25/01/2007
Les chansons illustrées de Thiéfaine
La pensée du jour : "Il faut vivre, même si le feu de notre sang, si la passion de notre coeur ne chauffent que le vide effrayant de l'inexplicable", René BARJAVEL.
Alors, l'avez-vous? Je veux dire : avez-vous l'ouvrage collectif Les chansons illustrées de Thiéfaine? De mon côté, ça y est. Il ne me reste plus qu'à m'y plonger. Génial, j'ai l'après-midi pour le faire, cela tombe bien!
L'introduction, signée Christophe Arleston, me met déjà du baume au coeur :
"Très difficile de parler d'Hubert-Félix Thiéfaine. Je suis trop impliqué. Trop marqué. En 1981 j'ai 18 ans, un copain me fait écouter Dernières balises. Je prends un coup de poing dans le ventre. Une force dévastatrice, un paradoxal mélange de pudeur et d'exhibitionnisme. Un humour désespéré. Une poésie brute, destruction de l'émotion qui finalement porte à la renaissance. Je me reconnais, tout simplement. Et en même temps, je découvre que des sensations qui me semblaient profondément intimes, uniques, sont partagées par plusieurs dizaines de milliers d'autres.
Depuis je n'ai jamais cessé de vivre avec Thiéfaine. Et lorsque j'ai réalisé que la même passion était partagée par des gens de générations différentes avec qui je travaille quotidiennement, Melanÿn, Nicolas Keramidas, Nolwenn Lebreton, il m'a semblé évident que ce bouquin devait exister. Maintenant il est là, dans mes mains, et j'ai un frisson organique dans la colonne vertébrale".
14:06 | Lien permanent | Commentaires (4)
21/01/2007
Victor Hugo
"L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, l'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir", Victor HUGO (cité par Thiéfaine dans le livret de l'album "Scandale mélancolique").
Ce soir, restons dans la même ambiance avec :
Paroles sur la dune
Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau,
Que mes tâches sont terminées;
Maintenant que voici que je touche au tombeau
Par les deuils et par les années,
Et qu'au fond de ce ciel que mon essor rêva,
Je vois fuir, vers l'ombre entraînées,
Comme le tourbillon du passé qui s'en va,
Tant de belles heures sonnées;
Maintenant que je dis : - Un jour, nous triomphons,
Le lendemain tout est mensonge! -
Je suis triste et je marche au bord des flots profonds,
Courbé comme celui qui songe.
Je regarde, au-dessus du mont et du vallon,
Et des mers sans fin remuées,
S'envoler sous le bec du vautour aquilon,
Toute la toison des nuées;
J'entends le vent dans l'air, la mer sur le récif,
L'homme liant la gerbe mûre;
J'écoute, et je confronte en mon esprit pensif
Ce qui parle à ce qui murmure;
Et je reste parfois couché sans me lever
Sur l'herbe rare de la dune,
Jusqu'à l'heure où l'on voit apparaître et rêver
Les yeux sinistres de la lune.
Elle monte, elle jette un long rayon dormant
A l'espace, au mystère, au gouffre;
Et nous nous regardons tous les deux fixement,
Elle qui brille et moi qui souffre.
Où donc s'en sont allés mes jours évanouis?
Est-il quelqu'un qui me connaisse?
Ai-je encor quelque chose en mes yeux éblouis,
De la clarté de ma jeunesse?
Tout s'est-il envolé? Je suis seul, je suis las;
J'appelle sans qu'on me réponde;
Ô vents! ô flots! ne suis-je aussi qu'un souffle, hélas!
Hélas! ne suis-je aussi qu'une onde?
Ne verrai-je plus rien de tout ce que j'aimais?
Au dedans de moi le soir tombe.
Ô terre, dont la brume efface les sommets,
Suis-je le spectre, et toi la tombe?
Ai-je donc vidé tout, vie, amour, joie, espoir?
J'attends, je demande, j'implore;
Je penche tour à tour mes urnes pour avoir
De chacune une goutte encore.
Comme le souvenir est voisin du remords!
Comme à pleurer tout nous ramène!
Et que je te sens froide en te touchant, ô mort,
Noir verrou de la porte humaine!
Et je pense, écoutant gémir le vent amer,
Et l'onde aux plis infranchissables;
L'été rit, et l'on voit sur le bord de la mer
Fleurir le chardon bleu des sables.
Victor HUGO, Les Contemplations.
Mon petit coq à l'âne de ce soir : le 31 janvier, je crois, sortira sur les écrans français le film "La vie des autres" ("Das Leben der Anderen"). Je l'ai vu ce matin en avant-première, je peux vous assurer que cette histoire vaut le détour! Tout se passe sous le régime de RDA. Il y est question de Stasi, etc. Je ne vous en dis pas davantage! Si le thème vous intéresse, n'hésitez pas!
Et la pensée du jour : "Car il s'agit pour nous, quelles que soient les idéologies, de trouver un équilibre entre la viande et la poésie, entre ce qui est notre donnée première biologique, animale, et la 'part Rimbaud'", Romain GARY.
21:37 | Lien permanent | Commentaires (26)
20/01/2007
Animal en quarantaine
oh! le vent se lève au large des galaxies
et je dérêve
dérive à l'infini
oh! oh! tourmenté
oh! oh! torturé
je m'imagine
en ombre vaporeuse
âme anonyme
errante et silencieuse
oh! oh! tourmenté
oh! oh! dépouillé
exigeant l'immortalité
et refusant de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit
vers l'autre monde
dans le dernier taxi
les infos grondent
et le temps s'obscurcit
oh! oh! tourmenté
oh! oh! torturé
exigeons l'immortalité
et refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée de la nuit .../...
oh! le vent se lève
au large des galaxies
et je dérêve
dérive à l'infini
oh! oh! tourmenté
oh! oh! torturé
exigeons l'immortalité
et refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit
Hubert-Félix THIEFAINE
Voilà, c'était pour quand même rendre hommage à "Fragments d'hébétude", album sur lequel j'aime aussi quelques chansons, dont celle-là!!!
Merci Petit-Jour de m'avoir conseillé d'aller voir Padam. En fait, il y avait deux concerts : d'abord Damoizo, et Padam ensuite. J'ai adoré les deux! Dis donc, ce Nader Mekdachi, quel charisme! Il arrive sur scène et tu oublies tout ce qu'il y a autour!
Jour J moins sept! Eh oui, encore un compte à rebours! Vous souvenez-vous de l'amie Christelle de "3615 code ta vie"? Elle vient chez moi dans une semaine tout pile! Je suis aussi bouleversée que pour un rendez-vous d'amour!!!!! Ben oui, carrément! Ma meilleure amie d'enfance et d'adolescence qui revient comme ça, comme un cadeau, c'est chamboulant, non?!
09:32 | Lien permanent | Commentaires (2)
19/01/2007
"Nous n'sommes que les fantasmes fous d'un computer"
Au moment où j'écris cette note, le compteur du blog affiche très exactement 5999 visites! Je ne sais plus quand Sam m'a installé ce compteur. En tout cas, youpi!
Petit-Jour, si tout va bien, j'irai voir Padam en concert ce soir. Et, bien entendu, j'aurai une pensée pour toi! Je te raconterai la soirée par le menu!
Et cette jolie pensée du jour : "La rose sans l'épine ne serait qu'une pivoine", René BARJAVEL.
10:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
18/01/2007
Quelques chansons d'Hubert que je n'aime guère...
La pensée du jour : "Je ne suis ni gai ni triste. Mais je peux être tout l'un ou tout l'autre avec excès", Jean COCTEAU.
« Cette nuit-là je rentrais d’une réunion Tuperware en compagnie du septième mari de ma douzième épouse »…
Ainsi commence «Vingt-septième heure : suite faunesque ». Voilà une chanson que je n’aime pas du tout ! Je crois que cela a été immédiat, dès la première écoute. Je me souviens avoir accordé, dès le début, très peu d’attention à cette suite décidément trop faunesque pour moi : j’ai regardé les paroles vite fait, écouté la musique et me suis dit : « Laisse béton » ! En général, quand j’écoute « Le bonheur de la tentation », je zappe carrément cette chanson !
Il y en a une autre aussi qui a longtemps créé chez moi une réaction épidermique : « Les mouches bleues » ! Mais je crois qu’avec un peu d’entraînement, je finirais peut-être par moins détester cette chanson! D’ailleurs, je reconnais qu’il y a là quelques jolies trouvailles, comme « Peu à peu je vois s’estomper les rêves de mon esprit tordu je commence même à oublier les choses que je n’ai jamais sues ».
Je ne raffole pas non plus de « Bruits de bulles ». En fait, pour être honnête, je dois dire que « Fragments d’hébétude » est l’album que j’aime le moins. Il faudrait que je prenne le temps de le réécouter d’une oreille attentive et de me l’approprier vraiment…
Ah, et puis il y a aussi « Le Touquet juillet 1925 » ! Non, je n’accroche pas, c’est trop… comment dire ? Je ne sais pas, c’est trop sirupeux, trop je ne sais pas, en tout cas pas assez Thiéfaine à mes yeux…
Sur « Scandale mélancolique », je n’aime que moyennement « La nuit de la Samain ». Sur les premiers albums, je crois que j’aime tout.
A côté de cela, il y a également tous les morceaux que j’adore et dont on ne parle pas assez à mon goût : «Vendôme Gardenal Snack », « La queue », « De l’amour, de l’art ou du cochon ? ». Mon rêve serait d’entendre ces chansons sur scène… Un jour, peut-être ?
22:00 | Lien permanent | Commentaires (4)
15/01/2007
"Chroniques bluesymentales"
Alors ça, cela faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé ! Tellement longtemps que j’avais oublié la presque crise de nerfs qui suit le moment infâme où on s’aperçoit que l'imbécile de blog a bouffé une note complète, sans qu’elle ait été enregistrée au préalable ! Et tout est à refaire !
Je vous avais mis, en pensée du jour, et je maintiens :
« Quelles que soient nos douleurs, elles s’endorment tôt ou tard dans l’étreinte de ce qui leur succède », Nicolas BREHAL (Les corps célestes).
J’avais également balancé les paroles de « Portrait de femme en 1922 », mais vous repasserez ou irez les lire chez Arnaud (s’il les a mises sur son site !) car il se fait tard…
Je disais que j’aimais l’album « Chroniques bluesymentales » dans son ensemble… Il fait partie de ceux que j’ai achetés en tout premier après avoir eu la révélation Thiéfaine !
« Demain les kids » est un monument, les paroles en sont soigneusement ciselées, je les trouve très puissantes… « Dans les ruines de l’école où brûle un tableau noir une craie s’est brisée en écrivant espoir »… Pourquoi, quand ma copine Sylvie m’a présenté ces paroles écrites spécialement pour moi sur une feuille, pourquoi n’ai-je pas su immédiatement que j’avais affaire à de la poésie pure ? Avec ma réticence imbécile, j’ai retardé la « rencontre » de quelques mois, et c’est précieux, quelques mois, quand on sait que l’écriture d’Hubert est inépuisable… « Pogo sur la deadline » est la chanson-défouloir que j’écoute à fond quand j’ai envie de trucider la terre entière ou quand j’en veux à une personne en particulier, « connue par erreur aux heures des fins d’parties ». « Un automne à Tanger » conserve tout son mystère après je ne sais combien d’écoutes, et cela ne gâche rien…
« Je te veux dans la prière des dieux suppliant l’Humain »…
« Je regarde passer les zumains de ma rue
un peu comme on reluque au zoo les zébus
triés normalisés fonctionnels uniformes
avec leurs initiales gravées sur leurs condoms »…
« J’m’arracherais bien les yeux mais ce serait malveillance
vu qu’j’ai déjà vendu mon cadavre à la science »…
« Chacun sa religion, chacun son parachute »…
« A part ça tout va bien comme dit Schopenhauer »…
« La terre est un macdo recouvert de ketchup
où l’homo cannibale fait des gloupses et des beurps
où les clowns en treillis font gémir la musique
entre les staccatos des armes automatiques »…
« Mais un jour faut partir et finir aux enchères
entre les gants stériles d’une sœur hospitalière
et je me vois déjà guignol au p’tit matin
traînant mon vieux flight-case dans le cimetière des chiens
oh meine kleine Mutter mehr Licht ! » (et admirez-moi cette subtile allusion à Goethe!)...
Autant de phrases qui ont bercé mes années fac et m’ont portée à des moments un peu moyens, moyens…
Bientôt, je vous parlerai des chansons de Thiéfaine que je n’aime pas. Car il y en a ! Des que je ne peux pas encaisser, des que j’aime sans plus, des que j’aimerai peut-être un jour à force de persévérance et d’autres qui sont définitivement perdues pour moi, condamnées à se heurter à un rejet total. Ben oui ! Carrément !22:35 | Lien permanent | Commentaires (7)
14/01/2007
"Amor doloroso"
La pensée du jour : "Aimer la littérature, c'est être persuadé qu'il y a toujours une phrase écrite qui nous re-donnera le goût de vivre, si souvent en défaut à écouter les hommes. Soi-même, entre autres", Georges PERROS, Papiers collés.
Il me semble que plusieurs d'entre vous aiment Higelin, tout comme moi. Avez-vous écouté son dernier album? Qu'en pensez-vous? Pour ma part, je le trouve très beau. J'en raffole, carrément, et l'écoute énormément en ce moment. Tout comme le dernier Brigitte Fontaine, d'ailleurs!
Ce soir, pour changer, j'ai envie de citer Higelin :
"Dans le dernier Sandwich, Brigitte Bardot explique que 'les gens devraient penser plus à leur mort'...
Réponse de Jacques Higelin : "Mmouais. Mais une fois que tu le sais, autant aller vers quelque chose de positif. J'ai toujours entendu les gens se plaindre de leur sort. C'est dur, c'est sûr. Mais si les gens nourrissaient plus leur corps, leur âme, et étaient plus généreux, ce serait aussi dur, mais ils feraient moins chier les autres. Nom de Dieu, va vider ta poubelle ailleurs que dans ma tête ou dans mon ventre.
(...) Je ne suis pas un héros. Mais depuis mon enfance j'ai une solide dose intérieure de plaisir de vivre. Histoire de sauter de joie en pleine rue, de siffloter des airs pas possibles à mes robinets. C'est ancré dans ma peau. J'ai envie de faire face à la déprime. J'aime vivre. il faut refuser la morosité, l'angoisse ambiantes".
Source : Libération, Hors-série, Chanson française 1973-2006.
A propos, je souligne que le pauvre Hubert, une fois de plus, n'a pas été vraiment mis à l'honneur dans ce hors-série. Page 62, on lira simplement ces quelques mots de lui : "A mon tour, avec une guitare et des mots, j'ai essayé d'ordonner mon chaos intérieur".
Encore! On a de la chance! Anne Sylvestre, elle, est également citée page 19. Et voici les propos édifiants de la dame : "Je me suis fait couper les cheveux. Je le regrette parce que depuis j'ai froid aux oreilles"!
Toujours à propos des injustices de ce monde : ce soir, j'ai envoyé quelques lignes à "Télérama" pour simplement exprimer mon étonnement face à l'impasse faite sur Thiéfaine! Suite au prochain numéro!
Et pour en revenir à Higelin, je vous mets un petit lien vers une interview très touchante du monsieur (merci Rémi! Sans toi, j'aurais loupé ça) : http://www.dailymotion.com/cluster/news/video/xvyjp_higel...
Je m'écoute "Amor doloroso" tout en écrivant cette note (et c'est peut-être la raison pour laquelle c'est si laborieux ce soir, je ne suis pas assez concentrée, l'écriture ne "glisse" pas, ça patine, c'est tout pourri, mille excuses!). Vraiment, cet album, c'est de l'or en barre! A savourer très vite, si ce n'est déjà fait!
22:30 | Lien permanent | Commentaires (3)
13/01/2007
Thiéfaine à Taratata
Bon, bon, bon, c’était plutôt sympathoche, tout ça, non ?! Je n’ai pas encore eu le temps de regarder les bonus de l’émission.
En tout cas, merci à Nagui, qui a su complimenter Hubert comme il se devait ! Il a rappelé l’affaire Drucker ! Encore un petit coup de griffe à Michel, bien fait pour lui !!!
Arnaud a mis sur le forum « Fragments d’Hubert » toutes les dates de rediffusion de l’émission. Si j’ai bien tout retenu, il y en aura une sur France 2 le 26 janvier.
Encore un petit Blaise Cendrars, vous voulez bien ?
JOURNAL
Christ
Voici plus d’un an que je n’ai plus pensé à Vous
Depuis que j’ai écrit mon avant-dernier poème Pâques
Ma vie a bien changé depuis
Mais je suis toujours le même
J’ai même voulu devenir peintre
Voici les tableaux que j’ai faits et qui ce soir pendent aux murs
Ils m’ouvrent d’étranges vues sur moi-même qui me font penser à Vous.
Christ
La vie
Voilà ce que j’ai fouillé
Mes peintures me font mal
Je suis trop passionné
Tout est orangé.
J’ai passé une triste journée à penser à mes amis
Et à lire le journal
Christ
Vie crucifiée dans le journal grand ouvert que je tiens
Les bras tendus
Envergures
Fusées
Ebullition
Cris.
On dirait un aéroplane qui tombe.
C’est moi.
Passion
Feu
Roman-feuilleton
Journal
On a beau ne pas vouloir parler de soi-même
Il faut parfois crier
Je suis l’autre
Trop sensible.
Et, pour finir, je cite de nouveau René Fallet évoquant Cendrars :
« Une fois, à la télévision, j’ai entendu la plus parfaite définition de la littérature qui soit. Pierre Lazareff, journaliste et ami de Blaise Cendrars, auteur de ce fabuleux poème qu’est ‘La Prose du Transsibérien’, racontait lui avoir demandé un jour : ‘Blaise, tu peux bien nous l’avouer, aujourd’hui, que tu ne l’as jamais pris, le Transsibérien ?’ Cendrars lui avait répondu sublime : ‘Qu’est-ce que ça peut te foutre, si je te l’ai fait prendre ?’ ».
14:28 | Lien permanent | Commentaires (5)