05/06/2009
Entre 3 grammes et 5 heures du matin : où l'on apprend que Thiéfaine s'est présenté aux élections présidentielles !
Parti : solitude et mélancolie, évidemment. J'ai même l'affiche dans mon bureau !!
Voici encore un extrait du livre de Chapuzet. Justement, il est question ici de la candidature de Thiéfaine aux élections (!!) :
« Le commissaire découvrit que Thiéfaine avait de quoi réunir tous les dépressifs, les manqués, les sensibles, les étudiants en échecs lunaires, les dingues et les paumés. En parcourant la France dans tous les sens, dans toutes les salles, le poète ratissait au plus large pour soulager un public accro. A l'époque, François Mitterrand voyait en lui son plus dangereux adversaire. Déjà, pendant la Seconde Guerre mondiale, selon HFT, le général de Gaulle avait fait appel à lui pour sauver la France. Problème : Thiéfaine dut refuser, il n'était pas né ! Quelques décennies plus tard, au printemps de l'année 68, de Gaulle fit encore appel, toujours selon HFT, à ses services – lui qui n'avait pas d'atomes crochus avec les soixante-huitards. Mais HFT posa encore un lapin au Grand Charles. Un jour classé anarchiste de gauche, un autre de droite, taxé de facho, de gaucho, borracho ! Il fut mis sur écoute durant les années 80. Au milieu des années 90, Jacques Chirac lui proposa un grand ministère de la Cohésion asociale. Nada. Thiéfaine avait choisi le coup d'Etat permanent, le vote inutile, la turlutte finale ».
« Mis sur écoute durant les années 80 » : une façon détournée d'évoquer la censure ici ? Interdiction de délirer ?
Et vous, chers accros aux "acrobaties verbales" et à la musique d'Hubert, vous êtes plutôt « dépressifs, manqués, sensibles, étudiants en échecs lunaires, dingues ou paumés » ? Tout cela à la fois ? Autre chose encore ?!! Pour ma part, je me vois assez bien « étudiante en échecs lunaires ». Multiples et variés, les échecs !! Sensible aussi. Trop, la plupart du temps. Dingue et paumée depuis toujours...
Et n'oublions pas la pensée du jour : "L'action est la sueur du rêve". Louis SCUTENAIRE.
08:54 | Lien permanent | Commentaires (12)
04/06/2009
Entre 3 grammes et 5 heures du matin
La pensée du jour : "Vous savez, imaginons que Thiéfaine soit dans le téléviseur à côté du Pape. Eh bien, la plupart des Francs-Comtois se demanderont qui c'est l'homme en blanc à côté d'Hubert".
Voilà qui laisse un peu imaginer le ton du livre de Jean-Charles Chapuzet ! Cette biographie qui n'en est pas tout à fait une contient des perles par endroits. J'ai noté aussi quelques maladresses et pas mal de fautes d'orthographe, mais passons. On est vite pris par l'histoire : le commissaire Stanislas Bronski et son lieutenant Joseph Destouches sont chargés de retrouver un certain Hubert-Félix Thiéfaine, qui a enlevé une jolie sirène répondant au non moins joli nom de Lorelei !
J'ai commencé à lire cette antibio hier soir et j'en suis ravie ! En voici un minuscule extrait (d'autres suivront) :
"Il est comme ça, Hubert. Il aime tellement les gens qu'il les envoie paître... ça va, ça vient... Un moment, il a envie de se pendre, une heure plus tard, on a l'impression qu'il a mangé un clown" (peut-être le clown à qui Hubert a volé son âme, vous ne croyez pas ?!!)
Tels sont les propos que tient le plombier d'Hubert à Bronski et Destouches, venus l'interroger !! Quant à la sirène kidnappée, je viens d'apprendre, page 35, qu'il s'agirait de "la fille putative d'un évêque étrusque imberbe, égarée, perdue, superbe"... Sur ces bonnes paroles, je m'en retourne non pas à la niche, mais à ma lecture !!!
22:08 | Lien permanent | Commentaires (1)
01/06/2009
Méthode de dissection :"Eros über alles" (suite et fin).
La pensée du jour : "Serait-il possible d'aimer davantage ? De ramener par un surcroît d'amour un mort à la vie ? Et personne n'a-t-il encore suffisamment aimé pour cela ?" Elias CANETTI
Eh bien, on ne peut pas dire que les commentaires se bousculent à propos de cet album ! Tant pis, je continue quand même à prêcher dans le désert !! Comme un arbre mort, tiens !
Venons-en à « Septembre rose ». Magnifique chanson, encore plus émouvante lorsque l'on a soi-même des enfants et que l'on repense au moment magique où le bébé « jaillit, ruisselant ». J'adore le texte de « Septembre rose » ! Un petit tour sur le blog de l'animal bluesymental m'a permis d'en revoir le clip. Je savais bien qu'il y avait de l'eau dans l'histoire, mais je ne me souvenais pas des détails ! La phrase que j'aime plus que tout dans cette chanson :
« Et mon regard prélude
Le jeu de la pudeur
Quand par manque d'habitude
On s'méfie du bonheur »...
C'est bizarre, mais moi j'entends toujours « nos regards préludent »... Mais le livret est formel : « mon regard ».
Vient ensuite « Syndrome albatros ». Regorgeant d'envolées lyriques d'une immense beauté ! « Clowm masqué décryptant les arcanes de la nuit
dans les eaux troubles et noires des amours-commando »...
Ou encore :
« Et dans le froid torride des heures écartelées
Tu retranscris l'enfer sur la braise de tes gammes ».
A chaque fois que j'écoute « Syndrome albatros », je ne peux m'empêcher de penser à Tommie, si émue de nous présenter, à Paris, le petit topo qu'elle avait fait sur cette chanson. D'ailleurs, Tommie, tu nous manques, ici comme ailleurs...
Puis, c'est « Droïde song ». Alors là, que dire ? Cette chanson est tout simplement sublime ! Je l'ai redécouverte sur la tournée « HFT en solitaire ». Je trouve qu'elle rendait très bien dans cette version dépouillée, Hubert se trimbalant avec sa guitare et ses appareillages dans le dos... Les moments que je préfère sur cette chanson ? Aucun, c'est-à-dire TOUS ! Texte grandiose qui atteint son sommet dans des phrases du style « Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité, j'vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber », ou encore : « Le jour où les terriens prendront figure humaine, j'enlèv'rai ma cagoule pour entrer dans l'arène ».
L'album s'achève sur « Je suis partout ». Il faudra d'ailleurs que je consacre une note au journal du même nom. Un de ces jours, sûrement.
J'aime bien cette chanson, mais sans plus. La musique ne me plaît guère.
Et cet album renferme-t-il des références à l'Allemagne ou à la langue allemande ? Oui, bien sûr ! Pour l'instant, pas un n'échappe à la règle, et je crois bien qu'il en sera ainsi jusqu'à « Amicalement blues » !
D'abord, il y a le titre : « Eros über alles ». Et « Was ist das rock'n'roll », évidemment. Mais aussi « My little Wunderkind ». L'allusion aux « millions d'enfants gazés » est également une référence à l'Allemagne, au chapitre le plus sombre de son histoire... Comme l'écrit Günter Grass, l'Allemagne sera toujours le pays où Weimar et Buchenwald se touchent. Weimar, la ville où vécurent tant d'artistes, Weimar la si douce, la ville que j'aime tant...
Conclusion : j'adore cet album ! Comme tous les autres !!!!!
21:46 | Lien permanent | Commentaires (8)
29/05/2009
Dans la rubrique "méthode de dissection", voici "Eros über alles"...
La pensée du jour : "L'approche est toujours plus belle que l'arrivée". Alain-Fournier.
Date de parution : 1988
Pochette : on ne peut plus sobre ! Au milieu, on lit «Thiéfaine » et « Eros über alles ». Aucune photo de l'artiste, rien. Le nom est écrit en noir sur fond rouge, le titre en blanc sur fond noir. Le tout enserré dans un fond couleur moutarde. Rien à signaler.
Titres :
Was ist das rock'n'roll
Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir
Amants destroy
Pulque mescal y tequila
Septembre rose
Syndrome albatros
Droïde song
Je suis partout
Que dire de cet album ? Une foule de choses ! Il s'ouvre de façon majestueuse sur « Was ist das rock'n'roll », sur un rythme bien balancé et ces mots sublimes : « deux cent mille ans déjà que je zone sur la terre
dans le grognement lourd des groins qui s'entrechoquent
de nature solitaire je me terre pour me taire
mais mon double pervers joue dans un groupe de rock ».
« Was ist das rock'n'roll » ou les infortunes d'un artiste de la marge qui se définit comme un « vieux désespoir de la chanson française ». Alors que pourtant, purée, c'était l'âge d'or : je me souviens d'avoir découvert le clip de « Septembre rose » sur M6 cette année-là !!!!!! « Vieux désespoir de la chanson française » dont la langue natale est « morte dans ses charentaises ». Constat amer ? Coup de gueule contre le système qui ne distribue pas généreusement les « autorisations de délirer » ? Une bien belle chanson, en tout cas, pleine de vitalité et de joyeuses « acrobaties verbales » ! Une chanson qui prouve que l'oeuvre de Thiéfaine est loin d'être vieille, démodée, à ranger dans des charentaises...
J'aime aussi énormément la deuxième chanson, « Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir ». « J'suis fait d'une matière débile indélébile
et je n'sais plus quoi faire pour me rendre inutile ». Et aussi : « et d'un éclat de rire tu gommes les pierres tombales
des quartiers délabrés de ma radio mentale ».
Loufoque, cette déclaration à la « sweet honey love ». Quand d'autres ne savent plus quoi faire pour plaire à l'élu(e) de leur coeur, le grizzli des montagnes jurassiennes s'acharne à faire désespérer sa dulcinée ! J'ai toujours trouvé cette contradiction amusante. Peut-être est-ce là tout simplement la déclaration d'un homme qui avoue ne pas savoir s'y prendre en amour. Genre : d'un côté je te désire et suis pris dans le sillon de ta beauté, mais en même temps, je fais tout faux. Je ne sais pas. Vous comprenez ça comment, vous ?
« Amants destroy » s'annonce dès le départ comme une « libre improvisation sur un thème de Marguerite Duras ». « Détruire dit-elle », c'est le titre d'un livre de Duras, n'est-ce pas ? Je n'ai pas lu ce bouquin. Encore une chose à faire. Et un truc de plus sur l'immense liste des choses à accomplir en ce bas monde avant de le quitter !!
J'aime bien :
« Faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur » ! Le « boss supérieur », dites, ce ne serait pas Dieu, ou plus largement le créateur, à qui il conviendrait de faire payer deux ou trois bricoles qui clochent par chez nous ? Je reconnais les prouesses poétiques de cette chanson (« saboter l'oeil universel » et bien sûr cette histoire de boss supérieur), mais je suis loin de l'adorer...
En revanche, en revanche, il y a ensuite cette divine trilogie : « Pulque mescal y tequila ». Déjà le début : « Tombé d'un DC 10 fantôme
sur un aéroport désert
j'ai confié mon âme à un gnôme
qui jonglait sous un revolver ». Une métaphore de notre arrivée sur terre ?!! Nous tombons tous d'un DC 10 fantôme sur un aéroport désert ! Ah, et puis les allusions à l'oeuvre de Malcolm Lowry ! A lire absolument : Au-dessous du volcan.
« Je respire l'odeur alcaline
des relents d'amour périmé » : tiens, j'avais écrit ces mots sur la pochette mauve que j'avais en fac et que j'avais criblée d'extraits de poèmes et de chansons ! « Pulque mescal y tequila », c'est la chanson qui vous flanque une pêche d'enfer ! Il n'y a qu'à voir ce qu'elle donne en concert !
La suite demain ou dimanche ou lundi.
22:06 | Lien permanent | Commentaires (3)
22/05/2009
22 mai !
22 mai
22 mai 1968
Trois heures de l'après-midi
Le printemps qui refleurit
Fait transpirer le macadam
Sur l'autoroute de l'Ouest
Un séminariste à moto
J'ai bien dit à moto
Roule à toute allure vers un point non défini
Sur le porte-bagages
Le Saint-esprit qui jusque-là
Était resté bien sagement assis
Se coince soudain l'aile gauche
Dans les rayons de la roue arrière
Ah ! Ah ! Ah ! (3fois)
Le séminariste perd le contrôle de sa motocyclette
Et vient percuter de plein fouet
Un pylône garé en stationnement illicite
Sur le bas-côté de l'autoroute
A ce même moment un Chinois de Hambourg
Déguisé en touriste américain
Au volant d'un cabriolet de vingt-deux chevaux
Immatriculé en Espagne
Se dit qu'il lui faut porter secours à ce séminariste
Mais bientôt cette idée lui paraît ridicule
Étant donné :
Petit a) : qu'il ne roule pas sur la même autoroute
Petit b) : qu'il n'est pas au courant de cet accident
Et ce fut sans doute l'événement le plus important de ce mois de mai !
Paroles et musique : Hubert-Félix THIEFAINE
07:03 | Lien permanent | Commentaires (6)
15/05/2009
HFT entre 3 g et 5 h
La pensée du jour : "Il n'y a rien de plus beau qu'une clef, tant qu'on ne sait pas ce qu'elle ouvre". Maurice MAETERLINCK.
Voici ce que j'ai reçu au courrier de ce matin :
"Madame, Monsieur,
Nous portons à votre connaissance la parution du livre Hubert-Félix Thiéfaine Entre 3 grammes et 5 heures du matin de Jean-Charles Chapuzet.
Il raconte l'histoire du commissaire Stanislas Bronski et de son lieutenant Joseph Destouches, chargés de retrouver, mort ou vif, un poète jurassien, monsieur Hubert-Félix Thiéfaine. Ce dernier a enlevé une sirène qui répond au joli nom de Lorelei. Reste à maîtriser l'environnement du coupable; ce n'est pas gagné. De Dijon à Arbois, en passant par Hong-Kong, croisant Jean-Louis Foulquier, Paul Personne, Malcolm Lowry, Jim Morrison et Léo Ferré en Toscane, les deux enquêteurs s'embourbent dans un univers bien particulier, empreint de liberté, de mysticisme, d'alcool, de gentillesse et d'antidépresseurs; bref, des idées noires et du vin jaune, tout Hubert-Félix Thiéfaine. Vont-ils atteindre leur proie, à moins que ce périple leur soit fatal ?...
Genre : musique, polar
176 pages – 16x24 cm
Prix public : 16 euros
Disponible en librairie en mai 2009."
Suivent quelques lignes présentant Jean-Charles Chapuzet, et un bon de commande, que je vais m'empresser de remplir et de poster !
17:01 | Lien permanent | Commentaires (6)
12/05/2009
"Je revisite l'Enfer de Dante et de Virgile"...
La pensée du jour : "La foi c'est vingt-quatre heures de doute moins une minute d'espérance". Georges BERNANOS.
Petite note sur La Divine Comédie :
-
La Divine Comédie (titre original La Commedia : « La Comédie » 1472, posthume, qui ne sera appelée La Divina Commedia : « La Divine Comédie », qu'à partir de l'édition de 1555) :
Dante commence la rédaction de la Divine Comédie dès 1306 et la poursuivra vraisemblablement jusqu'à sa mort. L'œuvre initiale portait simplement le nom de « Commedia », mais par la suite les principaux commentateurs et les éditions modernes du texte lui ont adjoint le qualificatif de « divina ». L'œuvre raconte le voyage imaginaire du narrateur qui se retrouve brusquement plongé dans une forêt sombre. Là, il rencontre Virgile qui l'invite à pénétrer dans le monde de l'au-delà. Dante le suit et c'est par la visite de l'enfer que commence son périple, suivra le purgatoire et enfin le paradis. Il faudra à Dante toute la semaine sainte de l'année 1300 pour effectuer la totalité de ce voyage. Guidé par Virgile, il descend d'abord à travers les neufs cercles de l'enfer, gravit ensuite les sept gradins de la montagne du purgatoire jusqu'au paradis terrestre et enfin s'élève dans les neufs sphères concentriques du paradis. Virgile lui servira de guide jusqu'à la porte du paradis, mais il ne peut aller plus loin car étant né avant la venue du Christ, il n'a pas pu bénéficier du sacrifice du messie. C'est donc Diane qui prend le relais et qui va guider Dante dans l'Empyrée. Elle lui ouvrira la porte du salut, puis saint Bernard conduira le narrateur dans la Rose céleste jusqu'à la vision suprême.
Le récit, rédigé à la première personne, est un véritable voyage initiatique. Au cours de son périple, Dante va rencontrer une centaine de personnalités, depuis les grandes figures mythiques de l'antiquité comme les philosophes, jusqu'aux personnalités locales contemporaines de Dante. Cette œuvre monumentale offre ainsi de nombreuses lectures différentes, elle est à la fois le récit du parcours personnel de Dante, un manuel théologique chrétien de description de l'au-delà, un roman à valeur éthique et morale ou encore une réflexion sur la recherche du salut éternel. Une partie du génie de Dante réside en ce savant mélange de lieux imaginaires et d'expériences concrètes. Bien que l'action se situe dans un univers totalement métaphysique, Dante sait décrire les lieux avec force détails et leur donne beaucoup de réalisme en les peuplant de toutes ces figures célèbres ou anonymes. Au terme d'un voyage riche mais éprouvant, le salut accordé au narrateur est un message d'espoir pour l'humanité entière : la promesse de salut pour chacun.
Source : Wikipédia.
09:58 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/05/2009
Jane Birkin au Cotton Club hier soir
Gainsbourg… J’écoutais cela bien avant de découvrir Thiéfaine. Gainsbourg, ce fut mon premier grand choc culturel ! Marilou, Melody Nelson, Lola Rastaquouère, l’homme à tête de chou, moitié légume, moitié mec, tous ces personnages ont peuplé mon ciboulot bien avant Lorelei, la môme kaléidoscope et tous les autres… Gainsbourg, c’est … avril 1991, je vais passer mon bac dans quelques mois et je viens de rencontrer une bande de doux dingues qui me font pénétrer plus avant dans l’œuvre du grand Serge. Plus tard, ils me livreront les clés du royaume Thiéfaine ! Bref… Je ne sais pas, à l’époque, que Gainsbourg a écrit et composé tant de sublimes œuvres. Je suis restée à la surface des choses, mais cela va changer. Et j’achète tout ce qui me passe entre les mains et qui porte la griffe de ce monsieur. Adjani, Charlotte, et Jane, évidemment, Jane… Dont la voix fluette me fait vibrer illico. Jane que je fais découvrir à ma mère. Jane que ma mère adopte tout de suite. Jane que nous allons voir en concert.
Jane que je devais aller voir hier soir en concert avec ma maman et que je suis allée voir seule, pour une raison qui me reste en travers de la gorge, mais passons… Jane est arrivée sur des béquilles hier. Elle expliquera au cours de la soirée qu’en allant se promener dans la campagne lorraine avec son chien, elle s’est cassé la binette et a dû passer une bonne partie de la journée à l’hôpital. Le concert s’est ouvert sur cette chanson que j’aime tant, "L’anamour". "Je t’aime et je crains de m’égarer et je sème des grains de pavot sur le pavé de l’anamour"… Une émotion phénoménale me chope les entrailles : la dernière fois, toute dernière fois que j’ai vu ma maman chez elle, elle écoutait "L’anamour"…
Puis viennent d’autres chansons. Certaines sont extraites du dernier album de Jane, "Enfants d’hiver", petit bijou de nostalgie et de douce poésie, d’autres remontent à de nombreuses années et sont signées Gainsbourg. "Pas long feu pas long feu dans cette chienne de vie". J’avais oublié ce joyau ! Composé de toutes les maladresses langagières de Jane, nous expliquera cette dernière. "Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve", "Les p’tits papiers", "Le moi et le je", "Je suis venu te dire que je m’en vais", "Amour des feintes", "Ex-fan des sixties", "Ford Mustang". Jane évoque Gainsbourg avec tendresse et émotion. Elle raconte cette folle histoire que fut l’affaire de la Marseillaise ! Tiens, il y a "Nicotine" aussi. "Il est parti chercher des cigarettes, en fait il est parti". "Quoi", "Sous le soleil exactement", "Pauvre Lola". Et puis "Yesterday, yes a day", chanson que Jane vient interpréter au milieu de la foule, tenant au-dessus d’elle ce qu’elle appelle un parapluie magique (une espèce d’arbre illuminé !!). Grand moment. Pas loin de moi, un visage baigné de larmes… Les concerts de Birkin, c’est toujours l’émotion à l’état pur, la générosité et la joie. A la fin, tout le monde ou presque se lève pour saluer cette grande dame, à moins qu’il ne faille écrire plutôt "cette grande âme"…
Pas de "canari sur le balcon", mon cher 655321, mais des trucs magnifiques que j’avais presque oubliés. "Exercice en forme de Z", par exemple.
Ce fut une belle soirée, riche en émotions parce que peuplée d’une immense absence, mais ce concert, je me devais d’y assister malgré tout…
La pensée du jour, je l'emprunte à Jane Birkin, justement :
"Il y a un pays / Invérifiable / Inaccessible / Comme les morts / J’ai passé ma vie à le rechercher"…
Je dédie cette note à ma mère, qui aurait eu 61 ans en ce 8 mai… D’ailleurs, ce concert, c’était le cadeau d’anniversaire que je lui destinais…
12:29 | Lien permanent | Commentaires (2)