27/09/2006
"Histoire du soldat" (de Stravinsky, sur un livret de Ramuz)
La pensée du jour : "Je poursuis l'absolu. Comme il galope!", Louis SCUTENAIRE.
Tiens, sur le forum de Planète Thiéfaine, Droïde demandait comment avait été la prestation théâtrale d’Hubert dans « Histoire du soldat ». J’ai eu la chance d’assister à une des représentations de cette pièce et j’ai trouvé que l’ami Hubert était très bon dans ce rôle taillé pour lui (il était le diable !). D’ailleurs, je pense que Thiéfaine a vraiment ce que l’on appelle une gueule et que le théâtre aurait pu faire appel à lui plus souvent. Et, personnellement, je lui trouve un petit air de Mel Gibson (mais Hubert est cent fois plus beau !!). Bon, trêve de plaisanterie, voici un résumé de cette « Histoire du soldat » :
Première partie :
Un soldat, épuisé, rentre chez lui après la guerre. Il s’arrête et sort de son paquetage un petit violon que le Diable lui échange contre un livre censé contenir la réponse à toute question. Le soldat accepte de lui apprendre à jouer du violon. Au bout de ce que le soldat croit être trois jours, il rentre chez lui. Mais trois années se sont écoulées. Au village, tous le prennent pour un fantôme. Le soldat comprend qui était le vieillard ; il veut le tuer, mais celui-ci lui rappelle qu’il a échangé son violon contre un livre. Lisant ce livre, le soldat s’enrichit sans pour autant trouver le bonheur.
Deuxième partie :
Le soldat marche, au hasard. Apprenant que le roi donne la main de sa fille malade à qui la guérira, il tente sa chance. Le soldat joue aux cartes avec le Diable et regagne son violon. Il entre dans la chambre de la princesse et joue. Celle-ci s’éveille, se lève et se met à danser. Le soldat et la princesse s’embrassent et regagnent le village du soldat, où celui-ci retombe entre les mains du Diable.
Source : Quatre siècles d’opéra, Marie-Christine VILA (citée dans le livret fourni à l’entrée le jour de la représentation).
Justement, il y a peu, je repensais à cette histoire et me disais qu’il faudrait que je cite ici quelques passages de ce texte magnifique. Il faut d’abord que je me le procure ! Bientôt, bientôt…
Petite Suricate, ne t’affole pas, je reviens bientôt avec Nietzsche qui t’est cher !
Coucou à 655321 qui était à Dijon avec nous pour voir et entendre « Histoire du soldat ».
20:46 | Lien permanent | Commentaires (3)
24/09/2006
Petit jeu (pas que pour Petit-jour) : suite
Bon, toujours dans la famille « dérapages », ma moitié et moi en avons retrouvé des vertes et des pas mûres ! J’espère que monsieur viendra bientôt avouer ses hontes !!!
Dans « 113ème cigarette sans dormir », encore, je pensais qu’Hubert disait « s’il vous reste un pot d’margarine j’en aurai besoin pour ma gonade ». Ouais, carrément, un pot complet, pour sa gonade !!
A ma stupéfaction, j’apprends que dans « Cabaret Sainte Lilith », il ne s’agit pas de « cormorans », mais de « corbeaux rances » !
Ma grosse honte, c’est « La queue » !!! Oui, moi, « Bastille à Nation », quand j’étais jeune, très jeune, je croyais que ça s’écrivait en un mot. Des « bastianations » par devant, par derrière, j’imaginais un truc bien salace, une pratique sexuelle genre sado qui n’était pas encore arrivée dans ma rase campagne !!! Et, honte à moi une fois de plus, j’ai même cherché ce mot dans le dictionnaire !!! Et je ne comprends toujours pas pourquoi il n’existe pas !!!
Dans « Whiskeuses images again », je pensais que la mangeuse d’ordures avait le cul coincé dans le caniveau, chose tout à fait plausible, après tout !!!!
Je ne suis pas bien fière non plus de ma « mémé au sex-appeal » dans « Femme de Loth » !!!
Voilà, en vrac, les trucs qui me sont revenus ! Il y en a d’autres, mais je ne peux pas tous les répertorier, je fais un tri ! Certains pourront dire : « M’enfin, les CD sont vendus avec des livrets, on peut lire les textes ». Ben oui, mais non ! Finalement, écouter les chansons sans avoir forcément les paroles sous les yeux, cela ouvre l’imagination (cf. les « bastianations ») !!!
Au fait, je croyais jusqu’à ce soir que c’étaient les poules qui étaient en rut. Eh bien non, ce sont les poux !!!
23:20 | Lien permanent | Commentaires (6)
Petit jeu (pas que pour Petit-jour!)
En ce dimanche un peu maussade, vous aurez bien quelques minutes, même maigrelettes, à consacrer à mon petit jeu. C'est simple, dites-moi s'il vous est déjà arrivé de comprendre de traviole des paroles de Thiéfaine. Allez, cela peut être drôle et donner lieu, parfois, à des "réécritures" assez cocasses!
En ce qui me concerne, dans "Narcisse 81", j'ai longtemps cru qu'Hubert disait :
"Le futur te sniffe par le bout
Te plantant sur un long tréteau".
Ben, pourquoi pas?!
Et le refrain, donc! J'ai longtemps imaginé une sombre histoire d'inceste puisque pour moi, il était clair qu'il chantait :
"Y a des traces de pneu sur ton flipp
et ta p'tite soeur qui s'tape ton fils"!!!
Je dois en avoir d'autres du même tonneau, j'y réfléchirai encore! Et vous, vous en avez?!
12:28 | Lien permanent | Commentaires (40)
Vie de Nietzsche : première partie
La pensée du jour : "L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhumain - une corde par-dessus un abîme", NIETZSCHE (Ainsi parlait Zarathoustra).
Friedrich Wilhelm NIETZSCHE : né le 15 octobre 1844 (jour de la fête du roi Frédéric-Guillaume IV, d’où ses prénoms) à Roecken, en Prusse, et mort à Weimar le 25 août 1900. Nietzsche avait quatre ans lorsque son père mourut accidentellement, encore très jeune, et le souvenir de cette fin dramatique et prématurée sera pour lui déterminant, d’autant plus que la mort de son père sera suivie de celle de son jeune frère. Sa mère quittera avec lui Roecken pour Naumbourg-sur-Saale. A douze ans, il entra au collège de Pforta. A 17 ans, il décida de ne pas se faire pasteur et, à 18 ans, entra à l’Université de Bonn où il vécut isolé. En 1863, étudiant à l’Université de Leipzig, il fut bouleversé par la lecture du Monde comme volonté et comme représentation de Schopenhauer ; et il écrivit à sa sœur : « Que cherchons-nous ? Le repos, le bonheur ? Non, rien que la vérité, toute effrayante et mauvaise qu’elle puisse être… » A cette époque, il se lia avec Erwin Rohde qui demeura longtemps son meilleur ami. Il admirait Bismarck. Incorporé dans l’armée en 1867, il fut renvoyé chez lui après une chute de cheval. On lui demanda des études historiques pour une revue importante de Berlin. Mais il s’intéressait à tout, sauf à la politique. « Décidément, disait-il, je ne suis pas un animal politique ». Après la lecture de Schopenhauer, le deuxième événement important de sa jeunesse fut sa rencontre avec Wagner, pour lequel il avait la plus grande admiration. Aussi accepta-t-il, avant d’avoir obtenu tous ses diplômes, d’être nommé professeur de philologie grecque à Bâle (1868), ce qui lui permettait de voir plus facilement Wagner qui habitait Triebschen, sur le bord du lac des Quatre-Cantons, avec Cosima, la fille de Liszt, qu’il venait d’enlever et d’épouser. Nietzsche devint un assidu de leur maison et un ami intime.
En 1870, il consacra ses loisirs à l’étude des origines de la tragédie grecque. A l’annonce de la victoire allemande, il s’engagea et fut envoyé en France comme ambulancier, puis à Karlsruhe où il tomba malade. En 1871, il publia le résultat de ses travaux sous le titre : La Naissance de la tragédie ou hellénisme et pessimisme, sans obtenir de succès. Depuis Winckelmann, la critique classique ne reconnaissait qu’un aspect de l’art grec, celui qui symbolise Apollon, art fait de mesure et de pondération, qui est l’objet d’une contemplation sereine s’élevant au-dessus d’un monde condamné à la souffrance. Nietzsche lui oppose un autre aspect, symbolisé par Dionysos (Dieu de la Végétation, en particulier de la Vigne et du Vin) : c’est l’extase dans laquelle plonge la vue du vouloir-vivre universel, et qui permet d’échapper à la souffrance non pas en la niant, mais en niant sa cause qui est ce vouloir-vivre lui-même poussé à son point suprême. L’influence de Wagner, combinée avec celle de Schopenhauer, est prédominante alors, et durera même après que le premier se fut installé à Bayreuth grâce à l’amitié que lui portait le roi de Bavière, Louis II. Une première crise intellectuelle éclata pour Nietzsche lorsqu’il se détacha du pessimisme de Schopenhauer et de l’esthétisme de Wagner et qu’il commença à répudier l’art comme moyen d’évasion. C’est alors qu’il publia les premières Considérations inactuelles où l’histoire est dénoncée comme un poison pour l’être sain et joyeux de vivre. L’Université de Bâle lui ayant accordé un congé, il partit en Italie avec deux amis, et il y retrouva Wagner dont l’esprit était alors occupé par le sujet de Parsifal. Pour Nietzsche, cet opéra marque le point culminant de la dégénérescence européenne : la négation du vouloir-vivre n’est autre qu’une extinction de l’instinct vital. C’est l’idée qu’il développa dans Humain, trop humain (1878) et Le Voyageur et son ombre (1880). A ce moment, il lisait les moralistes français, surtout La Rochefoucauld, Chamfort, et aussi Pascal. Il admirait leur lucidité et leur amour de la vérité pour elle-même, leur rigueur et leur clarté. A partir de 1879, tombé malade, il abandonna sa chaire de philologie et commença une vie errante. Sa sœur l’emmena d’abord dans l’Engadine où il retourna chaque été, l’altitude lui était bienfaisante. Désormais, il sera toujours égrotant et forcé de vivre avec la pension de quatre mille francs par an que lui verse l’Université de Bâle. Les livres qu’il publiera n’auront aucun succès et ses amis l’abandonneront, excepté l’un d’eux, Peter Gast. Après un court séjour à Naumbourg dont le climat ne lui réussit pas, il décide de se rendre de nouveau en Italie, séduit cette fois par Venise où habitait Peter Gast. C’est dans cette atmosphère que naissent les aphorismes composant Aurore dont le sous-titre est alors : L’Ombre de Venise et dont le titre est emprunté à un passage des Védas : « Il y a beaucoup d’aurores qui n’ont pas encore lui » - passage lu par Nietzsche dans le livre d’Oldenberg sur Bouddha paru à l’époque. Nietzsche, après une nouvelle tentative de séjour à Naumbourg, passa l’hiver à Gênes où il vécut de la vie populaire. Son livre parut en 1881. A cette époque, il repartit pour l’Engadine et, au début d’août, y connut l’extase très singulière du Retour éternel.
Fin de la première partie, suite au prochain numéro !
Source : Dictionnaire des auteurs, déjà cité X fois ici !
Voici la maison où vécut Nietzsche à Naumbourg, ville magnifique que j'ai eu la chance de visiter quand j'habitais au fin fond de l'Allemagne de l'Est!!!
10:15 | Lien permanent | Commentaires (6)
23/09/2006
Les Cahiers de Cioran
La pensée du jour : "Organiser une expédition pour explorer le banal", Louis SCUTENAIRE.
Les Cahiers 1957-1972 de Cioran sont d’une grande beauté. La quatrième de couverture résume bien tout ce que l’on peut trouver dans ces écrits :
« Ces cahiers, que Cioran a tenus pendant quinze ans, ne constituent pas un journal relatant son existence quotidienne. En marge des livres qu’il a publiés à cette époque ou par la suite, ce sont d’abord des cahiers d’exercices où s’accumulent les notations les plus diverses : souvenirs de lectures ; impressions musicales ; portraits ou plutôt esquisses d’amis –dont les plus chers, Ionesco, Michaux, Beckett- et d’ennemis (protégés par l’anonymat) ; évocations de balades, fréquentes, dans Paris et à la campagne, d’où ce « philosophe de la rue » rapporte toujours quelque anecdote ou image frappante. Surtout, lui qui se qualifiait « l’homme le plus désoeuvré de Paris » s’abandonne ici librement à ses caprices et à ses obsessions. Ecartelé entre la nostalgie et l’effroi, tombant d’une bouffée de violence dans un accès de cafard, Cioran ne se lasse pas de réunir et d’affûter les attendus d’un impossible règlement de comptes avec l’univers tout entier et avec lui-même. Et, comme dans ses essais, ce « fanatique du pire » offre le paradoxe, savoureux pour ses lecteurs, d’un pessimisme radical s’exprimant dans un style vif, allègre et, pour tout dire, requinquant ».
Voici quelques minces extraits de ces 999 pages !
« La nuit circule dans mes veines ».
« J’appelle poésie ce qui vous frappe comme un couteau au cœur ».
« J’ai peint la terrasse, murs et grille, pendant quatre heures, durant lesquelles je n’ai pensé à rien. Autant de gagné ».
« La chose la plus nécessaire et la plus inconcevable est qu’un dieu ait pitié de nous ».
« Je me dis parfois : personne ne parle de toi. C’est comme si tu étais mort depuis longtemps.
Et puis j’ai honte de cette aigreur. Tout ce que j’ai à faire, c’est de continuer comme si de rien n’était – et de travailler pour mériter mon propre respect. Car ce n’est pas le mépris des autres, c’est le sien propre qui fait mal. Tant que je serai mal avec moi-même, les applaudissements des dieux eux-mêmes ne pourront me faire fléchir en ma faveur.
Il faut être bien avec soi, se conformer à l’idée qu’on s’était faite au départ de ses propres capacités et ne pas les trahir par veulerie, nonchalance et dégoût de soi ».
« La mélancolie ne serait-elle pas un signe de vieillissement précoce ? Si cela est vrai, je suis sénile depuis toujours ».
« Le cafard est universel. Même les poux doivent le connaître. Aucun moyen de s’en prémunir ».
« J’écrirai sur ma porte :
Toute visite est une agression.
ou
N’entrez pas, soyez charitable.
ou
Tout visage me dérange.
ou
Je n’y suis jamais.
ou
Maudit soit qui sonne.
ou
Je ne connais personne.
ou
Fou dangereux ».
« Qui êtes-vous ? Je suis l’homme que tout dérange. Je veux qu’on me laisse tranquille, qu’on ne s’occupe pas de moi, qu’on ne s’intéresse pas à moi. Je m’emploie à susciter à mon égard une incuriosité totale. Et cependant… »
« Chez moi, ‘l’horreur et l’extase de la vie’ sont absolument simultanées, une expérience de chaque instant ».
« Premier devoir de chacun, au lever : rougir de soi ».
10:02 | Lien permanent | Commentaires (2)
22/09/2006
Réponse au commentaire du Doc
Cher Doc,
Il y a quelques minutes, j'ai essayé de poster un commentaire kilométrique à la suite du tien. Et flûte, il a fichu le camp! Il va falloir que je fasse vite car je pars travailler bientôt.
Le commentaire que tu as posté il y a peu sur mon blog ne m'a pas blessée. En fait, sur le coup, j'ai eu l'impression que tu me disais qu'en gros, je m'étais aventurée sur un terrain que je ne connaissais pas. Je me suis comme sentie prise en flagrant délit d'ignorance. Je déteste parler de ce que je ne connais pas (pourtant, la mélancolie, je pensais en connaître un rayon!) et me suis dit, à la réflexion, que je t'avais peut-être heurté en traitant à la légère un sujet qui n'a rien de léger... Je voulais d'ailleurs t'écrire pour te dire quelque chose du genre : "Ok, Doc, je suis peut-être allée trop loin, on efface tout". Et puis, le temps a filé et voilà. Et des malentendus se sont installés, ce qui est fort dommage. Car (et je suppose quand même que tu le sais) j'adore ta compagnie avant, pendant, après et en dehors des concerts d'Hubert. Quand tu me parles, je suis là à deux cent pour cent, car ton vécu m'intéresse (ce n'est pas du voyeurisme de bas étage, mais un réél intérêt pour ta personne).
Quant aux raisons qui auraient pu me pousser à arrêter ce blog, elles sont multiples et variées : déjà, lorsque je fais quelque chose, j'ai toujours l'impression d'être nullissime et me plonge dans de longs questionnements. Je fais les choses avec passion, et cela ne va pas sans heurts en tous genres! Les visiteurs ne manquent pas sur ce blog, les statistiques me le prouvent, mais beaucoup de personnes se comportent en fantômes, pensant peut-être qu'elles n'ont pas leur mot à dire ici, je ne sais pas au juste. C'est leur droit, après tout, mais je dois dire au passage qu'un commentaire fait toujours du bien. C'est comme lorsque quelqu'un acquiesce au cours d'une conversation. Un petit hochement de tête, quoi, qui montre qu'on est là! Mais enfin, libre à chacun de se taire ou de s'exprimer. Simplement, au départ, je souhaitais que ce blog soit un lieu d'échanges...
Je t'embrasse, je dois filer.
Bises et bonne journée.
Qui eût cru qu'un jour je consacrerais une note au Doc?!!!!
11:14 | Lien permanent | Commentaires (11)
Les fastes de la solitude
Les pensées du jour : « Autopsychanalyse. La solitude est un laboratoire », René FALLET.
« Solitude
Salutaire
Pour l’étude
Solitaire », Bernard LORRAINE.
Et d’ailleurs, à ce propos, voici :
LES FASTES DE LA SOLITUDE
Les fleurs de rêve obscur sécrètent de noirs parfums
Dans la féerie marbrée des crépuscules forains
Théâtre d’harmonie panorama lunaire
Aux délicieuses lenteurs de cortège funéraire
Où les âmes nuageuses nimbées de sortilèges
S’évaporent dans l’ivresse glacée d’un ciel de neige
Banquises phosphorescentes et bleue mélancolie
Qui projette ses violons sur d’étranges rhapsodies
Aux étranges accords sous d’étranges latitudes
Qui te révèlent les fastes de la solitude
Les femmes-oiseaux perdues dans leurs sombres dimanches
Ont sorti leurs précieux colliers de souris blanches
Et dansent la sarabande frivole des courtisanes
A la mémoire d’amants noyés dans leurs arcanes
Odeurs de mandarine et rafales de cannelle
Mélodies cristallines et vapeurs d’arc-en-ciel
Là-bas sous un tilleul à l’ombre d’une fontaine
Notre dame de la nuit distribue l’oxygène
Et le septième cercle de la béatitude
Te révèle les fastes de la solitude
La princesse aux camées fait blinder sa pâleur
Pour franchir les spirales du miroir intérieur
Pétales rapaces d’une hydre aux yeux de tarentule
Dans le tumultueux chaos des particules
Mandalas schizoïdes et soupirs féminins
Sur les claviers bulbeux des orages clandestins
Sépultures de valium pour voyageurs-vampires
Errant dans les sargasses d’un océan martyr
Et le doute qui ravage même tes incertitudes
Te révèle les fastes de la solitude
Joseph d’Arimathie et Uther Pendragon
Chevauchent de vieilles juments au bord de l’extinction
Et cherchent l’asile de nuit au milieu des pylônes
Rouges-iguane et oranges brûlées des soirs d’automne
Leurs druides au bec-benzène en livrées de valets
Te préparent un cocktail dans leurs tubes à essai
Plus rapide qu’une Aston dans les mains de Shelby
Tu reprends l’avantage au treizième Martini
Et l’ineffable attrait pour les bars d’altitude
Te révèle les fastes de la solitude
Le chevalier la mort et le diable s’enfuient
Des pinceaux de Dürer pour absorber la nuit
Tandis que Mélusine aux longs cheveux défaits
T’organise une party dans la brume des marais
Et dessine sur ton membre une cartographie
Des ténèbres où t’attendent quelques maillons maudits
Puis traverse le désert jusqu’à la thébaïde
Où la fée méridienne de tes éphémérides
Extirpant ton sourire poisseux* de l’habitude
Te révèle les fastes de la solitude
Paroles et musique : Hubert-Félix THIEFAINE
*Il me semble qu’au cours de la tournée 2004, Thiéfaine remplaçait systématiquement « poisseux » par « hideux ».
Ah, « Les fastes de la solitude » ! Certainement ma chanson préférée sur l’album « Défloration13 »…
A chaque fois que je l’écoute, je me demande : « Tiens, mais au fait, c’est quoi, déjà, la thébaïde ? Et un mandala ? Et les Sargasses ? Et schizoïde, c’est quoi, au juste ? » ! Une bonne fois pour toutes, je vais mettre les définitions de ces mots sur le blog et viendrai les consulter dès que nécessaire !!!
Thébaïde : (litt.) lieu isolé et désert, propre à la méditation.
Mandala : Dans le bouddhisme du Grand Véhicule et dans le tantrisme, diagramme géométrique dont les couleurs symboliques, les enceintes concentriques, etc., figurent l’univers et servent de support à la méditation.
Mer des Sargasses : vaste région de l’Atlantique, au Nord-Est des Antilles, couverte d’algues.
schizoïde : (psychiatr.) se dit d’une constitution mentale caractérisée par le repli sur soi.
« Le chevalier, la mort et le diable » sont quelque part sur ce blog. Et voici quelques mots concernant Dürer (encore un Allemand !!) :
Albrecht DÜRER (Nuremberg, 1471 - idem, 1528) : peintre et graveur allemand. Il fit un tour de compagnon par Colmar, Bâle, Strasbourg, séjourna deux fois à Venise, mais effectua l’essentiel de sa carrière à Nuremberg. Il a manifesté son génie dans la peinture à l’huile (La Fête du rosaire, 1506, portraits…), dans le dessin et l’aquarelle et dans son œuvre gravé, d’emblée célèbre en Europe. Il se passionna pour les principes mathématiques et optiques de la perspective et publia plusieurs ouvrages théoriques et techniques à la fin de sa vie, dont un Traité des proportions du corps humain.
Joseph d’Arimathie (saint) : premier siècle, Juif de Jérusalem, membre du Sanhédrin. Il prêta son propre tombeau pour ensevelir Jésus.
Il me semblait qu’Amnésik avait consacré, sur son blog, une assez longue note à ce saint. Mais impossible de la retrouver !
Tiens, j'ai oublié "hydre" aussi! Dans la mythologie grecque, il s'agit d'un animal fabuleux en forme de serpent d'eau.
Cette chanson dégage une telle puissance d'évocation que, par exemple, les "odeurs de mandarine" et les "rafales de cannelle", j'ai l'impression de me les prendre en pleine face à chaque fois!! Et il n'y a pas que les impressions olfactives. La "bleue mélancolie", "l'ivresse glacée d'un ciel de neige", je visualise très bien!
08:10 | Lien permanent | Commentaires (2)
21/09/2006
Antonin Artaud : encore lui!
La pensée du jour : "Ne baisse jamais les bras, tu risques de le faire deux secondes avant le miracle", proverbe arabe.
Ah, Suricate, que serais-je sans toi?!! J'étais en train de regarder "Oui-Oui" (ben oui!!), avachie sur mon canapé tout gris, quand soudain, ma moitié m'a lu tes "supplications"!!!! Cela m'a redonné des forces. Sinon, aujourd'hui, j'aurais renoncé au blog. Je ne suis pas très en forme...
Voici donc un petit "surgelé". C'est encore Antonin Artaud! Et je n'ai pas fini de vous en servir, il y a tant à découvrir dans ses oeuvres...
"Si l’on pouvait seulement goûter son néant, si l’on pouvait se bien reposer dans son néant, et que ce néant ne soit pas une certaine sorte d’être mais ne soit pas la mort tout à fait.
Il est si dur de ne plus exister, de ne plus être dans quelque chose. La vraie douleur est de sentir en soi se déplacer sa pensée. Mais la pensée comme un point n’est certainement pas une souffrance.
J’en suis au point où je ne touche plus à la vie, mais avec en moi tous les appétits et la titillation insistante de l’être. Je n’ai plus qu’une occupation, me refaire."
"Chers Amis,
Ce que vous avez pris pour mes œuvres n’était que les déchets de moi-même, ces raclures de l’âme que l’homme normal n’accueille pas.
Que mon mal depuis lors ait reculé ou avancé, la question pour moi n’est pas là, elle est dans la douleur et la sidération persistante de mon esprit.
Me voici de retour à M…, où j’ai retrouvé la sensation d’engourdissement et de vertige, ce besoin brusque et fou de sommeil, cette perte soudaine de mes forces avec un sentiment de vaste douleur, d’abrutissement instantané."
21:05 | Lien permanent | Commentaires (2)