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26/12/2006

Histoire du soldat : enfin la suite!

La pensée du jour : "Longtemps, on rampe sur cette terre comme une chenille, dans l'attente du papillon splendide et diaphane que l'on porte en soi. Et puis le temps passe, la nymphose ne vient pas, on reste larve, constat affligeant, qu'en faire?" Jonathan LITTELL.

 

Il y a environ six milliards d'années, je vous avais proposé, ici même, un extrait de l'Histoire du soldat. Pour ceux qui auraient oublié de quoi il s'agit, voici une petite piqûre de rappel : Thiéfaine a joué le rôle du diable dans Histoire du soldat. C'était en 2004, me semble-t-il, à Dijon. Il y a quelques mois, j'ai acheté le livre de Ramuz, afin d'en livrer l'intégralité ici. J'ai cela en stock dans mon ordinateur, mais la dernière note concernant cette Histoire du soldat remonte au 2 novembre 2006! On peut se rafraîchir la mémoire en consultant les archives! Je vais profiter des vacances pour balancer, sur ce blog, la fin de cette pièce! 

 

LE DIABLE, avec la voix qu’il a dans la lecture.

 

En voilà-t-il pas des façons

pour un pauvre petit violon !...

 

LE SOLDAT, levant la tête.

Va-t’en, je te dis, va-t’en !...

 

Il se remet à lire.

LE DIABLE, apparaissant de l’autre côté de la scène. Même voix.

Je vois qu’on y revient pourtant !

On commence par dire non,

Puis on se fait une raison…

 

Le soldat se redresse brusquement, prend le livre et le jette à terre.

 

LE DIABLE, passant la tête par la porte du fond. Voix de fausset et comme s’il s’agissait d’un autre personnage.

 

Est-ce qu’il est permis d’entrer ?

 

LE SOLDAT

Qu’est-ce que vous voulez ?

 

LE DIABLE

On voudrait vous parler…

 

S’avançant à petits pas.

 

Mais permettez !...

 

Ramassant le livre qu’il tend au soldat.

 

quelque chose, monsieur, que vous avez laissé tomber.

 

LE SOLDAT, prenant le livre.

Est-ce tout ?

 

LE DIABLE

Monsieur, on va vous expliquer…

J’ai mon carton sur le palier,

des raretés, monsieur, des curiosités…

 

LE SOLDAT

Non, merci.

LE DIABLE

Oh ! mon bon monsieur, par pitié…

 

LE SOLDAT, sortant sa bourse.

Alors faisons vite ; tenez…

 

LE DIABLE

Monsieur, on a sa dignité.

Rien qu’on ne l’ait d’abord gagné.
On fait son métier, son petit métier.

Mon carton est sur le palier.
Si j’allais vous le chercher ?...

 

Il sort brusquement. La musique commence. Petits airs au bord du ruisseau. Le diable rentre avec le sac du soldat, qu’il pose à terre.

 

Regardez, monsieur, regardez !...

 

De plus en plus vite.

 

Des bagues, des montres, des colliers ?

Non ?

 

Signe du soldat.

 

Des dentelles ? Non ? Dites non sans vous gêner…

C’est vrai, vous n’êtes pas marié…

On fait son métier, son petit métier…

Et une médaille en argent doré ?...

 

Signe du soldat. Comme avec étonnement.

 

Non ? Toujours non ?... Mais j’ai trouvé !

Un beau portrait tout encadré ?...

 

Le soldat se tourne vers lui.

 

Ah ! voilà qui a l’air de vous intéresser.

Est-ce encore non ?... est-ce encore non ?...

 

Il sort le violon du soldat et le présente au public.

 

Et si on vous offrait un petit violon ?

 

Le soldat se lève. Le diable est tourné vers le public et parle par-dessus son épaule tout en se retirant.

 

LE SOLDAT

Combien ?

 

Le soldat se met à le suivre.

 

Combien ? Je vous dis.

 

Le soldat se précipite sur lui. Le diable cache le violon derrière son dos.

 

LE DIABLE

On s’arrange toujours entre amis.

 

Tendant le violon.

 

Je vous permets de l’essayer,

nous conviendrons du prix après.

 

Le soldat s’empare du violon. Il essaie de jouer, le violon reste muet.
Le soldat se retourne, le diable a disparu.
Le soldat jette de toutes ses forces le violon dans la coulisse.
Il revient à son bureau. La musique joue toujours. Il prend le livre, il le déchire en mille morceaux.

 

Le rideau se baisse. Fin de la musique.

 

"Syndrome albatros"

 

Clown masqué décryptant les arcanes de la nuit

dans les eaux troubles et noires des amours-commando

tu croises des regards alourdis par l'oubli

et des ombres affolées sous la terreur des mots

toi qui voulais baiser la terre dans son ghetto

tu en reviens meurtri, vidé par sa violence

et tu fuis ce vieux monstre à l'écaille indigo

comme on fuit les cauch'mars souterrains de l'enfance

de crise en délirium; de fièvre en mélodrame

franchissant la frontière aux fresques nécrophiles

tu cherches dans les cercles où se perdent les âmes

les amants fous, maudits, couchés sur le grésil

et dans le froid torride des heures écartelées

tu retranscris l'enfer sur la braise de tes gammes

fier de ton déshonneur de poète estropié

tu jouis comme un phénix ivre mort sous les flammes

puis en busard blessé cerné par les corbeaux

tu remontes vers l'azur, flashant de mille éclats

et malgré les brûlures qui t'écorchent la peau

tu fixes dans la brume : Terra Prohibida

doux chaman en exil, interdit de sabbat

tu pressens de là-haut les fastes avenirs

comme cette odeur de mort qui précède les combats

et marque le début des vocations martyres

mais loin de ces orages, vibrant de solitude

t'inventes un labyrinthe aux couleurs d'arc-en-ciel

et tu t'en vas couler tes flots d'incertitude

dans la bleue transparence d'un soleil torrentiel

vois la fille océane des vagues providentielles

qui t'appelle dans le vert des cathédrales marines

c'est une fille albatros, ta petite soeur jumelle

qui t'appelle et te veut dans son rêve androgyne.

 

Hubert-Félix Thiéfaine

 

 

L'albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

 

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

 

Charles Baudelaire

 

 

Et la pensée du jour, ou plutôt de la nuit, en cette heure tardive :

"L'homme qu'on voudrait être. L'homme qu'on croit être. L'homme qu'on est. Où est la suture, qui réalise idéalement le point d'identité?" Louis CALAFERTE.

24/12/2006

Joyeux Noël

Joyeux Noël les commerçants les amis des p'tits enfants

qui proposent joyeusement les nouveaux jeux de chez Nathan :

un soldat qui va à la guerre avec sa troupe de militaires

un jeu révolutionnaire où faut tuer les gars à terre

Pi c'est si beau les étincelles dans les yeux d'la p'tite demoiselle

qui rêve de barbie Matel, l'en devient même son modèle

et voilà les jeux sont vendus et le monde on l'reconnaît plus

y'a qu'des poupées plein les rues et la violence ne choque plus

Joyeux Noël... Joyeux Noël...

 

Joyeux Noël la p'tite maman qui pense bien faire pour ses enfants

en dépensant beaucoup d'argent parce qu'elle veut les voir contents

parce qu'elle a du coeur elle pense quand même à ceux qu'ont pas d'vacances

parce qu'elle a des sous elle dépense et réduit son coeur au silence

Alors elle entre dans l'grand Auchan où t'as du parfum envoûtant

d'la musique et des pubs en grand, pi elle obéit aux slogans

alors si c'est ça les valeurs, les cadeaux font le bonheur

remplis l'grand panier en ferraille et nourris ceux que tu affames

Joyeux Noël... Joyeux Noël...

 

Joyeux Noël au monde des grands, c'lui qui pourrit les enfants

joyeux Noël à ces titans qu'ont rien compris à l'instant

joyeux Noël joyeux parents, les adeptes du dernier moment

qui foncent contre leur temps vers la corvée des cadeaux manquants

C'lui du p'tit neveu qu'ils voient jamais ou d'la grand-mère du cousin d'André

pour qui ils prennent pour pas s'faire chier le livre le plus vendu d'l'année

alors vient l'heure des cadeaux, le sourire se prépare tôt

on dit "il fallait pas, c'est trop", pi on l'oublie près du gâteau

Joyeux Noël... Joyeux Noël...

 

C'est la joyeuse consommation d'une fête de moutons

qui aiment les huîtres et les marrons parce que c'est la tradition

période de pub et de billets autour d'un Père Noël truqué

Saint Nicolas a pas marché, il passe moins bien à la télé

C'est l'hiver joyeux de Noël, les lumières de la ville s'éveillent

et profitant qu'on s'émerveille y'en a qui font marcher l'oseille

mais je suppose que l'on oublie, du moins jusqu'à la fin d'la nuit

c'est vrai qu'c'est moins facile de s'dire qu'on nourrit la grande tirelire

Joyeux Noël... Joyeux Noël

 

Marie Cherrier

 

 

Alors, naïve, la p'tite Marie?!!!

J'adore cette chanson!

Joyeux Noël à vous, quand même, amis du blog et d'ailleurs!!!

23/12/2006

"A part ça tout va bien comme dit Schopenhauer"...

La pensée du jour : "Je me suis fait un vrai malheur avec ce chien. Je me suis mis à l'aimer comme c'est pas permis", Romain GARY.

 

Aujourd'hui, rien que pour les beaux yeux d'Evadné, voici quelques aphorismes de Schopenhauer. En allemand, s'il vous plaît!

"Die Freunde nennen sich aufrichtig, die Feinde sind es".

 

"Einsamkeit ist das Los aller hervorragenden Geister".

 

"Heiraten bedeutet, seine Rechte halbieren und seine Pflichten verdoppeln".

 

"Höflichkeit ist wie ein Luftkissen, es mag wohl nichts drin sein, aber es mildert die Stöße des Lebens".

 

"Meistens belehrt erst der Verlust uns über den Wert der Dinge".

 

"Der Reichtum gleicht dem Seewasser : je mehr man davon trinkt, desto durstiger wird man".

 

"All unser Übel kommt daher, dass wir nicht allein sein können".

 

 

Voilà, chère Evadné, tu as toutes les vacances pour méditer ces aphorismes et les traduire!!!!

 

Et voici, en français cette fois, un extrait du Monde comme volonté et représentation :

 

"Cet effort qui constitue le centre, l'essence de chaque chose, c'est au fond le même, nous l'avons depuis longtemps reconnu, qui en nous, manifesté avec la dernière clarté, à la lumière de la pleine conscience, prend le nom de volonté. Est-elle arrêtée par quelque obstacle dressé entre elle et son but du moment : voilà la souffrance. Si elle atteint ce but, c'est la satisfaction, le bien-être, le bonheur. Ces termes, nous pouvons les étendre aux êtres du monde sans intelligence; ces derniers sont faibles, mais, quant à l'essentiel, identiques à nous. Or, nous ne les pouvons concevoir que dans un état de perpétuelle douleur, sans bonheur durable. Tout désir naît d'un manque, d'un état qui ne nous satisfait pas; donc il est souffrant, tant qu'il n'est pas satisfait. Or, nulle satisfaction n'est de durée; elle n'est que le point de départ d'un désir nouveau. Nous voyons le désir partout arrêté, partout en lutte, donc toujours à l'état de souffrance; pas de terme dernier à l'effort; donc pas de mesure, pas de terme à la souffrance".

21/12/2006

Tristesse...

La pensée du jour : "La grande histoire de mes dernières années, ça a été un chien qui est mort à l'âge de quatorze ans, un brave chien jaune que j'ai adoré. Que j'ai aimé. Au sens le plus fort du terme. Et quand il est mort, quelque chose est sorti de ma vie", Romain GARY.

 

Ce soir, quelque chose est sorti de ma vie à moi aussi... Adieu Mélane!

20/12/2006

"A part ça tout va bien..." (vous connaissez la suite!)

La pensée du jour : "Ah! que la vie est dérisoire, vue de chez nous, vue des hommes, c'en est fou, c'en est déchirant...", René FALLET.

 Et voici comment s'acheva l'existence d'Arthur Schopenhauer...

Epuisé par la production de son livre, il part en septembre 1818 pour l’Italie : Rome, Naples, Venise (où il aima une jeune fille « riche et de bonne famille »). A Milan, il apprend que la maison Bühl, dans laquelle sa fortune personnelle héritée de son père est engagée, est en faillite. Le philosophe redevient, comme souvent dans sa vie, homme d’affaires. Rentré à Dresde, il sauvera sa fortune. Toujours prudent, il essaie d’assurer son avenir dans l’enseignement. Il ouvre un cours à Berlin en 1820. Echec total : il renonce au bout de dix mois, repart en 1822 pour l’Italie, séjourne à Florence, mais dès 1823 rentre en Allemagne, tombe assez gravement malade à Munich, et se retrouve à Berlin en mai 1825. Années tristes de solitude et de stérilité. L’éditeur met au pilon une grande partie des exemplaires du Monde comme Volonté, qui décidément ne se vend pas. Schopenhauer essaie de faire des traductions d’œuvres étrangères, ne réussit guère qu’à publier une traduction latine de son propre ouvrage, De la vision et des couleurs (1830). En 1831, notre prudent pessimiste fuit de nouveau Berlin, cette fois devant l’épidémie de choléra. Après quelques hésitations, il se fixe définitivement en juin 1833 à Francfort-sur-le-Main. Il a 45 ans : sa vie de célibataire et de rentier va se dérouler monotone et calme jusqu’à sa mort à 72 ans. Mais son activité intellectuelle va reprendre.

Et voilà que brusquement le cours de a destinée va se renverser. C’est que Schopenhauer a eu enfin l’idée de présenter sa pensée non plus sous forme d’un lourd traité didactique, mais sous l’aspect d’aphorismes, de pensées détachées, d’essais brillants et courts. Ce genre littéraire convient mieux d’ailleurs au caractère de cet homme de 60 ans, devenu impitoyable et sarcastique. Lorsque les Parerga et Paralipomena parurent en novembre 1851, ils connurent presque immédiatement le succès, non seulement en Allemagne, mais aussi à l’étranger, notamment en France. Ce succès se traduit par la réédition de toutes ses œuvres.

Au début de septembre 1860, il est atteint d’une congestion pulmonaire. Il meurt le 4 septembre sur son canapé, sous le portrait de Goethe. Nietzsche et Wagner forment la postérité spirituelle de Schopenhauer. C’est de son intuition grandiose d’une volonté absurde produisant la fantasmagorie de la nature et de l’existence que procéderont le fascinant nihilisme de Tristan et la volonté héroïque que Nietzsche opposera au destin. Grâce à eux, l’expérience de Schopenhauer fait partie intégrante de la conscience moderne, elle est une des sources du nihilisme européen.

 

19/12/2006

"A part ça tout va bien comme dit Schopenhauer"

La pensée du jour : "Il se pourrait après tout que Dieu ne dorme pas, mais qu'il se cache parce qu'il a peur de nous", Elias CANETTI.

 

L’Allemagne est alors dans un état de fermentation intense ; en philosophie triomphent alors les grands systèmes postkantiens de Fichte, Hegel, Schelling ; Beethoven vient de composer les VIIè et VIIIè Symphonies. Fichte a prononcé en 1807 et 1808 dans Berlin encore occupé par les Français ses célèbres Discours à la nation allemande. Dans cette ferveur collective, le génie de Schopenhauer s’épanouit rapidement. Son premier maître de philosophie, à Göttingen, Schulze, critique de Kant, lui fait lire Kant et Platon. En 1811, il écoute Fichte et Schleiermacher à Berlin. En 1813 éclate à Berlin l’insurrection nationale contre Napoléon.  Schopenhauer s’enfuit à Rudolfstadt. C’est là qu’il achève sa thèse de doctorat, qu’il adresse à l’Université d’Iéna, ouvrage qui annonce la grande œuvre qui va suivre, par la transformation qu’elle fait subir à la doctrine kantienne de la causalité. Ainsi promu docteur, Schopenhauer vient rejoindre sa mère à Weimar en novembre 1813. Mais dès le mois de mai 1814, il quitte Weimar pour Dresde, définitivement brouillé avec celle dont il ne peut supporter le genre de vie. Ces quelques mois à Weimar l’ont mis en contact avec Goethe, avec lequel il entame une discussion suivie sur la théorie des couleurs. Chez Goethe, il rencontre Friedrich Maier, qui lui révèle la pensée hindoue. Ces années de Dresde (1814-1818) sont les plus fécondes de toute sa vie. D’abord, mettant en pratique le conseil de Goethe, il approfondit la théorie des couleurs et publie un livre intitulé De la vision et des couleurs (Über das Sehen und die Farben). Du printemps 1817 au printemps 1818, c’est la rédaction de l’œuvre de sa vie, Le Monde comme Volonté et comme Représentation. Sous son regard d’artiste et de pessimiste, le Monde se transforme en une gigantesque illusion produite par un Vouloir aveugle et absurde. Mais s’apercevoir que ce monde n’est que notre « représentation », c’est délivrer l’humanité du cauchemar, c’est anéantir le vouloir-vivre, gagner la paix du Nirvâna. Ainsi, à trente ans, Schopenhauer a laissé au monde ce qu’il considère comme son message de salut et de délivrance. Le monde va lui répondre par l’incompréhension la plus complète, le laissera dans une solitude qui évoque irrésistiblement celle de Nietzsche. Le succès viendra pourtant vers 1850, d’abord parce que Schopenhauer aura trouvé le langage capable d’atteindre le grand public, ensuite parce que le temps lui-même aura mieux disposé les esprits à comprendre son message.

18/12/2006

"A part ça tout va bien comme dit Schopenhauer"

Attention, cette semaine, du Schopenhauer, vous allez en avaler!! J'ai décidé de faire la semaine sur le brave Arthur! Après tout, dans les centres commerciaux, il y a bien des semaines asiatiques ou que sais-je encore?! Je trouve qu'il n'y a tout simplement pas assez de semaines Schopenhauer! Voici donc un petit résumé de sa vie, en trois volets, à suivre jusqu'à mercredi! Cette mini-biographie a été écrite par Pierre Hadot et sort, une fois de plus, tout droit du Dictionnaire des auteurs (Robert Laffont, Bouquins).

 

Arthur SCHOPENHAUER : philosophe allemand. Né à Dantzig le 22 février 1788 ; mort à Francfort-sur-le-Main le 4 septembre 1860. Le trait caractéristique de la vie de Schopenhauer, c’est la force et la rapidité avec laquelle sa vocation de philosophe, puis son système philosophique tout entier, se sont imposés à lui. Il écrira lui-même : « Il est remarquable que dès 1814 (ma vingt-septième année) tous les dogmes de mon système, même les secondaires, s’établissent ».

La vie de Schopenhauer se divise donc en deux périodes : la flambée impatiente de la jeunesse (1788-1818), qui aboutit à la production de l’œuvre de sa vie, Le monde comme Volonté et comme Représentation, ensuite l’effort long, ingrat, mais finalement couronné de succès, pour vaincre l’incompréhension totale de son époque vis-à-vis de sa pensée (1818-1860).

Son père, commerçant aux idées républicaines, qui avait choisi pour son fils le prénom d’Arthur parce qu’il est le même dans toutes les langues, voulait faire de lui un citoyen du monde, mais aussi un commerçant. Jusqu’à sa seizième année, Schopenhauer fait un véritable tour d’Europe : France, Angleterre, Suisse, Autriche, sud de l’Allemagne, notant ses impressions dans un Journal de voyage qui a été conservé. A la mort de son père (1805), il s’efforce de tenir la promesse qu’il lui a faite naguère, d’embrasser la carrière commerciale. Mais il ne réussit vraiment pas à y prendre goût. Sa mère, Johanna, l’avait laissé à Hambourg, et était partie à Weimar, emmenant sa fille Adèle. La mort de son mari lui donnait l’occasion de réaliser son rêve (!), tenir un salon littéraire, se lancer elle-même dans la littérature. Elle réussira : Goethe fréquentera son salon ; ses romans connaîtront le succès. Sur les conseils de Fernow, un familier de Goethe, Johanna permet à son fils d’entreprendre les études qu’il désire. Après une année au gymnase de Gotha, il s’inscrit donc en octobre 1809 à la Faculté de médecine de Göttingen. Il cherche encore sa voie, mais à partir de 1810, il s’oriente résolument vers la philosophie, sans jamais abandonner d’ailleurs les études d’histoire naturelle.

 

Et terminons par la pensée du jour : "L'amour! Alors on aime un appareil respiratoire, un tube digestif, des intestins, des organes d'évacuation, un nez qu'on mouche, une bouche qui mange, une odeur corporelle? Si on pensait à cela, comme on serait moins fou!", Paul Léautaud.

Pensez-y, vous qui vous pâmez en ce moment même pour je ne sais quel tube digestif qui, si ça se trouve, ne fonctionne même pas bien, ou pour tel ou tel nez qui dégouline piteusement!!!!!! Lisez plutôt Léautaud, tiens!!!! Bon, désolée, c'est mon côté "Nuit de la Samain" qui ressort!!! Finalement, je l'adore, cette chanson!!!!