03/12/2010
Chanson n°53 : "Un vendredi 13 à 5 heures"
La pensée du jour : "Je te téléphone pour essayer de me trouver au bout du fil". Romain GARY
UN VENDREDI 13 A 5H
ce sera sans doute le jour de l'immatriculée
contraception ou une connerie comme ça...
cette année-là exceptionnellement le jeudi 15 août tombera un vendredi 13
et j'apprendrai par Radio-Mongol Internationale la nouvelle de cette catastrophe aérienne dans le secteur
septentrional de mes hémisphères cérébelleux... là où je mouille
des tankers de lucidité comiques les nuits où
je descends la dernière avenue du globe en
traînant ma tête dans un sac en plastique
un vendredi 13 à 5 heures
ce jour-là j'péterai mon cockpit
dans la barranca del muerto
avec ma terre promise en kit
et ma dysenterie en solo
et les anges de la dernière scène
viendront s'affronter à ma trouille
passeport / visa / contrôle des gènes
et radiographie de ma chtouille
je tomb'rai comme un numéro
4. 21 sur le compteur
nuage glacé à fleur de peau
dans l'étrange ivresse des lenteurs
et pour arroser mon départ
j'voudrais qu'mon corps soit distillé
et qu'on paie à tous les traîn'bars
la der des ders de mes tournées
be still my soul
couchée mon âme au pied tranquille
be still my soul
tout ira bien au pied couché ... hé, couchée
je m'écraserai sur Oméga
chez les clowns du monde inversé
en suppliant Wakan-Tanka
d'oublier d'me réincarner
un vendredi 13 à 5 heures
16:59 | Lien permanent | Commentaires (4)
02/12/2010
Chanson n°51 + chanson n°52 : "Femme de Loth" + "Buenas noches, Jo"
La pensée du jour : "Les films et les romans parlent sans cesse de l'amour, mais la vie se tait. La vie, c'est bruissements, frôlements et caresses... Chacun est organisé pour seulement effleurer, les murs, les passants, les gares, et ne pas être embouti par la vitesse d'un corps lancé depuis des années, dès sa naissance, n'importe où, sauf sur un autre corps. Les collisions sont des accidents. L'amour est un accident. Tout est orchestré pour qu'il n'ait pas lieu et pourtant chaque projection de l'imagination ne parle que de cela". Yves SIMON
FEMME DE LOTH
j'écoute siffler le vent à 11 500 mètres
pendant que ma voisine clignote sur mon vu-mètre
et j'imagine son cri, ses crimes et ses dentelles
moi qui m'croyais gazé v'là que j'déconne pour elle
météo-sex-appeal en matant la dérive
du Sèvres-Babylone correspondance Ninive
et je change à Sodome, à Gomorrhe j'ouvre un pack
avant de me tirer de c'putain d'Eden-Park
ne te retourne pas (2)
j'ai ma bombe à étrons et j'ai mes droits de l'homme
et j'ai ma panoplie de pantin déglingué
et j'ai ces voix débiles qui m'gueulent dans l'hygiaphone
ne vous retournez pas la facture est salée
ne te retourne pas, lady... prends tes distances
la terre joue au bingo sa crise d'adolescence (2)
nous sommes les naufragés dans cet avion-taxi
avec nos yeux perdus vers d'autres galaxies
nous rêvons d'ascenseurs au bout d'un arc-en-ciel
où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil
ne te retourne pas (2)
BUENAS NOCHES JO
morbac ascendant canular
affilié au Human Fan Club
je pousse mon feu sous mon cigare
et m'jette au fond du premier pub
la barmaid qui joue Marilyn
dans sa layette simili cuir
me fait le plein de gazoline
en me caressant d'un soupir
buenas noches Jo
buenas noches babe
puis j'descends la rue principale
en suivant les murs de l'asile
ma carte d'handicapé spatial
tendue vers les neuros-missiles
et pendant que les chiens savants
se jouent leur Best of the Q.I
je me tire chez les émigrants
qu'ont des news au tarif de nuit
buenas noches Jo
buenas noches men
soudain je t'aperçois petite
entre un flipper et un juke-box
frottant ton cul contre la bite
d'un hologramme de Rank Xérox
et au moment où la machine
te plaque sur son parking perdant
j'arrache ta fermeture de jean
et m'engouffre dans ton néant
buenas noches Jo (.../...)
la tête mouillée entre tes cuisses
et l'œil plombé de nostalgeo
j'voudrais rentrer dans ta matrice
comme au vieux temps de ma létargeo
quand je jouais avec la matière
dans la chambre des éprouvettes
au milieu des années-lumière
et du rougeoiement des planètes
buenas noches Jo
buenas noches babe
14:00 | Lien permanent | Commentaires (1)
29/11/2010
Chanson n°50 : "Nyctalopus airline"
La pensée du jour : "Es ist kein Tag so streng und heiß,
Des sich der Abend nicht erbarmt". Hermann HESSE.
Nyctalopus airline
au nom du père au nom du vice
au nom des rades & des mégots
je lève mon hanap & je glisse
dans mon scaphandre à nébulos
je flye vers la doulce Atlantide
allumée dans mes courants d'air
je flye vers les chiens translucides
& les licornes aux cheveux verts
& je patrouille dans mon cargo
chez les ovnis du crépuscule
à collimater mes glaviots
dans mon viseur de somnambule
je flye vers les radars au bar
qui me montrent la voie lactée
quand la fée aux yeux de lézard
me plonge dans ses brouillards nacrés
je flye vers la cité-frontière
dans la nuit des villes sans lumière
au nom du père au nom du vice
au nom des rades & des mégots
je lève ma guinness & je glisse
dans la moiteur des mélancos
je flye vers les parfums tactiles
& vers l'androgyne ovipare
je flye vers l'assassin tranquille
sous mon sourire d'aérogare
& j' carbure aux années-lumière
mon astronef dans les rigoles
mes rétrofusées dans la bière
pour la liturgie d'la picole
je flye vers le chaos caché
dans les vestiges de ma mémoire
quand je n'sais plus de quel côté
se trouvent mes yeux dans les miroirs
je flye vers la cité-frontière
dans la nuit des villes sans lumière
22:08 | Lien permanent | Commentaires (3)
27/11/2010
Chansons n°48 et n°49 : "Stalag-tilt" et "Whiskeuses images again"
La pensée du jour : "Et j'ai beau raccorder les fils
J'traîne une vieille caisse marquée fragile". Hubert-Félix THIEFAINE
Place à présent (et pendant quelques jours) aux textes de l'album "Alambic/sortie-sud". En voici deux pour aujourd'hui :
Stalag-tilt
milliards d'étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d'orifice
climatisé
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m'emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas est périmé
les p'tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
et je m'ébranle
dans le chambranle
des pages tournées ... tournez
reviens
reviens petite
dans ma guérite érotisée
reviens
déconne pas
sans toi mon cas est périmé
J'adore cette chanson ! Musique bien percutante, texte court mais efficace. "Sans toi, mon cas est périmé" : tout est dit !
Whiskeuses images again
vieille copie du terrien-terreur
tirée au ronéo-chibreur
souvent j'aim'rais faire fonctionner
la génération spontanée
comme un pou dans une cage en feu
j'télégraphie mon code foireux
attention traversée d'engins
sur Livre des morts européens
bloody man ah ah...
fatigué des drapeaux en berne
j'm'amuse à quitter la caverne
à voir si l'on danse en éveil
dans les particules du soleil
mais j'atterris sur des cols durs
au pied de la mangeuse d'ordures
le cul poisseux dans l'caniveau
à baiser mon porte-manteau
bloody man ah ah... ***
hé toi l'animal futurien
toi qu'as bien connu les martiens
t'as p't'êt' l'horaire des boute-en-train
à quelle heure passe le prochain bar
que j'paie une bière à mon clébard
certaines nuits j'imagine l'exit
du labyrinthe dans le transit
de 40 milliards de couleurs
se r'niflant avec l'oeil du coeur
mais j'me réveille déglingué
avec un casque sur le nez
et j'ai beau raccorder les fils
j'traîne une vieille caisse marquée fragile
bloody man ah ah... fragile
bloody man
Pour une fois, j'ai tapé cette chanson directement sur le blog. D'habitude, je travaille avec Word, puis je fais un copier-coller. Mais là, non, je mets tout directement ici. Comme ça, je ménage mon correcteur d'orthographe, les textes de Thiéfaine ont tendance à le rendre maboul !!!
On a beau écouter HFT depuis fort longtemps (si longtemps qu'il vaut mieux ne pas chercher à chiffrer cela en décennies !!), et croire connaître parfaitement telle ou telle chanson, les surprises peuvent encore vous pleuvoir sur la bobine au bout de nombreuses années ! Ainsi, il y a quelques mois seulement, j'ai entendu, dans "Whiskeuses images again", les mots suivants : "Übermensch ou underdog man ?" Si, à l'endroit où j'ai mis les trois astérisques.
L'album "Alambic/sortie-sud" a une place extrêmement importante dans ma vie... Lorsque je l'ai découvert, c'était l'hiver, il faisait à peu près le temps que nous avons aujourd'hui en Lorraine. Beaucoup de souvenirs remontent à la surface, alors même que je le réécoute pour m'en imprégner... "J'ai beau raccorder les fils, j'traîne une vieille caisse marquée fragile"...
13:36 | Lien permanent | Commentaires (13)
25/11/2010
"A contempler la noïlle dans les yeux des passants"...
La pensée du jour : "Le téléphone, encore. Ce matin quelqu'un m'appelle, quelqu'un qui me parle de lectures, je ne comprends pas bien, j'écoute, je laisse aller et d'un seul coup je me dis qu'il faut abréger cette conversation, que tu risques de m'appeler comme tu le fais, n'importe quand, pour me demander n'importe quoi, je ne voudrais surtout pas que tu te heurtes au refus de la sonnerie, très vite je raccroche et il me faut encore quelques secondes pour comprendre que tu es morte et que tu ne m'appelleras plus". Christian BOBIN.
Aujourd'hui, j'ai un invité de marque sur mon blog : Yannig ! Il poste ici parfois des commentaires (toujours très intéressants). Suite à la question d'Hervé concernant le mot "noïlle", il a fait des recherches et nous les a livrées sur Facebook. Il m'a donné l'autorisation de faire un copier-coller pour mon Cabaret. Voici donc...
Notes sur le mot « Noille », ou variations sur un Nocturne de Thiéfaine
Suite à la question d’Hervé sur le sens du mot « Noille » dans Cabaret Sainte Lilith, j’ai eu envie de me pencher un peu sur ce mot, ne me contentant pas du lien d’Arnaud qui donne une réponse certes juste, mais qui me laisse un peu sur ma faim.
Si le ...sens du mot (Noille = Nuit, en argot) ne pose pas problème, j’ai eu envie d’en savoir un peu plus… même si je n’ai pas trouvé toute les réponses que je cherchais.
Pour m’amuser, j’ai décidé de ne pas utiliser l’internet pour mes recherches… et de me contenter des dictionnaires que j’ai sous la main. Les dicos virtuels, c’est sympa, mais y’a des tas de lexicographes, passionnés et acharnés, qui font un travail énorme et remarquable, donc j’achète leurs bouquins parce qu’il faut bien qu’ils bouffent… et vu le volume des dicos, ça fait aussi travailler les fabricants de meubles. Etant socialement improductif, il faut bien que je participe d’une manière ou d’une autre à l’économie de ce pays, non ?
Bref, première remarque, le mot Noille est absent de tous les dictionnaires généralistes, du moins ceux que j’ai ouverts, quelle que soit leur taille ou leur époque. (J’aurais bien aimé jeter un œil au Grand Robert, mais je ne me le suis pas encore offert, celui-là). Le mot est donc exclusivement argotique… puisqu’il semble refuser de déborder hors du cadre de l’argot.
On le trouve néanmoins dans les bons dictionnaires de synonymes, et dans les bons dictionnaires de rimes. (Pour ma part j’utilise pour les synonymes celui d’Henri Berthaud du Chazaud chez Gallimard, collection Quarto, et pour les rimes celui d’Armel Louis, chez Le Robert, collection Les usuels, c’est ce qu’on fait de mieux dans ces domaines).
Du côté des spécialistes, il y a ceux qui font l’impasse sur le terme : Dictionnaire d’argot (de jules Vallès) ; L’argot chez les vrais de vrai (d’Auguste Le Breton) ; Le guide du français familier (de Claude Duneton).
Viennent ceux qui font dans le court, bref et concis, ça m’avance guère plus, même si c’est suffisant pour comprendre le terme.
Le dictionnaire argotique des trucs, des bidules et des machins, de Robert Gordienne me donne : Noille ou Noye n.f. – Désigne la nuit.
A peine mieux pour le dictionnaire du français argotique et populaire de François Caradec qui me donne certes une forme de plus (Neuille), mais qui est tout aussi laconique : Noille, Noye ou Neuille n.f. Nuit.
(À noter qu’une nouvelle édition revue et corrigée de cet ouvrage est parue en 2009, cette fois-ci cosigné par F.Caradec et J.-B.Pouy, n’ayant pas cette nouvelle version de l’ouvrage, j’ignore ce qu’il y a dedans à l’entrée « Noille », cette précision n’étant là que pour le plaisir d’évoquer Jean-Bernard Pouy qui est un écrivain que j’aime beaucoup)
Je sors mes dernières cartouches ? Pour commencer, un ouvrage que j’aime bien, quoiqu’un peu daté et qui mériterait une réactualisation, mais dans lequel je puise toujours avec plaisir au breuvage des mots. Ecrit par Jacques Cellard et Alain Rey (j’aime beaucoup ce dernier), il s’agit du dictionnaire du français non conventionnel.
Noïe, n.f. (noye) : Nuit.
(Avant d’aller plus loin, je précise qu’avant le mot Nuit, il y a un petit sigle qui signifie que le mot est absent du français conventionnel, mais on l’avait remarqué par sa brillante absence dans les dictionnaires généralistes, à noter l’absence ici de la forme Noille qu’emploie Thiéfaine.)
Suit deux citations, et enfin quelques infos sur le mot, et une dernière citation :
- Toi, gras du ventre, dit Fouillard à Bouffioux, tu coucheras là-haut, dans la soupente. Comme j’couche juste en dessous, tu feras attention de n’pas m’tomber dessus au milieu d’la noïe, les souliers sur la gueule, j’ai l’sommeil léger. (R.Dorgelès, Les Croix de bois, p.14).
- Comme, pourtant, il faut que je passe la noye quelque part, j’entre dans un bazar, j’achète une petite valise en carton gaufré et je descends dans un modeste hôtel près du Parlement. (San-Antonio, Au suivant de ces Messieurs, p.31).
Hist. – 1890. A cette forme dialectale de nuit, il convient d’ajouter neuil, neuille, bien attestés.
- L’autre, tout de suite après, il veut son sucre, la moitié de la neuil, tu l’entends croquer. (A.Boudard, La Cerise, p.117).
Pour finir, je sors Le dictionnaire de l’argot français et de ses origine par Jean-Paul Colin, Jean-Pierre Mével et Christian Leclère (chez Larousse) (Il s’agit d’une réécriture du Dictionnaire historique des argots français de Gaston Esnault, paru chez Larousse en 1965).
Noille, noïe, noye ou neuille ; n.f ; Nuit.
- Fréhel crèche chez une copine du côté de Montmartre. Mais pour la noille on lui a découvert une piaule dans le secteur. (J.Yonnet, Rue des maléfices, 1954)
- Y avait des crouïas qui, pendant la noïe, venaient faucher des matériaux. (M.Grancher)
- Tu m’as tiré du paje à trois plombes de la noye. (L.Malet, Sueur aux tripes, 1947)
- Les copains de la neuille / Les frangins de la « nights » / Ceux qu’on l’portefeuille / Plus ou moins « all right ». (L.Ferré, Poètes vos papiers, 1956).
Synonyme : Sorgue.
Etymologie : Forme dialectale de nuit. Noille et noïe, 1901 (d’après A.Bruant : L’argot au XXe siècle, dictionnaire français-argot) ; noye, 1947 (in L.Malet, Sueur aux tripes) ; neuille, 1889 (d’après G.Esnault, dictionnaire historique des argots).
Cette fois j’ai fait le tour. Le dernier dictionnaire cité, est à mon avis, Le dictionnaire de référence pour ce qui est de l’argot… et j’aurai très bien pu commencer par celui-là, ce qui m’aurait fait gagner du temps ; sauf que !
Sauf qu’il me semble que l’absence d’un mot dans un dictionnaire donné est déjà en soit une information sur le mot. Un mot présent dans tous les dictionnaires, ce n’est pas tout à fait pareil qu’un mot présent dans seulement la moitié des dicos, ou dans seulement un ouvrage sur dix ! De même qu’il est parfois intéressant de consulter des dictionnaires de différentes époques, certains mots étant présents dans de tout petits dictionnaires de 1900, et ayant disparu de gros ouvrages de 2000.
Bref, je reviens à notre Noille. C’est amusant, l’autre jour j’évoquais les occurrences du mot Soleil dans l’œuvre d’Hubert… aujourd’hui on passe à son opposé, la nuit… thème réccurent chez Thiéfaine. Chez Ferré aussi d’ailleurs… chez beaucoup d’artistes en fait. Pour ce qui est du mot Noille, on nous dit que c’est une forme dialectale… j’aurai aimé en savoir plus… et en particulier d’où ? et en très particulier, la forme existe-t-elle dans le Jura ? Il serait intéressant de savoir si Hubert puise le terme dans le lexique argotique ou régional, dans la mesure où les réminiscences de ses origines semblent assez rares dans ses œuvres, hormis dans la cancoillotte, mais bon, hein ! La datation du terme est intéressante aussi (grosso modo fin XIXe / début XXe selon les formes), elle montre qu’Hubert puisse son lexique aussi bien dans un argot ancien, (je serais tenté de dire argot classique, ou argot traditionnel), que dans un argot contemporain de celui de l’écriture des chansons (je pense entre autre à la « Go » d’Abdallah, à ce propos, des recherches sur ce dernier mot m’ont réservé quelques surprises…). J’aime beaucoup cette façon qu’a Hubert de puiser dans tout les champs lexicaux : on y trouve des mots argotiques, techniques, didactiques, médicaux, enfantins, courants, marchants, marchands, étrangers, … &c. , et j’aime assez voir ainsi se côtoyer des mots qui n’auraient théoriquement jamais dû se rencontrer, venant de mondes qui s’ignorent…
J’aurais aimé savoir aussi comment s’est fait le glissement de Nuit à Noille/Neuille. Les formes dialectales étant parfois des formes résiduelles de formes françaises plus anciennes, j’ai jeté un œil dans cette direction, mais ce n’est guère probant. La forme Nuit semblant très ancienne. Mon dico de moyen français me donne déjà la forme « Nuit », en concurrence avec la forme « Nuict ». Mon dico d’ancien français me donne aussi la forme « Nuit » en concurrence avec la forme « Noit ». « Noit » se rapprocherai-il de la forme « Noie » qu’on trouve sur le lien d’Arnaud ?
Une dernière remarque, la Noille est absente de « Comment tu tchaches ! Dictionnaire du français contemporain des cités, de Jean-Pierre Goudaillier ». Je précise ceci, car le langage des cités puise dans tous les autres argots (français et étranger), et j’aime bien voir comment parfois certains mots arrivent à survivre en glissant d’un groupe de locuteurs à un autre. Je me demande même si certains mots n’auraient pas été sauvés par les cités ? Mais bon, pas Noille.
Je récapitule les différentes formes trouvées (y compris celles du liens d’Arnaud) : Neuil, Neuille, Noie, Noïe, Noille, Noïlle, Noye. Personnellement, j’utilise neuille.
Pour complément d’information, il existe en argot deux autres vocables pour désigner la nuit.
1) Sorgue. Une chanson de Léo Ferré s’appelle la sorgue. Un mot que j’aime bien, qui sonne comme une friandise sur la langue, et aux dérivés délicieux : Sorgueur = voleur qui opère la nuit, Sorguage = nuitée d’amour, et Sorgabon = Bonne nuit, verlan de Bon Sorgue.
2) Borgnio. Et ses variantes : Borgnon, Borgnot, seuls termes argotiques désignant la nuit qui soient masculins. Il existe aussi, au féminin, la variante Borgne.
Ben voilà, avec tout ça, v’là-t’y-pas que la nuit tombe ! Et au passage j’ai appris l’existence du mot Borgnio (et ses variantes), donc dans l’affaire j’suis gagnant !!!
P.S. Borgnio n’a rien à voir avec Borniol.
Buenas Noches, Jo… et les autres.
14:13 | Lien permanent | Commentaires (4)
24/11/2010
Chanson n°47 : "Solexine et ganja"
La pensée du jour : "Je me dis que l'amour, qui avait tant tardé à agiter ma vie, était bien la seule réalité céleste d'un univers misérable". Jean-Paul ENTHOVEN.
Solexine et ganja
je cherche un hélico pour me déconnecter
pour faire sauter les plombs de la boîte à fausse donne
je cherche un hélico quelque part pour me tirer
mais je crois bien que les martiens
m'appellent sur l'interphone
Ganja
le blues m'a délatté mais c'est sans importance
quand la bière est tirée il faut finir son pack
le blues m'a délatté et je trinque en silence
je fais de l'auto-combustion tout seul dans mon half-track
Ganja
et je traîne dans la galerie en grillant mes traumas
j'en veux à la première qui m'a laissé tomber
et je traîne dans cette galerie où ma mère me chanta
no love today baby my milk is gone away
Ganja
j'ai mon compteur qui sonne et mes pieds qui s'enfoncent
j'oublie toujours le nom de ces villes où je suis né
j'ai mon capteur qui sonne et j'ai le cœur qui bronze
j'ai fini par fumer ma carte d'identité
Ganja
ma tête a éclaté d'un tour de manigoince
moi je voulais bourlinguer sur cumulo-nimbus
ma tête a éclaté bonjour l'homo sapiens
si t'as peur de te mouiller retourne à ton fœtus
Ganja
je suis dans l'atelier de Hieronymus Bosch
avec les yeux drapés de lapis-lazuli
je suis dans cet atelier mais il faut que je décroche
les anges font des cauchemars au fond du paradis
Ganja
les sergents recruteurs me demandent au parloir
avec des mégaphones pour compter les élus
les sergents recruteurs me jouent le jour de gloire
mais moi je suis mongolien chromosomes inconnus
Ganja
Il faut quand même que je vous dise que lorsque j'ai découvert cette chanson, il y a maintenant 18 ans, je ne savais pas du tout de quoi il retournait ! "Solexine et ganja", je croyais que c'étaient des personnages importants, russes éventuellement (Solexine, surtout, me faisait sans doute penser à Soljenitsyne, j'imagine !!). En tout cas, j'étais bien loin de me douter que "ganja" était un terme synonyme de "cannabis" !! Quand j'ai enfin pigé, j'ai également compris pourquoi HFT disait, à la fin du concert 88 : "Eh bien, c'est sur ces mots magiques que nous allons nous quitter ce soir" !!! Quant à la solexine, j'imagine qu'on peut en humer les vapeurs, non ?
Cliquez sur le lien ci-dessous et vous pourrez entendre la chanson "No milk today", dont HFT a "essoré" et tordu les paroles pour en faire un joli "no love today, my milk is gone away" !!
http://www.youtube.com/watch?v=ClQepFF-Sr0
Peut-être pourrais-je aussi consacrer un de ces jours une note à Hieronymus Bosch ?
14:21 | Lien permanent | Commentaires (8)
23/11/2010
Chanson n°46 : "Rock joyeux"
La pensée du jour : "Eh oui, François. Te voilà en première ligne. Plus personne devant toi pour vieillir avant toi, pour tâter l'eau du pied et te dire si elle est bonne". François CAVANNA
Rock joyeux
Elle veut plus que son chanteur de rock
vienne la piéger dans son paddock
elle veut plus se taper le traversin
à jouer les femmes de marin
elle s'en va
elle veut plus que son dandy de la zone
vienne la swinguer dans son ozone
elle veut plus d'amour au compte-gouttes
entre deux scènes entre deux routes
elle s'en va
rock rock joyeux
elle lui a dit je change de port
mais pauvre débile je t'aime encore
seulement tu vois c'est plus possible
moi aussi je veux être disponible
elle s'en va
elle a juste haussé les épaules
comme si c'était son meilleur rôle
et lui a dit casse-toi de mon ombre
tu fous du soleil sur mes pompes
elle s'en va
rock rock joyeux
il en fera peut-être une vieille rengaine
une histoire d'amour à la chaîne
pour les petites sirènes à la page
qui se branlent devant son image
elle s'en va
il en fera peut-être une vieille chanson
une histoire d'amour à la con
pour les décavés du boulevard
qui se tapent une queue sur Trafalgar
elle s'en va
rock rock joyeux
21:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/11/2010
Chanson n°45 : "Exit to chatagoune-goune"
La pensée du jour : "Je m'attache facilement". Romain GARY.
Encore une chanson au titre bien farfelu !!!
EXIT TO CHATAGOUNE-GOUNE
amours-crayons-bites-enfoncés
dans les tubulures glauques du vent
l'ange a léché le chimpanzé
sur l'autel des agonisants
clinic-woman cœur-manivelle
tournant dans le soleil couchant
ce soir je sors de ma poubelle
pour provoquer tes océans
cafards-gardiens-d'enfer-casqués
défilant dans mes nuits d'automne
m'accusant de ne plus tricher
devant ta pompe à méthadone
rue morgue-avenue desperados
dans les barbelés du goulag
ce soir je sors de mon blockhaus
pour me parfumer à ta vague
je danse pour toi petite
je bande pour toi (bis)
délires-désirs-corps entraînés
dans les brouillards du crépuscule
parfums-sexy cœurs gominés
tension-danger-sortie-capsule
jadis cavalier du néant
je reviens en vampire tranquille
dans ta nuit maquiller les blancs
de ton calendrier de petite fille
je danse pour toi petite
je bande pour toi (bis)
curieux soleil de plexiglas
dans la vitrine des marchands d'ours
gyrophares sur mes pataugas
nitroglycérine à la bourse
filmé par les mau-mau
par les stups et les contes de fées
je planque mon secret sous ta schizo
et m'accroche à ton corps blessé
amant-mutant matant nos stances
à l'ombre des amours gadgets
j'endors mes cadences en instance
et me balance à ta planète
inutile d'afficher nos scores
aux sorties des supermarchés
les dieux sont jaloux de nos corps
nous balayons l'éternité
je danse pour toi petite
je bande pour toi
22:39 | Lien permanent | Commentaires (2)