Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/07/2010

Chanson n°13 : "Court-métrage"

La pensée du jour : "Un nouvel amour installe une nouvelle perspective; on juge différemment, on réécrit sa vie passée - on s'éloigne". François TAILLANDIER

COURT-METRAGE

Comme dans un film américain

elle est descendue à 9 heures

de sa voiture décapotable

elle a dîné d'un hamburger

et d'un ice-cream jambom-banane

comme dans un film américain

je me suis allumé du cigare

j'ai travaillé sous mon chapeau

en me disant mon vieil Edgar

cette nana tu l'as dans la peau

comme dans un film américain...

 

comme dans un film américain

dans son rocking-chair Ségalot

elle a pris un cocktail indien

en croisant les jambes si haut

qu'on lui voyait le bout des seins

comme dans un film américain

je m'approchai d'elle à pas de loup

je lui dis : "baby I love you"

elle m'a répondu :

"mais moi j't'emmerde"

tout comme dans un film français

 

Tant que j'y suis, je case tout de suite ici "Dernière station avant autoroute", qui n'est pas répertoriée comme une chanson à part entière sur le CD. Regardez la liste des titres : on passe directement de "Court-métrage" à "La môme kaléidoscope".

 

DERNIERE STATION AVANT L'AUTOROUTE

 

on s'est aimés dans les maïs

t'en souviens-tu mon Anaïs ?

le ciel était couleur de pomme

et l'on mâchait le même chewing-gum

 

Question : Parmi vous, quelqu'un sait-il ce qu'est un rocking-chair Ségalot ? "Rocking-chair," ok, je veux bien, mais "Ségalot" ?!!

10/07/2010

Chanson n° 12 : "La vierge au dodge.51"

La pensée du jour : "Aimer est un mauvais sort comme ceux qu'il y a dans les contes, contre quoi on ne peut rien jusqu'à ce que l'enchantement ait cessé". Marcel PROUST

 

Aujourd'hui, je vous propose de parler de "La vierge au dodge.51". C'est une chanson que j'aime beaucoup. Je l'adore dans sa version originale et dans toutes les versions live qu'HFT lui a offertes. Sur le CD, j'adore le moment où la musique s'emballe. Tout à l'heure, en tapant le texte à l'ordinateur, j'avais même l'impression que ce rythme fou se communiquait à ma façon de marteler le clavier !!!

Déclaration d'amour complètement surréaliste, simple délire ? On ne sait pas trop. J'opte pour la première solution. J'aime bien cette idée d'aimer quelqu'un et de lui offrir du même coup toutes les casseroles qu'on se trimbale !

"Il pleut des chats et des chiens", il me semble que c'est piqué à l'anglais. Ne dit-on pas "it's raining cats and dogs" ? Je crois que si. Mais à vérifier quand même.

 

La vierge au dodge.51

 

Ce matin le marchand de coco n'est pas passé et au lieu de

se rendre à l'école tous les vieillards se sont amusés à casser

des huîtres sur le rebord du trottoir avec des

démonte-pneus... / ... sur ma porte j'ai marqué absent pour

la journée... dehors il fait mauvais, il pleut des chats et des chiens

les cinémas sont fermés, c'est la grève des clowns

alors je reste à la fenêtre à regarder passer les camions militaires

puis je décroche le téléphone et je regarde les postières par le trou de l'écouteur

tu as la splendeur d'un enterrement de première classe (bis)

et moi je suis timide comme un enfant mort-né (bis)

oh, timide, mort-né !

dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles

se déconnectent et que tu les prennes sur la gueule

je t'aime, je t'aime... et je t'offre ma vie et je t'offre mon corps,

mon casier judiciaire et mon béri-béri, je t'aime !

Ce matin les enfants ont cassé leurs vélos avant de se jeter

sous les tramways n°1, n°4, n°10, n°12, n°30, n°51, n°62,

n°80, n°82, n°90, n°95, n°101, n°106 et 1095 (qui gagne un lavabo en porcelaine)

en sautant de mon lit j'ai compté les morceaux

c'est alors que j'ai vu le regard inhumain de ton amant maudit

qui me lorgnait comme une bête à travers les pales du ventilateur

tout en te faisant l'amour dans une baignoire remplie de choucroute garnie... / ...

tu as la splendeur d'un enterrement de première classe (bis)

et moi je suis timide comme un enfant mort-né (bis)

oh, timide, mort-né !

dans x temps il se peut que les lamelles de mes semelles

se déconnectent et que tu les prennes sur la gueule

je t'aime, je t'aime... et je t'offre ma vie et je t'offre mon corps,

mon casier judiciaire et mon béri-béri, je t'aime !

 

07/07/2010

Chanson n°11 : "Le chant du fou"

La pensée du jour : "Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.

Et je n'en reviens pas.

Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.

Cette petite fille espérance.

Immortelle". Charles PEGUY.

La Nuit des morts-vivants

Aujourd'hui, je vous propose les paroles d'une chanson que j'affectionne particulièrement : "Le chant du fou". C'est pourtant une chanson à laquelle je ne pige "saintement que dalle", comme aurait dit Cohen ! Mais alors que dalle de chez que dalle ! Si l'un de vous peut m'éclairer un peu sur cette histoire d'alchimistes, je suis preneuse ! En même temps, quoi de plus précieux que le mystère ? Quoi de plus précieux qu'une chanson qui permet d'ouvrir des tas de vannes dans un esprit ? A chaque fois que j'écoute "Le chant du fou", j'ai toujours droit à de nouvelles images. L'une d'elles persiste en tout cas : je vois toujours un cimetière, sous la brume, un cimetière rempli d'êtres effrayants tout droit sortis de "La nuit des morts vivants" !! La façon dont HFT interprète cette chanson en concert, volume 2, par exemple, ajoute encore au mystère et à l'ambiance étrange qui règne sur tout ce chant du fou...

 

Le chant du fou

le fou a chanté 17 fois

les yeux croisés sur son perchoir

une vérité au bout des doigts

une lampe entre les mâchoires

le fou a chanté 17 fois

puis il est mort de désespoir

dans un champ de labiales carnivores

tous les tombeaux se sont ouverts

pour pouvoir passer le mort vainqueur

l'alcool s'est figé sur ton verre

ta cigarette tombe sur ton coeur

et tu cherches une vérité par-delà l'espace

ouais tu cherches une vérité par-delà l'espace

un autre fou sort de son trou

les yeux recouverts de poussière

de trois siècles passés chez Lucifer

un autre fou sort de son trou

et vient respirer la lumière

qui gerce les murs d'Hang-Tcheou

comme un grand coup de cimeterre

les feuilles tombent des cocas

et se répandent sur l'Occident

demain tu verras tous ces petits alchimistes

pulvériser un continent

et ta tête tombe de son socle de rêves

ouais ta tête tombe de son socle de rêves (3 fois).

 

Ah, Thiéfaine et les chiffres, toute une histoire ! Il y aurait un bouquin à écrire là-dessus ! Qui se lance ?! Pourquoi ce fou chante-t-il 17 fois, pas une de plus, pas une de moins ? Pourquoi cet autre fou a passé trois siècles chez Lucifer, pas un de plus, pas un de moins ? Je consulte mon grand et précieux livre des Symboles et signes ! Et voici donc ce qu'on y trouve pour le chiffre trois :

Le chiffre trois est sacré dans la plupart des religions. Les Egyptiens s'en remettaient à une puissante trinité divine (Isis, Osiris et Horus), à l'instar des Grecs et des Romains qui vénéraient Zeus, Poséidon et Hadès, ou Jupiter, Neptune et Pluton. Leurs attributs étaient, pour Jupiter, un foudre à trois branches, pour Neptune, un trident, et enfin, pour PLuton, un chien à trois têtes. Les hindouistes honorent la Trimurti (trois formes) composée de Brahma, le créateur, de Vishnou, le protecteur, et de Shiva, le destructeur. Les chrétiens croient en la Sainte-Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Dans l'islam, le trois symbolise l'âme humaine. Enfin, pour Pythagore, il exprime l'harmonie parfaite, étant la somme de l'unité (un) et de la diversité (deux).

Quant au 17, Evadné l'avait rapproché un jour des lames du tarot, je ne sais plus trop ce qu'elle avait écrit à ce sujet (c'est dans un des commentaires de ce blog, mais où au juste ?!! A propos, savez-vous que ce blog compte 3 691 commentaires ?!!!)

 

06/07/2010

Presque 50 000 visites et chanson n°10 : "La fille du coupeur de joints"

 

Au train où vont les choses, ce Cabaret aura atteint les 50 000 visites dans quelques jours. D'ailleurs, il les a déjà sûrement atteintes, mais ce n'est pas visible : ce n'est qu'au bout de quelques mois que j'ai décidé d'installer un compteur de visites. Pas du tout pour frimer. Parce que de toute façon, au début, je ne savais pas du tout où allait me mener cette aventure. Dire que l'idée m'est venue une nuit, tout à coup, comme ça. Moi qui pendant longtemps avais espéré consacrer un jour un livre à Thiéfaine, je me suis rendu compte qu'il fallait voir plus petit, viser ailleurs. Impossible pour moi d'écrire un bouquin entier. Autant j'aime lire des pavés, autant je suis, quand c'est moi qui prends la plume, adepte des textes courts. « In der Kürze liegt die Würze », comme disent mes amis allemands !

Il y a quatre ans, lorsque j'ouvris ce Cabaret, je ne pensais pas qu'un jour il atteindrait autant de visites. Je ne savais pas non plus qu'il me permettrait de faire tant de rencontres sur la toile. Et ces rencontres ont souvent donné lieu à de vraies amitiés dans la vie réelle. C'est vraiment palpitant ! Chaque nouveau commentaire est matière à suspense !

Il y a les fidèles, les indéfectibles, ceux qui passent ici chaque jour, parfois même plusieurs fois par jour. Moi, par exemple !!!!!! Il y a ceux qui débarquent un beau jour et semblent emballés. Déposent une foule de commentaires pendant plusieurs semaines ... et disparaissent. C'est la loi, c'est comme ça. Difficile de les retenir, même si ce n'est pas l'envie qui me manque de leur envoyer un petit mail pour me rappeler à leur bon souvenir ! Il y a ceux qui viennent ici régulièrement, mais jouent les fantômes. Un jour, après un concert d'Hubert, par exemple, je discute avec eux et je suis étonnée d'apprendre qu'ils passent souvent par « chez moi », mais préfèrent rester dans l'ombre. C'est la loi, c'est comme ça. Difficile de les convaincre de laisser des traces de leurs passages, même si ce n'est pas l'envie qui me manque de les en supplier !!!

Merci à vous, en tout cas, silencieux ou non. Comme Souchon dit souvent au début de ses concerts : "Si vous n'étiez pas venus, pour nous, ce serait très, très différent" !!!

Allez, cessons donc ce verbiage qui n'intéresse que moi et m'éloigne de mon sujet : HFT !!!

Chanson n°10, alors :

« La fille du coupeur de joints ». L'incontournable, celle qui est devenue quelque chose comme un hymne thiéfainien, « ein Muss » de tous les concerts. Ce n'est pas ma chanson préférée, même si je reconnais qu'elle m'entraîne toujours dans sa joyeuse course ! Impossible de faire autrement. Et je rigole doucement quand, lorsque je dis que j'écoute Thiéfaine (plus que de raison !), on me catalogue direct comme une grosse fumeuse de joints !!! De ce côté-là, les apparences sont trompeuses : je suis comme Romain Gary... « Chacun sa religion, chacun son parachute » !

 

elle descendait de la montagne

sur un chariot chargé de paille

sur un chariot chargé de foin

la fille du coupeur de joints (bis)

 

elle descendait de la montagne

en chantant une chanson paillarde

une chanson de collégien

la fille du coupeur de joints (bis)

 

ben nous on était cinq chômeurs

à s'lamenter sur not'malheur

en se disant qu'on se taperait bien

la fille du coupeur de joints (bis)

 

elle descendait de la montagne

v'là qu'elle nous voit vers les murailles

et qu'elle nous fait : coucou les gens !

la fille du coupeur de joints (bis)

 

ben, v'là qu'elle nous prend par la taille

pis qu'elle nous emmène sur sa paille

elle nous fait le coup du zeppelin

la fille du coupeur de joints (bis)

 

ben nous on était cinq chômeurs

à s'payer une tranche de bonheur

une tranche de tagada tsoin-tsoin

la fille du coupeur de joints (bis)

 

quand on eut passé la ferraille

elle nous fit fumer de sa paille

sacré bon Dieu que c'était bien

la fille du coupeur de joints (bis)

 

plus question d'chercher du travail

on pédalait dans les nuages

au milieu des petits lapins

la fille du coupeur de joints (bis)

 

elle descendait de la montagne

en chantant une chanson paillarde

une chanson de collégien

la fille du coupeur de joints

 

P.S. : Il est bientôt 22h43 ! Une fête quotidienne en ce qui me concerne !!!!

Naissance d'une histoire d'amour (ou de quelque chose dans le genre !) : suite et fin + chanson n°9 : "La dèche, le twist et le reste"

La pensée du jour : "J'aime le péril... les précipices..., les dés qu'on jette étourdiment en pariant sa vie entière, et je n'attends même pas qu'ils aient fini de rouler pour décider de ma ruine. Me perdre, j'aime aussi, à l'occasion. C'est moi. Rien ne m'en guérira". Gilles LEROY, Alabama Song.

 

J'ai aimé Thiéfaine parce que soudain, quelqu'un parlait à (et de) mon désespoir sur un ton déchirant qui aurait pu être le mien si j'avais su trouver les mots à coller dessus...

J'ai aimé Thiéfaine par instinct de survie, pour échapper à la mistoufle. Parce que nos deux mélancos se rejoignant souvent, je me suis sentie soudain moins isolée dans la mienne... J'ai aimé Thiéfaine pour me sauver d'un naufrage. Les amours de jeunesse sont marquées du sceau de la fougue ! C'est tout sauf de l'amour mou ! C'est le grand ravage, oui ! J'écris tout cela avec beaucoup de distance aujourd'hui, parce que la vie a su laver de ses grandes eaux jusqu'à mes plus beaux souvenirs. « Ma mémoire s'efface », c'est ainsi... « Les matins bleus de ma jeunesse s'irisent en flou multicolore

sous les molécules en détresse

dans le gris des laboratoires ». J'aime beaucoup « L'étranger dans la glace », c'est une chanson qui dépeint magnifiquement la distance qui finit par s'installer un jour entre soi et ce que l'on a vécu de plus beau... On descend dans la soufflerie, le cœur déjà violet. Tout est déjà si loin, la jeunesse plus que tout... Voilà. L'amour qui m'a conduite à Thiéfaine s'est définitivement égaré dans les brumes du presque oubli. C'est à peine si je ressens encore un quelconque frémissement quand j'y repense (il faut dire aussi que c'est une histoire qui aura 20 ans en 2011 !!!!).

Malgré tout, il y a une chanson qui me rappelle toujours ce grand amour de jeunesse, tant elle excelle à dépeindre une ambiance dans laquelle j'ai zoné à un moment de ma vie. Elle tombe à point nommé en ce jour : « La dèche, le twist et le reste »...

 

tous les deux on pousse nos haillons

dans un igloo à bon marché

sous les toits d'une masure bidon

en compagnie des araignées

toi tu vis ta vie d'alcoolique

entre ces quatre murs lamentables

moi je bricole et je fabrique

des chansons qui sont invendables

 

twiste et chante, moi je flippe

twiste et chante, moi je flippe

 

on bouffe une fois tous les trois jours

avec des boîtes de cassoulet

qu'on arrive à paler en douce

dans leurs superbes supermarchés

et quand on est à bout de fric

tu fous le camp chez les émigrés

leur faire découvrir l'Amérique

dans des passes non déclarées

 

twiste et chante, moi je flippe

twiste et chante, moi je flippe

 

et quand je m'en vais prendre l'air

du côté des femmes faciles

tu te jettes sur la bouteille d'éther

pour ton vol plané à deux mille

on ne s'aime plus d'amour et d'eau fraîche

la vue de l'eau te fait hurler

et notre amour à coup de dèche

s'est peu à peu désintégré

 

twiste et chante, moi je flippe

twiste et chante, moi je flippe

 

 

Petit mot pour Valentin, bien que je ne sois pas sûre qu'il vienne encore ici :

Je trouve que cette chanson est très proche de l'univers de « La vie d'artiste » de Léo Ferré. Il y a longtemps de cela, j'avais fait ici un parallèle entre ces deux chansons. « Moi je bricole et je fabrique des chansons qui sont invendables », c'est un peu « mon succès qui ne vient pas ». Et aussi : « on bouffe une fois tous les trois jours avec des boîtes de cassoulet », c'est la "pitance incertaine" dont parle Ferré. Deux variations sur le même thème: la dèche liée à la vie d'artiste. Et l'amour qui ne résiste pas à ce quotidien décharné...

 

Quant au texte écrit en 2002, je l'ai pas mal tronqué au final, je ne me reconnaissais déjà plus dans les mots que j'avais écrits il y a huit ans... « Je suis l'étranger dans la glace » et c'est très bien comme ça...

05/07/2010

Naissance d'une histoire d'amour (ou de quelque chose dans le genre !)

Pas de deuxième pensée du jour, une seule suffit. Celle de tout à l'heure est toujours vraie, "je chemine cahin-caha à travers le deuil"...

Voici donc le texte que j'avais écrit à propos d'HFT le mardi 8 octobre 2002. J'avais mis le point final à 23h50 (c'est précis !). Je viens de le retravailler un peu et de le réactualiser aussi, mon âge ayant changé !!! En voici donc la première partie. La suite demain ou un autre jour. On verra. N'hésitez pas, vous, à me raconter aussi comment vous êtes allés à Thiéfaine ou comment Thiéfaine est venu à vous...

P1130899.JPG

Thiéfaine et moi, c'est une longue histoire ! Une de celles qui, étrangement, mettent un temps fou à s'installer... Mais qui, une fois là, collent à jamais à votre quotidien, de manière indéfectible... Dès le collège, on a essayé de me coller HFT entre les oreilles. Oui, les premiers disques me furent prêtés par mon prof de mathématiques. J'ai toujours eu horreur de cette matière, je n'y peux rien, ça a été le blocage de toute ma scolarité. Un drame, parfois, parce que j'en ai versé des larmes et des larmes devant certains problèmes qui, à mes yeux, étaient condamnés à le rester à jamais... Pour moi, il n'y avait malheureusement pas une solution à chaque problème, loin de là. Et même la solution donnée ensuite par le prof me ... posait problème !!! A l'époque, donc, je n'imaginais pas qu'un jour les mathématiques entreraient dans ma vie ... par l'escalier de service et grâce à HFT !! Maintenant, j'ai pour habitude de dire que je déteste les mathématiques, mais que je fais toutefois une exception quand elles sont souterraines !! Thiéfaine est venu introduire une nuance dans cette aversion viscérale !!

Oui, donc, mon prof de maths... C'était un monsieur assez atypique. Qui aimait Renaud, Lavilliers et Thiéfaine. Entre autres. Un jour, il crut bon de me prêter quelques CD d'HFT. Je ne saurais plus dire lesquels. Il y en avait deux. Le lendemain, je les lui rendis, lui disant que je n'entrais pas du tout dans cet univers. Impossible de piger trois mots, je restai hermétique, indifférente à la poésie d'Hubert. Honte à moi ! Double honte parce que des années plus tard, lorsque j'étais en terminale, une de mes amies m'avait soigneusement recopié le texte de « Demain les kids », certaine que ces mots trouveraient un écho en moi. J'avais dû trouver cela beau, mais le déclic ne s'était pas fait, allez savoir pourquoi...

C'est l'amour qui me conduisit un jour (ou plutôt une nuit) sur les traces d'HFT. Je venais de dégringoler de mon petit nuage : pendant deux ans, j'avais aimé follement un jeune homme que mes parents voyaient comme un voyou, un moins que rien, qui réussit pourtant à devenir en un clin d'œil mon plus que tout ! Pour X raisons, un jour, je suis partie, ne supportant plus certains traits de son caractère. Mais ce ne fut pas sans regrets, ce ne fut pas sans fracas, ce ne fut pas sans larmes... Le jeune homme en question m'avait initiée à Gainsbourg, j'avais plongé tout de suite. En revanche, pour Thiéfaine, qu'il écoutait aussi, une fois encore, le déclic fut remis à plus tard. Plus tard, ce fut quand l'amour n'avait plus cours, quand il avait déjà fait demi-tour... Après avoir claqué la porte sur deux ans d'une histoire terriblement compliquée et pas reposante pour un rond, je me rapprochai du meilleur ami de mon amour... Et ce fut lui qui, par une triste nuit de septembre, me fit entrer dans l'univers de Thiéfaine. Enfin !

« Pauvre petite fille sans nourrice

arrachée du soleil

il pleut toujours sur ta valise »... A l'époque (et même encore maintenant, tiens !), j'aimais penser que certains mots avaient été écrits sur mesure pour moi. Je me sentis soudain la « pauvre petite fille sans nourrice arrachée du soleil » dont il était question dans la sublime chanson. Oui, cette môme qui offrait ses carences, qui cherchait un préambule et se retrouvait toujours avec une valise arrosée par une pluie torrentielle, c'était moi ! Ce fut une véritable révélation ! Mais comment avais-je pu passer à côté de cette magie ? Comment avais-je pu rester indifférente à tant de poésie ? Le lendemain de cette révélation, je fonçai acheter pas mal d'albums d'HFT ! Soudain, ce fut une boulimie phénoménale, plus rien ne pouvait m'arrêter. Je restais des heures dans ma chambre, recluse comme une nonne, à m'adonner aux joies et aux élans d'une nouvelle histoire d'amour : mon histoire d'amour avec la violente poésie d'HFT, tout simplement ! Et elle contribuait à me guérir un peu d'un autre amour. Désormais, j'allais pouvoir marcher sur un fil qui nous relierait secrètement l'un à l'autre (je sais, je flirte beaucoup avec le romanesque, mais que serait la vie sans une bonne dose d'enchantement ? Quand il ne se présente pas d'emblée, l'enchantement, il faut essayer de le créer soi-même. Je suis assez habile à ce jeu, mais je me casse souvent la binette, me retrouvant souvent éclopée pendant des mois. La raison ? Elle est toute simple : je me fais la courte échelle vers un septième ciel que j'invente de toutes pièces, et puis un jour, il faut se rendre à l'évidence, le septième ciel n'était qu'un leurre, et je tombe de mes nues, comme une imbécile, et cela fait 36 ans que durent ces oscillations entre vertigineuses ascensions et brutales dégringolades...).

Chanson n°8 : "22 mai"

La pensée du jour : "Je chemine cahin-caha à travers le deuil". Roland BARTHES.

 

Oui, je sais, "22 mai", je vous ai "servi" cela pas mal de fois déjà ! Mais si je veux rester logique, je me dois de mettre ici cette chanson. Dans la foulée, je vous soumettrai peut-être un texte que j'avais écrit il y a assez longtemps, sur HFT bien sûr !

 

 

22 mai

 

22 mai 1968
Trois heures de l'après-midi
Le printemps qui refleurit
Fait transpirer le macadam
Sur l'autoroute de l'Ouest
Un séminariste à moto
J'ai bien dit à moto
Roule à toute allure vers un point non défini

Sur le porte-bagages
Le Saint-esprit qui jusque-là
Était resté bien sagement assis
Se coince soudain l'aile gauche
Dans les rayons de la roue arrière
Ah ! Ah ! Ah ! (3fois)
Le séminariste perd le contrôle de sa motocyclette
Et vient percuter de plein fouet
Un pylône garé en stationnement illicite
Sur le bas-côté de l'autoroute

A ce même moment un Chinois de Hambourg
Déguisé en touriste américain
Au volant d'un cabriolet de vingt-deux chevaux
Immatriculé en Espagne
Se dit qu'il lui faut porter secours à ce séminariste
Mais bientôt cette idée lui paraît ridicule
Étant donné :
Petit a) : qu'il ne roule pas sur la même autoroute
Petit b) : qu'il n'est pas au courant de cet accident

Et ce fut sans doute l'événement le plus important de ce mois de mai !

 

02/07/2010

Chanson n°7 : "Première descente aux enfers par la face nord"

La pensée du jour : "La seule hygiène de vie qui vaille, c'est l'excès, l'extrême". Francis Scott Fitzgerald, cité par Gilles LEROY dans Alabama Song.

Afficher l'image en taille réelle

Cet après-midi, j'ai entendu la fin d'un passage d'HFT sur France Inter. A l'instant même, en fait. J'ai entendu la fin de "Lorelei Sebasto Cha", mais selon Sam, le morceau était précédé de quelques mots d'Hubert. A retrouver sur Internet, je suppose. Je vais m'y mettre tout de suite après avoir pondu cette note !

Les vacances commencent et je vais essayer d'alimenter régulièrement ce blog. Aujourd'hui, "première descente aux enfers par la face nord". Un titre fascinant, déjà. Et un texte très fort sur cette fichue liberté qui se laisse aller. Garde à vous !

 

1ère descente aux enfers par la face nord

je m'affale sur la scène

le père fouettard est mort

mais on apprend la haine

dans nos livres d'histoire

on devrait s'amuser à détraquer l'ennui

à tout mettre en danger

devant notre folie

liberté, liberté, liberté,

ben ouais quoi...

la victoire en chantant

nous ouvre la barrière

mon pied entre les dents

j'ai cherché ma civière

je réserve les cieux pour d'autres aventures

ce soir je sais que Dieu

est un fox à poil dur

liberté, liberté, liberté,

je descends aux enfers par l'entrée des novices

offrir à Lucifer mon âme en sacrifice

je boirai dans un crâne le sang du déshonneur

en piétinant les malles des marchands de bonheur

liberté, liberté, liberté

une souris verte qui courait dans l'herbe

on la prend par la queue

on la montre à ces messieurs

ces messieurs nous disent

garde à vous