15/11/2006
Jour J moins deux!!!!
La pensée du jour : "Les dieux païens nous guettent installés sur l'Olympe de nos tripes. Notre vie n'est peut-être que le divertissement de quelqu'un", Romain GARY.
Aimez-vous Desnos? Evadné, je te vois bien adorer ce poète, mais je n'en suis pas sûre non plus! Merci pour le magnifique poème de René Char posté ici dernièrement. Aux heures de blues, rien de tel qu'un peu de poésie!
Voici : J'AI TANT REVE DE TOI
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
Robert DESNOS
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Mes amis, plus que deux jours! Haut les coeurs, à bas ma déprime à la gomme! Dans quelques heures, on emmerdera la terre entière et on se sentira tellement forts que, par la pensée, on tuera tous les affreux! Et même qu'on ira cracher sur leurs tombes!!
Et vous, comment vous sentez-vous à la presque-veille du grand jour?!!
15:57 | Lien permanent | Commentaires (6)
14/11/2006
Je voudrais pas crever
Allez, on va se le faire quand même, ce joli poème, cela nous fera oublier la lourde grisaille quotidienne, ce vieux truc infâme qui nous pèse sur les épaules et qui fait la vie sans surprise, sans contours et sans épaisseur... Un machin tout visqueux, tout merdique, tout pourri...
Je voudrais pas crever
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algue
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
Boris VIAN
21:50 | Lien permanent | Commentaires (7)
Jour J moins trois (bis!)
La pensée du jour : "Et pourquoi faut-il que nos vies soient immanquablement jalonnées par ces pertes dont nous ne finissons jamais de porter le deuil?", Charles JULIET.
Ce matin, en partant bosser, j'étais carrément d'humeur festive et sifflotante! Je m'écoutais gentiment mon "Scandale mélancolique" et me disais que vendredi serait une chouette journée, avec le concert comme point d'orgue. Et j'étais impatiente de rencontrer enfin tous les visiteurs du blog, impatiente de revoir JPA. Bref, tranquille. Mais quelques heures passées dans la réalité de mon collège m'ont fait la tête comme une pendule. Eh oui, Ségo, c'est ça aussi, le quotidien d'un prof : l'enthousiasme coupé à la racine en deux coups de cuillère à pot...
Revenons-en à la belle humeur de ce matin : j'avais envie de vous balancer ici même un joli poème de Boris Vian, "Je voudrais pas crever", auquel je pense à chaque fois que doit se produire un grand truc, comme la sortie d'un album du père Hub' ou un concert au Zénith, par exemple... Oui, vraiment, la journée avait bien commencé...
20:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Jour J moins trois!
Puisque cette saloperie de blog m'a éjecté tous mes commentaires ce soir, je vais le contraindre à m'écouter quand même car je n'ai pas fini ma crise de Calgon!
Merci à Evadné, Daniel et Tommie, pour vos réactions qui font chaud au coeur.
Je voulais simplement dire que je veux bien bâtir l'école de demain, mais qu'on ne me tape pas sur les mains! Je vais te dire, Ségo, on ne t'a pas attendue, toi et tes discours oiseux, pour prendre le taureau par les cornes! Le mammouth a de la ressource, faut pas croire! Moi, le mardi, j'ai un créneau libre en même temps que certains élèves et je fais du soutien. Si! Et sais-tu ce que je demande en échange? Rien, pas un kopeck, je rase gratis! Ma récompense, c'est un joli sourire épanoui, un petit mot du style "ouah, madame, j'ai compris", trois points de plus à l'interro! Non, mais pour qui nous prends-tu?!
Quand j'étais gamine, je criais déjà sur tous les toits que plus tard, je voulais faire maîtresse! Quand j'ai eu la joie d'aller à l'école primaire, j'ai découvert, avec une jubilation sans nom, les dictées, les rouages de la langue française, etc.! Le mercredi, chez mes grands-parents, c'était école pour tout le monde! Je faisais ma dictée avec autorité. Et si la grand-mère me faisait l'affront d'évoquer dans ces moments-là sa soupe qui allait cramer, je te la tançais vertement, crois-moi! Alors, comme vocation, ça se pose là, non?! Moi, depuis le temps que j'enseigne, tu imagines, je devrais partir en retraite à 40 piges!!! J'ai commencé à huit ans et ce n'est pas une bourge de ton espèce qui va me faire rougir d'exercer ce que je veux encore appeler le plus beau métier du monde! Va donc rejoindre tes amis au café du commerce. Doivent être contents, là-bas, tous ces boeufs, de t'entendre pérorer dans leur sens!
01:08 | Lien permanent | Commentaires (4)
13/11/2006
Jour J moins quatre!!!
La pensée du jour : "Le devoir de l'art est de fracasser les consciences", Louis CALAFERTE.
Au concert de Béthune, je crois, Thiéfaine disait que si, en 2007, il fallait choisir entre Ségolène et Sarkozy, il se barrerait en Suisse. Mais nous, qui faisons partie du bataillon des pauvres cloportes, où irons-nous?!! Ségolène, c'est facile d'aller casser du sucre sur le dos des enseignants. Au moins, là, tu sais que tu vas dans le sens de la majorité qui nous prend pour un gros mammouth à dégraisser! Mais allez donc tous passer le Capes ou l'agreg! Coltinez-vous les oeuvres kilométriques et arides qui sont au programme de ces concours! Et, surtout, allez tenter d'éduquer les gamins des autres, ces mal léchés que même la mère la plus aimante ne supporte pas trois heures de suite! Et nous, nous devons nous en farcir comme ça par classes entières, des beuglants au regard bovin qui te piétinent la belle langue allemande, qui salissent tout sur leur passage! Petite précision, Ségo : un enseignant certifié fait 18 heures de cours par semaine, et non 17. D'aucuns objecteront qu'à ce niveau, la différence n'est pas de taille. Peut-être, mais quand on avance des choses en public, mieux vaut se renseigner au préalable. Autre petite précision, qui en fera bisquer plus d'un : un enseignant agrégé ne fait que 15 heures de cours par semaine! Mais, pour en arriver là, il s'est tapé je ne sais combien de pages de tel auteur qui s'est "bien gratté le cerveau pour être incompréhensible" (il me semble que je suis en train de citer Cohen, là!), il se sera fait infantiliser par un jury qui l'aura malmené, aura bâillé pendant sa prestation, et ce à seule fin de le déstabiliser, et j'en passe! Alors, les gros malins, mais allez donc vous engouffrer dans les concours de l'Education nationale! Et allez vous cogner les gamins des autres, qui vous répondent comme si vous étiez vous-même un chien sans éducation, etc.!
Permettez-moi ce soir de plagier Artaud s'adressant à un certain législateur et de dire : "Madame Ségolène Royal, tu es une conne". Je commence à en avoir plus que marre de devoir dire du bout des lèvres que je suis prof! Mince alors! Je n'ai rien volé à personne, je ne pense pas avoir à rougir de ma fiche de salaire! Quand je rentre, comme ce soir, les neurones ravagés par des imbéciles, je pense franchement que mon repos est bien mérité! Et encore, après le boulot, c'est encore le boulot, et ce n'est qu'à 21 heures que j'ai enfin pu passer à autre chose ce soir! Le film de 20h45 à la télé, ce n'est jamais pour moi! En même temps, je m'en contrebalance, je n'aime pas la télé! Le soir, quand je rentre, j'ai besoin de silence, ce silence auquel on n'a pour ainsi dire jamais droit quand on est dans l'enseignement! Le doux silence apaisant des livres, ce silence dont on est à des lieues lorsque l'on traverse une cour de récréation... Quand j'ai commencé dans ce métier, j'avais eu le malheur de dire à un principal que je trouvais que 18 heures, c'était peu. Il m'avait rétorqué : "Nul n'est payé à ne rien faire dans la société. Les 18 heures, vous comprendrez vite pourquoi elles ne sont que 18. Humainement, il est impossible de faire 35 heures d'enseignement". A bon entendeur, salut! Et désolée si je m'égare parfois, mais il y en a marre! C'était mon coup de gueule du lundi soir! Et si vous pensez, vous aussi, comme les trois quarts des couillons, que mon métier est un joli p'tit boulot de glandu, du vent, du balai, de l'air, je ne pense pas que vous ayez quoi que ce soit à faire ici! A bon entendeur, salut (bis)!!
21:40 | Lien permanent | Commentaires (4)
12/11/2006
Jour J moins 5!!!
La pensée du jour : "L'impossible nous ne l'atteignons pas. Il nous sert de lanterne", René CHAR.
A propos de René Char, justement ... En relisant ces mots, je me suis dit : "tiens, au fait, si tu relisais quelques poèmes de ce monsieur!". Et voilà que je tombe sur un titre qui m'explique enfin le mystère Evadné! Depuis longtemps, je me demandais à quoi faisait référence ce joli pseudo. Evadné, j'espère que tu ne m'en voudras pas quand tu découvriras ce poème sur mon blog!
EVADNE
L'été et notre vie étions d'un seul tenant
La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante
Avidité et contrainte s'étaient réconciliées
Le château de Maubec s'enfonçait dans l'argile
Bientôt s'effondrerait le roulis de sa lyre
La violence des plantes nous faisait vaciller
Un corbeau rameur sombre déviant de l'escadre
Sur le muet silex de midi écartelé
Accompagnait notre entente aux mouvements tendres
La faucille partout devait se reposer
Notre rareté commençait un règne
(Le vent insomnieux qui nous ride la paupière
En tournant chaque nuit la page consentie
Veut que chaque part de toi que je retienne
Soit étendue à un pays d'âge affamé et de larmier géant)
C'était au début d'adorables années
La terre nous aimait un peu je me souviens.
Du coup, je comprends aussi "Notre rareté commençait un règne"! Et il me semble, Evadné, que tu as mis un jour ce poème sur "Fragments d'Hubert". Je le trouve tout simplement sublime!
Bon, jour J moins 5, mesdames et messieurs! Je commence à sentir les scolopendres me grimper sur l'estomac. Dès que je pense à ce qui nous attend et à ce que nous attendons avec tant d'impatience, ça danse là-dedans! Je crois que mon amoureux et moi allons jusqu'au bout dire "au diable l'avarice" et nous payer un week-end complet à Paris! Avez-vous peut-être entendu parler d'expos susceptibles de nous intéresser?! J'ai la flemme de chercher!!
21:59 | Lien permanent | Commentaires (4)
11/11/2006
Chansonnette
La pensée du jour : "Mieux on connaît les exigences de son domaine, moins on se croit capable de les remplir", Giacomo LEOPARDI.
Ce soir, je vous propose d'entonner une chansonnette en compagnie de Paul FORT, poète que j'adore. Mais d'abord, je voudrais dire :
a) Jour J moins six!!!! Cela se précise. Et quand j'y pense, ça y est, il se passe un truc dans mon estomac! Quand je disais qu'un concert de Thiéfaine, c'était comme un rendez-vous d'amour...
b) Pour répondre à JPADPS : je pense que les portables devraient passer. Et, douée et opiniâtre comme tu es, tu sauras te frayer un chemin dans la foule en délire!
c) Suricate, je pense à toi et à la p'tite frangine à qui tu tentes de remonter le moral... La p'tite frangine en question est-elle bien sûre qu'elle ne veut pas aller voir cousin Hub' vendredi soir? On peut faire des rencontres de tous types (et du troisième aussi!) à ces concerts-là!
d) Je reviens à JPADPS : de toute façon, quoi qu'il arrive, on s'appelle après le concert! Mais prépare-toi : je vais te pleurer dans le gilet car la fête sera finie pour de bon cette fois...
e) Affectueuse pensée à tous ceux à qui je n'ai pas donné signe de vie depuis quelque temps. Je reçois vos messages, mais je n'ai sorti la tête de l'eau que ce soir! Enfin, je ne suis plus malade!
Allez, maintenant, la petite chansonnette du père Fort!
"On s'aime, on se ment.
On s'aime en serment.
On s'aime en s'aimant.
On s'aime en sarment.
On s'aime en semant.
Ensemencement".
22:38 | Lien permanent | Commentaires (5)
10/11/2006
Jour J moins sept!
La pensée du jour : "Pour écrire, il faut la mort devant soi et être à même de pouvoir contempler son désastre", Yves SIMON.
Il me semble que c'est ce soir que Thiéfaine joue à La Réunion. En cette période de chikungunya, pensons à lui!!!
Mes amis, dans une semaine tout pile, le concert du siècle battra son plein! Dommage pour tous ceux qui vont manquer ça! Mais nous, nous les chanceux, réjouissons-nous! La miss JPA sera de la partie aussi, je suis folle de joie! Il ne me reste plus qu'à espérer que ma saleté d'infection ne m'aura pas trop mise à plat... Le médecin m'a prescrit un traitement de cheval (écorché), cela devrait me remettre d'aplomb. Il le faut!
Un petit poème de Paul Fort ce soir :
LA CORDE
Pourquoi renouer l'amourette? C'est-y bien la peine d'aimer? Le câble est cassé, fillette. C'est-y toi qu'as trop tiré?
C'est-y moi? C'est-y un autre? C'est-y l'bon Dieu des chrétiens? Il est cassé; c'est la faute à personne, on le sait bien.
L'amour, ça passe dans tant d'coeurs, c'est une corde à tant d'vaisseaux, et ça passe dans tant d'anneaux, à qui la faute si ça s'use?
Y a trop d'amoureux sur terre, à tirer sur le même péché. C'est-y la faute à l'amour si sa corde est si usée?
Pourquoi renouer l'amourette? C'est-y bien la peine d'aimer? Le câble est cassé, fillette, et c'est toi qu'as trop tiré.
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