16/11/2011
Les chiens aboient, la caravane passe...
La pensée du jour :
« Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice,
Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux;
Brûle un encens ranci sur tes autels d'or faux;
Sème de fleurs les bords béants du précipice;
Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice ! »
Ainsi parlait le pauvre Lélian, ainsi chuchote-t-il à mon oreille quand un « brouillard d'acier » fait peser sur nos têtes un couvercle baudelairien.
Allez, un peu d'entrain, voyons, HFT a reçu lundi une récompense bien méritée : le grand prix de la chanson française. Comme Foxy l'écrivait dans un billet consacré à cet événement (http://foxysback.hautetfort.com/), Thiéfaine a été très classe, très digne lors de cette cérémonie. Je suis sidérée par les propos d'Ariel Wizman : « Cette année, on récompense un créateur, interprète ou pas ». Interprète ou pas ?!! Là, je bloque. La suite a beau rattraper le truc, oh punaise, que je suis fâchée d'avoir entendu ce lamentable « interprète ou pas ».
C'est comme tous ces gens qui se sont permis des jugements à la noix, allant jusqu'à dire à HFT « tu devrais arrêter de chanter ». Bravo, monsieur Thiéfaine, d'avoir su tenir le cap contre vents et marées, et pendant de si longues années de surcroît, merci de ne pas avoir écouté les jugements à l'emporte-pièce des uns et des autres, merci de nous servir depuis si longtemps (et sur un plateau d'argent !) de si belles autorisations de délirer qui n'ont pas et n'ont jamais eu leur équivalent dans la chanson française. « Les chiens aboient, la caravane passe »...
P.S. sans lien (ou presque) avec ce qui précède : Dans ma sombre déprime, je viens d'avoir une idée lumineuse : et si j'allais voir HFT à Besançon vendredi ?!!
09:57 | Lien permanent | Commentaires (10)
06/11/2011
Archimède à propos du 22 octobre 2011
Hier, le groupe Archimède était invité chez Ruquier. Voici ce que Frédéric Boisnard a dit à propos de Bercy :
"On a joué à Bercy le 22 octobre en avant-première d'Hubert-Félix Thiéfaine et on était un peu inquiets de la réception du public parce que Thiéfaine c'est quand même ... On se jetait en pâture à un public qui vient à la messe pour Thiéfaine. Thiéfaine, c'est quelqu'un de très important pour son public et une idole, et nous on est arrivés là-dessus et on a été très bien accueillis".
D'ailleurs, Archimède va faire la première partie de tous les concerts qu'HFT donnera dans les Zéniths de France.
Pour plus d'infos :
13:31 | Lien permanent | Commentaires (9)
Chanson n°7 de "Suppléments de mensonge" : "Infinitives voiles"
La pensée du jour : "Les excès, j'ai commencé à en faire vers l'âge de quinze ans. C'est dire que ça fait un bail. Je suis toujours là, plutôt en forme. Pour l'instant, du moins, car ils vont peut-être un jour se retourner contre moi. Il faudra alors que je sois très philosophe". Hubert-Félix THIEFAINE (Jours d'orage, de Jean THEFAINE, dans la partie "Petit lexique thiéfainien à l'usage des non-comprenants").
INFINITIVES VOILES
Infinitives voiles qui hantez mes doux rêves
Je m'en vais ce matin recueillir votre sève
Dans l'ambulance tiède qui m'arrache à l'horreur
Des troubles de mon double ivre et blasphémateur
Je m'en vais ce matin vers les bleus paradis
Les couloirs lumineux où je laisse la copie
De mes fièvres insomniaques / excès de bile noire
Dans le cadre inversé d'un combat sans espoir
Infinitives voiles qui venez me bercer
Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée
Infinitives voiles qui venez me bercer
Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée
Infinitives voiles qui hantez mes doux rêves
Laissez-moi lâcher prise dans le vent qui se lève
Laissez-moi décharger mes cargos migrateurs
Et m'envoler là-bas vers les premières lueurs
Dans le blanc des sommets des montagnes perdues
Retrouver l'équation de mon ombre inconnue
Et le miroir intime d'une enfance bâclée
Pour y graver l'espoir d'un futur désiré
Infinitives voiles qui venez me bercer
Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée
Infinitives voiles qui venez me bercer
Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée
Infinitives voiles qui hantez mes doux rêves
Je marcherai sur l'eau / je remplirai mes brèves
Avec d'autres comptines / avec d'autres histoires
Que celles qui se racontent en bordure des comptoirs
J'arracherai mon masque et ma stupide armure
Mes scarifications de guerrier de l'absurde
Et je viendrai poser ma tête d'enfant sage
Sur les gréements chauffés à blanc de vos rivages
Infinitives voiles qui venez me bercer
Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée
Infinitives voiles qui venez me bercer
Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée
(HF Thiéfaine / Arman Méliès)
J'ai déjà consacré plusieurs notes à cette chanson, dont une assez longue, le 14 mai 2011 (voir archives). Aujourd'hui, je ne mets ici que les paroles d'Infinitives voiles, mais vous pouvez commenter (et largement, même !)
12:09 | Lien permanent | Commentaires (3)
04/11/2011
Die fröhliche Wissenschaft
La pensée du jour : "Was ist an einem Buche gelegen, das uns nicht einmal über alle Bücher hinwegträgt ?" Friedrich NIETZSCHE.
Toujours à propos de ces "Suppléments de mensonge", voilà ce qu'on trouve dans la version originale du livre de Nietzsche :
ERSTES BUCH, 29 :
Die Hinzu-Lügner - Als man in Frankreich die Einheiten des Aristoteles zu bekämpfen und folglich auch zu verteidigen anfing, da war es wieder einmal zu sehen, was so oft zu sehen ist, aber so ungern gesehen wird - man log sich Gründe vor, um derenthalben jene Gesetze bestehen sollten, bloß um sich nicht einzugestehen, dass man sich an die Herrschaft dieser Gesetze gewöhnt habe und es nicht mehr anders haben wolle. Und so macht man es innerhalb jeder herrschenden Moral und Religion und hat es von jeher gemacht : die Gründe und die Absichten hinter der Gewohnheit werden immer zu ihr erst hinzugelogen, wenn einige anfangen, die Gewohnheit zu bestreiten und nach Gründen und Absichten zu fragen. Hier steckt die große Unehrlichkeit der Konservativen aller Zeiten - es sind die Hinzu-Lügner.
Mon édition française donne la traduction suivante pour "Hinzu-Lügner" : "mensonges rétroactifs". L'expression allemande est de toute façon terriblement difficile à rendre en français. "Ein Lügner", c'est un menteur. Le traducteur a opté pour un autre substantif, "mensonges" au lieu de "menteurs". Je suppose que dans certaines éditions on trouve l'expression "suppléments de mensonge". Mais dans quelles éditions ?! Si vous le savez, faites-moi signe !!
14:47 | Lien permanent | Commentaires (12)
03/11/2011
3 novembre
La pensée du jour : "L'OCEAN
Preuve immense que Dieu pleura sur son ouvrage". Paul FORT
Impossible de ne pas écrire un petit billet en ce 3 novembre, jour de la saint Hubert !
Petite info à noter sur vos tablettes : Thiéfaine sera l'invité de Pascale Clark dans "Comme on nous parle", sur France Inter, le mardi 15 novembre. L'émission commence à 9h. Je n'aurai pas la chance de pouvoir l'écouter le matin même, mais je suppose qu'il sera possible de la récupérer sur internet.
Et aussi :
Je devrais recevoir aujourd'hui ou demain Die fröhliche Wissenschaft et vous en livrer quelques extraits dans les jours qui viennent.
Allez, un petit Nietzsche (en français aujourd'hui !) pour la route :
La vie n'est pas un argument - Nous nous sommes construit un monde dans lequel nous puissions vivre - en supposant des corps, des lignes, des surfaces, des causes et des effets, le mouvement et le repos, la forme et le contenu : sans pareils articles de foi nul à présent ne supporterait de vivre ! Mais ils n'en sont pas plus démontrés pour autant. La vie n'est pas un argument : parmi les conditions de la vie pourrait figurer l'erreur.
08:58 | Lien permanent | Commentaires (4)
31/10/2011
Ecoute s'il pleut
La pensée du jour : "Je me souviens maman
Des rêves qu'on avait
Je me souviens des temps
Où nous marchions ensemble". Melissmell
Ecoute s'il pleut, écoute s'il pleut sur cette voix déchirée et déchirante...
Melissmell, un talent à découvrir de toute urgence. Envie, pour parler de cette artiste, de piquer une expression à Alfana : Melissmell est elle aussi une voleuse de feu qui se crame pour nous irradier de sa lumière (je fais du vrai plagiat, là ! Mais comme le disait je ne sais plus qui, « le plagiat est un hommage que la médiocrité rend au talent », sois donc flatté, cher Alfana !). Melissmell a volé le feu aux dieux pour nous l'offrir et, ce faisant, s'est brûlé les ailes et la voix. Elle refuse le monde tel qu'il est, c'est-à-dire immonde : « Entendez-vous dans nos campagnes mugir nos pauvres de faim de froid ». La voix cramée de révolte et de chagrin. Des musiques qui suintent la révolte aussi. Des petits accents de Noir Désir parfois.
« Viens, viens
Viens-moi, viens là
Et prends ma main
Viens-moi prends-la puis serre-la
Bien pour te coller à mon corps ».
Viens, entre dans le monde de Melissmell qui est tout sauf ordre, luxe, calme et volupté. Il se peut qu'elle t'aide à verser tout à coup de chaudes larmes sur des chagrins que tu avais soigneusement enfouis en toi pour éviter les vagues... Il se peut que, loin de te relever groggy de cette cascade, tu te sentes enfin libéré(e), cela faisait si longtemps que tu n'avais pas laissé parler ton âme meurtrie par tous ces « deuils qui se ramassent à la pelle ».
« Ecoute s'il pleut », voilà un titre qui me ramène à mes très anciennes amours : aux poèmes doux et simples de Paul Fort. Et plus particulièrement à sa « ballade de l'amour malchanceux » :
(...) « Tu m'as dit que viendrait l'heure où tes lèvres seraient miennes, où sur mon si grand bonheur on fermerait les persiennes. Dieu se donne aux amoureux.
Ecoute s'il pleut, mignonne, écoute s'il pleut.
J'écoute, je n'entends rien que là-bas l'aboi d'un chien, mon cœur qui bat, et qui tonne le tonnerre de l'automne sur les amours malchanceux ».
Ecoute, loin des sentiers battus, entre deux chansons de Thiéfaine, écoute Melissmell, et donne-m'en des nouvelles !
11:19 | Lien permanent | Commentaires (8)
26/10/2011
Le gai savoir
La pensée du jour : "Le ciel sans aucun nuage, parfaitement bleu et lumineux, confère au monde une stabilité soudaine. A première vue, il donne l'impression que le temps ne passe plus et qu'une telle limpidité, à la mesure de l'infini, nous protège de tout désordre". Nicolas BREHAL, Les corps célestes.
Voici ce soir quelques extraits du Gai savoir (la prochaine fois, je les mettrai en version bilingue. Je suis même certaine qu'ils seront plus forts dans leur jus d'origine !!)
Mon antipathie – Je n'aime pas les personnes qui, pour faire seulement de l'effet, se doivent d'exploser comme des bombes et auprès desquelles on risque de perdre l'ouïe – et même davantage (218, livre troisième).
Critique des animaux – Je crains que les animaux ne considèrent l'homme comme un être de leur espèce qui a perdu le bon sens animal de la plus dangereuse façon, - comme étant l'animal extravagant, l'animal hilare, l'animal larmoyant, l'animal voué au malheur (224, livre troisième).
Pensées et paroles – On ne peut rendre entièrement en paroles même ses propres pensées (244, livre troisième).
Livres – Que nous vaut un livre qui n'a pas même la vertu de nous emporter par-delà tous les livres ? (248, livre troisième).
Qu'est-ce qui rend héroïque ? - Aller à la fois au-devant de sa suprême souffrance et de sa suprême espérance (268, livre troisième).
Que dit ta conscience ? - « Tu dois devenir qui tu es. » (270, livre troisième).
Qu'aimes-tu chez les autres ? - Mes espérances (272, livre troisième).
De la dernière heure – Les tempêtes sont mon danger : aurai-je ma tempête à laquelle je succomberai, comme Oliver Cromwell succomba à la sienne ? Ou bien m'éteindrai-je comme un flambeau qui n'attend pas que le vent le souffle, mais qui est fatigué et rassasié de lui-même – flambeau consumé ? Ou bien : finirai-je par me souffler moi-même, pour ne pas me consumer ? (315, livre quatrième).
22:00 | Lien permanent | Commentaires (7)
24/10/2011
Thiéfaine à Bercy le 22 octobre 2011
La (deuxième) pensée du jour : "Undank ist der Welten Lohn".
Trop difficile d'écrire un compte rendu à deux, alors je vais procéder comme à mon habitude : je rédige mon petit récit ici !
Il arrive sur scène vers 20h50, celui que nous sommes nombreux à avoir attendu, debout tout l'après-midi. But de l'opération : être tout devant, bien sûr. Là où le cœur de l'action palpite à deux cents. Surtout, ne pas perdre une seule miette de cet événement : le deuxième Bercy de Thiéfaine !
Dès les premières secondes, on le sent heureux d'être là. Il arbore un sourire radieux qui ne le quittera pas de la soirée.
La playlist d'aujourd'hui ne diffère guère de celle des concerts qui ont fleuri çà et là depuis début octobre :
-Annihilation
-Fièvre résurrectionnelle
-Lorelei Sebasto Cha
-Soleil cherche futur
-Infinitives voiles
-Petit matin 4.10 heure d'été
-Le chant du fou
-Confessions d'un neverbeen
-Les dingues et les paumés
-L'étranger dans la glace
-Sweet amanite phalloïde queen
-Solexine et Ganja
-113ème cigarette sans dormir
-Narcisse 81
-Garbo XW Machine
-Mathématiques souterraines
-Ta vamp orchidoclaste
-La ruelle des morts
-Autorisation de délirer
-Alligators 427
Premier rappel :
-Les ombres du soir
-La fille du coupeur de joints
Deuxième rappel :
-Lobotomie Sporting Club.
Parmi ces chansons, beaucoup parlent de sexe, de drogue, de Dieu et de mort. Sinon, comme le rappellera Hubert, le concert ne durerait que douze minutes !
Ce qui change ce soir par rapport à la playlist des autres concerts, c'est tout ce qu'il y a autour des morceaux : par exemple, sur certains titres, un ensemble de cordes accompagne Hubert et ses quatre musiciens habituels (Alice Botté, Christopher Board, Marc Perrier et Jean-Philippe Fanfant). Lucas sera de la partie sur « Mathématiques souterraines ». Et JP Nataf sur « Confessions d'un neverbeen » et « Garbo XW Machine ».
Chaque chanson est illustrée par un texte ou différentes images qui défilent sur un grand écran placé à l'arrière de la scène. C'est ainsi qu'en accompagnement de « Lorelei Sebasto Cha », on aura droit au magnifique poème « Die Lorelei », de Heinrich Heine. Pour « Infinitives voiles », c'est « le blanc des sommets des montagnes perdues ». Sur « Petit matin 4.10 heure d'été », on voit défiler différentes images de vagues. Dont celle-ci : une île paradisiaque à gauche de l'écran. Et, sur la droite, ce gros rouleau, menaçant et venant rappeler que tout équilibre est précaire et susceptible de se faire à tout moment battre par les flots. Sur « Confessions d'un neverbeen », on retrouve le visage qui, sur la pochette de l'album « De l'amour, de l'art ou du cochon », se détachait sur fond blanc. Pour « Alligators 427 », c'est l'image d'une usine. Et celle d'un alligator. Parfois, les superpositions sont étranges et du plus bel effet : celle de l'alligator et du violon, par exemple.
Une large part est faite au dernier album, que beaucoup connaissent par cœur, tout comme les anciens titres. Et c'est émouvant de voir les mains se lever et d'entendre les voix chanter puissamment sur « Soleil cherche futur ». Emouvants aussi, ces « oh oh oh oh oh oh » sur « La fille du coupeur de joints ». On a beau les avoir entendus mille et une fois, on ne s'en lasse pas.
« Lobotomie Sporting Club » vient conclure de façon énergique un spectacle fabuleux. Hubert, Alice, Marc, Christopher et Jean-Philippe saluent le public, les lumières se rallument, c'est fini.
Pas tout à fait encore pour Evadné et moi, qui sommes conviées à la soirée donnée ensuite en coulisses en l'honneur de Thiéfaine. Celui-ci n'apparaîtra que tardivement, et pour peu de temps. Il est fatigué, a besoin de repos. Nous restons dans notre coin. Peur de déranger. Nous nous mettons ensuite en route pour la brasserie « Les spectacles », où nous devons retrouver une trentaine de joyeux thiéfainautes autour d'une guitare ! Le hasard voudra que nos pas croisent ceux de Thiéfaine, qui retourne à sa voiture. Un seul chemin pour quitter les coulisses. Nous empruntons donc le même qu'Hubert. Nous échangeons quelques mots avec lui, et c'est un grand moment. Voir l'homme dans sa simplicité, le suivre dans un couloir gris et froid, voilà une scène qui vaut son pesant d'or et de magie.
Merci Hubert !
20:41 | Lien permanent | Commentaires (19)