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18/06/2014

La bande à Renaud

La pensée du jour : "Je demeure une nostalgique invétérée". Amélie NOTHOMB

 

Je l'avoue à ma grande honte en cette heure tardive aux allures de 113ème cigarette sans dormir : je n'ai toujours pas écouté les reprises de « La bande à Renaud ». Qui, parmi vous, l'a fait ? Promis, j'irai bientôt acheter cet album. Je sais déjà que certains voudront m'en dissuader, et je les vois venir avec leur armada d'arguments contre. Contre Renaud lui-même (« c'est mort, il est récupéré »), contre les artistes qui ont participé à l'élaboration de cet hommage, contre quoi et contre qui encore ? Ici, on n'attaque pas Renaud ! C'est le truc impensable. On ne crache pas sur mes premières amours ! En réécoutant dernièrement plusieurs albums de l'ami Séchan, j'ai compris tout ce que je devais à ce grand monsieur. Toute son écriture dit sa douleur de vivre dans un monde comme le nôtre, brutal, dénué de poésie, toute son œuvre crie sa fatigue de tant de haine. Et c'est vrai, ça : « pour un temps d'amour, tant de haine en retour ». C'en est désespérant.

 

Bref, je m'éloigne de mon propos. J'irai bientôt acheter l'album, donc. Je veux écouter Hubert, mais pas que lui. Il y a aussi Dorémus (je découvre seulement, mais j'adore, j'adore, j'adore !), Alexis HK, Grand Corps Malade.

La suite, c'est-à-dire mes impressions, dans les jours qui viennent !

 

 

24/05/2014

Alexis HK à la médiathèque de Créhange !!!!!!

La pensée du jour : "Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint

Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins !" Georges BRASSENS

 

 

Oui, je mets plusieurs points d'exclamadmiration après le titre car la soirée d'hier les mérite bien ! Alexis HK à la médiathèque de Créhange pour une rencontre musicale, quel programme alléchant, et qui a tenu ses promesses, en plus ! Pas une seule fausse note. Rien que de la joie, même si les chansons flirtent parfois avec une certaine mélancolie (moi ça me fait même pas peur !!).

Avant de parler de cette soirée, j'aimerais évoquer ma « claque » Alexis HK. Il y a encore deux ans de cela, je connaissais la « sombre histoire » des Ronchonchon, grâce à une de mes filles, rien de plus. Et un jour, j'eus LA révélation en écoutant « Le pont des artistes ». Alexis HK était là pour parler de son album « Le dernier présent ». J'ai tout de suite craqué pour « Fils de » et les autres chansons interprétées par l'artiste ce soir-là. Deux jours plus tard, l'album était en ma possession ! Par la suite, j'ai acheté « Les Affranchis » aussi. Et je pense que très vite je me paierai toute la discographie du bonhomme.

La médiathèque de Créhange, donc. Il faut imaginer une petite ville mosellane d'environ 4 000 habitants, des habitants qui ont une sacrée chance, punaise, car leur commune est dotée d'une bien belle médiathèque. Active, surtout. Quand même, accueillir Alexis HK pour une rencontre musicale gratuite, ce n'est pas donné à tout le monde ! Alexis a d'ailleurs expliqué durant la soirée que l'idée de gratuité lui tenait à cœur et qu'il savait bien que certaines personnes ne pouvaient pas se payer des concerts.

Une heure durant, nous avons navigué dans le répertoire très riche de l'artiste, qui aime à plaisanter entre deux morceaux. Nous expliquant d'un air espiègle que ses thèmes de prédilection ne sont pas ceux du commun des chanteurs, il nous a invités plusieurs fois à saluer ses prises de risques, son audace, voire son suicide artistique, je cite ! Il est vrai qu'évoquer la mort et la fin du monde nous sort des trucs inconsistants dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps. Les lieux communs et la facilité, très peu pour Alexis HK. Lui, ce qu'il aime, c'est servir au public des sujets du genre « métaphysique et trépas » (cela me rappelle vaguement quelqu'un...), les figures libres plutôt que les figures imposées par les lois du marketing... Il se veut funambule au-dessus d'un volcan plutôt que pépère dans ses charentaises. Il dit de Brassens que c'est « le patron », il admire l'œuvre et le personnage, il préparer quelque chose autour de l'ami Georges et de son irrévérence. De quoi réjouir d'avance nos écoutilles !

Après ce petit concert, Alexis HK a invité le public à lui poser des questions. Silence d'abord dans l'assemblée. Et puis une question est arrivée, puis deux, puis trois. La célébrité ne l'intéresse pas, il espère juste un peu de reconnaissance. Etre invité chez Drucker lui donne tout simplement envie de mourir. Il sait très bien que s'il passait demain sur les très grandes ondes, il devrait se renier un peu, traîner ses guêtres dans les sentiers battus qui ne lui disent rien qui vaille. Un petit côté Thiéfaine ? Il avoue admirer la carrière de notre artiste préféré, il l'a beaucoup écouté quand il était ado. Lui qui, à quatre ans, écoutait avec ravissement « Orly » de Brel, a dû retrouver, j'imagine, un peu de son âme dans la noirceur de certaines chansons de Cousin Hub, qui n'est pas le dernier quand il s'agit de chanter que « la vie ne fait pas de cadeaux » !!

Bref... Ce fut une belle rencontre. De celles qui laissent dans le cœur une étincelle que l'on pourra trimbaler avec soi sur le chemin. De celles qui vous font dire que cette chienne de vie vaut quand même bien un petit détour, que l'on veut bien endurer mille et un tourments pour un seul de ces instants de grâce. Merci l'ami !

21/05/2014

"Mais le jour s'lève pas toujours au milieu des dentelles"...

La pensée du jour : "Ah ! que la vie est dérisoire, vue de chez nous, vue des hommes, c'en est fou, c'en est déchirant..." René FALLET

 

« sur mon styx

une étoile fixe

illumine ma fréquence

et dans l'axe

où elle me faxe

excess est sa fragrance

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose

 

dans sa soie

j'm'essuie les doigts

je bois dans son cristal

et son vin

coule au parfum

de ses vasques orientales

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose

 

et je voyage en classe clandestine

dans la sève des bouquets d'églantines

dans le satin d'essences assassines

je m'incline

elle est clean

si fine

féline

féminine ... / ... féminine

 

mais le jour s'lève pas toujours

au milieu des dentelles

et parfois

je sens le froid

quand je suis trop loin d'elle

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose ... / ... »

 

 

 

C'est la chanson qui me trotte dans la tête depuis ce matin. Je l'aime beaucoup. On y trouve, on y retrouve la façon dont Thiéfaine appréhende le féminin. Avec ses images végétales, cette chanson annonce déjà « Les jardins sauvages ». D'ailleurs, ici, le monde animal et le monde végétal (la guêpe et la fleur) communient, signant leur appartenance à un même grand ensemble, l'univers qui les contient. Comme souvent, la femme apparaît ici comme un point d'ancrage rassurant. « Sur mon styx une étoile fixe illumine ma fréquence ». Cela rappelle étrangement d'autres envolées : « A chercher le Pérou sur ma radio inca j'ai trouvé la fréquence que je n'attendais pas ». La zone du féminin est chaude, c'est l'ultime refuge, le nid douillet où vient s'échouer le désespoir. C'est la douceur, voire la fragilité (que l'on trouve dans les images du cristal, de la fleur à peine éclose, ou encore de la déchirure). Impossible pour moi de ne pas faire un parallèle avec la chanson de Ferré, « Cette blessure » :

 

« Cette blessure

Où va ma lèvre à l'aube de l'amour

Où bat ta fièvre un peu comme un tambour

D'où part ta vigne en y pressant des doigts

D'où vient le cri le même chaque fois

Cette blessure d'où tu viens

 

Cette blessure

Qui se referme à l'orée de l'ennui

Comme une cicatrice de la nuit

Et qui n'en finit pas de se rouvrir

Sous des larmes qu'affile le désir ».

 

Déchirure pour Thiéfaine, blessure pour Ferré, le registre reste le même...

 

J'aime aussi la mélancolie qui se dégage du dernier couplet :

« Mais le jour

s'lève pas toujours

au milieu des dentelles

et parfois

je sens le froid

quand je suis trop loin d'elle ».

 

Non, le jour ne se lève pas toujours au milieu des dentelles. Il n'est pas rare que l'on se prenne en pleine face la brutalité du soleil levant... Coups de poing dans la tronche après la torpeur bienfaisante du sommeil (quand on a la chance de s'y être enfoncé et qu'on n'a pas grillé 113 cigarettes sans dormir). Le jour qui se lève, c'est plutôt « Caterpillar dans la lingerie fine », comme dirait Souchon. Peu ou pas de place pour les dentelles, les froufrous, les douces fragrances et la poésie. D'où la nécessité absolue, l'urgence totale de s'enivrer des mots d'HFT...

19/05/2014

La longue dame brune

La pensée du jour : "Je suis si lourde

du temps que je porte". BARBARA

 

 Elle n'avait pas sa pareille pour dire la pâleur des amours en déclin, les baisses de température dans les sentiments, les virevoltes du cœur, la mélancolie de l'automne (elle avait même créé le verbe « automner »), les trains qui partent (« au revoir, nous étions bien ensemble »), l'absence qui crie. Et tant encore. Le pardon malgré les horreurs subies. La douceur des rues de Vienne. Les « enfants blonds de Göttingen ». Elle, je veux dire : Barbara. Barbara dont les chansons ont bercé mon enfance, puis mon adolescence, et enfin ma vie d'adulte. Barbara, cette femme qui chantait, qui se définissait tout entière dans ce seul verbe : chanter. Qui n'avait pas eu peur de renoncer à une vie de famille bien ordonnée pour pouvoir chanter encore et toujours. La vie d'artiste avant tout, et tant pis pour le reste ! Un homme à demeure ? Trop encombrant ! Une entrave à sa liberté de femme qui chantait et sillonnait les routes pour aller retrouver régulièrement sa plus belle histoire d'amour : le public. Un enfant ? Même topo ! Plus tard, dans ses mémoires, elle écrira : « Dans ma vie de femme j'ai échoué. Dans ma vie de mère j'ai échoué. J'ai longtemps senti dans mon ventre un vide glacé, j'ai longtemps jalousé les femmes enceintes et détesté les nouveau-nés. J'ai souvent marché la main posée sur mon ventre. Aujourd'hui, je pense que c'était sans doute le prix à payer et que ma vie a été malgré tout belle et intense ».

Barbara, c'est comme Thiéfaine, je l'ai tellement écoutée que je peux passer de longs mois sans faire entrer sa voix chez moi, ce n'est pas une absence, c'est juste la mer qui se retire mais n'est jamais bien loin. Je la porte à l'intérieur de moi, ses mots m'habitent, ses mélodies me sont une maison.

Hier, en écoutant Marie-Hélène Fery chanter et évoquer Barbara dans son spectacle musical « De l'Ecluse au Châtelet », j'ai senti à quel point le répertoire de la longue dame brune faisait partie de moi. Quelques mots, quelques notes, et j'étais repartie au « temps béni de mon enfance », j'aimais et je souffrais avec Barbara. Marie-Hélène Fery a le mérite de mettre sa touche et sa sensibilité personnelles dans l'univers qu'elle revisite. Elle raconte les débuts de Barbara à l'Ecluse, sort des tiroirs des chansons audacieuses comme « Joyeux Noël », et c'est un peu comme si Barbara, du fond de son exil, nous faisait un petit clin d'œil espiègle... On réécoute avec émotion (moi, en tout cas) la merveilleuse aventure que fut le voyage à Göttingen, et l'on se dit que Barbara était tout simplement admirable dans ses pardons et dans ses choix.

Merci, Marie-Hélène, pour cet hommage vibrant. En sortant du spectacle hier, je me suis dit que la mer s'était retirée trop longtemps et qu'il était temps de me refaire une petite cure de Barbara ! J'ai commencé ce matin !

28/04/2014

Sheller en concert à Thionville le 25 avril, Sebastian Hackel à Sarrebruck le lendemain !

La pensée du jour : "Je chante au fil des mots comme ils me viennent". William SHELLER

 

Une petite sieste troublée par l'irruption infernale d'un mioche qui braille à tue-tête « maman est folle », un cauchemar récurrent, un lampadaire qui crache sur le trottoir sa lumière intermittente et blafarde, le papier peint tristounet d'un hôtel, de minuscules bouts de vie épars, et c'est plus qu'il n'en faut pour que William Sheller se jette dans la féerie des mots et donne corps et consistance à ce qui, pour le commun des mortels, ressemblerait simplement à une somme de petits riens. De ces petits riens, Sheller, lui, bâtit un édifice d'une incroyable splendeur. Facteur Cheval des apparentes insignifiances, il construit jour après jour sa boutique poétique, revisite le quotidien pour en extraire la substantifique magie. A cela il ajoute l'incandescence de son piano. Et la musique vient porter à bout de notes un univers tout entier, à nul autre pareil.

De ces mots et de cette musique, je me suis nourrie bien des fois, et je m'en nourris encore. « J'ai dans la tête un transistor qui fredonne » en quasi permanence des airs de mes artistes préférés ! Thiéfaine, Higelin, Gainsbourg, Renaud, la Grande Sophie, et tant d'autres ! Toujours là en cas de besoin urgent de s'extraire de la pesanteur de la vie quotidienne, marmots-boulot-dodo...

Donc, Sheller, lui aussi, est dans le transistor, et en bonne place ! Qui, mieux que lui, sait dépeindre la mélancolie des amours qui s'effilochent dans une absence, les impressions furtives, l'imagination de la pluie quand elle fait des miroirs dans la boue, bref, tous ces petits riens qui, mis bout à bout, font le grand tout de la vie ?

Ce que j'aime avec les concerts de Sheller, c'est que l'artiste nous fait généreusement pénétrer dans les coulisses. On a non seulement la chanson, mais aussi l'explication de texte qui va avec ! Et vendredi, je n'ai pu m'empêcher de penser à Thiéfaine, je me suis dit que ce ne serait pas si mal si lui aussi fournissait les explications de textes et les didascalies ! Cela éviterait bien des élucubrations à quelques fans assoiffés de tout comprendre (et je me mets dans le lot, bien sûr, sachant bien à quel point je suis ridicule et toute rikiki avec ce que je crois piger parfois, parfois seulement). Vendredi, comme les deux fois précédentes où je l'ai vu sur scène, Sheller expliquait donc la genèse de chaque chanson. De quoi apporter un nouvel éclairage (parfois un éclairage tout court !) sur des textes que l'on connaît par cœur depuis longtemps et dont on n'avait vu jusqu'alors que ce que notre faible compréhension avait bien voulu tenter de nous livrer !

Textes et explications de textes, donc. Le tout posé dans le doux écrin qui l'accompagnait magnifiquement : un quatuor à cordes. C'était d'une grande beauté. Un peu comme si, sous nos yeux ébahis, tout ce petit monde avait bâti pour nous, « de quelques pierres, un château de légende », transfiguré le quotidien et posé un voile délicat sur nos minuscules et pauvres vies...

 

Le lendemain, pas le temps d'écrire un mot sur le Cabaret. On the road again ! En terre allemande, cette fois, pour un concert d'un autre genre, mais tout aussi pur : celui de Sebastian Hackel. Ce jeunot (il a 25 ans !) écrit lui aussi à partir de peu de choses, des sacs plastiques dans les arbres, par exemple ! Et c'est étincelant de poésie ! C'est dommage que tant de gens prennent (j'en ai honte pour eux) des mines écœurées en évoquant la rudesse de la langue allemande (le pauvre Goethe doit se retourner dans sa tombe). Il suffirait que les balades d'un Hackel, d'un Prosa, d'une Yvonne Catterfeld, ou d'un Bendzko inondent les stations de radio françaises à longueur de temps pour que les oreilles pucelles s'habituent à cette langue, qui a une façon pourtant si poétique de dire le monde. Non mais c'est vrai, quoi ! Quand, pour une langue, un trou paumé, c'est l'endroit où le renard et le lièvre se disent bonne nuit (« wo Fuchs und Hase sich gute Nacht sagen » !!!), elle ne peut pas être laide, voyons !

Sebastian Hackel, c'est beaucoup de finesse dans les mots et dans la voix. Des histoires d'amour à peine esquissées, qui se retirent comme la mer à marée basse, sans prévenir, et déjà la nostalgie d'un paradis perdu... Que dira-t-il à 40 ans, le pauvre ?!! « Moi qui balance entre deux âges », entre celui de Hackel et celui de Sheller, j'essaie de m'abreuver à toutes les sources poétiques de ce bas monde, pour ne pas perdre une miette du festin. Essayer de ne pas passer à côté de ma vie. Accueillir les mots des autres pour m'en nourrir. D'ailleurs, à ce propos, où en est le prochain album de Thiéfaine ?!!!

05/04/2014

HFT, la Sainte Vierge des paumés !

La pensée du jour : "Quand j'appuie la pointe du feutre sur le papier délicieusement froid, ma mort ne sait plus mon nom". Christian BOBIN

 

Le fief de Thiéfaine, c'est le silence. Son destin, la solitude et la mélancolie, et il en a même fait un parti dont le programme se résume à ces deux mots. On s'étonnerait presque que cet éternel ado « joue dans un groupe de rock » tant son caractère semblait le destiner aux vastes étendues taiseuses de l'intime replié sur soi-même... Ce n'est pas pour rien qu'on le surnommait le caillou catatonique quand il était jeune. A ce propos, voir une très ancienne note de ce blog : celle du 14 mai 2006. Ce cabaret était alors tout jeune, je ne savais pas dans quelle direction il allait me porter, ni quelles surprises il me réservait. Je ne savais pas qu'un jour, en attendant de « prendre ma place dans le grand feu » de Bercy 2011, j'aurais la joie d'entendre des fans d'Hubert me dire que mon blog faisait partie de leurs références. Je ne savais pas non plus qu'un jour Jean Théfaine accepterait de signer une note sur ce même blog. J'ignorais de même que de ma folle passion pour l'œuvre d'HFT naîtraient des amitiés surprenantes de tendresse, des liens très forts, pas du tout virtuels, plutôt même virtuoses dans ce monde où la générosité n'est pas de mise (« le crapaud qui gueulait je t'aime a fini planté sur une croix », ça en dit long sur la capacité de l'homme à aimer son prochain !!). Je ne citerai aucun nom. Comme disait Barbara, « vous savez qui vous êtes, après tout » !

 

Ce cabaret va avoir huit ans et a certainement pris des rides et des essoufflements, des fatigues, tout comme moi... Cependant, la passion, elle, est restée intacte. Jamais ma « folie Thiéfaine » ne s'est ratatinée et heureusement que le ridicule ne tue pas !!! Malgré mes 40 ans bien sonnés, au fond de moi, je suis et reste la groupie boutonneuse qui compte les jours jusqu'au prochain concert, jusqu'au prochain album. La groupie que ces échéances rassurent. Sauf que là, il n'y en a plus, des échéances de ce genre !! Bien sûr, je me nourris d'autres agapes, et je ne renie en rien la joie que me procure systématiquement la sortie d'un album d'Higelin, de Miossec, de la Grande Soph et de tant d'autres... Mais pour moi, le plus fort, c'est Hubert ! Lui seul a la capacité de me mettre en transe et de me retourner le cœur (le ridicule ne tue pas, je l'écrivais précédemment !!!) J'ai la prétention de penser que lui et moi parlons la même langue. Cette langue, c'est d'ailleurs souvent le silence (dans le genre caillou catatonique, je suis pas mal non plus, vraiment).

Ce cabaret va avoir huit ans et je me sens comme cette dame dont la fille a vingt ans et qui n'a rien vu venir. Je sais qu'il ne sert à rien de se retourner et que la facture est toujours salée, mais c'est plus fort que moi, cette nostalgie, ce truc qui vous chope à la gorge « autour de 40 balais », comme chante l'ami Renaud... C'est la certitude que « le temps passe et ne revient plus ». On se dit que sans doute on a vu Thiéfaine plus qu'on ne le verra, et c'est, à cette pensée, une révolte adolescente qui vient sourdre dans vos tripes. « Ce qui est terrible, quand on vieillit, c'est qu'on reste jeune », a écrit un certain Oscar Wilde. Ce qui est terrible, c'est de voir tomber un à un les jours et les mois dans la grande mare de l'irréversible... C'est pourquoi une tournée d'HFT s'impose, de toute urgence, pour réparer nos cœurs meurtris. HFT ou la Sainte Vierge des paumés...

 

 

04/04/2014

Higelin and co...

La pensée du jour : "Ecrire pour les enfants des histoires de chasse racontées par le lièvre". Jules RENARD

 

Ce matin, un de mes collègues évoquait mon blog et je me suis soudain sentie 33 fois coupable de le laisser ainsi en friche et livré au vent mauvais... Déjà, il faut dire que l'inspiration ou je ne sais quel autre démon, ou quel état de grâce, ne vient pas me chatouiller l'esprit tous les jours non plus, loin de là. Ensuite, l'actualité liée à Hubert se réduisant depuis quelques mois à une morne plaine, difficile de trouver des idées de billets... Envolées, déjà, les belles résolutions de janvier, et 2014 ne me verra guère plus prolifique qu'en 2013, à mon grand dam. Le remède ? Il n'y en a qu'un : un nouvel album de Thiéfaine ! C'est donc simple comme bonjour ! Sauf que nul ne sait réellement si l'album tant attendu verra le jour. C'est donc finalement très compliqué.

Evidemment, j'aurais pu aussi vous pondre une petite note sur le concert d'Higelin (28 février à Saint-Avold). Sauf que là aussi, il y a du compliqué dans l'air. Ce concert m'a méchamment laissée sur ma faim, et le recul ne change rien à l'impression de raté qui m'avait déjà étreinte ce soir-là. Pas toujours commode ni facile à suivre, le père Jacques. Je l'ai trouvé peu affable avec le public et avec les musiciens, j'ai même cru ressentir comme un malaise sur la scène. Dommage parce que j'ai tout de même jubilé en écoutant ce si beau refrain :

 

« Vois comme les étoiles
Sont indifférentes au chagrin
Au bien au mal
A la lumière du matin
Dès que nous aurons franchi
Le seuil de notre vie
Que restera-t-il de nos peines de cœur
De nos douleurs passagères
Aujourd'hui tu pleures
La fin d'un amour
Demain ou dans une heure
Ce sera mon tour
D'avoir mal »

 

ou encore « Rendez-vous en gare d'Angoulême », « Tu m'as manqué », « La joie de vivre » et tant d'autres petits bijoux succulents dont le grand Jacques a le secret. Dommage encore parce que j'ai appris avec joie que ce monsieur au cœur à la fois rude et tendre, aigre-doux, sucré-salé, avait noirci une quantité phénoménale de pages qu'il me tarde de découvrir (tout comme les fonds de tiroir de l'ami Hubert). Dommage vraiment parce que j'ai comme l'impression d'un échec, d'un truc inachevé avec cet artiste que d'autres ont pu voir bien souvent sous un meilleur jour. Ma décision est presque prise : Higelin, désormais, je le siroterai tranquille, dans mon salon ou dans ma voiture, mais je pense que je vais me résoudre à ne plus jamais aller le voir en concert... Trop douloureux de me sentir malmenée par ses accès de mauvaise humeur, moi qui me suis accrochée tant de fois à ses magnifiques discours sur l'amour, à son optimisme, à sa joie de vivre !

28/02/2014

"La nuit promet d'être belle"

"Ces séparations que la vie nous ménage ne sont que la préparation de l'adieu définitif, auquel il faut arriver". José CABANIS

 

 

Haut les cœurs ! Ce soir, je vais voir, écouter, admirer le grand, le beau, l'unique Jackie Gelin, comme l'appelle François Morel dans le magnifique recueil de textes Beau repaire paru récemment (quatorze écrivains, et pas des moindres, ont sorti leur plus belle plume pour la laisser vagabonder à son aise sur une chanson du dernier album d'Higelin). L'album et le recueil en question sont de purs bijoux dont je ne peux que vous recommander vivement l'écoute et la lecture. L'album ? Je lui avais déjà consacré une note l'année dernière. J'en suis tout simplement dingue ! On y retrouve la folie étincelante du grand Jacques et des envolées dignes de Champagne !

Higelin, c'est mon deuxième frangin, tout de suite après Hubert.

Hubert, c'est mon frère de mélancolie, de mistoufle, d'errances nocturnes. Le côté plus obscur et plus glacé. Jackie, c'est le lumineux, le flamboyant, le compagnon des insomnies joyeuses, le fou chantant à tue-tête que la vie est belle (il faut être en effet un peu fou, ou bien voir flou, pour trouver que la vie est belle !). Jackie porte bien son prénom. C'est le mécanicien de mon âme déglinguée. Et je l'imagine très bien dans une salopette bleue râpée aux entournures, une clé à molette à la main, cherchant à remettre de l'ordre dans une mécanique ravagée... Sauf que maintenant, tout est électronique dans ces putains de machines !!

 

Ce matin, en écoutant encore Beau repaire, et plus précisément Rendez-vous en gare d'Angoulême, je me disais que c'était fou comme les gares avaient inspiré Thiéfaine et Higelin. Chez Hubert, on trouve Des adieux et Libido moriendi. Chez Higelin, c'est Amor doloroso et Rendez-vous en gare d'Angoulême, donc. Et j'en oublie peut-être. Faites-moi signe si d'autres idées vous viennent !

Barbara elle aussi a écrit une très belle chanson sur le sujet : Au revoir.

Et combien d'autres artistes encore ont été inspirés par ces lieux à hautes tensions que sont les gares ? Lieux de retrouvailles, mais aussi de déchirements. Et en écrivant ces mots, je pense à ma mère, tant et tant de fois retrouvée et quittée en gare de Metz, ma mère pleurant à chaque fois, ou de joie, ou de douleur...

J'aimerais bien m'amuser à faire une petite liste de toutes les chansons qui parlent de gares, n'hésitez donc pas à me dire quelles sont celles qui vous viennent à l'esprit !

 

Haut les cœurs, écrivais-je au début de cette note ! Aller à un concert d'Higelin, c'est toujours un enchantement, une joie qui vous anime de fond en comble, un immense remue-ménage dans les entrailles ! C'est un rendez-vous d'amour dans une cathédrale, une communion dans la nef des célébrations endimanchées. Qui sait, peut-être que le grand mécanicien me convaincra ce soir, pour quelques heures, de la beauté de la vie ?

Quoi qu'il en soit, si ce n'est pas la vie qui sera belle, la nuit, au moins, promet de l'être ! Et c'est toujours ça de pris, comme disent les vieux quand le beau temps s'attarde au-delà des premières journées d'automne...