12/04/2006
Laisse-moi
Non, laisse-moi, je t'en supplie;
En vain, si jeune et si jolie,
Tu voudrais ranimer mon coeur :
Ne vois-tu pas, à ma tristesse,
Que mon front pâle et sans jeunesse
Ne doit plus sourire au bonheur?
Quand l'hiver aux froides haleines
Des fleurs qui brillent dans nos plaines
Glace le sein épanoui,
Qui peut rendre à la feuille morte
Ses parfums que la brise emporte
Et son éclat évanoui?
Oh! si je t'avais rencontrée
Alors que mon âme enivrée
Palpitait de vie et d'amours,
Avec quel transport, quel délire
J'aurais accueilli ton sourire
Dont le charme eût nourri mes jours.
Mais à présent, ô jeune fille!
Ton regard, c'est l'astre qui brille
Aux yeux troublés des matelots,
Dont la barque en proie au naufrage,
A l'instant où cesse l'orage
Se brise et s'enfuit sous les flots.
Non, laisse-moi, je t'en supplie;
En vain, si jeune et si jolie,
Tu voudrais ranimer mon coeur :
Sur ce front pâle et sans jeunesse
Ne vois-tu pas que la tristesse
A banni l'espoir du bonheur?
Gérard de Nerval
15:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
Une allée du Luxembourg
Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
A la main une fleur qui brille,
A la bouche un refrain nouveau.
C'est peut-être la seule au monde
Dont le coeur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait!
Mais non, - ma jeunesse est finie...
Adieu, doux rayon qui m'as lui, -
Parfum, jeune fille, harmonie...
Le bonheur passait, - il a fui!
Gérard de Nerval
15:06 | Lien permanent | Commentaires (1)
Gérard de Nerval
Epitaphe
Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre,
Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.
C'était la Mort! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.
Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.
Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant : "Pourquoi suis-je venu?"
Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, naît à Paris le 22 mai 1808. Son père, médecin de la Grande Armée, met son fils en nourrice et, deux ans plus tard, assiste en Silésie à la mort de sa femme qui l'avait accompagné. Il portera toute sa vie le deuil de sa compagne et Gérard, à son tour, cherchera sa mère dans les figures féminines qu'il inventera inlassablement, femmes de rêve et de mystère, proches toujours du néant et de la mort. Il rêve d'une filiation fastueuse et s'invente une généalogie fantaisiste : entre le lycée Charlemagne et Mortefontaine, où il passe ses vacances, il se crée aussi une "géographie magique" et reste sourd aux appels de son père, qui souhaite faire de lui un médecin. Avec la troupe des "Jeune France", il sacrifie au culte de l'étrange, boit du punch dans des têtes de mort et participe à la bataille d'Hernani en criant : "Les bourgeois, dehors!" Il prend alors le pseudonyme de Gérard de Nerval, tombe amoureux, timidement, d'une jeune soprano, Jenny Colon, fait jouer des pièces de théâtre et devient une des personnalités du Boulevard.
Si ses fantaisies généalogiques sont plus cocasses qu'inquiétantes, il n'en va plus de même à partir de 1840, et Gérard doit, cette année-là, faire un long séjour dans une maison de repos. Son père, exaspéré par son mode de vie, refuse d'aller le voir.
Apprenant en 1842 la mort de Jenny Colon, Nerval écrit : "Elle m'appartient davantage que quand elle était vivante". L'année suivante, il fait un long voyage en Orient qui lui inspire des pages admirables.
Jamais le réel n'a paru à quelqu'un plus faux, et l'imaginaire plus vrai.
Les crises psychiques se succèdent maintenant au rythme de ses pièces : une par an environ. Entre 1852 et 1855, la maladie empire et il écrit alors ses plus belles oeuvres : Sylvie, les Filles du feu, les Chimères, Aurélia. Il se rend à Goglau, en Silésie, où sa mère est enterrée, et le visage maternel se mêle à celui d'Aurélia...
En 1852, il publie Lorély, souvenirs d'Allemagne.
Au début de 1855, le docteur Blanche, qui le soigne, essaie en vain de le dissuader de quitter son établissement. Nerval, honteux de son mal, évite ses amis -et ses amis l'évitent. Son dernier hiver est tragique. Démuni de ressources sûres, sans domicile fixe, il sombre peu à peu dans le désespoir dont il croyait avoir triomphé en composant Aurélia. Quittant le Boulevard pour le quartier du Châtelet, il creuse son trou dans ces vieilles rues labyrinthiques que Haussmann détruira bientôt. Dans la nuit du 25 au 26 janvier 1855, le thermomètre descend à -18°C. Gérard marche dans la sinistre rue de la Vieille Lanterne. Le froid pénètre ses os et dans son cerveau malade passent des éclairs de feu et de désespérance. Il monte sur le rebord d'une fenêtre munie de barreaux de fer, sort une tresse de sa poche, l'enroule sur un des barreaux, fait un noeud autour de sa tête et, sans quitter son chapeau, se laisse glisser. L'avant-veille, il avait écrit à une tante, chez laquelle il devait coucher : "Ne m'attends pas ce soir, car la nuit sera blanche et noire".
Sources : Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays, Bouquins, Robert Laffont, octobre 1990.
Le grand livre de la poésie française, Marcel Jullian, éditions Fixot, 1988.
Pour finir, quelques mots de Gérard de Nerval :
"Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé".
14:59 | Lien permanent | Commentaires (1)
Oubli inqualifiable!
C'est pas vrai! Je viens de m'apercevoir que, dans mes "quelques paroles bien senties", j'avais oublié de mettre des extraits de l'album "De l'amour, de l'art ou du cochon?" Honte à moi! Moi qui aime tant ce disque et suis enchantée de voir que Thiéfaine chante "Psychanalyse du singe" et ""Comme un chien dans un cimetière" sur sa tournée actuelle! Pour me punir, je copierai cent fois "Je ne suis pas le mari de madame Müller
depuis lontemps je ne suis plus son amant"!!!
Bon, ben, sur cet album magnifique, il y a, par exemple :
"Ne cherche plus dans l'annuaire
j'ai mis les scellés sur mon coeur
mais passe plutôt chez le notaire
je te lègue ma part de bonheur".
Et puis aussi "Vendôme Gardenal Snack", à recopier en entier!
Et l'incontournable "De l'amour, de l'art ou du cochon?", dont je veux mettre aussi les paroles ici, plus tard.
J'ai mille idées pour ce blog : je voudrais consacrer un billet à Hölderlin, un à Gérard de Nerval, un autre à Baudelaire. J'aimerais chercher les raisons profondes de mon admiration pour Thiéfaine, le pourquoi, le comment, le "y a-t-il un remède?", le "mais en faut-il vraiment un?"... Essayer de décrire aussi l'indescriptible public de Thiéfaine, essayer de décrire l'indescriptible ambiance des chansons de Thiéfaine, parler en particulier de "La dêche, le twist et le reste". Etc. Et j'attends vos suggestions, tiens! D'ailleurs, si vous avez un moment, dites-moi pourquoi vous aimez Thiéfaine!
13:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
Erratum
Bien sûr, dans un des extraits d' "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable", il faut lire "turlutte" et non "trulutte". Remarque, "trulutte", c'était pas mal non plus!
"Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable" : Thiéfaine a le génie des titres, il faudra que je fasse un billet là-dessus aussi!!
12:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
Quelques paroles bien senties (suite et fin)
toi qu’as bien connu les martiens
t’as p’t’êt’l’horaire des boute-en-train
à quelle heure passe le prochain bar
que j’paie une bière à mon clébard ».
« Au nom du père au nom du vice
au nom des rades et des mégots
je lève ma Guiness et je glisse
dans la moiteur des mélancos ».
« Reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m’emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas est périmé
est périmé ».
« Douc’ment les filles faut pas flipper
la bidoche est faite pour saigner ».
« Si un jour je r’trouve la mémoire
et deux-trois bières pour ma moquette
j’balanc’rai à la série noire
un truc à faire chialer Hammett ».
« Je n’sais pas si tu viens d’un continent perdu
ou bien si t’es tombée d’une comète inconnue
mais j’crois qu’il était temps que tu me prennes
en main
j’ai cru mourir de froid
chez mes contemporains ».
« A chercher le Pérou sur ma radio-inca
j’ai trouvé la fréquence que je n’attendais pas ».
« Quinze milliards d’années sont passées
depuis cette affaire de big-bang
vieux singe au cœur fossilisé
j’ai des rhumatismes à ma gangue
avec mon parachute en torche
et ma gueule de Caterpillar
paraît qu’je viens d’une catastrophe
mais les dieux sont pas très bavards ».
« Pilote aux yeux de gélatine
dans ce vieux satellite-usine
manufacture de recyclage
des mélancolies hors d’usage ».
« Hé ! mec
voici les photos de nos routes
prises d’avion par nuit de brouillard
dans ce vieux catalogue des doutes
aux pages moisies par le hasard
à toujours vouloir être ailleurs
pyromanes de nos têtes brûlées
on confond les batt’ments de cœur
avec nos diesels encrassés ».
« Aplatis comme de vieilles pizzas
lâchées d’un soyouz en détresse
on cherche une nova cognita
avec un bar et d’la tendresse
mais trop speedés pour les douceurs
on balance vite les p’tites frangines
pas prendre pour un courrier du cœur
les pulsions des glandes endocrines ».
« Bourlinguer … errer
errer humanum est ».
L’album « Chroniques bluesymentales » s’ouvre sur une chanson merveilleuse, « Demain les kids », dont je me propose de recopier le texte bientôt, dans son intégralité.
« Les vagues mouraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
et nos corps écorchés
s’immolaient en riant
sous les embruns glacés
d’une chambre océan ».
« D’ivresse en arrogance
je reste et je survis
sans doute par élégance
peut-être par courtoisie
mais j’devrais me cacher
et parler à personne
et ne plus fréquenter
les miroirs autochtones ».
« Je te veux dans l’opéra
silencieux de mes planètes
je te veux dans le magma
où se déchire ma comète ».
« Je te veux dans la prière
des dieux suppliant l’Humain ».
« Je regarde passer les zumains de ma rue
un peu comme on reluque au zoo les zébus
triés, normalisés, focntionnels, uniformes
avec leurs initiales gravées sur leurs condoms
et je cherche un abri sur une étoile occulte
afin d’me tricoter des œillères en catgut
j’m’arracherais bien les yeux mais ce serait malveillance
vu qu’j’ai déjà vendu mon cadavre à la science ».
« 542 lunes et 7 jours environ » : à recopier ultérieurement !
« Dans les dédales vertigineux
et séculaires de ta mémoire
tu froisses un vieux cahier poisseux
plein de formules d’algèbre noire ».
« Peu à peu je vois s’estomper
les rêves de mon esprit tordu
je commence même à oublier
les choses que je n’ai jamais sues ».
« Oh ! le vent se lève
au large des galaxies
et je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
et refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit ».
« Critique du chapitre 3 » et « Des adieux » : à recopier intégralement bientôt !
« 2721ème cuite
ça s’arrose ! »
« J’me sens coupable d’avoir été dans une vie antérieure l’une de ces charmantes petites créatures que l’on rencontre au fond des bouteilles de mescal et d’en ressentir à tout jamais un sentiment mélancolique de paradis perdu ».
« J’me sens coupable de garder mes lunettes noires de vagabond solitaire alors que la majorité de mes très chers compatriotes ont choisi de remettre leurs vieilles lunettes roses à travers lesquelles on peut voir les pitreries masturbatoires de la sociale en train de chanter : c’est la trulutte finale j’me sens coupable de remettre de jour en jour l’idée de me retirer chez mes nibelungen intimes et privés, dans la partie la plus sombre de mon inconscient afin de m’y repaître de ma haine contre la race humaine et même contre certaines espèces animales particulièrement sordides, serviles et domestiques que sont les chiens, les chats, les chevaux, les chè-è-èvres, les tamagochis et les poissons rouges ».
« J’me sens coupable d’avoir commencé d’arrêter de respirer alors qu’il y a quelques six milliards de joyeux fêtards crapoteux qui continuent de se battre entre eux et de s’accrocher à leur triste petite part de néant cafardeux ».
« Mais c’est toujours au mois de mai
qu’on a envie de se pendre
mais c’est toujours au mois de mai
qu’on a du mal à comprendre
pourquoi faut quitter son igloo
pour venir se cramer le chou
devant des conneries de barbecues ».
« Camélia et rature finale
sur l’agenda des mots perdus
lèvres glacées masque animal
au carnaval des cœurs déchus ».
« Apprends donc à tenir ta laisse
t’es pas tout seul en manque de secours
la tristesse est la seule promesse
que la vie tient toujours ».
« Mais l’amour s’use à la lumière ».
« Les fastes de la solitude » : à recopier bientôt en entier !
« On pleure pas parce qu’un train s’en va (bis)
on reste là sur le quai
on attend
on attend sous un ciel de suie
que les dieux nous métamorphosent
et ça sent le sexe transi
sous le rose de nos ecchymoses ».
« Scandale mélancolique
à l’ouest du néant
dans leur marbre gothique
besognées par le temps
les reines immortelles
ont le silence austère
des mères qui nous appellent
sous leur lingerie de pierre ».
« Les joyeux éboueurs des âmes délabrées
se vautrent dans l’algèbre des mélancolies
traînant leurs métastases de rêve karchérisé
entre les draps poisseux des siècles d’insomnie
ça sent la vieille guenille et l’épicier cafard
dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’amour
où les noirs funambules du vieux cirque barbare
se pissent dans le froc en riant de leurs tours ».
« Fac-similé d’amour et de tranquillisants
dans la clarté chimique de ma nuit carcérale
je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant
qui patrouille dans le gel obscur de mon mental ».
« Mon âme funérailleuse me fusille le cerveau ».
« L’étranger dans la glace » : encore un texte magnifique à recopier plus tard !
Bien entendu, on ne saurait réduire l’œuvre colossale de Thiéfaine à ces quelques fragments ! Je sais que j’ai été injuste à bien des égards, il y a tant de pages d’anthologie dans les chansons de cet immense artiste ! Mais je voulais simplement consigner ici les passages qui me font particulièrement vibrer ! D’ailleurs, je m’aperçois à l’instant que j’ai oublié ceci :
« A r’garder passer les linceuls
dans la rue aux spectres visqueux
j’sais plus si c’est moi qui suis seul
ou les aut’qui sont trop nombreux ».
Et c’est sur ces bonnes paroles que nous nous quittons aujourd’hui !
12:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
Maison Borniol
Avant de recommencer la suite et la fin de "quelques paroles bien senties" (j'avais tout fini ce matin et j'ai tout perdu en deux temps, trois mouvements, je bous! Je pensais avoir tout sauvegardé, mais je ne parviens plus à accéder au fichier -"qui fait chier"! ), je voudrais parler de la maison Borniol et citer un passage trouvé dans la nouvelle "En attendant", de Marcel Aymé. On m'avait déjà dit que cette maison Borniol avait bel et bien existé, en voici une preuve concrète :
"La quatorzième personne ne dit rien, car elle venait de mourir tout d'un coup, entre ses nouveaux amis. C'était une jeune femme, mari prisonnier, trois enfants, la misère, l'angoisse, la fatigue. Ses nouveaux amis se rendirent à la mairie pour y accomplir les formalités. L'un d'eux s'entendit répondre par un employé qu'il n'y avait plus de cercueils pour enterrer les gens du dix-huitième arrondissement. Il protesta qu'il s'agissait d'une femme de prisonnier. "Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse? Je ne peux pas me changer en cercueil", fit observer le préposé. On chercha dans le quartier, Borniol n'avait plus rien en rayon".
Cette nouvelle se trouve dans Le passe-muraille. Un livre que je vous recommande vivement! Il y a là-dedans des histoires formidables, comme "Les Sabines". Le tout servi par un style majestueux!
10:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
Quelques paroles bien senties
Voici quelques phrases piochées çà et là dans les chansons d'Hubert et que j'affectionne particulièrement :
"J'demanderai ta main pour la couper".
"D'ailleurs je suis toujours mal foutu
j'ai mal aux seins, j'ai mal au ...
y'a guère que dans la naphtaline
que je trouve un peu de vitamines".
"On vit comme ça par habitude
et surtout parce que c'est pratique
de pallier la solitude
en buvant à la même barrique
ça peut durer jusqu'à toujours
à moins que l'on ait le courage
de se dire merde un beau jour
et de mettre fin au naufrage".
"J'habite rue des amours lynchées".
"La nuit te glace au fond d'un train
où tu pensais trouver l'oubli
voyageur du petit matin
tu rentres de tes insomnies
tu rayes les mentions inutiles
au bas de ton carnet d'absence
et tu t'accroches au bout du fil
qui te ramène à ton silence".
"Tu voudrais qu'il y ait des ascenseurs
au fond des précipices".
"Les mannequins des cortèges officiels ont goudronné
ma tendresse et la famille Duraton veut m'obliger
à finir mon tapioca alors que ça fait bientôt
deux mille ans que j'ai plus faim".
"Fais-moi une place dans ton linceul
quand y en a pour un y en a pour deux".
"En ce temps-là le rien s'appelait quotidien
et nous allions pointer dans les jobs interdits
dans les musiques blêmes dans les sombres parfums
dans les dédales obscurs où plane la folie
où plane la folie
et nous avions des gueules à briser les miroirs
à ne montrer nos yeux que dans le contre-jour
mais entre deux délires entre deux idées noires
nous étions les plus beaux nous vivions à rebours
nous vivions à rebours".
"Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie".
"J'ai traîné mes vingt siècles d'inutilité".
"Et je te dis reviens maintenant c'est mon tour
de t'offrir le voyage pour les Galapagos
et je te dis reviens on s'en va mon amour
recoller du soleil sur nos ailes d'albatros".
"Elle m'envoie des cartes postales de son asile
m'annonçant la nouvelle de son dernier combat
elle me dit que la nuit l'a rendue trop fragile
et qu'elle veut plus ramer pour d'autres Guernica
et moi je lis ses lettres le soir dans la tempête
en buvant des cafés dans les stations-service
et je calcule en moi le poids de sa défaite
et je mesure le temps qui nous apoplexise".
"Nous sommes des naufragés dans cet avion-taxi
avec nos yeux perdus vers d'autres galaxies
nous rêvons d'ascenseurs au bout d'un arc-en-ciel
où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil".
"Deux cent mille ans déjà que je zone sur la terre
dans le grognement lourd des groins qui s'entrechoquent
de nature solitaire, je me terre pour me taire
mais mon double pervers joue dans un groupe de rock".
"Naufragé virtuose
d'un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d'une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine".
"Clown masqué décryptant les arcanes de la nuit
dans les eaux troubles et noires des amours-commando
tu croises des regards alourdis par l'oubli
et des ombres affolées sous la terreur des mots".
"Et dans le froid torride des heures écartelées
tu retranscris l'enfer sur la braise de tes gammes".
"Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité
j'vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber".
"Le jour où les terriens prendront figure humaine
j'enlèv'rai ma cagoule pour entrer dans l'arène
et je viendrai troubler de mon cri distordu
les chants d'espoir qui bavent aux lèvres des statues".
La suite plus tard! D'ailleurs, "Droïde song", je l'aime tellement que j'en recopierai le texte entier bientôt!
01:05 | Lien permanent | Commentaires (0)