13/10/2011
Petit matin 4.10 heure d'été
La pensée du jour : "Alors j'ai pensé aux adverbes et aux conjonctions de coordination qui indiquent une rupture dans le temps (soudain, tout à coup), une opposition (néanmoins, en revanche, par contre, cependant) ou une concession (alors que, même si, quand bien même), je n'ai plus pensé qu'à ça, j'ai cherché à les énumérer dans ma tête, à en faire l'inventaire, je ne pouvais rien dire, rien du tout, parce que ça se brouillait autour de moi, les murs et la lumière.
Alors j'ai pensé que la grammaire a tout prévu, les désenchantements, les défaites et les emmerdements en général". Delphine DE VIGAN
PETIT MATIN 4.10 HEURE D'ETE
Le temps passe si lentement
et je me sens si fatigué
le silence des morts est violent
quand il m'arrache à mes pensées
je rêve de ces ténèbres froides
électriques et majestueuses
où les dandys se tiennent roides
loin de leurs pulsions périlleuses
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
dans cette foire aux âmes brisées
où le vieux drame humain se joue
la folie m'a toujours sauvé
et m'a empêché d'être fou
je me regarde au fond des yeux
dans le miroir des souvenirs
si partir c'est mourir un peu
j'ai passé ma vie à ... partir
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
mes yeux gris reflètent un hiver
qui paralyse les cœurs meurtris
mon regard vient de l'ère glaciaire
mon esprit est une fleur flétrie
je n'ai plus rien à exposer
dans la galerie des sentiments
je laisse ma place aux nouveaux-nés
sur le marché des morts-vivants
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
je fixe un océan pervers
peuplé de pieuvres et de murènes
tandis que mon vaisseau se perd
dans les brouillards d'un happy end
inutile de graver mon nom
sur la liste des disparus
j'ai broyé mon propre horizon
et retourne à mon inconnu
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
déjà je m'avance en bavant
dans les vapeurs d'un vague espoir
l'heure avant l'aube du jour suivant
est toujours si cruellement noire
dans le jardin d'Eden désert
les étoiles n'ont plus de discours
et j'hésite entre un revolver
un speedball ou un whisky sour
je rêve tellement d'avoir été
que je vais finir par tomber
Hubert-Félix THIEFAINE
10:25 | Lien permanent | Commentaires (9)
08/10/2011
Homo plebis ultimae tour : le jour est J, la bombe est H … et Thiéfaine nous ravit !
La pensée du jour : "Combien d'êtres chers, partis à l'aube de notre affection, nous laissent inassouvis ?" Fatou DIOME
Nouvelle idée en ce début d'Homo plebis ultimae tour : vous laisser la parole ! Si, à l'issue d'un concert, cela vous tente de rédiger un compte rendu que je mettrai ensuite sur ce même blog, n'hésitez pas à me faire part de votre souhait.
Et c'est ainsi que la note d'aujourd'hui sera signée de la belle plume d'Evadné. Elle nous raconte le concert de Brest. Le titre du billet est d'Evadné aussi.
Homo plebis ultimae tour : le jour est J, la bombe est H … et Thiéfaine nous ravit !
Un concert de Thiéfaine, c’est toujours un grand événement, une longue attente, peuplée de rêves, de promesses et d’incertitudes. Un début de tournée, c’est l’attente fébrile décuplée. En ce qui me concerne, cela faisait 26 ans que je n’avais pas assisté à une première date. Aussi cette soirée à Brest était-elle immanquable, quand bien même la route, le temps, le quotidien qui ronge… Pour rien au monde je n’aurais raté ce premier rendez-vous !
Il était donc 18 heures ce mercredi quand je suis arrivée sur le port, à la Carène. Une place de stationnement providentielle à proximité de l’entrée des artistes, et qui me permet d’apercevoir Lucas et Alice aux abords. Confirmation quelques minutes plus tard que je ne me suis pas trompée de lieu ou de date : on m’autorise à entrer dans la salle qui surplombe la scène et au détour d’un couloir, l’harmonica de « Petit matin », puis la voix d’Hubert ! Je vais ainsi avoir le privilège d’entendre trois extraits (« Petit matin », « Annihilation » et « Infinitives voiles »). Moment aussi inattendu que précieux. L’impression d’être millionnaire ! Puis vient la dernière ligne droite de l’attente, en compagnie d’autres fans, dans une file qui s’allonge très vite. Le conseiller maritime est à son poste d’observation ; le compte à rebours enclenché. Une question sur toutes les lèvres : quel sera le morceau inaugural ? Les paris vont bon train, « Fièvre résurrectionnelle » semble se dégager, mais Hubert nous a habitués à des entrées surprenantes, on se remémore celle du Bluesymental ou encore du SMT. Et s’il arrivait sur un ancien morceau totalement réarrangé ? Quelqu’un se hasarde au pronostic le plus improbable : « Annihilation » ! Non, me dis-je, trop risqué d’attaquer avec une chanson d’une telle densité, et surtout comment enchaîner après ?
Il est vingt heures quand s’ouvrent les portes de la Carène. Bien renseignée sur la configuration du hall et la direction de la salle de concert, je cours en évitant de me manger les piliers, derniers obstacles avant la scène. Le premier rang est pris d’assaut. Je m’accroche à la barrière comme si ma vie en dépendait. J’ai 15 ans. Regards circulaires dans la salle qui se remplit. Je me fais la réflexion que le public de Thiéfaine a bien vieilli, la suite me montrera qu’on a tous 15 ans derrière nos rides et nos cheveux blancs. Il est 20h30, ça piaffe et s’impatiente au fond des starting-blocks, et c’est un groupe de jeunes gens (ouf, la relève est assurée !) qui va lâcher les cris qu’on retenait. L’assemblée se met à scander « Hubert ! », en alternant avec des « oooh, ooooh » empruntés à la fille qui nous rend dingues. Extinction des lumières, redoublements des appels et autres cris de bêtes. Cette fois l’homo plebis va entrer en scène ! C’est Alice Botté qui s’avance en premier, suivi des autres musiciens, et qui ouvre sur des accords que personne ne semble identifier. La salle est silencieuse, on doit tous se poser la même question : quelle est cette intro ? Impossible qu’il s’agisse de « Fièvre résurrectionnelle », la mélodie est vraiment trop éloignée des premiers accords, profondément mélancoliques. Thiéfaine entre en scène, veste de cuir noir (mais quelle classe !), guitare et harmonica, et lève le mystère en quelques mesures : Annihilation !!! Le morceau qu’on n’aurait osé imaginer en ouverture, même dans nos rêves les plus fous! Silence dans les premiers rangs : on est cueillis, émus, touchés, frappés en plein cœur. Huit minutes intenses, absolument somptueuses. L’harmonica apporte une certaine légèreté à la chanson, un petit côté Dylan qui cependant n’estompe en rien la noirceur, ni ne dilue l’émotion. Hubert est là devant nous, bien vivant, et la joie de retrouver la scène et le public est perceptible. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’enchaînement avec « Fièvre résurrectionnelle » est des plus naturels. Il y a quelque chose de l’ordre de l’évidence dans cette alliance de contraires qui résume les années écoulées depuis les dernières scènes : Annihilation/résurrection. Et c’est un Hubert souriant, détendu, en grande forme, blagueur, qui nous conte des anecdotes liées à ses précédents passages à Brest. Il est heureux d’être à La Carène ce soir. Et nous donc !!! Un public conquis, et qui va se laisser gagner par une autre fièvre : celle de « Soleil cherche futur », pour deux morceaux du panthéon thiéfainien : « Lorelei » et « Soleil » ! Des balcons à la fosse, c’est la même vague qui déferle sur le port de de Brest, et le conseiller maritime qui veille à tribord n’est pas en reste ! On ne le dira jamais assez : c’est merveilleux de se sentir piégés en trois chansons ! Viennent ensuite deux bijoux du dernier album, « Infinitives voiles » et « Petit matin », auxquels va s’enchaîner un chant du fou qui nous ramène, tant au niveau de l’interprétation que de la gestuelle, à la tournée de 85. Trois morceaux qui installent une émotion palpable parmi les spectateurs. Des applaudissements chaleureux, bien sûr, mais aussi des silences éloquents. Hubert revient sur les circonstances de l’écriture de « petit matin », dans sa première version, commencée non loin de Brest, sur un banc de Camaret, une nuit d’insomnie. Guitare et harmonica pour cette perle noire, interprétée avec une justesse, une sincérité et une sobriété à l’image du concert. Comme le laissait présager la photo de son dernier album, Thiéfaine est à nu. Et il nous livre un des deux morceaux rescapés de « Scandale mélancolique » : « Confessions d’un neverbeen ». Lucas observe en coulisses et je revois sa bouille de môme derrière la batterie, lors du zénith 2007. Vient ensuite un des moments très attendus de chaque concert, une chanson incontournable aux multiples orchestrations : « Les dingues et les paumés ». Longue intro et crescendo qui ne sont pas sans rappeler la version 83 (personnellement ma préférée), les paumes claquent en cadence et les alexandrins coulent comme des caresses. Une atmosphère mélancolique qui se poursuit avec « L’Etranger dans la glace », (sans la trompette de Thierry Caens hélas !). Ambiance solitude et mélancolie. Qui ne va pas durer. Hubert est d’humeur joyeuse et il se lance dans un exposé sur les vertus et dangers des champignons ! C’est parti pour quatre morceaux au rythme endiablé, « Sweet amanite », mais aussi et surtout, une version bien rock, puissante, à l’énergie communicative, de « Solexine et Ganja » ! C’est un Hubert survolté qui se livre à des facéties avec un public qui scande « Ganja ! » et en redemande ! Ce sera « 113ème cigarette sans dormir », suivie de « Narcisse 81 ». Là encore, on n’aurait pas rêvé d’un enchaînement qui nous ramène ainsi à nos premières écoutes de « Dernières balises » ! Le fait est que la playlist pour l’instant taille la part belle au diptyque Dernières balises/ Soleil.
Commence alors une étrangeté musicale que je ne parviens pas à identifier. Hubert de son côté n’arrive pas à la chanter ! Je reconnais Garbo dans une bouillie verbale qui se termine par la danse des canards ! Ambiance de répét’ et éclats de rire. « On va la refaire ! ». Encouragements du public. Deuxième essai. Nouveau plantage et forfait pour ce soir. « Ne vous inquiétez pas, on en a d’autres ! » nous lance Hubert. Et c’est parti pour « La Vamp orchidoclaste », suivie de « La ruelle des morts ». J’ai longtemps espéré que la version concert me rendrait la chanson plus agréable, mais décidément, ça ne passe pas… En même temps, quelle importance. Je suis déjà comblée et le meilleur reste à venir. Pour clôturer le concert (Quoi ? Déjà ? Mais on vient juste d’arriver !!), Thiéfaine a choisi de reprendre, comme il l’avait fait à la Flèche d’or, « Autorisation de délirer », immédiatement suivie d’ « Alligators », comme aux origines. A nouveau le silence, puis les murmures de la salle qui remplissent le formulaire d’autorisation de délirer, cependant que les percussions ouvrent la porte aux alligators. Hubert nous salue et sort de scène, tandis que ses musiciens entonnent une attente qui est désormais la nôtre. Quelques minutes de cris, d’acclamations, de traditionnels « ooh ooh », et le groupe revient pour le joyau de la soirée : « Les ombres du soir » ! L’apothéose !!! Les mots manquent pour dire l’envolée, la puissance, le crescendo qui nous fait tournoyer parmi les divines ombres. « Rien vu de tel depuis longtemps… » résume finalement très bien l’impression que cette chanson a laissée sur le public. Le souffle coupé n’est pas une simple formule, je crois être restée en apnée pendant tout le morceau, me contentant d’expirer des « waouh ! » comme au bouquet final d’un feu d’artifice. L’image vaut ce qu’elle vaut, mais j’ai le sentiment d’avoir assisté à une pyrotechnie magistrale. Sans doute le moment où l’osmose entre les différents membres du groupe fut aussi la plus perceptible.
Encore tout sonnés par les uppercuts qu’on vient d’encaisser, on se laisse embarquer par la fille du coupeur de joints pour une ultime ritournelle. Les musiciens nous saluent, Hubert remercie chaleureusement, redit à quel point il a été heureux de rejouer à Brest. De nouveau, les cris et les clameurs des rappels. Et ils reviennent. « De toute façon, on vous doit une chanson ! », nous lance Hubert en riant. Et c’est « Lobotomie sporting club » qui va clôturer ce premier concert dans les salves d’applaudissements d’un public conquis.
Au final, un peu plus de deux heures qu’on n’a pas vu filer, tant la magie nous a portés. Un Hubert en grande forme, je me répète, mais il était radieux et cela se ressentait dans les interprétations, le jeu de scène, le rapport avec les musiciens. Bien sûr, des imperfections et quelques plantages, une machiiiiiiiine qui cale au démarrage, mais cette ambiance très détendue de répétition générale n’était pas pour déplaire au public brestois. Bien sûr des regrets : l’absence d’Annabel Lee et des filles du sud. Et « Vendôme Gardénal Snack » qui n’est toujours pas de l’aventure ! Mais qui sait ? La playlist est encore en rodage, on peut toujours rêver d’une tornade, les soirs se suivent sans être pareils….
Le temps de boire un verre et de humer le vent sur le port de Brest, qu’il fallait déjà saluer les amis et reprendre la route. Point de redescente toutefois. Deux jours sont passés et je reste une toupie folle sous les ombres du soir…
Immense merci à Hubert, ses musiciens et toute son équipe pour ce premier concert!
Merci à Cath de m’avoir ouvert les portes du cabaret. En espérant ne pas avoir écrit trop de bêtises… Lorelei, Yannig et Le Doc pourront rectifier, compléter.
Et à tous : rendez-vous à Bercy !!!
La bise et Kenavo !
Evadné
09:29 | Lien permanent | Commentaires (35)
07/10/2011
Octobre
La pensée du jour : "La beauté, c'est que tout
va disparaître et que, le sachant,
tout n'en continue pas moins de flâner". Guy GOFFETTE
Octobre. Mois de déprime, de peu de lumière, mois du froid qui revient et nous glace les os. C'est aussi le mois qui, chaque année, me voit vieillir un peu plus. Bref, un mois qui ne m'est pas sympathique.
Sauf que cette année, octobre a fait fleurir, ici ou là dans ma ville, de bien jolies images, comme celle-ci :
Sauf que cette année, octobre sera plutôt synonyme de renouveau. De renaissance. D'abord pour HFT lui-même puisque l'artiste a choisi de remonter sur les planches il y a quelques jours, à Brest. Pour moi aussi, un peu, puisque, comme à la fin des Guignols, je vais enfin pouvoir reprendre une activité normale, à savoir aller voir HFT en concert ! Dans douze jours, ce sera Nancy. Le Zénith. J'aurais préféré une petite salle plus intimiste, par exemple Poirel. Poirel que j'associerai toujours à un des plus beaux concerts d'HFT. C'était sur la tournée en solitaire. Le grand moment de la soirée ? Celui, incroyablement émouvant, où tout le public s'était soudain levé comme un seul homme pour montrer chaleureusement son amour à l'artiste. Le Zénith, c'est plutôt, comme l'avait dit la chanteuse Barbara quand elle s'y était produite, une grande cuisine en inox ! Ne crachons pas dans la soupe non plus ! HFT nous fait l'honneur de venir à Nancy, ne boudons pas notre plaisir, notre chance, notre bonheur !
Trois jours plus tard, ce sera Bercy. Je m'y pointerai sûrement avec les traits tirés et une mine de papier mâché, l'âge ne s'accordant guère avec la passion. C'est pourtant elle qui nous tient debout, mais il faut bien avouer que l'on n'a plus la même pêche qu'il y a dix ou quinze ans ! Avant, les concerts de Thiéfaine, je te les enchaînais joyeusement sur une semaine, et même pas mal aux cheveux ! Maintenant... Maintenant, c'est plus laborieux !
Qu'à cela ne tienne : je serai au Zénith de Nancy le 19 et à Bercy le 22 ! J'ai loupé Bercy 98 et ne suis pas sûre de m'en remettre un jour, il n'est donc pas question de laisser filer l'occasion une deuxième fois.
Je ne sais pas encore si je me limiterai à ces deux concerts-là ou si la folie (qui m'a toujours sauvée) me poussera, dans les mois qui viennent, à traverser un bout de la France pour le simple (mais combien unique et réconfortant !) plaisir de m'envoyer dans les esgourdes le succulent vin jaune d'une douce poésie jurassienne !
Et vous, vous comptez assister à combien de concerts ? Où et quand ?
22:25 | Lien permanent | Commentaires (12)
30/09/2011
"L'amour est une névrose"
La pensée du jour : "L'homme mange la plante et la chair de la bête, et la matière devient pensée.
Quelle est la suite ?
Qui ?
Qui se nourrit de l'homme ? Que deviennent nos joies, nos amours digérées ?" René BARJAVEL
Si vous êtes abonnés à la lettre d'information de Sony, vous avez sans doute reçu un mail contenant un extrait d'un des trois inédits qui viendront bientôt ajouter une vérité de plus à « Suppléments de mensonge ». Le titre de ce bijou ? « L'amour est une névrose ». De l'harmonica, un rythme bien balancé et un texte sacrément bon ! Que demande le peuple ?!
Cette chanson me trotte dans la tête depuis cet après-midi. Je l'ai déjà adoptée ! Et vous ?
En voici quelques petits extraits (je n'ai pas encore réussi à tout retranscrire, je ne pige pas tous les mots !!!) :
« Sur la courbe de Gauss
des transferts suburbains
l'ennui métamorphose
le fond des nuits sans fin
où les maris moroses
retournent au quotidien
vers ces morts qu'on repose
leur conjugal destin ».
« Amour névrose
(..)
une chute, une overdose ».
(...)
« Amour névrose
(...)
un sirupeux bakchich ».
(...)
« Amour bleu du passé
qui revient de la guerre
pour une éternité
qui s'amuse à l'envers ».
23:45 | Lien permanent | Commentaires (3)
24/09/2011
"Chansons ordinaires", le nouveau Miossec
La pensée du jour : "J'ai peur de l'aube grège avec ses blancs fantômes". Bernard LORRAINE
Il y a quelques mois encore, j'avais un autre blog, consacré à Miossec celui-là. Je ne l'ai pas alimenté une seule fois en 2011, et je ne peux plus y accéder, je ne sais plus sous quel identifiant je m'y connectais, et j'ai oublié mon mot de passe ! Je vais donc consacrer ici une note à Miossec et plus particulièrement à son dernier album.
Ma « relation » à Miossec est compliquée. Parfois, quand j'écoute certaines de ses chansons, je me dis que quand même il exagère, qu'il pourrait renouveler sa garde-robe, que tout est de l'ordre de la redite. Oui, ça m'arrive de mettre un peu de fiel là où on croit qu'il n'y a qu'admiration ! Parce qu'il me semble que toute admiration doit être raisonnée. Idem pour HFT. Je ne pense pas toujours que du bien du bonhomme. Mais j'essaie de faire la part des choses, je sais aussi que la façade cache une « âme sur charbons ardents », comme disait Gary, une âme tourmentée et malade. L'indulgence est donc de mise, et je ne m'en suis jamais départie à l'égard de l'ami Hubert.
Je crois que c'est idem avec de nombreux artistes. Le dernier coup de gueule d'Higelin au NJP de Nancy m'a d'abord laissée pantoise, démunie, mécontente. Puis, l'indulgence a repris le dessus. Renaud m'a souvent énervée au cours des dernières années, j'ai souvent pensé, comme bien d'autres, que la société l'avait eu, finalement, et même jusqu'au trognon. Et puis, entendre sa voix déglinguée ici ou là me porte à chaque fois, encore et toujours, à cette fameuse indulgence.
Pour Miossec, c'est pareil. Quand je l'écoute parler, je le sens tellement fragile, tellement peu sûr de lui, que j'en oublie les quelques déboires qui ont suivi « Boire », album magnifique, percutant, alors que d'autres furent un peu mous et geignards...
Le dernier opus s'intitule « Chansons ordinaires ». Des chansons déclinées à toutes les sauces. Il y a la chanson que personne n'écoute, et c'est très subtil de l'avoir placée « en tête de gondole », au tout début de l'album. Forcément, ici, tout le monde va l'écouter ! « Toutes choses sont dites déjà; mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer ». Ainsi parlait Gide ! Miossec reprend l'idée à sa façon !
Il y a aussi une chanson pour les amis, empreinte d'une douce nostalgie et de questions qui bousculent, comme celle-ci : « faites-vous encore quelques rêves ou vous êtes-vous assis dessus ? »
Viennent ensuite la chanson d'un fait divers, celle pour un homme couvert de femmes, etc. L'idée est sympathique et réussie. Avec sa « chanson dramatique », Miossec oscille entre désespoir (« quand on a connu trop de drames
on se demande bien ce qu'on fout là
on n'a plus rien à faire dans le paysage
on tient juste la chandelle entre nos bras ») et détermination
(« mais je respire encore
même à bout de souffle
chaque seconde vaut de l'or »).
La chanson protestataire me plaît bien aussi. La conclusion est marrante : « Y a pas que du bon chez les Bretons » !!!
Je n'ai pas encore toutes les mélodies en tête, mais je peux déjà vous dire qu'elles me parlent. Elles sont plus rock que celles de l'album précédent, ce qui devrait permettre à certains « abonnés » déçus de renouer avec Miossec, avec sa patte, sa verve, sa sensibilité.
13:07 | Lien permanent | Commentaires (7)
22/09/2011
Garbo XW Machine
La pensée du jour : "Il est rare que je prenne des taxis (...), le fait est que je finis toujours, à l'arrière des berlines, par avoir mal au coeur. Ce matin-là pourtant, je fis l'effort de répondre au chauffeur, d'abord un peu évasive, et puis, comme il insistait, je finis par lui dire que j'écrivais.
-A quoi c'est dû, m'a-t-il demandé, exactement comme s'il s'agissait d'une maladie, voire d'une punition, ou d'une malédiction". Delphine DE VIGAN
Je relance le petit "jeu" d'il y a quelques mois et qui consistait à mettre ici les paroles des chansons de Thiéfaine. Je reprends les choses là où je les avais laissées : dans "Suppléments de mensonge", j'en étais à "Trois poèmes pour Annabel Lee". Juste après ce monument de poésie, nous arrive, tel un pion indélicat dans le circuit, "Garbo XW Machine", une chanson que, vous l'aurez peut-être compris, je n'affectionne pas des masses ! Dommage, cela commence plutôt bien. Comme une chanson d'amour. Sauf que... Sauf que ce n'est pas une chanson d'amour, c'est une chanson de sexe !!! Rien de bien choquant en soi. Qui écoute HFT depuis de longues années a l'oreille aguerrie et pas forcément chaste ! Mais là, quand même... "Tel un disciple de Jésus je boirai le sang de ta plaie". J'ai beau faire ce que je veux, je n'arrive pas à m'y faire, l'image me révulse !!!!!!!
Je n'en dis pas davantage. J'ai souvent fait le choix de ne parler ici que de ce que j'aimais, je vais donc vous laisser la parole.
Question, quand même : "Garbo XW Machine", cela vous évoque quoi ? Cela me fait penser à un flipper, un truc dans le genre.
Question 2 : Y a-t-il un lien avec Greta Garbo ?
GARBO XW MACHINE
J'ai longtemps kiffé dans la boue
sur de longs chemins chaotiques
en transmutant le je en nous
dans une alchimie romantique
mes actions d'amour dévaluées
m'ont laissé des larmes à crédit
et maintenant je viens m'annuler
devant ton lapis lazuli
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j'aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
machine ! machine, machine !
Ne me dis pas que tes anglais
ont attaqué ta forteresse
que je dois déclarer forfait
avec mon doberman en laisse
tel un disciple de Jésus
je boirai le sang de ta plaie
et deviendrai le vampire nu
dans le coffre de tes jouets
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j'aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
machine ! machine, machine !
Je te laisserai me déchirer
m'arracher la chair et les os
me greffer d'infernales idées
dans le gouffre de mon cerveau
tandis que mes doigts sous ta soie
chercheront la corde sensible
celle qui remonte jusqu'à ta voix
en hurlant au cœur de ma cible
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j'aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
machine ! machine, machine !
19:19 | Lien permanent | Commentaires (24)
14/09/2011
Saint Augustin et le temps
La pensée du jour : "Sa vie n'est rien d'autre que ça : une vue imprenable sur l'ampleur du désastre". Delphine DE VIGAN
Merci à vous d'avoir répondu à mes petites questions ! Finalement, de nombreuses tranches d'âge sont représentées dans le public d'HFT ! Mais nous le savions déjà ! Il est vrai qu'il suffit d'aller à un de ses concerts pour s'en rendre compte. En tout cas, les "animaux en quarantaine" sont nombreux. On s'aperçoit aussi que quand on est tombé en thiéfainie (comme certains d'entre vous disent si joliment), on a du mal à en sortir indemne. A en sortir tout court.
Je suis contente que la note précédente ait suscité autant de réactions. Cela fait chaud au coeur, donne envie de continuer. Merci !
Un peu moins drôle aujourd'hui (et, cette fois, les commentaires ne vont pas se bousculer, j'en suis sûre !!) : un texte de Saint Augustin sur le temps. Je l'avais étudié en philo il y a 21 ans (!!!). J'avais même pondu une dissert sur le sujet. Aujourd'hui, je me demande comment j'avais réussi cet exploit à l'époque !!!!! En me replongeant dernièrement dans les Confessions, j'ai dû, je l'avoue, lire plusieurs fois certains passages pour essayer de les piger un peu... Avec le temps, le cerveau se ramollit, mon cher Augustin !!!! Voilà la conclusion hautement philosophique à laquelle j'aboutis aujourd'hui ! Il y a 21 ans, aussi, j'avais une prof de philo qui accompagnait les élèves dans leur réflexion. Faisait littéralement accoucher les esprits !!! Elle disait que la philosophie était une matière qui devait bousculer, sans quoi elle n'avait aucune raison d'être. Cela me ramène à l'oeuvre de Thiéfaine, qui bouscule, elle aussi, et révolutionne la vie de qui la laisse entrer en lui...
Mais assez bavassé : place à Saint Augustin même si ce n'est pas lui qui joue du violon dans les bois !!!!!
« Qu'est-ce en effet que le temps ? Qui serait capable de l'expliquer facilement et brièvement ? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots l'idée qu'il s'en fait ? Est-il cependant notion plus familière et plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous comprenons sans doute ce que nous disons; nous comprenons aussi, si nous entendons un autre en parler.
Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé, que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir; que si rien n'était, il n'y aurait pas de temps présent.
Comment donc, ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus ».
13:56 | Lien permanent | Commentaires (6)
09/09/2011
Petit sondage
La pensée du jour : "Dreißig Meter lange Arme müsste ich haben, damit ich greifen könnte, wonach meine Sehnsucht geht, denn es ist immer zu fern von mir, und ich kann es auch schlecht sehen". Iris HANIKA
« Quel âge a le public de Thiéfaine ? »
Aujourd'hui, c'est moi qui ai envie de connaître la réponse à cette question. Je ne dis pas que ce blog est un échantillon représentatif du public d'HFT, mais j'aimerais savoir quel âge vous avez, vous les visiteurs du CSL. Autre question : depuis quand écoutez-vous Thiéfaine ?
Je commence par ma petite personne : j'ai 37 ans, bientôt 38. J'ai découvert Thiéfaine en septembre 1992 et ce fut un choc dont je ne me suis jamais totalement remise ! En septembre 2012, donc, je fêterai mes 20 ans de haute dépendance à l'œuvre d'HFT ! Voilà qui ne me rajeunit pas...
09:25 | Lien permanent | Commentaires (43)