31/08/2017
Un article de Jean Théfaine
"Au plus pur des attachements
Répond le plus dur arrachement". François CHENG
Vive émotion ce matin lorsque, parcourant un vieux Chorus datant de l'automne 2005, je suis tombée sur un article que Jean Théfaine avait consacré à l'époque à Scandale mélancolique. Le voici :
C'est le 17 octobre que sort le quatorzième album studio d'Hubert-Félix Thiéfaine. Patience. Une fois encore, l'imprécateur jurassien n'est pas où on pouvait l'attendre. Défloration 13, en 2001, intégrait des courants musicaux nouveaux. Sous la direction de Philippe Paradis, qui l'a réalisé, Scandale mélancolique revient à un habillage sonore plus classique, mais d'une intelligence et d'une sensibilité exemplaires. Les guitares électriques, de retour au premier plan, sont toujours utilisées à bon escient.
Dans le passé, Hubert-Félix avait fait appel à certains compositeurs. À Claude Mairet surtout. Ici, c'est une toute autre aventure ! Ils sont huit à s'être coltinés à son univers – tous de la génération des 25-40 ans : Philippe Paradis, par ailleurs guitariste attitré de HFT, le bassiste Roberto Briot, Jipé Nataf, Mickey 3D, Frédéric Lo, Jérémie Kisling, Cali et Elisat, un prometteur jeune groupe français. Il y a même un neuvième homme, Thiéfaine lui-même, qui s'est réservé une musique ... sur l'unique texte qu'il n'a pas écrit !Un texte, en anglais pour l'essentiel, by Boris Bergman.
Philippe Gandilhon, son directeur artistique, souhaitait amener un peu de « solaire » au royaume des ombres qu'affectionne Hubert-Félix. Et c'est globalement gagné. Il y a même deux titres authentiquement lumineux : Gynécées, une déclaration d'allégeance aux femmes, « elles / Magnifiquement belles », interprété en duo par Thiéfaine et Cali ; Les Jardins sauvages, une métaphorique balade au pays des fleurs perdues, autour de laquelle Mickey 3D a tressé un bouquet de notes allègres. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Un galop infernal, même, tant il y a, dans cet album-là, de douleur à nu, sans beaucoup d'humour pour l'atténuer. De Libido moriendi, sur lequel M a posé une ritournelle de banjo, à Confessions d'un never been, en passant par l'époustouflant Jeu de la folie, devenu un « sport de l'extrême », c'est la même angoisse existentielle qui court.
Il faudrait tout citer de cet album d'exception, qui confirme une fois de plus l'importance et la cohérence de Thiéfaine dans le paysage de la chanson française ; mais trois morceaux méritent une mention particulière : Télégramme 2003, fraternelle adresse à Bertrand Cantat, jamais nommé pour autant (« Ronge tes barreaux avec les dents / Le soleil est là qui t'attend ») ; When Maurice meets Alice, déchirante déclaration d'amour filial d'Hubert, l'inconsolable, à ses chers disparus ; That angry man on the pier, une sorte d'autoportrait, qui éclaire le reste de l'album et bien d'autres choses du singulier parcours de HFT.
En clair, Scandale mélancolique est un nouveau sommet dans l'œuvre de l'énigmatique Jurassien.
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21/08/2017
Une météorite ou un truc dans le genre...
"De nos actes les plus considérables nous sommes ignorants
Sans le savoir vous m'avez sauvé la vie". Emily DICKINSON
Dans quelques semaines, je pourrai me glorifier de vivre depuis 25 ans (oui, 25 ans !!) dans un drôle d'état, quasi permanent de surcroît, et que seul un mot me semble pouvoir définir correctement : la « thiéfainomanie » !!! Cette étrange folie « m'a toujours sauvée et m'a empêchée d'être folle », pourrais-je écrire en paraphrasant en toute conscience Hubert-Félix Thiéfaine ! Cela me tomba dessus par une nuit de septembre, dans la carcasse bleue, déglinguée, fatiguée, d'une R18 ! Le genre de chignole qui ne circule plus depuis bien longtemps, à part peut-être en quelque coin reculé de la Bretagne profonde, qui sait ?! Bref... Le monde bouge, et le temps s'en va, madame, et nous aussi, par petits bouts, jour après jour (je pense à ce qu'écrit Bohringer dans Quinze rounds : « La vieillesse me fait du mal. Elle me prend chaque jour un tout petit truc, presque pas visible, et ne me le rend pas au réveil »). Mais il est des attachements qui ne larguent jamais les amarres. Qui nous amarrent plutôt en cette vie. Sans lesquels on ne serait pas le même. Sans lesquels on aurait peut-être sombré par un « sunday où l'on aurait trop souffert », comme aurait dit Gainsbourg. Qu'a-t-on dans la caboche à 19 ans, qu'on n'est pas plus sérieux que quand on en avait 17, et qu'un certain Hubert-Félix Thiéfaine vient nous tirer par la manche ? Des rêves en pagaille, bien sûr, une révolte coincée dans les entrailles, une envie, peut-être, d'en découdre avec un monde trop vieux, trop usé, trop lourdingue. Pour sûr, on fera mieux que nos parents, croit-on ! Une part de nous abrite aussi, me semble-t-il, l'espoir de rencontrer, faute de savoir trouver les mots pour se dire, quelqu'un qui le fera à notre place. Qui signera nos défaites de sa plus belle plume, et puis nos cris, nos douleurs et nos joies. Qui, mieux que nous, fera surgir de nos tripes ce qui cherchait à se dire sans jamais y parvenir. C'est ce qui m'arriva en cette nuit de septembre 1992, et je m'en souviens comme d'une entrée en collision avec un univers ! La chute d'une météorite à proximité de ma maison n'eût pas déclenché plus violent cataclysme ! Soudain, je était un autre, un autre était je, ou presque ! Oui, je sais, c'est un peu prétentiard, mais j'en connais un qui dirait que c'est la règle du boulot, n'est-ce pas ?!
Premier concert en 1995. Le début d'une longue série. Il me semble, si mes comptes sont justes, que j'ai vu Thiéfaine 43 fois sur scène ! Ce n'est plus de l'amour, c'est de la rage, me disent parfois certains amis. De la rage ? Ils ne croient pas si bien dire ! D'aucuns me prédirent, avec une conviction solennelle dans la voix, que le jour où j'aurais des enfants, monsieur Hubert-Félix Thiéfaine passerait un peu à la trappe. Ils ne croyaient pas si mal dire, eux, pour le coup ! Que nenni ! J'ai toujours réussi à bricoler au dernier moment des baby-sittings de fortune, traînant parfois mes deux gamines jusqu'à Paris, les larguant ici ou là (toujours en de bonnes mains quand même !!), et m'engouffrant le cœur battant dans le métro qui m'emporterait vers mon extase !
Que reste-t-il de la jeune fille de la R18 et de ses rêves ? De temps à autre, parce que la vie n'avait rien de mieux à faire, elle leur a balancé un rouleau compresseur sur la bobine, et vlan, un rêve de moins, une illusion amochée, un truc en moins au réveil !! Mais il est une chose qui, comme disait ma mère, ne passera qu'avec la bonne femme, c'est cette thiéfainomanie que le temps n'a pas su cabosser, malgré les rudes épreuves dont il a le secret. Les mois qui viennent de s'écouler ont été particulièrement difficiles, et j'ai loupé Thiéfaine à le Poudrière de Belfort, aux Eurockéennes et ailleurs. Mais, au plus profond de moi-même, les rendez-vous furent légion avec une œuvre dont la richesse foisonnante ne s'est jamais démentie à mes yeux. Même, au contraire, elle m'apparaît au fil des années comme un insondable puits sans fond, et j'aime à me plonger en ses abîmes, en revenir de guingois, groggy, chamboulée, toute chose !
Ce Cabaret a connu de longues plages de silence, mais des idées de billets me reviennent enfin, il est temps de sonner la fête, je vous attends !
Si l'un de vous a envie de nous raconter un festival d'été, un concert à Belfort ou en Suisse, ou n'importe quoi d'autre (en rapport tout de même avec le sujet qui nous préoccupe, à savoir HFT, s'entend !!) : les commentaires sont ouverts !
10:46 | Lien permanent | Commentaires (16)
02/04/2017
Alex Beaupain en concert à La Passerelle de Florange
"Qu'est-ce que c'est dégueulasse
Dégueulasse comme tout s'encrasse
Tous nos jolis corps perdus
Nos ventres mous
Nos visages qui ne sont plus
Qu'un souvenir de nous". Alex BEAUPAIN (A bout de souffle)
L'univers d'Alex Beaupain n'est pas des plus légers. Voilà un quadragénaire qui dit sans fard les blessures qui le font cauchemarder dans le silence des nuits. Quelqu'un qui ose aimer pour la seule beauté du geste, au risque de se prendre en retour des gestes moins doux en pleine face. La tournée qui s'est achevée vendredi soir à Florange s'ouvre sur la chanson Je suis un souvenir. Après l'avoir interprétée, Alex Beaupain nous demande, à nous qui sommes dans la salle, si nous allons toujours bien. « Parce que, quand même, il faut le reconnaître, cette première chanson n'était pas très gaie. Et ce n'est pas fini. Ce soir, on va parler du temps qui passe, de la mort, des amours... » Là, petit « ah » de soulagement s'élevant du public. « Qui finissent », ajoute Beaupain sur un ton espiègle. Avec élégance, il nous met au parfum. Âmes déglinguées s'abstenir. Ou rester en toute connaissance de cause, pour entendre parler des pertes et des fracas qui nous boxent et nous amoindrissent. Alex Beaupain, en évoquant ses deuils et ses chagrins, nous renvoie aux nôtres. Même pas peur, pour ma part, et tant pis si la chanson Les voilà me met le cœur à feu et à sang. Et peut-être tant mieux, qui sait, car nous avons parfois besoin d'avoir le vin triste pour pouvoir nous vider de l'amer qui nous plombe...
Ce qui est formidable, avec Beaupain, c'est que sur scène la gravité des chansons, presque toutes pluvieuses, est merveilleusement contrebalancée par l'humour du bonhomme. Un humour parfois teinté d'autodérision, parfois cinglant. La preuve : « Vous avez vu ce beau décor ? Les grandes tentures blanches au-dessus des planches, on dirait des lustres. Bon, je reconnais qu'il faudrait une maison avec des plafonds immenses pour ce genre d'accessoires. Je pense que cela irait très bien dans un manoir, à Sablé-sur-Sarthe, par exemple. Ah, mais c'est vrai, le monsieur a dit que les lustres de Beaupain, il les avait rendus ! » Ou encore : « Mon éclairagiste m'a dit que certaines personnes étaient attirées par la lumière. Il paraît que pour moi c'est l'inverse, c'est moi qui attire la lumière, je n'y peux rien. Du coup, j'éclipse un peu les musiciens, à qui il est très difficile de donner figure humaine dans ces conditions ! » Bref, on passe du rire aux larmes, des larmes au rire, de la pure déconnade à la difficulté d'être et de rester debout sous les coups que la vie nous assène... Les musiciens sont excellents. Valentine Duteil arrache des sanglots déchirants à son violoncelle et, de temps en temps, à sa jolie voix mélancolique. Ah, ce violoncelle, ah, cette voix ! Ils me font un effet bœuf, c'était déjà comme ça l'année dernière à Neuves-Maisons (c'est moins poétique qu'à Marienbad, désolée ! Mais la Lorraine a elle aussi bien des charmes, qui ne font pas dans la grandiloquence et l'époustouflant, certes, mais qui n'en sont pas moins dignes d'un petit détour. Même la vallée de la Fensch avait un cachet fou vendredi soir, sous les néons roses du soleil couchant).
Bref, en quelques mots comme en cent : Alex Beaupain et son équipe sur scène, ça décoiffe ! C'est de la poésie à l'état pur, de celle qui vous ferait aimer la sourde mélancolie qui tombe en pluie sur les toits de Paris en novembre.
À la fin du concert, Alex est venu s'imprégner de l'ambiance qui régnait au bar, une binouze à la main. Il avait déjà fait ça l'année dernière à Marienbad, euh, pardon, à Neuves-Maisons, et la simplicité avec laquelle il accueillait le public me l'avait rendu encore plus sympathique. À Florange, même gentillesse, même sourire offert à tous, ceux qui viennent bredouiller quelques mots, demander un autographe ou une photo. À la dame qui était devant moi, Alex a demandé pour quel chanteur elle avait déjà tremblé. « Thomas Fersen », a-t-elle répondu. Lorsque mon tour fut venu de tendre mon billet pour une dédicace, j'ai expliqué à Alex Beaupain que je n'étais pas loin de trembler face à lui. « Tu rigoles ou quoi, on est entre nous, il n'y a aucune raison de trembler », a-t-il rétorqué, et ce n'était pas une pose, on sentait qu'il n'y avait aucun artifice dans ces propos. Alex, c'est un peu le type avec qui on s'imaginerait très bien s'attabler au bar des amis ou quelque chose dans le genre. Il a bien plu à ma fille Clara, qui était de la partie vendredi. Loin de se laisser démonter et de trembler, elle, elle a fait remarquer à Beaupain qu'il avait mal écrit « Pour Clara ». Puis, au moment de la photo, Alex s'étant selon elle un peu trop appuyé sur son épaule, elle lui a dit qu'il lui faisait mal. « Elle est odieuse, » m'a lancé celui-ci, un sourire amusé sur les lèvres.
Quand même, durant ces quelques minutes d'échange, je n'ai pas pu m'empêcher d'évoquer Hubert, expliquant à Alex Beaupain que j'avais déjà beaucoup tremblé devant le Jurassien. « Ah, Thiéfaine, c'est bien, ça », m'a-t-il répondu. Décidément, même quand je fais une petite infidélité à monsieur HFT, il n'est malgré tout jamais très loin, planté fièrement entre docteur Renaud et mister Beaupain !!
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30/03/2017
"Un Lamartinien à fond la caisse"...
"L'homme est ainsi, il se nourrit de souvenirs et trébuche sur l'amer". Richard BOHRINGER
Incroyable, cette trouvaille dans une réserve d'une salle d'arts plastiques. Je crois que l'intérêt du métier de prof vient enfin de m'apparaître, au bout de vingt-et-un ans de vaines recherches !!! La trouvaille en question ? Une interview de Thiéfaine, parue en 2005 dans Forêts Magazine. Franchement, c'est passionnant et inattendu ! Bonne lecture !
Hubert-Félix Thiéfaine, écorcé vif
La forêt était-elle un terrain de jeux pour vous quand vous étiez enfant ?
Je suis né dans une maison qui a aujourd'hui disparu, dans un quartier de Dole très proche de la forêt de Chaux, dans le Jura. Adolescent, je piquais le vélo Solex de ma mère et j'allais me promener en lisière de forêt en rêvant un jour d'y habiter ; j'ai fini par m'y installer, dans ce village qui est une sorte d'enclave, cernée par les arbres. Ce petit bourg a été créé il y a quelques siècles pour y mettre des gens comme moi, des parias de la société, des anciens prisonniers. C'est pour cela que je m'y trouve bien. Je viens ici uniquement pour la forêt, pour me reposer... je ne sais pas vraiment pourquoi, au fond, mais en tout cas pas pour faire du tapage social, ni essayer de me présenter aux élections sénatoriales. Cette forêt est complètement compatible avec moi, avec mes chansons. Quels sont les derniers endroits sauvages de l'Europe ? Les forêts. Celle-ci est la deuxième forêt de feuillus de France, elle fait quand même 23 000 hectares. C'est comme si j'habitais au bord d'un grand lac. Et là, je ne suis entouré que par du sauvage.
Cette partie de la forêt est-elle fréquentée ?
Elle est fréquentée par les gens qui l'exploitent, les travailleurs de la forêt. C'est ce que j'ai découvert en m'installant ici il y a vingt ans : l'exploitation est utile et permet d'entretenir la forêt, de même que la chasse qui aide à contenir les populations de cervidés. D'ailleurs, la forêt n'a jamais été aussi belle qu'aujourd'hui. Il y a trois siècles, sous Louis XIV, elle a failli disparaître, parce que les gens y envoyaient paître leur bétail, parce qu'ils cuisinaient en allant chercher le bois. Un écologiste fou a demandé à ce que l'on commence à régulariser le côté fonctionnel de cette forêt. C'était très impopulaire, ça a donné lieu à des soulèvements. Depuis, des espaces sont protégés et, juste à côté de chez moi, il y a une réserve biologique, où on ne peut pas pénétrer. Seuls quelques chasseurs encadrés par l'Office nationale des forêts viennent tirer quelques cervidés pour empêcher qu'ils prolifèrent et mangent les jeunes pousses.
Vous y baladez-vous souvent ?
Au début, j'allais m'y perdre. Je voyais la nuit tomber et je ne savais pas où j'étais. Beaucoup de gens s'y perdent parce qu'elle est ardue, tout de même ! Pendant longtemps, j'y ai couru. Une fois, je me suis retrouvé sur une route avec un renard ; il était devant moi et n'avait pas d'endroit pour se barrer. De temps en temps, il tournait la tête pour voir, il se disait « il n'a pas de fusil celui-là ! » Aujourd'hui, j'y vais moins pour mon plaisir, mais je suis tellement près que je n'ai plus besoin de sortir. J'y ai emmené mes enfants, et puis ensuite ils se sont débrouillés tout seuls, ils ont joué les aventuriers.
Vous n'avez pas fait de cabanes avec eux ?
Ah, je suis un artiste, je ne suis pas le père de famille idéal non plus ! Ils se sont fait des frayeurs, avec ou sans moi.
Allez-vous cueillir des fruits, des champignons ?
Tout au départ, je cueillais des mûres, des trompettes de la mort, et puis j'ai arrêté. Je suis ici pour la qualité du silence et parce que je peux y être seul ; j'adore la solitude, que je ne considère pas comme une tare. Mais je ne suis pas le genre de mec à vouloir me casser les reins pour cueillir un champignon. J'aime les champignons, surtout ceux qu'on ne cueille pas. Je suis plutôt un contemplatif, pas un consommateur immédiat.
Qu'est-ce qui vous attire dans cette forêt ?
J'ai toujours été attiré par ce côté sombre, sauvage. Le seul endroit où je me sente bien, en dehors des lacs parce que je suis un grand romantique, un Lamartinien à fond la caisse, c'est ici. Je retrouve cet état sauvage, rare, qu'il nous reste dans nos pays civilisés. La nuit, c'est fabuleux ici ! J'adore les jours sombres de l'hiver où, dès qu'il y a un peu de brouillard, à trois heures de l'après-midi, on n'entend pas un bruit. J'ai beaucoup aimé Twin Peaks, parce que c'est l'histoire d'une forêt aussi, et je retrouve entre Twin Peaks, qui se passe dans le Montana ou dans ces coins-là, et le Jura, les mêmes projections fantasmatiques qui sont à la fois individuelles et collectives. Il y a toujours une chouette qui hulule, des traces dans l'herbe ; avant, je retrouvais mon terrain complètement labouré par les sangliers. J'ai dû mettre une frontière artificielle, une barrière en fait, mais c'est surtout pour me protéger contre les fans, pas contre la nature. La forêt est comme une couverture pour moi : toutes les nuits, on ne défait pas la couverture pour voir comment elle est tissée.
Avez-vous découvert d'autres forêts lors de vos voyages ?
Je me souviens avoir traversé une forêt au Yucatan, au Mexique, la nuit. J'étais en train d'écrire Soleil cherche futur. Je ne connaissais pas trop la faune, j'étais en plein milieu de la forêt tropicale, j'avais un peu d'appréhension, mais finalement j'étais enchanté par les chants des oiseaux, des grillons ; c'est dix fois plus puissant qu'ici, plus mélodieux aussi. Un soir, je suis arrivé ici vers six heures, il y avait de l'orage dans l'air, et j'ai entendu bramer, au fond du jardin ; c'était sublime, la forêt m'a offert ce cadeau alors que je n'étais pas venu depuis deux mois.
La nature et la forêt apparaissent finalement peu dans vos textes...
Non, il n'y a aucune raison que cela apparaisse. En fait, je viens vivre ici avec mon inconscient ; la forêt, c'est mon inconscient. Mais je ne vois pas ce que je pourrais raconter sur la forêt, je ne suis pas très doué pour ce genre de peinture. La réalité ne m'intéresse pas ; la forêt m'aide à vivre mieux, ou permet de faire éclater des choses en moi, mais de manière inconsciente. Ma peinture est intérieure, tourmentée, romantique, elle n'a aucun rapport avec le paysage, sinon quelque paysage de banlieue, ou de trottoir... C'est la ville qui m'inspire. Si je n'ai pas traîné dans les rues, si je ne suis pas allé me dévergonder dans les villes, si je n'ai pas pris des notes, si je ne ramène pas tout cela, je n'ai rien à dire. Cela fait partie de ma schizophrénie. Ici, c'est l'endroit où j'aime être, et où je rêverais de ne rien faire, mais je n'y arrive pas, je culpabilise très vite.
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17/03/2017
Renaud au Galaxie d'Amnéville : quand un phénix croise un corbeau...
"Plus les jours glissent, plus on découvre, si l'on regarde en arrière, les envoyés de la providence qui tour à tour nous ont montré la route à suivre". Hector BIANCIOTTI
Ma fille Louise (neuf ans aujourd’hui) est fan de Renaud. Elle lui a déjà écrit pour lui dire qu’elle était morgane de lui, ajoutant : « enfin, quand je dis ça, ça veut dire que je suis une de tes plus grandes fans » ! Il ne faudrait pas non plus qu’il aille s’imaginer qu’elle est amoureuse de lui, voyons ! Depuis des mois, nous avions nos billets pour le concert de la chetron sauvage au Galaxie d’Amnéville. Louise m’avait demandé de lui acheter un perfecto pour l’occasion ! Le bandana rouge, elle l’avait déjà depuis longtemps ! Franchement, elle payait, mardi soir, avec sa dégaine à la Séchan : chemise noire et blanche, bandana autour du cou, slim délavé, bottes grises et perfecto jeté négligemment sur ses frêles épaules de velours ! Elle avait quelque chose du Renaud des années 70 ! Dès notre arrivée au Galaxie, elle a récolté quelques regards amusés et attendris. J’adore observer du coin de l’œil la fraîcheur de cette gamine ! A un monsieur qui arpentait le hall en criant : « Demandez le programme ! », elle a expliqué que c’était son premier concert. « Enfin, mon premier concert de Renaud », a-t-elle précisé. « Parce que sinon j’ai déjà vu Thiéfaine, et puis bien sûr des chanteurs pour enfants, comme Philippe Roussel ou Aldebert ». « Hubert-Félix Thiéfaine, tiens donc ! Mademoiselle a du goût, à ce que je vois », a rétorqué le monsieur en question. Comme on le verra dans la suite de ce billet, Hubert fut très présent au cours de cette soirée ! Je ne vous en dis pas plus pour le moment, il faut bien que j’essaie de vous tenir en haleine !
La première partie du concert était assurée par un certain Gauvain Sers, dont Fred 06 m’avait dit le plus grand bien. Et c’est vrai que ses chansons ont un délicieux goût de revenez-y ! On y trempe une fois les lèvres, et on a envie de les siroter longuement comme une petite poire pour la soif ! Il a un côté gavroche, avec sa casquette vissée sur sa silhouette gracile. Il est originaire de la Creuse, et ce n’est pas si courant dans ce milieu ! Cela lui donne un petit côté exotique ! Un jeune type qui parle de Leprest dans une de ses chansons, cela ne court pas les rues non plus ! Bref, je crois que je vais désormais suivre de près ce titi creusois ! Louise a bien aimé ses chansons elle aussi. Mademoiselle a du goût, décidément !
Et puis, soudain, Renaud… Ce moment, Louise en rêvait depuis des mois. Accueillir le phénix aux ailes encore fragiles, l’envelopper d’un regard d’amour, ne pas perdre une miette de ce qu’il avait à nous offrir, tout ça, quoi. Mes deux filles et moi (oui, mon aînée était là aussi, mais nettement moins impliquée que Louise, « chacun sa religion, chacun son parachute » !) étions assises assez loin de la scène, en gradins. J’avais peur que Louise soit déçue parce que franchement, il faut bien l’avouer, Renaud, on le devinait plus qu’on ne le voyait. C’est un peu comme sa voix écorchée : on la devinait plus qu’on ne l’entendait ! Mais rien à cirer, honnêtement, le vrai cri est ailleurs ! Dans les mots toujours incisifs du chanteur énervant, dans la tendresse qu’il a déversée sur la salle dès son entrée en scène ! Louise, à qui je demandais de temps en temps si elle ne trouvait pas que nous étions mal placées, m’a répété plusieurs fois ce soir-là : « Oh non, maman, je suis heureuse, et puis d’ici on voit vraiment bien l’écran géant, et j’adore ». Ah oui, l’écran géant ! Il fait partie intégrante du spectacle. On voit défiler là de bien belles images : les venelles de Venise pour accompagner la chanson Héloïse, des rues de Paris, une immense bibliothèque pour Les mots. J’ai une tendresse folle pour cette chanson, elle me colle des frissons partout. Les mots, je leur dois moi aussi une fière chandelle, une chandelle qui trace un sillon lumineux dans ma vie…
Alors, oui, la voix est cabossée, elle a une gueule de bois à cuver dehors avec un billet de logement. Oui, la diction est parfois chevrotante, mais moi je crois comme Louise que ce qui compte, c’est que Renaud soit toujours là. Quelle ferveur il y a autour de lui ! Dans tous les coins du Galaxie fleurissaient des bandanas au cœur tendre. Des briquets allumés dans des petits poings levés. Des visages enfiévrés accueillant avec reconnaissance les chansons connues sur le bout des doigts. Entre deux morceaux, Renaud se raconte. Parfois avec émotion, parfois avec cet humour dont on dit qu’il est la politesse du désespoir… « Lolita m’a fait grand-père », « Dix ans se sont écoulés entre l’album Rouge sang et celui-là, et j’ai entendu dire que vous aviez pas mal pochtronné en mon absence » ! Tout à coup, il cite John Lennon, qui aurait dit un jour : « Le rock français, c’est comme le vin anglais : ça n’existe pas ». Et Renaud de s’insurger, comme il a toujours su si bien le faire ! « Et les Insus, alors, c’est pas du rock ? Et Hubert-Félix Thiéfaine, c’est pas du rock ? » J’avoue qu’en mon for intérieur, j’espérais ces mots. Je les avais d’ailleurs presque anticipés, pressentis. Parler de rock français et faire passer Thiéfaine à la trappe, c’est tout bonnement impossible (certains le font pourtant, honte à eux !!) ! Heureusement que de temps à autre je sais me tenir : j’étais à deux doigts de faire retentir un tonitruant « Hubeeert !!! » dans toute la salle, mais je me suis ravisée !
Renaud c’est pas mort, c’est pas récupéré. Ou alors de justesse par un public aimant, cuisant d’ardeur, de tendresse et de joie. La tournée actuelle est assurée en grande partie par ce public qui chante à tue-tête les classiques, les monuments comme Mistral gagnant, Manu, Ma gonzesse, Morgane de toi, et tant d’autres. Toutes ces chansons ont bercé mon enfance, puis mon adolescence. Renaud, c’est à lui que je dois mon entrée en écriture, et je ne l’en remercierai jamais assez. Je connais encore toutes ses chansons par cœur, et l’expression prend tout son sens ici…
Une fois le dernier rappel consommé, je n’avais déjà plus qu’un seul désir : retourner le voir en concert ! Il y a une date à Colmar dans quelques mois, pourquoi pas ?!
Alors que j’allais quitter le Galaxie mardi soir, voilà que je croise une jeune femme toute de Thiéfaine vêtue ! Tee-shirt au corbeau, veste en cuir rouge plantée de badges qui rappellent délicieusement une tournée encore fraîche. Comme je ne sais pas toujours me tenir, j’accoste la demoiselle en m’écriant : « Et Hubert-Félix Thiéfaine, c’est pas du rock ? » Nous échangeons quelques mots. Elle s’appelle Mirela, elle est prof d’allemand (ce qui fera dire à 655321, croisé également ce soir-là, que j’ai dû halluciner et sans doute me voir dans un miroir imaginaire !!). Elle ne côtoie la poésie d’Hubert que depuis un an, mais elle en est follement imbibée ! Elle connaît le Cabaret, elle y vient parfois. D’ailleurs, mercredi matin, j’avais un petit commentaire signé Mirela sur ce même blog.
Aller à un concert de Renaud et entendre autant parler d’Hubert, voilà qui ne laisse pas de m’émerveiller !! Quand je vous disais que le poète jurassien n’était jamais bien loin… Il suffit de l’espérer très fort, et on le croiserait presque à chaque coin de rue !
Mais pour en revenir à Renaud et à la tournée actuelle : c’est du grand art ! A voir absolument ! Cela vous balade deux heures durant dans le répertoire d’un sacré bonhomme qui n’a rien perdu de sa verve, même si elle s’est, au fil du temps, chargée de rocaille. Et puis je crois que la politesse du désespoir, c’est d’être toujours vivant, toujours debout, et « d’avoir pu traverser sans se faire écraser cette pute de vie, ses malheurs, ses horreurs, ses dangers et ses passages cloutés »…
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12/03/2017
Thiéfaine, poésie souterraine
Le voilà, le bel objet qui regroupe toutes les interventions des personnes qui ont animé le colloque "Hubert-Félix Thiéfaine, poète des parkings ... et autres mélancolies suburbaines". C'était le 9 juin 2015 à la Maison de la Poésie à Paris. A mon grand regret, je n'avais pas pu assister à cette journée. Mais voilà de quoi réparer ma frustration ! J'ai commandé ce recueil aujourd'hui, je devrais le recevoir jeudi ou vendredi.
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26/02/2017
Vampire en pyjama
"Si je me sors de tout ça, je deviendrai un autre homme. Je sens déjà la métamorphose opérer. Moi qui ai tant rêvé de chimères, géants, monstres amoureux et autres sirènes, me voici au combat pour un retour à la normalité". Mathias MALZIEU, Journal d'un vampire en pyjama.
Et aussi : "Pendant ce temps, le printemps vient se la péter sous ma fenêtre. Le soleil offre son décolleté de lumière derrière la vitre, je peux presque le caresser. Je veux être ébloui à m'en cramer la rétine".
L'écriture : une torche qui fend les ténèbres. La musique : un flambeau qui les fait crépiter nerveusement. Le skateboard : une planche de salut. L'amour : un soleil guilleret qui enflamme l'horizon, même quand ce dernier semble se rétrécir. Le dernier album de Dionysos, c'est tout cela, mais plus encore, j'y reviendrai. Pour qui ne connaît pas la récente histoire du chanteur de ce groupe : en 2013, il est subitement atteint d'une aplasie médullaire. Une sombre pathologie qui le met à plat, presque à terre, et le contraint à de nombreux séjours à l'hôpital, en chambre stérile la plupart du temps. Là, du fond de son lit, il se met à rêver à la vie toute simple. A ce qu'il appelle le "normal extraordinaire", celui qui est constitué de petites choses dont l'habitude nous fait trop souvent oublier la saveur : entrer dans une librairie et y fouiner des heures durant, à la recherche du miracle qui nous explosera à la bobine (le livre fait pour nous, le livre qui changera notre vie, etc.), partager un repas avec des amis ou sa famille. Tout cela, Mathias Malzieu en est privé pendant de longs mois.
Les douze premières chansons de l'album Vampire en pyjama (à écouter, peut-être, après avoir lu Journal d'un vampire en pyjama) racontent l'étrange "odyssée" à laquelle Mathias Malzieu fut contraint suite à l'annonce de sa maladie. On retrouve, dans ces douze titres, les thèmes déroulés dans le livre. On croise à nouveau l'effrayante Dame Oclès, qui vient régulièrement traîner ses guêtres dans les parages où suffoque notre petit vampire. Le tout est raconté subtilement, sans emphase et sans apitoiement. Les belles voix si singulières de Mathias Malzieu et d'Elisabet Maistre s'épousent merveilleusement, s'entrelacent, se renvoient des ascenseurs qui nous font grimper haut dans le ciel. La musique est enjouée, accompagnée bien souvent de sifflements qui lui font comme un écrin délicat. Le premier titre, intitulé Chanson d'été, nous offre d'abord la mélancolie des vers de Chanson d'automne, de Paul Verlaine. Puis, soudain, c'est comme une chevauchée exaltée dans un western : la pluvieuse mélancolie cède la place à une folle envie d'en découdre avec les obstacles. Et voilà que Mathias Malzieu se fait la promesse de revenir à l'été, "dans la peau d'un nouveau-né". Les vers de Paul Verlaine s'en vont dans la brume, il ne reste que l'éclat étincelant d'un été synonyme de renaissance. Ou de résurrection, qui sait ? Le ton est donné : ici, c'est le triomphe de la vie, elle va nous éblouir, et pas qu'un peu ! Compris, Dame Oclès ? Rhabille-toi et va faire voir ailleurs tes sombres guenilles et ta triste tronche d'Ankou qui se serait gouré de trottoir !
Grâce à une greffe de la moelle osseuse, Malzieu a pu renaître de ses sondes. Le voilà, encore un peu pâlichon, "revenant inversé" ayant triomphé de l'obscurité qui menaçait de l'aspirer tout entier, de le sucer jusqu'à la moelle. Il est là, toujours vivant, toujours debout sur un skateboard qui défie les ombres. Et nous ne pouvons que saluer le miracle de l'avoir devant nous.
La deuxième partie de l'album, totalement cachée à l'acheteur dans un premier temps (ce n'est qu'en laissant tourner le CD que l'on se rend compte qu'il recèle ces douze autres pépites), m'a séduite tout autant. Le choix de certaines chansons me semble répondre astucieusement à la première partie, lui faisant admirablement écho. Une reprise de Bowie, l'homme aux mille visages, une autre de Nirvana, moins électrique que la version originale, mais tout aussi envoûtante. Nirvana, le groupe éternel que la mort n'a pas réussi à déboulonner du paysage musical international. Une façon de nous dire que l'art rime avec déguisements en tous genres et quasi immortalité ? Ou qu'il arrime solidement à la vie ? Je divague un peu, pardon ! En tout cas, me voilà entrée dans l'univers de Dionysos, et je pense que je n'en ressortirai pas de sitôt ! Il me prend soudain l'envie démentielle, puérile peut-être, de traverser cette œuvre sur un skateboard lâché à toute berzingue ! Moi qui, pourtant, "ne sais pas conduire, pas même un cerf-volant", comme le chante Malzieu !!!
13:08 | Lien permanent | Commentaires (2)
24/02/2017
"Souvenir, souvenir, que me veux-tu ?"
"Je n'aime pas ce que j'écris. Mais j'écris". Georges PERROS
Mes excuses, je déserte fortement ce blog en ce moment. Mais ce soir, j'ai envie de revenir pour partager quelque chose avec vous. Oh, pas grand-chose. Il ne s'agit pas d'une trouvaille qui ferait exploser le thiéfainomètre de la toile, juste d'un poème (bien naïf, j'en conviens) que j'écrivis en 1996. Ce soir, alors que je cherchais un tout autre texte dans un de mes vieux cahiers, je suis tombée sur ce poème et, même s'il est sans valeur aucune, il m'a profondément émue. La jeune femme âgée de 23 ans que j'étais alors avait déjà la thiéfainomanie chevillée au corps !
Voici donc ledit poème :
Samedi 14 décembre 1996. 17h30. En écoutant Thiéfaine... En regardant la nuit tomber...
Thiéfaine
Thiéfaine, ça s'écoute dans la pénombre
Quand les spectres sortent du royaume des ombres
Quand la vie nous laisse là, pantois,
Avec ces questions auxquelles elle ne répond pas
Thiéfaine, ça s'écoute dans une chambre obscure
Quand le sang s'échappe de nos blessures
Quand le silence insupportable meurtrit
Un cœur qui se tord de douleur et d'ennui
Thiéfaine, ça se savoure dans la solitude
Et quand j'ai besoin de reprendre ma latitude
C'est toujours Thiéfaine qui sait m'apaiser
Et me créer un monde loin de la réalité
Thiéfaine, ça s'écoute plutôt la nuit
Quand les étoiles rient de nos insomnies
Quand le ciel nous nargue de sa sérénité
Et nous laisse seul parmi des fantômes brisés
Thiéfaine, ça s'écoute quand tout dort
Seuls, alors, hurlent ses "vive la mort"
Thiéfaine, ça s'écoute dans les ténèbres
Quand la vie prend des accents funèbres
Thiéfaine, alligator de mes nuits solitaires
Borniol apaisant de mes errances en mer
Rimbaud du troisième millénaire
Compagnon d'infortune, mon soleil, mon frère...
Je sais, je n'ai honte de rien !! A la relecture de ce poème, je ne peux qu'abonder encore plus dans le sens de Georges Perros : "Je n'aime pas ce que j'écris. Mais j'écris" ! Je me rends compte aussi de l'influence de Baudelaire, que je lisais énormément à cette époque, et le vers de la fin me ramène étrangement à son "hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère" !
"Souvenir, souvenir, que me veux-tu ?", c'est la question que pose le titre de ce billet. Je crois que ce souvenir de 1996 veut me dire, simplement, que vingt-trois ans ou quarante-trois sur le paletot, même petite folie plantée dans le cœur !!!
21:50 | Lien permanent | Commentaires (20)