec Tony Carbonare, et il y avait des jours terribles, où rien ne sortait. Au final, on a un album un peu sous-produit. Du coup, pour le suivant je m'étais blindé. J'avais écrit la moitié des arrangements, et Patrice Marzin l'autre moitié.

 

 

 

Arrive ensuite le diptyque La Tentation du bonheur (1996) et Le Bonheur de la tentation (1998) avec à nouveau Tony Carbonare. Comment vous est venue cette idée ?

 

C'était un pari un peu raté. J'ai eu cette idée-là un matin où je n'étais pas très frais. J'ai pris deux feuilles de papier, d'un côté j'ai inscrit les titres de l'un, et de l'autre côté j'ai décliné leurs négatifs. Je les ai sortis à presque deux ans d'intervalle mais tout était prêt à l'avance, même les pochettes. D'ailleurs, les concepteurs les avaient perdues ! Heureusement que j'en avais conservé des copies ! C'était déjà arrivé à New York sur Chroniques bluesymentales, où la fille qui était chargée de rapporter les photos les avait paumées dans le métro. Au final, j'ai un petit manque sur ce diptyque. On va trop loin ou pas assez, je ne sais pas, mais musicalement on aurait pu faire mieux; plus rock'n'roll.

 

04/05/2012

Allô, allô, monsieur Mojo...

La pensée du jour : "J'ai le regard complètement tourné vers l'avenir", Hubert-Félix THIEFAINE.

 

En avril parassait le numéro 1 d'un nouveau magazine consacré à la musique : MOJO. Premier bon point : le choix du titre !!! Deuxième bon point : d'emblée, ce magazine consacrait un dossier complet à Thiéfaine. Evidemment, j'ai acheté MOJO ! Je vous livre ici le portrait d'HFT signé Franck CAMHI, ainsi que le début de l'interview réalisée par Jonathan Boyer.

 

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Début mars, Hubert-Félix Thiéfaine obtenait deux Victoires de la Musique après des années passées à poursuivre sa route bien loin du showbiz. « En ce moment, concède-t-il, ça se bouscule un peu... »

 

 

En 2001, dans « Eloge de la tristesse » (Défloration 13), Hubert-Félix Thiéfaine évoquait ainsi un loser devenu vedette : « P't'être qu'en smurfant sur ta folie / Tu d'viendras l'idole des bas-fonds / A qui le branleux Tout-Paris / Fera sa standing ovation ». On pense évidemment, à la lecture de ces vers, à son triomphe aux Victoires. Un hommage pourtant sincèrement et humblement apprécié par un artiste qui a tour à tour éprouvé ressentiment, plaisir ou indifférence quant à l'ignorance manifestée par les grands médias à son égard. Apaisé sur le sujet comme sur tant d'autres après un terrible burn-out consécutif à des années de défonce et de déprimes, Thiéfaine était sans doute prêt à recueillir une reconnaissance, qu'un showbiz exsangue ne pouvait décemment plus refuser à cet extraterrestre qui continue en pleine crise à écouler, en moins d'un an, 120 000 exemplaires d'un nouvel album...
Si son second passage à Bercy à l'automne -après celui de 1998- n'avait pas recueilli, selon le service de presse de son label, beaucoup de retombées, la reconnaissance des Victoires a précipité les choses. Depuis le samedi précédent, entre deux dates d'une tournée qui en compte déjà plus de soixante, le chanteur enchaîne les interviews. Et ce mardi soir, l'homme est fatigué. La maquilleuse qui l'accompagne nous confie avoir déjà opéré sur son visage six fois dans la journée. Une émission radio de deux heures l'a éreinté, un Paris pluvieux et bouché l'a enfermé une heure et demie dans une voiture pour rejoindre le studio photo dans le XVIIIème arrondissement de la capitale. Arrivé deux heures après l'heure prévue, il ne prend rien à boire, ni à grignoter. Il mange d'ailleurs assez peu et déjeune rarement. Un cadeau de sa maison de disques, une édition collector du dernier Best of de Dylan, lui tire un sourire. Mais l'humeur reste ombrageuse. Pour lui permettre un peu de silence, le shooting précédera l'entretien. HFT n'est pas de ces chanteurs allergiques à la pose, et la détente s'installe durant la session. Muni de petites lunettes, il observe le résultat des prises de vue sur le Mac du photographe. S'amuse d'une ressemblance avec Keith Richards sur un cliché. Puis, démaquillé, il s'installe dans un canapé du studio pour démarrer l'interview. On lui rappelle que sur La Tentation du bonheur (1996), il avait écrit ce morceau « Mojo-dépanneur TV (1948-2023) », une étrange histoire de télé qui tombe en panne pendant Les Feux de l'amour. S'il a bien souvenir du titre, le chanteur apparaît bien en peine de se remémorer le propos du texte. « Il faudrait que je réécoute ma discographie, je retiens les titres de ma set liste actuelle, mais sinon je ne me souviens plus très bien de ce que j'ai écrit. J'ai le regard complètement tourné vers l'avenir ». Pourtant, s'il a oublié certaines créations, Thiéfaine a conservé une mémoire intacte d'événements passés. Il corrige spontanément certaines dates et nourrit son récit d'anecdotes précises. Pendant près d'une heure, HFT a bien voulu tourner aussi son regard vers le passé.

 

 

Avec ces deux Victoires, les médias ne pourront plus parler à votre propos de l'éternel chanteur ignoré...

 

Je ne sais pas quelle est la portée exacte de ce genre d'événement. Ce qu'il y a de sûr, c'est que je suis déjà en tournée jusqu'au mois de décembre et que c'est plein. J'ai des salles combles depuis trente ans, j'ai une trentaine de disques d'or, elle est là ma récompense. Mais je remercie les médias : m'avoir oublié m'a donné une aura; je suis devenu la légende du mec qui se fait tout seul, qui n'en a rien à foutre et qui va son chemin. Sur les Victoires, j'ai joué le jeu, j'aurais trouvé ça prétentieux de refuser. Et puis ça fait plaisir à mon public, et à toute mon équipe. Moi, à partir du moment où il y a de la joie, ça me va !

 

 

Pourquoi est-ce cet album, Suppléments de mensonge, qui a permis cette reconnaissance ?

 

C'est le premier album d'une nouvelle vie, d'un renouveau, même s'il y a un cousinage avec Scandale mélancolique (2005). « Confessions d'un never been » aurait pu être sur ce nouvel opus, je le reprends d'ailleurs sur scène. J'aurais pu chanter aussi « Le Jeu de la folie », qui est un peu la préface de Suppléments de mensonge. Mais il s'est tout de même passé du temps depuis, avec un choc brutal entre les deux, mon burn-out.

 

Question : Dois-je mettre ici la suite de l'interview ou avez-vous tous acheté le magazine MOJO ?!!

 

21/04/2012

HFT à Vandoeuvre hier soir ou comment faire encore mieux que Besançon, Gennevilliers et j'en passe !

Ebloui, ébahi, ébaubi, éberlué. C'est ainsi qu'on ressortait hier soir de la bien nommée salle des fêtes de Vandoeuvre. D'un ton ironique et malicieux, Thiéfaine venait de nous dire qu'un concert dépouillé de toute chanson évoquant l'alcool, la drogue, le sexe, Dieu ou la mort aurait été le concert du siècle. Et nous, nous sortions de la salle en nous disant que le concert du siècle, c'était celui qui s'était joué peu avant sous nos yeux ! Un concert durant lequel HFT a fait "comme d'habitude", ainsi qu'il l'a dit lui-même. Comme d'habitude et un peu plus que d'habitude. Voir Thiéfaine à Vandoeuvre et mourir !
Le public ? Chaud comme la braise. De la lave en fusion ! Je ne sais pas qui, de ce public ou de l'artiste, a entraîné l'autre dans cet incroyable volcan ! J'ai bien ma petite idée. Evidemment, oui, c'est Hubert qui a su insuffler à la salle entière quelque chose qui tenait à la fois de la magie et de la grâce. Au début, le public était dans une certaine retenue, toute relative d'ailleurs, et ne demandant qu'à exploser les coutures ! Idem du côté d'Hubert. C'était un peu comme un apprivoisement. Je t'envoie "Annihilation", "Fièvre résurrectionnelle", "Lorelei", tu me dis comment tu les reçois et on avisera. Je crois que c'est "Lorelei" qui a carrément fichu un tournant dans ce concert. Oui, c'est à ce moment-là, me semble-t-il, que nos esprits échauffés, cessant soudain d'être des "fleurs flétries", ont croisé l'aéropostale. Vraiment, c'est d'un seul coup, d'un seul, qu'on a senti monter la température, c'était palpable. Et le mercure n'a fait que s'envoler ensuite vers des hauteurs vertigineuses ! Un truc de malade ! Hubert mouillant la chemise comme jamais, Alice caressant sa guitare en de folles épousailles. Autour de moi, des visages heureux. Transfigurés. Ma grande émotion de la soirée ? Regarder s'éclater mes voisins de concert : un père, une mère et leurs deux enfants. Le gamin, du haut de ses onze ans, connaissait tout le répertoire d'Hubert par coeur ! "Impossible de faire autrement, on a grandi avec Thiéfaine", m'a dit sa frangine, âgée de 17 ans, peut-être. Ma grande satisfaction de la soirée ? Entendre ACLH se venger d'une mauvaise extinction de voix (lire à ce sujet son compte rendu du concert de Gennevilliers !) et chanter à tue-tête dans le micro : "Sweet amanite phalloïde queen" !!

La "Fille du coupeur de joints" qui, depuis tant d'années maintenant, marque la fin ou la presque-fin de chaque concert, a mis la salle sens dessus dessous ! 20 ans, 30, 40, 50 ou 60, qu'importe ? Nous étions tous redevenus des collégiens barjots ! En proie à une extase collective qui aurait laissé pantois le plus chevronné de tous les surveillants généraux !!! Qu'il reste dans son laboratoire, celui-là, et nous laisse savourer l'ultra-haute température de ce concert du siècle !

Voir Thiéfaine à Vandoeuvre et mourir. Et puis ressusciter dès le lendemain, ne même pas attendre le troisième jour, parce que quand même, faut pas déconner, il reste encore une flopée de dates à faire sur cet "Homo Plebis Ultimae Tour" ! Ce matin, sur facebook et dans la vie réelle aussi (clin d'oeil à ACLH !), on se demandait entre fans comment Hubert se débrouillait pour qu'après chaque concert on dise : "C'était encore mieux que la dernière fois" ! C'est vrai : on repart systématiquement ébloui, ébahi, ébaubi, éberlué ! On se dit que Thiéfaine vient de donner le meilleur de lui-même et qu'il lui sera difficile de faire mieux, et pourtant... Et pourtant, on assiste à chaque fois à la sublime surenchère d'un artiste de génie qui donne ses tripes et nous emmène "toujours plus loin à fond la caisse", vers "toujours, toujours plus d'ivresse'". Alors, un seul mot d'ordre : "Oh yes always on the road again man" !

 

Article paru dans L'Est Républicain ce matin

La pensée du jour : "La faim qui me tenaille

il est rare qu'elle me hisse

jusqu'à l'inoubliable festin

 

le plus souvent elle me voue

aux heures grises de l'attente

aux terres désolées de l'ennui". Charles JULIET

 

 

Voici l'article paru ce matin dans L'Est au sujet du concert (grandiose) d'hier soir.

 

 

Salle comble, hier, à la salle des fêtes de Vandœuvre pour Thiéfaine

Fascinant Hubert-Félix

 

Une file d'attente qui s'allonge sur des centaines de mètres dans la rue jouxtant la salle des fêtes, il y a des signes qui ne trompent pas. Il est 18h30 et l'agitation est palpable devant la salle municipale. Une soirée à guichets fermés.

 

Hubert-Félix Thiéfaine entamait, hier soir, une série de concerts dans l'Est de la France après un passage en Suisse.
Sa tournée s'intitule « Homo Plebis Ultimae Tour ».

 

Il y a ceux qui avaient découvert les pépites de « Suppléments de mensonge » lors de ses concerts au Zénith de Nancy et au Galaxie d'Amnéville, mais cette fois, c'est auréolé des Victoires de la Musique qu'il se présentait devant les Lorrains.
Costume noir chemise blanche impeccable, le Jurassien est apparu en bonne forme.
Avec « Annihilation », « Fièvre résurrectionnelle » et « Lorelei », HFT a vite mis le feu aux poudres.



« Les dingues et les paumés »

 

Avec « Infinitives voiles », il a dévoilé la quintessence de son dernier album. « Garbo XW Machine », « Petit matin 4.10 heure d'été », la « Vamp orchidoclaste » et la fameuse « Ruelle des morts » qui cartonne déjà, illustrent sa mélancolie légendaire.
HFT a aussi chanté les inclassables « Les dingues et les paumés » et ses thèmes phares : sexe, drogue, alcool et déprime.

 

40 ans de carrière et 17 albums plus tard, l'artiste fascine encore plus ses fans qu'à ses débuts et ce public aujourd'hui, il couvre toutes les générations.

 

Porté par des musiciens de tout premier plan, Marc (basse), Alice (guitare), Bruce (batterie), Christopher (clavier), HFT ponctuait sa sortie vandopérienne avec un titre d'anthologie, «La fille du coupeur de joints ».

 

Un vrai élixir de jeunesse pour tout un public.

 

 

 

 

 

 

07/04/2012

"Le chevalier, la mort et le diable s'enfuient des pinceaux de Dürer"...

La pensée du jour : "L'ombre passée, il se dit que, malgré ce voile, il leur demeurait un sursis avant le temps des ossements. Qu'il fallait somme toute les cueillir, ces nom de Dieu de roses de la vie !" René FALLET

 

Mardi, j'étais à Munich, et je suis allée à la "Alte Pinakothek", où j'ai pu enfin voir ce magnifique autoportrait de Dürer... Là-bas, j'ai pensé qu'il serait sympa de consacrer, à mon retour, une petite note à ce peintre et graveur. Et même d'écrire une série de notes sur la peinture dans les oeuvres de Thiéfaine ! Mais là, j'ai besoin de votre aide, les références ne me viennent pas si facilement ce soir, à part "l'atelier de Hieronymus Bosch".

 

 

Albrecht DÜRER : peintre allemand. Né à Nuremberg le 21 mai 1471, mort dans cette même ville le 6 avril 1528.

 

Fils d'Albrecht Dürer, orfèvre, il fit son apprentissage dans la boutique paternelle qu'il quitta le 30 novembre 1486 pour passer dans celle de Michael Wohlgemut. Au printemps de 1490, ses études terminées, il entreprit un voyage qui, par l'Allemagne et la Hollande, l'amena à Bâle où il fit ses premiers essais de gravure sur bois. Vers la fin de 1493, il est à Strasbourg, et au printemps de l'année suivante de nouveau à Nuremberg où il se mariera quelques mois plus tard; c'est en automne 1494 que se situe son premier court voyage en Italie (à Venise et peut-être à Padoue, Mantoue et Crémone) qui le mit en contact avec l'art vénitien de la première Renaissance. Le retour dans son pays, au début de 1495, marque le début d'une période d'intense et fructueuse activité en peinture et en gravure, encouragée par la protection de Frédéric le Sage, électeur de Saxe; c'est en effet à ces années-là qu'appartiennent les séries xylographiques de L'Apocalypse (Apokalypse), de La Grande Passion (Die Große Holzschnitt-Passion) et de La Vie de la Vierge (Marienleben). La Vie de la Vierge sera diffusée en Italie également, par les copies au burin effectuées par Marc Antonio Raimondi.

 

A partir de 1500 environ, Dürer, pour compléter sa culture personnelle d'artiste de la Renaissance, se mit aux études théoriques, et en particulier à celle de la perspective et des proportions de l'homme et du cheval; il n'en continua pas moins, d'ailleurs, son observation attentive des moindres détails de la nature. Quelques-uns de ses plus célèbres dessins et aquarelles, telle la fameuse Motte de terre, sont de ces années-là, pendant lesquelles sa technique de graveur devient, elle aussi, plus riche et plus complexe, comme le montrent le Saint Eustache et la Grande Fortune (Das große Glück, 1501-1502). En 1505, Dürer se trouve de nouveau à Venise, où il obtient la commande de la Madone du Rosaire (Die Madonna mit dem Zeisig) pour l'église Saint-Barthélémy : c'est une grande toile (actuellement au musée de Prague) où transparaît l'influence de Giambellino. Le Christ au milieu des docteurs (Christus unter den Schriftgelehrten) contient des réminiscences de Léonard, évidentes dans les six gravures sur bois des Nœuds qui remontent probablement à la même année 1506. Son second et dernier séjour en Italie permet surtout à Dürer de parfaire ses études théoriques par une connaissance approfondie des idées de L.-B. Alberti, de Piero della Francesca et de Léonard de Vinci.

 

La période qui s'étend de 1507 – année de son retour en Allemagne - à 1514, marque une reprise de son activité de graveur au détriment de celle de peintre qui cesse complètement. Les 36 xylographies de la Petite Passion (Kleine Passion), commencée en 1509, et les seize gravures au burin de la Passion, publiées respectivement en 1511 et 1513, avaient certainement été commencées au cours des cinq années précédentes, probablement en même temps que les planches célèbres du Chevalier, la Mort et le Diable (Ritter, Tod und Teufel), du Saint Jérôme dans sa cellule (Hieronymus im Gehäus) et de la Mélancolie (Melancholie). La seconde décade du siècle correspond à la phase de l'art de Dürer la plus marquée par l'humanisme; en effet, vers 1512-1513, le peintre commence à rédiger ses ouvrages théoriques tandis qu'il ne dédaigne pas de s'inspirer, pour ses gravures et ses dessins, des œuvres d'auteurs classiques comme Philostrate et Lucien. La protection de l'Empereur Maximilien Ier, à partir de 1512, sert à lui assurer la commande des dessins pour l'Arc de Triomphe (Triumphzuge) et ceux pour le Char triomphal (Triumphwagen). Dürer obtient également la commande du portrait de l'empereur en personne, en, même temps que celui de Fugger le riche, puis celle des 45 illustrations marginales qui ornent Le Livre d'heures de Maximilien.
Mais cette heureuse période est interrompue par la mort de Maximilien en 1519; à la crise matérielle qui suit la perte de son protecteur vient s'ajouter, pour Dürer, la crise religieuse qui se termine par sa conversion au luthéranisme. Pour solliciter du nouvel empereur Charles-Quint la prorogation de sa pension, Dürer décide de le rencontrer et, en 1520, il part pour Aquisgrana où il assiste aux cérémonies du couronnement; de là, il poursuit vers les Pays-Bas, séjournant surtout à Anvers. Ce voyage lui permet de fructueuses rencontres avec des artistes flamands, dont il reste d'admirables témoignages dans la série des dessins à pointe d'argent de son carnet et dans les pages de son Journal. Les deux grands panneaux représentant les Quatre apôtres (Die vier Apostel), conçus à l'origine pour les volets d'un diptyque ou d'un triptyque (dont la partie centrale ne fut jamais achevée, sans doute pour obéir aux interdits de la Réforme), sont généralement considérés comme le testament artistique de Dürer, comme l'œuvre capitale qui clôt son activité à la veille de sa mort (ces panneaux ont été offerts à sa ville natale).

 

Dürer fut le premier artiste nordique à être influencé par les théories et par les expériences de l'Italie de la Renaissance.

 

31/03/2012

Un compte rendu du concert de Gennevilliers

Pas le temps en ce moment de pondre des billets ou même de recopier des articles de journaux. En revanche, je vous invite à aller lire ici le compte rendu du concert de Gennevilliers :

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Je reviens ici dès que possible.