04/06/2011
Suite et fin de l'interview parue dans le magazine Nouvelle Vague
La pensée du jour : "Je porte des gris-gris au cou, des lunettes et une âme plus compliquée que des déclarations d'impôts". René FALLET
On résume l'album par ces thèmes : mélancolie, amour, folie, mort... Comme toujours ?
J'essaie par tous les moyens de ne pas écrire toujours la même chanson ! J'ai mis beaucoup d'accidents dans mon road-movie. Malgré tout, on a des thèmes fondamentaux et sa propre personnalité qui se reflètent dans tout ce qu'on écrit. Il faut savoir évoluer autour de ce style. Il y a des albums qui sont typiquement expérimentaux. D'autres sont plus consensuels; c'est peut-être le cas de celui-là. Les angoisses sont tamisées. Tout est plus doux, plus féminin.
Où trouvez-vous tous ces textes alambiqués, comme dans le titre « Ta vamp orchidoclaste » ?
C'est des montages. J'aime bien m'amuser, inventer. J'ai passé suffisamment de temps à traduire Platon et Aristote pour ne pas utiliser mon latin et mon grec. Pour cette chanson, le français proposait « brise-burne », mais je trouvais ça un peu dur. J'ai formé « orchidoclaste » en grec. Mes textes ne sont pas compliqués, ce sont des livres d'images. Chacun y prend ce qu'il veut, ressent en écoutant. J'y mets beaucoup de vie onirique, psychanalytique et d'écriture automatique, un peu.
Quel regard portez-vous sur votre parcours artistique ?
Je vois beaucoup de vies différentes et pas mal de moments difficiles. Mais je m'en sors pas trop mal. J'ai fait 4 000 à 5 000 concerts... Il y en a un où j'ai fini dans les ambulances, un autre où un mec est monté sur scène avec un poignard en disant : « Si tu continues de chanter je te plante ! ».
Que pensez-vous de votre étiquette de rebelle revendicateur ?
Ça ne me déplaît pas. Je suis comme ça dans la vie. Même si maintenant je fais beaucoup d'efforts pour essayer de dominer mes colères. C'est une façon un peu rock'n'roll de vivre. Je n'ai jamais qu'écrit ce que j'ai vécu.
De quel œil voyez-vous le business de la musique ?
C'est une vraie crise. Le support CD ne fonctionne plus, avec le piratage et les machines à graver. Je ne veux pas être le papy qui court derrière le monde mais je vis avec les droits d'auteur. Les gens sont très mal informés là-dessus. Si on me vole un disque, c'est deux ans de mon travail qui disparaissent. Est-ce que parce qu'on est artiste on devrait crever de faim parce que ça fait plus joli sur la bio ?
Pendant la tournée allez-vous jouer votre hymne « La fille du coupeur de joints » ?
Oui, mais finalement je ne la joue qu'à moitié. C'est plutôt le public qui la chante ! Je l'avais enlevée du répertoire, il la chantait quand même. Là je l'ai remise pour dire : « Je suis avec vous ! Je vais vous donner la bonne tonalité! » (rires). Sinon je vais faire un peu le tour de mes chansons et de cet album.
Vous avez appelé la tournée Homo Plebis Ultimae Tour, ça veut dire que c'est la dernière ?
Tout dépend si « Ultimae » s'accorde avec « Tour » ou « Plebis »... Je vous laisse faire les recherches en latin !
Propos recueillis par Leïla Marchand
09:36 | Lien permanent | Commentaires (4)
02/06/2011
Father and son
La pensée du jour : "Damit es der Tod, wenn er einmal eintritt, nicht mehr so schwer hat, vielmehr, damit wir es nicht so schwer haben mit ihm, sterben wir schon im Laufe unseres Lebens unmerklich oder schubweise ab". Anne WEBER
Mardi soir (comme beaucoup d'entre vous, j'imagine), j'ai regardé « Taratata ». Et je dois dire que cette émission m'a littéralement portée hier, toute la journée.
Nagui a tout de suite annoncé la couleur : Thiéfaine n'aime guère passer à la télé ! Finalement, il semblerait que cette remarque ait plutôt mis notre artiste à l'aise !
Au cours de ce bel entretien, Thiéfaine a évoqué ces idéalistes qui nous poussaient vers le haut, comme Romain Gary. Et là, j'étais aux anges, évidemment !! Thiéfaine a également parlé de Nietzsche et s'est même risqué à dire quelques mots en allemand !
Lorsque Nagui a demandé à Thiéfaine ce qui lui a finalement permis de ne pas tomber (cf. « Petit matin 4. 10 heure d'été »), ce dernier a répondu : « l'amour des enfants ». Quoi de plus logique, alors, que de conclure sur cette magnifique chanson de Cat Stevens, « Father and son » ? Thiéfaine l'a interprétée en compagnie de Cocoon. En voici les paroles, version « Taratata » :
Il est temps de se parler
Sois relax et laisse-toi aller
Tu es jeune, t'as du cœur
Pas beaucoup d'heures au compteur
Trouve une fille, un bon job
Ou voyage au bout du globe
Vois ma vie, j'ai vieilli
Et j'en ai joui
I was once like you are now, and I know that it's not easy
To be calm when you've found something going on
But take your time, think a lot,
Think of everything you've got
For you will still be here tomorrow, but your dreams may not
Comment trouver l'étincelle
Quand ça tourne au désespoir ?
C'est toujours l'éternelle
Même vieille histoire
Chaque fois qu'on veut parler
On nous demande d'écouter
Mais maintenant je connais
La route qu'il me reste à faire
La route que j'ai à faire
It's not time to make a change,
Juste relax, take it slowly
You're still young, that's your fault,
There's so much you have to go through
Find a girl, settle down,
If you want you can marry
Look at me, I am old, but I'm happy
Oublie ces temps où je taisais
Mes souvenirs et mes secrets
Le vent soufflait sur mon passé
Et mes pensées s'envolaient
Comme de vieux oiseaux blessés
Et maintenant je connais
La route qu'il me reste à faire
La route que j'ai à faire
Pensée affectueuse pour le Doc qui, souvent, quand "ça tournait au désespoir", m'a rappelé que j'avais moi aussi "du monde sur le porte-bagage"...
10:36 | Lien permanent | Commentaires (10)
31/05/2011
Une interview parue dans le magazine Nouvelle vague
La pensée du jour : "Ich bin im wirklichen Leben gelandet, denkt sie, und im wirklichen Leben lügen Menschen, mitunter sind sie schwach und feige und für sich selber und andere eine Enttäuschung". Anne WEBER
En vrac : 1) Merci à Fred06, qui m'a envoyé dernièrement un exemplaire de la revue Nouvelle vague de mai 2011, dans laquelle on peut lire une interview d'HFT, dont voici le début ce soir (la suite viendra plus tard).
2) Félicitations à tous les veinards qui iront voir Thiéfaine en concert privé lundi prochain ! Evidemment, j'ai tenté ma chance, moi aussi, sur le site officiel, mais comme je n'ai jamais rien gagné, je ne me faisais guère d'illusions, ce en quoi j'ai eu raison (malheureusement !!)
3) Ce soir, ne manquez pas l'émission "Taratata" !
Et voici donc un petit bout de l'article de Nouvelle vague :
2011 marque le grand retour d'Hubert-Félix Thiéfaine avec une nouvelle tournée et un nouvel album « Suppléments de mensonge ». Rockeur-poète, animal étrange curieusement indémodable, HFT pose torse nu, authentique, sur la pochette de son seizième album. Cinq ans après l'album « Scandale mélancolique » et trente-trois ans après son tube « La fille du coupeur de joints », ses textes au lyrisme percutant et halluciné marient toujours l'amour avec la folie, la mort et la mélancolie.
Pourquoi « Suppléments de mensonge » ?
J'ai flashé sur cette citation de Nietzsche dans Le Gai savoir. J'aime le mensonge – alors même que je suis mauvais menteur – car je trouve qu'il n'y a aucune vérité. Et je trouvais ça amusant de titrer « Supplément » après seize albums.
Sur l'album, pourquoi faites-vous autant d'hommages à la littérature, la philosophie ?
J'ai voulu que l'album représente bien le disque, qu'il soit présenté un peu comme dans un recueil de poèmes avec des citations, des notes d'auteurs, des clins d'œil. C'est écrit en grec, en latin, en anglais pour laisser un peu de mystère, de clair-obscur. Sur la pochette, la photo est une sorte de mise à nu et le corbeau un clin d'œil à Edgar Poe, à qui je vole déjà le prénom « Annabel Lee » dans un de mes titres.
Comment en êtes-vous arrivé à travailler avec la productrice Edith Fambuena ?
Dans l'écriture de cet album, j'ouvrais largement la porte à ma part féminine. C'est pour ça que j'ai choisi une réalisatrice. Mon choix s'est porté sur Edith Fambuena. Elle venait de produire l'album de La Grande Sophie que j'aime beaucoup. Elle m'a présenté Jean-Louis Pierot. Je ne savais même pas qu'ils avaient formé un groupe auparavant : les Valentins. Des compositeurs ont aussi participé : JP Nataf, Armand Méliès, Ludéal, Dominique Dalcan et La Casa. Je voulais élargir mon univers de musicien, comme je l'avais déjà fait avec « Scandale mélancolique ».
19:16 | Lien permanent | Commentaires (7)
20/05/2011
La petite chronique de FrancoFans
La pensée du jour : "La sagesse fait durer, les passions font vivre". CHAMFORT
Connaissez-vous le magazine FrancoFans ? Sur la couverture, en guise de sous-titre, on trouve : "bimestriel indépendant de la chanson francophone actuelle". Excellent magazine qui, dans quelques mois, consacrera un dossier complet à HFT !
Dans le dernier numéro, celui d'avril-mai, Florence Marek a consacré un petit article à "Suppléments de mensonge". Le voici (si vous avez envie de voir publiés ici des billets trouvés ici ou là dans la presse au sujet d'HFT, n'hésitez pas à me faire signe !) :
Si la chanson se changeait pour une heure en voyage onirique, elle s'appellerait sans conteste Suppléments de mensonge ou peut-être Infinitives voiles, du nom du septième titre de l'album. Rêve et réalisme s'entremêlent dans cette odyssée aux couleurs changeantes et miroitantes avec, pour point d'orgue absolu, cette écriture poétique unique. Si les noirs corbeaux croassent aux entournures, les scories de l'enfance s'écrivent en vers majeurs pour nous emmener dans La ruelle des morts qui ouvre de façon entraînante l'album, comme un oxymore entre la joie et la mélancolie toujours latentes. Le voile se lève peu à peu sur une personnalité complexe : Petit matin 4.10 heure d'été, les phrases se lisent dans la lumière crue d'une aurore torturée. Et, comme un écho dissonnant, se dessinent en creux d'autres références plus ironiques, elles, comme le très osé Garbo XW Machine, traversé par la guitare rock de JP Nataf. Supplément incontournable à une discographie déjà fastueuse, c'est déjà l'album de l'année pour les aficionados et peut-être bientôt pour les autres...
Florence Marek
15:53 | Lien permanent | Commentaires (3)
14/05/2011
"Infinitives voiles qui venez me bercer"...
La pensée du jour : "Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu'un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l'âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans le monde, la seconde balance l'âme jusqu'au ciel". Christian BOBIN
Dès que j'ai entendu « Infinitives voiles » (un extrait était d'ailleurs disponible sur Internet avant la sortie de l'album), j'ai su que cette chanson ferait partie de mes préférées sur « Suppléments de mensonge ». Je ne m'étais pas trompée ! Il y a quelques semaines, en l'écoutant pour la énième fois, j'ai eu l'impression de planer. Ou plus précisément de voguer ! Rien d'étonnant, après tout : le champ lexical de la mer est très présent dans le texte (« mes cargos migrateurs », « je marcherai sur l'eau », « les gréements chauffés à blanc de vos rivages »). L'eau, l'élément premier, le retour aux sources. A la source suprême, celle dans laquelle nous avons tous baigné joyeusement. Avant l'enfance bâclée, avant le grand dérèglement qui nous a fait perdre « l'équation de notre ombre inconnue ».
L'eau, donc, est omniprésente dans le texte. Et même le rythme de la chanson rappelle celui des flots. En tout cas, pour moi, c'est une sensation très nette à chaque écoute.
Le rêve est là aussi, partout. D'ailleurs, ces infinitives voiles dont il est question ne sont-elles pas les lambeaux d'un rêve évaporé ?
Le texte est marqué par une étrange lutte entre le désespoir et la recherche de l'apaisement. La première strophe sonne comme une sorte de constat d'échec. Thiéfaine avoue ici lutter contre un double qui enchaîne les conneries, se baladant toujours sur le fil du rasoir, entre ivresses et blasphèmes. Le combat semble perdu d'avance, et pourtant il y a bel et bien lutte acharnée. Plus encore : volonté de lutter. Les bleus paradis s'opposent à la bile noire (la bile noire, selon Hippocrate, c'est la mélancolie, une crainte et une tristesse liées à une particulière humeur du corps). La revoilà, cette scandaleuse mélancolie dont il a déjà été maintes fois question dans les textes de Thiéfaine ! La voilà qui revient à la charge ! Le début de la chanson n'est pas sans rappeler l'atmosphère déglinguée de « Redescente climatisée » (cf. l'ambulance et les paradis qui, du vert, sont passés au bleu).
Deuxième strophe : toujours la même volonté de lutter. Mais les entraves sont nombreuses et les injonctions répétées (« Laissez-moi lâcher prise dans le vent qui se lève Laissez-moi décharger mes cargos migrateurs ») sonnent comme des supplications. Tant de fardeaux semblent faire obstacle à la victoire. Thiéfaine aimerait s'envoler vers les premières lueurs. Toujours cet élan vers le commencement, l'origine, vers ce qui est vierge de toute rature, n'a jamais été souillé encore. C'est un peu l'élan d'Antigone qui, aux aurores, se promène dans le jardin désert, parce que « c'est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes ». Il est de nouveau question d'espoir ici. L'espoir d'un futur désiré. Cette deuxième strophe me paraît moins pessimiste que la première. Dans les deux cas, il y a le désir de se débarrasser de certains poids (première strophe : « les couloirs lumineux où je laisse la copie de mes fièvres insomniaques » / deuxième strophe : « laissez-moi décharger mes fardeaux migrateurs »). Le désespoir, les échecs, le mal de vivre pèsent lourd sur les épaules de celui qui, de surcroît, a pour habitude de se couvrir la peau de scarifications...
On vogue ensuite vers la troisième strophe. Cette fois, on sent de la détermination dans le propos. L'emploi du futur donne à l'ensemble des accents de résolutions. D'ailleurs, Thiéfaine ne se rêve-t-il pas en enfant sage, libéré de toute entrave, à jamais débarrassé de ce double qui vient sans cesse faire planer une ombre sur le tableau ? Serait-ce donc la juste vengeance de ce double évoqué ailleurs, fâché d'avoir été mangé dans le ventre de la mère ?!!
Une chanson qui sonne donc comme le désir de retourner aux sources, et même de s'envoler vers un territoire inconnu, que l'on pourrait nommer l'Infinitif, celui qui tient à la fois de l'infini et du définitif... Thiéfaine semble vouloir renaître, mais il sait aussi que toute renaissance passe d'abord par une mort nécessaire, un abandon de certaines habitudes. On a ici un pied dans le registre de la naissance, et l'autre dans la tombe, si je puis dire !
Enfin, c'est ainsi que je ressens les choses ! J'attends vos impressions !
22:03 | Lien permanent | Commentaires (13)
10/05/2011
Annabel Lee
La pensée du jour : "Les dieux sont jaloux de nos corps
Nous balayons l'éternité". Hubert-Félix THIEFAINE
Voici le poème "Annabel Lee" dans sa version originale :
Annabel Lee
This was the reason that, long ago
|
Je vous proposerai bientôt la traduction qu'en fit Charles Baudelaire.
20:52 | Lien permanent | Commentaires (3)
09/05/2011
Trois poèmes pour Annabel Lee
La pensée du jour : "Une atmosphère de beauté et d'élégance m'entourait"... Léon TOLSTOÏ, Le bonheur conjugal.
TROIS POEMES POUR ANNABEL LEE
la lune s'attarde au-dessus des collines
et je sens les lueurs des étoiles sous ta peau
fleurs de jacaranda et parfum d'aubépine
dans cet or de la nuit tes cheveux coulent à flots
les groseilles boréales et les airelles fauves
au velours de tes lèvres humides et licencieuses
me laissent dans la bouche un goût de folie mauve
un arôme estival aux couleurs silencieuses
Annabel Lee
pas un seul cheveu blanc
n'a poussé sur mes rêves
Annabel Lee
au roman des amants
je feuillette tes lèvres
vapeurs de canneberge oubliées dans la bruine
et sur les pétroglyphes de tes bleus sanctuaires
l'esprit de la mangrove suit l'ombre de tes djinns
et dézeste les grumes aux subtils estuaires
ne laisse pas la peur entrouvrir le passage
obscur et vénéneux dans l'argent de tes yeux
mais donne à la lumière tes pensées les plus sages
pour un instant de calme / de plaisir délicieux
Annabel Lee
pas un seul cheveu blanc
n'a poussé sur mes rêves
Annabel Lee
au roman des amants
je feuillette tes lèvres
Annabel Lee
j'ai dans mes récepteurs
le parfum de ta voix
Annabel Lee
je te connais pas cœur
sur le bout de mes doigts
au loin dans la vallée la brume se mélange
aux pastels de safran de violette et d'orange
et j'en vois les reflets dans ton regard voilé
par des réminiscences d'antiques cruautés
ne laisse pas les mères de vinaigre envahir
tes pensées ta mémoire tes rêves et ton sourire
chasse au loin ta détresse laisse entrer le printemps
le temps de la tendresse et de l'apaisement
Annabel Lee
pas un seul cheveu blanc
n'a poussé sur mes rêves
Annabel Lee
au roman des amants
je feuillette tes lèvres
Annabel Lee
j'ai dans mes récepteurs
le parfum de ta voix
Annabel Lee
je te connais pas cœur
sur le bout de mes doigts
Hubert-Félix THIEFAINE / Arman MELIES
17:28 | Lien permanent | Commentaires (7)
27/04/2011
Encore un printemps (Aloysius Bertrand)
La pensée du jour : "Quel intérêt cela présente-t-il pour quiconque et pour lui-même, que le pauvre Barjavel ou le pauvre Dupont vive éternellement ? Un Dupont éternel, un Barjavel inoxydable, indestructible, vous voyez ça ? ça vous tente ? Vous vous plaisez tant que ça en votre compagnie ? Pour l'éternité ?" René BARJAVEL
ENCORE UN PRINTEMPS
Toutes les pensées, toutes les passions qui agitent le coeur mortel sont les esclaves de l'amour. COLERIDGE
Encore un printemps, - encore une goutte de rosée, qui se bercera un moment dans mon calice amer, et qui s'en échappera comme une larme !
Ô ma jeunesse, tes joies ont été glacées par les baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu'elles ont étouffé sur leur sein.
Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes ! s'il y a eu dans mon roman d'amour quelqu'un de trompeur, ce n'est pas moi, quelqu'un de trompé, ce n'est pas vous !
Ô printemps ! petit oiseau de passage, notre hôte d'une saison qui chante mélancoliquement dans le coeur du poète et dans la ramée du chêne !
Encore un printemps, - encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poète, parmi le monde, au front du vieux chêne, parmi les bois !
Aloysius Bertrand
08:38 | Lien permanent | Commentaires (2)