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02/01/2011

Chansons n°79 et n°80 : "Misty dog in love" et "Villes natales et frenchitude"

La pensée du jour : "Des fleurs dans des verres

demandent la clef des champs". Jules RENARD

 

Tout d'abord, je vous souhaite une excellente année 2011 ! Le compte à rebours a commencé : bientôt sortira l'album que nous attendons tous depuis si longtemps ! Quant au concert à Bercy, il arrivera plus vite qu'on ne le pense : encore une fin d'hiver, un printemps, un été, un début d'automne, et nous y serons !

 

Puisque nous en sommes à compter les saisons, j'en profite pour dire au passage que ce blog fêtera justement ses cinq printemps en avril ! Je repense toujours avec un peu d'émotion à la nuit qui vit naître ce modeste Cabaret. Cela faisait quelque temps que l'idée me trottait dans la tête, et puis une nuit, je ne sais pas, j'ai tout vu arriver sur moi en même temps : le nom de ce blog, les idées de notes, tout ! Le lendemain, je "mettais au monde" cet espace que je conçois avant tout comme un lieu de communication et d'échanges. Je reconnais que ces derniers temps, je ne vous ai pas offert des trucs très originaux, très solides, mais avec la sortie du prochain album, il y aura de nouveau matière à alimenter le Cabaret ! Je m'en réjouis déjà ! Je serai là, fidèle au poste !

 

 

 

MISTY DOG IN LOVE

 

je te veux dans ma nuit

je te veux dans mon brouillard

je te veux dans ma pluie

je te veux dans mon blizzard

je te veux fauve et captive

écartelée dans ma geôle

je te veux chaude et lascive

glamoureuse et sans contrôle

 

je te veux sur ma route

je te veux dans mes errances

je te veux dans mes doutes

je te veux dans mes silences

je te veux en amazone

à cheval sur ma monture

je te veux quand j'abandonne

ma racine à ta blessure

je te veux dans la spirale

de tes abîmes éclatants

je te veux dans les annales

de ton féminin troublant

 

je te veux dans le feu

taciturne des étoiles

je te veux dans le jeu

des vagues où s'enfuient nos voiles

je te veux vamp et rebelle

bouillonnante et sans pudeur

je te veux tendre et cruelle

sur mon sexe et dans mon cœur

je te veux dans l'opéra

silencieux de mes planètes

je te veux dans le magma

où se déchire ma comète

 

je te veux dans ma nuit

je te veux dans mon brouillard

je te veux dans ma pluie

je te veux dans mon blizzard

je te veux dans le sulfure

de mes galeries inconscientes

je te veux dans l'or-azur

de mes envolées d'atlante

je te veux dans la lumière

de mes soleils suburbains

je te veux dans la prière

des dieux suppliant l'Humain

 

je te veux dans ma nuit

je te veux dans mon brouillard

je te veux dans ma pluie

je te veux dans mon blizzard

je te veux fauve et captive

écartelée dans ma geôle

je te veux chaude et lascive

entrouverte et sans contrôle

 

 

 

 

VILLES NATALES ET FRENCHITUDE


Clichés de poubelles renversées
Dans la neige au gris jaunissant
Où un vieux clébard estropié
R'nifle un tampon sanguinolent
Givré dans la nuit de Noël
Un clocher balbutie son glas
Pour ce pékin dans les ruelles
Qui semble émerger du trépas
Il vient s'arrêter sur la place
Pour zoomer quelques souvenirs
Fantômes étoilés de verglas
Qui se fissurent et se déchirent
Ici y avait un paradis
Où l'on volait nos carambars
Maint'nant y a plus rien mon zombie
Pas même un bordel ou un bar
Voici la crèche municipale
Sous son badigeon de cambouis
Où les générations foetales
Venaient s'initier à l'ennui
Cow-boys au colt 45
Dans la tendresse bleue des latrines
On était tous en manque d'indiens
Devant nos bols d'hémoglobine
Voici l'canal couvert de glace
Où l'on conserve les noyés
Et là c'est juste la grimace
D'un matou sénile et pelé
Mais ses yeux sont tellement zarbis
Et son agonie si tranquille
Que même les greffiers par ici
Donnent l'impression d'être en exil
Voici la statue du grand homme
Sous le spectre des marronniers
Où l'on croqua la première pomme
D'une quelconque vipère en acné
Et voici les murs du lycée
Où t'as vomi toutes tes quatre heures
En essayant d'imaginer
Un truc pour t'arracher le coeur
Mais t'as jamais vu les visages
De tes compagnons d'écurie
T'étais déjà dans les nuages
A l'autre bout des galaxies
Trop longtemps zoné dans ce bled
A compter les minutes qui tombent
A crucifier de fausses barmaids
Sur les murs glacés de leurs tombes
Un camion passe sur la rocade
Et le vent du Nord se réveille
Mais faut pas rêver d'une tornade
Ici les jours sont tous pareils

 

31/12/2010

Chansons n°76, n°77 et n°78

 

Je vous dois des excuses : dernièrement, lorsque je vous ai proposé la chanson n°76, je me suis totalement plantée !!! La chanson n°76, c'était « 542 lunes et 7 jours environ », je suis allée trop vite! Je répare donc mon erreur, mais j'ai dû effacer la note d'avant-hier, et vos commentaires aussi. Je vous demanderai de bien vouloir, comme avant-hier, poster une pensée du jour au bas de cette note. Et, avec tout cela, je vous dois trois chansons !!!

 

542 LUNES ET 7 JOURS ENVIRON

 

La terre est un MacDo recouvert de ketchup
Où l'homo cannibale fait des gloupses et des beurps
Où les clowns en treillis font gémir la musique
Entre les staccatos des armes automatiques
J'y suis né d'une vidange de carter séminal
Dans le garage intime d'une fleur sentimentale
Quand j'ai ouvert les yeux la lumière vagabonde
Filait à 300.000 kilomètres à la seconde
J'ai failli me tirer mais j'ai fait bof areuh
J'suis qu'un intérimaire dans la continuité de l'espèce
Et coucou beuh !
542 lunes et 7 jours environ
Que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes et 7 jours environ
Et tu vois mon amour j'suis toujours aussi con

Une fille dans chaque port et un porc qui sommeille
Dans chaque salaud qui rêve d'une crampette au soleil
Et les meufs ça couinait juteuses et parfumées
Dans le bleu carnaval des printemps cutanés
J'en ai connu des chaudes à la bouche animale
A g'noux dans les toilettes ou dans la sciure des stalles
Hélas pour mon malheur j'en ai connu des pires
Qui voulaient que j'leur cause en mourant d'un soupir
Et puis je t'ai connue mais j'vais pas trop charrier
Attendu que j'suis lâche et que ton flingue est chargé
Oh ma sweet yéyéyé sweet lady
542 lunes et 7 jours environ
Que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes et 7 jours environ
Et tu vois mon amour j'suis toujours aussi con

La geisha funéraire s'tape des rassis crémeux
Chaque fois que j'raye un jour d'une croix sur mon pieu
Pourtant j'contrôle mes viandes, je surveille mes systoles
Et me tiens à l'écart des odeurs de formol
Mais un jour faut partir et finir aux enchères
Entre les gants stériles d'une sœur hospitalière
Et je me vois déjà guignol au p'tit matin
Traînant mon vieux flight-case dans le cimetière des chiens
Oh meine kleine Mutter mehr Licht !
542 lunes et 7 jours environ
Que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes et 7 jours environ
Et tu vois mon amour j'suis toujours aussi con



ZOO – ZUMAINS - ZEBUS

Je regarde passer les zumains de ma rue
Un peu comme on reluque au zoo les zébus
Triés, normalisés, fonctionnels, uniformes
Avec leurs initiales gravées sur leurs condoms
Et je cherche un abri sur une étoile occulte
Afin de me tricoter des œillères en catgut
J'm'arracherais bien les yeux mais ce serait malveillance
Vu que j'ai déjà vendu mon cadavre à la science
Je n'ai pas la frite
Repasse me voir demain lady

Plus de mur à Berlin pour justifier ma honte
Quand je reviens bourré dans mes baskets en fonte
Et çui d'Jérusalem est trop loin du bistrot
Pour que j'm'y liquéfie en chagrin lacrymo
Mais loin de moi l'idée d'être irrévérencieux
Et d'flinguer les chimères qui rendent le monde heureux
Chacun sa religion, chacun son parachute
Et je mets mon foulard quand je vais à la turlute
Je n'ai pas la frite
Repasse me voir demain lady

J'écoute la mode en boîte sur mon ghetto-blaster
Dans le joyeux ronron quotidien des horreurs
Pas la peine de s'en faire il suffit d'oublier
Demain je s'rai funky, rastaquouère et blindé
A part ça tout va bien comme dit Schopenhauer
Pendant la durée des travaux je reste ouvert
J'imaginerai Sisyphe gonflé aux anabos
En train d'faire sa muscu dans la cage aux héros
Je n'ai pas la frite
Repasse me voir demain lady


 

PORTRAIT DE FEMME EN 1922

 

Je t'ai rencontrée une nuit
Au détour d'un chemin perdu
Qui ne conduisait nulle part
Où tu te tenais immobile
En équilibre sur un fil
Tendu au-dessus du hasard
Et lorsque je t'ai demandé
Qui tu étais d'où tu venais
Tu m'as répondu d'un regard
Tu sais, je ne suis qu'effluve
Et je reviens d'ailleurs...
Plus tard dans un coin de bistrot
Devant un billard électrique
Tu m'as montré ta déchirure
Tu m'as dit d'étranges paroles
Qui volaient comme des chauves-souris
Au milieu de ta chevelure
Elles me parlaient d'inconnu
De mystérieux chemins cachés
Qui montaient au-delà des murs
D'un ténébreux voyage
Tu cherches au-delà des frontières
Un miroir ou un cœur ouvert
Pour y projeter tes phantasmes
Sautant d'une plateforme d'autobus
Tu prends le premier train rapide
Pour Marseille ou pour Amsterdam
Juste une pièce dans un taxiphone
Mon tendre amour ne m'attends pas
Ce soir je ne rentrerai pas
Et tu reprends ta route
Ton ténébreux voyage

Un jour ou l'autre tu reviens
Un peu comme au sortir d'un rêve
Dans l'inconscience du matin
Les traits tirés par la fatigue
La tête creuse, le regard vide
Tu ne sais plus ce qui se passe
Et tu ne comprends plus
Tu ne comprends plus rien
Le temps de te refaire les yeux
De prendre un bain et de m'aimer
Tu repenses à d'autres visages
Noyée au fond d'un verre d'alcool
Tu me demandes une cigarette
Et me dis d'un air un peu vague
Mon tendre amour ne m'en veux pas
Tu sais je ne suis à personne
Demain il faut que je reparte
Et tu reprends ta route
Ton ténébreux voyage

 

Mine de rien, que d'allusions à l'Allemagne dans "542 lunes et 7 jours environ" et "Zoo-zumains-zébus" !!!

 

Et n'oubliez pas d'aller faire un tour là :

A mon avis, il n'y a pas que Thiéfaine qui va vivre une bonne année 2011 !!

28/12/2010

Chansons n°74 et n°75 : "Un automne à Tanger" et "Caméra terminus"

La pensée du jour : "Vivre est assez bouleversant

quoique médisent nos sceptiques

De quoi demain sera-t-il fait

ô plus on va plus on le sait

car enfin le jeu perd sa mise

et les dés meurent dans nos mains

Porte de plus en plus étroite

qu'il est maigre notre destin

pour y trouver de quoi le fuir". Georges Perros

 

 

UN AUTOMNE A TANGER

(antinoüs nostalgia)

 

lui sous la pluie

d'un automne à Tanger

lui qui poursuit

son puzzle déglingué

lui dans sa nuit

d'un automne à Tanger

lui qui détruit

son ombre inachevée

 

nous venions du soleil

comme des goélands

les yeux fardés de ciel

et la queue dans le vent

mais nous nous sommes perdus

sous le joug des terriens

dans ces rades et ces rues

réservés aux pingouins

 

lui sous la pluie

d'un automne à Tanger

lui qui poursuit

son puzzle déglingué

 

les vagues mouraient blessées

à la marée sans lune

en venant féconder

le ventre des lagunes

et nos corps écorchés

s'immolaient en riant

sous les embruns glacés

d'une chambre océan

 

lui dans sa nuit

d'un automne à Tanger

lui qui détruit

son ombre inachevée

 

d'ivresse en arrogance

je reste et je survis

sans doute par élégance

peut-être par courtoisie

mais j'devrais me cacher

et parler à personne

et ne plus fréquenter

les miroirs autochtones

 

lui sous la pluie

d'un automne à Tanger

lui qui poursuit

son puzzle déglingué

lui dans sa nuit

d'un automne à Tanger

lui qui détruit

son ombre inachevée

 

 

CAMERA TERMINUS

sous les proches moisis

des cités englouties

la dernière ambulance

s'englue dans le silence

enfin seuls

odeurs gélatineuses

de chairs moites et lépreuses

parfums de fièvre jaune

de cyanure et d'ozone

enfin seuls

nous sommes seuls

dans le vent

survivants

mort-virus/ terminus

 

au pied des temples usés

des statues délabrées

le fleuve roule sa semence

limoneuse et gluante

enfin seuls

silhouette vaporeuse

dans la lumière cendreuse

du matin-crépuscule

t'arraches mon ventricule

enfin seuls

nous sommes seuls

dans le vent

survivants

mort-virus/terminus

omnibus morbidus gaudeamus !

 

enfin seuls

sur cette planète qui grince

dans le froid qui nous pince

enfin seuls

tu te rinces les méninges

en caressant mon singe

 

jardins métalloïdes

noyés de larmes acides

où la lune en scorpion

fait danser ses démons

enfin seuls

amants conquistadors

sur le terminator

plus de voix qui déconnent

au bout des taxiphones

enfin seuls

 

 

26/12/2010

Chanson n°73 : "Pogo sur la deadline"

La pensée du jour : "Quelquefois je suis vide pendant très longtemps. Je suis sans idendité. ça fait peur d'abord. Et puis ça passe par un mouvement de bonheur". Marguerite DURAS.

 

POGO SUR LA DEADLINE

 

j't'ai connu par erreur aux heures des fins d'parties

devant le souterrain où j'garais mon O.V.N.I.

couché dans des renvois de bière et de bretzel

t'essayais de demander du feu à un teckel

mais quand j't'ai vu marcher à côté de tes rangers

en pleine éclipse mentale et mouillant tes Pampers

j'ai sorti mes Kleenex et mon mercurochrome

pour mettre un peu de couleur sur ta gueule de fantôme

 

je m'souviens de ton rire hideux dans les couloirs...

tes mains de chimpanzé accrochées au comptoir...

et tes yeux révulsés contemplant le chaos

de ton crâne émoussé bouffé par ton ego

j'ai ressoudé ton jack / changé ton émetteur

raccordé ton cerveau à l'égout collecteur

réinjecté du fuel à travers tes circuits

avant qu'tu remettes les bouts vers le bout de la nuit

 

pogo sur la deadline

rhapsodie cannibale

requiem à gogo

pour le repos

du mal dans l'âme d'un animal

qui retourne au niveau

zéro

 

je t'ai revu plus tard en pénible bavard

quand tu polémiquais, mickey des lupanars

j'étais mort en voyant la cour d'admirateurs

qui venaient respirer tes ignobles vapeurs

traînant ta charisma de canaille en bataille

comme un wimpy moisi sur un épouvantail

tu pouvais embuer la vision la plus saine

de ton haleine de hyène obscène et noire de haine

 

et puis tu as rompu avec tous les miroirs

qui auraient pu t'émouvoir d'un éclair transitoire

et t'es mort vieux cafard sans chercher d'alibi

juste en puant du groin, du cœur et des branchies

mais j'crois qu'tu t'es planté toi le brillant reptile

sous ton masque visqueux de cloporte inutile

t'oubliais que les touristes ont besoin des craigneux

pour se sentir moins seuls quand ils sont trop baveux

 

Question : Qu'est-ce qu'un wimpy ?

25/12/2010

Chansons n°71 et n°72 : "Je suis partout" et "Demain les kids"

La pensée du jour : "Dans Venise la rouge,

Pas un bateau qui bouge,

Pas un pêcheur dans l'eau,

Pas un falot.

 

Seul, assis à la grève,

Le grand lion soulève,

Sur l'horizon serein,

Son pied d'airain".  Alfred DE MUSSET

 

Cadeau de Noël aujourd'hui : deux chansons ! Nous quittons "Eros über alles" et entamons donc "Chroniques bluesymentales". Joyeux Noël à vous tous !

 

« JE SUIS PARTOUT »

 

je suis partout

dans le héros, dans le vainqueur

le médaillé qui fait son beurre

dans la fille tondue qu'on trimbale

à poil devan tles cannibales

dans le train Paris-gare d'Auschwitz

entre les corps des amants juifs

dans ces millions d'enfants gazés

qu'on voudrait me faire oublier

 

je suis partout

partout partouze

tendresse en S.O.S.

Eros über alles

 

je suis partout

dans le gentil petit caniche

qui ratonne la nuit dans sa niche

dans l'œil du bougnoul écœuré

par cet Occident périmé

dans le boxe des innocences

avec la putain d'bonne conscience

dans la peau du rocker-poubelle

qui joue son je universel

 

je suis partout

partout partouze

 

je suis partout

dans la ruelle des amours toxiques

au bras d'un monstre pathétique

dans les annales des cœurs trav'lots

avec ma capote en croco

entre tes seins entre tes cuisses

entre tes cimes et tes abysses

humaniste sous ton collant

la bite coincée entre tes dents

 

je suis partout

partout, partouze

tendresse en S.O.S.

Eros über alles

 

 

 

 

 

 

 

 

DEMAIN LES KIDS

 

les charognards titubent au-dessus des couveuses

et croassent de lugubres et funèbres berceuses

kill the kid

pendant que nos sorcières sanitaires et barbues

centrifugent nos clones au fond de leurs cornues

kill the kid

dans les ruines de l'école où brûle un tableau noir

une craie s'est brisée en écrivant : espoir

kill the kid

déjà les mitrailleuses ont regagné leurs nids

seule une mouche bourdonne sur la classe endormie

kill the kid .../... kill the kid

les guerriers de l'absurde et de l'enfer affrontent

les délices de la mort sous le fer de la honte

kill the kid

Beyrouth aéroport ou Mozambic city

le sang des tout petits coule aux surprises-parties

kill the kid

sacrifiez les enfants / fusillez les poètes

s'il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes

kill the kid

s'il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes

sacrifiez les enfants / fusillez les poètes

kill the kid .../... kill the kid .../... kill the kid

quelque épave au regard usé par le délire

poursuit dans sa folie le chant d'un enfant-lyre

kill the kid

et dans ses yeux squameux grouillant de noires visions

le désir se transforme en essaim de scorpions

kill the kid

petite poupée brisée entre les mains salaces

de l'ordure ordinaire putride et dégueulasse

kill the kid

tu n'es plus que l'otage la prochaine victime

sur l'autel écœurant de l'horreur anonyme

kill the kid

sacrifiez les enfants / fusillez les poètes

s'il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes

kill the kid

s'il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes

sacrifiez les enfants / fusillez les poètes

kill the kid .../... kill the kid .../... kill the kid

les charognards titubent au-dessus des couveuses

et croassent de lugubres et funèbres berceuses

kill the kid

pendant qu'un Abraham ivre de sacrifices

offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils

kill the kid

mais l'ovule qui s'accroche au ventre de la femme

a déjà mis son casque et sorti son lance-flamme

 kill the kid

attention monde adulte inutile et chagrin

demain les kids en armes / demain les kids enfin

demain les kids

23/12/2010

Chanson n°70 : "Droïde song"

La pensée du jour : "Je voudrais pas crever

Avant d'avoir usé

Sa bouche avec ma bouche

Son corps avec mes mains

Le reste avec mes yeux". Boris VIAN

 

 

DROÏDE SONG

 

droïde équalisé sans désir ni chaleur

avec mes sentiments sur microprocesseurs

parfois dans le silence obscur de mon hangar

je déchausse mes circuits et débranche mon sonar

bouillie d'étoiles fondues sur mes lèvres-plasma

de gargouille irradiée revenant du magma

quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité

j'vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber

dans l'odeur des cités aux voiles d'hydrocarbure

les rires sont des ratures qui s'attirent et saturent

et j'y traîne en réglant ma radio-chimpanzé

sur fréquence et mépris point zéro nullité

cosmonaute du trottoir, éboueur en transfert

je peins mes hiéroglyphes sur les murs des waters

avant de m'enfoncer plus loin dans les égouts

pour voir si l'océan se trouve toujours au bout

droïde droïde

machine humanoïde

aux chromosomes hybrides

droïde droïde

carlingue anthropoïde

cœur en celluloïd

droïde droïde

regard polaroïd

schizoïde et bifide

droïde droïde

rêvant d'astéroïdes

acides et translucides

libres .../...

attirées par le vide

le jour où les terriens prendront figure humaine

j'enlèv'rai ma cagoule pour entrer dans l'arène

et je viendrai troubler de mon cri distordu

les chants d'espoir qui bavent aux lèvres des statues

22/12/2010

Promenons-nous dans la ruelle des morts...

La pensée du jour : "L'homme veut son enfance, veut la ravoir, et s'il aime davantage sa mère à mesure qu'il avance en âge, c'est parce que sa mère, c'est son enfance. J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas". Albert COHEN.

Extrait Hubert Felix Thiéfaine

Allons donc, tant que le loup n'y est pas, nous promener dans la « ruelle des morts »... Voilà un endroit qui fleure bon l'enfance, les confitures, les mûres, les framboises, les histoires de dragons... Toutes ces images s'adressent au plus grand nombre d'entre nous, me semble-t-il. Les souvenirs olfactifs liés à l'enfance sont légion...

 

Première écoute. Je suis surprise. Ni agréablement, ni désagréablement. Je ne sais pas. C'est toujours comme ça. Il faut laisser les choses faire leur bout de chemin en nous, s'y inscrire, y poser leur empreinte. J'ai eu besoin d'une nuit entière pour me balader dans cette « ruelle des morts ». Tout d'abord, la musique sautillante semble légèrement en décalage avec ce qu'annonce le titre et avec ce que donne effectivement la chanson... Le texte reste grave. Et, en même temps, pas tant que ça. Nous nous promenons dans cette ruelle avec l'insouciance des enfants que nous fûmes. Innocemment, nous déterrons des casques et des fémurs, vestiges de guerre, mais nous regardons tout cela du haut de notre insouciance, justement... On nous raconte des histoires de dragons terrassés, et nous voilà vainqueurs, narguant le destin. Faisant un pied de nez audacieux à tout ce qui pourrait nous blesser...

Dans Le livre de ma mère, Albert Cohen écrit : « J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas ». Il me semble que nous sommes tous, autant que nous sommes, un jour ou l'autre, sidérés devant ce constat, cette amère évidence de l'enfance qui n'est plus. Et c'est d'ailleurs vers cela que glisse la quatrième strophe, qui s'ouvre sur ces mots : « Que ne demeurent les printemps à l'heure des sorties de l'école ? ». Et l'on pense inévitablement à l'heure des mamans, déjà évoquée dans « Gynécées » (Foxy l'a déjà dit sur son blog, d'ailleurs).La mémoire se brouille, on ne sait plus très bien avec qui l'on a pour la première fois « cueilli les roses de la vie », goûté les framboises de la volupté... « Les matins bleus de ma jeunesse s'irisent en flou multicolore », chantait déjà Thiéfaine sur l'album « Scandale mélancolique ».

La cinquième strophe évoque clairement, elle, des images de mort : ici, il est question de chrysanthèmes et de deuils, qui, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle. Un homme se retourne sur son passé, les sensations de l'enfance lui reviennent, et c'est le florilège des odeurs... Le lait de la ferme au soleil couchant, les boutons d'or, les framboises, tout cela sème à tout jamais sur notre chemin des parfums qui nous ramènent vers le « vert paradis des amours enfantines ». Cette ruelle des morts a un petit air baudelairien. Soudain, on a « plus de souvenirs que si on avait mille ans »... L'horloge nous dit « souviens-toi ! » Et aussi que « bientôt, nous plongerons dans les froides ténèbres »...

Cette chanson de Thiéfaine, c'est une madeleine de Proust, à tremper voluptueusement dans une tasse de tilleul. C'est un bel hommage aux sortilèges de la mémoire, au clocher de notre enfance qui devient peu à peu celui de notre nostalgie...

 

"La ruelle des morts"

 Hubert Félix Thiéfaine, La Ruelle des Morts © DR

Laissons donc « La ruelle des morts » bouleverser complètement la chronologie et se placer ici, juste après « Syndrome albatros »...

 

Avec nos bidons en fer blanc

On descendait chercher le lait

A la ferme au soleil couchant

Dans l'odeur des soirs de juillet

On avait l'âge des confitures,

Des billes et des îles au trésor

Et l'on allait cueillir les mûres

En bas, dans la ruelle des morts

 

On nous disait que Barberousse

Avait ici sa garnison

Et que dans ce coin de cambrousse

Il avait vaincu des dragons

On avait l'âge de nos fêlures

Et l'on était conquistadors

On déterrait casques et fémurs

En bas, dans la ruelle des morts

Dans la ruelle des morts

 

On arrosait toutes nos victoires

A grands coups de verres de kéfir

Ivres de joie et sans l'savoir

On reprenait Mers el-Kebir

Puis c'étaient nos chars en Dinky

Contre les tigres et doryphores

Qui libéraient la French County

En bas, dans la ruelle des morts

 

Que ne demeurent les printemps

A l'heure des sorties de l'école

Quand les filles nous jouent leurs seize ans

Pour une ??? de Royale Menthol

Je n'sais plus si c'était Françoise, Martine

Claudine ou Marie-Laure

Qui nous f'saient goûter leurs framboises

En bas, dans la ruelle des morts

dans la ruelle des morts

dans la ruelle des morts

 

Que ne demeurent les automnes

Quand sonne l'heure de nos folies

J'ai comme un bourdon qui résonne

Au clocher de ma nostalgie

Les enfants cueillent des immortelles,

Des chrysanthèmes, des boutons d'or

Les deuils se ramassent à la pelle

En bas, dans la ruelle des morts

Dans la ruelle des morts

Dans la ruelle des morts

 

Je ne parviens plus à poster de commentaires sur mon blog, si c'est pas malheureux !

Voici donc ce que je souhaitais dire à Frelon Vert, à Lorelei2 et à Luis Daoiz :

 

Frelon Vert  : et si tu passes par le site officiel, as-tu le même problème ?

Lorelei2 : qui sait ce que suggère cette "ruelle des morts" ? Une fin de partie ? A moins que ce ne soit qu'un début ?! Hubert est tellement facétieux !!!

Luis Daoiz : il suffisait de demander, tu vois !!!

 

J'ai laissé deux blancs dans le texte, je ne comprends pas bien les paroles. Aidez-moi, s'il vous plaît !

Je laisse cette chanson mijoter toute la nuit dans un coin de ma tête, je pense revenir demain avec une note sur mes impressions. Elles sont nombreuses, elles se bousculent. Thiéfaine nous revient, plus proche que jamais des thèmes qui jalonnent toute son oeuvre... La nostalgie, l'enfance qui n'est plus, la mort...