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04/01/2007

3615 code ta vie le retour!!

Alors là, c’est encore plus 3615 code ta vie que la dernière fois, quand j’avais osé parler de mon amie d’enfance !!!

Tant pis ! Le commentaire que j’ai posté ce matin sous la note « Il fait un temps à … regarder Thiéfaine ! » m’a laissée sur ma faim. J’avais envie d’en dire plus. De toute façon, il est vrai que je n’ai jamais réellement raconté comment j’avais « usiné » ma « rencontre » avec Hubert ! Alors je me jette à l’eau ce soir !

En fait, Thiéfaine, beaucoup de gens ont essayé de m’en mettre entre les oreilles ! En troisième, j’avais deux profs qui, régulièrement, m’initiaient à la musique qu’ils écoutaient. C’est ainsi que j’ai découvert Lavilliers, Charlélie Couture, Jean Guidoni. Un jour, mon prof de maths se pointe avec, si je me souviens bien, deux CD de Thiéfaine. Je me vois encore les mettre dans la chaîne, t’écouter ça à la hâte et dire « bof ». Le lendemain, je lui rendais ses CD, sans autre forme de procès !!

En terminale, une de mes camarades de classe arrive un jour avec le texte de « Demain les kids » et me dit : « Je suis sûre que tu adorerais Thiéfaine. Lis ça ! » Je lis, je dis qu’effectivement, le texte est très beau, mais que ce n’est pas la peine d’insister, j’ai déjà essayé, non merci.

Puis, vient l’été 91, qui va être l’explosion dans ma vie ! De fille toute sage, je me transforme soudain en adolescente délurée !!! L’effet de la philo, sans doute ! La prof a dit que cela serait une révolution dans nos vies, ces cours-là. Ben, moi, je la tiens, ma révolution ! En juin, je craque littéralement pour un garçon marginal, tatoué et « joyeux fêtard ». Bref, le type même du gendre idéal ! Mes parents ne s’y trompent pas, ils flairent illico le truc louche, me font des scènes pas possibles ! Pour voir Sylvain, je suis obligée d’échafauder régulièrement des plans avec l’amie Christelle ! D’ailleurs, c’est comme ça que je me ferai choper un jour, je ne sais plus comment !

Bref… C’est ce qu’on peut appeler, je crois, l’amour fou ! Je suis tellement branchée Sylvain que je fais des rêves prémonitoires le concernant. Je sens sa présence tout le temps, n’en déplaise à mes parents !

Sylvain écoute Gainsbourg et … Thiéfaine. Souvent, quand il vient me voir dans sa caisse pourrie (mais alors vraiment pourrie : maintenant que je suis mère, je comprends par quelles angoisses mes parents ont pu passer quand ils voyaient débarquer ce type louftingue dans sa vieille guimbarde !), il écoute Thiéfaine. Il essaie de m’initier un peu à cet univers. Je reste hermétique. Sylvain me fredonne régulièrement « On s’est aimés dans les maïs,

T’en souviens-tu mon Anaïs ? », mais la mayonnaise ne prend pas !!

Et puis, le temps passe sur cet amour-là, je m’use à courir après des chimères : Sylvain fait connerie sur connerie, je dois régulièrement aller le récupérer ivre mort, dans des bars de rase campagne. Je finis par comprendre que papa et maman avaient peut-être raison quand ils essayaient de me faire entendre … raison. Un beau jour de septembre 92, je capitule. J’en ai trop vu. Cette fois, je me tire ! Mais j’ai le cœur ravagé car, vraiment, je ne sais pas, mais ce type avait quelque chose que les autres n’avaient pas… En ce mois de septembre 92, toujours, il continue à me hanter à longueur de temps. Je traîne encore avec ses copains, pour essayer  de savoir où il en est… Et, par un soir de déprime totale, le meilleur ami de Sylvain m’emmène à une fête à environ trente kilomètres de chez moi. Il me dit : « On va s’écouter Thiéfaine ». Le concert 83. On écoute cela religieusement ! Oui, du Thiéfaine, religieusement, j’ai bien dit religieusement ! Et, tout à coup, il y a cette phrase… Qui s’imprime tout de suite dans mon esprit et qui parle à ma déglingue… « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices ». C’est marrant, mais c’est comme qui dirait un peu ce que je ressens. Si un ascenseur se pointait là, au beau milieu de la mistoufle, ce serait pas de refus ! Je continue à écouter le père Hubert. On va à la fameuse fête. Au retour, nous écoutons de nouveau Thiéfaine. Avant de regagner mes pénates, je dis au meilleur ami de Sylvain : « Tu me files la cassette, s’il te plaît ? » Le lendemain, je m’écoute cela en boucle. Le surlendemain, je fonce en ville acheter, avec toutes mes économies, je ne sais combien d’albums d’Hubert. En cassettes, pour que ce soit moins cher et que je puisse en avoir plus en une fois ! C’est ce qui explique que j’aie, maintenant que je me suis embourgeoisée, plein d’albums à la fois en CD et en cassette ! Et, d’ailleurs, j’y pense : le concert 83, je ne l’ai jamais rendu à son propriétaire. Je ne me le pardonne pas. Si on avait osé me faire un truc pareil, j’en trépignerais encore de rage trente ans plus tard ! Bref…

« Toi tu vis ta vie d’alcoolique entre ces quatre murs lamentables »… « Elle m’envoie des cartes postales de son asile m’annonçant la nouvelle de son dernier combat »… Tout y est. J’ai l’impression que ce Thiéfaine a l’art de se frayer un petit chemin jusqu’au tréfonds de mon âme...

C’est avec lui que je vais mettre du mercurochrome sur mes plaies ! Pendant très longtemps, j’aurai le sentiment de retrouver Sylvain dans chaque chanson…

Quinze ans ont passé sur cette histoire. A présent, quand j’écoute tel ou tel morceau, je ne pense plus précisément à Sylvain, mais à deux ou trois bricoles auxquelles je tiens comme à la prunelle de mes yeux : le souvenir de la première fois où mon cœur s’est vraiment ouvert à quelqu’un d’autre, un bout de ma jeunesse qui, comme le temps du lilas, a foutu le camp, et merde ! Alors, au Zénith, si j’ai chialé comme une dingue sur « Mathématiques souterraines », c’est parce qu’il y avait un petit mélange de tout cela qui remontait…

 

Et vous, la première fois avec Hubert, c'était dans quelles circonstances, si je puis me permettre?!!!

03/01/2007

Il fait un temps à ... regarder Thiéfaine!

Je viens de regarder la vidéo du "Bluesymental tour". Et j'ai noté l'introduction parlée que Thiéfaine récite avant "Un automne à Tanger". Ce qui est bizarre, c'est qu'il est écrit, au dos de la cassette : "intro parlée d'après P. Bowles". Mais alors, si c'est "d'après P. Bowles", ce n'est pas tout à fait du Paul Bowles! Une nouvelle "mission" semble s'imposer à moi : retrouver le texte qui a inspiré cette intro. Coûte que coûte! Je vais m'atteler dès que possible à la tâche!

C'est marrant, à l'époque du "Bluesymental tour", on ne voyait pas, je trouve, le mélange de générations que l'on peut trouver à l'heure actuelle dans le public de Thiéfaine. Quand celui-ci demande s'il y a des lycéens dans la salle, le public hurle comme un seul homme, et on a l'impression qu'il n'y a d'ailleurs que des lycéens dans la salle! Moi aussi, tiens, j'étais lycéenne à l'époque, mais je n'avais pas encore fait la découverte qui allait donner une autre couleur à mes jours un peu ternes (ben oui, "j'avais (presque) vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie". Ce n'est pas ça, la phrase de Paul Nizan? J'ai juste ajouté le "presque"!)... Mais, quand même, Thiéfaine n'allait pas tarder à venir faire sa petite révolution poétique dans ma vie!! Bref...

Voici donc cette intro parlée, d'après Paul Bowles :

"Temps clair. Un violent chergui* soulève des montagnes de poussière le long du chemin. Sur la plage, des centaines de petits enfants et presque pas d'adultes. Des garçons se flagellent mutuellement avec de longues lanières d'algues. On respire en permanence l'odeur de l'égout qui se déverse à l'extrémité est de la plage. Temps clair, temps mort, Tanger".

 

"Les vagues mouraient blessées

A la marée sans lune

En venant féconder

Le ventre des lagunes"...

Ces quelques mots me toucheront toujours, je les porte en moi comme une mer...

*Aujourd'hui, tiens, j'aurai appris que le chergui, c'est le sirocco en Algérie et au Maroc! 

Et la pensée du jour : "On couche toujours avec des morts", Léo FERRE.

02/01/2007

Il fait un temps à écouter Thiéfaine...

Je ne sais pas comment vous voyez les choses, mais, pour ma part, Thiéfaine, je le sirote plutôt par moins quinze, par temps de pluie et de bourrasques... Toujours un peu moins en été. Cela tombe bien, nous ne sommes pas en été, loin s'en faut! Gary écrivait que le chocolat a encore meilleur goût quand on n'a pas le moral. Ben voilà, Thiéfaine, je le savoure mieux quand il fait moche! Je vais donc m'écouter les deux CD du concert à Bercy! Mais d'abord, voici ce que j'ai trouvé tout à l'heure, en feuilletant Comment j'ai usiné ma treizième défloration :

"31 septembre 2000

Aujourd'hui j'ai appris :

-que la première Harley Davidson a été créée à Milwaukee en 1901 avec un moteur français de Dion Bouton...

-que le sexe et la mort chassent sur le même terrain...

-que les deux grands drames du monde futur sont la surpopulation et le féminisme...

-qu'Edward Munch se prononce en fait Moenk...

-que la musique devient bonne quand le métronome commence à swinguer..." (...)

Et moi, qu'ai-je appris aujourd'hui?

-qu'en 1974, Romain Gary avait écrit un très beau texte sur la nécessité d'agir pour sauver la planète. "Menacée par nous, la nature ne manquera pas de riposter sans se soucier davantage de Michel-Ange, de Shakespeare ou de Mozart que des jonquilles", prophétisait-il. Aïe, "terre, terre, terre, dans quel état t'erres?"

-ben c'est tout! Voilà qui n'est pas bésef, mais la journée n'est pas encore finie! Et vous, qu'avez-vous appris aujourd'hui? La date à laquelle sortira enfin le DVD "Scandale mélancolique tour", peut-être?! Non, vous non plus, toujours rien de ce côté-là?!

01/01/2007

Bonne année!!

Voici de jolis vœux, écrits par René Barjavel, le 2 janvier 1972 :

 

Bonne année, bonne année, bonne année !... Je vous la souhaite bonne et heureuse, argent, bonheur, amour, fleurs et papillons, beaujolais frais – mais sans excès – et contractuels en grève. Et surtout la santé, c’est le principal, tout le monde le sait. Quand le « bâtiment » va, tout va. Alors vogue la galère encore pour un an. Que l’année vous soit tiède et douce comme un sein de nourrice, à vous et à moi aussi, et aux autres également.

Il y a un an, deux ans, trois ans – je n’irai pas plus loin de peur de nous faire peur – nous avons formulé et reçu les mêmes souhaits, avec la même naïveté qui fait que sans y croire vraiment nous ne sommes pas non plus tout à fait sceptiques. Nous avons besoin de ce relais, de cette interruption dans le temps et la destinée, de cette foi dans la possibilité de changer nos chances comme on met des draps frais à un lit pour s’y trouver plus à l’aise dans l’amour et le sommeil. Ceux de l’an passé ont duré douze mois, c’est beaucoup, c’est désastreux, ils sentent la grippe et la pollution, ils ont perdu leurs couleurs et pris le gris de la crasse universelle, nous les avons usés des genoux, des coudes et des fesses, nous les avons mordus de douleur, nous y avons essuyé nos sueurs et nos larmes, ils ont reçu tous nos déchets, regrets, déceptions, hargnes, ratages, ils sont devenus serpillières, poubelles. Rejetons-les sans les regarder davantage… A la fosse ! au trou ! au passé !... Vivent les draps nouveaux ! C’est la saison du blanc, le blanc est en couleur, à l’espoir l’an neuf ! et à la joie ! Bonne année, bonne année, bonne année !...

Permettez-moi de vous souhaiter d’abord le printemps… Au plein cœur de l’hiver, c’est le temps de penser à lui.

Il viendra, dites-vous, il viendra de toute façon ? Eh ! qu’en savons-nous ? Nous sommes bien osés d’affirmer la répétition inévitable du miracle, et que fatalement la neige fondra. Soyons un peu craintifs : ce sera si merveilleux de voir pointer la pâquerette si nous avons eu la fraîcheur d’âme de penser qu’elle pourrait rester en terre, et d’en trembler. Et de croire qu’elle est venue parce que nous l’avons appelée, et qu’elle nous aime… Nos ancêtres ont cru nécessaire d’inventer la joie de Noël parce que c’était le jour de l’année où le soleil était le plus loin d’eux. Allait-il continuer de s’éloigner, jour après jour, jusqu’au bout de la nuit ? Pour le retenir, ce soir-là, ils ont fait naître le dieu de l’espoir, et allumé, aux flancs des arbres qui restent verts malgré l’hiver, des millions de lumières minuscules qui lançaient leur appel vers la grande lumière vagabonde. Nos ancêtres avaient raison. Nous devons aider le monde. Nous croyons savoir comment le soleil tourne et se font les saisons. Mais il est bien certain que nous ne savons pas pourquoi. Et si les raisons de ce qui est changeaient, tout à coup ? Nos grands savants ont établi ce qu’ils nomment des lois : ce ne sont que des constats d’habitudes. Loi de la gravitation, signée Newton : si vous le lâchez, le caillou tombe. Il en est ainsi depuis des milliards d’années. C’est la loi…

Et si demain, quand vous ouvrirez la main, le caillou s’envole ?... Des milliards d’années, c’est le temps d’un saut de puce. Chaque jour un saut différent peut commencer…

Croyez-moi, il vaut mieux n’être trop sûr de rien, et aider le printemps. Je vous le souhaite, souhaitez-le aussi, et pensons à lui. Il a peut-être, pour éclore, besoin de notre désir.

Ne négligeons pas pour autant l’hiver. La rude saison ne nourrit plus de vent les loups, mais elle continue de mordre. Ses jours pourtant sont nos jours, et nous n’en avons aucun de trop. Nous en laissons tant glisser de nos mains sans leur prêter attention, entre le premier et le dernier de l’an… Pour la raison qu’ils sont malchanceux ou simplement ordinaires. Mais un jour est un jour, et chaque jour plus rare que celui qui l’a précédé. Espérons le printemps, mais ne souhaitons pas que l’hiver se hâte de finir. C’est une saison de notre vie…

(…)

Je vous souhaite, si vous ne l’êtes pas, que vous deveniez amoureux ou amoureuse, et si vous l’êtes déjà, que vous le restiez au moins jusqu’au 31 décembre. C’est la meilleure façon d’être heureux ou malheureux. Et si l’on aime vraiment l’autre pour l’autre et non pour soi, on n’a aucune raison d’être malheureux. A moins que l’autre le soit. Il n’y a qu’une chose insupportable : c’est la souffrance de ceux qu’on aime. De tout le reste on peut s’accommoder. Et avec l’amour on peut donner à toutes les ombres de la vie la couleur du soleil.

31/12/2006

Romain Gary

Une fois de plus, je vais citer Chorus n°26! Voici ce que disait Thiéfaine à propos de Gary, dans le chapitre intitulé "Céline, Dylan, Ferré et les autres" :

"A la même époque, en complément de Céline, j'ai lu Romain Gary. J'ai adoré son humour chaleureux, de la même manière que j'avais adoré le cynisme de Céline. La preuve qu'on peut aimer deux personnages aussi éloignés l'un de l'autre".

Ah mais oui que l'on peut! Et comment!

Voici un peu de Romain Gary dans ce monde de brutes :

"J'en avais la chair de poule. Quand il vous arrive quelque chose de tellement bon que ça ne s'est jamais vu, sauf peut-être dans les temps légendaires, il faut se méfier, car on ne peut pas savoir ce que ça cache".

 

"Tous les soirs à sept heures j'allais attendre Aline rue Ménil. Elle me souriait toujours en passant, comme ça, amicalement. Et puis brusquement elle a cessé de me sourire et passait à côté, le regard tout droit devant elle, comme si elle ne me voyait pas. C'était bon signe, ça voulait dire que maintenant elle faisait vraiment attention à moi. Je ne voulais pas la draguer, je laissais grandir. C'est toujours bon d'avoir quelque chose qu'on peut imaginer. Il est vrai que des fois ça monte trop haut et après on se casse la gueule. Moi j'ai souvent remarqué qu'il y a quelque chose avec la réalité qui n'est pas encore au point".

 

"Il dit que la mortalité est un truc sans issue et que c'est pas la peine. Ce n'est pas vrai. Je n'y pense pas tout le temps, au contraire, c'est la mortalité qui pense à moi tout le temps".

 

"Quand on aime comme on respire, ils prennent tous ça pour une maladie respiratoire".

 

"C'est vrai que la sensibilité chez moi est l'ennemi du genre humain, si on pouvait s'en débarrasser, on serait enfin tranquille".

 

"J'ai toujours voulu être un salaud qui s'en fout sur toute la ligne et quand vous n'êtes pas un salaud c'est là que vous vous sentez un salaud, parce que les vrais salauds ne sentent rien du tout. Ce qui fait que la seule façon de ne pas se sentir un salaud c'est d'être un salaud".

 

"Si on commence à chercher tout ce qui manque... Il faut se limiter, parce qu'on ne peut pas manquer de tout à la fois".

 

"Et quand tu es heureux, mais alors ce qu'on appelle heureux, tu as encore plus peur parce que tu n'as pas l'habitude" (tiens, tiens, cela me rappelle les paroles de quelqu'un!!).

 

"Le stoïcisme, c'est quand on a tellement peur de tout perdre qu'on perd tout exprès, pour ne plus avoir peur".

"Je crois que ce n'est pas seulement la vieille clocharde, c'est tout le monde qui pousse devant lui un tandem vide".

 

"Tu devrais te laisser les cheveux encore plus longs. Pour qu'il y ait plus de toi".

 

"Il y a des temps, des époques où il ne faut pas être trop exigeant et savoir gré aux gens de ce qu'ils ne font pas contre vous".

 

"Chuck dit que c'est ainsi que le monde a été créé, que la Connerie soit et le monde fut, mais ce sont là des vues de l'esprit et moi je pense qu'il y a eu plutôt quelqu'un qui s'amusait sans penser à mal et c'est sorti comme ça, un gag qui a pris corps".

 

"J'ai fermé les yeux et j'ai presque prié. J'ai dit presque, parce que je ne l'ai pas fait, je suis cinéphile mais pas à ce point".

 

"J'étais claqué, j'avais envie de me lever et de tout changer, de prendre les choses en main et de sauver le monde, du début jusqu'à la fin, en réparant tout depuis le début qui a été mal fait jusqu'à présent et qui n'a pas été sans causer des torts, et de revoir tout ça en détail, en bricolant des améliorations, de revoir tout en détail, tous les douze volumes de l'Histoire universelle et de les sauver tous jusqu'au dernier des goélands".

 

"Comme quoi parfois tout finit bien. Je le dis vite en passant, car lorsque les choses s'arrangent, j'en ai de l'angoisse, je me demande toujours ce que l'avenir a en tête".

 

"Des fois, la pire des choses qui peut arriver aux questions, c'est la réponse".

 

Tous les passages cités sont extraits du magnifique roman L'angoisse du roi Salomon. En les tapant, je me suis dit, à propos de certains : "Ouh, celui-là, il sent la redite, je l'ai déjà mis sur le blog"! Je suis désolée, mais quand on aime Romain Gary comme j'aime Romain Gary, on ne compte pas!!!!

29/12/2006

Femme de Loth

j’écoute siffler le vent à 11500 mètres

pendant que ma voisine clignote sur mon vu-mètre

et j’imagine son cri, ses crimes et ses dentelles

moi qui m’croyais gazé v’là que j’déconne pour elle

 

météo-sex-appeal en matant la dérive

du Sèvres-Babylone correspondance Ninive

et je change à Sodome, à Gomorrhe j’ouvre un pack

avant de me tirer de c’putain d’Eden-park

ne te retourne pas (2)

 

j’ai ma bombe à étrons et j’ai mes droits de l’homme

et j’ai ma panoplie de pantin déglingué

et j’ai ces voix débiles qui m’gueulent dans l’hygiaphone

ne vous retournez pas la facture est salée

 

ne te retourne pas, lady…prends tes distances

la terre joue au bingo sa crise d’adolescence (2)

 

nous sommes les naufragés dans cet avion-taxi

avec nos yeux perdus vers d’autres galaxies

nous rêvons d’ascenseurs au bout d’un arc-en-ciel

où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil

ne te retourne pas

 

 

 

Ouah ! Avec la dernière strophe, c’est le décollage, non ?! J’adore cette chanson !

Je me rends compte aujourd’hui que je n’ai peut-être pas avoué, quand on faisait le « jeu des erreurs », que j’ai longtemps compris « mémé au sex-appeal » au lieu de « météo-sex-appeal ». Et pourquoi pas, après tout ? Il existe des mémés très bien conservées, non ?!!

 

 

Voici à présent le passage de la Bible dans lequel il est question de Lot (ou Loth : les deux orthographes sont possibles) et de sa femme :

 

Destruction de Sodome

Vers le soir, les deux anges arrivèrent à Sodome. Lot était assis à la porte de la ville. En les voyant, il se leva pour aller à leur rencontre et se prosterna le visage contre terre : « Messeigneurs, leur dit-il, je vous en prie, venez chez votre serviteur pour y passer la nuit, et vous laver les pieds. Demain matin, vous poursuivrez votre route. » - « Non, répondirent-ils, nous passerons la nuit sur place ».

Mais Lot les pressa tant qu’ils vinrent chez lui et entrèrent dans la maison. Il leur prépara un festin, fit cuire des pains sans levain, et ils mangèrent.

Ils n’étaient pas encore couchés que les hommes de la ville, les hommes de Sodome, s’attroupèrent autour de la maison, depuis les jeunes gens jusqu’aux vieillards, toute la population. Ils appelèrent Lot : « Où sont, lui dirent-ils, les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? Amène-les-nous, pour que nous les connaissions. » Lot sortit vers eux sur le seuil de sa maison, et, fermant la porte derrière lui, il leur dit : « Je vous en prie, mes frères, ne commettez pas ce crime. Ecoutez, j’ai deux filles encore vierges. Je vais vous les amener, et vous leur ferez ce que vous voudrez. Mais ne faites rien à ces hommes, puisqu’ils sont venus s’abriter sous mon toit. » Ils répondirent : « Ote-toi de là ! » en ajoutant : « Voilà un individu qui n’est qu’un étranger chez nous, et il veut faire le juge ! Eh bien, nous t’en ferons voir plus qu’à eux. » Et, repoussant Lot avec violence, ils s’avancèrent pour enfoncer la porte. Mais les deux voyageurs étendirent la main et, faisant rentrer Lot dans la maison, ils refermèrent la porte. Ils frappèrent d’aveuglement les gens qui étaient au seuil de la maison, jeunes et vieux, qui s’efforcèrent en vain de trouver la porte.

Les deux hommes dirent à Lot : « Qui as-tu encore ici ? Gendres, fils et filles, tout ce qui est ton parent dans la ville, fais-les sortir de ce lieu. Car nous allons détruire cet endroit, parce que le cri qui s’élève de ses habitants est énorme devant le Seigneur, et que le Seigneur nous a envoyés pour les anéantir. Lot sortit pour parler à ses gendres, qui avaient épousé ses filles : « Levez-vous, leur dit-il, sortez d’ici ; car le Seigneur va détruire la ville. » Mais ses gendres s’imaginèrent qu’il plaisantait. Au lever de l’aurore, les anges pressèrent Lot en lui disant : « Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui sont chez toi, afin de ne pas périr dans le châtiment de la ville. » Comme il tardait, ces hommes le saisirent par la main, lui, sa femme et ses deux filles, parce que le Seigneur voulait les épargner, et l’entraînèrent hors de la ville.
Lorsqu’ils les eurent fait sortir, un des anges dit : « Sauve-toi, si tu veux garder ta vie. Ne regarde pas en arrière, ne t’arrête nulle part dans la plaine ; fuis vers la montagne, sinon tu périras. » Lot leur dit : « Oh ! non, Seigneur ! Votre serviteur a déjà trouvé grâce à vos yeux et vous faites acte de grande bonté à mon égard en me conservant la vie ; mais je ne puis me sauver à la montagne, car le fléau m’atteindrait auparavant et je périrais. Voici une ville assez proche pour pouvoir m’y abriter. C’est une petite bourgade, je m’y réfugierai. Permettez que je le fasse – elle est si petite – et j’aurai la vie sauve. » Il lui dit : « Je t’accorde encore cette faveur, de ne pas détruire la ville dont tu parles. Hâte-toi de t’y réfugier, car je ne puis rien faire avant que tu y sois arrivé. » C’est pour cela qu’on a nommé cette ville Ségor.

Le soleil se levait sur la terre quand Lot entra dans Ségor. Alors le Seigneur fit tomber sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu, venant du Seigneur, du ciel. Il anéantit ces villes et toute la plaine ainsi que tous les habitants des villes et la végétation du sol. La femme de Lot, qui avait regardé en arrière, devint une colonne de sel.

 

 

 

On comprend bien pourquoi, dans la chanson de Thiéfaine, il est question d’une « facture salée » ! Décidément, l’irrémédiable le fascine, entre ça et Eurydice !!

 

 

Pour finir, ces mots de Paul FORT : "Et j'la r'verrai plus. Elle est des villages. Le bon Dieu, comme ça, y veut des rencontres, y fait des amours, et puis y vous lâche. C'est le p'tit Jésus qui s'fout du monde".

28/12/2006

Thiéfaine et "le monde allemand"

Toujours dans Chorus n°26 (hiver 1998-1999), Thiéfaine évoquait ses goûts littéraires en long, en large et en travers, ce qui m'a donné envie de creuser et m'a permis de découvrir, par exemple, Bukowski. Et Kerouac il y a quelques mois. Hubert cite également Crumley et Jim Harrison. Crumley, jamais entendu parler! Jim Harrison, je ne connais que de nom. Si l'un de vous a déjà lu ces auteurs, qu'il n'hésite pas à me conseiller des titres!

Et puis, dans cet interview, il y a un passage qui me chavire évidemment plus que tous les autres : "Dans le monde allemand, aussi, il y en a qui me parlent. Comme les romantiques. Hölderlin, Heine et surtout Goethe, auquel j'ai emprunté un passage dans l'album Météo für Nada". 

Voilà qui m'autorise à vous servir de nouveau un peu de littérature allemande sur ce blogos!! Un petit Goethe, cela vous dit?! Voilà un auteur que j'ai découvert tardivement. Je crois qu'il m'a toujours effrayée par son côté monumental. Et puis, il y a quelques années, son West-östlicher Divan était au programme de l'agrégation. Je me suis soudain amourachée de l'homme vieillissant, toujours aussi disposé, pourtant, à étreindre la vie. Voici donc :

DREISTIGKEIT

Worauf kommt es überall an

Dass der Mensch gesundet?

Jeder höret gern den Schall an

Der zum Ton sich rundet.

 

Alles weg was deinen Lauf stört!

Nur kein düster Streben!

Eh er singt und eh er aufhört

Muss der Dichter leben.

 

Und so mag des Lebens Erzklang

Durch die Seele dröhnen!

Fühlt der Dichter sich das Herz bang

Wird sich selbst versöhnen.

 

Ce qui donne en français (dans la traduction d'Henri Lichtenberger) :

VOEU AUDACIEUX

Qu'est-ce qui fait qu'en tout lieu,

Chacun se sente heureux

Et que chacun prête l'oreille

Quand les mots s'ordonnent en harmonie?

 

Arrière, ce qui gêne ta course!

Pas de tristesse ni de deuil!

Avant d'ouvrir son chant, avant de le cesser,

Il faut que le poète vive.

 

Et qu'ainsi la corde d'airain de la vie

Fasse vibrer ton âme!

Si le poète sent son coeur angoissé,

Il trouvera de lui-même l'apaisement.

 

 

Et, pour finir, cette phrase d'Anaïs Nin :

"Je marche au-devant de moi-même dans l'attente perpétuelle d'un miracle".

 

Deux ou trois bricoles

La pensée du jour : "Dans les interviews, je suis souvent embarrassé, parce que j'ai des attitudes diverses et contradictoires. Je peux me coucher à 5 heures du matin, ou me lever à 5 heures du matin. Je peux avoir un besoin intense de la ville et par ailleurs habiter à la campagne - et m'en trouver bien; être quelqu'un de très poli, d'hypocrite même, et vivre mon côté sauvage, inconscient; être idéaliste et en même temps avoir envie de me vautrer dans le sordide", Hubert-Félix THIEFAINE (Hubert-Félix Thiéfaine, Pascale Bigot).

 

A la page 61 de ce livre, je tombe ce matin sur ce passage : "Dans Météo für Nada, on voit un cap'tain M'achab en mal de Moby Dick, un Corto Maltese à la poursuite de graals perdus". Ah, la piste que j'ai évoquée dernièrement sur le "Petit Hubert illustré" ne serait peut-être pas fausse. Je me disais que cette histoire de "cap'tain M'achab" était peut-être une allusion au capitaine Achab. Pour plus d'informations, allez là :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Moby_Dick

Soph, si tu passes par le cabaret un de ces quatre matins, dis-moi ce que tu penses du CD de Jamait!!!