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15/07/2007

Retour de Berlin

C’est l’année dernière qu’est née ma passion pour la ville de Berlin. Pourtant, au départ, ce n’était pas gagné ! Durant les premiers jours de mon séjour (était-ce parce que je n’avais pas encore vu les lieux dont j’avais toujours rêvé, comme la porte de Brandebourg, par exemple ? –eh oui, Sandra !! - ), je n’avais pas accroché particulièrement. C’est la « Gedächtniskirche » (l’église du souvenir, qui fut bombardée et fortement endommagée en 1943 et que les Berlinois ont finalement laissée ainsi, le ventre à l’air, pour que toujours, au cœur de la ville, éclate l’absurdité de la guerre), oui, c’est donc la « Gedächtniskirche » qui avait tout débloqué. C’est tellement émouvant de la voir se dresser, si forte et si fragile à la fois, à deux pas de la mythique station « Zoo »… Après l’avoir vue, j’étais allée visiter le splendide musée Käthe Kollwitz, et c’était parti, j’étais tombée sous le charme de la capitale allemande. A tel point que je m’étais juré, ce jour-là, d’y retourner régulièrement. Et j’en reviens, donc, avec de nouveau des tas d’images dans les mirettes et dans les oreilles… J’entends encore le bruit de la S-Bahn et la voix annonçant les stations à venir !

Voici donc tout ce que j’ai visité cette fois-ci (je vous ferai un album photo ce soir encore, pour que vous puissiez voir les endroits dont je parle) :

-le Reichstag (je l’avais déjà visité l’an dernier, et je crois que j’y retournerai systématiquement lors de mes prochaines escapades à Berlin : se retrouver tout en haut, à côté de la magnifique coupole qui plante, sur l’édifice, comme une jolie cerise sur le gâteau, c’est tout simplement géant !),

-Unter den Linden, la Pariser Platz et, forcément dans ces coins-là, la porte de Brandebourg,

-le mémorial de l’holocauste,

-la East side gallery, où l’on peut voir, sur 1,5 kilomètre, des bouts de mur richement décorés,

-la « Fernsehturm », la tour de la télévision, qui offre une époustouflante vue sur la ville (la plateforme d’observation se situe à 203 mètres !),

-le musée de la RDA,

-le quartier de Spandau,

-les quartiers de l’Est situés tout près du mémorial du mur, ainsi que ceux situés près de la East side gallery,

-le mémorial du mur, qui fait froid dans le dos,

-le « Gendarmenmarkt », sur lequel se font face le « Französischer Dom » et le « Deutscher Dom »,

-la « Alte Nationalgalerie », dans laquelle se tient en ce moment une très belle exposition sur la peinture française,

-la prestigieuse « Humboldt-Universität »,

-les superbes « Hackesche Höfe »,

-le Nikolaiviertel,

-le Berliner Dom, du haut duquel on a aussi une très belle vue sur la ville.

Je suis également allée passer une journée à Potsdam, où j’ai visité le château de Sans Souci, ainsi que la ville elle-même. Bon, d’accord, c’est bien joli, mais je n’y retournerai plus. J’ai trouvé l’accueil très moyen au château. Quand on est classé patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, on se doit de se montrer un peu plus jouasse. J’ai eu l’impression que mon porte-monnaie était sollicité en permanence dans ce lieu… A peine arrivée, je n’avais qu’une envie : retourner à Berlin et m’y enivrer d’autres sensations !!! Dans la capitale allemande, tout se joue au niveau des yeux, des oreilles, mais aussi du palais, et on ne peut y séjourner  sans déguster une Currywurst !

Voilà. C’était d’enfer ! Il ne me reste plus qu’à me programmer un nouveau séjour à Berlin pour l’année prochaine ! Ce que j’aime dans la capitale allemande, c’est qu’elle fait vraiment fouillis par endroits ! De superbes monuments côtoient d’infâmes chantiers, par exemple ! D’ailleurs, des chantiers, il y en a à perte de vue, et j’ai lu quelque part que Berlin ne serait jamais, mais serait toujours en devenir).

Enfin, la capitale allemande me semble moins étouffante que Paris. On voit de larges pans de ciel se découper au-dessus de la ville. Je trouve qu’à Paris, justement, ça manque de ciel, ça respire mal.

Je me suis réellement entichée de l’Allemagne quand j’avais 17 ans, je crois… Un séjour d’un an à Leipzig, quelques années après la chute du mur de Berlin, m’a rendue extrêmement sensible à l’histoire de la RDA.

Ah, encore un détail : à Berlin, on voit partout des ours décorés, j’en mets quelques-uns dans l’album, même si c’est un peu kitschouille !!

Et puis aussi : les Berlinois sont amusants, ils donnent des surnoms affectueux à certains des monuments de leur ville. Ainsi, la « Gedächtniskirche », avec sa tripaille à l’air, s’appelle aussi la dent creuse, etc., etc.

Finalement, je vais peut-être me faire un autre blog, sur lequel j’étalerai en long, en large et en travers ma passion pour la langue et la littérature allemandes, l’histoire de l’Allemagne d’après 1945, et tout et tout !!!

Et je reviens à Hubert, quand même :

-ce matin, j’écoutais l’émission « Le Mangin Palace », et voilà que j’ai pu entendre un extrait d’une chanson de Thiéfaine, « La queue ». Oui ! Bon, d’accord, on est sur France Inter et non sur une radio pourrie, mais quand même, cela vaut d’être mentionné ici ! D’ailleurs, j’aimerais bien qu’un jour Thiéfaine nous interprète cette chanson sur scène.

-hier, Tommie m’a appelée depuis les Francos, et j’ai pu savourer un bout de « La fille du coupeur de joints ». Merci à toi !!

06/07/2007

"Manhattan ou Berlin pas même une chatte sur le trottoir" (?)

Bon, eh bien, pour Manhattan, je n'irai pas vérifier dans l'immédiat, mais pour Berlin, je saurai cela dès demain soir! Je n'alimenterai pas mon blog pendant au moins une semaine, mais je vais tâcher de cogiter sérieux sur d'éventuelles nouvelles notes. Depuis plusieurs jours, je réfléchis à un texte sur "L'étranger dans la glace", chanson qui m'inspire énormément. Je vous ferai part de mes réflexions à mon retour.

Oui, donc, c'est la veille du grand départ pour Berlin. Sandra, compte sur moi pour pleurer encore une fois quand je passerai de nouveau sous la porte de Brandebourg! Berlin, c'est une page d'histoire à chaque coin de rue, je n'en aurai jamais fait le tour!

Pendant ce temps-là, les amis Yoann et Tommie vont aller se la couler douce à La Rochelle. J'espère que vous nous ferez un compte rendu de ce moment entre Yves Jamait et Thiéfaine! Yoann, je suppose que tu écriras quelque chose là-dessus sur ton blog. Dans ce cas, n'hésite pas à venir poster un commentaire ici pour nous inviter à aller voir ton compte rendu! Bonne semaine à tous!

Et un peu de Céline pour finir :

"Les choses auxquelles on tient le plus, vous vous décidez un beau jour à en parler de moins en moins, avec effort quand il faut s'y mettre. On en a bien marre de s'écouter toujours causer... On abrège... On renonce... ça dure depuis trente ans qu'on cause... On ne tient plus à avoir raison. L'envie vous lâche de garder même la petite place qu'on s'était réservée parmi les plaisirs... On se dégoûte... Il suffit désormais de bouffer un peu, de se faire un peu de chaleur et de dormir le plus qu'on peut sur le chemin de rien du tout. Il faudrait pour reprendre de l'intérêt trouver de nouvelles grimaces à exécuter devant les autres... Mais on n'a plus la force de changer son répertoire. On bredouille. On se cherche bien encore des trucs et des excuses pour rester là avec eux les copains, mais la mort est là aussi elle, puante, à côté de vous, tout le temps à présent et moins mystérieuse qu'une belote. Vous demeurent seulement précieux les menus chagrins, celui de n'avoir pas trouvé le temps pendant qu'il vivait encore d'aller voir le vieil oncle à Bois-Colombes, dont la petite chanson s'est éteinte à jamais un soir de février. C'est tout ce qu'on a conservé de la vie. Ce petit regret bien atroce, le reste on l'a plus ou moins bien vomi au cours de la route, avec bien des efforts et de la peine. On n'est plus qu'un vieux réverbère à souvenirs au coin d'une rue où il ne passe déjà presque plus personne".

Ce n'est pas bien gai, mais qu'est-ce que c'est beau, non?!

 

05/07/2007

"Gauguin sans toile et sans pinceau revisité en Bardamu"

Je sais, je sais, Céline a écrit des trucs vraiment pas catholiques, on peut même le haïr pour cela, histoire de lui donner une bonne leçon, on peut refuser de lire une seule ligne de ce méchant monsieur… Pour ma part, je reste admirative malgré tout de l’œuvre de celui qui donna vie au personnage de Bardamu.

Et voici donc :

 

« On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté ».

 

« C’est vrai aussi ce qu’elle disait que j’avais bien changé. L’existence, ça vous tord et ça vous écrase la face. A elle aussi ça lui avait écrasé la face mais moins, bien moins. Les pauvres sont fadés. La misère est géante, elle se sert pour essuyer les ordures du monde de votre figure comme d’une toile à laver. Il en reste ».

 

« Mais il était trop tard pour me refaire une jeunesse. J’y croyais plus ! On devient rapidement vieux et de façon irrémédiable encore ».

 

« La ville cache tant qu’elle peut ses foules de pieds sales dans ses longs égouts électriques. Ils ne reviendront à la surface que le dimanche. Alors, quand ils seront dehors, faudra pas se montrer. Un seul dimanche à les voir se distraire, ça suffirait à vous enlever à toujours le goût de la rigolade ».

 

« La mort court après vous, faut se dépêcher ».

 

« Tant qu’il faut aimer quelque chose, on risque moins avec les enfants qu’avec les hommes, on a au moins l’excuse d’espérer qu’ils seront moins carnes que nous autres plus tard ».

 

« Les gens se vengent des services qu’on leur rend ».

 

« A mesure qu’on reste dans un endroit, les choses et les gens se débraillent, pourrissent et se mettent à puer tout exprès pour vous ».

 

« On finit par se réjouir de pas grand-chose, du très peu que la vie veut bien nous laisser de consolant ».

 

« Je n’arrivais jamais à me sentir entièrement innocent des malheurs qui arrivaient ».

 

« Il me semblait qu’il n’y avait rien pour lui sur la terre, même dans Montaigne. C’est peut-être pour tout le monde la même chose d’ailleurs, dès qu’on insiste un peu, c’est le vide ».

 

Bon, il ne faudrait pas croire comme ça, mais il y a aussi des passages tordants chez Céline. Je me souviens de m’être payé des fous rires à la lecture du Voyage au bout de la nuit ou de Mort à crédit ! Si ! Parce que tant de noirceur, ça finit  par être drôle, non ?!!! Et puis, quand vous êtes vraiment mal, Céline, cela vous donne, pour reprendre ses mots, une sorte de "courage comparatif", on se dit : "Bof, finalement, ça va, je vais déjà mieux que lui, en tout cas" !!

 

 

D’ailleurs, voici quelques mots du père Hubert à propos de Céline :

« Après, j’ai croisé la route de ceux qui m’ont vraiment bousculé. Céline d’abord. D’autant plus que c’est quelqu’un d’ambigu, et que j’ai toujours aimé l’ambiguïté ; ça pousse à se poser des questions. J’ai toujours été attiré par ce qui n’est pas très clair, car il n’y a pas que le noir et le blanc dans la vie ».

Et, pour en revenir à « Gauguin sans toile et sans pinceau revisité en Bardamu », j’aimerais savoir ce que vous pensez de la chanson « Errer humanum est ». Moi j’adore !

03/07/2007

Le tee-shirt du "Scandale mélancolique tour"

La pensée du jour : "Vive les vacances! Les souris dansent"!!!

Ben quoi, une pensée du jour, ça a le droit d'être un peu couillon aussi, non?!!

 

 

Ce matin, je me suis levée toute guillerette, le cœur à la noce. Car, ce trois juillet, en bonne fonctionnaire de l’Education nationale, Dieu sait si je l’ai attendu. Donc, voilà, il est là ! Pour fêter dignement l’événement, j’avais carrément décidé de mettre mon tee-shirt « Thiéfaine Scandale mélancolique tour ». Et quelle bonne idée ! Me voyant débarquer dans cette tenue, la secrétaire du bahut m’a dit : « Au fait, j’y pense en voyant ton tee-shirt, tu sais que ma fille a une copine qui est fan de Thiéfaine aussi ? ». Une petite jeune de 20 ans : génial, la relève est assurée et, surtout, la jeunesse n’est pas en péril total, contrairement à ce que pourrait me faire penser mon expérience quotidienne !!! Peu de temps après, une surveillante me dit : « Je rêve ou c’est écrit Thiéfaine sur ton tee-shirt ? » Non, tu ne rêves pas, ma jolie ! Et la voilà qui m’explique qu’elle aussi aime bien notre Hubert et que c’est son mari qui lui a mis ça entre les oreilles il y a quelques années. Décidément, ce tee-shirt me réserve toujours de bonnes surprises (même si je me sens un peu ridicule, à mon âge, de me trimbaler avec un truc pareil). Ainsi, il y a quelques mois, en allant faire mes courses, je suis tombée nez à nez avec un type qui portait lui aussi un tee-shirt HFT. Nous étions stupéfaits tous les deux !

Mais ce n’est pas tout : j’arrive en classe de troisième et ma Sandra éclate de rire en voyant le fameux tee-shirt. Du coup, les autres élèves se demandent ce qui se passe. Je leur explique qui est Thiéfaine. Par chance, j’ai carrément le CD du « Scandale mélancolique tour » dans mon sac. Fièrement, je sors le CD. Pour un peu, nous nous serions écouté ça dans la salle de classe. Sauf que le bahut n’est pas assez moderne et que pas une seule salle n’est équipée d’un lecteur CD. Dommage ! Ce n’est pas bien grave, j’aurai quand même fait un bon quart d’heure de promo !!! Et Sandra, me voyant me lancer dans une tirade kilométrique sur les chefs-d’œuvre du père Hubert, a blêmi tout à coup ! Et de prévenir les copines : « Il ne faut pas la brancher là-dessus, on en a pour trois heures ». Et encore, mademoiselle Sandra, trois heures ne suffiraient pas à présenter l’œuvre titanesque du bonhomme !

Pour finir, j’ai ramené Sandra chez elle. Avant de la faire monter dans la voiture, je l’avais prévenue : c’est encore Thiéfaine au menu, je n’y peux rien, en ce moment c’est grosse période HFT ! Je lui ai fait écouter « Mathématiques souterraines » et me suis extasiée à chaque mot. Je lui dis : « Il pleut toujours sur ta valise, mais c’est beau, ça, non ? » Sauf que j’avais oublié que les ados d’aujourd’hui n’ont pas la même conception du beau que la pâle trentenaire que je suis. En deux temps trois mouv’, eh bien, la chère Sandra m’envoyait valdinguer ma poésie, me balançant simplement : « Ben oui, là, vu le temps, si je mets ma valise dehors, elle va être mouillée aussi » ! Ah, la jeunesse n’est plus ce qu’elle était, n’est-ce pas ?

Heureusement que ma fille, elle, est encore accro à Hubert et me réclame régulièrement « La chanson du bébé » (à savoir « Mathématiques souterraines ») ainsi que quelque chose comme « Le rangé dans la classe ». Et voilà-t-y pas qu’elle m’a rebaptisé l’ami Hubert ! Pour elle, et pour nous aussi du coup, c’est devenu tonton Beu ! Je prends !!!

 

 

02/07/2007

Spleen

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

 

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,

De vers, de billets doux, de procès, de romances,

Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,

Cache moins de secrets que mon triste cerveau.


C'est une pyramide, un immense caveau,

Qui contient plus de morts que la fosse commune

-Je suis un cimetière abhorré de la lune,

Où comme des remords se traînent de longs vers

Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers

Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,

Où gît tout un fouillis de modes surannées,

Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,

Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché

Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,

Quand sous les lourds flocons des neigeuses années

L'ennui, fruit de la morne incuriosité,

Prend les proportions de l'immortalité.

-Désormais tu n'es plus, ô matière vivante!

Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,

Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux;

Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,

Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche

Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.

 

 Charles BAUDELAIRE

25/06/2007

Sentiments numériques revisités

quand les ombres du soir chevauchent sur la lande
avec dans leurs passeports sherwood ou brocéliande
quand les elfes titubent sous l'alcool de sorgho
dans les cercles succubes de la lune en faisceaux
quand les vents de minuit décoiffent les serments
des amants sous les aulnes d'un hôtel flamand
quand tes visions nocturnes t'empêchent de rêver
& couvrent ton sommeil d'un voile inachevé
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime

 

 

quand les chauves-souris flirtent avec les rossignols
dans les ruines d'un royaume où mon crâne est mongol
quand les syndicats brûlent nos rushes & nos démos
pour en finir avec le jugement des salauds
quand humpty dumpty jongle avec nos mots sans noms
dans le bourdonnement des câbles à haute tension
quand tu m'offres épuisée sous l'oeil d'une opaline
les charmes vénéneux de tes fragrances intimes
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime

 

 

quand les théâtres antiques recèlent nos orgies
çatal hoyük airport / manco capac city
quand nos murs se recouvrent de hiéroglyphes indiens
avec nos voix blafardes en feed back au matin
quand tes mangoustes viennent avaler mes couleuvres
dans ces nuits tropicales où rugit le grand oeuvre
quand l'ange anthropophage nous guide sur la colline
pour un nouveau festin de nos chairs androgynes
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime

 

 

quand les clochards opposent la classe & l'infini
à la vulgarité glauque de la bourgeoisie
quand les valets de cours / plaideurs pusillanimes
encombrent de leurs voix nos silences & nos rimes
quand aux détours d'un bar tu flingues aux lavabos
quelque juge emportant ma tête sur un plateau
quand tu branches les hélices de ma mémoire astrale
sur les capteurs-influx de ta flamme initiale
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime

 

 

 

quand les traces de rorschach sur la tôle ondulée
servent aux maîtres à tester l'autochtone humilié
quand sur la moleskine des limousines en liesse
ils en rient en fumant la mucho cojones
quand les cris de l'amour croisent les crocs de la haine
dans l'encyclopédie des clameurs souterraines
quand je rentre amoché / fatigué / dézingué
en rêvant de mourir sur ton ventre mouillé
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime

 

 

quand dans la lumière sale d'un miroir tamisé
tu croises l'oeil éphémère d'une salamandre ailée
quand dans les brumes étales de nos corps transparents
tu réveilles mes volcans lumineux du néant
quand mes pensées confuses s'éclairent au magnésium
sur les écrans-secrets de ton pandémonium
quand mes bougainvillées se mêlent aux herbes folles
dans ta chaleur biguine au crépuscule créole
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime

 

 

quand les ombres du soir poursuivent sur la lande
le flash des feux arrières d'une soucoupe volante
quand le soleil se brûle aux contours de tes reins
parmi les masques obscurs d'un carnaval romain
quand l'ordre des humains nous sert dans son cocktail
5 milliards de versions différentes du réel
quand tu pleures essoufflée au creux de ma poitrine
avec le doux murmure des fréquences féminines
je n'ai plus de mots assez durs
pour te dire que je t'aime

 

 

Hubert-Félix Thiéfaine

 

 

 

Voilà une chanson truffée de mots que je ne connais pas ! "Pandémonium", par exemple, je ne vois pas du tout. Peut-être que ce mot est dans le dictionnaire mais je suis trop fatiguée pour aller vérifier. Je compte sur vous pour m'apporter vos lumières ! Humpty dumpty, j'en ai entendu parler dans "Dora l'exploratrice" (si, si !), mais il existe peut-être un autre Humpty dumpty ! Là encore, je compte sur vous. Et la "mucho cojones", alors, c'est quoi ?

Il me semble que c'est le 31 mars, à Paris, qu'Evadné m'a parlé avec passion de cette chanson, me disant qu'elle était construite comme le "Spleen" de Baudelaire qui m'accompagne partout et qui commence par ces mots : "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". Au cours de notre entretien, Evadné m'a même laissé entendre que pour une prochaine réunion autour de Thiéfaine, elle préparerait un topo sur ce texte. J'ai hâte d'y être !

21/06/2007

Redescente climatisée

Une chanson qui, lorsque je l'ai découverte il y a pas mal d'années, me fit presque le même effet que "Mathématiques souterraines". Nous en discutions il y a quelques mois avec 655321 et il me disait qu'il aimerait lancer la question suivante sur un forum : pourquoi une telle différence entre la version originale et la version live? Il est vrai que lorsqu'il l'a chantée en public, Thiéfaine a choisi de revêtir cette chanson de beaucoup d'obscurité, tant dans la musique que dans les modifications apportées au texte. "Mes verts paradis" sont devenus noirs, par exemple.

Quelle version préférez-vous? Quelles réflexions cette chanson vous inspire-t-elle? Enfin, pas de pensée du jour aujourd'hui, à vous de m'en dégoter une, je dois filer au cinéma!!!

655321, je t'ai piqué ton idée, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop!!!

 

 

Redescente climatisée

Un autre paumé descend les rues de ton ghetto

Et tu pleures en essuyant ses yeux figés

Combien de mutants ayant rêvé ton numéro

Se sont perdus croyant l’avoir trouvé ?

Petite soeur-soleil au bout du quai désert

Petite gosse fugitive accrochée dans mes nerfs…

Je t’ai rêvée ce soir au fond d’une ambulance

Qui me raccompagnait vers mes « verts paradis »

Dans le dernier écho de ton dernier silence

J’ai gardé pour la route ma haine / ma rage et ma connerie

 

Un vieux soleil glacé retraverse la nuit

Et c’est le long retour au point zéro

La dernière étincelle a grillé mes circuits

Et soudain j’ai si froid dans ma peau…

Petite sœur-soleil au bout du quai désert

Petite sœur fugitive accrochée dans mes nerfs…

Maintenant je t’imagine dans un hôtel-garage

Essayant de marquer des points sur ta machine

Tes amants déglingués s’accrochent à tes mirages

Moi je suis en exil ton consul ivre mort

Bavant sur ta benzine

Hubert-Félix Thiéfaine

19/06/2007

Le bonheur (d'Emma) est dans le pré...

Voici ce soir un poème qui est à lui tout seul une pensée du jour :

 

LE BONHEUR

Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer.



Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite. Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer.

 

Dans l'ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite, dans l'ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer.

 

Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite, sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.



Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite, sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer.

 

De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite, de pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer.

Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite. Saute par-dessus la haie, cours-y vite ! Il a filé !

 

Paul FORT

 

Cette note s'intitule "Le bonheur (d'Emma) est dans le pré". Petit clin d'oeil au film "Le bonheur d'Emma" ("Emmas Glück") que je suis allée voir ce soir et qui est splendide. A voir très vite !