14/05/2006
Des mots de minuit : le caillou catatonique
« Personne ne vous connaît, donc personne ne s’intéresse à vous. C’est une sensation immense. Aux heures de pointe dans le métro, je m’entraînais à m’inventer la solitude, à gommer l’oppression des autres. Et j’y arrivais. J’étais alors tout seul dans ce wagon bondé. Le français, j’ai véritablement commencé à le parler vers trente-cinq ans. Jusque-là, je l’avais considéré comme un peintre peut considérer ses pinceaux ou ses tubes de peinture. Pour moi, c’était fait pour écrire des textes, pas pour parler. Il m’est arrivé de ne pas prononcer un mot pendant six mois ! Vraiment pas un mot, pas même bonjour ou merci. On m’avait surnommé ‘le caillou catatonique’ ».
Je viens de redécouvrir ces mots en regardant la cassette de « Des mots de minuit ». Je les ai trouvés magnifiques, touchants, et d’une grande beauté. Ils m’avaient déjà émue lorsque je les avais lus dans la biographie, mais dits par Philippe Lefait, ils m’ont encore plus bouleversée.
Très belle émission. Le présentateur est très respectueux, j’apprécie sa discrétion. Et l’idée d’une « Internationale des hypersensibles », grandiose !
Et puis, ce soir, je vais me permettre une petite digression. Je dédie cette note à Christelle, qui fut ma meilleure amie pendant de longues années et que j’avais perdue de vue pour cent mille raisons. Je l’ai revue aujourd’hui, et nous avons parlé comme si nous ne nous étions jamais quittées. Finalement, « petite sœur-soleil », quatorze ans d’absence n’ont pas trop dévasté notre belle complicité !
21:48 | Lien permanent | Commentaires (2)
13/05/2006
"Descendre dans la soufflerie où se terre le mystère inquiet"...
Tiens, dernièrement, en écoutant "La mort", de Léo Ferré, j'ai repéré une petite parenté entre les paroles de cette chanson et celles de "L'étranger dans la glace".
Regardez :
Avec sa faux des quat' saisons
Et du crêpe dans son peignoir
Sur ses échasses de béton
Dans les faubourgs du désespoir
Elle meurt sa mort la Mort
Elle meurt
Avec ses cordes pour la pluie
A encorder les poitrinaires
Ses poumons de cendre qui prient
Dans la soufflerie des mystères
Elle meurt sa mort la Mort
Elle meurt
Sur la route des jours heureux
Dans les bielles et dans le courroux
En mettant du noir sur les yeux
Et du sang frais sur les cailloux
Elle meurt sa mort la Mort
Elle meurt
L'hôpital meublé de ses gens
Dans les salles où dorment les chromes
Avec son fils et ses gants blancs
Dans l'anesthésique royaume
Elle meurt sa Mort la Mort
Elle meurt
Avec le végétal nourri
De son détestable négoce
Avec les rires et les cris
Qui croissent sur toutes ses fosses
Je vis ma vie je vis
Je vis
Léo Ferré
09:49 | Lien permanent | Commentaires (2)
11/05/2006
Récit d'une soirée Internet
Ce soir, je me suis amusée, comme je le fais souvent, à regarder un peu tout ce qu’on pouvait trouver concernant Thiéfaine sur Internet. Voici donc un petit condensé de mes aventures !
Tout d’abord, je lis sur le forum de « Fragments d’Hubert » le récit d’une certaine « Précipice », qui se plaint de l’attitude qu’a eue Hubert à … flûte, je ne sais plus quel concert. A-t-on le droit d’idéaliser les artistes à ce point ? N’est-ce pas une charge trop lourde que nous leur flanquons sur le paletot, une espèce de « tu n’as pas droit à l’erreur » ? Je me pose la question. Je me suis toujours demandé quelle était la saine distance, le juste milieu, ce qui permet de ne pas tomber dans l’idolâtrie… On me dit souvent que je suis cinglée d’aimer Thiéfaine à ce point. Pourtant, moi, je vis cela très bien ! J’ai déjà dit que je le mettais dans le même « tiroir » que les auteurs qui m’ont séduite dès la première lecture. J’adore l’écriture de Céline, je suis sous le charme de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit, je suis touchée lorsque j’entends dire que ce type, qui était médecin dans la vie de tous les jours, allait soigner les pauvres gratis. Et je bondis quand j’entends parler de ses écrits antisémites, que j’ai feuilletés une fois dans une librairie et qui m’ont collé la nausée pour trois jours. Quand je lis le Voyage, je fais abstraction, j'essaie au maximum de faire abstraction de ce côté horriblement sombre et puant. Finalement, je crois que je n’aime pas connaître les artistes, je veux dire les côtoyer de près. Fatalement, on est déçu, je pense. On s’attend à tellement, mais comme un homme restera toujours un homme… (Je ne compare pas la personnalité de Céline et celle d'Hubert, je prends juste un exemple pour illustrer mon propos). J’ai cherché une ou deux fois à rencontrer Thiéfaine après un concert. Expérience à ne pas réitérer ! Je me suis retrouvée comme une souche en face de cet artiste que j’admire tellement qu’aucun mot ne saurait le dire. Et puis, je n’ai jamais souhaité m’attarder, trop peur de déranger. Je crois qu’il faut une certaine distance entre le public et l’artiste. L’attitude de certains chanteurs qui laissent facilement le public pénétrer dans leur bulle favorise, je trouve, une certaine hystérie. Je suppose qu’HFT se protège au maximum. Et je pense aussi que c’est son droit, quand il est « amoché, fatigué, dézingué », d’aspirer au calme et à la solitude. Alors, moi, oui, je le défends ! Pour ce qui est de son attitude avec les minettes de 20 ans (je dis cela sans dédain), je crois qu’elle est devenue un jeu. Moi aussi, au départ, lorsque je l’ai entendu dire qu’il aimait s’attarder sur les décolletés des jeunes filles, j’ai trouvé cela lourdaud. Parce que, d’une façon générale, je n’aime pas ce genre de discours typiquement masculin, cela fait gros rouge qui tache et gros sabots (mais je me sais rigide sur la question!!) ! On peut dire les choses avec un peu plus d’élégance. Et de respect pour les fans plus anciennes, merde alors !!! Maintenant, avec le recul, je me dis que tout cela n’a aucune espèce d’importance. Un homme restera toujours un homme…
Deuxième « aventure » : je suis allée écouter les impressions d’Hubert sur le Printemps de Bourges. C’était peut-être bien sur le site de Libé, tiens ! Je n’ai pas spécialement envie de leur faire de la pub, mais bon... Le récit d’Hubert est sympa.
Enfin, je tape, en recherche « Google », « blogs sur Thiéfaine », pour voir si par hasard, on tombe sur mon blog par ce biais. Visiblement non, ce qui n’est peut-être pas plus mal. Mais j’ai lu, sur un autre blog, quelques notes écrites par une certaine Blandine, qui dit notamment que selon elle, on peut déceler un sens caché dans « Les jardins sauvages ». Youpi ! Cela fait des mois que je répète à qui veut bien m’entendre qu’une « corolle ouverte », « un souffle tremblant », « le velours de leurs lèvres humides », c’est un peu fort de café, et surtout d’érotisme ! Ai-je l’esprit mal tourné ?
Voilà, j’ai fini mon « pâté ». Désolée, je ne sais pas m’arrêter quand j’ai la main à l’écriture !!
J’aimerais beaucoup que vous réagissiez, les uns et les autres, à cette note ! Allez, faites un effort !
Ce soir, j’ai mis des choses un peu plus personnelles, je n’ai pas envie de le faire trop souvent, mais le message de « Précipice » me turlupinait. Peut-être n’avons-nous réellement pas le droit de demander à notre artiste favori ce qu’il ne peut pas nous donner? Nous sommes je ne sais combien de carnivores à lui rôder autour, sans compter, excusez-moi, les importuns qui ont le chic pour lui tomber dessus avec des questions … importunes ! Moi, je me contente d’avoir toujours une chanson de Thiéfaine au bord des lèvres ou pas bien loin. Je ne veux pas que ma « tête tombe de son socle de rêve »…
23:10 | Lien permanent | Commentaires (18)
10/05/2006
VENDOME GARDENAL SNACK, cette fois pour 655321
En ce qui concerne le titre, cher 655321, je n'ai pas vraiment d'explication. Mais je sais que le Gardénal est un barbiturique, d'ailleurs mentionné aussi par Gainsbourg dans sa géniale chanson "En relisant ta lettre". J'ai cherché plus de renseignements sur le Gardénal et voici ce que j'ai trouvé : "barbiturique utilisé pour traiter l'anxiété, la tension nerveuse, les crises épileptiques, ainsi que les convulsions du nouveau-né. Il peut également être utilisé comme inducteur de sommeil, mais est surtout employé comme anticonvulsivant".
Et pour ce qui est du reste, surtout Vendôme, tout est possible!!! Qui a des suggestions?
18:00 | Lien permanent | Commentaires (3)
LORELILITH / LORELEILITH
LILITH
« Au commencement, lorsque Dieu créa le ciel et la terre, un grand esprit noir planait sur les eaux… Il ressemblait à un oiseau nocturne aux longs cheveux dont les cris trouent l’espace.
Au commencement, avant la création d’Eve, il y eut Lilith, mais l’homme fit tout pour l’oublier et ne pas même mentionner son nom. Lilith, démone obscure, fut rangée au nombre des cauchemars, des frayeurs enfantines, des fantasmes d’homme mûr. On l’accusa de rapts et de meurtres d’enfants, on lui inventa une face horrible et noire, tout en la qualifiant de séductrice. Lilith rejoignit la nuit du grand commencement, l’oubli de la raison humaine. Elle demeura le secret de la nuit et de toute genèse.
Elle était – mais on le dit si peu – la première femme, créée en même temps qu’Adam ; et dans ce premier couple humain l’égalité devait régner en tous points, selon le désir du Créateur. Mais voici : Lilith était susceptible et Adam fort buté. Ils se querellèrent, pour « avoir le dessus » en faisant l’amour : qui « dominerait » l’autre ?...
Le conflit naquit-il de l’acte d’amour ou d’un goût du pouvoir ? Comme chacun refusait de se soumettre, d’être en position inférieure, Lilith s’envola à tire-d’aile loin de ce faux paradis. Adam cria, pleura après la femme enfuie, il fit une requête pressante auprès du Créateur mais, malgré trois anges dépêchés à sa recherche, Lilith ne revint jamais au foyer conjugal prétendument édénique. Elle préférait la nuit, ses grandes ailes, la liberté, l’espace. On dit aussi qu’elle s’acoquina avec Samaël, ange de ténèbres, préférant les frissons de la passion maudite à un bonheur sans problème et sans imagination vécu auprès de (c’est-à-dire sous) Adam.
Peut-être fut-ce elle, la femme irremplaçable, qui revint sous forme de serpent tenter Eve, la seconde épouse.
Elle est reine de la nuit, elle a les démons pour compagnons et elle doit vivre longtemps, Lilith, très longtemps, jusqu’au Jugement dernier.
Les hommes ont voulu la chasser de leur mémoire, de leurs écrits. Ils n’ont voulu retenir que l’épouse fidèle et la mère des vivants, Eve, et non Lilith l’insoumise.
Et pourtant, elle hante les rêves des poètes et elle sert la vengeance divine, aidant à la destruction des méchants.
Le Livre saint ne la mentionne qu’une fois, par la bouche menaçante du prophète Isaïe. De là à imaginer que Lilith serait l’unique Femme, comme il y a pour le peuple d’Israël un Dieu unique dont on doit taire le nom… »
Les Femmes de la Bible, Jacqueline KELEN, La renaissance du livre, 2002.
A la fin du texte, Jacqueline KELEN donne la référence suivante : Isaïe 34, 14. J’ai cherché le passage en question dans la Bible. Le voici :
« Chiens et chats sauvages s’y rencontreront,
Et les satyres s’y appelleront l’un l’autre ;
Le spectre nocturne hantera ces lieux,
Il y trouvera son repos ».
Et, dans les notes sur la prophétie d’Isaïe, on peut lire :
Le spectre nocturne : la Lilith, démon féminin nocturne et malfaisant, toujours agité.
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LORELEI, L’ONDINE DU RHIN
« La mythologie allemande abonde en créatures féminines hantant les montagnes et les fleuves. La légende de la Lorelei, ondine, c’est-à-dire déesse des eaux, est née sur les bords du Rhin, près de Saint-Goar, en aval de Bacharach. A cet endroit, le fleuve dessine une courbe dangereuse à franchir, jadis redoutée des bateliers, dont la peur était encore accrue par un phénomène d’écho, lié à un rocher escarpé qui surplombe de 132 mètres la rive droite du fleuve. Ce bruit mystérieux a été interprété par l’imagination populaire comme un chant surnaturel et maléfique : quand la Lorelei chante, les bateliers ne voient plus et n’entendent plus qu’elle, et leur bateau se brise contre les écueils, tandis qu’ils crient « Lorelei » (« lei » signifie en allemand médiéval « roche » et l’allitération en « l » rappelle l’écho), nom du rocher et de la sirène qui est censée l’habiter.
L’une des caractéristiques du romantisme allemand est d’avoir utilisé les légendes populaires, réservoir inépuisable de thèmes, et de leur avoir donné une forme littéraire. Dès le Moyen Age (XIIIème siècle), avant que la Lorelei ne devienne un véritable motif servi par les grands poètes de l’époque romantique, on trouve des textes évoquant le fameux écho du rocher : la légende est liée à celle de l’Or du Rhin et des Nibelungen, à celles des elfes et des gnomes.
(…) Tous les textes insistent sur les quelques éléments caractéristiques de cette créature des eaux, resplendissante de beauté : sa chevelure, tantôt verte, tantôt blonde (« sorcière blonde », « cheveux de soleil », Apollinaire), ses yeux fascinants (…), ses pouvoirs surnaturels. (…) Symbole des séductions, des rêves, de la folie, elle est l’image de la beauté maléfique. Elle incarne l’enchantement pernicieux des sens qui, en supplantant la raison, conduisent l’homme à sa perte. C’est un des grands mythes qui mettent en garde l’homme contre la femme et soulignent le lien entre la beauté et la mort ».
Source : Historia spécial, l’Allemagne romantique, juillet-août 1991.
Conclusion : En lisant ces deux textes, on comprend mieux pourquoi, à Esch-sur-Alzette, Thiéfaine disait que Lorelei et Lilith, c’était du pareil au même !
Question : Mais si Lilith n’est mentionnée qu’une fois dans la Bible, comment a-t-on eu vent de son histoire ? Je ne pige pas tout !!
Pense-bête : Il faudra que je consacre une note aux Nibelungen. Pas à mes « Nibelungen intimes et privés », mais à la Chanson des Nibelungen, l’épopée germanique !17:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/05/2006
VENDOME GARDENAL SNACK
Une chanson que j’adore et que j’aimerais entendre sur scène un jour…
VENDOME GARDENAL SNACK
tu traînes dans mes nuits comme on traîne à la messe
quand on n’a plus la foi et qu’on ne le sait pas
quand on traîne à genoux aux pieds d’une prêtresse
à résoudre une énigme qui n’existe pas
et tu lèves les yeux quand passent les cigognes
qui vendent la tendresse le soir au marché noir
dans la rue des travelots t’as rencontré guignol
qui s’était déguisé en poète illusoire … / …
je t’autorise à me jeter (bis)
tu traînes ton ennui dans les rues de l’errance
et tu serres les poings au fond de tes envies
quand la ville dégueule son trop-plein d’impuissance
et nous jette trois sous d’espoir et d’infini
je laisse derrière toi des mégots de boyards
le cri d’une chanson et des bouteilles vides
au hasard de ma route entre deux quais de gare
je ne fais que passer, je n’aurai pas de rides … / …
je t’autorise à me jeter (bis)
du fond de ton exil tu vois des processions
de chiens à demi-fous qu’on relègue à la mort
tu vois des cathédrales qui affichent mon nom
pour un dernier concert à l’envers du décor
tu vois des échafauds qui tranchent l’innocence
et répandent la vie à trois mètres sous terre
où l’on voudrait aller quand on a joué sa chance
et qu’on reste k.o. la gueule au fond d’un verre … / …
je t’autorise à me jeter (bis)
Ami Christophe, combien de fois avons-nous écouté ensemble l’album « De l’amour, de l’art ou du cochon ? », et plus particulièrement cette chanson ? Je te dédie cette note, toi qui n’as fait que passer et n’as pas eu de rides…
22:03 | Lien permanent | Commentaires (2)
08/05/2006
Tout a commencé à ... 22h43!
Tout à l’heure, j’ai repensé à l’interview de Thiéfaine, parue dans Chorus hiver 1998/99. J’ai jeté un coup d’œil à ma montre : 22h43. Plutôt une bonne heure pour aller faire un saut sur mon blog ! Pourquoi cette interview ? Parce que Thiéfaine y parle des auteurs qui ont compté pour lui. Il évoque, entre autres, Benjamin Péret. Et là, je me suis dit : « Tiens, je ne connais que très vaguement ce poète, je n’ai lu de lui (honte à moi) que les deux textes qui se trouvent dans mon précieux Grand livre de la poésie française ». Alors voilà, j’ai décidé, vers les 22h46, de me munir de mon fameux et précieux … Grand livre de la poésie française (Marcel Jullian, Editions Fixot, 1988) et de vous toucher deux mots du père Péret ! Vers les 23h15, tout était bouclé, j’étais contente. Sauf qu’à 23h16, peut-être, tout a planté, une fois de plus, et c’en était fait de ma note sur Benjamin Péret ! Il est à présent 23h29, et je recommence tout depuis le début. Sur Word, cette fois ! Parce qu’il y en a marre du blog qui me laisse en rade au beau milieu de tout !!
Benjamin Péret est né à Rezé (Loire-Atlantique) en 1899. Sa rencontre avec André Breton décide de sa vie : il va consacrer toute son existence au mouvement surréaliste. Directeur de la revue La Révolution surréaliste de décembre 1924 à juillet 1925, il publie ses premiers recueils à la même époque. En 1931, il fait un séjour au Brésil, d’où il sera expulsé pour activités subversives. En 1936, il rejoint Barcelone et s’engage aux côtés des Républicains dans la guerre contre le fascisme, et en 1940 il est arrêté pour « activités révolutionnaires ». Il ne doit son salut qu’à la débâcle, s’évade de la prison de Rennes et part pour le Mexique. Il n’en reviendra qu’à la fin de la guerre. Il meurt en 1959, après une vie difficile, que son intransigeance politique a vouée à la misère et au dénuement.
Voici un poème de Benjamin Péret :
LES JEUNES FILLES TORTUREES
Près d’une maison de soleil et de cheveux blancs
une forêt se découvre des facultés de tendresse
et un esprit sceptique
Où est le voyageur demande-t-elle
Le voyageur forêt se demande de quoi demain sera fait
Il est malade et nu
Il demande des pastilles et on lui apporte des herbes folles
Il est célèbre comme la mécanique
Il demande son chien
et c’est un assassin qui vient venger une offense
La main de l’un est sur l’épaule de l’autre
C’est ici qu’intervient l’angoisse une très belle femme en manteau de vison
Est-elle nue sous son manteau
Est-elle belle sous son manteau
Est-elle voluptueuse sous son manteau
Oui oui oui et oui
Elle est tout ce que vous voudrez
elle est le plaisir tout le plaisir l’unique plaisir
celui que les enfants attendent au bord de la forêt
celui que la forêt attend auprès de la maison
L’ennui (cette fois, c’est moi qui parle, le poème est fini !), c’est que lorsque je passe par Word pour écrire mes notes et que je les fais basculer ensuite sur le blog, cela sort tout merdique, alors que j’avais pourtant bien respecté le nombre de lignes entre deux strophes, etc. Je sens que je vais encore m’énerver, tout à l’heure, en voyant le résultat !
Revenons à l’interview parue dans Chorus. Thiéfaine y évoque de nombreux auteurs, dont Romain Gary (ah, l’immense, le merveilleux, le grandiose Romain Gary !), Céline (ah, l’écriture complètement foutraque de Céline !), Lamartine, Musset, Hugo, Baudelaire, Lautréamont, Crumley (à découvrir en ce qui me concerne), Jim Harrison (même remarque que pour le précédent). Les Allemands ne sont pas laissés sur le carreau (impossible, de toute façon, la littérature allemande est d’une telle richesse !) : Hölderlin, bien sûr, Heinrich Heine, Goethe, Nietzsche.
Toujours dans la même interview, Thiéfaine évoque « l’âme allemande » et le « Sturm und Drang ». D’ailleurs, vous aurez tous constaté qu’il reparle du « Sturm und Drang » dans « Confessions d’un never been » ! Je pourrai faire une note sur ce mouvement littéraire. La littérature allemande (et germanophone en général, pas d’injustice !), c’est mon dada, alors tout le plaisir sera pour moi !
Cette fois, « il est minuit sur ma fréquence » et j’ai mal au « blogule » !!!!
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07/05/2006
L'étranger
L'ETRANGER
-Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
-Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
-Tes amis?
-Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
-Ta patrie?
-J'ignore sous quelle latitude elle est située.
-La beauté?
-Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
-L'or?
-Je le hais comme vous haïssez Dieu.
-Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
-J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
Charles BAUDELAIRE
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