22/05/2007
Une nouvelle fête nationale : le 22 mai
Ah oui, c'est vrai! Yoann vient de me le rappeler : le 22 mai est désormais décrété fête nationale du parti "Solitude et mélancolie"!!! Il y a quelques jours, 655321 m'avait informée de son désir de lancer l'idée sur un forum. Je vois que c'est chose faite, à moins que finalement quelqu'un ait eu la même idée que lui. A vérifier!
Je vous invite donc, en ce jour solennel, à cliquer de toutes vos forces sur le lien que Yoann a laissé dans son dernier commentaire!
Sans le vouloir, j'ai fêté à ma manière ce nouveau jour férié : je n'ai pas pu aller bosser, tant la foutue angine que j'ai chopée en un rien de temps m'a terrassée.
La pensée du jour, 22 mai oblige : "Le printemps qui refleurit fait transpirer le macadam" (Hubert-Félix THIEFAINE). A ce propos, je note que le 22 mai dernier, quelqu'un m'avait envoyé cette même pensée du jour en SMS. Les fans de Thiéfaine sont un peu barjots, n'est-ce pas?!
16:08 | Lien permanent | Commentaires (5)
21/05/2007
Ramuz
La pensée du jour : "J'ai traversé tout ça comme un brouillard épais, et tous ces souvenirs, si vivants que je les touche du doigt, il faut que je fasse effort pour me rappeler qu'en réalité je les ai vécus comme en pensant à autre chose, jamais tout à fait là où ma carcasse était", CAVANNA.
Ce soir, je vous sors un petit "surgelé" sur Ramuz. Il dort depuis des mois dans mon ordinateur!!
Charles-Ferdinand RAMUZ : écrivain suisse d’expression française. Né à Cully, près de Lausanne (canton de Vaud), le 24 septembre 1878, mort au même lieu le 23 mai 1947. Sorti d’une famille modeste, il prit sa licence ès lettres à l’Université de Lausanne et devint maître d’étude au Collège d’Aubonne. Peu fait pour ce métier, dès l’âge de 24 ans, il résolut de partir pour Paris sous prétexte d’y préparer son doctorat ès lettres. « J’y étais venu pour six mois et avec quelques absences j’y suis resté plus de douze ans », dit-il lui-même dans Paris (Notes d’un Vaudois). De sa thèse, dont le sujet était Maurice de Guérin, il n’écrivit jamais une ligne. Aux cours de la Sorbonne, il préférait toujours le spectacle que lui donnaient les divers quartiers de la capitale. Disposant de peu d’argent et enclin à la solitude, d’autant qu’il avait parfois le mal du pays, il noircit alors beaucoup de papier : Le Petit Village (1904), Aline (1905), La Grande Guerre de Sonderbond (1905), Les Circonstances de la vie (1907), Jean-Luc persécuté (1909), Aimé Pache, peintre vaudois (1910), Vie de Samuel Belet (1913), Adieu à beaucoup de personnages (1914). Il n’obtint avec ses romans qu’un maigre succès. Au début de 1914, sentant l’imminence de la guerre, il quitta Paris sans espoir de retour et vécut désormais dans le canton de Vaud. Il ne devait plus en bouger jusqu’à sa mort. Ayant compris que sa vocation était de chanter son terroir, Ramuz, dès lors, sera tout acquis à ce qu’il veut édifier : à l’œuvre, on connaît l’artisan. C’est dire que sa vie est pauvre en événements. En 1916, il fonde avec Edmond Gilliard et Paul Budry Les Cahiers vaudois, revue où il donnera ses nouveaux romans : La Guérison des maladies (1917), Le Grand Printemps (1917), Les signes parmi nous (1919), Salutation paysanne (1921), Terre du ciel (1921), paru en 1925 sous le titre Joie dans le ciel et La Séparation des races (1923). S’étant par là même acquis l’audience d’un nombre croissant de lettrés, Ramuz fit, dès 1924, la conquête du public français grâce à l’éditeur parisien Bernard Grasset. Du coup, sa vie matérielle, jusque là plutôt difficile, s’améliora sensiblement. Sitôt paru, chacun de ses livres est traduit en plusieurs langues. Il faut citer : Passage du Poète (1923), paru à Paris sous le titre La fête des vignerons (1929), La Grande peur dans la montagne (1926), La Beauté sur la terre (1927), Farinet ou la fausse monnaie (1932), Taille de l’homme, Derborence, Le Garçon savoyard, Besoin de grandeur, Si le soleil ne revenait pas. Porté aux plus graves réflexions par la menace d’une nouvelle guerre, le romancier se mua parfois en moraliste : témoins Questions (1935) et Fragments de journal (1941). Rappelons qu’il fournit à Igor Stravinsky le livret d’une de ses plus belles compositions : Histoire du soldat (1920). De parti pris naturel, Ramuz fut ce qu’on peut appeler un écrivain immobile. Incrusté dans le décor qui se trouve en porte à faux sur le haut Léman, il y a puisé sans relâche toute sa matière de romancier, comme sa matière de moraliste. Peignant des êtres poussés d’abord par leur instinct, Ramuz a mis la main sur mainte vérité qu’on doit bien tenir pour incontestable. Il s’est peint plus d’une fois lui-même dans ses héros. Témoin ce vigneron : « Il est grand, il est maigre… il se tient face à la bise qui vient d’en haut, levant la tête, les mains autour du manche du fossoir, sous le soleil, contre la terre ; et il est lui-même la terre où seulement l’esprit vivrait… » Quoiqu’on ait souvent critiqué son style, on a dû admettre, en fin de compte, qu’il avait su plier la langue à l’objet même de son étude : paysages et créatures. Qu’on le veuille ou non, l’influence de l’auteur a été considérable sur tout le roman paysan, y compris l’œuvre de Giono. Tempérament exceptionnel, Ramuz est bien, comme on l’a dit, « l’écrivain le plus représentatif de la Suisse romande depuis Benjamin Constant ».
Source : Dictionnaire des auteurs, éditions Robert Laffont.
23:19 | Lien permanent | Commentaires (5)
17/05/2007
Surveillez vos boîtes aux lettres!!
La pensée du jour : "Contemplant
Les tracés des mouettes dans le ciel
Je me suis reposé de moi", Thierry CAZALS.
Hier, j'ai posté sept paquets contenant chacun un DVD du 31 mars, ainsi que quelques lignes. Surveillez donc vos boîtes aux lettres, vous devriez recevoir tout cela dans les jours qui viennent. Vous, c'est-à-dire :
-Yoann,
-Le Doc,
-Tommie,
-Evadné,
-Lilith051,
-Fred06,
-Eric Issartel.
Petit problème pour Uther et JPA : je ne trouve plus leur adresse postale. Je ne suis d'ailleurs pas sûre qu'Uther m'ait donné la sienne. Envoyez-moi vite un mail, je vous ferai parvenir très vite le DVD.
Autre chose : vous pourrez constater qu'il manque, à la fin, notre joyeuse "Fille du coupeur de joints". Sam n'a pas pu enregistrer ce moment-là, la cassette était arrivée au bout. Dommage. Nous nous organiserons mieux la prochaine fois!
21:45 | Lien permanent | Commentaires (23)
14/05/2007
Adieu Gary Cooper
La pensée du jour : "Je songe, attristé, à tout ce que j'aurai ignoré de toi", Louis CALAFERTE.
Voici un extrait des entretiens de Romain Gary et d'André Bourin. Ici, Gary évoque son roman Adieu Gary Cooper :
"André Bourin : Le titre, d’abord, surprend. Peut-être d’abord à cause du mot « Gary ».
Romain Gary : C’est vraiment une coïncidence absolue. (…) Adieu Gary Cooper. Pourquoi ce titre ? (…) C’est que Gary Cooper représente une Amérique qui est toujours, aujourd’hui, en voie de disparition. C’est une Amérique des certitudes. Gary Cooper était ce héros sans peur et sans reproche qui triomphait toujours des méchants et des vilains, qui était sûr de sa cause. C’est la justice, avec lui, qui triomphait à la fin. Il y avait presque toujours le happy end, du moment que la justice triomphait. Eh bien, cette Amérique-là, c’est fini. (…) C’était une Amérique qui était sûre d’elle-même. Or, aujourd’hui, c’est terminé. Adieu Gary Cooper, l’Amérique a rejoint la vieille Europe dans l’angoisse, dans l’interpellation, dans le doute, dans le cynisme, dans le désarroi qui, jusqu’à présent, étaient la prérogative, si je puis dire, la spécialité européenne, alors qu’en Amérique il y avait ce qu’on appelait « the american dream », cette espèce d’idéalisme qui donnait aux Américains une très grande certitude pour le rôle qu’ils représentaient dans le monde. Mais depuis le Vietnam, ils étaient partis croyant que, et puis ils se sont aperçu qu’ils s’étaient trompés de guerre, qu’ils s’étaient trompés d’idéal et que c’était ce qu’on appelle une sale guerre. C’était la première fois que l’Amérique connaissait une sale guerre. Elle était si peu préparée à ça parce que le passage du rêve américain à la sale guerre du Vietnam qui dure depuis tant d’années a profondément ébranlé la jeunesse américaine et mon héros, dans Adieu Gary Cooper, Lenny, qui porte dans sa poche la photo de Gary Cooper dédicacée lorsqu’il avait onze ans, il voulait lui aussi être shérif et cow-boy.
Eh bien, cette Amérique-là est terminée et le jeune héros, Lenny, a d’ailleurs fui l’Amérique à cause du Vietnam.
André Bourin : Il vit en Suisse.
Romain Gary : Pour ne pas être mobilisé, il vit en Suisse. C’est un déserteur, c’est un insoumis."
09:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/05/2007
DVD du 31 mars
La pensée du jour : "Il parlait toujours d'amour et ne se laissait approcher par personne", Elias CANETTI.
Bonjour à vous! Je voulais dire à tous ceux que cela intéresse que mon homme avait préparé les DVD du 31 mars. Il ne me reste plus qu'à les glisser dans des enveloppes solides, à passer à la poste, et le tour sera joué. Seulement, voilà : je prépare cent mille trucs à la fois en ce moment et je crois que je vais devoir vous demander de patienter un peu. Si j'arrive à bien m'organiser, je pourrai peut-être faire déjà quelques envois mercredi. Sinon, ce sera le mercredi suivant!
Autre chose : pour agrémenter l'article que j'avais écrit à propos du 31 mars pour le fanzine, j'avais demandé à quelques membres de l'association "Rencontres européennes" de me donner leurs impressions sur ce jour-là. J'ai récolté de jolis témoignages, je suis contente! Merci à Philippe, Joël et Jean-Jacques, qui ont répondu très vite à mon appel!
13:10 | Lien permanent | Commentaires (7)
11/05/2007
Topo du 31 mars (suite et fin)
La pensée du jour : "Vermutlich sind Schriftsteller potentielle Selbstmörder, die sich ins Wort retten, um überleben zu können. Wirklich, ich wüsste nicht, wie ich gewisse Situationen im Leben überstanden hätte, wäre es mir nicht gelungen, sie Satz um Satz in Form zu bringen", Luise RINSER.
Suite et fin, donc, de mon topo du 31 mars :
En 2004, Thiéfaine incarne le diable dans L’histoire du soldat, pièce musicale née de la collaboration du poète Ramuz et du compositeur Igor Stravinsky. Ce rôle lui sied diablement bien et lui permet de déployer un autre talent, celui d’un véritable comédien !
Enfin, en 2005, sort l’album « Scandale mélancolique ». Ici, Thiéfaine collabore avec plusieurs représentants de ce que l’on appelle la « nouvelle scène française » : Cali, Elista, Mickaël Furnon de Mickey 3D, ou encore M.
Cet album est celui de la maturité et de la presque soixantaine. La mort plane sur bon nombre de chansons.
« Libido moriendi », qui ouvre le bal, parle clairement de la faucheuse :
« On attend l’ange inquisiteurdans le calme froid de l’aurore
quand les chiens vitreux de la peur
flairent l’odeur sucrée de la mort ».
Ou encore :
dans sa robe de vamp-araignée
et l’acier de son lady-smith
au moment du dernier baiser ».
Ici, l’amour est un « chagrin des glandes », « les joyeux éboueurs des âmes délabrées se vautrent dans l’algèbre des mélancolies », « les morts parlent en dormant et leurs cris oniriques traversent nos écrans vieil écho sibyllin qui bugue entre deux mails avec des mots fusains sous le flou des pastels ». Dans cet album, Thiéfaine contemple son reflet dans la glace et ne s’y reconnaît guère : « Mais mon regard s’efface je suis l’étranger dans la glace ma mémoire s’efface », chante-t-il. « Les matins bleus de sa jeunesse » semblent se noyer complètement dans la brume. Dans cet album d’une beauté déchirante, l’artiste rend également hommage à ses parents, Maurice et Alice. La boucle est bouclée ! A propos de cette chanson-hommage intitulée « When Maurice meets Alice », Thiéfaine dira qu’avec le temps, on n’est plus dans la révolte contre ses parents. Thiéfaine apparaît comme cet homme sur la jetée qui se retourne sur son passé, constate la fuite du temps et se donne le titre non pas de has been, mais de never been…
Pour conclure, j’aimerais me permettre quelques remarques plus personnelles… J’ai découvert l’univers de Thiéfaine en 1992. Depuis, je porte cette œuvre en moi, ou plutôt c’est elle qui me porte. Etrange monde où l’on croise des « mômes kaléidoscopes », des « pauvres petites filles sans nourrice arrachées du soleil », monde d’une poésie un peu décalée, dont les mots cognent parfois avec violence, et, surtout, d’une richesse inépuisable… Si le trait principal qui se dégage de l’univers de Thiéfaine est la mélancolie, une certaine difficulté d’être, pour reprendre les mots de Cocteau, celle-ci n’en est pas moins contrebalancée par des chansons que Thiéfaine qualifie lui-même de récréatives. Il faut, pour s’en imprégner réellement, apprivoiser cette œuvre qui, me semble-t-il, n’a pas d’équivalent dans le paysage musical français.
23:07 | Lien permanent | Commentaires (5)
05/05/2007
Topo du 31 mars (suite)
La pensée du jour : "Il pleut sans fin il fera beau bientôt", Paul ELUARD.
1989 marque la fin de la collaboration avec Claude Mairet.
Vient ensuite, en 1990, « Chroniques bluesymentales », album d’une grande richesse, enregistré à New York : dans « Demain les kids », Thiéfaine s’attaque à ceux qui sacrifient les enfants et fusillent les poètes. L’écriture est ciselée et très poétique :
« Les charognards titubent au-dessus des couveuses
et croassent de lugubres et funèbres berceuses
kill the kid
pendant que nos sorcières sanitaires et barbues
centrifugent nos clônes au fond de leurs cornues
kill the kid
dans les ruines de l’école où brûle un tableau noir
une craie s’est brisée en écrivant espoir
kill the kid ».
Dans « Un automne à Tanger », « les vagues meurent blessées à la marée sans lune en venant féconder le ventre des lagunes »…
Dans « Zoo zumains zébus », Thiéfaine déclare :
« Je regarde passer les zumains de ma rue
un peu comme on reluque au zoo les zébus
triés normalisés fonctionnels uniformes
avec leurs initiales gravées sur leurs condoms ».
Coup de gueule contre l’espèce humaine, dont Thiéfaine ne peut pas et ne veut pas s’exclure, ce qui lui fait dire : « 542 lunes et sept jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes et sept jours environ
et tu vois mon amour je suis toujours aussi con ».
En 1993, c’est « Fragments d’hébétude », qui s’ouvre sur « Crépuscule-Transfert », chanson dont Thiéfaine dira qu’elle aurait pu s’intituler « Sarajevo-Transfert ». Là encore, les gens sont « tristement quotidiens » et se traînent dans leur « normalité baveuse ». Thiéfaine ne s’est pas réconcilié avec la race humaine, au contraire, et il déclare :
« L’horreur est humaine, clinique et banale
enfant de la haine, enfant de la peur
L’horreur est humaine, médico-légale
Enfant de la haine, que ta joie demeure ! »
Cet album est celui de la quarantaine. « Le vent se lève au large des galaxies et je dérêve dérive à l’infini », chante Thiéfaine dans « Animal en quarantaine ». Dans « Les mouches bleues », il avoue : « Peu à peu je vois s’estomper les rêves de mon esprit tordu je commence même à oublier les choses que je n’ai jamais sues ».
Le bleu du « ciel plombé » est « complètement destroyé », le soleil est écorché. « La terre tremble » et il n’est « pas facile d’apprendre à mourir »…
En 1996 et 1998, sortent respectivement les albums « La Tentation du bonheur » et « Le Bonheur de la tentation », le second étant comme l’écho du premier. Ainsi, dans « La Tentation du bonheur », on trouve « 24 heures dans la nuit d’un faune », « Orphée nonante huit », « La philosophie du chaos » et, dans « Le Bonheur de la tentation », «27ème heure : suite faunesque », « Eurydice nonante sept » et « Le chaos de la philosophie ».
Cette fois, Thiéfaine déclare ouvertement sa « haine contre la race humaine », dans le grandiose « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable ».
En 1998, Thiéfaine fête ses 50 ans et, en même temps, ses 25 ans de scène. 25 ans passés loin de tout tapage médiatique. Pourtant, en décembre 98, Bercy (salle pouvant accueillir 17 000 personnes !) affiche complet. C’est la revanche du « vieux désespoir de la chanson française » sur des médias toujours un peu frileux à son égard… A ce sujet, Thiéfaine dira : « Je suis fier d’être mon propre média. Mes fidèles m’aiment pour ça ».
En mars 2001, sort « Défloration 13 », un album qui, comme l’écrit Jean Théfaine, déstabilise beaucoup de gens, en négatif comme en positif. Il est vrai que la première écoute peut dérouter. Mais, très vite, on reconnaît là l’empreinte de Thiéfaine. Cet album est extrêmement audacieux à bien des égards, il fait à présent partie de mes préférés, alors que je n’ai absolument pas accroché au début… Il faut écouter et réécouter cet album aux thèmes très riches : la première chanson, « Une ambulance pour Elmo Lewis », est un hommage à Bryan Jones, fondateur et guitariste des Rolling Stones. « Quand la banlieue descendra sur la ville » présente des accents visionnaires, quand on pense à ce qui devait se passer dix ans plus tard dans les banlieues. « Camélia : huile sur toile » est un hommage à la peinture de Charles Belle. Pour moi, les monuments de cet album sont « Eloge de la tristesse » et « Les fastes de la solitude ».
« Apprends donc à tenir ta laisse t’es pas tout seul en manque de secours la tristesse est la seule promesseque la vie tient toujours », chante Thiéfaine dans « Eloge de la tristesse ».
Le premier couplet de la chanson « Les fastes de la solitude » donne le ton du morceau entier :
« les fleurs de rêve obscur sécrètent de noirs parfums
dans la féerie marbrée des crépuscules forains
théâtre d’harmonies panorama lunaire
aux délicieuses lenteurs de cortège funéraire
où les âmes nuageuses nimbées de sortilèges
s’évaporent dans l’ivresse glacée d’un ciel de neige
banquises phosphorescentes et bleue mélancolie
qui projette ses violons sur d’étranges rhapsodies
aux étranges accords sous d’étranges latitudes
qui te révèlent les fastes de la solitude ».
11:00 | Lien permanent | Commentaires (4)
04/05/2007
Topo du 31 mars (suite)
La pensée du jour : "Je reviendrai comme un vieux junkie
m'écrouler dans ton alchimie", Hubert-Félix THIEFAINE.
En 82-83, Thiéfaine joue à guichets fermés dans toute la France. Mais, de nouveau, il sombre dans l’alcool et la drogue. Cette fois, la dépression s’installe. C’est à ce moment-là qu’il va élire domicile dans le Jura, à la lisière de la forêt de Chaux. Sa dépression va durer un an.
En novembre 1984, sort l’album « Alambic / sortie sud », caractérisé par une ambiance très particulière, tant au niveau de la musique que des paroles. C’est dans « Alambic / sortie sud », et plus particulièrement dans la chanson « Un vendredi 13 à 5 h », que Thiéfaine répond à une rumeur qui le prétend déjà mort et enterré :
« Ce sera sans doute le jour de l’immatriculée contraceptionou une connerie comme ça
cette année-là exceptionnellement le jeudi 15 août tombera un vendredi 13
et j’apprendrai par Radio-Mongole Internationale
la nouvelle de cette catastrophe aérienne dans le secteur septentrional
de mes hémisphères cérébelleux… »
C’est également dans cet album que Thiéfaine chante :
« Nous sommes les naufragés dans cet avion-taxiavec nos yeux perdus vers d’autres galaxies
nous rêvons d’ascenseurs au bout d’un arc-en-ciel
où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil ».
Les albums s’enchaînent assez régulièrement : en 86, sort « Météo für Nada », dans lequel on trouve des monuments tels que « Affaire Rimbaud », « Bipède à station verticale », « Sweet amanite phalloïde queen ». Dans « Zone chaude, môme », Thiéfaine déclare à la femme aimée qu’il « était temps qu’elle le prenne en main » et qu’il a «cru mourir de froid chez ses contemporains ». Le tout s’achève sur « Errer humanum est », très belle chanson sur la condition humaine… En gros, la vie est décevante, on se prépare à de grandes choses et on reste à l’étroit dans une vie sans surprises :
« On fait Nankin-Ouagadougoupour apprendre le volapük
et on se retrouve comme kangourou
dans un zoo qui prend les tucs
bourlinguer…errer
errer humanum est ».
En 1988, c’est «Eros über alles ». D’entrée, Thiéfaine déclare, dans „was ist das rock’n’roll“, qu’il est un „vieux désespoir de la chanson française“. C’est dans cet album que l’on trouve « Syndrome albatros », l’immense « Droïde song » ou encore « Septembre rose », chanson écrite à l’occasion de la naissance d’Hugo, le premier fils de Thiéfaine. Cette naissance, tout comme celle de Lucas, en 1993, semble apporter un certain équilibre au chanteur. A propos d’Hugo, Thiéfaine dira, par exemple :
« Dernièrement, j’ai été choqué en lisant une interview de Cioran, dans laquelle il disait que la naissance de son enfant avait été sa seule concession. Je comprends très bien ce qu’il veut dire –sa vision de la vie n’est d’ailleurs pas très éloignée de la mienne -, mais en même temps ça m’agace. Je refuse ce genre de cynisme qui balaie la tendresse. Pour moi l’enfant est sacré. Il est le seul générateur de sourire et d’espoir. Choisir d’avoir un enfant a été ma seule et unique révolution –celle qui m’a réconcilié avec la vie ».
Dans la chanson « Septembre rose », Thiéfaine écrit :
« Naufragé virtuosed’un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d’une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine ».
Ou encore : « Et mon regard prélude
le jeu de la pudeur
quand par manque d’habitude
on s’méfie du bonheur ».
En 1993, à l’occasion de la naissance de Lucas, le chanteur écrira également une chanson dont voici quelques extraits :
« T’as mis les cœurs à nudans mon septembre rose ».
et « moi j’écoute ton sommeil
et j’étudie tes rêves
et je n’suis plus pareil
quand le soleil se lève ».
09:22 | Lien permanent | Commentaires (4)