Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/12/2011

Théophile GAUTIER

La pensée du jour : "Tu regardes passer tes propres falaises où tu ne vois pas âme qui vive". Jules SUPERVIELLE

 

Théophile GAUTIER (Tarbes, 1811 – Neuilly, 1872) : Ami et défenseur enthousiaste de Victor Hugo, il se fait remarquer lors de la fameuse bataille d'Hernani, en 1830, autant par sa mise provocante et son gilet rouge que par ses professions de foi romantiques et son poème fantastique Albertus, publié en 1833. Ses contes, ses récits de voyage, et particulièrement Tra los montes, ou Voyage en Espagne (1843), révèlent la vivacité et la diversité de son talent. Le Capitaine Fracasse, publié tardivement en 1863, date de cette époque exubérante et pittoresque. Consacrant une grande partie de son temps au journalisme littéraire – il écrira plus de deux mille articles sur les arts et les lettres – Gautier abandonne bientôt dans ses vers la veine romantique pour une forme poétique plus épurée et plus savante dont le chef-d'œuvre demeure Emaux et Camées, paru en 1852. Il annonce ainsi une poésie qui deviendra celle de l'école parnassienne. Hugo, Flaubert, Leconte de Lisle ont rendu hommage à son génie multiforme, et Baudelaire a dédié ses Fleurs du mal à celui qu'il a nommé le « parfait magicien ès lettres françaises ». (source : Les plus belles pages de la poésie française, Sélection du reader's digest).

 

 

Si, parmi vous, quelqu'un pouvait me dire de quelle œuvre sont extraits les vers de Gautier cités par HFT (« ce singe enjuponné, cette sorcière laide », etc.), cela m'arrangerait ! Je pourrais ainsi vous mettre ici tout le texte ou tout le poème en question.

 

 

Pour aujourd'hui, voici un poème de Théophile Gautier :

 

TRISTESSE EN MER

 

Les mouettes volent et jouent;

Et les blancs coursiers de la mer,

Cabrés sur les vagues, secouent

Leurs crins échevelés dans l'air.

 

Le jour tombe; une fine pluie

Eteint les fournaises du soir,

Et le steam-boat crachant la suie

Rabat son long panache noir.

 

Plus pâle que le ciel livide

Je vais au pays du charbon,

Du brouillard et du suicide;

-Pour se tuer le temps est bon.

 

Mon désir avide se noie

Dans le gouffre amer qui blanchit;

Le vaisseau danse, l'eau tournoie,

Le vent de plus en plus fraîchit.

 

Oh! je me sens l'âme navrée;

L'Océan gonfle, en soupirant,

Sa poitrine désespérée,

Comme un ami qui me comprend...

 

 

Et n'oubliez pas que si vous avez assisté dernièrement à un concert de l'ami Hubert, vos impressions sont toujours les bienvenues ici !

 

 

06/12/2011

Suppléments de mensonge, Chanson n°8 : "Ta vamp orchidoclaste"

La pensée du jour : "Ce singe enjuponné, cette sorcière laide

à faire à Belzébuth tourner les deux talons..." Théophile GAUTIER

 

 

TA VAMP ORCHIDOCLASTE

 

j'ai rencontré des meufs que j'ai su éviter

mais je crois que la chance n'est pas de ton côté

si les hommes viennent de Mars et les femmes de Pigalle

t'as trouvé la plus dingue des espèces infernales :

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

ta Cendrillon tarée vient d'un autre univers

vu les traces de trou noir sur sa chaussure de vair

elle court dans tes couloirs, elle rue dans tes converses

et t'entraîne en hurlant dans des voies qui s'inversent

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

c'est une brise-burnes

une casse-burettes

un cauchemar diurne

une trouble-fête

une tornade en croco

qui se chauffe aux benzos

aux vibrations néfastes

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

tu n'es pas fatigué d'offrir tes vieux démons

à cette fille des sixties qui traîne avec ton nom

plus vive qu'un mocassin dans la boue des bayous

elle pompe ton énergie sur un rythme vaudou

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

elle te couvre les yeux d'une peau de panthère noire

qui t'empêche de penser et qui t'empêche de voir

la vérité en face et la réalité

de ce que tu seras quand elle t'aura vidé

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

c'est une brise-burnes

une casse-burettes

un cauchemar diurne

une trouble-fête

une tornade en croco

qui se chauffe aux benzos

aux vibrations néfastes

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

si elle perd sous la pluie ses clopes et sa barrette

ta gorgone se transforme en furie sous amphètes

et j'en deviens baba et les quarante voleurs

sous ses yeux de sorcière et de ventilateur

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

toujours à critiquer, toujours à raconter

quelque sordide horreur sur tes amis passés

elle t'entraîne dans un gouffre aux multiples rancoeurs

d'où je préfère m'enfuir en te laissant l'honneur

l'honneur de lui chanter

 

t'es une brise-burnes

une casse-burettes

un cauchemar diurne

une trouble-fête

une tornade en croco

qui se chauffe aux benzos

aux vibrations néfastes

ta vamp orchido

ta vamp orchidoclaste

 

H.F. THIEFAINE / Guillaume Soulan

 

Tiens, c'est marrant qu'on trouve à la composition de cette chanson-là un monsieur répondant au nom de Soulan !!!!!

Vous qui passez par ici, connaissez-vous la signification de l'expression "la boue des bayous" ? Cela sonne bien, je trouve, mais je ne sais pas ce que ça veut dire !

Si vous avez vu HFT récemment ou si vous vous apprêtez à le voir, pensez à venir poster ici un petit commentaire pour nous raconter !

 

24/11/2011

Guy Goffette hier à la librairie L'Autre rive... Et, ce matin, tentative de mettre une passerelle entre ses mots et ceux de Thiéfaine !

La pensée du jour : "Le ciel est le plus précieux des biens dans l'existence. Le seul qu'on puisse perdre le soir et retrouver au matin, à sa place exacte, et lavé de frais". Guy GOFFETTE

 

 

Vous le savez sans doute, les mots me passionnent. La poésie, les langues, tout ce qui chante, qui dégage sa petite musiquette, tout cela me fait vibrer. Pas étonnant, donc, que je me sois un jour amourachée des chansons de Thiéfaine et ne sois pas sortie indemne de cette rencontre-là.

 

J'ai d'autres attachements de ce genre. Dernièrement, en lisant, dans un magazine allemand, une interview de Michael Krüger, je suis tombée sur ceci : « Ein Tag ohne Gedicht ist ein verlorener Tag ». Ces mots, je les fais miens, à tout jamais. Je les avais déjà faits miens depuis fort longtemps. Mon premier « choc poétique » remonte à mon année de CM2. Une dame était venue présenter l'œuvre de Maurice Carême dans mon école, cela m'avait bouleversée. A la fin de son intervention, j'étais allée demander à l'instit de m'avancer de l'argent pour que je puisse acheter La lanterne magique !! J'avais déjà le don de faire des dettes !!!

 

Cette passion ne s'est jamais démentie, jamais affaiblie avec le temps. Au contraire. Je crois même que si je tiens encore à peu près debout, c'est grâce à la magie des mots. Ceux de Thiéfaine, de Rimbaud, de Verlaine. Et de tant d'autres : Gary, Barjavel, Fallet, Böll, Timm, Schlink, Hesse, Goethe, Pirotte, Pessoa, Calaferte, Perros. Et j'en oublie sans doute... Ceux de Guy Goffette aussi tiennent une place toute particulière dans ma vie. Guy Goffette écrit de la poésie qui a les deux pieds dans la vie. Ce qui ne l'empêche pas d'ouvrir grand les poumons pour y loger l'immensité du ciel. Et cela me parle. Hier, ce grand monsieur était de passage dans une librairie de Nancy et je suis allée m'enivrer de ses mots. Lui aussi est un fou de poésie. Il dit de la sienne qu'elle est simple et qu'il essaie de lui donner un phrasé qui ressemble aux collines lorraines. Rien d'abrupt, plutôt quelque chose de doux. Lisez plutôt :

 


Je me disais aussi : vivre est autre chose

que cet oubli du temps qui passe et des ravages

de l'amour, et de l'usure – ce que nous faisons

du matin à la nuit : fendre la mer,

 

 

fendre le ciel, la terre, tour à tour oiseau,

poisson, taupe, enfin : jouant à brasser l'air,

l'eau, les fruits, la poussière; agissant comme,

brûlant pour, allant vers, récoltant

 

 

quoi ? le ver dans la pomme, le vent dans les blés

puisque tout retombe toujours, puisque tout

recommence et rien n'est jamais pareil

à ce qui fut, ni pire ni meilleur,

 

 

qui ne cesse de répéter : vivre est autre chose.

 

 

 

« Vivre est autre chose » ou « la vraie vie est ailleurs », comme l'écrivait Rimbaud. Goffette a cité ces mots hier en expliquant que parfois, lorsqu'il était encore enseignant et qu'il allait faire cours, il se disait que oui, la vraie vie était ailleurs. Que l'essentiel ne s'apprenait pas à l'école, ce avec quoi je suis entièrement d'accord bien que je sois prof !!! A ce sujet, on réécoutera avec grand profit la chanson de Renaud, C'est quand qu'on va où ? « L'essentiel à nous apprendre, c'est l'amour des livres qui fait que tu peux voyager de ta chambre autour de l'humanité »...

 

Hier, Goffette a dit des mots que j'ai déjà entendus, à peu de choses près, dans la bouche de Thiéfaine. « Les enfants sont des poètes. Le monde des adultes et l'école les formatent. Ils dessinent des nuages bleus et un ciel blanc, et on leur dit qu'il faut faire le contraire. Mais pourquoi ? » Et aussi : « La poésie, pas besoin de la comprendre. Cela ne se comprend pas, cela se ressent. Pourquoi se demander ce que Rimbaud a voulu dire ? Quand il écrivait, il pensait à autre chose ». D'ailleurs, ne faisons-nous pas tous chaque jour cette expérience magique : écouter certaines chansons de Thiéfaine et n'en pas comprendre le sens ? Ou alors en trouver un qui soit à nous, et rien qu'à nous ?

 

J'aime bien mettre des passerelles entre les choses, entre les gens, et hier soir, j'ai trouvé Goffette pas très éloigné de Thiéfaine ! Comme Hubert, il m'a appris une foule de choses. Il y a quelques années, c'est grâce à lui que j'avais découvert la douce poésie de Lucien Becker et les mots parfois très crus de Léautaud. Hier, Goffette a évoqué, entre autres, le poète Wystan Hugh Auden et Jacques Almira. Je ne les connaissais pas et vais m'empresser de leur ouvrir les bras !

 

19/11/2011

HFT hier soir à Besançon : un dérèglement de tous les sens !

La pensée du jour : "Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L'inflexion des voix chères qui se sont tues". Paul VERLAINE

 

 img102.jpg

 

14h05. Départ de Nancy, direction Besançon. Faut-il aimer Thiéfaine pour s'envoyer ainsi plus de deux cents bornes un vendredi, après le boulot ?! Ce concert du 18 novembre, c'est un peu une bouée de sauvetage, une bouffée d'oxygène. Depuis quelque temps, je me sens dans un drôle d'état, comme dans une espèce d'anesthésie perpétuelle, un brouillard persistant. Ce soir, je m'en vais voir si HFT a encore la capacité de me redonner un peu d'allant.

 

Le trajet est long, sinueux, parfois angoissant. Par endroits, d'épaisses nappes de brouillard emmitouflent le paysage. Mélancolie automnale tout à fait en phase avec la poésie de Thiéfaine.

 

Il est presque 18h quand j'arrive enfin au complexe Micropolis. Je me suis un peu paumée sur la route, je me suis arrêtée plusieurs fois.

 

Devant Micropolis, des visages familiers. Lorelei2, Brigitte, Sophie, Jennifer. Elles sont là depuis un petit moment déjà, à trembler de froid ! Elles me font une petite place à leurs côtés, et c'est parti pour une heure et demie d'attente jusqu'à l'ouverture des portes. On se raconte un peu nos petites vies, on a même le privilège de se faire filmer dans notre attente grelottante. Le journaliste nous demande ce que Thiéfaine représente pour nous. « Tout », répondront certains. Moi je me tais, habituée que je suis à ne jamais trop la ramener, pétrifiée dès qu'il s'agit de prendre la parole en public... Sur la vidéo de France3 Franche-Comté, j'aurai l'air d'une potiche, au mieux d'une plante verte !!!! On rit des vigiles pas commodes qui prennent leur tâche très au sérieux et veillent à ce que pas un poil ne dépasse de ces fichues barrières métalliques et froides derrière lesquelles nous sommes pas mal déjà, un peu parqués comme de drôles de bestioles. A croire que les vigiles savent que la passion du public d'HFT est immense. Ils doivent nous croire incontrôlables, hystériques, je ne sais pas !!! Toujours est-il qu'ils mettent du cœur à l'ouvrage, c'en est risible...

 

19h30. Les portes s'ouvrent. Mes compagnes de fortune courent jusqu'à la scène, pour être au plus fort de l'action durant le concert. Je ne cours pas, mais je me déplace d'un bon pas, ce qui fait que j'aurai le privilège d'être juste en face d'Alice Botté, promesse de vertigineuses ivresses à écouter ses envolées à la guitare et à le regarder vibrer et vivre sa musique.

 

Mince, il y a une première partie !!! Cela ne me tente guère ce soir, je ne suis pas vraiment disposée à prêter une oreille attentive à autre chose qu'à la musique et aux textes de Thiéfaine. Le groupe qui est là ce soir s'appelle Oslo. De jolies mélodies, deux belles voix, c'est sûr, mais j'ai déjà les écoutilles branchées sur un autre secteur et ne peux m'enthousiasmer...

 

21h12 précises. La grandiose intro d'Annihilation commence à résonner dans la salle. Le public est en ébullition. Et moi qui me croyais gazée, v'là que je décolle ! Cette chanson, mon Dieu, j'en ai des frissons sur toute la charpente...

 

Je ne vais pas vous refaire toute la playlist, vous la connaissez bien maintenant. Ce qui était formidable hier, c'est que toute l'équipe d'Hubert avait retravaillé certains morceaux et que nous avons eu droit à des habillages différents pour quelques chansons. Les propos d'Hubert ne varient guère d'un concert à l'autre, et nous savons tous maintenant que s'il avait éliminé de cette tournée tous les morceaux évoquant l'alcool, la drogue, le sexe, Dieu et la mort, chaque spectacle n'aurait duré que douze minutes !! Nous savons aussi que l'amanite phalloïde est mortelle, au sens premier du terme. C'était la petite minute « hygiénique », comme dira Thiéfaine. Ce qui change ce soir, donc, c'est, comme je l'ai dit, la couleur de certains morceaux. C'est aussi l'osmose palpable entre l'artiste et son public. Ni à Nancy, ni à Bercy, je n'ai ressenti une communion aussi puissante. Mais peut-être aussi que j'avais un peu l'esprit ailleurs, toujours dans ma foutue anesthésie... A Besançon, pas de sommeil possible, c'est un dérèglement de tous les sens qui nous porte vers les hautes sphères. Mon voisin si sympathique ne me contredirait pas, lui qui frôle l'extase pendant Le Chant du fou  et ne sait plus à quel adjectif recourir pour qualifier les chansons. « Celle-là, elle est magnifique ». « C'est fabuleux ». Je ris intérieurement, nous n'avons plus de mots assez durs pour dire quelle effervescence vient nous visiter ce soir !

 

Quelques plantages en bonne et due forme sur plusieurs morceaux. « Mais j'traîne ma gueule de bois avec mes PMU », tu sais, Hubert, ça nous va aussi. Qu'importe le PMU, pourvu qu'on ait l'ivresse. Et là, à Besançon, l'ivresse, nous l'avons. Elle coule dans nos veines et ravive des flammes que l'on croyait éteintes (pour ma part, en tout cas). L'étranger dans la glace m'arrache des putains de larmes qui me font du bien, je pense à ma mère, à la dalle de granit sous laquelle elle repose depuis presque trois ans maintenant, et je me demande si son double astral a parfois encore l'occasion de percuter un satellite...

 

Deux petites surprises au programme : cette fois, c'est Alice Botté et Lucas Thiéfaine qui accompagnent tous deux Hubert sur  Mathématiques souterraines, dans une version encore différente. Et aussi : Jean-Marc Poignot vient nous interpréter une chanson de son premier album, et c'est une équipe rigolarde que l'on retrouve autour de lui, les copains lui ayant préparé des affiches sur lesquelles ils ont écrit « je t'aime », affiches qu'ils brandissent pendant toute la durée du morceau.

Souvent, à la dérobée, j'observe Pascal Klein, qui fait des photos et regarde Thiéfaine d'un œil admiratif, chaleureux et parfois même amusé.


23H50. On the road again. Trois heures de trajet environ. Je n'ai rien mangé depuis midi. Dans la voiture, j'ai, pour toute pitance, deux malheureuses clémentines. La faim me tenaille les entrailles, mais qu'à cela ne tienne, j'ai dans la tête de sublimes Ombres du soir et tant d'autres titres qui résonnent et me tiennent lieu de nourriture ! Le brouillard est d'acier sur certaines portions de route. Mais, là encore, ce n'est pas bien grave, j'ai dans le cœur un baume vivifiant qui me tient éveillée malgré la fatigue. Qui me fait dire ce matin que, ouf, je vis encore, moi qui me croyais plongée dans une indécrottable léthargie.

 

Lecteur, toi qui passes ici aujourd'hui, ne sois pas choqué de ce grand déballage. Cré-moé, cré-moé pas, quand je ponds une note pour le Cabaret, je ne me dis pas, au moment où je suis en train de l'écrire, qu'elle sera lue ! Pardon de flirter parfois avec l'impudeur, je travaille ici sur de l'intime, du ressenti, je ne peux pas faire autrement.
En tout cas, une fois de plus et peut-être plus encore que jamais, moi je dis bravo à Hubert, et surtout merci...

 

16/11/2011

Les chiens aboient, la caravane passe...

La pensée du jour :

« Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice,

Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux;

Brûle un encens ranci sur tes autels d'or faux;

Sème de fleurs les bords béants du précipice;

Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice ! »

 

 

Ainsi parlait le pauvre Lélian, ainsi chuchote-t-il à mon oreille quand un « brouillard d'acier » fait peser sur nos têtes un couvercle baudelairien.

 

sacem

 

Allez, un peu d'entrain, voyons, HFT a reçu lundi une récompense bien méritée : le grand prix de la chanson française. Comme Foxy l'écrivait dans un billet consacré à cet événement (http://foxysback.hautetfort.com/), Thiéfaine a été très classe, très digne lors de cette cérémonie. Je suis sidérée par les propos d'Ariel Wizman : « Cette année, on récompense un créateur, interprète ou pas ». Interprète ou pas ?!! Là, je bloque. La suite a beau rattraper le truc, oh punaise, que je suis fâchée d'avoir entendu ce lamentable « interprète ou pas ».

 

C'est comme tous ces gens qui se sont permis des jugements à la noix, allant jusqu'à dire à HFT « tu devrais arrêter de chanter ». Bravo, monsieur Thiéfaine, d'avoir su tenir le cap contre vents et marées, et pendant de si longues années de surcroît, merci de ne pas avoir écouté les jugements à l'emporte-pièce des uns et des autres, merci de nous servir depuis si longtemps (et sur un plateau d'argent !) de si belles autorisations de délirer qui n'ont pas et n'ont jamais eu leur équivalent dans la chanson française. « Les chiens aboient, la caravane passe »...

 

P.S. sans lien (ou presque) avec ce qui précède : Dans ma sombre déprime, je viens d'avoir une idée lumineuse : et si j'allais voir HFT à Besançon vendredi ?!!

 

06/11/2011

Archimède à propos du 22 octobre 2011

 

 

Hier, le groupe Archimède était invité chez Ruquier. Voici ce que Frédéric Boisnard a dit à propos de Bercy :

"On a joué à Bercy le 22 octobre en avant-première d'Hubert-Félix Thiéfaine et on était un peu inquiets de la réception du public parce que Thiéfaine c'est quand même ... On se jetait en pâture à un public qui vient à la messe pour Thiéfaine. Thiéfaine, c'est quelqu'un de très important pour son public et une idole, et nous on est arrivés là-dessus et on a été très bien accueillis".

D'ailleurs, Archimède va faire la première partie de tous les concerts qu'HFT donnera dans les Zéniths de France.

Pour plus d'infos :

http://archimede.sonymusic.fr

 

Chanson n°7 de "Suppléments de mensonge" : "Infinitives voiles"

La pensée du jour : "Les excès, j'ai commencé à en faire vers l'âge de quinze ans. C'est dire que ça fait un bail. Je suis toujours là, plutôt en forme. Pour l'instant, du moins, car ils vont peut-être un jour se retourner contre moi. Il faudra alors que je sois très philosophe". Hubert-Félix THIEFAINE (Jours d'orage, de Jean THEFAINE, dans la partie "Petit lexique thiéfainien à l'usage des non-comprenants").


 

INFINITIVES VOILES

 

Infinitives voiles qui hantez mes doux rêves

Je m'en vais ce matin recueillir votre sève

Dans l'ambulance tiède qui m'arrache à l'horreur

Des troubles de mon double ivre et blasphémateur

Je m'en vais ce matin vers les bleus paradis

Les couloirs lumineux où je laisse la copie

De mes fièvres insomniaques / excès de bile noire

Dans le cadre inversé d'un combat sans espoir

 

 

 

Infinitives voiles qui venez me bercer

Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée

Infinitives voiles qui venez me bercer

Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée

 

 

Infinitives voiles qui hantez mes doux rêves

Laissez-moi lâcher prise dans le vent qui se lève

Laissez-moi décharger mes cargos migrateurs

Et m'envoler là-bas vers les premières lueurs

Dans le blanc des sommets des montagnes perdues

Retrouver l'équation de mon ombre inconnue

Et le miroir intime d'une enfance bâclée

Pour y graver l'espoir d'un futur désiré

 

 

Infinitives voiles qui venez me bercer

Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée

Infinitives voiles qui venez me bercer

Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée

 


 

Infinitives voiles qui hantez mes doux rêves

Je marcherai sur l'eau / je remplirai mes brèves

Avec d'autres comptines / avec d'autres histoires

Que celles qui se racontent en bordure des comptoirs

J'arracherai mon masque et ma stupide armure

Mes scarifications de guerrier de l'absurde

Et je viendrai poser ma tête d'enfant sage

Sur les gréements chauffés à blanc de vos rivages

 

 

Infinitives voiles qui venez me bercer

Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée

Infinitives voiles qui venez me bercer

Quand les infos se vrillent au fond de ma pensée


(HF Thiéfaine / Arman Méliès)

 

 

J'ai déjà consacré plusieurs notes à cette chanson, dont une assez longue, le 14 mai 2011 (voir archives). Aujourd'hui, je ne mets ici que les paroles d'Infinitives voiles, mais vous pouvez commenter (et largement, même !)

 

04/11/2011

Die fröhliche Wissenschaft

La pensée du jour : "Was ist an einem Buche gelegen, das uns nicht einmal über alle Bücher hinwegträgt ?" Friedrich NIETZSCHE.

 

Toujours à propos de ces "Suppléments de mensonge", voilà ce qu'on trouve dans la version originale du livre de Nietzsche :

ERSTES BUCH, 29 :

Die Hinzu-Lügner - Als man in Frankreich die Einheiten des Aristoteles zu bekämpfen und folglich auch zu verteidigen anfing, da war es wieder einmal zu sehen, was so oft zu sehen ist, aber so ungern gesehen wird - man log sich Gründe vor, um derenthalben jene Gesetze bestehen sollten, bloß um sich nicht einzugestehen, dass man sich an die Herrschaft dieser Gesetze gewöhnt habe und es nicht mehr anders haben wolle. Und so macht man es innerhalb jeder herrschenden Moral und Religion und hat es von jeher gemacht : die Gründe und die Absichten hinter der Gewohnheit werden immer zu ihr erst hinzugelogen, wenn einige anfangen, die Gewohnheit zu bestreiten und nach Gründen und Absichten zu fragen. Hier steckt die große Unehrlichkeit der Konservativen aller Zeiten - es sind die Hinzu-Lügner.

 

Mon édition française donne la traduction suivante pour "Hinzu-Lügner" : "mensonges rétroactifs". L'expression allemande est de toute façon terriblement difficile à rendre en français. "Ein Lügner", c'est un menteur. Le traducteur a opté pour un autre substantif, "mensonges" au lieu de "menteurs". Je suppose que dans certaines éditions on trouve l'expression "suppléments de mensonge". Mais dans quelles éditions ?! Si vous le savez, faites-moi signe !!