Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/01/2012

Méthode de dissection : une autre artiste citée dans le livret de Suppléments de mensonge

La pensée du jour : "ça recommence, je ne peux m'empêcher de méditer sur la manière dont l'individu est prisonnier dans la cellule de ses propres limites". Sylvia PLATH

 

 

Née en 1932 dans le Massachusetts, d'une famille d'origine allemande et autrichienne, Sylvia Plath fit des études brillantes à Smith College et à Cambridge, en Angleterre. En 1940, son père meurt; cette mort marquera toute son œuvre. En 1953, elle tente de se suicider; elle fera plusieurs séjours en établissements psychiatriques. Elle épouse Ted Hughes en 1956. De son vivant ont paru un recueil de poèmes, Le Colosse, et un roman, La Cloche de détresse. Ariel (1965) suivi de La traversée et d'Arbres d'hiver (1971) la placent parmi les plus grands poètes anglo-saxons contemporains.

 

Sylvia Plath s'est suicidée en 1963, à l'âge de 31 ans, laissant deux enfants.

 

Ainsi commencent les Journaux que Sylvia Plath a tenus entre 1950 et 1962 :

 

(Avant d'entrer à Smith à l'automne, Sylvia Plath avait pris un emploi pour l'été : elle travaillait aux champs à Lookout Farm dans la campagne du Massachusetts).

 

Juillet 1950. Peut-être ne serai-je jamais heureuse, mais ce soir, je me sens comblée. Il suffit d'une maison vide, d'une chaleur et d'un brouillard de fatigue après une journée passée à planter des fraisiers au soleil, d'un verre de lait frais sucré et d'une petite assiette de myrtilles noyées de crème. Maintenant je sais comment les gens peuvent vivre sans livres et sans université. Quand à la fin de la journée on est si fatigué que l'on doit dormir, et le lendemain matin à l'aube il y a d'autres fraisiers à planter, et la vie continue ainsi, près de la terre. Dans de tels moments, il serait ridicule d'en demander plus.

 

Plus loin, on trouve :

 

J'éprouve parfois le sentiment d'attendre quelque chose, qui serait là, presque à portée de compréhension, juste sous la surface, prêt à être saisi. C'est un supplice comparable au fait d'avoir un nom sur le bout de la langue. J'éprouve ce sentiment lorsque je pense aux êtres humains, lorsqu'on m'arrache des dents de sagesse et que cela me fait songer à l'évolution de l'espèce, la mâchoire étant devenue plus étroite de ne plus avoir à mâcher des nourritures si dures. Le corps humain de moins en moins poilu. Et l'œil de l'homme qui s'adapte à la finesse du caractère imprimé, au mouvement délié et coloré qui caractérise le XXème siècle. Me vient ce sentiment, vague et obscur, lorsque je réfléchis à l'adolescence prolongée de l'espèce : les rites de la naissance, du mariage et de la mort; toutes ces cérémonies primitives et barbares qui ont survécu en s'affinant jusqu'à l'époque contemporaine. La pureté de la bestialité aveugle me semble presque préférable. Quand je médite ainsi, je sais qu'il y a là quelque chose qui m'attend. Un jour peut-être j'aurai une révélation, et je verrai l'autre côté de cette farce monumentale. Alors je pourrai rire. Alors je saurai ce que la vie signifie.

 

(...)

 

J'ai le choix entre deux attitudes : bonheur dans l'action constante, ou passivité et tristesse dans l'introspection. Ou alors je peux devenir folle en ricochant de l'une à l'autre.

 

 

 

14/01/2012

Méthode de dissection : les auteurs cités dans le livret de Suppléments de mensonge

La pensée du jour : "On a les admirations qui nous ressemblent". Louis CALAFERTE

 

 

Je continue à décortiquer le livret de Suppléments de mensonge. Hier soir, je me suis dit soudain : « Punaise, pas très gai, tout cela ! Dagerman et Plath se sont suicidés, qu'en est-il des autres auteurs cités dans le livret ? » J'ai fait quelques recherches et le moins que l'on puisse dire, c'est que les écrivains cités par Thiéfaine ont eu une vie chaotique et, souvent, une mort violente.

 

Consacrons-nous aujourd'hui à Nathaniel Hawthorne, dont on trouve les mots suivants placés en exergue des Ombres du soir :

 

« Les gens devraient réfléchir avant de se rendre à une invitation au Royaume de Nulle Part ».

 

HAWTHORNE Nathaniel : romancier américain. Né le 4 juillet 1804 à Salem, autrefois grand port de mer, d'une famille de négociants et de marins à son déclin, mort à Plymouth (New Hampshire) le 10 mai 1864. Sa mère était veuve, ce fut elle qui l'éleva dans une maison hantée. Dans tous ses écrits, on retrouve certains traits de l'histoire de sa famille que son imagination lui fit voir sous un jour obsédant éclairé, cependant, par l'ironie légère qui lui était propre, comme une version américaine des Atrides. Un de ses plus lointains ancêtres fut le juge Hawthorne, persécuteur de sorcières, dont il retrace le portrait sous le nom de Pyncheon dans La Maison aux sept pignons. Parmi ses ancêtres spirituels on doit citer le théologien puritain Jonathan Edwards. Un accident au pied survenu dans son enfance, en l'excluant pendant deux ans des jeux d'enfants, lui donna l'habitude de la solitude, celle aussi de se détacher des grands courants de la vie qui couraient autour de lui. Ces habitudes prirent une forme stable dans son esprit avant de trouver leurs moyens d'expression; son premier travail littéraire fut une revue pour jeunes intitulée The Spectator dont le titre peut sembler un pressentiment. Jeune, sa beauté était extraordinaire, et pendant ses quatre années d'études au Bowdoin College, il joua avec succès l'étudiant désinvolte, mondain, chevaleresque, rêveur, le type même du jeune Cyroniano qui devait devenir le héros de son premier roman, Fanshave. Puis il se retira soudain dans l'intimité de la maison maternelle. Là il parcourut, pendant douze ans, les labyrinthes de l'âme puritaine et apprit à maîtriser l'art de la création littéraire. C'est dans cette retraite qu'il construisit ce coin secret de son esprit dans lequel devait se confiner le reste de son existence. Il vécut parmi des ombres qu'il revêtit dans ses romans d'assez de chair pour que l'on puisse voir et décrire leurs mouvements, mais ces ombres n'étaient en définitive que fantômes échappés des rêves de l'imagination américaine. Ces années solitaires lui firent découvrir en lui une à une – et il les exorcisa avec sa plume – ces dispositions du « caractère » humain qu'un esprit aussi seul peut connaître : l'esthète stérile, le spectateur impuissant de la vie des autres, le « voyeur », l'égocentrique, l'investigateur cruel et scientifique des âmes : types de personnages qui apparaissent sans cesse dans son œuvre. Dès l'enfance il avait été attiré par la littérature symboliste et fantastique, les allégories, les mythes, les légendes où les événements décrits sont des événements de la vie de l'âme : à cette époque, tout en continuant ses explorations, il se plongea dans des évolutions toujours plus tortueuses; il descendit dans ces régions souterraines (« subconscientes », dirait-on de nos jours) où les actions cachées ont la force et l'irréversibilité des lois naturelles et où tous les phénomènes, à leurs limites extrêmes, se métamorphosent l'un dans l'autre. Pendant quelque temps, il envisagea même de se joindre à une expédition qui devait aller explorer le pôle sud, s'imaginant peut-être qu'il y serait accueilli par cette blancheur sans forme qui enveloppe tout et en quoi tout se résout, aux limites extrêmes de l'esprit, mythe qui séduisait l'Arthur Gordon Pym de Poe.

 

Lorsqu'il sortit enfin de sa retraite de Salem, il prit un poste aux douanes de Boston (1839-1841), participa, peu de temps toutefois, et avec un certain scepticisme, à l'expérience de Brook Farm inspirée par la philosophie de Fourier (c'est Brook Farm qu'il décrivit plus tard dans Le Roman de Blithedale), et il épousa Sophie Peabody. Agé alors de 38 ans et probablement vierge, il ressentit pour sa femme une adoration qui sûrement fut certes érotique mais dans laquelle entrait également une gratitude infinie pour celle qui l'avait sauvé de l'éternelle agonie glacée qui attend l'explorateur polaire, ainsi qu'un sentiment d'expiation passionnée pour ce dont il se sentait coupable : coupable de s'être exclu, comme son Ethan Brand, de la « chaîne magnétique de l'humanité » en devenant un artiste et un investigateur des âmes. Pendant quatre ans le couple habita à Concord, entouré des apôtres du Transcendantalisme, mais inaccessible à leur évangile. Hawthrone s'adonna dans la sérénité à son art. De nombreuses pages des Mousses du vieux presbytère se rattachent à cette période de sa vie. Trois autres années passées comme fonctionnaire des douanes, cette fois à Boston, furent suivies d'une soudaine poussée d'énergie littéraire : entre 1849 et 1853, il publia La Lettre écarlate, La Maison aux sept pignons, Blithedale Romance (traduit en français sous le titre Valjoie en 1952), Le Livre des merveilles et Les Contes du bois touffu. En 1853, son ancien camarade d'études, Franklin Pierce, devenu président des Etats-Unis, le nomma consul à Liverpool. Pendant les deux années suivantes, Hawthrone assura ses devoirs officiels. Il resta avec sa femme et ses enfants en Europe jusqu'en 1860, et voyagea en Angleterre, en France et en Italie. L'Italie lui inspira l'arrière-plan du Faune de marbre qui ne fut autre que l'élaboration de ce qui avait toujours été son thème le plus cher, « l'histoire naturelle » de l'âme humaine. Revenu en Amérique, le même intérêt obsédant pour les « origines » qui l'avait poussé, lorsqu'il était adolescent, à se livrer à des recherches minutieuses sur la vie de ses ancêtres de Nouvelle-Angleterre, s'accentua encore dans une série de manuscrits, œuvres manquées, dans lesquelles le « drame » de la condition humaine devait remonter, à travers la Nouvelle-Angleterre et la vieille Angleterre jusqu'à la source première, jusqu'à quelque obscur péché originel : une « trace ensanglantée » sur le seuil d'une demeure ancestrale. Mais ses forces diminuaient; Hawthorne n'était que trop conscient de ce que l'univers moral dont il était le poète et l'historien se trouvait sur le point de mourir; sa mort elle-même, survenue en 1864, fut un cas évident de mort physique déterminée par la nécessité et la volonté de mourir.

 

Stanley GEIST (Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays).

 

13/01/2012

"Elle dort au milieu des serpents"

La pensée du jour : "Le temps sème ses ecchymoses". Louis CALAFERTE

 

La Vouivre, suite (toujours d'après le roman de Marcel Aymé) :

 

La Vouivre, figure comtoise, est sans doute un des souvenirs les plus importants qu'ait laissés en France la tradition celtique. Survivante de ces divinités des sources, qu'adoraient les Gaulois et qui se comptaient par milliers, elle a transporté à travers les âges l'une des croyances les plus populaires de la Gaule antique. Cette croyance, fort répandue à son époque où la conquête romaine était toute récente, Pline l'Ancien la rapporte en ces termes : « En outre, il est une espèce d'œuf en grand renom dans les gaules et dont les Grecs n'ont pas parlé. En été, des myriades de serpents se rassemblent et s'enlacent. Collés les uns aux autres par leur bave et par l'écume qui transpire de leurs corps, ils façonnent une boule appelée œuf de serpent. Les Druides disent que cet œuf est soutenu en l'air par les sifflements des reptiles et qu'il faut le recevoir dans un manteau avant qu'il ait touché terre. En outre, le ravisseur doit s'enfuir à cheval, car les serpents le poursuivent jusqu'à ce qu'il ait mis une rivière entre eux et lui. Cet œuf est reconnaissable à ce qu'il flotte sur l'eau, même attaché à un morceau d'or... J'ai vu moi-même un de ces œufs, qui était de la grosseur d'une moyenne pomme ronde... » (PL. Historia Naturalis).

 

Telle que la raconte Pline l'Ancien, la légende apparaît à peine transposée dans celle de la Vouivre. Le talisman, qui avait chez les Gaulois la réputation de faire merveille dans les procès, a pris de la valeur avec le temps. On pourrait d'ailleurs, sans grands risques d'erreur, expliquer comment l'œuf de serpent s'est changé en rubis. La transformation s'est très vraisemblablement opéré depuis l'époque où l'industrie de la taille des pierres précieuses s'est installée dans les cités et les bourgades du haut Jura.

 

 

En passant devant Arsène, la Vouivre tourna la tête et le regarda avec une indifférence qui le troubla. Ses yeux verts, d'un éclat minéral, avaient non seulement la couleur des yeux du chat, mais aussi le regard, qui se pose sur celui de l'homme comme sur un objet en se refusant à rien échanger. Au milieu du carrefour, elle passa dans un rai de soleil qui fit étinceler le rubis de son diadème et briller des feux rouges dans ses cheveux noirs. A la suite de la vipère, elle s'engagea dans le sentier menant à l'étang des Noues, mais après avoir marché cent mètres, obliqua à travers bois et fougères et disparut au regard d'Arsène. Le premier moment de surprise passé, il ne pensa plus qu'à la rejoindre et à son tour entra dans le sous-bois. La crainte des vipères ne l'effleurait même pas. Il marchait à grands pas dans les fougères, les bas de pantalon trempés par la rosée qui dégouttait dans ses sabots et lui piquaient les pieds. En débouchant de la forêt, il fut d'abord ébloui. Le soleil était à l'autre bout de l'étang que partageait dans toute sa longueur un sillon étincelant. Vers le milieu, là où les eaux se resserraient dans un étranglement, des nappes d'herbes brillaient comme un argent vif.

 

04/01/2012

"Elle dort au milieu des serpents"...

La pensée du jour : "Tout ce qui s'abîme est préface à la mort". Louis CALAFERTE

 

Avant le concert de Besançon, un journaliste de France3-Franche-Comté, s'adressant aux doux dingues qui se trouvaient dans les premiers rangs des impatients (doux dingues impatients dont, une fois encore, j'étais ce soir-là !), un journaliste, donc, fit remarquer que l'album Suppléments de mensonge signait un véritable retour aux sources. Exemples : l'évocation de la ruelle des morts de Dole et celle de la Vouivre. La Vouivre, mais oui ! Entre la femme qui dort au milieu des serpents dans Les ombres du soir et la figure comtoise, le lien est évident ! Sauf que de moi-même, je n'y aurais jamais pensé !!

 

Par chance, j'adore Marcel Aymé et possède chez moi son roman La Vouivre. Je l'ai lu en 1999, il m'a donc fallu me rafraîchir la mémoire. Dès les premières pages, on pense aux Ombres du soir ! Jugez plutôt :

« Vers huit heures du matin, Arsène Muselier aiguisait sa faux lorsqu'il aperçut à quelques pas de lui une vipère glissant sur l'herbe rase entre deux andains. Un frisson lui passa sur l'échine et son cœur se serra d'une légère angoisse, comme il lui arrivait parfois dans les bois lorsqu'il entendait le bruit d'un remuement dans les branches profondes d'un buisson. A l'âge de cinq ans, un jour qu'il cueillait du muguet, il avait mis la main sur un serpent et l'aventure lui avait laissé l'horreur des reptiles. La vipère filait comme un trait, le corps à peine ondulant, sa tête plate immobile, surveillant le garçon de son petit œil au regard prompt comme celui d'un oiseau. Plein de haine et d'indignation, Arsène avait lâché sa pierre à aiguiser. La faux bien en mains, il fit un bond en avant et, d'un mouvement court et précis, estoqua au ras de l'herbe. La bête avait vu venir le coup et s'était mise hors de portée » (...)

 

Apparition d'une autre vipère page 10 :

 

« Il marchait depuis quelques minutes, et il vit, presque sans émoi, déboucher une vipère sur un croisement de sentiers. Plus longue et plus fine que celle du pré, elle rampait sans hâte, le col dressé, l'allure provocante. Elle tourna vers lui sa tête plate, comme pour le toiser, et Arsène, en découvrant sous la mâchoire de la bête un coin de peau tendre et molle, sentit renaître en lui une indignation panique. Il n'eut d'ailleurs pas le temps de s'y laisser aller. Derrière la vipère apparut une fille jeune, d'un corps robuste, d'une démarche fière. Vêtue d'une robe de lin blanc arrêtée au bas du genou, elle allait pieds nus et bras nus, la taille cambrée, à grands pas. Son profil bronzé avait un relief et une beauté un peu mâles. Sur ses cheveux très noirs relevés en couronne, était posée une double torsade en argent, figurant un mince serpent dont la tête, dressée, tenait en sa mâchoire une grosse pierre ovale, d'un rouge limpide. D'après les portraits qu'on lui en avait tracés et qu'il avait crus jusqu'alors de fantaisie, Arsène reconnut la Vouivre.

 

Vouivre, en patois de Franche-Comté, est l'équivalent du vieux mot français « guivre » qui signifie serpent et qui est resté dans la langue du blason. La Vouivre des campagnes jurassiennes, c'est à proprement parler la fille aux serpents. Elle représente à elle seule toute la mythologie comtoise, si l'on veut bien négliger la bête faramine, monstre certainement très horrifique, mais dont la forme et l'activité sont laissées au caprice de l'imagination. Sur la Vouivre, on possède des références solides, des témoignages clairs, concordants. Dryade et naïade, indifférente aux travaux des hommes, elle parcourt les monts et les plaines du Jura, se baignant aux rivières, aux torrents, aux lacs, aux étangs. Elle porte sur ses cheveux un diadème orné d'un gros rubis, si pur que tout l'or du monde suffirait à peine à en payer le prix. Ce trésor, la Vouivre ne s'en sépare jamais que pendant le temps de ses ablutions. Avant d'entrer dans l'eau, elle ôte son diadème et l'abandonne avec sa robe sur le rivage. C'est l'instant que choisissent les audacieux pour tenter de s'emparer du joyau, mais l'entreprise est presque sûrement vouée à l'échec. A peine le ravisseur a-t-il pris la fuite que des milliers de serpents, surgis de toutes parts, se mettent à ses trousses et la seule chance qu'il ait alors de sauver sa peau est de se défaire du rubis en jetant loin de lui le diadème de la Vouivre. Certains, auxquels le désir d'être riche fait perdre la tête, ne se résignent pas à lâcher leur butin et se laissent dévorer par les serpents ».

 

La suite dans les jours qui viennent, si cela vous intéresse !

 

24/12/2011

Suppléments de mensonge, chanson n°10 : "Les ombres du soir" (mais pas seulement)

La pensée du jour : "Que de tempêtes en moi, de vins ivres, et de roses, et d'éclats. Que de vents fous rageurs". Louis CALAFERTE

 

La note d'aujourd'hui pourrait s'intituler "toutes les fois où je verrai encore HFT" !!! Un grand souhait pour 2012 : voir Hubert, encore et toujours ! J'ai déjà mes billets pour le concert du 8 mars au Galaxie d'Amnéville et pour celui du 20 avril à Vandoeuvre-lès-Nancy. Et j'espère que l'année 2012 sera parsemée de surprises, que parfois je trouverai "la fréquence que je n'attendais pas", qui sait ?! Il m'est déjà arrivé d'aller en vacances dans un coin paumé du Jura ou de la Bretagne et d'y découvrir une affiche annonçant un concert d'Hubert à Trifouillis-la-montagne ou à Trifouillis-sur-mer ! J'y crois !! Et vous, des souhaits bien précis pour 2012 ?

En attendant la reprise de la tournée, voilà de quoi nous réchauffer dans notre attente impatiente : "Les ombres du soir". Une chanson qui revêt toute sa puissance sur scène. Je pourrais l'écouter - sans me lasser - des milliers de fois, les yeux fermés, avec des images de marais et de serpents logées dans la tête... Il faudra que je relise La Vouivre un de ces quatre.

 

Suppléments de mensonge, Chanson n°10 : Les ombres du soir

 

elle dort au milieu des serpents
sous la tonnelle près des marais
les yeux au-delà des diamants
qu’elle a incrustés dans ses plaies
elle dit c’est pas Saint Augustin
qui joue du violon dans les bois
& Paganini encore moins
ça semble étrange mais je la crois
j’ai rien entendu par ici
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

là-bas, plus loin coule une rivière
qui nous sert de démarcation
enfin j’veux dire pendant les guerres
quand on a une occupation
les spectres des morts lumineux
se promènent la nuit sous les saules
& ceux qu’oublient de faire un voeu
en perdent soudain leur self contrôle
on les r’trouve collés à la pluie
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

j’ai vu pas mal de filles tomber
souvent là-bas du haut du pont
& faire semblant de se noyer
en chevauchant leurs illusions
elle, elle me fixe tendrement
elle caresse un aspic & dit
rien vu de tel depuis longtemps
oh non, rien de tel, mon ami
pas vu de telles orgies ici
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

au souffle brumeux des vipères
elle me montre du doigt la sphaigne
où tritons, salamandres en guerre
se battent au milieu des châtaignes
tu sais déjà me murmure-t-elle
qu’il faut séduire pour mieux détruire
& dans un geste & des bruits d’ailes
elle disparaît dans un sourire
puis elle revient & me poursuit
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

hm … elle joue avec ses serpents
sous la tonnelle près des marais
mais ses visions ne durent qu’un temps
& le temps lui-même disparaît
les heures se courbent dans l’espace
& tournent autour d’un monde ancien
où les lunes s’estompent & s’effacent
en glissant sur un flux sans fin
d’aucuns en cherchent la sortie
depuis des siècles & ma mémoire
au fil des brouillards & des nuits
se perd dans les ombres du soir

 

Il y a très longtemps, je vous avais demandé de vous livrer à un petit jeu ici : me citer vos plus beaux plantages dans les paroles d'HFT. J'avais dû commencer par un des miens : "le futur te sniffe par le bout, te plantant sur un long tréteau" !! Cela m'évoquait de drôles d'images. Parce qu'un type empalé sur un long tréteau, c'est assez sordide !!!

Aujourd'hui, je vous propose de découvrir les petites confusions d'Aclh. C'est par ici :

http://perlicuisine.canalblog.com/


 

22/12/2011

Toutes les fois où j'ai vu HFT (édition revue et augmentée !!)

La pensée du jour : "On couche toujours avec des morts". Léo FERRE

 

Je recommence ma petite liste ce matin, je viens réparer un oubli impardonnable : le concert de la Flèche d'or, le 6 juin 2011 ! Donc, j'ai vu Thiéfaine 32 fois !

 

 

 img108.jpg

 

 

 

Vendredi 27 octobre 1995, Salle des fêtes, Sarreguemines (57).

Mardi 24 novembre 1998, Saint-Avold (57).

Jeudi 25 mars 1999, Zénith, Nancy (54)

Dimanche 11 juillet 1999, Eurockéennes, Belfort (90).

Mercredi 3 novembre 1999, Salle Elsa Triolet, Longlaville (54).

Samedi 27 octobre 2001, Galaxie, Amnéville (57).

Jeudi 13 décembre 2001, Zénith, Nancy (54).

Samedi 3 août 2002, Champ des lutins, Gomené (22) : Festival Délirock.

Vendredi 20 septembre 2002, Les Arènes, Metz (57).

Samedi 25 octobre 2003, Salle Rameau, Lyon (69) : hommage à Léo Ferré.

Mercredi 26 mai 2004, Grand Théâtre, Dijon (21) : Histoire du soldat, Stravinsky.

Samedi 31 juillet 2004, Festival de bouche à oreille, Savigna (39).

Mardi 16 novembre 2004, Théâtre municipal, Thionville (57).

Mercredi 17 novembre 2004, Salle Poirel, Nancy (54).

Jeudi 18 novembre 2004, Théâtre de la Rotonde, Thaon-les-Vosges (88).

Jeudi 2 décembre 2004, Arsenal, Metz (57).

Vendredi 10 mars 2006, Rockhal, Esch-sur-Alzette (Luxembourg).

Samedi 18 mars 2006, La Cigale, Paris.

Mardi 4 avril 2006, Zénith, Nancy (54).

Jeudi 6 avril 2006, Zénith, Dijon (21).

Dimanche 30 avril 2006, salle Acropolis, Voujeaucourt (25).

Vendredi 11 août 2006, festival du chien à plumes, Villegusien (52).

Samedi 7 octobre 2006, Théâtre municipal, Béthune (62).

Vendredi 3 novembre 2006, Théâtre de Champagne, Troyes (10).

Vendredi 17 novembre 2006, Zénith de Paris.

Samedi 28 juin 2008, Olympia de Paris, concert Thiéfaine / Personne.

Vendredi 11 juillet 2008, Lac de Madine (55), concert Thiéfaine / Personne.

Je peux citer également la rencontre FNAC en mars de cette année, même si ce n'était pas un concert. Après tout, mon billet s'intitule "toutes les fois où j'ai vu HFT" !

6 juin 2011, La Flèche d'or, Paris.

Mercredi 19 octobre 2011, Zénith, Nancy (54).

Samedi 22 octobre 2011, Bercy, Paris.

Vendredi 18 novembre 2011, Micropolis, Besançon (25).

 

Je viens de ressortir tous mes billets, soigneusement conservés dans une boîte à chaussures, elle-même soigneusement conservée dans une grande boîte Pampers !!!!!! On a les coffres-forts qu'on peut !! Attaché(s) à certains billets, le petit ticket de métro et/ou le billet de train. Fétichisme ?! On peut dire ça !!

Je constate avec  tristesse que les écritures d'un grand nombre de billets sont devenues quasi illisibles. Le tout premier, celui de Sarreguemines, a bien tenu le coup, mais presque tous les autres ont chopé une patine bien mélancolique... Bientôt, il me faudra accrocher une feuille explicative à chaque billet !

Et vous, combien de fois avez-vous vu HFT ? Quel est à vos yeux le meilleur concert auquel vous ayez assisté ? Pour ma part, je crois que je resterai toujours sous le charme du concert de 2004, salle Poirel, à Nancy. Vers la fin, toute la salle s'était levée comme un seul homme pour rendre hommage à l'artiste. J'y pense encore avec émotion.

Finalement, je n'ai vu HFT que 32 fois !!! Je n'ai pas encore mon compte, je peux vous le dire !! Dès le mois de mars de l'année prochaine ... on the road again, "toujours plus loin à fond la caisse et toujours, toujours plus d'ivresse" !!!

20/12/2011

Suppléments de mensonge, chanson n°9 : "Lobotomie Sporting Club"

La pensée du jour : "Notre printemps est un printemps qui a raison". Paul ELUARD

 

 

LOBOTOMIE SPORTING CLUB

 

frelons hurlant dans nos crânes

scorpions rampant dans le crash de nos âmes /

serpents visqueux englués dans les squames

de nos bourbeuses mémoires d'humanoïdes insanes /

nous n'sommes que des branleurs

gélatineux babouins

des crapoteux branleurs

clowns et sacs à vin

pignoles ! envie de tout plomber /

envie de tout scratcher... de tout désintégrer /

faire cramer les télés avant que de crever

de peur

dans les coulisses des shows climatisés

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

nervis casqués d'étincelles

rottweilers devant les maternelles

bannières désétoilées / caméras et dentelles /

dans l'oeil des rats squattant les paradis virtuels

lobotomie-média / propaganda flippée

lobotomie-média / propaganda fliquée

 

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

soleil-cafard

futur glacé

matin blafard

cerveaux détraqués

fleurs suburbaines

crasseuses beautés

anges de la haine

fin programmée

 

Hubert-Félix THIEFAINE / La Casa

 

 

Chanson n°9 de "Suppléments de mensonge", "Lobotomie Sporting Club" fut également interprétée il y a quelques années par un groupe dolois, Kerplunk, pour qui HFT l'avait écrite. Je l'avais écoutée à l'époque, mais avais eu un mal fou à décoder les paroles !

C'est une chanson que j'aime beaucoup, en version studio comme en concert. Et vous ?

Je viens de l'écouter plusieurs fois et quand la musique s'est tue, ma fille Louise s'est exclamée : "Encore futur glacial" !

Tiens, je pensais à un truc : il y a quelques années, j'avais mis ici un billet intitulé, je crois, "toutes les fois où j'ai vu HFT". L'heure est venue de réactualiser la liste, étant donné qu'elle s'est un peu allongée !! Je vous fais cela dans les jours qui viennent. Et peut-être un nouveau topo sur Saint Augustin, à qui le magazine LIRE a consacré un dossier entier en novembre. Enfin, on verra si je me lance à nouveau là-dedans, on dirait que Saint Augustin ne vous inspire pas des masses !!!!! Ce n'est pas parce que ce n'est pas lui qui "joue du violon dans les bois" qu'il faudrait me le reléguer aux oubliettes !!!!

 

 

18/12/2011

Autoroutes jeudi d'automne ou le concert de Rouen raconté par Aclh

Ce soir, place à la jolie plume d'Aclh, qui nous raconte le concert de Rouen :

 

Autoroutes jeudi d'automne

13h : je quitte le bureau sous le regard incrédule d’une collègue qui se demande pourquoi je prends mon après-midi pour me rendre à un concert d’un type qu’elle trouve triste… Enième tentative pour lui faire comprendre que Thiéfaine ce n’est pas ça, énième échec. Tant pis.

 

 Je rentre chez moi, prépare mes affaires avec l’idée de partir vers 14h. Mais je traîne, je traîne…

 

15h et quelques, je décolle enfin. Une fois dans la voiture, je branche le GPS direction le Zénith de Rouen, il planifie 1h30 de trajet. « Votre itinéraire comporte des péages, souhaitez-vous continuer ? » Oui mais… j’ai oublié ma carte bleue, et ma tête aussi semble-t-il ! Retour à la case départ, encore 15 bonnes minutes de perdues… et je repars.

 

Je suis enfin seule dans ma voiture, sur l’autoroute, nous sommes un jeudi d’automne. Le lecteur CD avale celui du Scandale Mélancolique Tour, l’artiste démarre en nous proposant une bonne gamme de tranquillisants… puis enchaîne avec le Cabaret Ste Lilith. J’enchaîne les autoroutes, nombreuses dans ma région et j’ai de la chance : tout est bouché dans l’autre sens, mais pas vers la Normandie. Il bruine, un vrai temps automnal. Peu à peu j’essaie de réaliser : ce soir je retourne prendre l’ascenseur HFT, celui qui nous emmène dans les nuages dès les premiers mots prononcés.

 

17h tapantes, j’arrive sur le parking du Zénith, quasi désert. Je rejoins les quelques courageux qui sont là, pour certains, depuis 14h. Nous ne sommes même pas une dizaine ! Les gens arrivent au compte-gouttes, 1 ou 2 personnes par heure. Certains doutent : c’est bizarre, il n’y a personne… d’autres disent qu’ils auraient dû arriver plus tard… Mais je ne regrette en rien cette attente dans le froid, oh que non ! L’ambiance est bonne, différente de celle de Bercy où j’avais passé des heures à discuter sagement en écoutant deux étudiants égrener des perles à la guitare. Ici on papote un peu, les gens semblent plus réservés mis à part un Thiéfainiste un tantinet survolté mais franchement rigolo, qui sort 1000 conneries à la seconde.

 

19h, les portes s’ouvrent, encore un peu d’attente avant de foncer au chaud dans la fosse. Les deux heures dans le froid ont payé : je trouve ma place face à la scène, au 1er rang. Je serai donc quasiment en face de M. Thiéfaine, avec en prime une vue du tonnerre sur Alice Botté. C’est la place dont je n’osais rêver, les portes du rêve commencent à s’ouvrir.

 

Une amie et son mari me rejoignent, nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps. La salle se remplit timidement, les gens arrivent surtout dans le dernier quart d’heure.

  

20h30, les lumières s’éteignent. La voix de Thiéfaine (préenregistrée, dommage car c’en est impersonnel) annonce Jean-Marc Poignot en première partie. Katell en a parlé sur son blog, je vais donc m’en faire mon idée en live. L’homme arrive, seul avec sa guitare. Ce qu’il nous chante vient de ses tripes et cela se sent, je me dis qu’il est presque dommage de découvrir les textes ce soir. Il aurait fallu les lire avant pour s’en imprégner davantage. La dernière chanson, dédiée à sa maman partie sur son nuage de folie, dans « La Bulle » qu’elle s’est construite, me fait de drôles de choses à l’intérieur. Pendant sa prestation, un homme vient se poster juste sous le nez de Poignot, à peine déstabilisant pour le chanteur avec une affiche « Je t’aime » scotchée sur le torse ! Inattendu.

 

21h, nouvelle attente : Thiéfaine tarde à venir. Le public, un peu mou, l’appelle. « Hubert ! » ; « Félix !! ». De ma place je vois bien les côtés de la scène. J’aperçois, sur la gauche, Lucas Thiéfaine et Alice Botté. Pendant de nombreuses minutes j’observe ce guitariste de génie s’échauffer les doigts… il les agite en tous sens pour, j’imagine, les détendre au maximum, les rendre fluides. Une annonce est faite : l’utilisation de flashes est interdite pendant le concert. C’est mieux de le dire avant, au moins cela ne nous ruinera pas de chanson… Certains irréductibles flashent quand même, ils sont vite « matés » avec un laser vert qui les fixe tant qu’ils n’arrêtent pas. Bien trouvé !

 

Puis, enfin, la salle plonge dans le noir et les musiciens s’avancent les uns après les autres, Hubert-Félix Thiéfaine en dernier, jouant les premiers accords d’Annihilation. On se laisse embarquer par les premières notes d’harmonica… Quelle entrée en matière bon sang, cette chanson est une vraie claque, une perle noire qui vous prend et vous embarque je ne sais où. C’est bon, c’est très, très bon, et c’est un sacré cadeau de nous faire ça d’entrée de jeu. Le son est impeccable, plus rock qu’en début de tournée. Puis Thiéfaine remercie le public : « merci, merci d’être là, merci de votre fidélité ». Quelques chansons plus tard viendra même un « vous êtes beaux » ! Je ne me rappelle pas avoir entendu ces mots-là à Bercy.

 

Question interventions, il est plus détendu qu’à Paris : même si globalement il nous raconte la même chose, le ton employé est différent. Les 12 minutes de show « propre et net » sans alcool (grondement dans la salle, ponctué avec malice d’un « ah… je vois que nous sommes en Normandie »), sans drogue, sans sexe, sans Dieu (majeur levé… l’artiste n’a rien perdu de son irrévérence) et sans mort (majeur en direction du sol cette fois), et l’aveu qu’on va finalement faire comme d’habitude. On sent Thiéfaine serein, heureux d’être sur cette tournée. La voix est claire, sonne toujours juste, le coffre est impressionnant, le regard habité.

 

Les chansons défilent : Fièvre résurrectionnelle, Lorelei, Soleil cherche Futur, Infinitives Voiles… L’harmonica revient avec Petit matin. Ce texte vous serre le cœur, impossible pour moi d’articuler les paroles en même temps alors que je la connais par cœur. J’observe Lucas, tapi dans l’ombre côté coulisses, et qui regarde son père placer ces mots si durs les uns à côté des autres. Je n’aime pas entrer dans l’intimité des artistes et de leur famille, mais ne peux m’empêcher de me demander ce que ça lui fait, à lui son fils, d’entendre son père parler ainsi de mort, de ce suicide qu’il a frôlé.

 

Le concert continue, tour à tour l’émotion transperce la salle (l’Etranger dans la glace), puis le son très rock revient plus fort que jamais : Solexine et Ganja et son intro piquée aux rockers barbus, une 113ème cigarette qui fait un petit tour « en Enfer » (paroles là aussi modifiées, je confirme !), un Narcisse très en forme.

 

Alice Botté enlève le blouson de cuir dans lequel il était engoncé jusqu’ici. Je découvre son tee-shirt qui me fait tilt : c’est le visage peint à la bombe sur le pignon du Tacheles, ce grand squat berlinois dont je parle dans l’un de mes derniers articles ! Ce visage est-il connu, représenté ailleurs dans le monde ?

 Alice justement, parlons-en, de ce génie: il vit son art le bougre, on le sent habité par les cordes de cette guitare devenue une extension de lui-même… L’instrument et le musicien ne font qu’un, on les sent partis tous les deux dans une extase sans fin, l’homme et son visage taillé à coups de serpe, tendu à l’extrême et commandant à ses doigts de faire tant de merveilles avec les cordes dont il fait ce qu’il veut. Impossible à décrire, il faut le voir ! Je remarque que lorsqu’Alice Botté part dans de magnifiques impros, Hubert lui laisse le champ libre : il se tourne, se met en retrait, partage son public avec ce génie et on l’en remercie.

 Les autres musiciens assurent aussi, entre Jean-Philippe Fanfant tout sourire mais diablement efficace derrière sa batterie, le bassiste Marc Perrier et son calme olympien, un sourire discret de temps en temps affiché sur son visage. Christopher Board est d’un sérieux à toute épreuve derrière ses murs de claviers, stoïque, légèrement surélevé et droit comme un I lorsqu’il passe à la guitare. Un poil surréaliste même.

 Comme à Bercy, nous avons droit à la venue du fiston sur Mathématiques Souterraines, accolades avec le paternel… Tout cela sent le déjà vu pour moi, mais je retiens une bonne tranche de rigolade entre Alice Botté et Lucas, très complices. Leur position aussi : chacun sur une chaise, entourant HFT dans une belle symétrie de guitares sèches, Lucas étant droitier et Alice gaucher.

 Hubert semble parfois possédé, son regard illustre terriblement bien le Chant du Fou, mais pas seulement. Il passe souvent sa main dans ses cheveux, en résulte à un moment une crinière de lion qui lui donne l’air encore plus allumé !

 

Une forme d’amanite découverte il y a peu vient nous rejoindre, c’est la Vamp Orchidoclaste… Les yeux rouges d’Alligators 427 sont terrifiants sur les escabeaux métalliques, réutilisés pour le premier rappel : c’est vrai qu’il est également question de reptiles dans les Ombres du Soir. Puis vient l’éternelle Fille du Coupeur de Joint, et le 2nd rappel : Les Filles du Sud, magnifique et inédit en live pour moi… et la fin programmée illustrée par Lobotomie Sporting Club, au terme de laquelle Hubert nous fait son désormais classique strip-tease.

 

Une grosse bousculade s’ensuit et mes deux voisins de gauche tombent violemment sur le sol, en arrière : c’est à ce prix que ma voisine aura ce qu’elle semble considérer comme un graal : le tee-shirt plein de sueur. Elle aura sûrement récolté quelques gros bleus au passage, je lui laisse volontiers le tout !

 

Fin du concert, les lumières se rallument. Il est déjà temps de reprendre la route. Je salue Le Doc avant de partir (au Doc si tu me lis, as-tu retrouvé l’origine de cette image d’insolente ?), je mange un morceau dans ma voiture, il est déjà minuit.

 

Mais je remonte mon col, j’appuie sur le starter et je vais voir ailleurs, encore plus loin, ailleurs… Bourlinguer sur cumulo-nimbus en attendant le prochain ascenseur !