15/03/2009
La nuit je mens...
La pensée du jour : « Parfois (comme hier, dans la cour de la Bibliothèque nationale), comment dire cette pensée fugitive comme un éclair, que mam. n'est plus là à jamais; une sorte d'aile noire (du définitif) passe sur moi et me coupe le souffle ». Roland BARTHES, Journal de deuil.
La nuit je mens
On m'a vu dans le Vercors
sauter à l'élastique
voleur d'amphores
au fond des criques
j'ai fait la cour à des murènes
j'ai fait l'amour
j'ai fait le mort
t'étais pas née
à la station balnéaire
tu t'es pas fait prier
j'étais gant de crin, geyser
pour un peu je trempais
histoire d'eau
la nuit je mens
je prends des trains
à travers la plaine
la nuit je mens
je m'en lave les mains
j'ai dans les bottes
des montagnes de questions
où subsiste encore ton écho
où subsiste encore ton écho
j'ai fait la saison
dans cette boîte crânienne
tes pensées je les faisais miennes
t'accaparer seulement t'accaparer
d'estrade en estrade
j'ai fait danser tant de malentendus
des kilomètres de vie en rose
un jour au cirque
un autre a cherché à te plaire
dresseur de loulous
dynamiteur d'aqueducs
la nuit je mens
je prends des trains
à travers la plaine
la nuit je mens
effrontément
j'ai dans les bottes
des montagnes de questions
où subsiste encore ton écho
où subsiste encore ton écho
on m'a vu dans le Vercors
sauter à l'élastique
voleur d'amphores
au fond des criques
j'ai fait la cour à des murènes
j'ai fait l'amour
j'ai fait le mort
t'étais pas née
la nuit je mens
je prends des trains
à travers la plaine
la nuit je mens
je m'en lave les mains
j'ai dans les bottes
des montagnes de questions
où subsiste encore ton écho
où subsiste encore ton écho
la nuit je mens...
(Alain Bashung, J. Fauque, Les Valentins).
09:51 | Lien permanent | Commentaires (6)
03/03/2009
Grande nouvelle
Voici un copier-coller d'un message que Jean-Michel m'a envoyé ce matin :
Hommage à Ferré du 4 au 25 juillet 2009 à Gourdon (Maison du Sénéchal) Invité d’honneur Hubert Félix Thiéfaine. Exposition d’archives Alain Fournier et Monique Maillard
Exposition d’artistes José Corréa et Christian Martinon Quatre soirées spectacles
Vendredi 10 juillet : 1re partie : Scène ouverte, 2e partie : Jehan
Samedi 11 juillet : Charles Bénichou avec la complicité de Julie Darnal
Dimanche 12 juillet : Michel Hermon
Samedi 18 juillet : Joan Pau Verdier Trois conférences-débats Ceux qui l’ont connu / L’œuvre poétique de Léo / L’édition autour de Léo Ferré S'adresser à : A. Fournier alainfournier@hotmail.fr et C. Martinon martinonceramiste@orange.fr
Bon, j'ai bien envie d'être de la partie. Pas vous ?!
11:06 | Lien permanent | Commentaires (7)
"Reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval que j'embrasse à Turin"...
La pensée du jour : "Là où je n'entends pas de musique, tout me semble mort". Nietzsche dans une lettre à sa mère.
Friedrich Nietzsche (1844-1900) : philosophe allemand. Etudiant à Bonn et à Leipzig, ami de Richard Wagner, il professa à l'Université de Bâle de 1869 à 1878. Il mourut fou. L'amour enthousiaste de la vie fut le principe invariable de sa philosophie. Sa recherche d'une synthèse entre le monde dionysiaque des désirs et le monde apollinien de la sagesse (La Naissance de la tragédie, 1872), son refus de la morale chrétienne, ou « morale des esclaves » (Humain, trop humain, 1878; Par-delà le bien et le mal, 1886), son « renversement des valeurs », qui substitue une morale créatrice aux théories des valeurs toutes faites, sa théorie du surhomme (Ainsi parlait Zarathoustra, 1883-1885; La Généalogie de la morale, 1887; Le Crépuscule des idoles, 1888), ainsi que sa théorie du « retour éternel » des choses de la vie humaine sont les thèmes principaux de sa pensée. L'effort de sa morale fut de sortir du pessimisme le plus profond, mais en reconnaissant toutes les expériences négatives, les « malheurs » que la vie peut réserver à l'homme : sa maxime fut de « faire avec le désespoir le plus profond l'espoir le plus invincible », grâce à un héroïque effort de la volonté et de l'imagination. Son lyrisme, qui implique une contemplation esthétique de la vie et de la nature, le rapproche des philosophes de la nature propres au romantisme allemand (Schelling, Schopenhauer). Sa théorie du retour éternel a influencé certaines philosophies de l'histoire; sa morale individualiste a marqué certaines oeuvres littéraires – celle de Gide, par exemple. Quant à l'exploitation de sa philosophie par le fascisme et le national-socialisme, elle procède d'une déformation de sa pensée.
Source : Dictionnaire de la philosophie, Didier JULIA, librairie Larousse, 1894.
A propos du « cheval que j'embrasse à Turin » (j'ai déjà évoqué cet épisode, mais j'en redis deux mots après avoir lu le dossier du magazine Lire consacré à Nietzsche en février de cette année. D'ailleurs, les lignes qui vont suivre sont extraites de ce même magazine) :
« En avril 1888, Nietzsche découvre « la calme et aristocratique ville de Turin ». Séduit, il estime avoir trouvé là, écrit-il à sa mère, son « véritable bonheur ». Il y revient à l'automne. Il loue une chambre au 6 via Carlo Alberto, fréquente le café Fiorio, se promène le long du Pô. « Turin est le premier endroit où je suis possible », écrit-il. Les derniers mois de 1888, que Nietzsche passe dans la capitale piémontaise, sont une période d'activité intense. Il y met la dernière main au Crépuscule des idoles, Nietzsche contre Wagner, L'Antéchrist et Ecce Homo. Et c'est à Turin, Piazza Carlo Alberto, que le 3 janvier 1889, selon la légende, Nietzsche, pris d'une crise de démence, se jette au cou d'un cheval maltraité par son cocher, avant de s'effondrer et de sombrer dans le silence dont il ne devait plus sortir. »
Remarques : -Je parlerai bientôt plus en détail de la théorie du surhomme, mais je veux d'abord me documenter un peu.
-Nous allons passer une partie de nos vacances d'avril dans le Piémont, non loin de Turin, et je compte y photographier les endroits où Nietzsche passa. Je mettrai tout cela sur le blog.
10:40 | Lien permanent | Commentaires (4)
26/02/2009
Whiskeuses images again
La pensée du jour : "Je flye vers le chaos caché
dans les vestiges de ma mémoire". Hubert-Félix THIEFAINE
Vieille copie du terrien-terreur
tirée au ronéo-chibreur
souvent j'aim'rais faire fonctionner
la génération spontanée
comme un pou dans une cage en feu
j'télégraphie mon code foireux
attention traversée d'engins
sur Livre des morts européens
bloody man ah ah ...
fatigué des drapeaux en berne
j'm'amuse à quitter la caverne
à voir si l'on danse en éveil
dans les particules du soleil
mais j'atterris sur des cols durs
au pied de la Mangeuse d'ordures
le cul poisseux dans l'caniveau
à baiser mon porte-manteau
bloody man ah ah ... ***
hé toi l'animal futurien
toi qu'as bien connu les martiens
t'as p't'êt' l'horaire des boute-en-train
à quelle heure passe le prochain bar
que j'paie une bière à mon clébard
certaines nuits j'imagine l'exit
du labyrinthe dans le transit
de 40 milliards de couleurs
se r'niflant avec l'oeil du coeur
mais j'me réveille déglingué
avec un casque sur le nez
et j'ai beau raccorder les fils
j'traîne une vieille caisse marquée fragile
bloody man ah ah ... fragile
bloody man
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine / Musique : Claude Mairet
***Comme j'ai fait dernièrement une note sur « Alambic/sortie-sud », j'ai réécouté cet album plusieurs fois. Et tout à l'heure, dans la voiture, en partant au boulot, j'ai eu une révélation: juste là où j'ai mis les trois astérisques, Hubert dit : « Übermensch ou underdog man » !!! Vous en étiez-vous aperçus ? Je pensais qu'il marmonnait un truc, comme ça, mais voilà : c'était oublier un peu vite que le père Hubert ne marmonne jamais des trucs comme ça, sans raison, juste pour la forme ! Je crois vraiment qu'il dit « Übermensch ou underdog man ». Qu'en pensez-vous ? Ce qui voudrait dire que ça y est, même sur cet album, je la tiens, ma référence à l'Allemagne !! «Übermensch », c'est le surhomme, c'est une notion qui ramène à Nietzsche, si je me souviens bien. Il faut que je creuse la question, je fais une note là-dessus dès que possible.
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22/02/2009
Allain Leprest à l'Ostra hier soir
La pensée du jour : "Quand quelqu'un de cher disparaît, nous payons de mille regrets poignants la faute de survivre. Sa mort nous découvre sa singularité unique; il devient vaste comme le monde que son absence anéantit pour lui, que sa présence faisait exister tout entier; il nous semble qu'il aurait dû tenir plus de place dans notre vie : à la limite toute la place". Simone de Beauvoir. Toutes mes pensées du jour et de chaque seconde vont vers elle, ma maman qui me manque tant et à qui j'aurais aimé raconter la soirée d'hier, et tant de choses encore...
Ce qu'il y a de formidable à l'Ostra, petite salle de concert nancéienne, c'est qu'on ne sait jamais comment la soirée va se terminer. Parfois, on ne sait même pas comment elle va commencer ! Hier, par exemple, je pensais voir, en première partie d'Allain Leprest, le groupe local Tournée générale (allez donc faire un tour sur leur Myspace, mettez-vous leurs chansons dans les esgourdes !). Mais ce fut plus encore : il y eut d'abord un duo dont j'ai oublié le nom et dont je n'ai entendu que la dernière chanson parce que je suis arrivée en retard, puis ce fut Martial Robillard (il avait déjà assuré la première partie de Zaza Fournier à l'Ostra le 24 janvier), et enfin Tournée générale, qui interprétait des chansons de Christian Paccoud.
Puis, vers 23 heures, ce fut lui. Allain Leprest, le grand, le sublime. Je suis certaine que c'est un artiste dont les chansons parleraient à Tommie, Evadné, Yoann, Sapq. Alfana aussi, sûrement. Allain Leprest, loin de tout tapage médiatique, fait son petit bonhomme de chemin, son chemin de grand bonhomme dans la chanson française. Superbe plume, voix lessivée par l'alcool et le tabac, poésie coup de poing ou caresse. Il était accompagné au piano par Léo Nissim (j'ai d'abord cru que c'était un surnom : « Léonissime », un prénom et un suffixe pour dire le talent de ce pianiste grandiose !). Allain nous a interprété toutes les chansons que j'avais espérées. Si, juste avant le concert, j'avais dit à Sam que je rêvais d'entendre « Il pleut sur la mer », « La retraite », « Nu », « J'étais un gamin laid », « C'est peut-être ». Allain Leprest, ce n'est pas seulement un chanteur, c'est aussi un comédien, et il faut regarder les expressions de son visage et ses mains pendant tout le spectacle. D'ailleurs, dès la première seconde, il nous happe totalement. Maxime, de Tournée générale, l'a accompagné à l'accordéon sur je ne sais plus quelle chanson. Jean-Philippe, le chanteur de ce même groupe (quelle voix il a, et quelle présence, lui aussi !), a interprété avec lui « C'est peut-être », cette magnifique chanson qui raconte toutes sortes de talents qui n'aboutissent pas, qui vont s'échouer contre la dure nécessité de gagner sa croûte autrement que par son art. Cette gamine qui est peut-être Colette, elle finira dans sa cuisine, un torchon étouffant ses dispositions artistiques. Et lui, là, qui peut-être a tout en lui pour devenir Jacques Brel, eh bien, autour de lui, il n'aura rien pour l'aider à devenir Jacques Brel. Il finira maçon. Ce texte est d'une époustouflante beauté, comme tous les textes de Leprest, d'ailleurs. « Il puait mauvais à rendre sourd », quelle jolie trouvaille parmi tant d'autres !
Je ne sais plus très bien à quelle heure le concert s'est terminé. En tout cas, comme après le spectacle de Zaza Fournier, tout le monde s'est installé au bar. Allain Leprest est venu lui aussi. Je me suis pointée avec quatre CD, je voulais qu'il en choisisse un pour le signer, et il m'a proposé de tous les dédicacer ! Il a agrémenté les pochettes de « Nu » et de « Quand auront fondu les banquises » de jolis dessins. Sacré bonhomme dont la présence remplit de chaleur tout l'espace qui l'entoure et tous les êtres qui ont la chance de se trouver à ses côtés. Et puis, l'Ostra, c'est vraiment un lieu magique. Une salle en sous-sol, petite par la taille, mais si grande par l'âme... Une âme qui repose sur les propriétaires des lieux. Baldo, passionné de chanson française, homme au grand coeur. Sa femme, dont j'ignore le prénom, d'une immense sensibilité... Vers deux heures du matin, la maison a offert un couscous à tous ceux qui étaient là, à tous ceux qui avaient la chance de ne pas être ailleurs !
Parfois, je rêve un peu, tranquille : et si je demandais à Baldo de nous accueillir chez lui pour une soirée Thiéfaine ? Et s'il disait « oui » ? Et si vous étiez de la partie ? En attendant, allez quand même chercher des infos sur Leprest, cousin, par l'âme et le talent, d'un autre chanteur dont nous admirons l'oeuvre !
10:36 | Lien permanent | Commentaires (6)
17/02/2009
Méthode de dissection : Alambic / sortie-sud
La pensée du jour : "C'est imprévisible et cela vient de n'importe quel horizon : la nouvelle de ta mort m'est délivrée par petites touches, par à-coups, je crois à chaque fois l'avoir entendue, apprise, comprise, et puis non, c'est comme si tu étais partie à l'étranger, sans laisser ton adresse mais en écrivant, et comme "là-bas" il n'y a ni encre ni papier, tu te sers de n'importe quoi pour tes lettres, une odeur de seringa ou de violette, tes fleurs préférées, un mouvement des lumières, ou comme aujourd'hui l'image d'une allée d'arbres à la télévision, je ne sais pas pourquoi une si faible image me remet devant ta mort, ce n'était même pas un arbre réel, juste des points de couleur sur un écran et voilà, j'ai de nouveau appris que nous ne nous promènerions plus ensemble, que le bruit du vent dans les feuilles d'acacia avait divorcé d'avec la rumeur de ton rire, j'apprends chaque jour ainsi, il faut croire que j'oublie au fur et à mesure, nous, les vivants, sommes devant la mort de bien mauvais élèves, les jours, les semaines et les mois passent, et c'est toujours la même leçon au tableau noir". Christian BOBIN.
Que me disait Evadné dernièrement ? Qu'en cas de déprime, il fallait sortir la grosse artillerie, à savoir l'écriture et Thiéfaine. Alors, allons-y avec cette nouvelle dissection !
Année de parution : 1984
Pochette : On voit un homme (sans doute Hubert-Félix lui-même, me semble-t-il) assis sur un lit. La pièce fait très « igloo à bon marché sous les toits d'une masure bidon » et se trouve plongée dans une atmosphère de mélanco. On imagine très bien cette chambre perchée tout en haut d'un immeuble borgne. Qui sait si au pied de l'escalier, à l'entrée, il n'y a pas une gamine, la cigarette aux lèvres, curieusement attifée, vêtue d'une tenue pas tout à fait de son âge ?! Une sorte de repaire pour les dingues et les paumés. Je trouve cette pochette très réussie, tout à fait dans le goût des ambiances loufoques que je chéris particulièrement. Une pochette tout à fait thiéfainienne !
Titres :
Stalag-tilt
Whiskeuses images again
Nyctalopus airline
Femme de Loth
Buenas noches, Jo
Un vendredi 13 à 5 H
Chambre 2023 (et des poussières)
Mes phrases préférées :
« à quelle heure passe le prochain bar
que j'paie une bière à mon clébard ».
«mais j'me réveille déglingué
avec un casque sur le nez
et j'ai beau raccorder les fils
j'traîne une vieille caisse marquée fragile ».
« au nom du père au nom du vice
au nom des rades et des mégots
je lève ma Guiness et je glisse
dans la moiteur des mélancos ».
« ce sera sans doute le jour de l'immatriculée
contraception ou une connerie comme ça
cette année-là exceptionnellement le jeudi 15 août
tombera un vendredi 13 ».
« couchée mon âme au pied tranquille ».
« je m'écraserai sur Oméga
chez les clowns du monde inversé
en suppliant Wakan-Tanka
d'oublier de me réincarner ».
« morbac ascendant canular ».
« la tête mouillée entre tes cuisses
et l'oeil plombé de nostalgeo
j'voudrais rentrer dans ta matrice
comme au vieux temps de ma létargeo
quand je jouais avec la matière
dans la chambre des éprouvettes
au milieu des années-lumière
et du rougeoiement des planètes ».
A ma grande honte, je dois avouer que je n'avais jamais vraiment bien écouté cette chanson jusqu'à il y a quelques mois. Je ne l'aimais que moyennement et la zappais souvent. Et puis, un jour, je décide de l'écouter quand même, et je tombe sur ce passage que je trouve sublime... C'est bien la preuve qu'il faut toujours bien tendre l'oreille quand on écoute Hubert !
« reviens
déconne pas
sans toi mon cas est périmé ».
« j'ai ma bombe à étrons et j'ai mes droits de l'homme
et j'ai ma panoplie de pantin déglingué ».
« nous sommes les naufragés dans cet avion-taxi
avec nos yeux perdus vers d'autres galaxies
nous rêvons d'ascenseurs au bout d'un arc-en-ciel
où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil » (pendant longtemps, ces mots furent mon en-tête de papier à lettres !).
Je trouve cet album tout simplement splendide. D'une grande richesse, tant sur le plan musical que poétique. On traîne encore et toujours dans un univers bien farfelu, insomniaque et désespéré ... L'atmosphère Thiéfaine, quoi !
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13/02/2009
Paroles et musique (suite et fin)
La pensée du jour : "L'événement de ta mort a tout pulvérisé en moi". Christian BOBIN
Suite et fin, donc, de l'interview accordée par Thiéfaine à Paroles et musique en 1988...
"-Le choix de cette pochette dépouillée, élégante, presque d'un grand classicisme ?
-On m'attendait au tournant. Comme j'avais montré la moitié de ma gueule sur le précédent album, on pensait que j'allais pousser plus loin et montrer le reste.
-Votre absence sur les médias, qui vous le rendent bien... ?
-Ce que j'aime bien chez les gens, c'est la discrétion. Pour un chanteur, c'est vrai, il est difficile de passer discrètement, ou alors ça signifie que ça ne marche pas. Il n'empêche que je déplore, chez nombre d'artistes, leur omniprésence. Le fait qu'ils ne sachent pas sortir et rentrer. Moi, mon côté extraverti, c'est la scène.
-N'êtes-vous pas quand même trop en retrait ?
-Je ne pense pas l'être trop. Je ne suis ni un sauvage total, ni un marginal complet. Mais la solitude m'est indispensable.
-Caractéristique de votre nouveau tour de chant... ?
-J'ai dix-sept nouveaux morceaux, soit deux albums, que je n'ai jamais joués sur scène.
-Après l'Elysée-Montmartre et la tournée, vous partez à l'étranger ?
-On ira en effet en RFA et au Canada.
-Qu'en est-il d'un projet de Thiéfaine avec les Anglo-Saxons ?
-J'y pense, mais je ne suis pas du tout au point. En fait, plutôt que d'adapter certaines chansons en anglais, j'aimerais écrire directement dans la langue de Shakespeare. De toute façon, je ne suis pas prêt à faire des concessions pour élargir mon public."
Propos recueillis par Frank Tenaille
22:19 | Lien permanent | Commentaires (2)
07/02/2009
Des adieux...
La pensée de cette profonde nuit : "Je la sentais contre moi, fragile et pointue comme un oiseau, et chaude, je pensais "elle est vivante ! On ne meurt pas comme ça". Comme si je n'étais pas payé pour le savoir que, justement, si, on meurt comme ça". CAVANNA
DES ADIEUX
Dans les carnets intimes du messager des runes
l'écriture est en transe et clignote à la une
des mystères des amants et de leurs infortunes
des adieux ... / ...
et des mains maladroites et moites au soir trop chaud
raturent les fantaisies de Schuman au piano
les cris des martinets sous les toits de Soho
des adieux ... / ...
et les noires sentinelles drapées dans leurs guérites
n'ont plus besoin d'antennes-paraboles-satellites
pour capter le chagrin à son extrême limite
des adieux ... / ...
après de vagues lueurs d'ultimes prolongations
on repart à genoux le coeur sous perfusion
au bord de la faillite mentale mais sans passion
des adieux ... / ...
déjà le vieux veilleur mélancolique nous guette
annonçant des avis d'orage et de tempête
mais bientôt le silence nous fait mal à la tête
des adieux ... / ...
mais on finit toujours par noyer son cafard
dans un taxi-dancing ou dans un topless-bar
on finit toujours sur l'éternel quai de gare
des adieux ... / ...
Hubert-Félix THIEFAINE
21:56 | Lien permanent | Commentaires (7)